Podemos : "les attaques de la droite nous ont placés au centre du débat"
Podemos, en français "Nous pouvons", est un météore, un phénomène mutant. Donné en tête des intentions de vote en Espagne, ce parti né en janvier 2014 a créé la surprise lors des européennes avec l’élection de cinq eurodéputés, dont Pablo Iglesias, professeur de sciences politique à Madrid, et qui en prendra la tête en novembre. Un parti souvent présenté comme la continuité du mouvement des Indignés rassemblés en mai 2011 sur la Puerta del sol à Madrid mais qui trouve également son origine dans une chaîne de télévision "La Tuerka", en français "la vis", chaîne créée il y a une dizaine d’années et dont les émissions sont notamment animées par Iglesias. Le parti, ses dirigeants, son fonctionnement, son idéologie, son rapport aux médias sont l’objet de cette émission construite autour de trois invités : Jorge Lago, responsable de Podemos, Ludovic Lamant, journaliste de Mediapart, et Eric Hazan, des éditions La fabrique qui vient de publier "A nos amis", sept ans après "L’insurrection qui vient".
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Peu de choses a commenter parce que j'y suis entré avec l'idée "podemos ça m'a l'air sympathique et propre à procurer un renouveau souhaitable à la démocratie espagnole, mais ça peut être un peu préoccupant qu'un peuple veuille ainsi confier si vite son sort à des nouveaux venus en politique dont les idées ne sont pas toujours aussi claires que celles des partis de gauche plus anciens" et sorti avec l'idée "podemos ça m'a l'air sympathique et propre à procurer un renouveau souhaitable à la démocratie espagnole, mais ça peut être un peu préoccupant qu'un peuple veuille ainsi confier si vite son sort à des nouveaux venus en politique dont les idées ne sont pas toujours aussi claires que celles des partis de gauche plus anciens".
Enfin loués soient les deux tendances qui ont su à un moment ou un autre se montrer convainquantes.
Il s'agit là d'un exemple extrêmement intéressant de reprise en main de la politique par les citoyens. L'origine de ce mouvement populaire est un scandale nommé "Gorila" qui impliquait touts les "partis traditionnels".
http://spectator.sme.sk/articles/view/55920/2/vote_independent_candidates_won_most_mayoral_posts.html
Elle balaie bien toutes les interrogations qu'on pouvait avoir sur Podemos. Surtout après l'émission de Mediapart.
L'intervenant du parti, en plus d'être très intéressant, parlait suffisamment
bien le français pour nous rendre toutes ses explications plus qu'intelligibles.
Je donnerais 9/10
Alors pourquoi ne pas mettre le texte en accès libre ?
Je veux bien comprendre le fétichisme du papier de certains (j'ai les miens aussi...), mais édition classique avec texte sous licence libre c'est possible, non ?
Il n'y a même pas de version électronique disponible pour l'instant.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/11/09/frejus-le-fn-fait-evacuer-un-stand-du-parti-de-gauche_4520875_823448.html#xtor=RSS-3208
La routine, en terres Valsiennes de chasse à l'immigré et aux écolos, et où on se couche face aux exactions de la FNSEA.
Partis différents, méthodes similaires.
Que peuvent-ils ?
- Sortir du capitalisme ? Non. Ils l'avouent eux même.
- Sortir de l'euro ? Non.
- Sortir de l'Union Européenne ? Non.
- Remettre en cause les institutions et le système électif ? non (comparaison des basketeurs de Pablo Iglesias).
Dans un an les espagnols éliront peut-être un dirigeant d'un tout nouveau parti. Mais qu'ils ne se fassent pas d'illusions; ils ne feront que remplacer une élite par une autre.
Eric Hazan l'a parfaitement compris (avec son sourire en coin).
[quote="Giuseppe Tomasi di Lampedusa (Il gattopardo)"][large]Si nous voulons que tout reste en l'état, il faut que tout change.[/large]
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
tenter une expérience est très bien;
j'approuve celles et ceux qui tentent , je leur souhaite de réussir dans leur objectif d'intérêt général de citoyens;
le nom "podemos" "nous pouvons" se rapproche du "yes we can" d'Obama, très vendeur;
mais après tout peut-être qu'un an 1/2 avant 2017 en France y aura-t-il un mouvement du style "podemos" qui raflera
les suffrages ?
le député européen Iglesias qui semble être leader doit avoir comme première qualité une bonne santé;
je trouve quand même que malheureusement les sociétés européennes fonctionnent avec leader mais
c'est quand même un point faible car une seule personne ne peut pas tout porter;
un thème non abordé est: qui finance podemos ?
( dans les questions de fric on découvre beaucoup de choses );
on ne voit pas beaucoup de nanas dans le haut de podemos: y-a-t-il parité ?
autre thème abordé: la violence;
je suis plutôt contre la violence mais je ne suis plus très jeune;
la France est un pays à majorité de vieux ( baby boom );
la mort de Cédric et dernièrement de Fraisse me marque profondément;
j'avoue avec mon âge avoir maintenant peur de la violence et de ses conséquences c'est pour cela que,
sur le plateau de Taddéi, j'ai eu du mal à accepter l'évocation de la castagne avec les flics;
j'ai l'intuition qu'effectivement, l'avenir sera sans doute fait de castagne ...
je crois + au droit de savoir et au dialogue;
pourquoi Mediapart et ASI n'arrivent-ils pas à passer dans ce que vous appelez les "main stream" de l'info comme Podemo
a réussi à le faire ?
pourquoi dans des émissions grand public comme "C dans l'air" ou autre n'y-a-t-il pas un autre son de cloche ?
tous mes voeux (et espoir tremblant)
je fais un rêve...celui d'avoir en France ce genre de leaders, capables d'investir intelligemment les médias grand public pour parler et mobiliser le plus grand nombre.
Ce qui ne vient pas en France, ce n'est pas l'insurrection mais ses leaders... nous, hélas, pour le moment on doit se contenter de grandes gueules dans des postures de gauche, qui appellent au grand soir mais n'ont jamais été foutus de le penser concrètement.
Lago a été très rigoureux dans ses explications et plein d'humilité en comparaison avec Hazan donneur de leçon, mais tous nos vieux gauchistes ont entrepris quoi concrètement ?
Hier soir Debray était invité chez Taddeï, son constat est accablant, vous n'envisageriez pas de l'inviter ?
2 ex journalistes du "monde",créateurs de sites web talentueux,pourraient créer une dynamique à gauche,mais uniquement si ils sont à l'écoute de la ligne politique sans concession,d'e hazan.
dans"premières mesures révolutionnaires"livre stimulant publié à la fabrique par e hazan et kamo en 2013,on peut lire"dans le monde désolé du capitalisme démocratique,que l'insurrection parte d'espagne ou de grèce,de france ou d'italie,elle ne manquera pas de gagner toute cette europe branlante."
podemos,espoir insurectionel...dans les urnes?
On doit quand même faire le constat que le temps des populistes est revenu. Le temps des arrivistes, opportunistes qui espèrent se faire une place au Soleil, est bien là, profitant de l’instabilité politique actuelle (c’est dit explicitement au début de l’entretien Mediapart : « il y avait un créneau politique à occuper » sic!). Ainsi le peuple espagnol est prêt à se jeter dans les bras de nouveaux venus, sans lui demander de faire ses preuves… Je comprends bien que la classe politique s’est totalement décrédibilisée, et ce à raison. Mais de là à sauter le pas, à montrer aussi peu de recul ou de méfiance face à de nouveaux venus, c’est tout de même très limite. Y’a des jours où je crois vivre à bisounours-land…
C’est un soucis de la politique contemporaine, de nécessiter d’un côté une expertise poussée, car on ne gouverne pas pour des dizaines de millions de personnes par improvisation, et de l’autre d’être bloqué par les nécessités démocratiques qui exigent un renouvellement permanent des hommes & femmes politiques. Or avec ce genre de mouvement, l’on voit que le peuple saute du coq à l’âne, sans guère prendre de recul. Ceci étant dit, il y a aussi beaucoup de comédie, car ceux qui ont pris les rênes du mouvement, s’ils passent pour être nouveaux sur la scène politique espagnole, on ne peut guère dire qu’ils soient nés de la dernière pluie… Sur Médiapart toujours, tous le passage sur la redéfinition des dialectiques du champ politique me semble être un exemple de reconstruction du débat politique que je ne peut concevoir que comme imposée par le haut, car je sais la très grande majorité des gens incapables de cette démarche par eux-mêmes. Au final on se retrouve, toujours, avec de vieux roublards de la politique qui, grâce à une culture adaptée, sauront orienter le débat comme ils le voudront (dans une certaine mesure, ils ne sont pas non plus sur-humains, et le mêtier de politique ne consiste pas tant à “mener” comme la pensée réactionnaire le prétend, qu’à littéralement suivre le consensus du mouvement ou du parti dont on a la charge). À ce sujet le débat sur Médiapart est exemplaire, dans le sens où, par son discours même l’intervenant présente une culture politique que ne possèdent pas les 99 %. Fondamentalement, et dit crûment, il appartient à l’oligarchie. Et ceux qui croient avoir trouver en Podemos une issue, alors qu’ils sont peu politisés et donc peu au fait des réalités politiques, iront au devant de grandes désillusions : on pourrait le voir comme une dissidence parmi l’oligarchie en étant optimiste, mais il est aussi pour moi l’illustration d’une tentative de reprendre en main, de canaliser en quelques sortes, une contestation sociale de plus en plus forte, en essayant, éventuellement, d’obtenir des concessions de la part du reste de l’oligarchie. JLM joue ce même rôle en France (pour qu’il n’y ait pas de malentendu : je vote pour lui, et je suis d’accord avec ça).
Qui plus est, abandonner le clivage gauche–droite, ce n’est pas anodin comme position. On ne peut guère passer à côté, et le débat sur Médiapart est un véritable exploit de ce point de vue-là. Je considère pour ma part que cet abandon suffit à classifier une position politique comme fasciste. Cela n’a rien d’étonnant si l’on considère que nos sociétés sont très majoritairement des sociétés de petite-bourgeoisie (les ouvriers étant eux, en Europe de l’Est, en Asie où j’ai le sentiment que ça bouge pas mal depuis quelques années), petite-bourgeoisie qui entend se battre contre le capital. Alors j’entends d’ici les récriminations?: j’imagine que l’on peut aboutir à une forme de fascisme doux, même si j’en suis de moins en moins convaincu vu la tournure des événements. Il faut bien avoir conscience qu’il s’agit là d’une population qui avait le pouvoir pendant des décennies, du moins croyait-elle l’avoir car le capital faisait des concessions (la fameuse « classe moyenne » objet de toutes les attentions). Or suite à la crise, le capital, ayant beaucoup perdu, a besoin de se reconstituer… et ce sur le dos de ces classes moyennes. Mais je ne me fais guère d’illusion sur la capacité de cette classe moyenne à faire vivre une démocratie : j’ai pu constater très largement qu’elle n’appelle démocratie qu’un régime conçu pour défendre ses intérêts de classe, et ce quelque soit la violence ou l’autoritarisme du régime résultant.
Ceci dit, cet abandon du clivage n’est que très superficiel si l’on tient compte le discours du représentant de Podemos.
D’ailleurs, tout le mouvement des indignés, des 99 % &co, tournent autour de l’idée d’un peuple qui se battrait contre une minuscule minorité. En creux cela conduit à la volonté de masquer tout clivage du peuple. Position totalement absurde ne serait-ce qu’en considération des relais de pouvoir dont les 1 % ont impérativement besoin (cf. par exemple La Boétie). Ne nous méprenons pas : l’oligarchie est réelle, le pouvoir est exercé par une petite minorité et l’a toujours été, sauf que cette minorité ne veut plus faire de concession vis-à-vis des classes moyennes. Ceci je ne le nie pas. Mais croire qu’il faut, pour la combattre, mettre un voile pudique sur les clivages sociaux, c’est aller aux devants d’une guerre civile. J’ai même produit, une fois, une analyse qui mettait en avant la capacité de l’oligarchie à faire vivre une démocratie en son sein, un véritable débat politique, qui était en réalité un ressort primordial de sa capacité de domination des autres couches sociales. Or les classes moyennes en sont incapables, malgré toute leur bonne volonté, car précisément elles n’ont pas su (et ne sauront pas en si peu de temps et avec une telle instabilité politique) mettre en place une véritable démocratie, ce d’autant qu’elle est engoncé dans des théories politiques (liberté d’expression, exercice du pouvoir, &co) d’autant plus approximatives qu’elles sont précisément le résultat à la fois d’une propagande mise en place par l’oligarchie pour un dialogue serein durant les années d’avant-crise, et d’un certain nombre de préjugés qui permettent, inconsciemment, d’établir un rapport de force qui favorise les classes moyennes par rapport aux autres couches sociales : prépondérance du “débat d’idée” sur la base d’un système de pensée très rigide, par exemple.
Tout cet univers mental, du peuple qui se battrait contre un Léviathan est dans la droite lignée de la pensée politique libérale (du moins est-ce ainsi que je la qualifie). Celle-là même qui a été mise en application pour construire nos démocraties modernes. Celles-là mêmes dont on constate l’échec total. À un moment donné, si on applique les mêmes recettes, il ne faudra pas venir se plaindre que ça ne marche pas mieux au énième essai… (Pour résumer : philosphie politique libérale => limiter les pouvoirs politiques pour éviter les abus contre le peuple => rend le pouvoir politique impuissant contre les puissances d’argent => les puissances d’argent prennent le pouvoir sur le politique (corruption qui peut être légale car le législateur est le corrompu, pressions exercées à travers la presse pour instrumentaliser le débat démocratique, etc) => c’est la merde, oppression du peuple => le peuple se rebiffe, retour à la case départ, c’est reparti pour un tour).
De fait cet univers mental est apolitique. En effet, en reportant le combat politique contre un ennemi lointain et mal identifié, on ignore ce qui est au cœur de la politique : les relations humaines. Si l’oligarchie a autant de pouvoir ce n’est pas parce qu’elle aurait une sorte d’immanence, mais parce que ces actions se répercute dans une chaîne, de commandement éventuellement, qui finissent par impacter votre vie, via les relations sociales que vous entretenez-vous. Je vais donner un exemple, je suis chômeur, si je parle du capital, c’est que je ne sais même pas exactement qui en sont les détenteurs, qui commande, mais in fine, je sais comment le pouvoir du capital trouve à s’exprimer à mon modeste niveau : arbitraire du processus de recrutement, cadres RH parfaitement infects dans certaines entreprises, etc. Ceux-là sont plus que “1 %”, mais sont bien des relais du pouvoir économique. Or des mouvement du style 99 % vont nous faire croire, qu’en somme je puisse être politiquement en accord avec les RH. Comme si j’avais quelque chose en commun avec ces gens-là, alors qu’ils sont ceux par lesquels s’exprime précisément le pouvoir du capital à mon niveau. M’attaquer à Dassault, par exemple, dans ces conditions, serait totalement futile, puisqu’au mieux celui-ci sera remplacé par un autre (mieux? encore pire?). Par contre détruire la structure sociale qui permet à Dassault de donner des ordres qui seront répercutés jusqu’en bas de la hiérarchie : ça c’est faire de la politique !
De cette volonté de définir un peuple, contre une oligarchie, quelque soit les intentions louables de la démarche, on en arrive à construire une vision hégémonique de ce que serait le “peuple”, où toute “brebris galeuse”, toute opposition en son sein, serait systématiquement écartée et opprimée. Ce risque est plus que réel. Je ne connais pas la situation politique espagnole, mais en France ce risque a très largement dépassé le stade d’hypothèse pour être un fait avéré. De fait, pour nier qu’il puisse y’avoir des clivages forts parmi le peuple, il faut être sacrément aveugle à l’altérité et insensible à la différence, car toute discussion politique avec ses proches a des probabilités importantes de menant à un conflit, un désaccord politique profond. Ne pas le voir & admettre, c’est, nécessairement, imposer son point de vue par la force.
Dans ce contexte, le manque de consistence du programme, si j’en crois Éric Hazan, n’a rien de surprenant. Il ne peut y’avoir de projet précis sans avoir clairement définis à qui il s’adresse.
Remarquez qu’il en est de même, avec l’idée de biens communs, très populaire à gauche, qui évacue, encore une fois le conflit.
On me retorquera qu’il y a des assemblée citoyenne, du débat, chez Podemos. Mouai. Je veux juger sur pièce la teneur du débat. Parce qu’il ne suffit pas de se réunir et discutailler pour qu’il y ait démocratie. Il faut voir vraiment dans le détail comment ça se passe. Qui plus est, c’est une vision très niaise de la démocratie qui est défendue ici : je ne m’attends pas à ce que le péquin moyen puisse débattre du système monétaire, du statut d’une banque centrale (je prends tout le temps cet exemple ^^), et encore moins construire un système radicalement différent de l’existant. Au mieux le citoyen pourra se documenter, se renseigner, mais dans ce cas là il sera faux de dire que le pouvoir politique réside dans les assemblées : non ! il résidera principalement dans la capacité à écrire la documentation sur les différents sujets abordés, il résidera chez les auteurs de la documentation. Chez les universitaires quoi… comme par hasard !
La démocratie demande un peu plus de réflexion que “ouai c’est cool on s’est réuni en assemblée et on a débattu”. Je ne prétends pas avoir de solution, en fait je n’en ai pas. Mais le coup de la démocratie-directe-parce-qu’on-s’est-réunis-en-assemblée-citoyenne, c’est juste se toucher la nouille…
Lorsque la question de la structure, horizontale? verticale?, est posée, on a un autre bel exemple de démocratie-bisounours : un discours naïf, qui peut conduire à une construction extrêmement dangereuse. Je m’explique. En disant que tous doivent tout voté, que tout doit être mis au vote, sans délégation–représentation, l’on croit bien faire. Le problème est que pour pouvoir correctement voter, il faut être bien informé. Il y a ce que j’appelle une exigence démocratique, car le vote en soit n’a absolument aucune vertus démocratique si celui qui vote ne peut le faire dans de bonnes conditions. Si les conditions d’informations, de débat, etc. ne sont pas réunies, alors le risque est très grand de voir le résultat du vote non pas le produit d’une décision raisonnée & informée, mais la conséquence d’un mouvement de foule, d’une mode, etc. avec à terme… précisément ce que dénonce le journaliste de Médiapart (à ce que j’ai cru comprendre) : les gens devant voter sur tout, ne peuvant prendre une décision sur rien, de manière autonome et réfléchie, car pas le temps, pas les moyens, ils finissent par devenir facilement manipulables par un chef charismatique.
Je tiens à signaler, pour qu’il n’y ait pas de malentendu, que critiquer une chose n’est pas nécessairement être contre elle. Au contraire, avoir conscience des risques induits par la démarche de Podemos, est une nécessité pour mettre en place, par exemple, des gardes-fous, et ainsi se donner une chance de succès. Par exemple, concernant l’horizontalité des prises de décision, les athéniens avaient résolus le problème en se permettant de revenir sur une décision, en s’accordant plus de temps pour la réflexion, avec des institutions adéquates pour éviter qu’un effet de mode, ou un chef charismatique aient une influence trop néfaste. Or, comme la contradiction était faible, je n’ai pas pu savoir si le représentant (ou un autre) de Podemos savait prendre en compte tout ces aspects là.
Il y a une conception de la démocratie, que je qualifie de petite-bourgeoise, qui consiste à déléguer son pouvoir, à l’abandonner à ses représentants. En France Chouard est le parfait exemple de cette conception là : tout d’un coup il se réveille, après avoir abandonner son pouvoir pendant des décennies, mais plutôt que de prendre ces responsabilités, il préfère croire qu’on le lui a volé. J’ai bien peur que ce type de comportement soit très courant parmi ceux qui se sont politisés, disons les dix dernières années, suite aux crises à répétitions (chacune d’elle ayant été l’occasion pour des gens de prendre conscience de l’état politique lamentable de nos régimes et de se politiser en conséquence). Ainsi les gens de peu de réflexion passent d’un extrême à l’autre, d’une délégation totale du pouvoir, à un refus de déléguer quoique ce soit. Les deux sont également dangereuses, là où il aurait fallut une discussion rationnelle sur ce qu’il est acceptable de déléguer ou non.
Notez, pour reprendre la discussion sur le fascisme, que l’existence d’un parti qui organise de lui-même une “démocratie interne”, est une redéfinition plus qu’inquiétante d’une démocratie pluraliste, une ré-interprétation qui voudrait qu’on applique à chacun des partis ce qui prévaut à l’échelle de l’État. Très clairement il s’agit ici d’une absurdité qui consiste à plaquer le fonctionnement démocratique d’un État à l’intérieur de chaque parti. C’est une pâle immitation du fonctionnement politique anglais (et USA). Or ceci a toute les chances d’aboutir à un régime de parti unique, car il ne saurait y avoir deux partis ou plus qui, proposant un processus de décision et d’élaboration de projets identiques car reposant sur la démocratie, finissent par être identiques l’un l’autre (c’était déjà une évolution politique notable, s’il n’y avait eu la crise). Or ici Podemos prend clairement le chemin de la création d’un parti unique, en quelque sorte confondu avec l’appareil d’État (si tant est qu’il remporte durablement le pouvoir). Si les USA et les Anglais sont prémunis contre ça, cela tient je crois beaucoup à leurs institutions.
Pour finir d’achever le mouvement. Il prend acte, toujours dans l’entretien Mediapart, que les références historiques de la gauche ne parlent plus, notamment aux jeunes. En un sens, lui comme JLM, agissent en politicien en se défaussant de leur responsabilité quand il s’agit de caresser leur électorat dans le sens du poil. JLM, sur cette question, a pris un virage à 180 degrés par rapport à la campagne 2012, durant laquelle il s’était précisément attaché à réactiver énormément de références : il parlait alors d’éducation populaire, dont il ne parle plus que je sache.
La question de la mémoire, en politique, est pourtant cruciale, d’une importance capitale. Viser les jeunes, et spécifiquement les jeunes en manque de références historiques, c’est grave, très grave. 1984 le met bien en lumière, et plus généralement on sait que les mouvements de jeunesse étaient tout particulièrement prisés du régime NAZI. On assiste d’ailleurs en ce moment même à une relecture historique totale de la part de l’extrême-droite. C’est de la folie furieuse que de lui abandonner en pleine cambrousse notre histoire politique (d’ailleurs le succès de l’extrême-droite sur ce point là montre un réel appétit), mais c’est en même temps tellement convenu de la part de l’extrême-gauche qui décidemment n’apprendra jamais de ces erreurs.
Il va sans dire que je fais partie de ces jeunes et que malgré une tradition familliale communiste je n’ai aucune référence. Il faut dire que ma mère semble avoir souffert de l’engagement politique de ses parents, ce qui a conduit à une coupure nette de la transmission politique. Petit à petit, au vu de la situation (politique et familliale, mais je n’entrerai pas dans les détails) je m’attends à ce qu’elle en parle un peu plus. Je dois dire que j’attends ça avec impatience.
Ainsi donc, pour résumer, plutôt que de faire face à des problèmes politiques de fond, on a avec Podemos le énième ersatz de l’inconséquence et de la légèreté politique d’une classe moyenne désamparée par sa mise au ban par l’oligarchie (que je désigne ici comme la réunion des pouvoirs dans chacun des secteurs important de la vie contemporaine : économique – capital –, politiques, médiatiques, intellectuels, etc.). Classe moyenne en déclassement qui basculent dans un fascisme fascisme doux… au mieux…
Si vous me lisez encore, je vous remercie pour votre patience en or :). Quoiqu’il en soit, je ne cherche pas particulièrement à être lu, ayant pour ma part abandonné toute intention de dialogue. C’est que ça fait un bien fou de dire juste ce qu’on pense, comme une bouteille à la mer…
Pour l’extrait CSOJ : put*** enfin un jeune qui leur dit leur 4 vérités à ces encroutés. Qu’est-ce que ça fait plaisir. Sauf que, pour être honnête avec ce que j’ai dit au-dessus, faut arrêter de dire que c’est juste l’aréopage médiatico-politique, c’est la société entière qui est comme ça. Jouissif. Bon la réponse du vioc après… ah ben oui, en-dessous de tout. Ces gens-là sont parfaitement calibrés pour les années 90s, la fameuse décennie qui devait signer “la fin de l’Histoire”, inconséquents, médiocres, petits, totalement dépassés par les enjeux qui nous attendent. Je crois qu’ils ont peur qu’on se rende compte qu’ils ne sont pas taillés pour ce qui nous pend au nez, ils ont peur qu’on découvre qu’ils sont des imposteurs et qu’ils l’ont été toute leur vie (bon z’ont du mal à comprendre qu’on le sait déjà).
Aprés je sais pas, ça fait 40 ans qu'on croit qu'on va déboulonner le capitalisme et en même temps ça reste qu'un vieux reve, de fameux grand soir, alors essayer de changer les regles du jeu ça me semble plus réalisable, si les gens de Podémos arrivait ne serait ce qu'a restructurer la dette, mettre dans le débat un revenu d'existence , mettre de la réelle transparence, ça vaut le coup de se tenter, mais sauront t'ils si c'est un échec capable de dire, on a essayer on peut pas, au lieu de continuer a donner de l'espoir comme d'autres ? dire on veut rester dans l'europe on a plus a perdre si on en sort, ça je peux l'entendre, mais si l'europe est inflexible a un moment donné faut aussi avoir le courage de mettre cela dans la balance, sinon ça reste qu'un vain mot.
Sinon Anne-Sophie s'est fait une teinture.
Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce que Cuba fait là, sachant que l'ile n'est pas cité dans le paragraphe?
http://www.dailymotion.com/video/x29h8nv_les-alternatives-sur-mediapart-jorge-lago-et-l-experience-podemos_news#from=embediframe
Il faut vraiment regarder l'émission de Médiapart sur Podemos avant de suivre celle-ci. Lago presente le parti, son histoire. Il explique pourquoi la référence de gauche ne structure pas toujours leur discours, comment passer des Indignés à l'action politique, etc.
[www.dailymotion.com]
Modifié 1 fois. Dernière modification le 21:31 le 07/11/2014 par Olivier.
Merci Olivier pour ce lien.
Désolée ASI, mais là, vous ressemblez de plus en plus à Rue89.
Indispensables ces débats sur Médiapart, je trouve... trop chers pour moi, dommage. J'ai vu 3 mois, 9 euros sur la vidéo, mais sur le site, ça n'est pas proposé . La politique, c'est vraiment fait pour les classes moyennes, pas pour les pouilleux ...
... je suis pouilleuse et je comprends tout, même au delà des mots , c'est dire !...
ça me fait mal ...
Pour les lecteurs d'ASI, l'Espagne n'est qu'un lieu de vacances " à pas cher" donc, c'est sourire gentillet en coin ?...
http://www.dailymotion.com/user/Mediapart/1
Avec en prime, les chroniques régulières de Didier Porte.
Elles sont vraiment bien ces émissions/débats.
Je ne connaissais pas.
J'ai visionné celles sur Sivens aussi. Trés instructif.
gamma
Pourquoi les médias nous parlent de choses qui n'existent pas encore?
On nous a fait le coup avec la Tunisie et le Brésil récemment et toutes les prévisions des médias ont été balayées!
Déjà ça m'énervait quand on disait que DSK aurait été le candidat du PS et que Hollande a bénéficié de sa défection (DSK a déjà perdu une primaire pourtant).
Les médias manquent-ils d'infos pour combler le vide avec les sondages , les intentions de vote etc ou bien est-ce pour justifier de ne pas avoir de place pour parler d'autres choses!
allez ils sont content Hollande leur a promis les JO (50 milliards de gaspiller au bas mot).
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10202911262002954&set=oa.351854721645097&type=1&theater
http://www.dailymotion.com/video/x29h8nv_les-alternatives-sur-mediapart-jorge-lago-et-l-experience-podemos_news