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"Pour les humoristes, il n'y a pas de réelle liberté"
De quoi rire ? Pour sa série d’émissions estivales, @si s'arrête sur le thème du rire et de ses limites. Des limites qui peuvent être différentes selon les pays, les médias ou les humoristes eux-mêmes. De quoi acceptons-nous de rire et quel rire refusons-nous ? Chacune des émissions permettra d’en savoir plus sur ce qui meut nos zygomatiques, aujourd’hui comme hier, sur des sujets politiques ou plus légers.
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Derniers commentaires
Sur ce que dit Mabille de Desproges qui est de droite ( le Desproges de l'aurore donc) ça ne fait aucun doute. Desproges le dit lui même dans un radioscopie, il se moque de ce qu'il apprécie: la religion catholique, etc...
Suite à cette émission d'@si, je suis allé voir Bernard Mabille à Chambéry. Il a bien fait de venir pour cette émission car son spectacle est splendide et drôle. Sur le plateau, il ne fait pas de langue de bois, idem dans son spectacle.... A voir absolument
J'ai fait une lourde erreur : rattrapant mon retard a rebours de l'ordre chronologique, j'ai visionne Petillon avant Mabillon. La purge !
Petillon donne probablement tout dans ses dessins, mais il a le verbe court, et n'avait plus grand chose a offrir en une heure d'interview.
Du coup, effare par le 2e opus, je ne savais pas a quoi m'attendre de Mabille. D'autant que j'avais probablement la meme vision que DS du personnage : un chansonnier a l'ancienne, "des Deux Anes", un rien anar' de droite...
He bien, meme si finalement Mabille, selon sa propre classification, et bien qu'il s'en defende, se rapproche plus du chansonnier aux textes tres ecrits mais peu tranchants que de "l'humoriste a l'affut et a la limite", sa prestation devant DS aura ete fort agreable a suivre !
D'abord on sent chez Mabille l'epaisseur donnee par une longue carriere, sous tous les regimes politiques et mediatiques (:-D. Le bonhomme a plein d'histoires, de rencontres a raconter, pour peu qu'on lui en donne l'envie et l'occasion..
Or, et c'est aussi le sel de l'emission, on assiste a la rencontre de deux personnages mediatiques, que tout (l'age, le metier, les cercles professionnels) oppose, mais qui ont l'un vers l'autre une reelle curiosite. DS tient la, pour sa premiere emission sur le theme,un dinosaure de l'humour chansonnier, un "bon client' qu'il ne laisse a nul autre le soin de recevoir. Mabille, c'est visible, connait Schneidermann de reputation, voire la craint, mais il semble l'estimer assez pour accepter de venir parler de lui et des personnages qu'il a cotoyes, sans faux semblants. S'y ajoute peut etre une curiosite pour l'emission et le media Internet dont Roumanoff semble par exemple faire grand cas..
Il en resulte une heure d'echanges souvent passionnants (sauf probablement pour des asinautes n'ayant pas connu les annees 80), pleine de confidences et de rappels agreables ou utiles. La decouverte surtout d'un bonhomme finalement autant prisonnier de son etiquette mediatique que de son physique ringard ! Pour avoir pris le risque de cette franchise, merci Monsieur Mabille, et merci Daniel !
Petillon donne probablement tout dans ses dessins, mais il a le verbe court, et n'avait plus grand chose a offrir en une heure d'interview.
Du coup, effare par le 2e opus, je ne savais pas a quoi m'attendre de Mabille. D'autant que j'avais probablement la meme vision que DS du personnage : un chansonnier a l'ancienne, "des Deux Anes", un rien anar' de droite...
He bien, meme si finalement Mabille, selon sa propre classification, et bien qu'il s'en defende, se rapproche plus du chansonnier aux textes tres ecrits mais peu tranchants que de "l'humoriste a l'affut et a la limite", sa prestation devant DS aura ete fort agreable a suivre !
D'abord on sent chez Mabille l'epaisseur donnee par une longue carriere, sous tous les regimes politiques et mediatiques (:-D. Le bonhomme a plein d'histoires, de rencontres a raconter, pour peu qu'on lui en donne l'envie et l'occasion..
Or, et c'est aussi le sel de l'emission, on assiste a la rencontre de deux personnages mediatiques, que tout (l'age, le metier, les cercles professionnels) oppose, mais qui ont l'un vers l'autre une reelle curiosite. DS tient la, pour sa premiere emission sur le theme,un dinosaure de l'humour chansonnier, un "bon client' qu'il ne laisse a nul autre le soin de recevoir. Mabille, c'est visible, connait Schneidermann de reputation, voire la craint, mais il semble l'estimer assez pour accepter de venir parler de lui et des personnages qu'il a cotoyes, sans faux semblants. S'y ajoute peut etre une curiosite pour l'emission et le media Internet dont Roumanoff semble par exemple faire grand cas..
Il en resulte une heure d'echanges souvent passionnants (sauf probablement pour des asinautes n'ayant pas connu les annees 80), pleine de confidences et de rappels agreables ou utiles. La decouverte surtout d'un bonhomme finalement autant prisonnier de son etiquette mediatique que de son physique ringard ! Pour avoir pris le risque de cette franchise, merci Monsieur Mabille, et merci Daniel !
Oui hein...C'est grandeur et décadence.......
J'ai donc bien entendu sur France Inter : Une émission sur l'humour par gerald Dahan ??? c'est pas une blague ? c'est donc ça la continuité de l'humour qui est "dans l'adn d'Inter" ?
Il m'a toujours semblé que les propos d" Anne Roumanof chez Drucker,l'asperge,le poireau,la petite saucisse avec plein de fayots autour,étaient tout aussi subversifs que ceux de Guillon sur Besson à France inter. Cependant,ils n'ont pas eu de suite désagréable.Est-ce que c'est parce que c'est Drucker,le copain de Sarkozy??? Ceci dit, j'ai bien aimé l'émission à quelques réserves près. Mais j'ai eu du mal è croire à la sincérité de Mabille.Et j'ai toujours placé Desproges et Bedos bien au-dessus de Le Luron.
je ne connaissais pas Mabille !
il m'a fait rire quand il a rajouté dans l'interview à l'occasion "tête de fouine", "dommage pour les fouines"; ça c'est de l'humour !
j'ai adoré Le luron mais je trouve que le plus fort des humoristes est Stéphane Guillon; je suis toujours en deuil
depuis qu'il a été viré et je trouve qu'il n'y a plus de réelle liberté pour les humoristes d'ailleurs
la liberté d'expression existe-t-elle toujours en France ?
l'intérêt de Mabille c'est que c'est un vieux briscard qui sur l'histoire des humoristes français est intéressant car il en a connus et
il en connait pas mal !
j'eusse aimé que vous parliez d'humoristes comme Kakou , Gad el Maleh, Timsit et autres qui n'ont pas été évoqués
et qui pourtant représente aussi le rire en France ...peut-être dans les prochaines émissions ...
il m'a fait rire quand il a rajouté dans l'interview à l'occasion "tête de fouine", "dommage pour les fouines"; ça c'est de l'humour !
j'ai adoré Le luron mais je trouve que le plus fort des humoristes est Stéphane Guillon; je suis toujours en deuil
depuis qu'il a été viré et je trouve qu'il n'y a plus de réelle liberté pour les humoristes d'ailleurs
la liberté d'expression existe-t-elle toujours en France ?
l'intérêt de Mabille c'est que c'est un vieux briscard qui sur l'histoire des humoristes français est intéressant car il en a connus et
il en connait pas mal !
j'eusse aimé que vous parliez d'humoristes comme Kakou , Gad el Maleh, Timsit et autres qui n'ont pas été évoqués
et qui pourtant représente aussi le rire en France ...peut-être dans les prochaines émissions ...
Je suis étonné de l'étonnement de DS concernant les opinons politiques de Mabille et de Le Luron.
A l'époque (et encore maintenant) les barrières n'étaient pas si strictes :
- Le premier a écrire pour Le Luron dans les années 70 a été Patrick Font.
- Le même Patrick Font participait à Font et Val qui étaient les chantres de l'humour de Gauche tendance Libertaire.
- Philippe Val, à l'époque où il était encore de gauche écrivait des chroniques avec Jean Jacques Peroni dans la grosse bertha (canard anti militariste du début des années 90).
- Peroni écrit maintenant les textes de Laurent Gerra
un autre exemple de cette perméabilité est le fait que Patrick Font à sa sortie de prison a été accueillie aux théâtres des deux ânes (cabaret de "droite").
Le manichéisme n'est donc pas la bonne grille de lecture.
A l'époque (et encore maintenant) les barrières n'étaient pas si strictes :
- Le premier a écrire pour Le Luron dans les années 70 a été Patrick Font.
- Le même Patrick Font participait à Font et Val qui étaient les chantres de l'humour de Gauche tendance Libertaire.
- Philippe Val, à l'époque où il était encore de gauche écrivait des chroniques avec Jean Jacques Peroni dans la grosse bertha (canard anti militariste du début des années 90).
- Peroni écrit maintenant les textes de Laurent Gerra
un autre exemple de cette perméabilité est le fait que Patrick Font à sa sortie de prison a été accueillie aux théâtres des deux ânes (cabaret de "droite").
Le manichéisme n'est donc pas la bonne grille de lecture.
Ne trouvez-vous pas qu'une lecture de l'affaire Dieudonné aurait au moins autant d'intérêt que celle de l'affaire Guillon ou Porte? Le cas Dieudonné sera-t-il, dans cette série d'émission, abordé? Sera-t-il, sait-on jamais, invité? Périlleux n'est-ce pas?
émission agréable...enfin qui se laisse regarder... estivale quoi :)
j'ai regretté que vous n'ayez pas invité plus d'humoristes à la même table.... j'ai pensé à Bedos par exemple ??
passqu'en fait qu'est-ce que ça taille !
les morts et les moins morts devaient avoir les oreilles bourdonnantes pendant une heure là !!
bon mais j'ai l'impression que le sieur Mabille est tout de même capable d'avoir du recul sur la profession et à commencer par lui !!...
petit point de désaccord avec lui : il n'aime pas du tout les brèves de comptoir pfff
ben perso elle m'ont bien fait rire en leur temps : Brèves de comptoirs....
et pourquoi pas maintenant une émission avec le Professeur Rollin ??? mmmmmmmm
j'ai regretté que vous n'ayez pas invité plus d'humoristes à la même table.... j'ai pensé à Bedos par exemple ??
passqu'en fait qu'est-ce que ça taille !
les morts et les moins morts devaient avoir les oreilles bourdonnantes pendant une heure là !!
bon mais j'ai l'impression que le sieur Mabille est tout de même capable d'avoir du recul sur la profession et à commencer par lui !!...
petit point de désaccord avec lui : il n'aime pas du tout les brèves de comptoir pfff
ben perso elle m'ont bien fait rire en leur temps : Brèves de comptoirs....
et pourquoi pas maintenant une émission avec le Professeur Rollin ??? mmmmmmmm
Emission sympa, cool.
Je n'ai pas bien compris ses explications quant à sa définition du chansonnier... faut que j' y retourne.
Mabille vote à gauche mais fraye avec Bouvard et les Grosses Têtes, il allume ici Gerra, un collègue de RTL, mais ne lui a jamais fait ces critiques de vive voix... on a tous des contradictions.
Je n'ai pas bien compris ses explications quant à sa définition du chansonnier... faut que j' y retourne.
Mabille vote à gauche mais fraye avec Bouvard et les Grosses Têtes, il allume ici Gerra, un collègue de RTL, mais ne lui a jamais fait ces critiques de vive voix... on a tous des contradictions.
Pfuuu ... j'arrive pas à me motiver pour la regarder celle là, ça me donne autant envie que de me taper un cassoulet/tartiflette un midi par 40° en terasse ... enfin je vais me faire violence, mais j'espère que votre série sur l'humour va pas être de cette sauce là tout l'été. Vivement Didier Super.
Bonsoir,
Une chauve-souris donna tête baissée
Dans un nid de belettes ; et sitôt qu'elle y fut,
L'autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.
«Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire!
N'êtes-vous pas souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l'êtes, ou bien je ne suis pas belette.
- Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n'est pas ma profession.
Moi souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles.
Grâce à l'auteur de l'univers,
Je suis oiseau : voyez mes ailes.
Vive la gent qui fend les airs ! »
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien qu'on lui donne
Liberté de se retirer.
Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer
Chez une autre belette, aux oiseaux ennemie.
La voilà derechef en danger de sa vie.
La dame du logis, avec son long museau
S'en allait la croquer en qualité d'oiseau,
Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage :
« Moi, pour telle passer ! Vous n'y regardez pas.
Qui fait l'oiseau? C'est le plumage.
Je suis souris : vivent les rats!
Jupiter confonde les chats ! »
Par cette adroite repartie
Elle sauva deux fois sa vie.
Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeants ,
Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue .
Le sage dit, selon les gens,
«Vive le Roi ! vive la Ligue ! »
Jean de La Fontaine
Les illusions nécessaires sont un mythe méprisant dont le caractère exigüe possède toujours autant une forte contemporanéité ; bizarre-ment, vôtre.
Une chauve-souris donna tête baissée
Dans un nid de belettes ; et sitôt qu'elle y fut,
L'autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.
«Quoi ! vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire!
N'êtes-vous pas souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l'êtes, ou bien je ne suis pas belette.
- Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n'est pas ma profession.
Moi souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles.
Grâce à l'auteur de l'univers,
Je suis oiseau : voyez mes ailes.
Vive la gent qui fend les airs ! »
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien qu'on lui donne
Liberté de se retirer.
Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer
Chez une autre belette, aux oiseaux ennemie.
La voilà derechef en danger de sa vie.
La dame du logis, avec son long museau
S'en allait la croquer en qualité d'oiseau,
Quand elle protesta qu'on lui faisait outrage :
« Moi, pour telle passer ! Vous n'y regardez pas.
Qui fait l'oiseau? C'est le plumage.
Je suis souris : vivent les rats!
Jupiter confonde les chats ! »
Par cette adroite repartie
Elle sauva deux fois sa vie.
Plusieurs se sont trouvés qui, d'écharpe changeants ,
Aux dangers, ainsi qu'elle, ont souvent fait la figue .
Le sage dit, selon les gens,
«Vive le Roi ! vive la Ligue ! »
Jean de La Fontaine
Les illusions nécessaires sont un mythe méprisant dont le caractère exigüe possède toujours autant une forte contemporanéité ; bizarre-ment, vôtre.
Je connais très mal "l'œuvre" de M. Mabille et le bonhomme m'a l'air difficile à cerner (non, je ne dis pas ça à cause de son tour de taille, je n'aime pas les attaques au physique). Si je me fonde sur ses propos tenus ici j'ai le sentiment que lorsqu'il se déclare être "de gauche" il exprime plutôt une sensibilité anar ou de libre-penseur. Ce qui le fait parfois flirter avec une certaine forme de cynisme ou d'opportunisme. Voire une démagogie populiste de bon aloi...
Mais vues les réserves émises ci-dessus je reconnais que je peux largement me tromper.
En tout cas, peut-être à cause de la silhouette du personnage (et aussi son grain de voix parfois), je me suis mis à penser à un autre humoriste disparu depuis peu, dont mon père était fan : Pierre Doris.
Comme j'ai atteint l'âge de prendre les plus jeunes pour des ignares, voici un lien générationnel à leur attention.
Mais vues les réserves émises ci-dessus je reconnais que je peux largement me tromper.
En tout cas, peut-être à cause de la silhouette du personnage (et aussi son grain de voix parfois), je me suis mis à penser à un autre humoriste disparu depuis peu, dont mon père était fan : Pierre Doris.
Comme j'ai atteint l'âge de prendre les plus jeunes pour des ignares, voici un lien générationnel à leur attention.
B. Mabille a affirmé être de gauche et vouloir voter pour Mélenchon. Il a aussi souligné et désapprouvé la collaboration de P. Desproges avec l'Aurore.
Dans le même temps, il a indiqué sa participation au journal de P. Tesson. De manière transparente, il s'agit du Quotidien de Paris, journal auquel ont contribué, entre autres, Claire Chazal, Dominique Jamet, Gérard Leclerc, Philippe Manière, Jean-Marie Rouart, Jean-Marc Sylvestre, Éric Zemmour...
B. Mabille fait sûrement de l'auto-dérision humoristique lorsqu'il rappelle le passé journalistique de P. Desproges.
Dans le même temps, il a indiqué sa participation au journal de P. Tesson. De manière transparente, il s'agit du Quotidien de Paris, journal auquel ont contribué, entre autres, Claire Chazal, Dominique Jamet, Gérard Leclerc, Philippe Manière, Jean-Marie Rouart, Jean-Marc Sylvestre, Éric Zemmour...
B. Mabille fait sûrement de l'auto-dérision humoristique lorsqu'il rappelle le passé journalistique de P. Desproges.
L'invité était inattendu, et c'est bien agréable ! Revoir Le Luron, dont j'étais une grande fan pour son côté "hors pensée unique" de l'époque, sympa. L'humour c'est pour rigoler, faut pas tout prendre au sérieux. Bon maintenant on peut pas toujours rigoler à tout non plus ! Mais de là a sanctionner quelqu'un qui ne nous fait pas rire parceque 'on a le pouvoir de le faire (et non parcequ'il ne fait rire que peu de gens)... heu, il y a une étape qui est franchie, qui est moins un peu moins marrante, non ?
Enfin cette mise en perspective des sanctionnés d'aujourd'hui en rappellant les sanctionnés d'hier était intéressante.
Bonnes vacances,
Enfin cette mise en perspective des sanctionnés d'aujourd'hui en rappellant les sanctionnés d'hier était intéressante.
Bonnes vacances,
Pas encore vu le débat, mais j'accroche avec stupéfaction sur une phrase de la "Gazette@si" qui l'annonce : "... des blagues douteuses sur le Coran ..."
Cà signifie quoi? Que c'est de mauvais goût ? Qu'on n'a pas le droit?
Que ce soient le genre de blague les plus dangereuses à notre époque, pas de doute, mais de là à ramer dans le même sens que les intégristes, çà me consterne.
Cà signifie quoi? Que c'est de mauvais goût ? Qu'on n'a pas le droit?
Que ce soient le genre de blague les plus dangereuses à notre époque, pas de doute, mais de là à ramer dans le même sens que les intégristes, çà me consterne.
Bonjour,
Paul Jorion, à la suite de l'émission à laquelle il avait participé, avait sur son site, "débriefé" en disant qu'il avait été très agressé par son contradicteur et qu'il en était tout marri.
Melenchon a dit qu'il avait bien aimé la discussion avec Touati (il avait été d'ailleurs moins bon avec Attali, qui irradiait par son côté calme et posé)
A la fin de cette émission, Mabille dit qu'il avait eu la trouille de venir.
A la suite de cela, je me disais qu'il serait peut être intéressant - je me souviens au temps d'asi sur la 5, il y avait un debriefing à la fin de l'émission, une sorte d'analyse réflexive sur le déroulement de l'émission (arret sur les images d'arret sur images en quelque sorte) - de développer ce débriefing, par les invités, ou d'autres. Par forcément, à chaud, et par forcément sous forme filmée.
Un petit texte de l'invité - avec éventuellement des commentaires de la rédaction - disant son vécu de l'émission me semblerait intéressant. C'est peut être contraignant pour l'invité, mais cela peut en amuser certains.
Je pense que ce serait aussi valable pour "la ligne jaune" (l'invité de "riposte laïque" avait d'ailleurs produit un post je crois) et pour "dans le texte" (on aurait pu savoir si l'invité anti de Gaulle s'est rendu compte que la forme qu'il a adoptée a nui a l'expression du fond de sa pensée (De Gaulle devient petit à petit intouchable, iconisé)).
Je soumets cette proposition à votre sagacité, et nous verrons bien si elle rencontre une certaine adhésion ou si elle est à côté de la plaque.
Bon été à tous
Paul Jorion, à la suite de l'émission à laquelle il avait participé, avait sur son site, "débriefé" en disant qu'il avait été très agressé par son contradicteur et qu'il en était tout marri.
Melenchon a dit qu'il avait bien aimé la discussion avec Touati (il avait été d'ailleurs moins bon avec Attali, qui irradiait par son côté calme et posé)
A la fin de cette émission, Mabille dit qu'il avait eu la trouille de venir.
A la suite de cela, je me disais qu'il serait peut être intéressant - je me souviens au temps d'asi sur la 5, il y avait un debriefing à la fin de l'émission, une sorte d'analyse réflexive sur le déroulement de l'émission (arret sur les images d'arret sur images en quelque sorte) - de développer ce débriefing, par les invités, ou d'autres. Par forcément, à chaud, et par forcément sous forme filmée.
Un petit texte de l'invité - avec éventuellement des commentaires de la rédaction - disant son vécu de l'émission me semblerait intéressant. C'est peut être contraignant pour l'invité, mais cela peut en amuser certains.
Je pense que ce serait aussi valable pour "la ligne jaune" (l'invité de "riposte laïque" avait d'ailleurs produit un post je crois) et pour "dans le texte" (on aurait pu savoir si l'invité anti de Gaulle s'est rendu compte que la forme qu'il a adoptée a nui a l'expression du fond de sa pensée (De Gaulle devient petit à petit intouchable, iconisé)).
Je soumets cette proposition à votre sagacité, et nous verrons bien si elle rencontre une certaine adhésion ou si elle est à côté de la plaque.
Bon été à tous
Pas encore vu toute l'émission mais j'ai noté au début (3'50) à propos de l'éviction des humoristes d'Inter :
« je pense que le petit président a fait une crise d'urticaire,
en dessous de lui il y a des valets, des valets, des valets » et je me demande si c'est pas plutôt « des Val et des valets » qu'il dit.
Sinon question humour, y'en a qui en manquent sérieusement si j'en crois ce vite dit (bien que cette pub ne soit pas à hurler de rire non plus, fôpadéconé), ces flics qui sont les premiers à s'appeler entre eux par tous les noms possibles (bleus, cognes, condés, keufs etc...). Où va-t-on ma bonne dame ?
« je pense que le petit président a fait une crise d'urticaire,
en dessous de lui il y a des valets, des valets, des valets » et je me demande si c'est pas plutôt « des Val et des valets » qu'il dit.
Sinon question humour, y'en a qui en manquent sérieusement si j'en crois ce vite dit (bien que cette pub ne soit pas à hurler de rire non plus, fôpadéconé), ces flics qui sont les premiers à s'appeler entre eux par tous les noms possibles (bleus, cognes, condés, keufs etc...). Où va-t-on ma bonne dame ?
Pour qui roule Mabille ? Visiblement, le costume préparé par Schneiderman ne tombait pas correctement... ;-)
Belle émission.
J'ai apprécié de voir une humoriste touchant et un Schneiderman touché.
Ah quel bol d'air de voir ici des débatteurs qui s'écoutent mutuellement et se découvrent différents.
Tout du bon pour vous.
PS Je ne comprends pas très bien pourquoi la Chronique de Didier Porte a fait long feu après un numéro... Il est déjà Persona non grata à @si, Monsieur Porte ?
R Zaslawsky
Belle émission.
J'ai apprécié de voir une humoriste touchant et un Schneiderman touché.
Ah quel bol d'air de voir ici des débatteurs qui s'écoutent mutuellement et se découvrent différents.
Tout du bon pour vous.
PS Je ne comprends pas très bien pourquoi la Chronique de Didier Porte a fait long feu après un numéro... Il est déjà Persona non grata à @si, Monsieur Porte ?
R Zaslawsky
Bernard Mabille parle ( très justement ) de « soupape » à la fin de cette causerie avec Daniel. Personnellement j'aurais aimé que cet aspect soit ( politiquement et sociologiquement ) abordé, mais peut-être cela fera-t-il l'objet d'une prochaine émission de l'été ? Je n'ai pas de référence précise à citer mais on peut logiquement se poser la question du rôle, de la fonction sociale de l'humoriste, d'un côté produit d'appel pour site / radio / télé, excuse, caution et donneur de change de l'autre. Les Guillon et ( surtout ) Porte sont d'après moi des relais, des amplificateurs de ce qui se dit, se pense, se ressent dans certains milieux sociau-professionnels. Que se passerait-il sans eux ? Comment cette colère qui semble monter dans la société se traduirait-elle ? Doit-on se réjouir ou déplorer ces humoristes qui certes appuient où ça fait mal mais qui eux aussi participent quelque part à une certaine dédramatisation des faits. Une des premières fonctions ou plutôt résultats ( physiologiques ? ) du rire n'est-elle pas d'apporter un certain bien-être ? N'est-ce pas alors contradictoire avec l'idée selon laquelle les humoristes feraient « avancer les choses » ? Ils dénoncent, certes, et ensuite ? Leur public, que fait-il du message transmis, aussi subversif soit-il ?
Une surprise que ce Bernard Mabille; je le remercie de sa présence et d'avoir « joué le jeu » sur le plateau d'@si ( il n'a sans doute pas été toujours très sincère à 100% durant cette émission, mais franchement, vous en connaissez beaucoup des invité(e)s qui se livrent sans acune retenue d'aucune sorte, quel que soit le sujet ? ).
Une surprise que ce Bernard Mabille; je le remercie de sa présence et d'avoir « joué le jeu » sur le plateau d'@si ( il n'a sans doute pas été toujours très sincère à 100% durant cette émission, mais franchement, vous en connaissez beaucoup des invité(e)s qui se livrent sans acune retenue d'aucune sorte, quel que soit le sujet ? ).
Je suis déçu par cette émission, je ne vois pas de quoi elle devait parler. DS a l'air de ne pas être dans son assiette, de ne pas être là. Quand à l'invité, il n'a pas dit grand chose d'intéressant. Juste retenu son apologie de HaraKiri & Choron qui selon lui a fait avancer les choses. Je pense au contraire que ces gens là ont tué l'humour, et qu'aujourd'hui n'existe plus à la place que de la moquerie exacerbée, maquillée comme une pute par des jeux de mots plus ou moins réussis. Ni Porte, ni Guillon ne me font rire. Je ne comprends même pas ce qui fait rire les gens dans ce qu'ils disent. L'humour se crée sur un décalage soudain avec la réalité ou "l'attendu" : rien de cela chez ces gens là.
En France l'humour est mort.
Je viens d'acheter le coffret Buster KEATON (*). Ca, c'est de l'humour (et de la sueur).
(*) En promo sur MK2 DVD (http://mk2.cine-solutions.com/fr/produit_44_mk2_44334_acheter_COFFRET_DVD_Buster_Keaton_-_Les_meilleures_années.php): 74,50 € au lieu de 149,99 €, et il est à 199€ sur FNAC.com ! c'est vraiment des voleurs à la FNAC...).
En France l'humour est mort.
Je viens d'acheter le coffret Buster KEATON (*). Ca, c'est de l'humour (et de la sueur).
(*) En promo sur MK2 DVD (http://mk2.cine-solutions.com/fr/produit_44_mk2_44334_acheter_COFFRET_DVD_Buster_Keaton_-_Les_meilleures_années.php): 74,50 € au lieu de 149,99 €, et il est à 199€ sur FNAC.com ! c'est vraiment des voleurs à la FNAC...).
...la conversation.
C'est ce qui m'a fait aimer cette émission.
A deux,c'est mieux!
C'est ce qui m'a fait aimer cette émission.
A deux,c'est mieux!
Bof! pas bien intéressant cet homme, il critique des confrères bien meilleurs que lui, en plus, grande révélation, il serait de gauche, il pense ce qu'il veut ou il ne pense rien, on s'en contre-fiche, j'attends d'un humoriste qu'il me fasse rire et pas forcément "gras". Je me sens capable de comprendre la finesse aussi, mais qu'on leur dise à ces "humoristes"
Excellente émission, sobre, sans comparses inutiles et coupeurs de parole, très bien menée. Et sous couvert de parler d'humour on en a appris finalement beaucoup, sur les humoristes bien sûr, mais aussi sur la politique ou notre quotidien.
http://www.wat.tv/video/thierry-luron-pen-attention-112yr_2eyrd_.html
J'ai l'impression que Mabille confond deux choses : l'humour politique et l'humour à propos des politiques. Peut-être que l'extrait ne lui fait pas honneur, mais par acquis de conscience je suis allé écouter trois de ses chroniques sur son site, qui avaient toutes le même travers (et étaient à mon avis médiocres) : il se moque des politiques. De leurs défauts physiques, de leurs comportements en tant qu'individus, etc. Mais il ne pointe pas avec sarcasme et douce ironie les pures contradictions de leurs discours, ou les contradictions entre leurs discours et leurs actes, comme l'avait si bien fait Desproges à de nombreuses reprises, comme l'a parfois fait Coluche...
Après, c'est étonnant aussi d'entendre un type des grosses têtes tel que lui et qui fait ce genre de blagues se dire "de gauche" ; mais rien dans son discours pendant une heure ne concerne les conditions sociales, les inégalités, etc. Tout sur les personnes. Notamment, comme d'autres l'ont souligné : voter Mélanchon pour sa "grande gueule", c'est un marqueur politique très faible !
D'ailleurs sur Mélanchon pour ma part c'était le contraire j'avais l'impression d'être d'accord avec beaucoup de ses postures mais je ne peux pas l'écouter plus de 5 minutes à cause de sa façon de parler, ses grands airs, et son incapacité à tenir longtemps une argumentation cohérente, constante, non outrancière, et qui puisse mettre son interlocuteur face à ses contradictions concrètes et idéologiques. J'ai toujours l'impression à la place qu'il s'emballe et gauchise son discours au fur et à mesure qu'on le laisse parler jusqu'à ce qu'il arrive à un point où il ne peut plus que crier. Je me gourre peut-être, mais je préfère tellement quelqu'un comme Voynet, M-G Buffet, Hollande... Une sorte de "Bayrou de gauche" pour la personnalité m'irait parfaitement... mais y en a-t-il ? Et "passent-ils bien" ?
Quand je pense à l'humour politique audiovisuel, en France je pense avant tout aux Guignols, qui ont énormément regagné en pugnacité ces derniers mois après s'être un peu laissé aller à parler davantage football et "problèmes de société" que politique (comme la majorité des médias alors), et à Groland, qui est souvent pipi-caca mais tourne très bien la politique en dérision ou en absurde quand elle le mérite sur de très nombreux sujets.
Mais quand je pense à l'humour politique audiovisuel, je pense avant tout, hélas, à deux émissions américaines géniales : le Dailyshow de Jon Stewart et le Colbert Report de Stephen Colbert. Je crois qu'ASI en avait parlé, je sais qu'@si l'a fait, mais ce sont des émissions assez largement ignorées des Français et des médias français également. Pourtant, ce sont des bijoux, et leurs animateurs sont des gens extrêmement intéressants, quelques exemples pour soutenir ces deux assertions :
- une parodie de Glenn Beck par Stewart ... extraordinaire.
- une autre petite démonstration sur le double discours de Fox News : la cible est sûrement grosse et facile, mais la critique est bien faite, courte, amusante.
- Jon Stewart sur le plateau de Crossfire : une putain de critique des médias !
- une parodie de Bleck par Colbert cette fois-ci
- la "défense" de ce même Bleck par ce même Colbert
- le célèbre discours de Stephen Colbert au dîner annuel des journalistes à la Maison Blanche
- une interview de Colbert assez intéressante
Et il y en a vraiment des dizaines voire des centaines comme cela très intéressantes et/ou amusantes, j'ai pris au hasard pour les vidéos de leurs émissions (sauf la première). C'est autre chose que la saucisse et les fayots quand même, qui ne me semble pas avoir porté très loin...
Après, c'est étonnant aussi d'entendre un type des grosses têtes tel que lui et qui fait ce genre de blagues se dire "de gauche" ; mais rien dans son discours pendant une heure ne concerne les conditions sociales, les inégalités, etc. Tout sur les personnes. Notamment, comme d'autres l'ont souligné : voter Mélanchon pour sa "grande gueule", c'est un marqueur politique très faible !
D'ailleurs sur Mélanchon pour ma part c'était le contraire j'avais l'impression d'être d'accord avec beaucoup de ses postures mais je ne peux pas l'écouter plus de 5 minutes à cause de sa façon de parler, ses grands airs, et son incapacité à tenir longtemps une argumentation cohérente, constante, non outrancière, et qui puisse mettre son interlocuteur face à ses contradictions concrètes et idéologiques. J'ai toujours l'impression à la place qu'il s'emballe et gauchise son discours au fur et à mesure qu'on le laisse parler jusqu'à ce qu'il arrive à un point où il ne peut plus que crier. Je me gourre peut-être, mais je préfère tellement quelqu'un comme Voynet, M-G Buffet, Hollande... Une sorte de "Bayrou de gauche" pour la personnalité m'irait parfaitement... mais y en a-t-il ? Et "passent-ils bien" ?
Quand je pense à l'humour politique audiovisuel, en France je pense avant tout aux Guignols, qui ont énormément regagné en pugnacité ces derniers mois après s'être un peu laissé aller à parler davantage football et "problèmes de société" que politique (comme la majorité des médias alors), et à Groland, qui est souvent pipi-caca mais tourne très bien la politique en dérision ou en absurde quand elle le mérite sur de très nombreux sujets.
Mais quand je pense à l'humour politique audiovisuel, je pense avant tout, hélas, à deux émissions américaines géniales : le Dailyshow de Jon Stewart et le Colbert Report de Stephen Colbert. Je crois qu'ASI en avait parlé, je sais qu'@si l'a fait, mais ce sont des émissions assez largement ignorées des Français et des médias français également. Pourtant, ce sont des bijoux, et leurs animateurs sont des gens extrêmement intéressants, quelques exemples pour soutenir ces deux assertions :
- une parodie de Glenn Beck par Stewart ... extraordinaire.
- une autre petite démonstration sur le double discours de Fox News : la cible est sûrement grosse et facile, mais la critique est bien faite, courte, amusante.
- Jon Stewart sur le plateau de Crossfire : une putain de critique des médias !
- une parodie de Bleck par Colbert cette fois-ci
- la "défense" de ce même Bleck par ce même Colbert
- le célèbre discours de Stephen Colbert au dîner annuel des journalistes à la Maison Blanche
- une interview de Colbert assez intéressante
Et il y en a vraiment des dizaines voire des centaines comme cela très intéressantes et/ou amusantes, j'ai pris au hasard pour les vidéos de leurs émissions (sauf la première). C'est autre chose que la saucisse et les fayots quand même, qui ne me semble pas avoir porté très loin...
Avec Mabille nous ne sommes plus dans la confusion des genres mais bien dans la confusion mentale. Il dit à peu près tout et son contraire avec l'air de celui qui roule gentiment son contradicteur dans la farine. D'emblée "les grosses têtes" c'est l'eczéma assuré pour moi, mais chacun son trip. D'après Mabille les grosses têtes ce serait de l'humour de comptoir avec de temps en temps de l'élation. Pour moi, c'est de l'humour de comptoir qui très souvent tombe du bar pour se réfugier sur la ceinture. Humour gaulois dit-on ! Pour s'en convaincre faisons le rapproché avec les deux bouts sketchs proposés : "La moule d'Aubry dont personne ne veut et le mari de Bachelot qui se perd entre ses cuisses", ça c'est de l'humour français, qu'est-ce qu'on se marre ! Finalement, en réécoutant le sketch de Guillon sur DSK (qui ne m'a pas choqué à l'époque), je me dis que c'est de la dentelle qu'il fait Guillon. Ceci dit, même avec Mabille, ou malgré lui, je voterai pour Mélenchon.
Voter Mélenchon non pour sa vision politique mais parce qu'il "fout le bordel" ou parce qu'il "parle fort", c'est léger quand même. Souhaitons que Le Pen ne se mette pas à gueuler plus fort encore.
Je déplore que le thème de vos émissions de cet été soit le rire, le rire c'est pour les cons, l'humour c'est pour les sots.
On devrait avoir le droit de s'angoisser tranquille sans être obligé de subir la dictature des humoristes à la télé, à la radio, dans les journaux. Et même dans les blogs maintenant, un comble!
La vie est trop sérieuse pour la gâcher à rire bêtement, travaillez plus, vous rirez moins.
Je déplore que le thème de vos émissions de cet été soit le rire, le rire c'est pour les cons, l'humour c'est pour les sots.
On devrait avoir le droit de s'angoisser tranquille sans être obligé de subir la dictature des humoristes à la télé, à la radio, dans les journaux. Et même dans les blogs maintenant, un comble!
La vie est trop sérieuse pour la gâcher à rire bêtement, travaillez plus, vous rirez moins.
Que Desproges soit de droite ou de gauche j'avoue que je ne m'étais jamais posé la question !... et que je m'en fous complètement ! j'aime c'est tout, j'apprécie sa poésie et aussi approuve ses dénonciations. Morel itou.
L'humour chansonnier n'a pas de couleur il a la force de la caricature, la force de la vérité alliée à celle du verbe.
Je n'ai pas encore regardé l'émission (qui m'a l'air fort intéressante à vous lire). J'ai commencé par le forum et de voir que les débats tournent autant autour du vote pour Mélanchon (ou Tartempion) je ne comprends pas! Ce n'est pas cela qui influera sur mon opinion à propos du personnage, ce n'est qu'un élément, mais sûrement pas déterminant : la connerie de gauche n'a rien à envier à celle de droite ! et Hoche !.,
Quand à dire qu'un "homme qui a la collection complète de Charlie ou hara kiri ne peut être mauvais" comme j'ai lu plus haut : quid de Val ?
Qu'un humoriste prenne le parti d'en être ne me dérange pas non plus, et ce n'est pas cela qui peut me faire aimer ou pas un sketch de Bedos. En tant qu'homme public, il en a tout à fait le droit, et le fait de l'afficher relève même d'une certaine honnêteté lorsqu'il critique.
L'humour chansonnier n'a pas de couleur il a la force de la caricature, la force de la vérité alliée à celle du verbe.
Je n'ai pas encore regardé l'émission (qui m'a l'air fort intéressante à vous lire). J'ai commencé par le forum et de voir que les débats tournent autant autour du vote pour Mélanchon (ou Tartempion) je ne comprends pas! Ce n'est pas cela qui influera sur mon opinion à propos du personnage, ce n'est qu'un élément, mais sûrement pas déterminant : la connerie de gauche n'a rien à envier à celle de droite ! et Hoche !.,
Quand à dire qu'un "homme qui a la collection complète de Charlie ou hara kiri ne peut être mauvais" comme j'ai lu plus haut : quid de Val ?
Qu'un humoriste prenne le parti d'en être ne me dérange pas non plus, et ce n'est pas cela qui peut me faire aimer ou pas un sketch de Bedos. En tant qu'homme public, il en a tout à fait le droit, et le fait de l'afficher relève même d'une certaine honnêteté lorsqu'il critique.
Je suis (malgré tout) en train de regarder l'émission. Eh bien ! Il est étonnant, ce Mabille, et c'est pire que je croyais ! Je le pensais poujado-ringard de droite, alors qu'il se présente comme un mercenaire de l'humour "qui marche" (quelles que soient les convictions à défendre) ! Prêt à participer à un congrès socialiste à Valence, puis de faire faire à Le Luron un numéro parfaitement réac (je l'avais vu en direct et ça m'avait permis de constater "d'où il parlait" !) Prêt à faire dans le gras lourdingue pour Roumanoff "parce que sinon de nos jours le public ne comprendrait pas"… Prêt à dire que l'humour engagé, il aime pas, mais que c'était bien que Le Luron critique Le Pen, et que "l'humour fait avancer les choses" ! ?? Prêt à tout, au fond, notamment comme on dit, à vendre sa mère pour un mauvais bon mot, alors ?… Mais surtout, comment ose-t-il se prétendre de gauche alors que toute son œuvre exprime le contraire ? Desproges n'était pas précisément de gauche, mais il l'assumait et ses saillies tout azimuth étaient en général assez fines et drôles…
Cela dit, DS s'en sort fort bien. Même si le choix de Mabille pour réfléchir sur l'humour est étrange, les bonnes questions sur l'engagement et les limites de l'exercice sont posées. Et mes a priori étaient infondés.
PS : A propos de François Chalais, sa participation à deux journaux collaborationnistes (dont "Je suis partout", évoqué par Bernard Mabille vers 46:15), est sujette à débat, puisque selon deux ouvrages, de Pascal Ory et Pierre Assouline, cités par Wikipédia, c'était en tant que résistant infiltré. Il fut décoré de la médaille de la Résistance. Petites incise vacharde approximative ?…
Cela dit, DS s'en sort fort bien. Même si le choix de Mabille pour réfléchir sur l'humour est étrange, les bonnes questions sur l'engagement et les limites de l'exercice sont posées. Et mes a priori étaient infondés.
PS : A propos de François Chalais, sa participation à deux journaux collaborationnistes (dont "Je suis partout", évoqué par Bernard Mabille vers 46:15), est sujette à débat, puisque selon deux ouvrages, de Pascal Ory et Pierre Assouline, cités par Wikipédia, c'était en tant que résistant infiltré. Il fut décoré de la médaille de la Résistance. Petites incise vacharde approximative ?…
Emission intéressante par son aspect historique.
Bémol:
l'hélas permanent humour sexiste.
Parler de la foufoune et du stérilet d'une femme ce n'est pas *que* s'attaquer au physique, mais bien, comme d'habitude, considérer le corps des femmes et leur sexualité comme appartenant au débat public cad leur dénier toute maîtrise personnelle de leur corps et de leurs choix.
Bon, il est possible que MrMabille parle aussi du sexe de certains hommes..; mais comme on ne peut pas s'exonérer du contexte socioculturel dans lequel on pratique l'humour, l'enjeu n'est pas le même (cf les moqueries de Guillon à l'égard de DSK, qqpart: c'est aux femmes de se protéger et non à DSK de se réfréner.....).
Bémol:
l'hélas permanent humour sexiste.
Parler de la foufoune et du stérilet d'une femme ce n'est pas *que* s'attaquer au physique, mais bien, comme d'habitude, considérer le corps des femmes et leur sexualité comme appartenant au débat public cad leur dénier toute maîtrise personnelle de leur corps et de leurs choix.
Bon, il est possible que MrMabille parle aussi du sexe de certains hommes..; mais comme on ne peut pas s'exonérer du contexte socioculturel dans lequel on pratique l'humour, l'enjeu n'est pas le même (cf les moqueries de Guillon à l'égard de DSK, qqpart: c'est aux femmes de se protéger et non à DSK de se réfréner.....).
Je suis étonné que Bernard Mabille, en contradiction permanente dans son discours, puisse en surprendre agréablement certains du fait de ce soit-disant "coming-out" politique. Il dit être un peu anarchiste, dit apprécier Mélanchon pour son côté "fouteur de bordel", ce qui ne me semble pas être sa plus grande qualité en politique, pourtant j'apprécie beaucoup la culture, les idées et l'esprit d'analyse de Mélanchon, et j'aurais aimé entendre Bernard Mabille dire cela pour me convaincre d'avantage.
Bernard Mabille est un auteur moyen (pour ne pas dire médiocre), qui a certes connu un grand succès dans un registre qui il faut le reconnaitre dispose toujours d'un véritable auditoire, mais je doute que les auditeurs ou spectateurs possédant une culture politique au dessus de la moyenne, et exigeant un minimum de finesse d'esprit soient friands de la plume grasse de Bernard Mabille. Je ne renierai pas pour ma part mon goût pour l'humour graveleux puisque même Didier Porte, à qui je voues une fidélité sans bornes le pratique parfois, mais avec intelligence, esprit et mesure (ce qui fait TOUTE la différence). Je lui dis quand même merci d'avoir pris la peine de répondre à l'invitation en exprimant ses convictions, aussi contradictoires soit-elles. Cela dit il a un peu trop balancé à mon goût, ce que je trouve assez louche.
J'ai bien aimé la formule suivante, suite à la diffusion d'extraits de son spectacle : "tous les moyens sont bons pour faire rire..." avec un léger coup de frein sur la fin, histoire de dire "la facilité ? Voyons, moi, jamais !". Remarque, au vu des extraits choisis on aurait du mal à trouver une autre excuse pour justifier de telles ficelles !
N'oubliez pas non plus que ce qui a déclenché l'affaire Guillon / Strauss-Kahn, c'est la déclaration de ce dernier au tout début de son interview et non pas le papier en lui-même qui serait passé inaperçu si il avait laissé couler. Demandez à Didier Porte, pour l'avoir vécu plus d'une fois je pense qu'il vous confirmera que c'est la réaction de l'invité ou de l'intéressé qui déclenche ou non l'hystérie collective (Fréchon, Estrosi, Teissier, Arthur, Pernaut).
Je regrette Daniel que vous n'ayez pas également demandé à Bernard Mabille dans quelle case il plaçait Anne Roumanoff dans son placard de l'humour si bien rangé. "La droite cassoulet", comme tout ce que j'ai entendu, c'est peut-être moi, mais c'est juste insupportable, non ? Bon, de l'humour politique chez Drucker, que peut-on espérer d'autre après tout ? Même si vous l'aviez poussé dans ses retranchements, je ne pense pas qu'il l'aurait reconnu, mais rien que ça, ça m'aurait fait tellement plaisir de le constater ! Comme une sorte de touche finale à l'émission :) Il a pourtant fait savoir sur la fin qu'il s'attendait à une confrontation plus violente ! J'aurais bien vu une extinction quasi-totale des lumières de plateau, puis sur un ton à la Ardisson une déclaration du style : "et bien, c'est exactement ce qui va se passer maintenant ! Je vous demande d'accueillir Guys Bedos !" ^^'
Bon été à tous !
Bernard Mabille est un auteur moyen (pour ne pas dire médiocre), qui a certes connu un grand succès dans un registre qui il faut le reconnaitre dispose toujours d'un véritable auditoire, mais je doute que les auditeurs ou spectateurs possédant une culture politique au dessus de la moyenne, et exigeant un minimum de finesse d'esprit soient friands de la plume grasse de Bernard Mabille. Je ne renierai pas pour ma part mon goût pour l'humour graveleux puisque même Didier Porte, à qui je voues une fidélité sans bornes le pratique parfois, mais avec intelligence, esprit et mesure (ce qui fait TOUTE la différence). Je lui dis quand même merci d'avoir pris la peine de répondre à l'invitation en exprimant ses convictions, aussi contradictoires soit-elles. Cela dit il a un peu trop balancé à mon goût, ce que je trouve assez louche.
J'ai bien aimé la formule suivante, suite à la diffusion d'extraits de son spectacle : "tous les moyens sont bons pour faire rire..." avec un léger coup de frein sur la fin, histoire de dire "la facilité ? Voyons, moi, jamais !". Remarque, au vu des extraits choisis on aurait du mal à trouver une autre excuse pour justifier de telles ficelles !
N'oubliez pas non plus que ce qui a déclenché l'affaire Guillon / Strauss-Kahn, c'est la déclaration de ce dernier au tout début de son interview et non pas le papier en lui-même qui serait passé inaperçu si il avait laissé couler. Demandez à Didier Porte, pour l'avoir vécu plus d'une fois je pense qu'il vous confirmera que c'est la réaction de l'invité ou de l'intéressé qui déclenche ou non l'hystérie collective (Fréchon, Estrosi, Teissier, Arthur, Pernaut).
Je regrette Daniel que vous n'ayez pas également demandé à Bernard Mabille dans quelle case il plaçait Anne Roumanoff dans son placard de l'humour si bien rangé. "La droite cassoulet", comme tout ce que j'ai entendu, c'est peut-être moi, mais c'est juste insupportable, non ? Bon, de l'humour politique chez Drucker, que peut-on espérer d'autre après tout ? Même si vous l'aviez poussé dans ses retranchements, je ne pense pas qu'il l'aurait reconnu, mais rien que ça, ça m'aurait fait tellement plaisir de le constater ! Comme une sorte de touche finale à l'émission :) Il a pourtant fait savoir sur la fin qu'il s'attendait à une confrontation plus violente ! J'aurais bien vu une extinction quasi-totale des lumières de plateau, puis sur un ton à la Ardisson une déclaration du style : "et bien, c'est exactement ce qui va se passer maintenant ! Je vous demande d'accueillir Guys Bedos !" ^^'
Bon été à tous !
Mabille, dès qu'il prend du recul, dit des choses intéressantes, par exemple au début sur le changement de ton (le sien, d'ailleurs, entre les époques Le Luron et Roumanoff) et la nécessité selon lui de faire plus "gras" aujourd'hui pour faire rire - ce qui est contestable, Cf. l'humour fin mais peu complaisant d'un François Morel dont on parle trop peu dans l'histoire Guillon, Porte, France Inter. Mais il fait par ailleurs preuve d'une schizophrénie assez sidérante.
J'apprends, estomaqué comme beaucoup, que le pensionnaire de Bouvard vote Mélenchon et a été élevé à la sauce Choron et Reiser. De Choron il aura peut-être gardé le côté pipi-caca et ras des pâquerettes (qu'il reproche à Gerra mais pratique lui-même avec délectation en moquant les cuisses de Mme Bachelot et surtout en évoquant son hypothétique stérilet) ; de Reiser il n'a ni le talent ni le mordant.
Son humour est finalement assez dans la ligne poujadiste et beauf de comptoir des Grosses Têtes (que je ne résume pas à ça, mais c'est un élément du "package") : une émission où l'on se moque des femmes, des Belges, des pédés... ; où l'on critique les impôts entre gens riches du show-biz et où l'on fait du percepteur un croquemitaine... Que fait un mélenchoniste convaincu dans cette galère ?
On y cite à longueur d'antenne des auteurs de théâtre de boulevard spirituels à leur époque mais dont l'humour est daté (histoires de bourgeois et d'adultères, de bonnes, de maîtresses et d'amants dans les placards... tout cela a vécu). Que fait un humoriste qui récuse le terme de chansonnier, et salue ceux qui collent à l'actualité, dans cette galère ?
Il y a plusieurs angles pour s'attaquer aux personnages politiques. Parler en termes grossiers des physiques de Roselyne Bachelot et de Martine Aubry en est un. On obtient des rires faciles et gras. C'est le doigt pointé sur le bossu du village (par un autre bossu, par un autre gros ? et alors ? seuls les gros ont le droit de se moquer des gros ? à partir de combien de kilogrammes chez l'humoriste pour combien chez sa cible ?). Un autre angle est de persifler le placement du fils de Mme Bachelot à la tête d'un organisme qui n'a rien à voir avec ses compétences. De parler de son travail de ministre et de sa compétence discutable (à condition de trouver un angle pour faire rire, ce qui est moins facile que de dire qu'elle a des cuisses de telle corpulence). De souligner sa légèreté et son goût de la déconnade éventuellement déplacée (est-ce le rôle d'un ministre de se balader en sabots roses pour un pari stupide ? on en pense ce qu'on veut mais on peut toujours en faire rire en grossissant le trait). Pour Mme Aubry, on a vite oublié, il me semble, les bourrages d'urnes de son élection à la tête du PS, pour se complaire dans les gracieusetés concernant son physique. Gracieusetés qu'elle pardonne d'autant plus volontiers (à Guillon par exemple) qu'on parle moins du reste.
Pour aller plus loin et dépasser le cas Mabille : Peut-on se moquer de la taille de M. Sarkozy ? Première réponse, instinctive : oui de toute façon, au nom de la simple liberté d'expression - le crime de lèse-majesté n'existe plus (en théorie). Est-ce drôle ? Non, si c'est juste pour rabâcher des mots comme "nain" et ses dérivés, dont l'emploi en l'occurrence comme insultes fait plus de mal à ceux qui sont réellement nains qu'à celui qui est visé (tout comme la saillie de Guillon sur Besson est selon Mabille insultante pour les fouines...) ; mais OUI si c'est pour souligner le ridicule d'un président complexé sur talonnettes, à côté d'une grande femme condamnée aux talons plats, transportant dans les grandes réunions internationales (où il est loin d'être le plus petit) son estrade portative à planquer derrière le pupitre. OUI, si c'est pour se moquer du fait qu'il est d'abord petit dans sa propre tête, qu'il agit en de multiples circonstances comme un adolescent complexé, ancien souffre-douleur probable des cours de récréation, et non comme un adulte en charge de très hautes fonctions censé avoir résolu la plupart de ses complexes.
Mmes Aubry et Merkel par exemple savent bien qu'on dit des choses peu aimables sur leur physique, mais s'en fichent ou le laissent croire ; parce que premièrement elles placent leur fierté à un autre niveau, et deuxièmement elles visent à l'efficacité dans les choses importantes. Tandis que le petit coq offensé qui nous sert de président se dresse ridiculement sur ses ergots en toute occasion et fait la risée de lui et malheureusement de la France dans la presse étrangère. C'est en cela qu'il prête éternellement le flanc à la caricature physique, alors que pour les autres, les humoristes et leur public se lasseront.
J'apprends, estomaqué comme beaucoup, que le pensionnaire de Bouvard vote Mélenchon et a été élevé à la sauce Choron et Reiser. De Choron il aura peut-être gardé le côté pipi-caca et ras des pâquerettes (qu'il reproche à Gerra mais pratique lui-même avec délectation en moquant les cuisses de Mme Bachelot et surtout en évoquant son hypothétique stérilet) ; de Reiser il n'a ni le talent ni le mordant.
Son humour est finalement assez dans la ligne poujadiste et beauf de comptoir des Grosses Têtes (que je ne résume pas à ça, mais c'est un élément du "package") : une émission où l'on se moque des femmes, des Belges, des pédés... ; où l'on critique les impôts entre gens riches du show-biz et où l'on fait du percepteur un croquemitaine... Que fait un mélenchoniste convaincu dans cette galère ?
On y cite à longueur d'antenne des auteurs de théâtre de boulevard spirituels à leur époque mais dont l'humour est daté (histoires de bourgeois et d'adultères, de bonnes, de maîtresses et d'amants dans les placards... tout cela a vécu). Que fait un humoriste qui récuse le terme de chansonnier, et salue ceux qui collent à l'actualité, dans cette galère ?
Il y a plusieurs angles pour s'attaquer aux personnages politiques. Parler en termes grossiers des physiques de Roselyne Bachelot et de Martine Aubry en est un. On obtient des rires faciles et gras. C'est le doigt pointé sur le bossu du village (par un autre bossu, par un autre gros ? et alors ? seuls les gros ont le droit de se moquer des gros ? à partir de combien de kilogrammes chez l'humoriste pour combien chez sa cible ?). Un autre angle est de persifler le placement du fils de Mme Bachelot à la tête d'un organisme qui n'a rien à voir avec ses compétences. De parler de son travail de ministre et de sa compétence discutable (à condition de trouver un angle pour faire rire, ce qui est moins facile que de dire qu'elle a des cuisses de telle corpulence). De souligner sa légèreté et son goût de la déconnade éventuellement déplacée (est-ce le rôle d'un ministre de se balader en sabots roses pour un pari stupide ? on en pense ce qu'on veut mais on peut toujours en faire rire en grossissant le trait). Pour Mme Aubry, on a vite oublié, il me semble, les bourrages d'urnes de son élection à la tête du PS, pour se complaire dans les gracieusetés concernant son physique. Gracieusetés qu'elle pardonne d'autant plus volontiers (à Guillon par exemple) qu'on parle moins du reste.
Pour aller plus loin et dépasser le cas Mabille : Peut-on se moquer de la taille de M. Sarkozy ? Première réponse, instinctive : oui de toute façon, au nom de la simple liberté d'expression - le crime de lèse-majesté n'existe plus (en théorie). Est-ce drôle ? Non, si c'est juste pour rabâcher des mots comme "nain" et ses dérivés, dont l'emploi en l'occurrence comme insultes fait plus de mal à ceux qui sont réellement nains qu'à celui qui est visé (tout comme la saillie de Guillon sur Besson est selon Mabille insultante pour les fouines...) ; mais OUI si c'est pour souligner le ridicule d'un président complexé sur talonnettes, à côté d'une grande femme condamnée aux talons plats, transportant dans les grandes réunions internationales (où il est loin d'être le plus petit) son estrade portative à planquer derrière le pupitre. OUI, si c'est pour se moquer du fait qu'il est d'abord petit dans sa propre tête, qu'il agit en de multiples circonstances comme un adolescent complexé, ancien souffre-douleur probable des cours de récréation, et non comme un adulte en charge de très hautes fonctions censé avoir résolu la plupart de ses complexes.
Mmes Aubry et Merkel par exemple savent bien qu'on dit des choses peu aimables sur leur physique, mais s'en fichent ou le laissent croire ; parce que premièrement elles placent leur fierté à un autre niveau, et deuxièmement elles visent à l'efficacité dans les choses importantes. Tandis que le petit coq offensé qui nous sert de président se dresse ridiculement sur ses ergots en toute occasion et fait la risée de lui et malheureusement de la France dans la presse étrangère. C'est en cela qu'il prête éternellement le flanc à la caricature physique, alors que pour les autres, les humoristes et leur public se lasseront.
Bon ! Là je ne sais plus comment dire tellement c'est bien !
[large]G
É
N
I
A
L[/large]
Incroyable, passionnant...
Il est trop [s]tard[/s] tôt, pas lu le forum, et plein de chose à dire,
Ce sera pour demain j'espère !
Daniel, là, dans le face à face (comme avec Judith sur Hugo) on trouve le rythme parfait,
C'est totalement magnifique.
***
[large]G
É
N
I
A
L[/large]
Incroyable, passionnant...
Il est trop [s]tard[/s] tôt, pas lu le forum, et plein de chose à dire,
Ce sera pour demain j'espère !
Daniel, là, dans le face à face (comme avec Judith sur Hugo) on trouve le rythme parfait,
C'est totalement magnifique.
***
Petit début pour cette série bienvenue sur le rire... Pas grand chose à penser à part se rappeler que les gens ne sont que des gens avec leurs ressentiments, leurs espoirs déçus, leurs jalousies un peu médiocres, leur volonté de se dire qu'ils sont plus qu'ils ne sont et qu'ils maîtrisent bien plus qu'ils ne maîtrisent en réalité ce qui leur arrive dans la vie et puis qu'il faut bien gagner sa croûte et tenir bon pour ne pas en avoir honte... Enfin bon, toutes ces choses que l'on sait par cœur vu que l'on se croise tous les jours dans la glace et aussi son voisin sur le palier de l'immeuble... Bon, quant à l'humour, il n'y en avait pas une once dans cette émission pour le coup (ce qui n'était pas le but d'ailleurs). En revanche, de la tristesse, du désespoir, il y en avait des tonnes, lourdes comme les prestations sur scène du monsieur en question... Vivement la prochaine !!
Ambiance sympathique et dernier 1/4d'heure vraiment intéressant, mais quand-même, je ne comprends pas certains trucs:
On n'a pas de vrai liberté... mais Le Luron n'a jamais été écarté ni censuré.
L'humoriste ne doit pas se dévoiler, les gens ne doivent pas savoir comment il vote à la fin du spectacle... mais c'est gênant de ne pas pouvoir situer Desproges.
On n'a pas de vrai liberté... mais Le Luron n'a jamais été écarté ni censuré.
L'humoriste ne doit pas se dévoiler, les gens ne doivent pas savoir comment il vote à la fin du spectacle... mais c'est gênant de ne pas pouvoir situer Desproges.
Comme ça fait un siècle que j'ai rien posé par ici, juste un mot ce soir pour faire la bise à tous les copains.
Leur souhaiter un bel été.
Et leur dire à bientôt.
N.
Leur souhaiter un bel été.
Et leur dire à bientôt.
N.
Balladur 1er ministre à la fin des années 80?
Assez étonnant ce Bernard Mabille, qu'en bon téléphobe je connaissais mal...
Finalement il ne faut pas se fier aux apparences ou aux réputations souvent non méritées.
Je crois qu'il faisait très chaud le 29 juin, ce qui dessert beaucoup la photogénie
des [s]gros[/s] personnes enveloppées.
Faudrait peut-être climatiser le studio, ou s'accorder une pause, le temps
de boire un verre et de s'éponger un peu...
Je vais faire l'effort de regarder un ou deux opus des grosses têtes, après tout...
Finalement il ne faut pas se fier aux apparences ou aux réputations souvent non méritées.
Je crois qu'il faisait très chaud le 29 juin, ce qui dessert beaucoup la photogénie
des [s]gros[/s] personnes enveloppées.
Faudrait peut-être climatiser le studio, ou s'accorder une pause, le temps
de boire un verre et de s'éponger un peu...
Je vais faire l'effort de regarder un ou deux opus des grosses têtes, après tout...
Je crois "qu'il n'est pas mauvais de rappeler aux jeunes @sinautes", pour reprendre une formule récurrente de Daniel, que Thierry le Luron, qui avait été révélé au public à dix-huit ans, était déjà considéré comme un "has been" au moment de sa mort, alors qu'il n'avait que 36 ans. Quelqu'un qui n'avait plus rien à dire (a-t-il d'ailleurs jamais eu quelque chose à dire, pour avoir dû prendre un parolier tel que Mabille ?), qui se répétait dans ses éternelles imitations d'Alice Sapritch et de Dalida et qui produisait, déjà menacé d'embonpoint, des émissions de télévision démodées et soporifiques.
Il me faisait la même impression que ce pauvre Clocllo qui continuait, année après année, à brailler et à gesticuler en se déguisant en minet.
Je n'ose pas imaginer à quoi ressembleraient des deux-là aujourd'hui ...
Il me faisait la même impression que ce pauvre Clocllo qui continuait, année après année, à brailler et à gesticuler en se déguisant en minet.
Je n'ose pas imaginer à quoi ressembleraient des deux-là aujourd'hui ...
Quand Mabille dit que les humoristes politiques sont plus intéressant parce qu'ils collent à l'actualité j'aimerais quand même émettre une réserve :
L'humour politisé centré sur l'actualité est voué à devenir désuet voir incompréhensible avec le temps.
Sauf exception d'un ou deux traits de génie qui pourrait trouver un écho encore intact dans l'avenir , ce type d'humour vieillit très mal.
Pas sur qu'un spectacle de Guy Bedos de 1977 fonctionne entièrement en 2010.
Quand Desproges parle des "rues qui ne sont plus sure" tout le monde peut comprendre et il n'y pas la barrière de l'époque.
Pour le reste , je considère que ces deux "écoles" sont essentielles. Mais l'une trouve sa raison d'être dans l'immédiat tandis que l'autre résiste au fil des ans.
L'humour politisé centré sur l'actualité est voué à devenir désuet voir incompréhensible avec le temps.
Sauf exception d'un ou deux traits de génie qui pourrait trouver un écho encore intact dans l'avenir , ce type d'humour vieillit très mal.
Pas sur qu'un spectacle de Guy Bedos de 1977 fonctionne entièrement en 2010.
Quand Desproges parle des "rues qui ne sont plus sure" tout le monde peut comprendre et il n'y pas la barrière de l'époque.
Pour le reste , je considère que ces deux "écoles" sont essentielles. Mais l'une trouve sa raison d'être dans l'immédiat tandis que l'autre résiste au fil des ans.
L'humoriste ne vaut pas un pet de lapin.
Mais l'homme est intéressant. Plein de contradictions, pas très causant ni forcément très intelligent dans ses avis (Desproges surtout, est-il impossible de penser que Desproges ait pu changer?), mais pas stupidement chansonnier non plus. Après, comme c'est une émission que j'ai écouté et non regardé, je n'ai pas vu les éventuels regards méprisants de DS. Et je pense que les extraits du spectacle de l'invité, "bien chargés" comme dit si justement Mabille, étaient par rapport à une idée préconçue qu'avait DS sur l'artiste, peut-être que maintenant il en mettrait d'autres.
Reste qu'effectivement son humour ne vole pas bien haut. Mais un homme qui possède tous les numéros de Hara-kiri ne peut pas être tout à fait mauvais...
Mais l'homme est intéressant. Plein de contradictions, pas très causant ni forcément très intelligent dans ses avis (Desproges surtout, est-il impossible de penser que Desproges ait pu changer?), mais pas stupidement chansonnier non plus. Après, comme c'est une émission que j'ai écouté et non regardé, je n'ai pas vu les éventuels regards méprisants de DS. Et je pense que les extraits du spectacle de l'invité, "bien chargés" comme dit si justement Mabille, étaient par rapport à une idée préconçue qu'avait DS sur l'artiste, peut-être que maintenant il en mettrait d'autres.
Reste qu'effectivement son humour ne vole pas bien haut. Mais un homme qui possède tous les numéros de Hara-kiri ne peut pas être tout à fait mauvais...
2 planetes tres eloignees....Peut-etre meme n' appartenant pas au meme systeme solaire , se toisent , se hument , et puis....de plus en plus de mefiance , d'interrogations , presque de mepris(attention a tes regards D.S.).
Mabille ne parle pas , alors il occupe l'horloge en alignant des mots qui passent autour de D.S.
Curieux , ovnique , etranger l'un a l'autre car les deux se croyant a gauche , D.S. en est sur car il dit que c'est un scoop pour beaucoup d'apprendre que mabille l'est.
Mabille se marre avec l'icone bedos......un scoop contre un autre....
Cela a-t-il ebranler D.S. dans ces certitudes..?
Mabille en a-t-il...?(des certitudes...?)
la gauche , la droite , le centre , les extremes et surtout TOUT le reste.
Malaise.
Mabille ne parle pas , alors il occupe l'horloge en alignant des mots qui passent autour de D.S.
Curieux , ovnique , etranger l'un a l'autre car les deux se croyant a gauche , D.S. en est sur car il dit que c'est un scoop pour beaucoup d'apprendre que mabille l'est.
Mabille se marre avec l'icone bedos......un scoop contre un autre....
Cela a-t-il ebranler D.S. dans ces certitudes..?
Mabille en a-t-il...?(des certitudes...?)
la gauche , la droite , le centre , les extremes et surtout TOUT le reste.
Malaise.
Je me demande si la sélection d'ASI des morceaux de sketche de Mabille ( Roseline Bachelot est grosse. Ha ! Ha ! Et Martine Aubry est moche Ha ! Ha ! ) était très honnète...
Ayant écrit ça, je me demande si j'aurai la réponse ici, vu que le nombre de fan de Mabille doit pas être très élevé dans le coin.
Vivement l'émission avec Dieudonné :)
Ayant écrit ça, je me demande si j'aurai la réponse ici, vu que le nombre de fan de Mabille doit pas être très élevé dans le coin.
Vivement l'émission avec Dieudonné :)
Émission inattendue !
Bernard Mabille s'expose sans détours, ce qui est courageux par les temps qui courent : " Vous me le demandez, je vote Mélenchon".
Moi qui le cataloguais à la louche Droite-conservatrice...
(Je me demande qui votera encore PS, ce parti autiste et à la politique ultralibérale)
@Guillaume Petit : ne dites pas gauchisme, Mélenchon, c'est de la Gauche Républicaine, ce que devrait être le PS !!!!
D'ailleurs, L'excellent économiste, que j'aimerais revoir à @si, Jacques Sapir avait appelé à voter pour lui aux dernières élections, ainsi que tous les désespérés par le PS, ce qui me fait penser que cela fera du monde à la prochaine..
Mabille a explosé l'émission: Thierry Le Luron, Desproges à l'Aurore , Guy Bedos (qui on le sait c'est réfugié au monde diplo)...et nous a renvoyé nos préjugés à la figure, bravo.
Bernard Mabille s'expose sans détours, ce qui est courageux par les temps qui courent : " Vous me le demandez, je vote Mélenchon".
Moi qui le cataloguais à la louche Droite-conservatrice...
(Je me demande qui votera encore PS, ce parti autiste et à la politique ultralibérale)
@Guillaume Petit : ne dites pas gauchisme, Mélenchon, c'est de la Gauche Républicaine, ce que devrait être le PS !!!!
D'ailleurs, L'excellent économiste, que j'aimerais revoir à @si, Jacques Sapir avait appelé à voter pour lui aux dernières élections, ainsi que tous les désespérés par le PS, ce qui me fait penser que cela fera du monde à la prochaine..
Mabille a explosé l'émission: Thierry Le Luron, Desproges à l'Aurore , Guy Bedos (qui on le sait c'est réfugié au monde diplo)...et nous a renvoyé nos préjugés à la figure, bravo.
AH NON ! Pas lui ! Qu'est-ce qui vous prend à inviter un chansonnier à calembours lourdingues et poujadistes à l'ancienne qui travaille aux Grosse Têtes ? Au secours !
C'est Bernard Mabille, ou c'est Antoine De Caunes qui a changé son déguisement de Gérard Languedepute ?
http://www.youtube.com/watch?v=YL-tKWyrzuk
http://www.youtube.com/watch?v=YL-tKWyrzuk
« A Surate un Indien voyant ouvrir à la table d’un Anglais une bouteille d’ale et toute cette bière transformée en écume, jaillir de la bouteille, témoignait avec force exclamations de son grand étonnement ; à la question de l’Anglais : "qu’y a-t-il donc là de si étonnant ?" il répondit : "je ne m’étonne pas que cela jaillisse ainsi, mais que vous ayez pu l’y introduire." »
Les philosophes manquent-ils d’humour ? En nous rapportant cette plaisanterie, Kant ne cherche certes pas à nous faire rire. Et s’il ne s’agit pas plus de savoir si je peux élever mon rire d’autrui en maxime universelle, c’est parce que le problème qu’il se pose dans la Critique de la faculté de juger n’est pas celui de la moralité de la société des rieurs, problème qui sera celui de Bergson. La question ici est : l’art de la plaisanterie et l’art musical font-il partie de la catégorie des beaux-arts ? Quelle place donner à l’auteur comique et au musicien, parmi les peintres, les sculpteurs, etc. ? Pour déterminer le statut de l’humoriste dans la communauté des artistes, Kant va passer par une description phénoménologique de l’éclat de rire dont le résultat ne nous étonnera pas : le rire, tout comme la musique d’ailleurs, n’est que le produit d’un art agréable dont la seule finalité repose sur le bien-être corporel. Le plaisir pris à rire n’aurait rien d’un pur plaisir esthétique. Musique et plaisanterie sont donc exclus des beaux-arts. On se souviendra que ce qui s’appelle « plaisir esthétique pur » implique, plutôt qu’une expérience corporelle, un jeu des facultés de l’esprit qui conduit le corps-spectateur à s’incliner devant un bel objet ou, comme il peut arriver dans le sublime, à s’écraser sous le poids infini de ce qui dépasse tout objet possible. Attitudes gestuelles du corps, l’inclination et l’écrasement n’en demeurent pas moins suggérés par l’entendement et la raison. Dans l’expérience du rire, ce plaisir impur, l’entendement ne s’implique dans aucun libre jeu des facultés : c’est au contraire par son relâchement soudain, par sa détente brutale, qu’il va provoquer une oscillation physique, un jeu des organes corporels qui va jusqu’à faire trembler les entrailles. « Ce n’est pas que nous nous jugions plus intelligents que cet ignorant, ou que notre entendement ait trouvé quelque agrément en cette histoire, mais nous étions dans l’attente et celle-ci s’évanouit soudain. »
Il s’agit pour Kant de déterminer les conditions de possibilités du rire du sujet. Pour en revenir à l’exemple de l’Indien, les raisons que nous sommes supposés avoir pour en rire, ne doivent ni suivre d’un jugement réfléchissant (autrement le plaisir serait pur) ni même tenir à un quelconque caractère comique objectif (autrement il n’y aurait plus de plaisir du tout). Lorsque Descartes retient la « surprise de l’admiration » (Les passions de l’âme, article 178) comme ce qui cause l’éclat de rire devant un objet risible, la surprise est comprise sur le mode de la réaction passionnelle devant l’irruption de quelque chose d’inattendu. Si en revanche la plaisanterie fait rire, ce n’est pas selon Kant, en représentant des objets dont on pourrait se moquer à cause de leur effet surprenant. La plaisanterie n’est pas l’art de présenter des objets saugrenus, mais celui de générer une attente à travers un récit et sa chute. Plutôt que dans le surgissement de quelque chose de déterminé (je vois quelque chose que je n’attendais pas), la surprise consiste ici en l’anéantissement d’une attente indéterminée et savamment entretenue (j’attends quelque chose qui ne survient pas.) En d’autres termes, ce n’est pas à proprement parler un étant surprenant qui nous fait rire : l’indien par exemple, ni un quelconque prédicat que notre mépris civilisé lui affuble : sa différence culturelle, sa bêtise, son ignorance. C’est bien un effet de ce que notre entendement se désengage de la situation, lorsqu’il voit qu’il n’y a rien à attendre de l’illusion comique (« il ne découvre pas ce qu’il attend ») : il est mis en demeure de ne rien statuer et n’a rien à juger, bref : la synthèse avec l’intuition temporelle est rompue soudainement. D’où la célèbre formule : « Le rire est une affection résultant de l’anéantissement soudain d’une attente extrême. » Critique de la faculté de juger, p. 238.
Sous un tel point de vue, le comique ne représente qu’une illusion inoffensive pour l’entendement mais revêt en contrecoup un caractère hygiénique pour le corps : il est source de détente, accorde bien-être et renforce la santé. Kant et Descartes s’accordent ensemble pour définir le rire par l’affectivité : c’est un affect de joie ou de plaisir. Cette joie ou ce plaisir ont ceci de particulier que c’est une joie éprouvée devant le mal ou un plaisir pris en l’erreur : si le rire railleur est analysé comme une impression de surprise composée d’une joie médiocre, c’est-à-dire une joie prise à un petit mal, le rire provoqué par la plaisanterie apparaît lui, comme le résultat d’une erreur insignifiante – joie immorale et plaisir errant : « Cela nous fait plaisir, parce que nous nous amusons un temps de notre propre méprise en une chose qui nous est par ailleurs indifférente . » Or, l’indifférence, dira Bergson, est précisément l’élément du rire, mais c’est elle du coup qui nous interdit de le considérer comme une affection :
"Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l’insensibilité qui accompagne d’ordinaire le rire. Il semble que le comique ne puisse produire son ébranlement qu’à la condition de tomber sur une surface d’âme bien calme, bien unie. L’indifférence est son milieu naturel. Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion. Je ne veux pas dire que nous ne puissions rire d’une personne qui nous inspire de la pitié, par exemple, ou même de l’affection : seulement alors, pour quelques instants, il faudra oublier cette affection, faire taire cette pitié."
Car une âme sensible, en tant que telle, ne rit pas ; elle est plutôt inclinée à compatir et à pleurer pour les autres plutôt qu’à rire d’eux :
"Dans une société de pures intelligences on ne pleurerait probablement plus, mais on rirait peut-être encore ; tandis que des âmes invariablement sensibles, accordées à l’unisson de la vie, où tout événement se prolongerait en résonance sentimentale, ne connaîtraient ni ne comprendraient le rire."
Toutefois il faut souligner qu’un mal, une difformité, une douleur, une chute ne deviennent risibles aux yeux de nos philosophes qu’à la condition qu’ils ne soient pas trop importants et qu’ils entraînent des conséquences relativement négligeables sur la victime comique d’une part et pour le rieur de l’autre. Rire et rire d’autrui, cela doit rester quelque chose de léger : c’est le fait d’avoir cru que la perruque du marchand pouvait devenir grise sous l’effet du chagrin qui a fait rire Kant ; c’est une difformité légère et non une grave maladie qui a fait rire Descartes. Mais le rire sadique ne connaît pas de limites . Qu’est-ce qui empêche notre capacité à rire de repousser indéfiniment les limites de notre sympathie jusqu’à mettre entre parenthèses l’ensemble de notre vie affective ? « Le comique exige donc enfin, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur . » Il faut remarquer que cette insensibilité accompagne le rire, plutôt qu’elle ne le cause. Cette mise entre parenthèses du sentir symptomatique du rire, justifie son exclusion du domaine purement esthétique : « le rire ne relève donc pas de l’esthétique pure ». L’impureté esthétique du rire n’est pas comprise comme résultant de la participation du corps, mais à partir de la thèse originale du rire comme le produit d’une anesthésie codifiée socialement : le rire sert de châtiment que la société exerce sur un individu, châtiment social qui ne s’empêche pas d’emprunter des voies peu morales. On y découvre un fond d’amertume dont le rire est l’effet de surface, renfermant tous les degrés possibles de la malice et de la méchanceté . En se demandant pourquoi le nègre nous fait rire, Bergson cite l’anecdote d’un cocher qui y voit un visage mal lavé : un noir ressemblerait à un blanc déguisé, sali . En tant que tel, le rire appartient à la tendance « clôturante » de la société, qui veut neutraliser les différences. Puissance antipathique et anesthésique, le rire est l’effet d’une inquiétude sociale devant quelque chose qui reste inoffensif : il y préside un sentiment d’agression virtuelle mais non matérielle qui fait que la réponse de la société se veut ajustée au dommage subi : « Elle est en présence de quelque chose qui l’inquiète, mais à titre de symptôme seulement, - à peine une menace, tout au plus un geste. C’est donc par un simple geste qu’elle y répondra . » Le symptôme est traité aussitôt dans une perspective de normalisation et même pourrait-on dire, de naturalisation. Car dans le comique, la nature se fait art : la noirceur d’un visage paraît « plaquée artificiellement » sur lui. C’est ce qui fait que le rire « a quelque chose d’esthétique cependant » et qui explique comment le comique va pouvoir se glisser dans l’écart de la vie et de l’art pour produire sa « force d’expansion. » Outre de servir au but pratique de la société d’adapter un individu singulier (et de l’adapter aux exigences générales de l’adaptation : la souplesse) la naissance du comique correspond « au moment précis » où la société et la personne « commencent à se traiter comme des œuvres d’art. » Riant d’elle-même, la vie se met en scène et jouit de sa propre représentation. Faire rire pour corriger les défauts, tout l’art de Molière consiste en une articulation de cette double perspective morale et esthétique, c’est-à-dire qu’il se place dans l’écart de la vie et de l’art.
S’il est vrai que la musique adoucit les mœurs, c’est en poussant à l’extrême la sensibilisation de l’auditeur ; et si le comique châtie les mœurs, c’est en l’anesthésiant. « Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » L’analogie kantienne entre comique et musique n’est plus valable chez Bergson, lequel ne les sépare pas tous deux d’une forme d’éthique, c’est-à-dire d’une pratique de vie. Seulement, on peut dire que la musique viserait plutôt une morale ouverte et spirituelle alors que le comique correspondrait aux aspirations matérialistes d’une société close.
Le rapport entre morale ouverte et esthétique apparaît justement dans ces descriptions de l’émotion musicale où pleurer s’interprète comme l’expérience d’un devoir singulier, celui de ressentir l’émotion suggérée par une musique : « C’est ce qui arrive dans l’émotion musicale, par exemple. Il nous semble, pendant que nous écoutons, que nous ne pourrions pas vouloir autre chose que ce que la musique nous suggère . » Mais si elle impose quelque chose, elle « n’imposera que du consenti ». La musique me crée une obligation de pleurer avec elle, parce que « quand la musique pleure, c’est l’humanité, c’est la nature entière qui pleure avec elle . »
Aussi, Bergson aurait écrit son « esthétique » dans son livre sur la morale et la religion. La question de savoir pourquoi ce ne serait pas au Rire de tenir lieu de l’esthétique bergsonienne, trouve sa réponse dans le fait que « le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » Le rire n’est pas un affect, c’est la pure expression de l’absence de toute émotion puisqu’il a lieu à l’occasion d’une anesthésie du cœur, qui explique que seul un être intelligent peut rire : « dans une société d’intelligences pures on ne pleurerait probablement plus, on continuerait à rire . » Or, que serait une telle société, sinon close – comme le montre l'anecdote colonialiste rapportée par Kant qui souligne l’appartenance de la fantaisie comique « à l’originalité de l’esprit. Il va même jusqu’à apprécier la figure de l’humoriste, comme en une analogie avec sa propre position criticiste, avec la digue qu’il oppose au dogmatisme, à l’empirisme et à l'enthousiamse du génie (la Schwärmerei : l'essaim d'abeilles autour de la tête du génie). L’œuvre de l’humoriste, nous est-il indiqué en passant, demande certaines qualités qui font gravement défaut aux œuvres casse-tête (kopfbrechend), casse-cou (halsbrechend) et crève-cœur (herzbrechend), contredisant ainsi la tortuosité mystique, l’audace géniale et l’affliction sentimentale des « romanciers moralistes ». Et si ces œuvres ne sont pas comiques en droit, elles peuvent très facilement le devenir en fait, à l’insu de leurs auteurs qui restent ainsi guettés par le ridicule – un ridicule dont le comique se préserve d’emblée. Mais il faut remarquer aussi que l’inverse peut être vrai : on ne rit pas toujours devant quelque chose qui serait comique en droit. Un clown qui cherche à faire rire en déployant de grands moyens sans même provoquer un sourcillement.
C’est précisément dans cet écart entre le comique de fait et le comique de droit que se pose pour Bergson le problème de la méthode à employer pour questionner le rire : « Une des raisons qui ont dû susciter bien des théories erronées ou insuffisantes du rire, c’est que beaucoup de choses sont comiques en droit sans l’être en fait . » L’attention au fait comique signale au contraire son irréductibilité à toute formule générale qui voudrait rendre raison du rire : « On expliquera le rire par la surprise, par le contraste, etc., définitions qui s’appliqueraient aussi bien à une foule de cas où nous n’avons aucune envie de rire . » Il ne suffit donc pas d’établir les conditions de possibilités de l’événement du rire car toutes les conditions peuvent être réunies pour que le rire advienne et pourtant il ne viendra pas. A l’inverse toutes les conditions peuvent être absentes et c’est alors qu’il peut exploser le plus fort. Si aucune condition ne peut a priori déclencher ou arrêter le rire, c’est parce qu’à l’occasion, soit on rit, soit on ne rit pas. Il n’y a jamais plus de raisons pour rire que pour ne pas rire, parce qu’il y a seulement des occasions pour cela. Dans l’occasion, les conditions ne se présentent jamais comme étant plus larges que le conditionné. En elles, sont réunies les conditions de possibilité d’une expérience réelle dans son imprévisibilité matérielle et non pas celles de toute expérience possible dans sa généralité formelle. La question que le fait comique nous suggère de poser n’est donc pas : quelles sont les conditions du rire du rieur ? Mais : à quelle occasion le rire éclate-t-il ? L’occasion c’est ce qui vient ou ne vient pas, et qui, lorsqu’elle vient, demande à être saisie sur le champ : c’est non sans raison qu’elle est mythologiquement représentée comme cette divinité chauve qu’il faut attraper par les cheveux lorsqu’elle passe.
A la faveur d’un lieu et d’un temps pour quelque chose, l’occasion de rire survient consécutivement à l’accident dont la forme la plus prosaïque est figurée par la chute. Occasionem vient de occasum, occidere, composé de ob et de cadere qui donne choir, ce qui échoit… Le cas échéant : ce qui est advenu ou aura advenu. Oc est le préfixe qui vient par assimilation de ob : l’en-face. Il indique aussi le renversement. Littéralement, le grec parlerait ici de katastrophé. Occasion et occident sont étymologiquement identiques : Moins que le pays du couchant tranquille, Occidere dit le lieu de la catastrophe la plus grande, la plus désastreuse qui soit : la chute d’un astre. Mais l’occident en est venu aussi à jouer le rôle de « l’ »Histoire comme succession d’événements et de bouleversements. C’est à l’occasion que se décide la conjoncture des temps et lieux pour chaque chose. Mais dans cette « vallée de larmes » où pour Hegel l’esprit tombe pour endurer les douleurs et les pleurs de son propre enfantement, où trouver l’occasion pour rire ? La tragédie semble si ininterrompue que cette occasion semble à chaque fois contredite par les conditions réelles.
Dans le roman très nietzschéen de Kazantzakis, Zorba le Grec, un téléphérique est réalisé pour acheminer jusqu’au port les troncs de pins de la forêt. Mais l’inauguration de ce dispositif technique se conclut par une catastrophe générale : tous les piliers tombent à la chaîne. Rien ne prédispose alors le héros et le narrateur à éclater de rire et à danser gaiement sur la plage crétoise. On sait combien l’échec de la technique humaine, son impuissance face à la nécessité, a nourri l’esprit de la tragédie antique. Cette fois-ci c’est bien le comique qui trouve de façon inexplicable et totalement imprévisible, l’occasion d’exploser. Bergson pourrait dire ici que le rire et la danse ont fini par sanctionner la rigidité de la mécanique et voir dans ces réactions vivantes et affirmatives une réponse intelligente à la catastrophe survenue : comme si, résolue à son inadaptation foncière à toute machine, c’est-à-dire aux moyens techniques pour rationaliser le monde, l’intelligence possédait avec le rire une conscience et un aveu de ses propres limites. Bien que le comique « s’adresse à l’intelligence pure » il n’en constitue dès lors pas moins le signe d’une réaction vivante contre les excès de l’intelligence. Si ce que le rire met en cause dans son éclatement, ce n’est ni la laideur ni l’erreur, mais la raideur , si ce qui est drôle, c’est l’absence de grâce qui menace la vie dans ses mouvement, c’est bien que celle-ci se venge de sa propre (auto)réduction en mécanisme – et pour cela, elle monte tout un mécanisme. Le rire apparaît dès lors comme une réaction mécanique contre le mécanisme.
La considération du comique à travers le double point de vue de sa fabrication et de ce qu’on pourrait appeler son « évolution créatrice », renvoyant à la méthode même du bergsonisme. Il n’y a aucune contradiction à dire que le rire n’a lieu que pour un étant intelligent, et qu’il constitue en même temps une réaction de la vie à l’égard des raideurs qui viennent des excès de cette même intelligence. La méthode même de détermination du comique tient compte de ce paradoxe structurel : Il faut à la fois traiter la fantaisie comique comme un être vivant qui se métamorphose, croît, s’épanouit , et mettre au jour les procédés techniques de sa fabrication. En effet, on peut lire dans la préface : « Mais notre méthode, qui consiste à déterminer les procédés de fabrication du comique, tranche sur celle qui est généralement suivie, et qui vise à enfermer les effets comiques dans une formule très large et très simple. »
Qu’est-ce qui pourrait donner au philosophe l’occasion pour rire ? Et pour rire, ne doit-il pas d’abord commencer par rire de soi ? C’est la leçon qu’on peut tirer d’un joke philosophique rapportée par Platon à propos de Thalès qui échoue au fond du puits, provoquant le rire d’une servante de passage. Après avoir rappelé à ses étudiants cette fameuse anecdote, Heidegger poursuit :
"La philosophie est cette pensée avec laquelle on ne peut essentiellement rien entreprendre et à propos de laquelle les servantes ne peuvent s’empêcher de rire.
Cette définition de la philosophie n’est pas une simple plaisanterie : elle est à méditer. Nous ferons bien de nous souvenir à l’occasion qu’au cours de notre cheminement il peut nous arriver de tomber dans un puits sans pouvoir de longtemps en atteindre le fond."
La question qui s’enquiert de l’étant : « qu’est-ce qu’une chose ? » fait rire le sens commun. Tout d’abord, il faut reconnaître que celui-ci n’a pas tout à fait tort de rire et prendre son rire avec humour. Si le philosophe est celui qui fait rire le non-philosophe, il peut aussi rire au souvenir de la servante espiègle : « Et ne faut-il pas qu’une brave servante ait l’occasion de rire ? » Ensuite, celui qui tombe dans le puits n’est pas sûr de trouver un fond, même si Thalès pourra toujours y trouver de l’eau, autrement dit, un étant fondamental. Pour Heidegger, si on ne touche pas le fond, c’est parce que la raison fondatrice est elle-même sans fondement. On reconnaît ici ce que vise Heidegger : les visées fondationnelles, « fondamentalistes », de la métaphysique. « Que ce nom nous indique seulement cette démarche où l’on court grand risque de tomber dans le puits . » Le sans-fond dans lequel tombe le philosophe, provoquant les rires du bon sens commun, se rapporte au jeu abyssal de l’être. L’émotion fondamentale du philosopher y est accordée, tandis que le rire de l'autre de la philosophie, du non-philosophe, marque une insensibilité essentielle à l’égard des questionnements que ce jeu suscite. Le sens commun est insensible à l'abîme du ''il y a'', car il ne connaît que l’utile et ignore la dépense généreuse et gratuite.
"Il faut d’abord qu’une personne ait une connaissance de l’urgence de l’inutile, avant de pouvoir parler avec elle de l’utile. Certes, la terre est grande et vaste ; et pourtant, pour que l’être humain tienne debout, il ne lui faut pas plus de place que ce qui est nécessaire pour pouvoir poser son pied. Mais si juste à côté du pied s’ouvrait une crevasse plongeant jusqu’au monde souterrain des enfers, la place qu’il occupe pour tenir debout lui serait-elle encore d’une quelconque utilité ?"
Cette parabole peut constituer une réponse du philosophe au sens commun : je tombe dans un puits, toi dans une crevasse et tu ne cesses d’y chuter sans même être en mesure de le remarquer. Le penseur aurait une connaissance de cet abîme profond en y étant tonalement accordé. Quelle est cette tonalité affective qui rend possible d’acquérir une stature, de se lever et de se tenir debout malgré la dérobade du sol ? Et en termes bergsoniens : selon quelle émotion reconduire la marche en avant ? Au milieu de la dévastation du monde ces questions se fait pressantes. Sans doute en accueillent-elles déjà la fin.
"Le ton fondamental de la pensée propre à l’autre commencement trouve son rythme dans des tonalités qui ne se laissent qu’approximativement nommer avec les noms d’effroi, de retenue et de pudeur."
Ces tonalités que retient Heidegger suggèrent une attitude de retardement, d’attente. Eclater de rire, voilà qui semble impossible dans cette attitude « essentiellement autre que toute manière de s’attendre à, qui est au fond incapacité d’attendre » : car ce n’est pas quelque chose qui est attendu. « En tant que nous sommes ceux qui attendent, nous sommes le là ouvert qui laisse venir le venir en s’engageant en lui . » S’il devait alors y avoir rire, ce ne serait plus là à cause de l’anéantissement d’une attente, à l’occasion d’une chute qui briserait l’attente de quelque chose, mais dans l’attente du néantir, de ce néant dont le Da-sein est dit être le lieu-tenant. Car rien ne peut venir rompre cette attente extrême, pas même la dévastation du monde qui est justement attendue : l’attente de ce qui sauve est attente du péril extrême.
Peut-être qu’alors dans l’attente d’un nouveau commencement, pourrait-on apprendre à rire d’un rire formé à l’école de l’enfance de l’être ? Un rire dont l’atmosphère ne serait pas l’indifférence, mais la joie et la sérénité.
Il est difficile de savoir si cette sérénité ou cette joie sont supportables ou si même elle sont possibles pour nous autres hommes qui se disent d’aujourd’hui. Mais si jamais un rire serein venait à éclater, ce serait non sans évoquer ceux qu’Epicure a qualifiés de bienheureux et dont le rire est dit « inextinguible » par Homère. Car c’est en définitive cela, le divin, dont le retrait appelle, aussi bien pour Bergson que pour Heidegger, la décision à venir pour l’ouverture ou la clôture du monde, sur la base d’un renouveau spirituel de l’humanité.
Les philosophes manquent-ils d’humour ? En nous rapportant cette plaisanterie, Kant ne cherche certes pas à nous faire rire. Et s’il ne s’agit pas plus de savoir si je peux élever mon rire d’autrui en maxime universelle, c’est parce que le problème qu’il se pose dans la Critique de la faculté de juger n’est pas celui de la moralité de la société des rieurs, problème qui sera celui de Bergson. La question ici est : l’art de la plaisanterie et l’art musical font-il partie de la catégorie des beaux-arts ? Quelle place donner à l’auteur comique et au musicien, parmi les peintres, les sculpteurs, etc. ? Pour déterminer le statut de l’humoriste dans la communauté des artistes, Kant va passer par une description phénoménologique de l’éclat de rire dont le résultat ne nous étonnera pas : le rire, tout comme la musique d’ailleurs, n’est que le produit d’un art agréable dont la seule finalité repose sur le bien-être corporel. Le plaisir pris à rire n’aurait rien d’un pur plaisir esthétique. Musique et plaisanterie sont donc exclus des beaux-arts. On se souviendra que ce qui s’appelle « plaisir esthétique pur » implique, plutôt qu’une expérience corporelle, un jeu des facultés de l’esprit qui conduit le corps-spectateur à s’incliner devant un bel objet ou, comme il peut arriver dans le sublime, à s’écraser sous le poids infini de ce qui dépasse tout objet possible. Attitudes gestuelles du corps, l’inclination et l’écrasement n’en demeurent pas moins suggérés par l’entendement et la raison. Dans l’expérience du rire, ce plaisir impur, l’entendement ne s’implique dans aucun libre jeu des facultés : c’est au contraire par son relâchement soudain, par sa détente brutale, qu’il va provoquer une oscillation physique, un jeu des organes corporels qui va jusqu’à faire trembler les entrailles. « Ce n’est pas que nous nous jugions plus intelligents que cet ignorant, ou que notre entendement ait trouvé quelque agrément en cette histoire, mais nous étions dans l’attente et celle-ci s’évanouit soudain. »
Il s’agit pour Kant de déterminer les conditions de possibilités du rire du sujet. Pour en revenir à l’exemple de l’Indien, les raisons que nous sommes supposés avoir pour en rire, ne doivent ni suivre d’un jugement réfléchissant (autrement le plaisir serait pur) ni même tenir à un quelconque caractère comique objectif (autrement il n’y aurait plus de plaisir du tout). Lorsque Descartes retient la « surprise de l’admiration » (Les passions de l’âme, article 178) comme ce qui cause l’éclat de rire devant un objet risible, la surprise est comprise sur le mode de la réaction passionnelle devant l’irruption de quelque chose d’inattendu. Si en revanche la plaisanterie fait rire, ce n’est pas selon Kant, en représentant des objets dont on pourrait se moquer à cause de leur effet surprenant. La plaisanterie n’est pas l’art de présenter des objets saugrenus, mais celui de générer une attente à travers un récit et sa chute. Plutôt que dans le surgissement de quelque chose de déterminé (je vois quelque chose que je n’attendais pas), la surprise consiste ici en l’anéantissement d’une attente indéterminée et savamment entretenue (j’attends quelque chose qui ne survient pas.) En d’autres termes, ce n’est pas à proprement parler un étant surprenant qui nous fait rire : l’indien par exemple, ni un quelconque prédicat que notre mépris civilisé lui affuble : sa différence culturelle, sa bêtise, son ignorance. C’est bien un effet de ce que notre entendement se désengage de la situation, lorsqu’il voit qu’il n’y a rien à attendre de l’illusion comique (« il ne découvre pas ce qu’il attend ») : il est mis en demeure de ne rien statuer et n’a rien à juger, bref : la synthèse avec l’intuition temporelle est rompue soudainement. D’où la célèbre formule : « Le rire est une affection résultant de l’anéantissement soudain d’une attente extrême. » Critique de la faculté de juger, p. 238.
Sous un tel point de vue, le comique ne représente qu’une illusion inoffensive pour l’entendement mais revêt en contrecoup un caractère hygiénique pour le corps : il est source de détente, accorde bien-être et renforce la santé. Kant et Descartes s’accordent ensemble pour définir le rire par l’affectivité : c’est un affect de joie ou de plaisir. Cette joie ou ce plaisir ont ceci de particulier que c’est une joie éprouvée devant le mal ou un plaisir pris en l’erreur : si le rire railleur est analysé comme une impression de surprise composée d’une joie médiocre, c’est-à-dire une joie prise à un petit mal, le rire provoqué par la plaisanterie apparaît lui, comme le résultat d’une erreur insignifiante – joie immorale et plaisir errant : « Cela nous fait plaisir, parce que nous nous amusons un temps de notre propre méprise en une chose qui nous est par ailleurs indifférente . » Or, l’indifférence, dira Bergson, est précisément l’élément du rire, mais c’est elle du coup qui nous interdit de le considérer comme une affection :
"Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l’insensibilité qui accompagne d’ordinaire le rire. Il semble que le comique ne puisse produire son ébranlement qu’à la condition de tomber sur une surface d’âme bien calme, bien unie. L’indifférence est son milieu naturel. Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion. Je ne veux pas dire que nous ne puissions rire d’une personne qui nous inspire de la pitié, par exemple, ou même de l’affection : seulement alors, pour quelques instants, il faudra oublier cette affection, faire taire cette pitié."
Car une âme sensible, en tant que telle, ne rit pas ; elle est plutôt inclinée à compatir et à pleurer pour les autres plutôt qu’à rire d’eux :
"Dans une société de pures intelligences on ne pleurerait probablement plus, mais on rirait peut-être encore ; tandis que des âmes invariablement sensibles, accordées à l’unisson de la vie, où tout événement se prolongerait en résonance sentimentale, ne connaîtraient ni ne comprendraient le rire."
Toutefois il faut souligner qu’un mal, une difformité, une douleur, une chute ne deviennent risibles aux yeux de nos philosophes qu’à la condition qu’ils ne soient pas trop importants et qu’ils entraînent des conséquences relativement négligeables sur la victime comique d’une part et pour le rieur de l’autre. Rire et rire d’autrui, cela doit rester quelque chose de léger : c’est le fait d’avoir cru que la perruque du marchand pouvait devenir grise sous l’effet du chagrin qui a fait rire Kant ; c’est une difformité légère et non une grave maladie qui a fait rire Descartes. Mais le rire sadique ne connaît pas de limites . Qu’est-ce qui empêche notre capacité à rire de repousser indéfiniment les limites de notre sympathie jusqu’à mettre entre parenthèses l’ensemble de notre vie affective ? « Le comique exige donc enfin, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur . » Il faut remarquer que cette insensibilité accompagne le rire, plutôt qu’elle ne le cause. Cette mise entre parenthèses du sentir symptomatique du rire, justifie son exclusion du domaine purement esthétique : « le rire ne relève donc pas de l’esthétique pure ». L’impureté esthétique du rire n’est pas comprise comme résultant de la participation du corps, mais à partir de la thèse originale du rire comme le produit d’une anesthésie codifiée socialement : le rire sert de châtiment que la société exerce sur un individu, châtiment social qui ne s’empêche pas d’emprunter des voies peu morales. On y découvre un fond d’amertume dont le rire est l’effet de surface, renfermant tous les degrés possibles de la malice et de la méchanceté . En se demandant pourquoi le nègre nous fait rire, Bergson cite l’anecdote d’un cocher qui y voit un visage mal lavé : un noir ressemblerait à un blanc déguisé, sali . En tant que tel, le rire appartient à la tendance « clôturante » de la société, qui veut neutraliser les différences. Puissance antipathique et anesthésique, le rire est l’effet d’une inquiétude sociale devant quelque chose qui reste inoffensif : il y préside un sentiment d’agression virtuelle mais non matérielle qui fait que la réponse de la société se veut ajustée au dommage subi : « Elle est en présence de quelque chose qui l’inquiète, mais à titre de symptôme seulement, - à peine une menace, tout au plus un geste. C’est donc par un simple geste qu’elle y répondra . » Le symptôme est traité aussitôt dans une perspective de normalisation et même pourrait-on dire, de naturalisation. Car dans le comique, la nature se fait art : la noirceur d’un visage paraît « plaquée artificiellement » sur lui. C’est ce qui fait que le rire « a quelque chose d’esthétique cependant » et qui explique comment le comique va pouvoir se glisser dans l’écart de la vie et de l’art pour produire sa « force d’expansion. » Outre de servir au but pratique de la société d’adapter un individu singulier (et de l’adapter aux exigences générales de l’adaptation : la souplesse) la naissance du comique correspond « au moment précis » où la société et la personne « commencent à se traiter comme des œuvres d’art. » Riant d’elle-même, la vie se met en scène et jouit de sa propre représentation. Faire rire pour corriger les défauts, tout l’art de Molière consiste en une articulation de cette double perspective morale et esthétique, c’est-à-dire qu’il se place dans l’écart de la vie et de l’art.
S’il est vrai que la musique adoucit les mœurs, c’est en poussant à l’extrême la sensibilisation de l’auditeur ; et si le comique châtie les mœurs, c’est en l’anesthésiant. « Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » L’analogie kantienne entre comique et musique n’est plus valable chez Bergson, lequel ne les sépare pas tous deux d’une forme d’éthique, c’est-à-dire d’une pratique de vie. Seulement, on peut dire que la musique viserait plutôt une morale ouverte et spirituelle alors que le comique correspondrait aux aspirations matérialistes d’une société close.
Le rapport entre morale ouverte et esthétique apparaît justement dans ces descriptions de l’émotion musicale où pleurer s’interprète comme l’expérience d’un devoir singulier, celui de ressentir l’émotion suggérée par une musique : « C’est ce qui arrive dans l’émotion musicale, par exemple. Il nous semble, pendant que nous écoutons, que nous ne pourrions pas vouloir autre chose que ce que la musique nous suggère . » Mais si elle impose quelque chose, elle « n’imposera que du consenti ». La musique me crée une obligation de pleurer avec elle, parce que « quand la musique pleure, c’est l’humanité, c’est la nature entière qui pleure avec elle . »
Aussi, Bergson aurait écrit son « esthétique » dans son livre sur la morale et la religion. La question de savoir pourquoi ce ne serait pas au Rire de tenir lieu de l’esthétique bergsonienne, trouve sa réponse dans le fait que « le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » Le rire n’est pas un affect, c’est la pure expression de l’absence de toute émotion puisqu’il a lieu à l’occasion d’une anesthésie du cœur, qui explique que seul un être intelligent peut rire : « dans une société d’intelligences pures on ne pleurerait probablement plus, on continuerait à rire . » Or, que serait une telle société, sinon close – comme le montre l'anecdote colonialiste rapportée par Kant qui souligne l’appartenance de la fantaisie comique « à l’originalité de l’esprit. Il va même jusqu’à apprécier la figure de l’humoriste, comme en une analogie avec sa propre position criticiste, avec la digue qu’il oppose au dogmatisme, à l’empirisme et à l'enthousiamse du génie (la Schwärmerei : l'essaim d'abeilles autour de la tête du génie). L’œuvre de l’humoriste, nous est-il indiqué en passant, demande certaines qualités qui font gravement défaut aux œuvres casse-tête (kopfbrechend), casse-cou (halsbrechend) et crève-cœur (herzbrechend), contredisant ainsi la tortuosité mystique, l’audace géniale et l’affliction sentimentale des « romanciers moralistes ». Et si ces œuvres ne sont pas comiques en droit, elles peuvent très facilement le devenir en fait, à l’insu de leurs auteurs qui restent ainsi guettés par le ridicule – un ridicule dont le comique se préserve d’emblée. Mais il faut remarquer aussi que l’inverse peut être vrai : on ne rit pas toujours devant quelque chose qui serait comique en droit. Un clown qui cherche à faire rire en déployant de grands moyens sans même provoquer un sourcillement.
C’est précisément dans cet écart entre le comique de fait et le comique de droit que se pose pour Bergson le problème de la méthode à employer pour questionner le rire : « Une des raisons qui ont dû susciter bien des théories erronées ou insuffisantes du rire, c’est que beaucoup de choses sont comiques en droit sans l’être en fait . » L’attention au fait comique signale au contraire son irréductibilité à toute formule générale qui voudrait rendre raison du rire : « On expliquera le rire par la surprise, par le contraste, etc., définitions qui s’appliqueraient aussi bien à une foule de cas où nous n’avons aucune envie de rire . » Il ne suffit donc pas d’établir les conditions de possibilités de l’événement du rire car toutes les conditions peuvent être réunies pour que le rire advienne et pourtant il ne viendra pas. A l’inverse toutes les conditions peuvent être absentes et c’est alors qu’il peut exploser le plus fort. Si aucune condition ne peut a priori déclencher ou arrêter le rire, c’est parce qu’à l’occasion, soit on rit, soit on ne rit pas. Il n’y a jamais plus de raisons pour rire que pour ne pas rire, parce qu’il y a seulement des occasions pour cela. Dans l’occasion, les conditions ne se présentent jamais comme étant plus larges que le conditionné. En elles, sont réunies les conditions de possibilité d’une expérience réelle dans son imprévisibilité matérielle et non pas celles de toute expérience possible dans sa généralité formelle. La question que le fait comique nous suggère de poser n’est donc pas : quelles sont les conditions du rire du rieur ? Mais : à quelle occasion le rire éclate-t-il ? L’occasion c’est ce qui vient ou ne vient pas, et qui, lorsqu’elle vient, demande à être saisie sur le champ : c’est non sans raison qu’elle est mythologiquement représentée comme cette divinité chauve qu’il faut attraper par les cheveux lorsqu’elle passe.
A la faveur d’un lieu et d’un temps pour quelque chose, l’occasion de rire survient consécutivement à l’accident dont la forme la plus prosaïque est figurée par la chute. Occasionem vient de occasum, occidere, composé de ob et de cadere qui donne choir, ce qui échoit… Le cas échéant : ce qui est advenu ou aura advenu. Oc est le préfixe qui vient par assimilation de ob : l’en-face. Il indique aussi le renversement. Littéralement, le grec parlerait ici de katastrophé. Occasion et occident sont étymologiquement identiques : Moins que le pays du couchant tranquille, Occidere dit le lieu de la catastrophe la plus grande, la plus désastreuse qui soit : la chute d’un astre. Mais l’occident en est venu aussi à jouer le rôle de « l’ »Histoire comme succession d’événements et de bouleversements. C’est à l’occasion que se décide la conjoncture des temps et lieux pour chaque chose. Mais dans cette « vallée de larmes » où pour Hegel l’esprit tombe pour endurer les douleurs et les pleurs de son propre enfantement, où trouver l’occasion pour rire ? La tragédie semble si ininterrompue que cette occasion semble à chaque fois contredite par les conditions réelles.
Dans le roman très nietzschéen de Kazantzakis, Zorba le Grec, un téléphérique est réalisé pour acheminer jusqu’au port les troncs de pins de la forêt. Mais l’inauguration de ce dispositif technique se conclut par une catastrophe générale : tous les piliers tombent à la chaîne. Rien ne prédispose alors le héros et le narrateur à éclater de rire et à danser gaiement sur la plage crétoise. On sait combien l’échec de la technique humaine, son impuissance face à la nécessité, a nourri l’esprit de la tragédie antique. Cette fois-ci c’est bien le comique qui trouve de façon inexplicable et totalement imprévisible, l’occasion d’exploser. Bergson pourrait dire ici que le rire et la danse ont fini par sanctionner la rigidité de la mécanique et voir dans ces réactions vivantes et affirmatives une réponse intelligente à la catastrophe survenue : comme si, résolue à son inadaptation foncière à toute machine, c’est-à-dire aux moyens techniques pour rationaliser le monde, l’intelligence possédait avec le rire une conscience et un aveu de ses propres limites. Bien que le comique « s’adresse à l’intelligence pure » il n’en constitue dès lors pas moins le signe d’une réaction vivante contre les excès de l’intelligence. Si ce que le rire met en cause dans son éclatement, ce n’est ni la laideur ni l’erreur, mais la raideur , si ce qui est drôle, c’est l’absence de grâce qui menace la vie dans ses mouvement, c’est bien que celle-ci se venge de sa propre (auto)réduction en mécanisme – et pour cela, elle monte tout un mécanisme. Le rire apparaît dès lors comme une réaction mécanique contre le mécanisme.
La considération du comique à travers le double point de vue de sa fabrication et de ce qu’on pourrait appeler son « évolution créatrice », renvoyant à la méthode même du bergsonisme. Il n’y a aucune contradiction à dire que le rire n’a lieu que pour un étant intelligent, et qu’il constitue en même temps une réaction de la vie à l’égard des raideurs qui viennent des excès de cette même intelligence. La méthode même de détermination du comique tient compte de ce paradoxe structurel : Il faut à la fois traiter la fantaisie comique comme un être vivant qui se métamorphose, croît, s’épanouit , et mettre au jour les procédés techniques de sa fabrication. En effet, on peut lire dans la préface : « Mais notre méthode, qui consiste à déterminer les procédés de fabrication du comique, tranche sur celle qui est généralement suivie, et qui vise à enfermer les effets comiques dans une formule très large et très simple. »
Qu’est-ce qui pourrait donner au philosophe l’occasion pour rire ? Et pour rire, ne doit-il pas d’abord commencer par rire de soi ? C’est la leçon qu’on peut tirer d’un joke philosophique rapportée par Platon à propos de Thalès qui échoue au fond du puits, provoquant le rire d’une servante de passage. Après avoir rappelé à ses étudiants cette fameuse anecdote, Heidegger poursuit :
"La philosophie est cette pensée avec laquelle on ne peut essentiellement rien entreprendre et à propos de laquelle les servantes ne peuvent s’empêcher de rire.
Cette définition de la philosophie n’est pas une simple plaisanterie : elle est à méditer. Nous ferons bien de nous souvenir à l’occasion qu’au cours de notre cheminement il peut nous arriver de tomber dans un puits sans pouvoir de longtemps en atteindre le fond."
La question qui s’enquiert de l’étant : « qu’est-ce qu’une chose ? » fait rire le sens commun. Tout d’abord, il faut reconnaître que celui-ci n’a pas tout à fait tort de rire et prendre son rire avec humour. Si le philosophe est celui qui fait rire le non-philosophe, il peut aussi rire au souvenir de la servante espiègle : « Et ne faut-il pas qu’une brave servante ait l’occasion de rire ? » Ensuite, celui qui tombe dans le puits n’est pas sûr de trouver un fond, même si Thalès pourra toujours y trouver de l’eau, autrement dit, un étant fondamental. Pour Heidegger, si on ne touche pas le fond, c’est parce que la raison fondatrice est elle-même sans fondement. On reconnaît ici ce que vise Heidegger : les visées fondationnelles, « fondamentalistes », de la métaphysique. « Que ce nom nous indique seulement cette démarche où l’on court grand risque de tomber dans le puits . » Le sans-fond dans lequel tombe le philosophe, provoquant les rires du bon sens commun, se rapporte au jeu abyssal de l’être. L’émotion fondamentale du philosopher y est accordée, tandis que le rire de l'autre de la philosophie, du non-philosophe, marque une insensibilité essentielle à l’égard des questionnements que ce jeu suscite. Le sens commun est insensible à l'abîme du ''il y a'', car il ne connaît que l’utile et ignore la dépense généreuse et gratuite.
"Il faut d’abord qu’une personne ait une connaissance de l’urgence de l’inutile, avant de pouvoir parler avec elle de l’utile. Certes, la terre est grande et vaste ; et pourtant, pour que l’être humain tienne debout, il ne lui faut pas plus de place que ce qui est nécessaire pour pouvoir poser son pied. Mais si juste à côté du pied s’ouvrait une crevasse plongeant jusqu’au monde souterrain des enfers, la place qu’il occupe pour tenir debout lui serait-elle encore d’une quelconque utilité ?"
Cette parabole peut constituer une réponse du philosophe au sens commun : je tombe dans un puits, toi dans une crevasse et tu ne cesses d’y chuter sans même être en mesure de le remarquer. Le penseur aurait une connaissance de cet abîme profond en y étant tonalement accordé. Quelle est cette tonalité affective qui rend possible d’acquérir une stature, de se lever et de se tenir debout malgré la dérobade du sol ? Et en termes bergsoniens : selon quelle émotion reconduire la marche en avant ? Au milieu de la dévastation du monde ces questions se fait pressantes. Sans doute en accueillent-elles déjà la fin.
"Le ton fondamental de la pensée propre à l’autre commencement trouve son rythme dans des tonalités qui ne se laissent qu’approximativement nommer avec les noms d’effroi, de retenue et de pudeur."
Ces tonalités que retient Heidegger suggèrent une attitude de retardement, d’attente. Eclater de rire, voilà qui semble impossible dans cette attitude « essentiellement autre que toute manière de s’attendre à, qui est au fond incapacité d’attendre » : car ce n’est pas quelque chose qui est attendu. « En tant que nous sommes ceux qui attendent, nous sommes le là ouvert qui laisse venir le venir en s’engageant en lui . » S’il devait alors y avoir rire, ce ne serait plus là à cause de l’anéantissement d’une attente, à l’occasion d’une chute qui briserait l’attente de quelque chose, mais dans l’attente du néantir, de ce néant dont le Da-sein est dit être le lieu-tenant. Car rien ne peut venir rompre cette attente extrême, pas même la dévastation du monde qui est justement attendue : l’attente de ce qui sauve est attente du péril extrême.
Peut-être qu’alors dans l’attente d’un nouveau commencement, pourrait-on apprendre à rire d’un rire formé à l’école de l’enfance de l’être ? Un rire dont l’atmosphère ne serait pas l’indifférence, mais la joie et la sérénité.
Il est difficile de savoir si cette sérénité ou cette joie sont supportables ou si même elle sont possibles pour nous autres hommes qui se disent d’aujourd’hui. Mais si jamais un rire serein venait à éclater, ce serait non sans évoquer ceux qu’Epicure a qualifiés de bienheureux et dont le rire est dit « inextinguible » par Homère. Car c’est en définitive cela, le divin, dont le retrait appelle, aussi bien pour Bergson que pour Heidegger, la décision à venir pour l’ouverture ou la clôture du monde, sur la base d’un renouveau spirituel de l’humanité.
Fini ? ouf,
bonne soirée.
J'ai aimé ...
gamma
bonne soirée.
J'ai aimé ...
gamma
« A Surate un Indien voyant ouvrir à la table d’un Anglais une bouteille d’ale et toute cette bière transformée en écume, jaillir de la bouteille, témoignait avec force exclamations de son grand étonnement ; à la question de l’Anglais : "qu’y a-t-il donc là de si étonnant ?" il répondit : "je ne m’étonne pas que cela jaillisse ainsi, mais que vous ayez pu l’y introduire." »
Les philosophes manquent-ils d’humour ? En nous rapportant cette plaisanterie, Kant ne cherche certes pas à nous faire rire. Et s’il ne s’agit pas plus de savoir si je peux élever mon rire d’autrui en maxime universelle, c’est parce que le problème qu’il se pose dans la Critique de la faculté de juger n’est pas celui de la moralité de la société des rieurs, problème qui sera celui de Bergson. La question ici est : l’art de la plaisanterie et l’art musical font-il partie de la catégorie des beaux-arts ? Quelle place donner à l’auteur comique et au musicien, parmi les peintres, les sculpteurs, etc. ? Pour déterminer le statut de l’humoriste dans la communauté des artistes, Kant va passer par une description phénoménologique de l’éclat de rire dont le résultat ne nous étonnera pas : le rire, tout comme la musique d’ailleurs, n’est que le produit d’un art agréable dont la seule finalité repose sur le bien-être corporel. Le plaisir pris à rire n’aurait rien d’un pur plaisir esthétique. Musique et plaisanterie sont donc exclus des beaux-arts. On se souviendra que ce qui s’appelle « plaisir esthétique pur » implique, plutôt qu’une expérience corporelle, un jeu des facultés de l’esprit qui conduit le corps-spectateur à s’incliner devant un bel objet ou, comme il peut arriver dans le sublime, à s’écraser sous le poids infini de ce qui dépasse tout objet possible. Attitudes gestuelles du corps, l’inclination et l’écrasement n’en demeurent pas moins suggérés par l’entendement et la raison. Dans l’expérience du rire, ce plaisir impur, l’entendement ne s’implique dans aucun libre jeu des facultés : c’est au contraire par son relâchement soudain, par sa détente brutale, qu’il va provoquer une oscillation physique, un jeu des organes corporels qui va jusqu’à faire trembler les entrailles. « Ce n’est pas que nous nous jugions plus intelligents que cet ignorant, ou que notre entendement ait trouvé quelque agrément en cette histoire, mais nous étions dans l’attente et celle-ci s’évanouit soudain. »
Il s’agit pour Kant de déterminer les conditions de possibilités du rire du sujet. Pour en revenir à l’exemple de l’Indien, les raisons que nous sommes supposés avoir pour en rire, ne doivent ni suivre d’un jugement réfléchissant (autrement le plaisir serait pur) ni même tenir à un quelconque caractère comique objectif (autrement il n’y aurait plus de plaisir du tout). Lorsque Descartes retient la « surprise de l’admiration » (Les passions de l’âme, article 178) comme ce qui cause l’éclat de rire devant un objet risible, la surprise est comprise sur le mode de la réaction passionnelle devant l’irruption de quelque chose d’inattendu. Si en revanche la plaisanterie fait rire, ce n’est pas selon Kant, en représentant des objets dont on pourrait se moquer à cause de leur effet surprenant. La plaisanterie n’est pas l’art de présenter des objets saugrenus, mais celui de générer une attente à travers un récit et sa chute. Plutôt que dans le surgissement de quelque chose de déterminé (je vois quelque chose que je n’attendais pas), la surprise consiste ici en l’anéantissement d’une attente indéterminée et savamment entretenue (j’attends quelque chose qui ne survient pas.) En d’autres termes, ce n’est pas à proprement parler un étant surprenant qui nous fait rire : l’indien par exemple, ni un quelconque prédicat que notre mépris civilisé lui affuble : sa différence culturelle, sa bêtise, son ignorance. C’est bien un effet de ce que notre entendement se désengage de la situation, lorsqu’il voit qu’il n’y a rien à attendre de l’illusion comique (« il ne découvre pas ce qu’il attend ») : il est mis en demeure de ne rien statuer et n’a rien à juger, bref : la synthèse avec l’intuition temporelle est rompue soudainement. D’où la célèbre formule : « Le rire est une affection résultant de l’anéantissement soudain d’une attente extrême. » Critique de la faculté de juger, p. 238.
Sous un tel point de vue, le comique ne représente qu’une illusion inoffensive pour l’entendement mais revêt en contrecoup un caractère hygiénique pour le corps : il est source de détente, accorde bien-être et renforce la santé. Kant et Descartes s’accordent ensemble pour définir le rire par l’affectivité : c’est un affect de joie ou de plaisir. Cette joie ou ce plaisir ont ceci de particulier que c’est une joie éprouvée devant le mal ou un plaisir pris en l’erreur : si le rire railleur est analysé comme une impression de surprise composée d’une joie médiocre, c’est-à-dire une joie prise à un petit mal, le rire provoqué par la plaisanterie apparaît lui, comme le résultat d’une erreur insignifiante – joie immorale et plaisir errant : « Cela nous fait plaisir, parce que nous nous amusons un temps de notre propre méprise en une chose qui nous est par ailleurs indifférente . » Or, l’indifférence, dira Bergson, est précisément l’élément du rire, mais c’est elle du coup qui nous interdit de le considérer comme une affection :
"Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l’insensibilité qui accompagne d’ordinaire le rire. Il semble que le comique ne puisse produire son ébranlement qu’à la condition de tomber sur une surface d’âme bien calme, bien unie. L’indifférence est son milieu naturel. Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion. Je ne veux pas dire que nous ne puissions rire d’une personne qui nous inspire de la pitié, par exemple, ou même de l’affection : seulement alors, pour quelques instants, il faudra oublier cette affection, faire taire cette pitié."
Car une âme sensible, en tant que telle, ne rit pas ; elle est plutôt inclinée à compatir et à pleurer pour les autres plutôt qu’à rire d’eux :
"Dans une société de pures intelligences on ne pleurerait probablement plus, mais on rirait peut-être encore ; tandis que des âmes invariablement sensibles, accordées à l’unisson de la vie, où tout événement se prolongerait en résonance sentimentale, ne connaîtraient ni ne comprendraient le rire."
Toutefois il faut souligner qu’un mal, une difformité, une douleur, une chute ne deviennent risibles aux yeux de nos philosophes qu’à la condition qu’ils ne soient pas trop importants et qu’ils entraînent des conséquences relativement négligeables sur la victime comique d’une part et pour le rieur de l’autre. Rire et rire d’autrui, cela doit rester quelque chose de léger : c’est le fait d’avoir cru que la perruque du marchand pouvait devenir grise sous l’effet du chagrin qui a fait rire Kant ; c’est une difformité légère et non une grave maladie qui a fait rire Descartes. Mais le rire sadique ne connaît pas de limites . Qu’est-ce qui empêche notre capacité à rire de repousser indéfiniment les limites de notre sympathie jusqu’à mettre entre parenthèses l’ensemble de notre vie affective ? « Le comique exige donc enfin, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur . » Il faut remarquer que cette insensibilité accompagne le rire, plutôt qu’elle ne le cause. Cette mise entre parenthèses du sentir symptomatique du rire, justifie son exclusion du domaine purement esthétique : « le rire ne relève donc pas de l’esthétique pure ». L’impureté esthétique du rire n’est pas comprise comme résultant de la participation du corps, mais à partir de la thèse originale du rire comme le produit d’une anesthésie codifiée socialement : le rire sert de châtiment que la société exerce sur un individu, châtiment social qui ne s’empêche pas d’emprunter des voies peu morales. On y découvre un fond d’amertume dont le rire est l’effet de surface, renfermant tous les degrés possibles de la malice et de la méchanceté . En se demandant pourquoi le nègre nous fait rire, Bergson cite l’anecdote d’un cocher qui y voit un visage mal lavé : un noir ressemblerait à un blanc déguisé, sali . En tant que tel, le rire appartient à la tendance « clôturante » de la société, qui veut neutraliser les différences. Puissance antipathique et anesthésique, le rire est l’effet d’une inquiétude sociale devant quelque chose qui reste inoffensif : il y préside un sentiment d’agression virtuelle mais non matérielle qui fait que la réponse de la société se veut ajustée au dommage subi : « Elle est en présence de quelque chose qui l’inquiète, mais à titre de symptôme seulement, - à peine une menace, tout au plus un geste. C’est donc par un simple geste qu’elle y répondra . » Le symptôme est traité aussitôt dans une perspective de normalisation et même pourrait-on dire, de naturalisation. Car dans le comique, la nature se fait art : la noirceur d’un visage paraît « plaquée artificiellement » sur lui. C’est ce qui fait que le rire « a quelque chose d’esthétique cependant » et qui explique comment le comique va pouvoir se glisser dans l’écart de la vie et de l’art pour produire sa « force d’expansion. » Outre de servir au but pratique de la société d’adapter un individu singulier (et de l’adapter aux exigences générales de l’adaptation : la souplesse) la naissance du comique correspond « au moment précis » où la société et la personne « commencent à se traiter comme des œuvres d’art. » Riant d’elle-même, la vie se met en scène et jouit de sa propre représentation. Faire rire pour corriger les défauts, tout l’art de Molière consiste en une articulation de cette double perspective morale et esthétique, c’est-à-dire qu’il se place dans l’écart de la vie et de l’art.
S’il est vrai que la musique adoucit les mœurs, c’est en poussant à l’extrême la sensibilisation de l’auditeur ; et si le comique châtie les mœurs, c’est en l’anesthésiant. « Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » L’analogie kantienne entre comique et musique n’est plus valable chez Bergson, lequel ne les sépare pas tous deux d’une forme d’éthique, c’est-à-dire d’une pratique de vie. Seulement, on peut dire que la musique viserait plutôt une morale ouverte et spirituelle alors que le comique correspondrait aux aspirations matérialistes d’une société close.
Le rapport entre morale ouverte et esthétique apparaît justement dans ces descriptions de l’émotion musicale où pleurer s’interprète comme l’expérience d’un devoir singulier, celui de ressentir l’émotion suggérée par une musique : « C’est ce qui arrive dans l’émotion musicale, par exemple. Il nous semble, pendant que nous écoutons, que nous ne pourrions pas vouloir autre chose que ce que la musique nous suggère . » Mais si elle impose quelque chose, elle « n’imposera que du consenti ». La musique me crée une obligation de pleurer avec elle, parce que « quand la musique pleure, c’est l’humanité, c’est la nature entière qui pleure avec elle . »
Aussi, Bergson aurait écrit son « esthétique » dans son livre sur la morale et la religion. La question de savoir pourquoi ce ne serait pas au Rire de tenir lieu de l’esthétique bergsonienne, trouve sa réponse dans le fait que « le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » Le rire n’est pas un affect, c’est la pure expression de l’absence de toute émotion puisqu’il a lieu à l’occasion d’une anesthésie du cœur, qui explique que seul un être intelligent peut rire : « dans une société d’intelligences pures on ne pleurerait probablement plus, on continuerait à rire . » Or, que serait une telle société, sinon close – comme le montre l'anecdote colonialiste rapportée par Kant qui souligne l’appartenance de la fantaisie comique « à l’originalité de l’esprit. Il va même jusqu’à apprécier la figure de l’humoriste, comme en une analogie avec sa propre position criticiste, avec la digue qu’il oppose au dogmatisme, à l’empirisme et à l'enthousiamse du génie (la Schwärmerei : l'essaim d'abeilles autour de la tête du génie). L’œuvre de l’humoriste, nous est-il indiqué en passant, demande certaines qualités qui font gravement défaut aux œuvres casse-tête (kopfbrechend), casse-cou (halsbrechend) et crève-cœur (herzbrechend), contredisant ainsi la tortuosité mystique, l’audace géniale et l’affliction sentimentale des « romanciers moralistes ». Et si ces œuvres ne sont pas comiques en droit, elles peuvent très facilement le devenir en fait, à l’insu de leurs auteurs qui restent ainsi guettés par le ridicule – un ridicule dont le comique se préserve d’emblée. Mais il faut remarquer aussi que l’inverse peut être vrai : on ne rit pas toujours devant quelque chose qui serait comique en droit. Un clown qui cherche à faire rire en déployant de grands moyens sans même provoquer un sourcillement.
C’est précisément dans cet écart entre le comique de fait et le comique de droit que se pose pour Bergson le problème de la méthode à employer pour questionner le rire : « Une des raisons qui ont dû susciter bien des théories erronées ou insuffisantes du rire, c’est que beaucoup de choses sont comiques en droit sans l’être en fait . » L’attention au fait comique signale au contraire son irréductibilité à toute formule générale qui voudrait rendre raison du rire : « On expliquera le rire par la surprise, par le contraste, etc., définitions qui s’appliqueraient aussi bien à une foule de cas où nous n’avons aucune envie de rire . » Il ne suffit donc pas d’établir les conditions de possibilités de l’événement du rire car toutes les conditions peuvent être réunies pour que le rire advienne et pourtant il ne viendra pas. A l’inverse toutes les conditions peuvent être absentes et c’est alors qu’il peut exploser le plus fort. Si aucune condition ne peut a priori déclencher ou arrêter le rire, c’est parce qu’à l’occasion, soit on rit, soit on ne rit pas. Il n’y a jamais plus de raisons pour rire que pour ne pas rire, parce qu’il y a seulement des occasions pour cela. Dans l’occasion, les conditions ne se présentent jamais comme étant plus larges que le conditionné. En elles, sont réunies les conditions de possibilité d’une expérience réelle dans son imprévisibilité matérielle et non pas celles de toute expérience possible dans sa généralité formelle. La question que le fait comique nous suggère de poser n’est donc pas : quelles sont les conditions du rire du rieur ? Mais : à quelle occasion le rire éclate-t-il ? L’occasion c’est ce qui vient ou ne vient pas, et qui, lorsqu’elle vient, demande à être saisie sur le champ : c’est non sans raison qu’elle est mythologiquement représentée comme cette divinité chauve qu’il faut attraper par les cheveux lorsqu’elle passe.
A la faveur d’un lieu et d’un temps pour quelque chose, l’occasion de rire survient consécutivement à l’accident dont la forme la plus prosaïque est figurée par la chute. Occasionem vient de occasum, occidere, composé de ob et de cadere qui donne choir, ce qui échoit… Le cas échéant : ce qui est advenu ou aura advenu. Oc est le préfixe qui vient par assimilation de ob : l’en-face. Il indique aussi le renversement. Littéralement, le grec parlerait ici de katastrophé. Occasion et occident sont étymologiquement identiques : Moins que le pays du couchant tranquille, Occidere dit le lieu de la catastrophe la plus grande, la plus désastreuse qui soit : la chute d’un astre. Mais l’occident en est venu aussi à jouer le rôle de « l’ »Histoire comme succession d’événements et de bouleversements. C’est à l’occasion que se décide la conjoncture des temps et lieux pour chaque chose. Mais dans cette « vallée de larmes » où pour Hegel l’esprit tombe pour endurer les douleurs et les pleurs de son propre enfantement, où trouver l’occasion pour rire ? La tragédie semble si ininterrompue que cette occasion semble à chaque fois contredite par les conditions réelles.
Dans le roman très nietzschéen de Kazantzakis, Zorba le Grec, un téléphérique est réalisé pour acheminer jusqu’au port les troncs de pins de la forêt. Mais l’inauguration de ce dispositif technique se conclut par une catastrophe générale : tous les piliers tombent à la chaîne. Rien ne prédispose alors le héros et le narrateur à éclater de rire et à danser gaiement sur la plage crétoise. On sait combien l’échec de la technique humaine, son impuissance face à la nécessité, a nourri l’esprit de la tragédie antique. Cette fois-ci c’est bien le comique qui trouve de façon inexplicable et totalement imprévisible, l’occasion d’exploser. Bergson pourrait dire ici que le rire et la danse ont fini par sanctionner la rigidité de la mécanique et voir dans ces réactions vivantes et affirmatives une réponse intelligente à la catastrophe survenue : comme si, résolue à son inadaptation foncière à toute machine, c’est-à-dire aux moyens techniques pour rationaliser le monde, l’intelligence possédait avec le rire une conscience et un aveu de ses propres limites. Bien que le comique « s’adresse à l’intelligence pure » il n’en constitue dès lors pas moins le signe d’une réaction vivante contre les excès de l’intelligence. Si ce que le rire met en cause dans son éclatement, ce n’est ni la laideur ni l’erreur, mais la raideur , si ce qui est drôle, c’est l’absence de grâce qui menace la vie dans ses mouvement, c’est bien que celle-ci se venge de sa propre (auto)réduction en mécanisme – et pour cela, elle monte tout un mécanisme. Le rire apparaît dès lors comme une réaction mécanique contre le mécanisme.
La considération du comique à travers le double point de vue de sa fabrication et de ce qu’on pourrait appeler son « évolution créatrice », renvoyant à la méthode même du bergsonisme. Il n’y a aucune contradiction à dire que le rire n’a lieu que pour un étant intelligent, et qu’il constitue en même temps une réaction de la vie à l’égard des raideurs qui viennent des excès de cette même intelligence. La méthode même de détermination du comique tient compte de ce paradoxe structurel : Il faut à la fois traiter la fantaisie comique comme un être vivant qui se métamorphose, croît, s’épanouit , et mettre au jour les procédés techniques de sa fabrication. En effet, on peut lire dans la préface : « Mais notre méthode, qui consiste à déterminer les procédés de fabrication du comique, tranche sur celle qui est généralement suivie, et qui vise à enfermer les effets comiques dans une formule très large et très simple. »
Qu’est-ce qui pourrait donner au philosophe l’occasion pour rire ? Et pour rire, ne doit-il pas d’abord commencer par rire de soi ? C’est la leçon qu’on peut tirer d’un joke philosophique rapportée par Platon à propos de Thalès qui échoue au fond du puits, provoquant le rire d’une servante de passage. Après avoir rappelé à ses étudiants cette fameuse anecdote, Heidegger poursuit :
"La philosophie est cette pensée avec laquelle on ne peut essentiellement rien entreprendre et à propos de laquelle les servantes ne peuvent s’empêcher de rire.
Cette définition de la philosophie n’est pas une simple plaisanterie : elle est à méditer. Nous ferons bien de nous souvenir à l’occasion qu’au cours de notre cheminement il peut nous arriver de tomber dans un puits sans pouvoir de longtemps en atteindre le fond."
La question qui s’enquiert de l’étant : « qu’est-ce qu’une chose ? » fait rire le sens commun. Tout d’abord, il faut reconnaître que celui-ci n’a pas tout à fait tort de rire et prendre son rire avec humour. Si le philosophe est celui qui fait rire le non-philosophe, il peut aussi rire au souvenir de la servante espiègle : « Et ne faut-il pas qu’une brave servante ait l’occasion de rire ? » Ensuite, celui qui tombe dans le puits n’est pas sûr de trouver un fond, même si Thalès pourra toujours y trouver de l’eau, autrement dit, un étant fondamental. Pour Heidegger, si on ne touche pas le fond, c’est parce que la raison fondatrice est elle-même sans fondement. On reconnaît ici ce que vise Heidegger : les visées fondationnelles, « fondamentalistes », de la métaphysique. « Que ce nom nous indique seulement cette démarche où l’on court grand risque de tomber dans le puits . » Le sans-fond dans lequel tombe le philosophe, provoquant les rires du bon sens commun, se rapporte au jeu abyssal de l’être. L’émotion fondamentale du philosopher y est accordée, tandis que le rire de l'autre de la philosophie, du non-philosophe, marque une insensibilité essentielle à l’égard des questionnements que ce jeu suscite. Le sens commun est insensible à l'abîme du ''il y a'', car il ne connaît que l’utile et ignore la dépense généreuse et gratuite.
"Il faut d’abord qu’une personne ait une connaissance de l’urgence de l’inutile, avant de pouvoir parler avec elle de l’utile. Certes, la terre est grande et vaste ; et pourtant, pour que l’être humain tienne debout, il ne lui faut pas plus de place que ce qui est nécessaire pour pouvoir poser son pied. Mais si juste à côté du pied s’ouvrait une crevasse plongeant jusqu’au monde souterrain des enfers, la place qu’il occupe pour tenir debout lui serait-elle encore d’une quelconque utilité ?"
Cette parabole peut constituer une réponse du philosophe au sens commun : je tombe dans un puits, toi dans une crevasse et tu ne cesses d’y chuter sans même être en mesure de le remarquer. Le penseur aurait une connaissance de cet abîme profond en y étant tonalement accordé. Quelle est cette tonalité affective qui rend possible d’acquérir une stature, de se lever et de se tenir debout malgré la dérobade du sol ? Et en termes bergsoniens : selon quelle émotion reconduire la marche en avant ? Au milieu de la dévastation du monde ces questions se fait pressantes. Sans doute en accueillent-elles déjà la fin.
"Le ton fondamental de la pensée propre à l’autre commencement trouve son rythme dans des tonalités qui ne se laissent qu’approximativement nommer avec les noms d’effroi, de retenue et de pudeur."
Ces tonalités que retient Heidegger suggèrent une attitude de retardement, d’attente. Eclater de rire, voilà qui semble impossible dans cette attitude « essentiellement autre que toute manière de s’attendre à, qui est au fond incapacité d’attendre » : car ce n’est pas quelque chose qui est attendu. « En tant que nous sommes ceux qui attendent, nous sommes le là ouvert qui laisse venir le venir en s’engageant en lui . » S’il devait alors y avoir rire, ce ne serait plus là à cause de l’anéantissement d’une attente, à l’occasion d’une chute qui briserait l’attente de quelque chose, mais dans l’attente du néantir, de ce néant dont le Da-sein est dit être le lieu-tenant. Car rien ne peut venir rompre cette attente extrême, pas même la dévastation du monde qui est justement attendue : l’attente de ce qui sauve est attente du péril extrême.
Peut-être qu’alors dans l’attente d’un nouveau commencement, pourrait-on apprendre à rire d’un rire formé à l’école de l’enfance de l’être ? Un rire dont l’atmosphère ne serait pas l’indifférence, mais la joie et la sérénité.
Il est difficile de savoir si cette sérénité ou cette joie sont supportables ou si même elle sont possibles pour nous autres hommes qui se disent d’aujourd’hui. Mais si jamais un rire serein venait à éclater, ce serait non sans évoquer ceux qu’Epicure a qualifiés de bienheureux et dont le rire est dit « inextinguible » par Homère. Car c’est en définitive cela, le divin, dont le retrait appelle, aussi bien pour Bergson que pour Heidegger, la décision à venir pour l’ouverture ou la clôture du monde, sur la base d’un renouveau spirituel de l’humanité.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 19:46 le 23/07/2010 par karly.
Vous pourriez développer un peu ?
Gardez-en un peu sous le pied, l'été "comiques" d'@si ne fait que commencer!
la répétition travaille aussi pour le comique. hihihihi.
D'ailleurs il y a deux types d'humour : l'humour de répétition et l'humour de répétition.
Citation:
« A Surate un Indien voyant ouvrir à la table d’un Anglais une bouteille d’ale et toute cette bière transformée en écume, jaillir de la bouteille, témoignait avec force exclamations de son grand étonnement ; à la question de l’Anglais : "qu’y a-t-il donc là de si étonnant ?" il répondit : "je ne m’étonne pas que cela jaillisse ainsi, mais que vous ayez pu l’y introduire." »
Les philosophes manquent-ils d’humour ? En nous rapportant cette plaisanterie, Kant ne cherche certes pas à nous faire rire. Et s’il ne s’agit pas plus de savoir si je peux élever mon rire d’autrui en maxime universelle, c’est parce que le problème qu’il se pose dans la Critique de la faculté de juger n’est pas celui de la moralité de la société des rieurs, problème qui sera celui de Bergson. La question ici est : l’art de la plaisanterie et l’art musical font-il partie de la catégorie des beaux-arts ? Quelle place donner à l’auteur comique et au musicien, parmi les peintres, les sculpteurs, etc. ? Pour déterminer le statut de l’humoriste dans la communauté des artistes, Kant va passer par une description phénoménologique de l’éclat de rire dont le résultat ne nous étonnera pas : le rire, tout comme la musique d’ailleurs, n’est que le produit d’un art agréable dont la seule finalité repose sur le bien-être corporel. Le plaisir pris à rire n’aurait rien d’un pur plaisir esthétique. Musique et plaisanterie sont donc exclus des beaux-arts. On se souviendra que ce qui s’appelle « plaisir esthétique pur » implique, plutôt qu’une expérience corporelle, un jeu des facultés de l’esprit qui conduit le corps-spectateur à s’incliner devant un bel objet ou, comme il peut arriver dans le sublime, à s’écraser sous le poids infini de ce qui dépasse tout objet possible. Attitudes gestuelles du corps, l’inclination et l’écrasement n’en demeurent pas moins suggérés par l’entendement et la raison. Dans l’expérience du rire, ce plaisir impur, l’entendement ne s’implique dans aucun libre jeu des facultés : c’est au contraire par son relâchement soudain, par sa détente brutale, qu’il va provoquer une oscillation physique, un jeu des organes corporels qui va jusqu’à faire trembler les entrailles. « Ce n’est pas que nous nous jugions plus intelligents que cet ignorant, ou que notre entendement ait trouvé quelque agrément en cette histoire, mais nous étions dans l’attente et celle-ci s’évanouit soudain. »
Il s’agit pour Kant de déterminer les conditions de possibilités du rire du sujet. Pour en revenir à l’exemple de l’Indien, les raisons que nous sommes supposés avoir pour en rire, ne doivent ni suivre d’un jugement réfléchissant (autrement le plaisir serait pur) ni même tenir à un quelconque caractère comique objectif (autrement il n’y aurait plus de plaisir du tout). Lorsque Descartes retient la « surprise de l’admiration » (Les passions de l’âme, article 178) comme ce qui cause l’éclat de rire devant un objet risible, la surprise est comprise sur le mode de la réaction passionnelle devant l’irruption de quelque chose d’inattendu. Si en revanche la plaisanterie fait rire, ce n’est pas selon Kant, en représentant des objets dont on pourrait se moquer à cause de leur effet surprenant. La plaisanterie n’est pas l’art de présenter des objets saugrenus, mais celui de générer une attente à travers un récit et sa chute. Plutôt que dans le surgissement de quelque chose de déterminé (je vois quelque chose que je n’attendais pas), la surprise consiste ici en l’anéantissement d’une attente indéterminée et savamment entretenue (j’attends quelque chose qui ne survient pas.) En d’autres termes, ce n’est pas à proprement parler un étant surprenant qui nous fait rire : l’indien par exemple, ni un quelconque prédicat que notre mépris civilisé lui affuble : sa différence culturelle, sa bêtise, son ignorance. C’est bien un effet de ce que notre entendement se désengage de la situation, lorsqu’il voit qu’il n’y a rien à attendre de l’illusion comique (« il ne découvre pas ce qu’il attend ») : il est mis en demeure de ne rien statuer et n’a rien à juger, bref : la synthèse avec l’intuition temporelle est rompue soudainement. D’où la célèbre formule : « Le rire est une affection résultant de l’anéantissement soudain d’une attente extrême. » Critique de la faculté de juger, p. 238.
Sous un tel point de vue, le comique ne représente qu’une illusion inoffensive pour l’entendement mais revêt en contrecoup un caractère hygiénique pour le corps : il est source de détente, accorde bien-être et renforce la santé. Kant et Descartes s’accordent ensemble pour définir le rire par l’affectivité : c’est un affect de joie ou de plaisir. Cette joie ou ce plaisir ont ceci de particulier que c’est une joie éprouvée devant le mal ou un plaisir pris en l’erreur : si le rire railleur est analysé comme une impression de surprise composée d’une joie médiocre, c’est-à-dire une joie prise à un petit mal, le rire provoqué par la plaisanterie apparaît lui, comme le résultat d’une erreur insignifiante – joie immorale et plaisir errant : « Cela nous fait plaisir, parce que nous nous amusons un temps de notre propre méprise en une chose qui nous est par ailleurs indifférente . » Or, l’indifférence, dira Bergson, est précisément l’élément du rire, mais c’est elle du coup qui nous interdit de le considérer comme une affection :
"Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l’insensibilité qui accompagne d’ordinaire le rire. Il semble que le comique ne puisse produire son ébranlement qu’à la condition de tomber sur une surface d’âme bien calme, bien unie. L’indifférence est son milieu naturel. Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion. Je ne veux pas dire que nous ne puissions rire d’une personne qui nous inspire de la pitié, par exemple, ou même de l’affection : seulement alors, pour quelques instants, il faudra oublier cette affection, faire taire cette pitié."
Car une âme sensible, en tant que telle, ne rit pas ; elle est plutôt inclinée à compatir et à pleurer pour les autres plutôt qu’à rire d’eux :
"Dans une société de pures intelligences on ne pleurerait probablement plus, mais on rirait peut-être encore ; tandis que des âmes invariablement sensibles, accordées à l’unisson de la vie, où tout événement se prolongerait en résonance sentimentale, ne connaîtraient ni ne comprendraient le rire."
Toutefois il faut souligner qu’un mal, une difformité, une douleur, une chute ne deviennent risibles aux yeux de nos philosophes qu’à la condition qu’ils ne soient pas trop importants et qu’ils entraînent des conséquences relativement négligeables sur la victime comique d’une part et pour le rieur de l’autre. Rire et rire d’autrui, cela doit rester quelque chose de léger : c’est le fait d’avoir cru que la perruque du marchand pouvait devenir grise sous l’effet du chagrin qui a fait rire Kant ; c’est une difformité légère et non une grave maladie qui a fait rire Descartes. Mais le rire sadique ne connaît pas de limites . Qu’est-ce qui empêche notre capacité à rire de repousser indéfiniment les limites de notre sympathie jusqu’à mettre entre parenthèses l’ensemble de notre vie affective ? « Le comique exige donc enfin, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur . » Il faut remarquer que cette insensibilité accompagne le rire, plutôt qu’elle ne le cause. Cette mise entre parenthèses du sentir symptomatique du rire, justifie son exclusion du domaine purement esthétique : « le rire ne relève donc pas de l’esthétique pure ». L’impureté esthétique du rire n’est pas comprise comme résultant de la participation du corps, mais à partir de la thèse originale du rire comme le produit d’une anesthésie codifiée socialement : le rire sert de châtiment que la société exerce sur un individu, châtiment social qui ne s’empêche pas d’emprunter des voies peu morales. On y découvre un fond d’amertume dont le rire est l’effet de surface, renfermant tous les degrés possibles de la malice et de la méchanceté . En se demandant pourquoi le nègre nous fait rire, Bergson cite l’anecdote d’un cocher qui y voit un visage mal lavé : un noir ressemblerait à un blanc déguisé, sali . En tant que tel, le rire appartient à la tendance « clôturante » de la société, qui veut neutraliser les différences. Puissance antipathique et anesthésique, le rire est l’effet d’une inquiétude sociale devant quelque chose qui reste inoffensif : il y préside un sentiment d’agression virtuelle mais non matérielle qui fait que la réponse de la société se veut ajustée au dommage subi : « Elle est en présence de quelque chose qui l’inquiète, mais à titre de symptôme seulement, - à peine une menace, tout au plus un geste. C’est donc par un simple geste qu’elle y répondra . » Le symptôme est traité aussitôt dans une perspective de normalisation et même pourrait-on dire, de naturalisation. Car dans le comique, la nature se fait art : la noirceur d’un visage paraît « plaquée artificiellement » sur lui. C’est ce qui fait que le rire « a quelque chose d’esthétique cependant » et qui explique comment le comique va pouvoir se glisser dans l’écart de la vie et de l’art pour produire sa « force d’expansion. » Outre de servir au but pratique de la société d’adapter un individu singulier (et de l’adapter aux exigences générales de l’adaptation : la souplesse) la naissance du comique correspond « au moment précis » où la société et la personne « commencent à se traiter comme des œuvres d’art. » Riant d’elle-même, la vie se met en scène et jouit de sa propre représentation. Faire rire pour corriger les défauts, tout l’art de Molière consiste en une articulation de cette double perspective morale et esthétique, c’est-à-dire qu’il se place dans l’écart de la vie et de l’art.
S’il est vrai que la musique adoucit les mœurs, c’est en poussant à l’extrême la sensibilisation de l’auditeur ; et si le comique châtie les mœurs, c’est en l’anesthésiant. « Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » L’analogie kantienne entre comique et musique n’est plus valable chez Bergson, lequel ne les sépare pas tous deux d’une forme d’éthique, c’est-à-dire d’une pratique de vie. Seulement, on peut dire que la musique viserait plutôt une morale ouverte et spirituelle alors que le comique correspondrait aux aspirations matérialistes d’une société close.
Le rapport entre morale ouverte et esthétique apparaît justement dans ces descriptions de l’émotion musicale où pleurer s’interprète comme l’expérience d’un devoir singulier, celui de ressentir l’émotion suggérée par une musique : « C’est ce qui arrive dans l’émotion musicale, par exemple. Il nous semble, pendant que nous écoutons, que nous ne pourrions pas vouloir autre chose que ce que la musique nous suggère . » Mais si elle impose quelque chose, elle « n’imposera que du consenti ». La musique me crée une obligation de pleurer avec elle, parce que « quand la musique pleure, c’est l’humanité, c’est la nature entière qui pleure avec elle . »
Aussi, Bergson aurait écrit son « esthétique » dans son livre sur la morale et la religion. La question de savoir pourquoi ce ne serait pas au Rire de tenir lieu de l’esthétique bergsonienne, trouve sa réponse dans le fait que « le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion . » Le rire n’est pas un affect, c’est la pure expression de l’absence de toute émotion puisqu’il a lieu à l’occasion d’une anesthésie du cœur, qui explique que seul un être intelligent peut rire : « dans une société d’intelligences pures on ne pleurerait probablement plus, on continuerait à rire . » Or, que serait une telle société, sinon close – comme le montre l'anecdote colonialiste rapportée par Kant qui souligne l’appartenance de la fantaisie comique « à l’originalité de l’esprit. Il va même jusqu’à apprécier la figure de l’humoriste, comme en une analogie avec sa propre position criticiste, avec la digue qu’il oppose au dogmatisme, à l’empirisme et à l'enthousiamse du génie (la Schwärmerei : l'essaim d'abeilles autour de la tête du génie). L’œuvre de l’humoriste, nous est-il indiqué en passant, demande certaines qualités qui font gravement défaut aux œuvres casse-tête (kopfbrechend), casse-cou (halsbrechend) et crève-cœur (herzbrechend), contredisant ainsi la tortuosité mystique, l’audace géniale et l’affliction sentimentale des « romanciers moralistes ». Et si ces œuvres ne sont pas comiques en droit, elles peuvent très facilement le devenir en fait, à l’insu de leurs auteurs qui restent ainsi guettés par le ridicule – un ridicule dont le comique se préserve d’emblée. Mais il faut remarquer aussi que l’inverse peut être vrai : on ne rit pas toujours devant quelque chose qui serait comique en droit. Un clown qui cherche à faire rire en déployant de grands moyens sans même provoquer un sourcillement.
C’est précisément dans cet écart entre le comique de fait et le comique de droit que se pose pour Bergson le problème de la méthode à employer pour questionner le rire : « Une des raisons qui ont dû susciter bien des théories erronées ou insuffisantes du rire, c’est que beaucoup de choses sont comiques en droit sans l’être en fait . » L’attention au fait comique signale au contraire son irréductibilité à toute formule générale qui voudrait rendre raison du rire : « On expliquera le rire par la surprise, par le contraste, etc., définitions qui s’appliqueraient aussi bien à une foule de cas où nous n’avons aucune envie de rire . » Il ne suffit donc pas d’établir les conditions de possibilités de l’événement du rire car toutes les conditions peuvent être réunies pour que le rire advienne et pourtant il ne viendra pas. A l’inverse toutes les conditions peuvent être absentes et c’est alors qu’il peut exploser le plus fort. Si aucune condition ne peut a priori déclencher ou arrêter le rire, c’est parce qu’à l’occasion, soit on rit, soit on ne rit pas. Il n’y a jamais plus de raisons pour rire que pour ne pas rire, parce qu’il y a seulement des occasions pour cela. Dans l’occasion, les conditions ne se présentent jamais comme étant plus larges que le conditionné. En elles, sont réunies les conditions de possibilité d’une expérience réelle dans son imprévisibilité matérielle et non pas celles de toute expérience possible dans sa généralité formelle. La question que le fait comique nous suggère de poser n’est donc pas : quelles sont les conditions du rire du rieur ? Mais : à quelle occasion le rire éclate-t-il ? L’occasion c’est ce qui vient ou ne vient pas, et qui, lorsqu’elle vient, demande à être saisie sur le champ : c’est non sans raison qu’elle est mythologiquement représentée comme cette divinité chauve qu’il faut attraper par les cheveux lorsqu’elle passe.
A la faveur d’un lieu et d’un temps pour quelque chose, l’occasion de rire survient consécutivement à l’accident dont la forme la plus prosaïque est figurée par la chute. Occasionem vient de occasum, occidere, composé de ob et de cadere qui donne choir, ce qui échoit… Le cas échéant : ce qui est advenu ou aura advenu. Oc est le préfixe qui vient par assimilation de ob : l’en-face. Il indique aussi le renversement. Littéralement, le grec parlerait ici de katastrophé. Occasion et occident sont étymologiquement identiques : Moins que le pays du couchant tranquille, Occidere dit le lieu de la catastrophe la plus grande, la plus désastreuse qui soit : la chute d’un astre. Mais l’occident en est venu aussi à jouer le rôle de « l’ »Histoire comme succession d’événements et de bouleversements. C’est à l’occasion que se décide la conjoncture des temps et lieux pour chaque chose. Mais dans cette « vallée de larmes » où pour Hegel l’esprit tombe pour endurer les douleurs et les pleurs de son propre enfantement, où trouver l’occasion pour rire ? La tragédie semble si ininterrompue que cette occasion semble à chaque fois contredite par les conditions réelles.
Dans le roman très nietzschéen de Kazantzakis, Zorba le Grec, un téléphérique est réalisé pour acheminer jusqu’au port les troncs de pins de la forêt. Mais l’inauguration de ce dispositif technique se conclut par une catastrophe générale : tous les piliers tombent à la chaîne. Rien ne prédispose alors le héros et le narrateur à éclater de rire et à danser gaiement sur la plage crétoise. On sait combien l’échec de la technique humaine, son impuissance face à la nécessité, a nourri l’esprit de la tragédie antique. Cette fois-ci c’est bien le comique qui trouve de façon inexplicable et totalement imprévisible, l’occasion d’exploser. Bergson pourrait dire ici que le rire et la danse ont fini par sanctionner la rigidité de la mécanique et voir dans ces réactions vivantes et affirmatives une réponse intelligente à la catastrophe survenue : comme si, résolue à son inadaptation foncière à toute machine, c’est-à-dire aux moyens techniques pour rationaliser le monde, l’intelligence possédait avec le rire une conscience et un aveu de ses propres limites. Bien que le comique « s’adresse à l’intelligence pure » il n’en constitue dès lors pas moins le signe d’une réaction vivante contre les excès de l’intelligence. Si ce que le rire met en cause dans son éclatement, ce n’est ni la laideur ni l’erreur, mais la raideur , si ce qui est drôle, c’est l’absence de grâce qui menace la vie dans ses mouvement, c’est bien que celle-ci se venge de sa propre (auto)réduction en mécanisme – et pour cela, elle monte tout un mécanisme. Le rire apparaît dès lors comme une réaction mécanique contre le mécanisme.
La considération du comique à travers le double point de vue de sa fabrication et de ce qu’on pourrait appeler son « évolution créatrice », renvoyant à la méthode même du bergsonisme. Il n’y a aucune contradiction à dire que le rire n’a lieu que pour un étant intelligent, et qu’il constitue en même temps une réaction de la vie à l’égard des raideurs qui viennent des excès de cette même intelligence. La méthode même de détermination du comique tient compte de ce paradoxe structurel : Il faut à la fois traiter la fantaisie comique comme un être vivant qui se métamorphose, croît, s’épanouit , et mettre au jour les procédés techniques de sa fabrication. En effet, on peut lire dans la préface : « Mais notre méthode, qui consiste à déterminer les procédés de fabrication du comique, tranche sur celle qui est généralement suivie, et qui vise à enfermer les effets comiques dans une formule très large et très simple. »
Qu’est-ce qui pourrait donner au philosophe l’occasion pour rire ? Et pour rire, ne doit-il pas d’abord commencer par rire de soi ? C’est la leçon qu’on peut tirer d’un joke philosophique rapportée par Platon à propos de Thalès qui échoue au fond du puits, provoquant le rire d’une servante de passage. Après avoir rappelé à ses étudiants cette fameuse anecdote, Heidegger poursuit :
"La philosophie est cette pensée avec laquelle on ne peut essentiellement rien entreprendre et à propos de laquelle les servantes ne peuvent s’empêcher de rire.
Cette définition de la philosophie n’est pas une simple plaisanterie : elle est à méditer. Nous ferons bien de nous souvenir à l’occasion qu’au cours de notre cheminement il peut nous arriver de tomber dans un puits sans pouvoir de longtemps en atteindre le fond."
La question qui s’enquiert de l’étant : « qu’est-ce qu’une chose ? » fait rire le sens commun. Tout d’abord, il faut reconnaître que celui-ci n’a pas tout à fait tort de rire et prendre son rire avec humour. Si le philosophe est celui qui fait rire le non-philosophe, il peut aussi rire au souvenir de la servante espiègle : « Et ne faut-il pas qu’une brave servante ait l’occasion de rire ? » Ensuite, celui qui tombe dans le puits n’est pas sûr de trouver un fond, même si Thalès pourra toujours y trouver de l’eau, autrement dit, un étant fondamental. Pour Heidegger, si on ne touche pas le fond, c’est parce que la raison fondatrice est elle-même sans fondement. On reconnaît ici ce que vise Heidegger : les visées fondationnelles, « fondamentalistes », de la métaphysique. « Que ce nom nous indique seulement cette démarche où l’on court grand risque de tomber dans le puits . » Le sans-fond dans lequel tombe le philosophe, provoquant les rires du bon sens commun, se rapporte au jeu abyssal de l’être. L’émotion fondamentale du philosopher y est accordée, tandis que le rire de l'autre de la philosophie, du non-philosophe, marque une insensibilité essentielle à l’égard des questionnements que ce jeu suscite. Le sens commun est insensible à l'abîme du ''il y a'', car il ne connaît que l’utile et ignore la dépense généreuse et gratuite.
"Il faut d’abord qu’une personne ait une connaissance de l’urgence de l’inutile, avant de pouvoir parler avec elle de l’utile. Certes, la terre est grande et vaste ; et pourtant, pour que l’être humain tienne debout, il ne lui faut pas plus de place que ce qui est nécessaire pour pouvoir poser son pied. Mais si juste à côté du pied s’ouvrait une crevasse plongeant jusqu’au monde souterrain des enfers, la place qu’il occupe pour tenir debout lui serait-elle encore d’une quelconque utilité ?"
Cette parabole peut constituer une réponse du philosophe au sens commun : je tombe dans un puits, toi dans une crevasse et tu ne cesses d’y chuter sans même être en mesure de le remarquer. Le penseur aurait une connaissance de cet abîme profond en y étant tonalement accordé. Quelle est cette tonalité affective qui rend possible d’acquérir une stature, de se lever et de se tenir debout malgré la dérobade du sol ? Et en termes bergsoniens : selon quelle émotion reconduire la marche en avant ? Au milieu de la dévastation du monde ces questions se fait pressantes. Sans doute en accueillent-elles déjà la fin.
"Le ton fondamental de la pensée propre à l’autre commencement trouve son rythme dans des tonalités qui ne se laissent qu’approximativement nommer avec les noms d’effroi, de retenue et de pudeur."
Ces tonalités que retient Heidegger suggèrent une attitude de retardement, d’attente. Eclater de rire, voilà qui semble impossible dans cette attitude « essentiellement autre que toute manière de s’attendre à, qui est au fond incapacité d’attendre » : car ce n’est pas quelque chose qui est attendu. « En tant que nous sommes ceux qui attendent, nous sommes le là ouvert qui laisse venir le venir en s’engageant en lui . » S’il devait alors y avoir rire, ce ne serait plus là à cause de l’anéantissement d’une attente, à l’occasion d’une chute qui briserait l’attente de quelque chose, mais dans l’attente du néantir, de ce néant dont le Da-sein est dit être le lieu-tenant. Car rien ne peut venir rompre cette attente extrême, pas même la dévastation du monde qui est justement attendue : l’attente de ce qui sauve est attente du péril extrême.
Peut-être qu’alors dans l’attente d’un nouveau commencement, pourrait-on apprendre à rire d’un rire formé à l’école de l’enfance de l’être ? Un rire dont l’atmosphère ne serait pas l’indifférence, mais la joie et la sérénité.
Il est difficile de savoir si cette sérénité ou cette joie sont supportables ou si même elle sont possibles pour nous autres hommes qui se disent d’aujourd’hui. Mais si jamais un rire serein venait à éclater, ce serait non sans évoquer ceux qu’Epicure a qualifiés de bienheureux et dont le rire est dit « inextinguible » par Homère. Car c’est en définitive cela, le divin, dont le retrait appelle, aussi bien pour Bergson que pour Heidegger, la décision à venir pour l’ouverture ou la clôture du monde, sur la base d’un renouveau spirituel de l’humanité.
Modifié 2 fois. Dernière modification le 19:46 le 23/07/2010 par karly.
Vous pourriez développer un peu ?
Et vous trouvez ça drôle???
L'ironie n'est pas l'humour quand même. Deleuze (je cite de mémoire) : l'humour est l'art des chutes et des renversements des principes ; l'ironie est l'art des remontées vers les Principes.
Oulalah Oulalah!
Tant de discours qui oublient un aspect populaire de l'humour.
Une pratique différente de celles que nous pouvons voir (cinématographiquement parlant) chez Fellini_ou Leconte où le trait d'esprit n'est là que pour tenter de prendre le pouvoir sur l'autre.
Il existe un jeu social de plaisanteries sur l'autre et accepté par l'ensemble où tout un chacun peut être le sujet ou le protagoniste d'une histoire.
Chacun accepte le principe où il peut être ridiculisé.
Le jeu permet même de se mettre en scène soi même en situation ridicule.
L'essentiel est de faire rire l'assemblée avec une construction narrative éfficace.
Que Gamma GT me vienne en soutient pour confirmer.
Oulalah Oulalah!
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Que Gamma GT me vienne en soutient pour confirmer.
Mon ordi est atteint d'echolalie!
Shit!
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Chacun accepte le principe où il peut être ridiculisé.
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L'essentiel est de faire rire l'assemblée avec une construction narrative éfficace.
Que Gamma GT me vienne en soutient pour confirmer.
Mon ordi est atteint d'echolalie!
Shit!
Une vraie conférence. Est-ce la place ici ?
La question est de savoir si la place où on se tient ne va pas s'ouvrir en crevasse.
Affect et affectivité dans la philosophie moderne et la phénoménologie
Par Eliane Escoubas,László Tengelyi
C'est mieux propre de citer ses sources !!!
Par Eliane Escoubas,László Tengelyi
C'est mieux propre de citer ses sources !!!
Bien vu !
Désolé, je n'avais pas cru nécessaire, mais vous avez raison ! Et puis qu'importe le sujet du discours du moment que les choses sont dites.
Il s'agit plus précisément d'un extrait de l'article de Karl Sarafidis, intitulé "Rire, sentir, penser". L'ouvrage collectif rassemble les divers travaux de chercheurs de France et d'Allemagne (Université Paris XII Val-de-Marne et Bergische Universität Wuppertal).
Il s'agit plus précisément d'un extrait de l'article de Karl Sarafidis, intitulé "Rire, sentir, penser". L'ouvrage collectif rassemble les divers travaux de chercheurs de France et d'Allemagne (Université Paris XII Val-de-Marne et Bergische Universität Wuppertal).
" pas nécessaire " !!!!!
Tu t'moques de nous ou tu prends le train ?
Tu t'moques de nous ou tu prends le train ?
Est-ce que l'espace des forums est soumis à la réglementation des droits d'auteur ?
Pas plus que l'honnêteté intellectuelle. Chacun ses bornes. On n'a pas les mêmes semble-t-il.
Comme le dit la publicité, nous ne partageons pas les mêmes valeurs
désolé mais trop long
synthétisez c est l été aussi
synthétisez c est l été aussi
Kant se demande du point de vue subjectif : à quelles conditions rit-on ? Il répond en disant que c'est à condition que l'humoriste entretient une attente qui est soudainement anéantie - affectant le rieur qui rit de son erreur. Par ailleurs le rieur s'en fout de ce dont il rit. Il ne doit pas avoir un intérêt particulier pour rire.
Descartes définit objectivement le rire comme une passion devant un objet risible, surprenant. Mais on va rire d'un petit défaut et non pas d'un mal grave.
Bergson va plutôt le comprendre comme une anesthésie momentanée du cœur - un peu comme une méchanceté. Ce qui à mon avis était déjà compris dans l'indifférence à l'égard de l'erreur sans gravité ou suggéré dans le fait de rire d'un léger défaut.
Bref à partir de là on peut essayer de voir ce qui fait rire les philosophes. Et ce n'est pas toujours éditiant. Kant rigole quand on lui raconte des blagues sur les indiens ignorants, Descartes rigole quand il voit un gros nez, et Bergson trouve drôle le visage d'un nègre qu'on aurait dit mal lavé !!!
Les allusions à Thalès qui tombe au fond du puits provoquant le rire d'une servant de passage montre qu'il y a un lien entre le philosophe et le rire de l'autre de la philosophie. Mais est-ce que la pensée philosophique pourrait rire d'elle-même ? Est-ce que la pensée a quelque chose de comique ? C'est par ces questions que se termine l'article. La conclusion c'est qu'il faudrait bien être des dieux pour pouvoir rire du tout (et non seulement de toute chose)...
Voilà en condensé !
Descartes définit objectivement le rire comme une passion devant un objet risible, surprenant. Mais on va rire d'un petit défaut et non pas d'un mal grave.
Bergson va plutôt le comprendre comme une anesthésie momentanée du cœur - un peu comme une méchanceté. Ce qui à mon avis était déjà compris dans l'indifférence à l'égard de l'erreur sans gravité ou suggéré dans le fait de rire d'un léger défaut.
Bref à partir de là on peut essayer de voir ce qui fait rire les philosophes. Et ce n'est pas toujours éditiant. Kant rigole quand on lui raconte des blagues sur les indiens ignorants, Descartes rigole quand il voit un gros nez, et Bergson trouve drôle le visage d'un nègre qu'on aurait dit mal lavé !!!
Les allusions à Thalès qui tombe au fond du puits provoquant le rire d'une servant de passage montre qu'il y a un lien entre le philosophe et le rire de l'autre de la philosophie. Mais est-ce que la pensée philosophique pourrait rire d'elle-même ? Est-ce que la pensée a quelque chose de comique ? C'est par ces questions que se termine l'article. La conclusion c'est qu'il faudrait bien être des dieux pour pouvoir rire du tout (et non seulement de toute chose)...
Voilà en condensé !
Kant est-ce qu'on rit?
Kant est-ce qu'on mange?
Certains indices me laissent supposer qu'il n'y a pas d'eau dans les verres. J'aimerais d'ailleurs plus de transparence sur les "liquides" intervenant dans les émissions d'asi
Je vous propose un La Fontaine de derrière les fagots.
Un Fou et un Sage
Certain Fou poursuivait à coups de pierre un Sage.
Le Sage se retourne et lui dit : Mon ami,
C'est fort bien fait à toi ; reçois cet écu-ci :
Tu fatigues assez pour gagner davantage.
Toute peine, dit-on, est digne de loyer.
Vois cet homme qui passe ; il a de quoi payer.
Adresse-lui tes dons, ils auront leur salaire.
Amorcé par le gain, notre Fou s'en va faire
Même insulte à l'autre Bourgeois.
On ne le paya pas en argent cette fois.
Maint estafier accourt ; on vous happe notre homme,
On vous l'échine, on vous l'assomme.
Auprès des Rois il est de pareils fous :
A vos dépens ils font rire le Maître.
Pour réprimer leur babil, irez-vous
Les maltraiter ? Vous n'êtes pas peut-être
Assez puissant. Il faut les engager
A s'adresser à qui peut se venger.
Un Fou et un Sage
Certain Fou poursuivait à coups de pierre un Sage.
Le Sage se retourne et lui dit : Mon ami,
C'est fort bien fait à toi ; reçois cet écu-ci :
Tu fatigues assez pour gagner davantage.
Toute peine, dit-on, est digne de loyer.
Vois cet homme qui passe ; il a de quoi payer.
Adresse-lui tes dons, ils auront leur salaire.
Amorcé par le gain, notre Fou s'en va faire
Même insulte à l'autre Bourgeois.
On ne le paya pas en argent cette fois.
Maint estafier accourt ; on vous happe notre homme,
On vous l'échine, on vous l'assomme.
Auprès des Rois il est de pareils fous :
A vos dépens ils font rire le Maître.
Pour réprimer leur babil, irez-vous
Les maltraiter ? Vous n'êtes pas peut-être
Assez puissant. Il faut les engager
A s'adresser à qui peut se venger.
Surprenante cette révélation.
Ce gauchisme était peu présent quand il écrivait pour Gerra.
Ce gauchisme était peu présent quand il écrivait pour Gerra.
Pour une fois qu'on pensait avoir droit à un discours bien popula-droito-poujado, hé ben raté !!! Encore un mélanchoniste, quelle ironie.
Prem's !
J'aime pas Mabille, à vendredi prochain donc !
(les vacances sont déjà loin pour moi)
J'aime pas Mabille, à vendredi prochain donc !
(les vacances sont déjà loin pour moi)