Pourquoi on risque de rester embourbés dans l'euro : les "éduqués supérieurs" augmentent
Comment expliquer le vote pro-européen, majoritaire lors de ce premier tour de l'élection ? Invité sur notre plateau le 28 avril, l'historien et démographe Emmanuel Todd avait livré quelques éléments de réponse. Alors que Macron (et d'autres) ont réagi depuis à ses propos sur le second tour, Todd partage aujourd'hui quelques précisions sur son analyse du vote pro-européen et pro-Macron.
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Derniers commentaires
Personnellement, je trouve que l'idée du QE vert est intéressante, mais elle est totalement impossible.
ce qui peut changer deux trois bricoles, pour nous autres clampins, c'est de construire nous mêmes nos systèmes d'échange locaux, nos trocs, nos dons, si besoin nos monnaies associatives, éphémères ou durables, d'en discuter les règles et de les adapter à nos priorités, à nos valeurs. le reste, c'est de la poudre de perlimpinpin (oui si je sauve un truc du programme de macron c'est bien cette charmante expression).
Si la montée en puissance d'une classe de cadres avait été bien balisée par la sociologie des années 65-85, je pense, par exemple, à La nouvelle classe ouvrière de Serge Mallet ou Les cadres. La formation d'un groupe social de Luc Boltanski, rien à ma connaissance ne vient étayer le fait que l'allongement de la durée des études ait conduit à une modification substantielle du corps social dans la période 1992-2017, sinon par un gonflement des précaires surdiplômés. Je ne vois pas très bien pourquoi un instit à bac + 6 serait naturellement plus européiste que son ainé à bac + 2..
Sans doute, Taddei a une certaine part de responsabilité dans le déclin de la pensée Todd (en plus de la paresse de l'age qui est un phénomène naturel). Il a en son temps tellement invité notre Emmanuel à venir faire son intéressant sur le plateau de ce soir ou jamais que ce dernier ne s'en est pas remis.
Il me parait un peu léger de vouloir conclure que «la structure du vote Mélenchon, réconcilie tous les groupes sociaux » sans aller fouiller plus en détail dans l'électorat mélenchonien , mais bon, c'est peut-être une géniale intuition, une piste prometteuse. Il faudra aller analyser les résultats du scrutin à l'échelle du bureau de vote..
Pour terminer sur une note d'espoir, j'espère que la sortie du tome 2 de L'Origine des systèmes familiaux, sur l'Afrique ne va pas tarder et va me réconcilier avec le Toddisme
En discutant, on se rend compte qu'il y a des électeurs qui ont voté Macron dès le premier tour pour s'assurer de la composition du second en ce sens qu'ils ont renoncé à un voter pour Mélenchon. Cela ne signifie pas qu'ils adhèrent ... mais juste qu'ils étaient déjà résignés et/ou influencés ? et qu'ils ne croyaient pas dans les chances du candidat Mélenchon pour être au deuxième tour. Quel pourcentage du vote Macron cela représente-t-il ? Je n'en ai pas la moindre idée... mais si vous aviez une estimation, je suis curieux de la connaître !
Ça lui donne cet aspect un peu brouillon.
Il parle donc de l’Euro. De la monnaie Euro. Il ne semble donc pas abusif de penser qu’il s’agit d’économie.
Pour reprendre une expression du très regretté Bernard Maris, l’économie n’est pas une science, c’est une façon de regarder le monde.
Dans cette façon de regarder le monde il y a ce que l’on regarde. D’après le titre je suppose qu’Emmanuel Todd regarde la monnaie, en l’occurrence l’Euro.
Et dans cette façon de regarder le monde, il y a des points de vue. Le point de vue c’est là d’où on regarde. Emmanuel Todd nous propose ici le point de vue des « agents économiques ». En effet, il nous parle d’âge médian, de niveau d’éducation, de retraités…Normal, c’est un démographe.
Le projet d’E. Todd est de corriger ou compléter la réponse à cette question : « j'avais essayé de comprendre le conservatisme pro-euro de la société française, malgré l'échec de cette monnaie qui nous a conduit à 10% de chômage structurel, à une marginalisation des jeunes et, déjà, à une montée de leur violence. »
Je ne suis pas tout à fait sûr que son complément nous permette d’avancer au sens où avancer, c’est trouver ce qui cloche pour y remédier.
Ce que l’on regarde c’est l’Euro donc la monnaie unique.
Pour regarder cette monnaie unique, on peut adopter le point de vue monétaire, la création et la circulation de la monnaie ou le point de vue réel, la production et la consommation de biens et services.
La théorie standard ou orthodoxe, celle à laquelle nous sommes soumis depuis des décennies nous intime l’ordre de séparer le regard monétaire du regard réel. C’est cette théorie standard qui nous a conduits dans le piège de l’Euro.
En effet quoi de plus séduisant, pour « échanger des marchandises et pas des obus » que de construire une Union commerciale d’abord, monétaire ensuite ? Ainsi, nous sommes passés en soixante ans du marché commun à la zone euro telle qu’elle se déchire aujourd’hui.
Je ne vais pas vous assommer avec les récits passionnants des économistes sur la monnaie.
Arbitrairement, mais pas trop, je crois, je retiens trois auteurs. En fait il y en a quatre mais je garde le dernier pour la fin.
- Jean-Baptiste SAY : « la monnaie n’est qu’un voile » Say est contemporain de Napoléon 1er et sa famille a fait fortune dans le sucre de betterave, mais rien à voir…C’est un des postulats indispensables à la théorie néo-classique de l’équilibre général.
- John Maynard Keynes, britannique jusqu’au bout de ses provocations, et qui a énoncé que l’on pouvait décider de détenir de la monnaie simplement pour se rassurer.
- Robert Mundell économiste canadien qui a affiné le concept de zone monétaire optimale, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles des régions économiques peuvent adopter une monnaie unique.Une reférence pas trop longue à lire.
Si donc la monnaie n’est qu’un voile, quoi de plus tentant, pour créer une union commerciale, que de s’affranchir des fluctuations de change en adoptant tous la même monnaie ?
D’autant plus que la monnaie, ce n’est pas n’importe quoi dans l’inconscient collectif. Une monnaie c’est un pays. Rappelez vous des Pascal, Richelieu et Victor Hugo qui figuraient sur nos billets en francs, alors que les allemands y faisaient figurer des monuments, des grues et des bateaux…Sans parler du dollar avec son in Go(l)d we trust et de la livre à l’effigie de HM the Queen.
Nous voilà donc dans l’euro, donc dans un inconscient collectif enfin unifié. Voire…
Parce que J.M. Keynes nous dit que la monnaie ce n’est pas qu’un voile. On consomme en échangeant de la monnaie contre des biens et des services. On épargne en déposant de la monnaie sur des comptes bancaires ou sous son matelas. La monnaie ce n’est pas qu’un truc commode pour additionner des carottes et des ordinateurs.
Et cette monnaie unique, qui unifie-t-elle ? L’Allemagne et la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, la France et la Slovaquie, l’Italie et la Finlande.
Tous pays qui en aucun cas, ne réunissent les conditions nécessaires pour une zone monétaire.
Tous pays dans lesquels la consommation et l’épargne vont être conditionnées par la création et la circulation de l’Euro.
Et tous ces pays qui constituent la zone euro sont tout sauf une zone monétaire optimale. Il est donc inévitable que les ajustements s’opèrent sur autre chose que la monnaie.
Autre chose que la monnaie, c’est les salaires, les pensions, la dépense publique.
Il est donc aussi inévitable que les états doivent se plier aux contraintes de la monnaie, indépendamment des conditions économiques locales. D’où la rigueur budgétaire, alignée sur celle des pays les plus favorisés.
Mais pourquoi un tel aveuglement de la part de nos généreux dirigeants ?
C’est là que je rejoins un peu E.Todd. Il y a le rôle des « intelligentsia » qui ont établi le discours dominant dans un contexte de triomphe du libéralisme contre l’économie dirigée.
C’est là que je sors du chapeau mon quatrième auteur, K. Marx qui a si pertinemment analysé l’influence de l‘infrastructure (en gros les conditions de production et d’échange des biens et services) sur la superstructure (en gros les conditions de production et d’échange des idées)
Et pour résumer ma vision de l’euro : La monnaie n’est qu’un voile. Un voile qui pour le capitalisme financier a plutôt des airs de burqa.
Sur la question de l'euro, il y a eu beaucoup d articles et d emissions pour evoquer la sortie de l euro, le pb de l'euro etc. sur lequel je ne reviendrai pas.
Mais pour moi, la trentaine, l europe, meme si c est lojn d etre rose, la construction européenne c est ce qui fait qu on a arreté de faire pousser des cimetières militaires ces dernières décennies
et tres clairement, la sortie de l euro remettrait en question le projet européen ...
j ai meme des amis qui n ont pas voté Meluche parce que les aspirations de la russie les inquietent
Ça veut dire que même si TOUT n'est pas bloqué effectivement, une forte convergence économique se produit implicitement entre TOUS les états de la zone Euro.
France, Grèce, Espagne, Allemagne, Italie, tous dans le même sac ! Aucune dévaluation possible par exemple. Même pas un petit ajustement de rien du tout.
L'Euro n'est pas responsable de tous les maux, mais il est l'un des facteurs explicatifs du bourbier économique Européen.
Mais rassurez vous, aucun rouge ne vous en fera sortir, cela se fera tout seul par la montée de l'extrême droite et les effondrements qui iront avec.
les "éduqués supérieurs" se sont prolétarisés. ils sont jeunes, ils font partie de cette classe des "moins de 30 ans" (de 35, de 40 ans bientôt...) paupérisée, et dont le diplôme n'est plus un capital, ne vaut plus rente de situation, ne leur laisse que la sueur de leur front pour (sur)vivre. Pour une large part d'entre eux, même après la ronde infernale des stages non rémunérés, il ne reste que des emplois "aidés"* payés au lance pierre et pour lesquels leurs qualifications valent moins que leur débrouillardise et leur flexibilité. Les conditions de travail (salaire, précarité, autonomie dans le travail) d'un titulaire de master sont de plus en plus proches de celle d'un ouvrier qualifié, voire d'un OS... À part pour les plus citadins (encore beaucoup quittent-ils les villes) et les plus privilégiés, ils ne sont pas tellement macronisés : 30% des 18-24 ont voté mélenchon, les 25-34 se répartissent entre macron, lapen, mélenchon, avec 2 point de plus seulement pour le premier.
Dans le même temps d'ailleurs les prolétaires se sont "supérieur-éduqués". chez les ouvriers et les employés, surtout chez les jeunes, on trouve de plus en plus de bac+2 et plus, soit par la formation initiale soit par la formation continue, et surtout, l'accès aux connaissances s'est ouvert largement aux non diplômés, aux autodidactes, grâce à internet en particulier.
*
> Quelle serait la hausse réelle du cout des importations (pétrole, marchandises, etc.) rapportée à l'augmentation des exportations?
> Comment contrer les attaques des marchés des changes sur le Franc ?
> Comment bloquer le fuite des capitaux alors que les marchés connaissent toutes les combines pour passer au travers des contrôles ?
La sortie de l'Euro présentée comme un remède par Todd, Sapir ( conseiller du FN sur ce point) ou Lordon n'est t-elle pas une incantation dont l'efficacité reste à prouver ?
Dans tous les cas les conseilleurs ne seraient pas les payeurs si l'affaire tournait mal.
Il reste les législative ou avec 12% du nombre d'électeurs on peut se maintenir au second tour ... En route pour barrer la route aux mâles blanc qui n'ont jamais peiné, aux oligarque, aux medias, aux éduqués de droite.... Pour l'écologie, les jeunes et les femmes.
je dirais même plus l'euro est une monnaie raciste et négationniste, l'euro est coupable de tous les mots que prononce Todd
Ah vivement le retour à la sesterce et à la livre tournoi en Bourgogne, du Teston en Lorraine, car le Franc est une monnaie qui re-ethnicise la France, et donc une monnaie multi-xénophobe
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Je suppose que leur intelligence fulgurante leur permet en dix minutes de se forger une idée ferme et irréfutable sur les
précisions apportées par E. Todd (qui n'est pas ma tasse de thé).
Je suppose également que l'échéance électorale qui nous pend au nez n'est pas étrangère à cette précipitation.
Evidemment," il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis" ( disent les idiots )
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Pas sérieux, je veux bien. Irréaliste, ça se discute.
On revoit tout ça dans cinq ou dix ans ?
"...prévoir la chute des Etats-Unis ou dénoncer l'euro n'est pas sérieux."
Tout de suite, on voit le niveau de l'argument... ????????????
Il n'y a que les aveugles volontaires pour ne pas voir l'échec patent de l'euro. Quant aux problèmes croissants des USA, on est bien obligé de constater leur réalité quand on suit d'un peu près la presse étatsunienne. Trump est certes en lui-même un problème, mais il est surtout le SYMPTÔME D'UN PROBLÈME BIEN PLUS VASTE.
Naturellement, vous êtes libre de continuer à dormir sur l'oreiller de vos rassurantes "certitudes". Comme l'écrivait déjà George Orwell (non sans une cruelle ironie, "l'ignorance c'est le savoir". Bravo, vous êtes vraiment très "savant" !
Sans déc, c'est pas parce que Macron a choisi Mediapart pour s'exprimer vendredi soir qu'@si pour se venger doit tomber dans la caricature d'euroscepticisme qu'on peut lire ici.