Préférence nationale : la gauche aussi, dans les années 30 ?
La gauche des années 30 a-t-elle eu un faible pour la préférence nationale ? Le FN l'assure, allant jusqu'à citer Roger Salengro, député SFIO au début des années 30 (avant de devenir, plus tard, ministre du Front Populaire), et Léon Blum, président du conseil du Front Populaire. Notre invité, Fabien Engelmann, jeune syndicaliste CGT et candidat aux cantonales sous la bannière du FN, l'a répété sur notre plateau. "Blum aurait été pour la préférence nationale" a-t-il lancé. Marine le Pen, en 2009, citait déjà une prétendue "loi Salengro", instaurant la préférence nationale.
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Derniers commentaires
1 - Au regard des nos recherches, le FN a a opéré une sorte de "montage" historique, entre, d'une part, une proposition de loi du député SFIO, déposée en août 1931, qui n'a pas même été discutée, et une autre loi, sur proposition de députés de droite, adoptée en décembre 1931, promulguée en 1932, sur laquelle Salengro s'est abstenu.
Donc il y a bien eu une proposition de loi de Salengro déposée en aout 1931 concernant la préférence Nationale ? Pourquoi ne pas en avoir produit la source (ou une citation) dans cet article ?
2 - La proposition Salengro
Six mois avant la discussion de la loi à la chambre des députés, le député SFIO avait déposé une proposition de loi, en août 1931. Cette proposition concernait également la "protection de la main d'oeuvre nationale", mais elle incluait un élément bien précis : une protection également accordée aux travailleurs étrangers en France.
(…)
"impose aux chefs d'entreprise "de payer aux ouvriers étrangers qu'il emploie, un salaire normal égal pour chaque profession, et dans chaque profession pour chaque catégorie d'ouvriers au taux couramment appliqué dans la ville ou la région où le travail est éxécuté", note SOS racisme. Un article 9 prévoit même "les travailleurs étrangers admis à travailler en France percevront les secours de chômage dans les même conditions que les travailleurs français."
Cette loi n'incluait pas « une protection également accordée aux travailleurs étrangers en France »
mais une obligation d'employer les travailleurs étrangers au même cout que les travailleurs Français afin d'éviter le dumping salarial. Cette mesure était donc avant tout une mesure de protection du travailleur Français.
3 - La loi est adoptée le 21 décembre 1931, par 452 voix contre 0. Selon Singer-Kerel, communistes et socialistes "se réfugient dans l'abstention" au moment du vote, ce que confirme les annales de la chambre des députés. Salengro est compté parmi les députés "n'ayant pas pris part au vote". On peut toutefois noter qu'il ne vote pas non plus contre la loi. Personne, d'ailleurs, ne vote contre la loi, ni la SFIO ni le Parti communiste.
Pour ne pas se mettre les électeurs à dos peut-être....
Selon elle, si les socialistes ne votent pas pour la loi, ce serait donc parce qu'ils avaient proposé une loi plus restrictive encore sur la "préférence nationale". Pourtant, la lecture des débats semble au contraire expliquer l'abstention de Salengro par le refus de l'assemblée de voter pour l'amendement sur le salaire égal.
Une loi incluant un amendement sur le salaire égal est bel et bien une loi « plus restrictive encore sur la préférence nationale » (comme je l'explique dans le 2eme point). C'est votre grille de lecture idéologique qui vous pousse à croire qu'un tel amendement s'oppose à la préférence Nationale.
4 - C'est un élément à "remettre en contexte", insiste l'historien Serge Berstein, spécialiste de la Troisième république, interviewé par @si, et "il faut faire attention aux anachronismes". Le contexte, à cette époque, c'est une "immigration souhaitée par les patrons : on allait chercher par cars entiers des immigrés de Pologne et d'Italie. C'était un moyen pour le patronat d'exploiter de la main d'oeuvre à bas prix et donc de faire baisser les salaires des ouvriers", explique l'historien. Face à cela, les syndicats souhaitaient donc limiter le nombre d'immigrés venant travailler en France. "Cette position a été très largement partagée par la gauche, à mesure que le chômage augmentait'. Et ce d'autant plus que la crise de 29 se fait durement ressentir.
Je ne vois pas d'anachronisme dans la démarche du FN: la situation est rigoureusement identique aujourd'hui (crise géante + immigration voulue par les patrons à des fins de dumping).
Quoi que si, il y en a une: aujourd'hui, les patrons ne vont plus « chercher par cars entiers des immigrés »: ils leurs suffit de faire du lobbying pour que les gouvernements abattent leurs frontières afin que les travailleurs étrangers (ou ceux qui viendront augmenter la pression salariale sur les nationaux qui travaillent en grossissant les chiffres du chômage) arrivent en masse.
Le résultat est le même ! Il permet même d'économiser le prix du car... ou du bateau. (appréciable en ces temps de pétrole cher !)
5 – Selon M Salengro "Des travailleurs sont venus, sur la promesse qui leur a été faite de travail et de salaire (...). Notre pays ne peut manquer aux engagements qu'il a ainsi assumés" .
Donc nous ne devons rien à ceux qui sont venu tous seul, sans qu'on ne leurs ai rien promis si je comprend bien ?
6 - Serge Berstein. "Dire qu'on ne peut pas accueillir plus d'immigrés pendant une période limitée, ce n'est pas la même chose que de vouloir les expulser. La différence, aussi, avec le Front national, c'est le respect des droits de l'Homme".
On peut donc « ne peut pas accueillir plus d'immigrés pendant une période limitée » et rester dans « l'arc républicain » ? Dont acte M Berstein,
7 - La loi de 1932 ne convenait qu'à une France "frileuse", tremblant devant la "menace étrangère", explique la chercheuse . (Singer-Kerel)
La « France frileuse » n'est elle pas celle qui n'a plus les moyens de se chauffer ? La France qui raille la France frileuse n'est elle pas celle des bourgeois au ventre trop plein ? Quel bel exemple de mépris de classe que cette phrase...
8 – Et, le meilleur pour la fin ( à propos de la proposition de loi Salengro de 1931): Nous n'avons pas pu nous procurer la proposition en question, mais SOS Racisme l'a étudiée.
Ceci répond effectivement à la question que je pose dans mon premier paragraphe !
Si vous ne produisez pas le texte de cet amendement c'est parce que VOUS NE L'AVEZ PAS !
Du coup, vous préférez donner la paroles à UNE UNIQUE SOURCE, PARTIALE SUR LE SUJET (car sans racisme plus de sos racisme), ET QUI EST BIEN NOTOIREMENT UN SATELLITE DU PS.
Quel sérieux ! Investigation quand tu nous tiens.... :D
CONCLUSION:
Cet article tendancieux ne repose que sur:
-une position idéologique de votre part qui voudrait qu'une loi sur l'immigration incluant un amendement sur l'égalité des salaires nationaux/immigrés ne serait pas une loi de préférence Nationale, ce qui est faux comme je le démontre en petit 2.
-la prétention que Salengro n'aurait pas voté la loi Laval (cad celle sans cet amendement) pour cause d' « anti racisme » ou d'égalitarisme alors qu'il la surement fait pour éviter le dumping salarial (et ainsi garder ces électeurs...)
-Et sur la comparaison de deux textes de loi dont votre unique source concernant celui de Salengro est une association PARTIALLE parce que le racisme est sont gagne pain et parce qu'elle est une filiale du PS (ce qui n'est précisé nul part dans l'article...).
Bref, article de propagande fallacieux...
Du grand ASI !!
J'aurais bien vu aussi une affiche indiquant qu'Adam Smith aurait voté FHaine.
La question des effets de l'immigration sur les salaires et l'emploi en France, est-elle une question factuelle, ou bien une question dont la réponse peut dépendre de la sensibilité politique de celui qui la donne ? C'est évidemment une question factuelle.
Sur l'effet de l'immigration, sur les revenus des salariés et patrons locaux, un rapport du Conseil d'Analyse Economique de 2009 affirme qu'elle provoque une baisse des salaires et une augmentation des profits. J'imagine que l'immigration provoque aussi une baisse des prix.
Exactement comme pour la concurrence des entreprises locales avec celles des pays émergents, et pour une politique commerciale libre-échangiste, il y a des gagnants et des perdants d'une politique migratoire libre-circulationniste. Les gagnants sont les travailleurs immigrés qui améliorent leur condition, les patrons qui les embauchent pour pas cher, les consommateurs non exposés à la concurrence des immigrés qui profitent du prix réduit de ce que produisent ces immigrés. Et les perdants sont les travailleurs locaux exposés à le concurrence des immigrés, qui voient leur salaire baisser, ou qui se retrouvent au chômage s'ils n'acceptent pas un trop bas salaire.
Et si cette immigration a des effets négatifs sur les salaires et emplois de certains travailleurs locaux, tout en ayant des effets positifs sur les revenus de certains patrons et sur le pouvoir d'achat de tous les consommateurs, peut-elle encore se justifier pour des raisons altruistes ? A mes yeux si la France fait une action altruiste, ce n'est pas en ne faisant payer que les travailleurs exposés à la concurrence des immigrés, qu'elle devrait la faire. Tout le monde en France devrait payer pour cette action altruiste, dans la mesure de ses moyens, et les patrons et consommateurs non exposés à la concurrence des immigrés, qui sont souvent les français les plus riches, ne devraient pas, non seulement ne rien payer, mais même en profiter. Un "altruisme" de ce genre c'est en réalité de l'hypocrisie je trouve.
Le CAE propose alors de mettre en place des mécanismes compensatoires, transférant une partie du gain des patrons et consommateurs non exposés, pour compenser la perte des travailleurs locaux exposés. Exactement de la même manière, Sterdinyak et l'OFCE proposaient dans un rapport de 1999, des mécanismes compensatoires pour dédommager les travailleurs locaux victimes des délocalisations et pressions à la baisse sur les salaires, dues à la concurrence des entreprises des pays émergents, et au libre-échange. Ces mécanismes compensatoires sont-ils possibles ? J'en doute car cela voudrait dire qu'on donne à des chômeurs un revenu de gens qui ont un emploi et qu'on donne à des salariés appauvris une augmentation de salaire, ça fait beaucoup d'argent.
De même encore que le rapport de l'OFCE minimisait les effets du libre-échange sur l'emploi et les salaires en France, je ne serais pas étonné que le rapport du CAE minimise les effets sur l'emploi et les salaires de l'immigration. Car les économistes ne sont pas toujours honnêtes, ils cherchent parfois plus à justifier des politiques qu'à répondre aux questions que se posent les gens avec l'impartialité d'un juge. Il y a mille manières de mentir aux gens tout en leur disant des vérités rigoureuses. Au moment où on "reformule" la question que les gens se posent en termes "plus techniques". Ou bien au moment où on choisit le "modèle" dans le cadre duquel "on raisonne".
Rendons à César ce qui est à lui !
Le FN profite trop souvent des lacunes historiques d'une partie de la population.
Y'en a qui n'ont vraiment honte de rien...
Cette propagande du FN, qui tente de récupérer les figures historiques de la gauche française (selon la même stratégie - remarquons le au passage - que Nicolas Sarkozy évoquant Jaurès ou Mendès France) s'appuie sur une confusion des esprits. Et cette confusion de l'époque est profonde. Elle confond ainsi le protectionnisme économique avec l'égoïsme, ou plutôt le protectionnisme avec le racisme. Ressentir un attachement local qui nous ferait préférer une consommation de produits français ou européens serait ainsi une pente fatale ou un comportement "crypto-raciste" menant inéluctablement à la Shoah (je caricature à peine). Etablir une préférence pour les travailleurs locaux pose plus de questions mais ça n'est que parce que les gens dits de "gauche" ont totalement renoncé à faire appliquer un droit du travail exigeant. La compétitivité des travailleurs immigrés ou aujourd'hui "sans papiers" (belle promotion) repose massivement sur une dégradation catastrophique du droit du travail. La droite ne terrorise les sans papiers que pour flatter son électorat, la gauche les défend pour flatter le sien, mais l'action politique sur la réglementation et la sanction des entreprises qui emploient volontairement des travailleurs pauvres, fragiles socialement et dépourvus de la protection juridique d'un français "avec papier", qui s'en charge ?? Personne. Massive hypocrisie politique.
Et la protection des travailleurs sur le sol européen ou français, c'est une forme complexe de protectionnisme.
De la même façon que les flux migratoires sont une forme particulière du libéralisme économique et paradoxale des délocalisations.
Prenons deux illustrations :
- Imaginons tout d'abord une entreprise produisant des machines : elle délocalise en Chine car le coût de la main d'oeuvre est divisé par 10 (chiffre au hasard). Les coûts liés au transport étant peu importants, l'entreprise augmente sensiblement ses bénéfices. L'usine européenne ferme.
- Imaginons maintenant une entreprise qui ne produit pas des machines mais des services (restauration, ménage, etc) : la délocalisation est impossible car la production n'est pas ici un bien que l'on peut transporter mais un service rendu directement auprès du client (notez que pour le secrétariat ou le télémarketing, les nouveaux esclaves sont, dès que c'est possible, à l'autre bout du monde....). Alors comment faire pour diminuer les coûts de production ? La solution est simple : faire venir des travailleurs pauvres et précaires en s'affranchissant des charges sociales et du droit du travail.
Mais en réglementant précisément le droit du travail et en se donnant les moyens de le faire appliquer, l'action politique pourrait pourtant imposer aux entreprises des normes protégeant les individus. Et c'est précisément sur cette confusion qu'espèrent jouer le FN et Sarkozy.
La gauche n'a jamais autant galvaudé ses idéaux qu'aujourd'hui. En étant incapable de discuter les questions économiques difficiles qui se posent à nous, en défendant un libéralisme crétin et la candidature invraisemblable d'un homme de droite comme Strauss Kahn, la gauche a trahi.
Et elle se trouve logiquement en difficulté pour se défendre face à cette ridicule affiche du FN.
En remontant alors, dans les années 1700 et 30 ?
Un vrai roman-feuilleton.
Sinon, beau travail de MLaure Daussy. Mais je vous avoue frôler l'indigestion efainesque.
Alors que de nos jours, et depuis 40 ans, ce n'est plus du tout le cas ! Noooon !
La "Loi Salengro" (moi, ça me fait plutôt penser à Groland !) n'a jamais existé.
Mais si un homme de gauche proposait aujourd'hui le 1/4 de ce qui semble avoir été proposé à l'époque, il se ferait traiter de lepéniste, de fasciste, voire de nazi !
Merci !