Se marchandiser, que ce soit subi (GAFA) ou voulu (G. Koening), c'est accepter de passer d'un monde où chacun est égal en dignité à un monde intrinsèquement inégalitaire. Si on est quantifiable, alors on peut etre augmenté. Et ça tombe bien, l'homme (...)

On serait donc propriétaire ce ses traces de pas, de l'odeur qu'on laisse et des débris de son organisme qu'on sème à tout vent?

Ne pas oublier que tout ça ne trient qu'à un fil: celui du courant électrique qui l'alimente...

Débranche...! Débranche ...(...)

Dans ce billet je précisais pourquoi l'idée de taxer ou marchandiser les données personnelles utilisées par les GAFAM était une fausse bonne idée.  Le rapport Collin-Colin de 2013 est une usine à gaz innapplicable quand on sait que les GAFAM ne s'acquittent que d'une très faible partie des impots et taxes qu'ils doivent aux Etats, en toute impunité.

 1) Comment imaginer un seul instant qu'ils accepteront de partager leur valeur ajoutée avec les utilisateurs alors qu' ils se contrefoutent de leurs obligations fiscales  ? 

2)  Marchandiser des données personnelles est un glissement vers la marchandisation de toutes les productions humaines. 

 Il y a autant de chances de voir les GAFAM accepter de rémunérer les données personnelles et payer leurs taxes que de voir un chameau passer dans le chas d'une aiguille ;-)

Pour situer Gaspard Koenig qui plaçait quelques espoirs dans Macron, interview sur Libé où il parle de sa déception envers le programme Philippe-Lemaire : "Macron avait tout bon sur les grands principes : la liberté et l’autonomie de l’individu, l’expérimentation par le bas, l’inclusion plutôt que la charité publique… Tout cela est très bon dans l’esprit, à l’image de sa campagne. En revanche, quand on écoute le discours d’Edouard Philippe ou les premières interventions de Bruno Le Maire, on retombe dans les petites réformes classiques, incroyablement jacobines."

C'est la ligne libérale politique et économique pur jus, l'émancipation personnelle associée à un capital financier, les rapports humains comme commerce, et donc logiquement la quantification de l'identité selon les critères du marché (les données des mauvais consommateurs, dont les pauvres, ne vaudront pas grand chose, juste la valeur associée au ciblage pour ne pas trop dépenser à essayer de leur vendre ceci ou cela).

Pour un contre-point, de l'utopie (anarcho)libertaire : Une nouvelle déclaration d'indépendance du cyberespace, en l'honneur de John Perry Barlow décédé récemment (parolier des Grateful Dead, membre fondateur de l'Electronic Frontier Foundation). Sa déclaration en 1996, commençait par : "Gouvernements du monde industriel, vous géants fatigués de chair et d’acier, je viens du Cyberespace, le nouveau domicile de l’esprit".

Mais le domaine de l'esprit peut-il plus que celui des corps échapper au règne du capital ? Il n'y a rien d'évident à ce que l'immatériel ait un quelconque privilège, il est sans doute même plus facile de faire du capitalisme à partir de la "propriété intellectuelle" : la dématérialisation de la valeur convient très bien aux financiers qui ont l'habitude d'un monde de symboles (titres, chiffres, comptes etc.), de promesses (crédit, spéculation etc.), de manipulation d'opinion, d'un jeu de désirs abstraits. En 20 ans, on a vu l'hyper-capitalisation du web, contrôle par les GAFA et usagers cherchant à monétiser un peu tout, serait-ce la mise en scène de leur vie, de celle de leur chat, de leurs enfants. En musique : Carmen par Stromae, "L’amour est enfant de la consommation / Il voudra toujours toujours toujours plus de choix".

Rien de nouveau sous le soleil. C'est bien pour ça que je n'ai pas de compte facebook snapchat ou autre twiter. C'est bien pour ça que mon compte gmail est verrouillé et que je n'y met que le minimum d'info (dont pas mal d'information fausse ;P ). C'est bien pour ça jutilise des plug in sur mon navigateur pour bloquer les trackers. 

Je suis impressionné depuis le temps de voir le nombre de personne ignorante face a la "gratuité" d'internet. Pourtant ça tient en une phrase. Si c'est gratuits c'est que le produit c'est TOI.

A mon avis, il reste pourtant un énorme manque d'info sur les trackers des site internet. Facebook étant je pense le champion a ce niveau-là. Même si vous n'avez pas de compte chez eux. Même si vous n'êtes pas connecté, a travers ces trackers, ils en savent tout de même beaucoup sur vous.

"La question du contrôle de leurs données par les utilisateurs ne concernerait que les "gros" groupes "voleurs", selon le terme utilisé par Barthès un peu plus tard"

"Voleurs"?

Z'ont pas lus les "conditions de licence utilisateur final" (cluf) et autres "conditions d'utilisation des données" les "clients" de ces groupes? (pour facebook, cf là, là et encore là...)

A ton avis, Barthès, pourquoi que Google drive c'est "gratos"? Pourquoi que facebook c'est "gratos"? Sachant que la consommation électrique des ordinateurs chargé de la gestion de ces trucs doit baffrer la production de plusieurs centrales nucléaires. Sans compter les ingénieurs qui conçoivent le code, les technicien de maintenance et le salaire du pdg "qui avoisine grosso modo le PIB du Burkina Faso. Avec quoi on le paie ? Où est-ce qu'on le trouve le pognon ? Avec nos actionnaires, nos investisseurs, comment on fait ? Comment on fait ?! COMMENT ON FAIT ?!" (99francs, version film).

Ça vaut bien la peine d'avoir fait une émission sur le Bitcoin pour continuer à confondre monétisation et monnayage...

Se marchandiser, que ce soit subi (GAFA) ou voulu (G. Koening), c'est accepter de passer d'un monde où chacun est égal en dignité à un monde intrinsèquement inégalitaire. Si on est quantifiable, alors on peut etre augmenté. Et ça tombe bien, l'homme augmenté, c'est justement l'utopie libertarienne et antihumaniste des transhumanistes de la Silicon Valley. Une politique de caste 2.0 avec un vernis de science-fiction pour appâter le gogo, bien joué! 

Donc G. Koenig (d'ailleurs libertarien revendiqué lui même ), sous prétexte de défier les GAFA, leur sert la soupe sur un plateau, et instrumentalise notre "consentement". Visiblement, c'etait trop dur pour Quotidien de relever cette ambiguité. Faut dire que G. Koenig est jeune, beau, cool, sympa: un anesthésiant parfait  pour cette émission! 

Tout ça donc (je l'apprends grâce à vous, merci!) avec l'appui du député macroniste Bonnell, qui aime l'optimisation fiscale (alors que son patron fait mine de la réprouver  à Davos... quelle tartufferie!)

Tout va bien, vraiment.

On serait donc propriétaire ce ses traces de pas, de l'odeur qu'on laisse et des débris de son organisme qu'on sème à tout vent?

Ne pas oublier que tout ça ne trient qu'à un fil: celui du courant électrique qui l'alimente...

Débranche...! Débranche ...tout! :-)

remarque annexe ( suite à citation dans l'article ) :   Bruno Bonell est un député LREM  et non les Républicains dont le savoir faire en terme de monétisation informatique est intéressant (cf. Cet article )

Barthès, le petit télégraphiste de macron?