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Que veulent les mineurs boliviens qui ont lynché un ministre ?
Un vice-ministre de l'Intérieur lynché à mort par des mineurs en grève ? Ça se passe en Bolivie. Mais lorsque en France, certains médias évoquent le sujet et le conflit social qui a conduit à ce pic de violence, ils foncent droit dans le contre-sens. La faute à une dépêche de l'AFP qui fait fausse route.
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Derniers commentaires
Merci beaucoup pour cet article qui permet de mieux comprendre et de clarifier les positions. J'ai bien fait de m'abonner!
Cela m'intéresserait de remettre en contexte toutes ces informations qui nous viennent du Venezuela (l'opposition à Maduro), du Brésil (destitution de Dilma) et de Bolivie: sommes nous face à un nouveau plan Condor?
http://www.investigaction.net/le-journal-de-notre-amerique-le-nouveau-plan-condor/
Avec tous mes remerciements
Cela m'intéresserait de remettre en contexte toutes ces informations qui nous viennent du Venezuela (l'opposition à Maduro), du Brésil (destitution de Dilma) et de Bolivie: sommes nous face à un nouveau plan Condor?
http://www.investigaction.net/le-journal-de-notre-amerique-le-nouveau-plan-condor/
Avec tous mes remerciements
Les propriétaires ne lâchent pas comme ça leur gains, devenir un profiteurs paressa voir été spolié est normale, croire qu'on ne fait pas aux autres ce quo a reçu et reconnaitre l'humain, on redonne ce qu'on a reçu , sauf si on réfléchit, qu'on du recul et de l'expérience ... nos zelites se disent de gauche, pourtant ça fait 30 ans qu'ils accompagnent le libéralisme et méprisent les gens de gauche . Les universitaires et media ont des appartement bien eux, ils croient que nous aussi , ils ont une maison de campagne , surement nous aussi , en gros ils vivent dans l'opulence et veulent croire que nous aussi ... pour ne rien partager . Je suis sure que les mineurs Boliviens se sentent volés alors qu'eux oppriment les travailleurs .
Merci pour ces précisions, là pour le coup j'en ai pour mon argent... ça calme...
Pour faire le lien avec l'édito d'hier qui niait aux médias leur responsabilité de faiseurs d'opinion/elections/climat/airdutemps... pour un petit rôle d'amplificateur, on peut se demander si tous les médias professionnels qui ont repris tel quel cette info erronée ont amplifié un climat ou bien créé une opinion erronée qui sert la cause des choix idéologiques du Monde et du Point par exemple. #justsaying
(On constate qu'il suffit d'une seule "fausse route" au bon endroit, c'est à dire à la source quasi unique sur certains sujets pour donner une couleur à un évènement, comme il suffit d'appuyer du doigt certains "precincts" d'un état "swinger" pour faire élire le POTUS... mais c'est du complotisme, et donc je vais aller me faire soigner...)
Pour faire le lien avec l'édito d'hier qui niait aux médias leur responsabilité de faiseurs d'opinion/elections/climat/airdutemps... pour un petit rôle d'amplificateur, on peut se demander si tous les médias professionnels qui ont repris tel quel cette info erronée ont amplifié un climat ou bien créé une opinion erronée qui sert la cause des choix idéologiques du Monde et du Point par exemple. #justsaying
(On constate qu'il suffit d'une seule "fausse route" au bon endroit, c'est à dire à la source quasi unique sur certains sujets pour donner une couleur à un évènement, comme il suffit d'appuyer du doigt certains "precincts" d'un état "swinger" pour faire élire le POTUS... mais c'est du complotisme, et donc je vais aller me faire soigner...)
Bonjour
De quoi se plaint ce ministre, il a encore sa chemise entière sur le dos.
Chez nous sa mort, sans déchirure de chemise, n'a aucun intérêt pour nos médias et nos oligarques.
De quoi se plaint ce ministre, il a encore sa chemise entière sur le dos.
Chez nous sa mort, sans déchirure de chemise, n'a aucun intérêt pour nos médias et nos oligarques.
Merci pour ce très bon article qui clarifie bien une situation rendue d'autant plus confuse par l'incompétence ou la mauvaise foi de vos "confrères".
"plusieurs enquêtes ont montré que les mines sont exploitées avec des milliers de travailleurs soumis à des conditions de travail très pénibles, surtout quand ils sont employés par les multiples sous-traitants des coopératives minières."
Ces conditions sont, comment dire, ancestrales... Et désolant de voir que les patrons des "coopératives" ont pris le relais des Espagnols.
POTOSI
Potosi, un monstre qui a saigné les Andes pendant trois siècles. Une gueule béante qui avalait des hommes et vomissait des cadavres. Une machine à broyer les corps et les âmes. Tant, et si vite qu’il fallut bientôt envoyer la troupe chercher des esclaves de plus en plus loin. Jusqu’au-delà de Cuzco. En trois siècles, Potosi recracha trois millions de cadavres. Ils arrivaient, hébétés, épuisés. On les avait arrachés à leur terre, à leurs champs, à leurs villages. A coup de fouets, encadrés par des soldats en armes, on leur avait fait passer des journées entières à marcher et marcher encore, les femmes et les enfants suivaient comme ils le pouvaient. Au bout de la longue route, il y avait cette ville de maisons splendides, d’églises où l’or n’était que massif. Les seigneurs des mines donnaient des fêtes plus somptueuses que celles des rois d’Europe. Mais les Indiens, eux, on les jetait dans des baraques sordides et glacées, les hommes descendaient sous terre. Il régnait là une chaleur suffocante. Au pic, ils arrachaient du rocher la pierre mélangée d’argent qu’ils ramenaient sur leur dos afin qu’on l’emmène. Leurs mains saignaient, et leur cœur aussi. Ils étaient fils du soleil, fils de la terre, on les transformait en vers. Ironie, leurs tortionnaires leur octroyaient quelques pièces de monnaie pour leurs services. Pièces qu’ils échangeaient contre des feuilles de coca. La coca que l’on mâche afin de retrouver des forces quand on est trop épuisé pour porter sa pioche. La coca qui donne à celui qui va mourir l’illusion qu’il vivra encore. La coca qui enrichit les curés parce qu’ils touchent un pourcentage sur les paniers que les Blancs enfournent dans la mine. Avec la coca, mon cher Père, les Indiens meurent peut-être un peu plus vite, mais ils travaillent tellement mieux. Amen. Quand leur homme s’est éteint de désespoir, écrasé par la pierre qui s’effondre, brisé par la chute du haut d’une échelle, lacéré par les fouets, les poumons silicosés ou tout simplement de misère, les femmes rassemblent leurs enfants, à pied, elles reprennent le chemin de leur village. A Potosi, les élégantes en robe de Paris dansent sur leurs parquets précieux. Pour leur adresser la parole, les domestiques indiens se mettent à genoux.
(…)
A Potosi, nul ne peut aller pieds nus, nul ne peut vivre sans maison, il y fait si froid que le vagabond y meurt, crucifié par le gel sous le ciel le plus pur, le plus étoilé du monde. Et pourtant, je ne sens pas le froid en arpentant le Boulevard au milieu de ces gens qui me bousculent. Je perçois une ambiance unique, une sorte de tension dans les âmes comme un chant qui monte : on est ceux de Potosi ! On a résisté aux Espagnols ! Ils nous ont torturés, déportés, massacrés, mais on est ceux de Potosi. Nous mourons aujourd’hui de silicose, les poumons rongés par la poussière des mines. Nos femmes arrivent à peine à alimenter leurs enfants, on est ceux de Potosi. Les galeries des mines s’effondrent, on nous paie une misère, on expulse nos veuves des logements que la mine nous fournit, mais on est ceux de Potosi. On mâche la coca comme nos aïeux, on boit de l’alcool qui nous ronge, pour tenir, pour oublier. Mais on est ceux de Potosi. Les soldats nous tirent dessus quand on fait la grève, ils torturent nos meneurs, ils ont dressé les paysans contre nous ; quand nous nous battons, nous sommes seuls, tant pis, on est ceux de Potosi.
Anne-France DAUTHEVILLE
Ces conditions sont, comment dire, ancestrales... Et désolant de voir que les patrons des "coopératives" ont pris le relais des Espagnols.
POTOSI
Potosi, un monstre qui a saigné les Andes pendant trois siècles. Une gueule béante qui avalait des hommes et vomissait des cadavres. Une machine à broyer les corps et les âmes. Tant, et si vite qu’il fallut bientôt envoyer la troupe chercher des esclaves de plus en plus loin. Jusqu’au-delà de Cuzco. En trois siècles, Potosi recracha trois millions de cadavres. Ils arrivaient, hébétés, épuisés. On les avait arrachés à leur terre, à leurs champs, à leurs villages. A coup de fouets, encadrés par des soldats en armes, on leur avait fait passer des journées entières à marcher et marcher encore, les femmes et les enfants suivaient comme ils le pouvaient. Au bout de la longue route, il y avait cette ville de maisons splendides, d’églises où l’or n’était que massif. Les seigneurs des mines donnaient des fêtes plus somptueuses que celles des rois d’Europe. Mais les Indiens, eux, on les jetait dans des baraques sordides et glacées, les hommes descendaient sous terre. Il régnait là une chaleur suffocante. Au pic, ils arrachaient du rocher la pierre mélangée d’argent qu’ils ramenaient sur leur dos afin qu’on l’emmène. Leurs mains saignaient, et leur cœur aussi. Ils étaient fils du soleil, fils de la terre, on les transformait en vers. Ironie, leurs tortionnaires leur octroyaient quelques pièces de monnaie pour leurs services. Pièces qu’ils échangeaient contre des feuilles de coca. La coca que l’on mâche afin de retrouver des forces quand on est trop épuisé pour porter sa pioche. La coca qui donne à celui qui va mourir l’illusion qu’il vivra encore. La coca qui enrichit les curés parce qu’ils touchent un pourcentage sur les paniers que les Blancs enfournent dans la mine. Avec la coca, mon cher Père, les Indiens meurent peut-être un peu plus vite, mais ils travaillent tellement mieux. Amen. Quand leur homme s’est éteint de désespoir, écrasé par la pierre qui s’effondre, brisé par la chute du haut d’une échelle, lacéré par les fouets, les poumons silicosés ou tout simplement de misère, les femmes rassemblent leurs enfants, à pied, elles reprennent le chemin de leur village. A Potosi, les élégantes en robe de Paris dansent sur leurs parquets précieux. Pour leur adresser la parole, les domestiques indiens se mettent à genoux.
(…)
A Potosi, nul ne peut aller pieds nus, nul ne peut vivre sans maison, il y fait si froid que le vagabond y meurt, crucifié par le gel sous le ciel le plus pur, le plus étoilé du monde. Et pourtant, je ne sens pas le froid en arpentant le Boulevard au milieu de ces gens qui me bousculent. Je perçois une ambiance unique, une sorte de tension dans les âmes comme un chant qui monte : on est ceux de Potosi ! On a résisté aux Espagnols ! Ils nous ont torturés, déportés, massacrés, mais on est ceux de Potosi. Nous mourons aujourd’hui de silicose, les poumons rongés par la poussière des mines. Nos femmes arrivent à peine à alimenter leurs enfants, on est ceux de Potosi. Les galeries des mines s’effondrent, on nous paie une misère, on expulse nos veuves des logements que la mine nous fournit, mais on est ceux de Potosi. On mâche la coca comme nos aïeux, on boit de l’alcool qui nous ronge, pour tenir, pour oublier. Mais on est ceux de Potosi. Les soldats nous tirent dessus quand on fait la grève, ils torturent nos meneurs, ils ont dressé les paysans contre nous ; quand nous nous battons, nous sommes seuls, tant pis, on est ceux de Potosi.
Anne-France DAUTHEVILLE