Racistes, les mots de l'antiracisme ?
"Racisé", "blanchité", "racisme d'Etat" : ces termes ont resurgi dans le débat médiatique, à l'occasion de l'organisation par le syndicat Sud Education 93 d'un stage contenant deux ateliers en non-mixité, c'est-à-dire réservés aux personnes "racisées". Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer s'en est indigné à l'Assemblée nationale, fustigeant "les mots les plus épouvantables du vocabulaire politique", et a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre le syndicat pour l'utilisation de l'expression "racisme d'Etat." Que signifient exactement ces mots ? Peut-on retracer leur généalogie et les débats autour de leur utilisation? @si a tenté l'exercice.
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Derniers commentaires
[...]
Nombre de chercheurs répondront sans doute qu’il ne faut pas confondre « racisme institutionnel » et « racisme d’État », soit le racisme dans l’État et le racisme de l’État. C’est le cas de Michel Wieviorka, [selon qui] le racisme dans l’État existerait malgré l’État.
Beaucoup de personnes racisées auront du mal à partager l’optimisme du sociologue. Et le risque, c’est qu’aujourd’hui on oppose, à l’expérience des victimes du racisme, le savoir des spécialistes, soit une manière d’oublier que les premières sont parfois des chercheurs, et de souligner qu’on a tendance à se représenter les seconds comme Blancs. Le sociologue et militant antiraciste Saïd Bouamama l’a souligné [...] : tout se passe comme si les mots des racisés – de l’islamophobie au racisme d’État – étaient systématiquement frappés d’illégitimité.
Si, pour ma part, j’utilise assez peu l’expression « racisme d’État », c’est parce qu’elle peut prêter à confusion [...] Toutefois, à mon sens, il est des cas où l’on peut légitimement parler de racisme d’État aujourd’hui [...]
On se rappelle la controverse de l’été 2010, après le discours prononcé par Nicolas Sarkozy à Grenoble, autour de la question rom. [...]
La question s’est posée à nouveau avec les propos de Manuel Valls contre les Roms. [...]
Il est au moins un autre exemple, plus explicite encore, où l’expression « racisme d’État » paraît appropriée. Il s’agit des contrôles au faciès, soit une réalité avérée [...] On sait que l’État ne fait rien pour les combattre : la promesse de récépissés pour les contrôles d’identité reste lettre morte ; et aucune circulaire n’est venue rappeler aux forces de l’ordre l’interdiction des contrôles au faciès. Cela ne doit évidemment rien au hasard.
Lorsque l’État est condamné par la justice pour faute lourde en 2015, il fait appel. [...]
L’État justifie les contrôles au faciès au nom de l’idée que les Noirs et les Arabes sont « d’apparence étrangère », impliquant ainsi que la France serait d’apparence blanche… [...]
Sans doute en 2016 la justice a-t-elle confirmé en appel la condamnation de l’État : celui-ci ne parle donc pas d’une seule voix. C’est pourquoi on peut, comme le sociologue Abdellali Hajjat, discuter les limites de l’expression « racisme d’État » : à quel point s’applique-t-elle à la situation française aujourd’hui ? [...] On l’a vu, le front républicain (contre le Front national) est mort. [...] Dans un pays qui n’a jamais interdit le Front national, le gouvernement va-t-il, avec le soutien de toute la classe politique, bannir le vocabulaire qui permet de nommer les politiques de la race en France ?
[...] On peine donc à comprendre que, à l’instar des députés, des universitaires, et même des sociologues, applaudissent le ministre. On s’étonnait déjà de la rareté des protestations contre la censure qui se répand dans le monde académique ; faudra-t-il maintenant s’habituer à ce que nos collègues s’en fassent les défenseurs ? [...]
petit ajout: stérilisation dans une démocratie apaisée des racistes."
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Ou n'était-ce pas plutôt comme d'habitude un écran de fumée ?
Tout cela, tout ce buzz dont sont friands et journalistes, et forumeurs @si et les mentons en pointe pour,
peut-être, minimiser (j'ai bien dit minimiser) l'annonce et la mise en place d'un Conseil Scientifique au sein de l'Education nationale.
Ce Conseil verrait la nomination d'un neuro-scientifique à sa tête.
Une main de plus des "scientifiques" sur l'Education.
Rappelez-vous Céline Alvarez?
Que nous préparent-ils?
Rappelez-vous Blanquer au cabinet de Gilles de Robien partant en guerre contre la méthode globale (jamais appliquée) mais mettant en valeur la " bonne" méthode syllabique...
Scintificons (j'emploie à escient ce barbaro-néologisme pour la syllabe finale) au maximum et nous aurons fini de détrousser la Princesse de Clèves.
Chacun peut aller fouiner. Voici le lien transmis par une ex-collègue de RASED...(vidé de leur contenu par un autre célèbre Darcos.)
La démolition prend du temps mais les tracto-pelles sont "en marche".
http://www.lepoint.fr/societe/education-blanquer-annonce-la-creation-d-un-conseil-scientifique-24-11-2017-2174792_23.php
Nous vivons une époque formidable
"Surprenant", oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Normal de tutoyer son homologue, c'est ça être djeun. "Reste !"... Pourquoi pas "Au pied !"
On notera le sourire content de soi et la tête qui dodeline comme les petits chiens qu'on met sur les plages-arrière des voitures à chaque fois qu'il croit avoir fait un bon mot.
Mais de même qu'il peut y avoir des ateliers "réservés aux femmes" dans la mesure où la présence d'homme peut rendre certaines femmes suffisamment mal à l'aise pour qu'elles n'osent pas s'exprimer, éducation à la c0n oblige, je comprends qu'on puisse mettre en place des ateliers où seuls des personnes en difficulté à cause de la couleur de leur peau, de leur style de vêtement, etc. seraient présentes.
Reste que si en parallèle des ateliers réservés aux autres ne sont pas mis en place, ça me met très mal à l'aise.
J'imagine le tollé si demain un syndicat proche du FN mettait en place un atelier "réservé aux blancs" ou "réservé aux hommes blancs".
Bref, je pense que la non-mixité doit rester une exception, pas une règle.
Au fait, si je veux m'inscrire à un de ces ateliers et que je pense correspondre aux critères d'admission, y a t il des censeurs susceptibles de refuser ma candidature? Y aura t il des tests ADN à l'entrée? Ou de mesure du nez, de la couleur de la peau, des dents, etc?
Le trombinoscope montre bien le présence d'une femme noire : la Ministre des Sports Laura Flessel
il y a aussi Mounir Mahjoubi secrétaire d'état au numérique
Vous remarquerez sur le trombinoscope le placement une femme un homme une femme un homme. Comme quoi quand on se fait fort de respecter la parité, on renforce en l'affichant la disparité
Il n'y a pas de racisme d'État :
mon fils n'est jamais contrôlé sauf quand il est avec un copain encore moins de souche que lui, en fait visiblement pas de souche du tout
sinon jamais mon fils n'est contrôlé
son copain presque toujours
La boulangerie n'attire pas les gens de couleur, je n'en vois jamais derrière le comptoir. Par contre, les gens de couleur sont attirés par les travaux annexes dans les cuisines ou dans les maisons de retraite
- la crainte d'une évolution à l'américaine du débat public français, on ne peut plus légitime à mon avis, et qui devrait être en premier lieu un souci pour la gauche vu comment ça a tourné là bas
- l'usage dans le débat public de termes issus de la recherche et qui peuvent prendre un sens différent dans un cadre militant (est ce que les militants du PIR etc... pensent réellement "relents occasionnels de racisme, ou discriminations inavouées dans la mise en œuvre de certaines politiques publiques ou le discours qui les accompagne" quand ils disent "racisme d'état" ou est ce qu'ils pensent "état raciste" et font peu de distinction avec les états vraiment basés sur une idéologie raciste, comme semblerait l'indiquer la virulence de certains discours ?)
- l'usage dans le débat public de termes relevant dans leur contexte d'emploi d'une généralisation abusive (qu'elle ait été commise ou pas par des sociologues à l'origine ne l'excusant pas) comme "racisés" pour dire "membres de minorités ethniques" ou "personnes de couleur autre que blanche" ; employer racisé en ce sens revenant à dire que toutes les personnes de ces groupes sont en permanence "réduites à une identité raciale", en France, de nos jours, ce qui nécessiterait il me semble quelques démonstrations ; là où un usage correct de racisé serait de ne l'employer que dans des contextes où des gens sont effectivement réduits à une identité raciale (par exemple "black blanc beur est une expression qui racise les joueurs de l'équipe de France", ou encore "l'écart de succès à cv égal / l'écart du nombre de contrôles d'identités subis sont un signe que les gens sont racisés par un certain nombre de recruteurs d'entreprises / la police")
- la tendance de certains amateurs de ces termes à faire comme si le type de sociologie qu'ils utilisent faisait consensus chez tous les sociologues (alors que... voir un numéro récent du Monde pour ce qui est des débats internes à cette discipline), ce qui nourrit les campagnes anti-sociologie en général
Par contre il y en a encore plus qui rendent l'action de Blanquer et les discours genre Printemps Républicain ridicules :
- Déjà s'attaquer à l'usage des termes au lieu des contre-sens pouvant résulter de leur usage sans définition claire
- ...Et porter plainte sur la base de la définition fausse d'un terme qu'ils cherchent ou devraient chercher à combattre (celle assimilant "racisme d'état" et "état raciste")
- Faire comme si ces termes étaient nouveaux dans le débat public et résultaient d'un plan récent pour le subvertir (délire quasiment complotiste). En dehors même des usages universitaires, "Racisme d'état" était déjà employé par le MRAP (pas vraiment un mouvement communautariste ultra radical) dans les années 80. Il l'est aussi par des historiens pour parler de périodes de l'histoire de France où l'état ne se montrait pas raciste dans ses principes en métropole mais menait bien des politiques racistes dans ses colonies (ou de fait vis à vis des colonisés), ce terme n'a jamais concerné que l'apartheid total.
- Y mêler la question des réunions non mixtes, elle même injustement assimilée à des regroupements "interdits selon l'origine" (alors que là où les identitaires ou autre PIR ne proposent pas d'activité alternative à leurs camps pour ceux n'ayant pas la couleur nécessaire à y assister, SUD 93 proposait une simple division de son public pour que chacun travaille sur son propre aspect du problème, ce qui n'a rien de bien scandaleux)
- Au sujet de la non-mixité poser une équivalence entre des réunions de type alcooliques anonymes ("on va témoigner des difficultés rencontrées, échanger des conseils et se soutenir moralement mutuellement") et des meetings politiques entre membres d'une communauté ("on va se réunir entre membres du groupe x rival des autres pour voir comment faire avancer notre cause et les écraser") , là encore un sujet où cette question devrait être traitée au cas par cas (et celui de SUD 93 n'a rien à voir avec celui des camps d'été identitaires) ;
- Ignorer le fait que "racisés" n'étant pas une race on ne peut pas parler de préférence raciale même si une réunion leur est réservée (après tout un blanc peut tout à fait aussi être réduit à cette appartenance à une race par certaines personnes ; à moins de donner à racisé une définition que le terme ne devrait pas avoir, et qui est encore une fois celle qu'ils devraient combattre)
Au-delà du reste de l'article (très clair et complet), cette citation de Fabrice Dhume me fait sourire : car elle peut tout autant désigner ces groupes entendant combattre le racisme via la non-mixité, ou voulant le réduire à sa seule dimension systémique... Je la trouve assez symptomatique, cette phrase, de la façon dont une certaine gauche juge inacceptable, dans le débat public, les positions ou grilles de lecture contradictoires aux siennes.
Ce qui n'empêche pas les poursuites engagées par Blanquer d'être totalement débiles et disproportionnées...
Il y a bien sûr quantité d'autres exemples de mots malmenés qui sont hors du sujet traité ici, comme par exemple : avenue, demandé à la mairie de ma ville par le promoteur alors qu'il s'agit d'une modeste impasse ; vidéo-protection, qui ne protège rien et qui remplace peu à peu le mot vidéo-surveillance...
Sur la plainte de Blanquer, j'ai lu plus haut de la part d'un forumeur qu'ASI nous tienne au courant de la suite de cette plainte. Ça finira par un non-lieu, c'est sûr. Ça fait partie du jeu, il faut faire voir qu'on lutte contre les excès en étant soi-même excessif, sinon, on risquerait d'entendre l'opposition de droite et d'extrême-droite se plaindre que le gouvernement est passif, qu'il ne prend pas le problème à bras-le-corps, etc.
Ma blanchité m'exonère au moins du terrible soupçon de chercher à me victimiser. Mais passée la sidération, c'est un sentiment de scandale et de révolte qui me saisit.
wé. C'était bien la peine que vous fassiez "barrage au front national"...
Comment ne pas voir que ces récents mouvements soit disant anti-racistes sont le fruit de la société libérale et individualiste ? Comment ne pas voir une éthnicisation des débats ? Comment ne pas voir qu'il s'agit d'une importation américaine non adaptée à notre pays ? Comme ne pas voir du communautarisme là dedans ?
On cherche à adopter le modèle américain en France mais celui ci est une catastrophe ! Ils sont embourbés dans une éthnicisation des débats dont il n'y a aucun moyen de sortir. Regardez la campagne d'Hillary Clinton : si vous êtes noir votez pour moi, si vous mexicain votez pour moi, si vous êtes une femme votez pour moi.. Les débats sur l'économie et la politique internationale passe à la trappe. Au moins aussi scandaleux que Trump, on en a pas parlé ici..
En France, il y a du racisme je ne le nie pas mais la solution à cela ne serait elle pas d'appeler à l'unité du peuple et à son indivisibilité plutôt que de sacraliser les différences et réintroduire sans cesse la notion de race dans le débat publique ?
Petit truc pour reconnaître un communautariste : il cherche sans cesse à se victimiser. Ainsi le FN se plaindra du racisme anti-blanc, Houria Bouteldja se sentira persécutée pour être musulmane, la Licra verra de l'antisémitisme partout..
Ah oui le FN c'est du communautarisme, celui du grand groupe, l'extrême droite s'est ramolli avec le temps, le racisme pur et dur de l'époque est terminé, point de danger fasciste.
Mettons tout ces briseurs d'unité dans le même sac et jettons-les à la boue amigo ! Ton ennemi principal c'est le Capital mon frère, c'est lui qui a le pouvoir, non la Réaction, en train de crever. Ne les laissons pas nous diviser ni nous divertir de la lutte contre l'Argent.
Ps : organisez donc un débat entre un de vos idiots utiles d'anti-racistes et Jean-Claude Michéa, on risque de bien se marrer..
Il y a du racisme je ne le nie pas mais la solution à cela ne serait elle pas d'appeler à l'unité du peuple et à son indivisibilite
Et je n'ai toujours pas compris sur quoi se basent ceux qui veulent faire interdire des réunions et groupes de parole entre personnes choisies.
Moi, dans mes réunions syndicales (pas le même syndicat ni le même département que celui qui est dans le viseur de Blanquer), nous ne sommes qu'entre syndiqués du même syndicat : nos rencontres ne sont pas ouvertes à tous, et en plus, pour être dans le syndicat il faut payer. Je n'ai jamais entendu personne trouver cela scandaleux.
J'imagine que dans les associations de pêcheurs à la ligne il faut être pêcheur à la ligne, j'imagine que pour assister à une réunion du MEDEF il faut être patron, et qu'en conférence de rédaction d'@si il faut faire partie de la rédaction d'@si, au bureau des élèves d'une école il faut être élève de l'école ... et donc, c'est quoi le problème ?
Mais si on change cette règle, je veux assister à un conseil des ministres, et avoir mon mot à dire !
Personnes choisies, pourquoi pas. Mais pas sur des critères raciaux / ethniques. Critères qui fondent l'idée même qu'il existe des différences biologiques. Critères qui concourent à une essentialisation, facteur majeur du racisme. "Blanchité" et autres termes me paraissent entretenir une confusion telle qu'elle concoure nécessairement à mélanger les aspects biologiques et historiques/sociologiques. Termes que je rejette donc. Je reste sidéré du crédit nouveau que l'on accorde au terme race tant celui-ci est confus ; à titre d'exemple, "race sociale" est un oxymore...
Je conteste aussi l'idée qu'il existerait des intérêts de "race". L'objet de ces réunions non mixtes ne me parait pas être l'égalité et le droit à l'indifférence, causes si précieuses autrefois... L'objet de ces réunions est tout autre, à savoir promouvoir des intérêts communautaires, des revendications différentialistes contestant l'intégration au motif de son caractère apparemment post-colonialiste. Alors là ce n'est pas l'égalité qui est en jeu, mais la différenciation.
Et précisément, il va falloir, je crois, qu'on s'interroge davantage sur ce qu'est une société et quel degré de différence elle peut accepter entre ses membres avant que ces derniers ne se scindent en groupes distincts. Particulièrement en période si troublée sur les questions identitaires. Le relativisme a ses limites: la fraternité et l'égalité.
Pour finir, le racisme n'est pas qu'un système de domination d'un groupe sur un autre. C'est aussi l'expression du rejet d'un groupe envers un autre. Ce n'est pas qu'une affaire de domination.
J'espère vous avoir apporté des arguments qui, s'ils ne parviennent à vous convaincre, vous permettront - je l'espère - de comprendre pourquoi je suis très défavorable aux réunions non mixtes.
Il n'y a pas de lien entre l’inexistence des races biologiques et l'existence du racisme. Ainsi, les races peuvent ne pas exister mais des personnes racistes peuvent encore considérer que la notion de race existe. Les associations antiracistes reconnaissent l'existence du racisme dans les faits mais ne reconnaissent pas son bien fondé. D'où le préfixe "anti", il y avait un indice quand même. Comment qualifieriez vous les personnes qui persistent à croire en la notion de race sans le mot "racisme" ? C'est comme "platisme", "conspirationnisme" et autre "isme". Ils ne reconnaissent pas la pertinence d'un concept, ils désignent des concepts auxquels des personnes adhèrent. Quand vous travaillez sur le racisme il est nécessaire de raisonner sur les classifications qu'utilisent les racistes. La couleur de la peau en est une. Ainsi, distinguer des blancs de non-blancs dans une société à majorité blanche est une manière de distinguer les victimes. ça ne sépare pas les racistes des non-racistes, ça distingue les victimes de ceux qui ne sont pas victimes sur ce critère.
Maintenant, le racisme social. Il est la manifestation macroscopique, c'est à dire visible dans les statistiques, des multiples petites survivances d'une époque où les sociétés étaient racistes au sens premier du terme. Voyez cela comme la théorie de l'évolution. Nous constatons que les espèces évoluent, c'est un fait. Nous cherchons a expliquer comment, c'est une théorie. Nous constatons que la société ne reflète pas à tous ses nivaux sociaux les mêmes proportions de personnes victimes du racisme, c'est un fait. Vous dîtes vous même que les races n'existent pas et donc qu'il n'y a pas de réponse essentialiste pour justifier ce fait. Alors cherchons à expliquer comment et pourquoi.
Pour ce faire il faut récolter des données sur les manifestations du racisme dans toutes nos interactions sociales. Or, en tant qu'observateur blanc dans une société à majorité blanche je peux constater l'existence de situations racistes et les décrire, mais je vais en louper quelques autres qui ne se manifesteront pas en ma présence. A l'inverse, je peux assister à un repas avec l'oncle Norbert qui se lâcherait parce que l'assemblée serait épidermiquement homogène.
Il en résulte que le moyen de distinguer des témoins directs de discriminations fondées sur la couleur de peau est ... la couleur de la peau. Cela ne veut pas dire qu'un blanc n'a pas sa place dans le combat contre ce racisme, bien au contraire, cela veut juste dire que pour partager sereinement et pour identifier les discriminations dans leur conséquences pratiques quotidiennes, il faut les énumérer. Et qui peut mieux le faire que ceux qui en sont les victimes ? De plus il faut distinguer ce qui est réellement raciste de ce qui pourrait être mal interprété en raison du vécu des victimes du racisme. Pour cela, il faut qu'ils parlent. Et au début qu'ils parlent librement et entre eux, pour partager leurs ressentis, leurs expériences, leurs interprétations. Ensuite tout le monde regardera ce qui en sortira pour que nous en discutions ensembles afin de décider de mesures pertinentes.
Si très souvent dans plein de situations un personne constate ( ou même a simplement l'impression) qu'on la traite différemment des autres en prétextant que ça vient de son genre, sa couleur de peau, son accent, ses vêtements ... je comprends très bien qu'elle puisse désirer échanger avec d'autres personnes qui vivent la même chose et il me paraît assez inévitable qu'au-delà du partage de ressenti ces personnes se demandent ce qu'elles pourraient faire pour accéder à l'égalité.
Il y a quelques années ( quatre, cinq , maxi six ans), une de mes élèves (jeune, forcément, j'enseigne en élémentaire) a dit lors d'une discussion un peu informelle que quand elle serait grande elle voulait être dame de cantine, puis elle a précisé qu'en vrai elle aimerait être maitresse, mais que bon, elle pouvait pas ... Après investigation, j'ai compris que cette enfant, sur la base de ce qu'elle voyait dans son école depuis la première année de maternelle, pensait qu'une condition pour être enseignante était d'avoir la peau claire, ce qui n'était pas son cas. Et c'est par son propos à elle que j'ai réalisé que depuis 10 ans je travaillais dans un groupe scolaire où tous les enseignants ont la peau claire et tout le personnel de service a la peau foncée.
C'était il y a quatre, cinq, maxi six ans, et je ne m'en suis pas encore remise. Ce que cela révèle de l'échec complet de la mission à laquelle je suis censée contribuer est parfaitement déprimant.
Si c'était une petite école, ça pourrait être fortuit.
Mais sur un gros groupe comme celui où je travaille, c'est forcément révélateur de mécanismes sociaux très forts.
Quand un individu tout seul doit exister dans des logiques aussi globales, je comprends très bien qu'il se sente exclu et écrasé, qu'il n'ait pas les moyens à lui tout seul de faire bouger les lignes ... et pas trop confiance dans ceux qui sont de l'autre côté de la ligne pour que ça change.
Je n'ai pas connaissance de luttes sociales gagnées dans l'unité avec l'autre camp.
La Gay Pride (qui est inclusive), à elle seule, est un contre-exemple dont on peut juger qu'il a obtenu plus de résultats, après 50 ans, que bien d'autre luttes de minorités.
(et ce quand bien même la non-mixité a fait aussi partie de l'histoire des luttes LGBT).
Vous avez oublié de rappeler Denis Baupin mettant du rouge à lèvre pour protester contre les violences aux femmes, pour souligner que la lutte contre celles-ci étant elle aussi inclusive vis à vis des prédateurs sexuels.
Je me souviens très bien, au Lycée, de la fierté qu'avaient mes amis hétéros à aller participer à cette manif annuelle, à participer à cette revendication. On a fait en sorte que cette lutte soit aussi la leur, dès les débuts, sans leur demander de papiers à l'entrée. On en a fait, historiquement, la lutte de tout le monde. Idem pour les manifs ultérieures pour le mariage pour tous. Et ne vous en déplaise, les résultats sont là.
Je me réjouis que les droits LGBT progressent régulièrement, même si cela se fait douloureusement et lentement dans notre pays, le mérite en revient essentiellement aux mouvements militants engagés en continu, dont l'engagement ne se limite pas à l'organisation et/ou la participation à la marche des fiertés. Ces mouvements sont constitués en premier lieux de personnes LGBT, et c'est normal. Il y a des parallèles instructifs entre les luttes LGBT et les luttes anti-racistes quant à la manière dont elles ont été ou sont encore disqualifiées par leurs opposants, via le bon vieux procès en "communautarisme". Des emprunts sont possibles entre ces luttes, des convergences aussi, d'autant plus qu'elles sont intersectionnelles. Certains emprunts peuvent être pertinents, d'autres non. Mais opposer ces luttes ou faire la leçon à l'autre est assez minable.
Ensuite, des mouvements inclusifs, des manifestations inclusives, dans l'anti-racisme systémique, c'est le fonctionnement dominant. L'adhésion au CCIF est ouvert à tous, la MAFED était ouverte à tous, le stage antiraciste du syndicat sud 93 est ouvert à tous, la partie en non mixité ne constituant qu'une fraction du programme, tout comme le festival Nyansapo. Le but étant effectivement que cette lutte soit la lutte de tout le monde.
Les hétérosexuels sympathisants des causes LGBT ne sont pas "le camp d'en face" auquel fait référence Bruanne.
Je peux en effet me tromper, il faudrait que Bruanne nous dise (si vous nous lisez) à quoi elle pensait en parlant de "l'autre camp".
Je réagissais parce qu'il me semble que le malaise soulevé par les formes qu'a pu prenre la lutte anti-raciste, ces dernières années, relève justement du fait de penser le blanc comme le camp d'en face (blanc au sens où l'entend l'article : "Quand on parle de Blanc, on dit en fait "membre du groupe dominant"). Des termes qui font sociologiquement sens, comme "privilégié", ont investi sans nuances le terrain du politique, avec ce qu'ils impliquent de culpabilisation débile (pour ma part, je pensais naïvement que ne pas se faire insulter quand on tient la main de la personne qu'on aime, dans la rue, c'est juste "la moindre des choses", et non "un privilège", mais bon...). Cela dépasse largement, à mon sens, les questions de militantisme ou de communautarisme.
Ça ne veut pas dire que le constat n'est pas vrai sociologiquement, mais simplement que de l'utiliser comme premier moyen de lutte ne va pas de soi. Le fait, dans la lutte anti-raciste (comme dans toute autre lutte de minorités), de convoquer l'autre non pas en tant que citoyen (= concerné par le racisme en tant que citoyen), mais en tant que représentant de sa couleur sur l'échiquier sociologique (donc en tant que blanc) n'est pas anodin : c'est un choix, qui a des implications, qui essentialise chacun aux normes qu'on veut justement faire disparaître - et donc je peux certes comprendre l'intérêt stratégique à moyen-terme, mais qui comme tout choix se discute. Ce que je voulais simplement désigner, avec la gay pride, c'est l'existence de moyens de lutte qui convoquent d'abord les gens en tant que citoyens, et non en tant "qu'alliés" (terme à la mode, déjà fortement connoté) ou sympathisants.
Bref, il ne me semble pas déplacé de discuter une lutte qui pense pouvoir subvertir un système en en mimant les cases. Je veux bien croire que la berceuse de l'universalisme républicain a ses limites, mais ce qu'on nous propose pour avancer à la place mérite, au minimum, discussion.
Dans tout cela, les réunions non-mixtes ne relèvent que de l'épiphénomène, au mieux symptomatique d'une pensée de lutte générale. Ce sont des concepts, plus que des réunions, dont parle cet article.
A Lyon à la première manif contre la loi travail XL le collectif desracine_e_s avait monté le "pink bloc", "riposte queer, féministe et décoloniale"
"pour rappeler que les politiques néo-libérales aggravent la précarisation des femmes, des minoritaires sexuelles et de genre, en particulier celle des trans, des racisé.es, des migrant.es, des putes, des handi.es, des séropos et des agé.es."
cf:
https://www.facebook.com/CollectifDesRacine.e.s/photos/pcb.1975417209409837/1975415886076636/?type=3&theater
je les y avais croisés, les membres du collectif sont divers et se battent tous ensemble sur tous les fronts. (si des gens se demandent "c'est quoi l'intersectionnalité")
Je ne sais pas si ils organisent des ateliers en non-mixité; mais ils défendent cet outil et leur approche est tout à fait structuraliste.
Mais la race n'existe pas.
Mais en France, aujourd'hui, une enfant scolarisée peut croire que la couleur de sa peau lui autorise ou lui interdit d'accéder à certaines positions. C'estt révélateur.
Et s'il n'y a pas d'action concrète, elle grandit avec cette représentation du monde.
D'abord parce que les plus jeunes ne connaissent pas beaucoup de métiers ( d'où une sur-représentation des métiers pour lesquels on porte un uniforme et ceux qui font passer à la télévision)
Il me semble que les stéréotypes dépassent les classes sociales : de mémoire, les " pilote d'avion", " vétérinaire", "chanteuse", "maîtresse", "footballeur" "policier" " archéologue" "pompier" " docteur" "cuisinier" je les ai autant entendus en ZEP que dans un quartier chic.
Mais ça mériterait d'être vérifié quand même et à mon avis il y a une bascule autour de 9 ans. Quand le lien entre scolarité / études/ métiers commence à se construire, quand de nouveaux métiers entrent dans le champ de connaissance, quand l'argent est perçu, quand on comprend mieux l'organisation de la société... ou quand l'appartenance à une classe sociale les a davantage modelés ?
Pour le plaisir, et hors sujet total, le plus beau rêve de métier que j'ai entendu c'est " écrivain de lettres d'amour".
https://www.youtube.com/watch?v=1cHJjYWRq6M
(ces écrivains publics sont appelés "évangélistes" car ils annoncent de bonnes nouvelles)
Il répond notamment à la question posée sur ce forum de la différence entre racisme d'Etat et régime d'apartheid (i.e. Etat raciste).
Mais qui vous dit que Blanquer a peur ?
C'est un agrégé de droit public, je ne pense pas qu'il ait peur des mots, il travaille avec, c'est la matière de son travail et la substance de toutes les interrogations.
Il a le droit en revanche de juger que ces mots, ces "concepts", ne sont pas pertinents, ce qui apparemment vous échappe totalement.
C'est le nouveau paradigme de gauche : quand d'autres ne sont pas d'accord avec vous, c'est qu'ils ils ont peur, ou sont ignorants.
Euh non, ils pensent simplement que ces mots ne disent rien de pertinent de l'état actuel de la société, et c'est de cela qu'il faut discuter, si on est pas d'accord.
Quant au détour par la sociologie, il est intéressant, mais ce qui le serait davantage, ce serait de porter la contradiction (ce qu'apparemment vous défendez volontiers face à des penseurs que vous n'aimez pas) et notamment en piochant dans ces mêmes sciences sociales des travaux contradictoires.
Quant à la dernière citation de l'article, elle est fabuleuse - comme si qui que ce soit voulait interdire à qui que ce soit de s'exprimer sur ce qu'il estime être sa condition. Simplement, s'il faut être d'une condition donnée pour en dire quelque chose de valable, alors rentrons chacun chez nous et parlons de nos nombrils, seul sujet que nous sommes susceptibles de maîtriser correctement.
Donc le seul ministre de ce gouvernement à avoir une visibilité minime l'exploite pour taper sur les syndicats enseignants, les sciences sociales et les personnes racisées.
Je ne regrette pas de m'être abstenue au 2ème tour, tiens.
Es-ce que Blanquer a pensé à informer Macron que le racisme d'État n'existe pas, lui qui a expliqué à une femme marocaine sans papiers dont les parents vivent en France et qui sont malades que "s'ils sont soignés, c'est que QUELQU'UN a payé ?" (pas eux-mêmes en cotisant, on sait bien que les marocains, quand ils ne sont pas "rien", c'est des fainéants). Personne ne relève ni l'insulte ni l'insupportable arrogance, et tous les éditorialistes félicitent ce sale type pour sa franchise.
C'était bien la peine de faire barrage au FN.
@asi: j'aimerais bien que vous nous donniez des nouvelles de la plainte pour diffamation dans quelques mois, quand elle aura été dûment enterrée sous son propre ridicule.
Dans le cas de mon fils de 25 ans, bac, licence Pro, CDD au CNRS puis embauché dans une entreprise privée.
Je ne vois pas bien, en quoi, noir ou arabe, il n'aurait pas pu avoir le même parcours.
Précision, son parton actuel est arabe ...
Donc à part accuser de racisme, le CNRS ou l'éducation nationale,dans ce cas, je ne vois pas où il y aurait pu avoir discrimination.
Alors bien sûr le racisme existe, mais plein d'autre chose aussi, trop gros, trop maigre, trop moche, trop beau (?), vieux, peu vif d'esprit, pas de charisme, peu de soutient familiale ...
Donc oui, être racisé, c'est un handicap mais pas plus que plein d'autre chose et je pense que les gros, les moches ... n'en font pas un fromage et s'en porte mieux.
Quand à lutter contre le racisme, c'est perdu d'avance et contre productif, le racisé lui même fait parti d'un groupe où il y a plus ou moins autant de raciste que dans le groupe non racisé.
Aujourd'hui, tout le monde à un tél portable, si vous pensez que vous allez être victime d'un discours raciste (ou de harcèlement sexuel), enregistrer et diffuser, ce sera beaucoup plus efficace que de se plaindre que le monde entier vous en veut.
Conclusion, oui aux lois anti discrimination et à la traque des racistes, sexistes, etc ..., non aux luttes antiracistes ou autres qui divisent tout le monde et sont parfaitement inefficace et qui rendent paranoïaque la victime potentielle.
Le traitement de la question du racisme et des questions ethniques diffère fortement de part et d'autre de l'Atlantique, le vocabulaire aussi.
Gageons que d'ici quelques temps, on sera tous débarrassés du racisme grâce à ces nouveaux mots et expressions, et à ces réunions entre racisés..
Plus rien à faire pour nous. Quelle chance !.
... ou: "comment nous faire admettre que la terre est plate ?"
Blanquer satellisé .