Sécurité : et un étrange sondage de plus, dans Le Figaro !
Voilà un sondage qui a dû faire plaisir au chef de l'Etat. Et qui ne manque pas de susciter les interrogations. Ce vendredi 6 août, Le Figaro publie les résultats fracassants d'une enquête Ifop concernant les diverses annonces récentes de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement en matière de sécurité. Aussitôt, des critiques se sont élevées sur la méthodologie de ce sondage, réalisé sur internet. Parmi ces critiques, la période de vacances, l'obligation de répondre par oui ou par non, et l'absence de toute question sur les résultats concrets de la politique de sécurité.
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Pouf, pouf.
Répartition politique des sondés : 51 "équations" (102 inéquations au final) pour 6 variables.
effectifs estimés :
Extrême gauche : 48
Gauche : 275
Mouvement Démocrate : 103
Droite : 180
Front National/M.N.R : 64
Sans préférence partisane/ne se prononcent pas : 351
----------------------------
Quelques autres combinaisons possibles :
055 | 052 | 045 | 059 | 050 | 052 | 051 | 049 | 046 | 054
271 | 266 | 275 | 273 | 273 | 268 | 268 | 271 | 268 | 270
094 | 098 | 100 | 086 | 101 | 085 | 100 | 101 | 102 | 097
184 | 183 | 183 | 186 | 182 | 187 | 183 | 184 | 183 | 183
060 | 057 | 058 | 048 | 062 | 048 | 064 | 064 | 060 | 063
357 | 365 | 360 | 369 | 353 | 381 | 355 | 352 | 362 | 354
Fassin oppose au sondage Ifop-Le Figaro un autre sondage, " du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) publié par L'Humanité du 6 août ".
La confusion entre le Conseil supérieur de l'audiovisuel et l'entreprise de sondages CSA en dit surtout long sur le sérieux de ce sociologue normalien et du quotidien Le Monde.
http://www.rue89.com/en-faire-un-sondage/2010/08/12/securite-les-biais-linguistiques-du-sondage-ifople-figaro-161839
Les biais méthodologique ok, mais la plupart me paraissait pas vraiment partir sur le coté droit de l'opinion, alors qu'en regardant les résultats...
Son étude des termes utilisé me parait bien plus intéressante.
Une fois n'est pas coutume, quand on nous donne un sondage où "la représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas", et où un découpage des opinions est donné selon un critère (à savoir la proximité politique des sondés) qui ne fait pas partie des quotas retenus, il est bon de savoir à combien correspondent les effectifs de chacun des groupes associés à ce critère.
Nous avons sept sondages, avec quatre réponses possibles, soit vingt-huit équations de départ (encore qu'en réalité, puisqu'il n'y a le choix qu'entre quatre possibilités, sept des "équations" sont redondantes et donc inutiles).
Par commodité, et puisque ce choix pave l'espace (autrement dit tous les sondés sont représentés dans l'un des groupes retenus), j'ai choisi les quatre groupes suivants : TOTAL GAUCHE, Mouvement Démocrate - Modem, TOTAL DROITE et Sans sympathie partisane.
L'échantillon est composé de 1003 personnes, ce qui, pour quatre groupes, donne 169.179.020 combinaisons (non, je n'ai pas fait le calcul de tête)
.
Pour ne commettre aucune erreur due aux arrondis, plutôt que de prendre les pourcentages donnés, on a cherché, avec chacune des combinaisons, la fourchette de valeurs possibles dans laquelle devait se trouver le résultat donné par le sondage. Autrement dit, on a calculé le résultat qu'aurait donné chacune des 28 réponses, dans chacune des combinaisons testées,en considérant tous les pourcentages donnés comme des arrondis à +0.5%, puis comme des arrondis à -0.5%, en arrondissant bien entendu le nombre de personnes (il n'y a que des personnes entières). Cela nous donne un intervalle de valeurs possibles, et s'il y a une plage de valeurs communes entre cet intervalle et l'intervalle autorisé par la réponse, pour chacune des 28 "équations", la combinaison retenue est bonne.
> Comme je vois que vous pataugez dans la semoule, voila un exemple concret : la première équation, avec une combinaison quelconque.
Soit A les membres du premier groupe, B les membres du second, C les membres du troisième, et D les membres du quatrième.
On nous donne : A=99, B=12, C=0, D=1002 ; 33%(A) + 50%(B) + 70%(C) + 53%(D) = 52%(1003)
32,5%(991)=322,075 ; 33,5%(991)=331,985 ; 49,5%(12)=5,94 ; 50,5%(12)=6,06 ; 51,5%(1003)=516,545 ; 52,5%(1003)=526,575 ;
323+6=329 ; 331+6 = 337 ; intervalle autorisé = [329;337] ; intervalle donnéé = [517;526] : ces deux intervalles n'ont pas un nombre en commun, donc cette combinaison n'est pas possible.
[sub]PS : je n'ai pas de problème avec les arrondis, mais 322 personnes donneraient 32% et 332 donneraient 34%, après arrondi du pourcentage.[/sub]
Une fois la partie technique passée (pour ceux qui veulent vérifier, l'algo matlab est ici), voici les résultats donnés :
Il y a 5.342 combinaisons acceptables, sur un total de 169.179.020 combinaisons possibles (0,0032%).
Le nombre de sondés de gauche est compris entre 308 et 343 (moyenne des combinaisons : 322,67).
Le nombre de sondés du MoDem est compris entre 18 et 70 (moyenne des combinaisons : 42,32).
Le nombre de sondés de droite est compris entre 322 et 344 (moyenne des combinaisons : 332,95).
Le nombre de sondés sans sympathie partisane est compris entre 282 et 329 (moyenne des combinaisons : 305,06).
Sur le premier article, nombreux sont les arguments déjà mentionnés ici (article et forums) et dans les liens intéressants présents sur ce forum. Il y en a néanmoins un autre, auquel je n'avais pas pensé: la diversité des utilisations du web. Malheureusement, ce point n'est pas assez développé par les auteurs, à mon avis. Je cite: "Si nombre de foyers français disposent d’un ordinateur et d’une connexion internet, le taux d’équipement est encore loin d’être comparable à celui du téléphone, mais surtout les usages d’internet sont loin d’être aussi uniformément répandus parmi la population. Par exemple, les personnes âgées peuvent très bien disposées [sic] d’un ordinateur et d’une connexion internet et n’y avoir recours que de manière très limitée, certainement moins en tout cas que le téléphone."
De fait, si je me base sur cette étude du ministère de la culture de février 2010, les disparités sont très fortes (chiffres 2009):
1. disparités géographiques: 70% des habitants d'Île de France ont eu accès à Internet au moins une fois par semaine contre 56% des habitants de l'Ouest de la France et 55% de ceux du Nord Pas de Calais.
2. disparités d'âge: 75% des 16-24 ans se servent quotidiennement d'un ordinateur, contre 41% des 55-64 ans et 19% des 65-74 ans.
3. par ailleurs, seuls 24% des particuliers se servent d'Internet pour "Pour lire/télécharger des journaux/magazines d'information en ligne".
Certes, les chiffres que je viens de citer restent sommaires et manquent d'éléments (par exemple, manquent les disparités économiques), mais sont néanmoins significatifs: le profil de l'internaute moyen n'est pas celui du français moyen, non seulement parce que tous les français ne sont pas internautes, mais aussi parce que la population internaute réagence complètement les disparités de la population française et que les usages sont complètement disparates (je ne doute pas qu'il existe des études sur la disparité des usages en fonction de différentes catégorisations, mais j'ai la flemme de pousser plus avant ma recherche. Si vous avez des liens, merci de les indiquer, voire de les commenter). Si l'on ajoute à cela les biais qu'introduisent la méthode des quotas (biais difficilement quantifiables), le questionnaire auto-administré par Internet, les disparités entre l'échantillon des répondants par rapport à celui "idéal", nul doute que l'IFOP a dû procéder à d'obscurs calculs de pondération et de correction des résultats bruts pour tenter d'atténuer les divergences monstreuses que les biais ont introduit. Alors que ces mêmes calculs sont également pleins de partialité, de piffométrie et d'imprécisions.
Je suis bien sûr prêt à me flageller en place publique si jamais mes doutes concernant la très faible fiabilité de l'échantillon recueilli étaient infirmés: je ne risque pas grand chose, car je doute que l'IFOP ne publie jamais les données brutes et les algorithmes de correction du figaro-sondage, dans une absence totale de transparence d'information —laquelle est d'ailleurs la preuve du manque total de caractère scientifique dudit sondage.
J'ai fait lire le rapport du sondage à ma soeur qui est ingénieur d'étude, elle fait de l'audit de médothologie...
Voici sa réponse.
C'est hallucinant ! De voir des résultats aussi biaisés d'un point de vue méthodologique, que l'on présente comme crédibles. J'ai vu qu'il y a les coordonnées des personnes de l'IFOP, je pense qu'il est dangereux de laisser des choses de ce type circuler.
C'est là.
Et puisque c'est comme ça, je me remets au vert pour une bonne semaine ! Et toc !
Etes-vous d'accord pour passer au goudron et aux plumes les auteurs et commanditaires de sondages foutraques ?
Tout à fait - Plutôt oui - plutôt non - pas du tout
Etes-vous d'accord pour exposer les directions de journaux complaisants en place publique, avec un bonnet d'âne sur la tête et des talonettes aux pieds ? ou autour du cou en collier ?
Tout à fait - Plutôt oui - plutôt non - pas du tout
Etes-vous d'accord pour ne plus acheter des journaux qui publient des sondages bidonnés ? Même pour envelopper le poisson ? Ou les épluchures de patates ?
Tout à fait - Plutôt oui - plutôt non - pas du tout
Etc etc
PS - Je me rends compte que nous avons déjà la réponse à la dernière question. Pas la peine de faire un sondage, sauf pour la commission de l'intermédiaire.
7 ans !
Il avoue enfin malgré lui qu'il est incompétent en la matière.
Je n'ai plus de voiture depuis 1975 ! J'ai eu beau le dire à mon interlocuteur, il ne m'a pas lâchée alors j'ai répondu n'importe quoi...
J'ai même terminé l'interview téléphonique en lui donnant un cours sur le danger des agrocarburants (pour les répercussions économiques qu'ils peuvent avoir sur l'agriculture du tiers monde).
Donc je confirme, c'est du grand n'importe quoi, les sondages en général !
http://www.legrandsoir.info/L-IFOP-invente-le-sondage-a-charge.html
Je voudrais bien inciter plus de monde à miner leurs résultats... Il est grand temps de leur faire comprendre à grande échelle que non, dans l'fond, on n'est pas si con et ainsi discréditer totalement ce type de manipulation de l'extérieur comme de l'intérieur...
Gniark, gniark, gniark...!
nous savons tous ici que les sondages,
c'est du pipeau !
gamma
Cela traduit un repli individualiste forcené dont je place le point de départ au milieu des années 80, avec une pression médiatique anxiogène qui n'a cessé d'aller croissant, où les sujets d'inquiétude étaient choisis à l'extérieur (guerres du Liban, Iran-Irak) quand l'actualité nationale ne permettait pas de pallier la situation. Quelle est la part de nouvelles rassurantes dans les journaux télévisés ? Ca mériterait une enquête poussée.
D'après l'article de Rue 89:
* l'IFOP achète des listes de mails: selon quels critères (parce que si c'est la liste des abonnés au Figaro, c'est pas top ^-^) ?
* une question de chiffres: d'après eux: "Nous envoyons environ 10 000 e-mails, ....... Environ 1 sur 8 à 10 répondants est sélectionné pour le sondage."
Puisque le sondage porte sur 1003 personnes, cela veut donc dire que 90% de ceux qui ont reçu le mail ont répondu alors qu'ils n'avaient aucune idée du sujet du sondage....j'ai des doutes.
Ou alors ils achètent des listes d'adresses de gens qui ont déjà répondu à des sondages, mais du coup ne sonder que la population de ceux qui acceptent de répondre à des sondages internet, à mon avis ça limite la représentativité.... (j'ai voulu le faire à un moment, mais répondre à des questions sans fin sur un nouvel emballage de gâteaux ou du produit WC, ça va 5mn....)
La méthode CSA expliquée dans l'article n'est pas mieux à mon avis: ne sonder que des gens intéressés par la politique biaise autant le résultat
*L'analyse des résultats montre aussi des trucs bizarres qui me feraient un peu douter de la fiabilité des chiffres:
Par exemple les électeurs d'Olivier Besancenot en 2007 approuvent ces mesures avec des scores allant jusqu'à 82%.....
Besancenot ayant fait 4% aux présidentielles, on peut penser qu'il avait peu d'électeurs ayant voté pour lui juste pour sa bonne tête et que ceux qui l'ont fait partageaient un tant soit peu ses idées....
Alors qu'aujourd'hui 82% d'entre eux soient pour le bracelet électronique après la fin de la peine...j'ai des doutes....
Déjà que des résultats aussi tranchés, digne d'une dictature quelconque, semblent pour le moins suspects....
AMHA une étude approfondie de la méthodologie employée (provenance des mails, vérification de l'unicité du sondé,...)serait instructive: intuitivement j'ai tendance à penser que ce type de sondage est assez facilement "truquable" (pas sûre que ça se dise...)
Merci Dan + commentaire de JREM et Hurluberlu.
Excellent et rien à rajouter.
1. Concernant la gauche de la gauche (NPA/LO + Front de Gauche), un astérisque nous précise que la faiblesse de l'échantillon recueilli auprès des personnes interrogées ne permet pas de considérer les données comme représentatives. Ce qui fait déjà une part du camp politique de gauche, certes petite par rapport aux scores d'Europe Ecologie et du Parti Socialiste (si l'on se base sur les dernières régionales), mais néanmoins non négligeable, sous-représentée parmi les interrogés. Comment expliquer que les électeurs du Modem soient considérés comme un échantillon représentatif alors que leur parti a fait un score moindre que le front de gauche aux dernières régionales? etc.
2. Les sondés se déclarant proche du Front National ne sont pas affublés de l'astérisque, et leur effectif est donc considéré valable statistiquement... MAIS les sondés-électeurs de Jean Marie Le Pen en 2007 sont eux affublés dudit astérisque. Il y a donc plus de sympathisants du front national que d'électeurs de JMLP parmi les sondés. Pourquoi un tel hiatus? Et surtout: le nombre de sympathisants du front national dépasse-t-il significativement la limite indiquée de la représentativité sondagière (50 personnes, sic) non franchie par les sondés ayant voté JMLP?
3. Pourquoi avoir pris 2007 comme année de référence pour connaître le vote des sondés, et non, par exemple, des élections plus récentes (régionales/européennes)? N'est-ce pas là la preuve subliminale que Nicolas Sarkozy (et les sondeurs, et le Figaro avec) est désormais entré en campagne, à deux ans de l'élection? Condition corollaire: pourquoi ne pas avoir précisé les choix des abstentionnistes de 2007(aussi nombreux voire plus que les électeurs de certains candidats)? (et étant donnée l'augmentation de l'abstention lors des dernières élections, le changement d'année de référence changeait aussi beaucoup de choses).
4. Comment expliquer le très faible taux de "très opposés" au sein de tous les partis de gauches dont le nombre de sondés est non sujet à caution (verts et socialistes), alors même que les questions se rapprochent d'une idéologie clairement marquée à droite (cf. Rocard atteignant le point Godwin, lui qui n'est pourtant pas un des plus farouches adversaires de Sarko)? Ne serait-ce pas que le nombre des sympathisants dudit parti est trop faible pour permettre une répartition plus pondérée de leurs positions?
5. Il va de soi que la même question de la pondération des résultats vaut pour les données de sexe, d'âge, géographiques (j'ai de fort doute sur la catégorie "agglomération" et sur sa représentativité...), socioprofessionnelles et familiale données: quelles est la proportion des personnes sondées relevant de chaque catégorie? Quels sont les coefficients correcteurs appliqués (à la louche?...) par les brillants sondeurs? Etant donnés les biais énormes que suppose un sondage par Internet et en pleines vacances, je ne serais guère surpris de découvrir que d'autre biais s'y ajoutent, même si les sondeurs de Dassault se sont employés à les gommer par de très savantes formules mathématiques pour effacer l'énorme disparité des sondés par rapport aux tableaux démographiques du territoire.
Bon, il y aurait encore d'autres questions. J'attends l'article de l'indispensable observatoire des sondages consacré à ce nouveau figarosondage, dans l'espoir qu'il réponde à mes interrogations. Et je rappelle le classique article de Pierre Bourdieu: L'opinion publique n'existe pas (1972), toujours valable.
Réaction rapide. Impeccable. Beau travail.
Ne lâchons rien.
de s'approcher encore plus des 100%:
êtes vous favorable, très favorable, peu favorable, pas favorable du tout à des peines
de prison ferme pour les assassins?
J'entends par là que les questions posées dans ce sondage ne peuvent qu'entraîner
un biais dans la mesure où elles posent la question d'une punition sans ajouter cette
punition à celle qui existe déjà?
On ne répondra pas de la même façon à:
êtes vous favorable au retrait de la nationalité française au coupable de tel crime?
qu'à
êtes vous favorable au retrait de la nationalité française s'ajoutant à la peine de
prison ferme pour le coupable de tel crime?
Dans la première hypothèse la réponse non donne l'impression qu'on est favorable à une forme
d'impunité.
Que des sondeurs puissent se livrer à de telles manipulations de l'opinion est lamentable
et souligne ce que l'on peut faire de plus caricatural dans la propagande sécuritaire.
Honte aux statisticiens qui osent faire ce type de questionnaire et en publier
les résultats avec le lamentable bougliboulgla pseudo scientifique pour gogos (heureusement
imaginaires au-delà de la rédaction du Figaro).
Si je me trompe le prochaine sondage de satisfaction sur l'action du président de la
République devrait dépasser les 50% d'opinions favorable.
Quand comprendront-ils que les gens ne sont pas si cons qu'[s]ils le croient[/s]eux.