"Sur tablette, on invente une nouvelle langue"
C'était il y a 4 ans, et les journaux écrits, la "vieille presse" comme on dit, dont les revenus et les ventes chutaient, avaient trouvé LA solution : les tablettes. Agréables, ergonomiques et surtout ne dépendant pas des aléas de la distribution qui plombait les journaux papier, les tablettes allaient sauver la presse. Quatre ans plus tard, on déchante. Les journaux ont-ils raté le rendez-vous par manque de moyens, par manque d'ambition, par manque de créativité ? L'affaire est-elle encore sauvable ?
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Derniers commentaires
Un peu la même remarque que mon voisin du dessus après le visionnage (tardif) de cette émission.
Etant moi-même du métier et confrontée aux "vieux acteurs", j'ai trouvé cette émission assez déprimante.
Les années passent, les supports évoluent mais la prise en compte des nouveaux usages reste complètement abstraite, anodine.
Entendre les acteurs du marché dire qu'ils préfèrent la tablette car moins chère qu'un site, puis le PDF au final car moins cher qu'une vraie application, me rappelle que les industries anciennes n'ont toujours pas compris et ne souhaitent toujours pas comprendre ce que sont les nouveaux médias.
Transposer l'ancien qui ne fonctionne plus à moindre coût, sans réflexion sur le support, rentabiliser un produit, ne pas remettre en question son offre...
Il aurait effectivement été intéressant de solliciter des vrais acteurs du numérique (et pas Aquafadas) pour amener une véritable réflexion sur les NTIC, leurs enjeux, leurs usages, leur influence sur la transformation du marché et les nouveaux modèles à envisager.
Je critique les invités car je sais que vous les choisissez habituellement finement et sincèrement dans une volonté de débat et de réflexion.
J'ouvre pour finir : est-ce que la tablette pouvait sauver la presse ? Oui, elle pouvait notamment accompagner cette transformation nécessaire, cette migration vers un nouvel usage, un ancrage dans ce qu'est devenu le monde moderne. Qu'ont fait les acteurs du marché ? Des versions PDF.
Merci, merci.
Dommage que le débat ce soit centré sur la "tablette", qui n'est qu'un support numérique parmi d'autre, sachant que cette terminologie recoupe en fait des réalités technologique très différentes (Phablettes, tablettes 10", tablettes 7", liseuses), chacune étant très singulière notamment dans leur pertinence en tant qu'outils d'information.
Il faut attendre 50 longues minutes de débat brouillon entre personnes mal informées et parfois dépassées pour avoir un exemple de réussite : presse plus.
Première info clé : le magazine est conçu pour un support digital puis il est adapté au papier.
Deuxième info clé : le magazine numérique est gratuit.
Troisième info clé : les équipes sont composées massivement de développeurs.
Derrière le terme de développeur, il faut entendre des techniciens du support digital, mais cela englobe des programmeurs, des designers, des érgonomes. La présence d'une de ces compétences sur le plateau aurait éclairé un peu le débat.
Aucune de ces 3 infos clés n'a été vraiment abordée au cours du débat, alors que toutes les problématiques sont là.
Sur le fond, je ne dis pas que Presse plus est le modèle idéal à suivre, ni que les méthodes qu'il met en oeuvres sont adaptables au marché Français, mais je crois que le débat aurait gagné à être ouvert sur cet exemple.
Dommage pour cette fois, mais merci pour toutes les autres, je suis pour ma part un consommateur régulier d'information sur support numérique (souvent gratuite), et aussi un abonné payant satisfait à @si (et à quelques autres soigneusement choisis) qui propose des contenus adaptés et déclinés à de multiples supports et usages (mobile ou non, transcription écrites de video, articles complémentaires, forum etc ...).
Les intervenants ont tendance à virer "commercial" à tout bout de champ
ex. Elisabeth Roman qui affirme avoir sorti le premier magazine multimédia pour les enfants. Pourtant, Milan presse est bien plus en avance : Mobiclic, magazine multimédia pour les 8-13 ans existe depuis 1998 !!!
C'est quoi la question ?
Les journalistes doivent-ils investir sur le support tablette, fablette ou je ne sais quoi ? et de quelle façon ? les clients sont t-ils tablettes, ordi, papiers etc ... à quelle heure de la journée ? pffff .... bzzzzz .....
Oui, la révolution internet est comparable à la révolution de l'imprimerie mais les supports restent secondaires, éphémères et insignifiants ...
Alors qu'on commence l'année avec un climat médiatique insupportable, nauséabond, d'une puanteur asphyxiante, cette question me fait l'effet d'un pffffff !!! c'est un peu comme si on demandait aux fabricants de lessive si il vaut mieux utiliser un emballage carton, plastique souple ou rigide, mieux vaut-il fabriquer les lessives en poudre ou en liquide, quels sont les tenant et aboutissants de ces choix ? le consommateur utilise t-il plutôt la poudre pour ses chaussettes et le liquide pour ses slip ?
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Un manque de fond assez abyssal.
"Tu vois quand t'es à New-York (avec l'accent ) ou Beijing , tu peus lire le Monde."
Sans blague papy, tu crois tu va m'apprendre des trucs sur les nouvelles tech ? La tablette est la, mais lui a disparus.
Bonne émssion B)
Sinon sur le fond je suis d'accord avec les remarques sur la forme contre le contenu. J'ai deux abonnements, le monde diplomatique ( en ligne ) et arrets sur image, pas de quotidien, j'ai pas le temps pour ça, les partages sur facebook c'est suffisant ... c'est dire si je me fous de la forme ;-)
Par contre prétendre qu'un moyen de diffusion est forcément réservé à ce pour quoi il a le plus de succès est une erreur: même si c'est du porno que les cassettes vidéo puis les DVD ont surtout servi à diffuser, ils ont en même temps permis aux cinéphiles de continuer à voir des films qu'il était trés peu rentable de diffuser en salle: du point de vue l'industrie du cinéma ces films de ciné-club n'ont jamais eu beaucoup d'importance mais assimiler cassettes et DVD au porno reviendrait à peu près à dire que l'imprimerie n'était bonne qu'à diffuser la bible!
Le vrai problème pour la presse quotidienne traditionnelle c'est que la diffusion, la mise en forme et la collecte des informations sont devenus tellement peu coûteux à cause de l'informatique en général et d'Internet en particulier que le poste "journalistes" de son budget semble tout à fait disproportionné par rapport aux nombre de lecteurs attachés à ce que son contenu editorial continue à être produit selon les mêmes critères. Ce problème existait avant Internet et avant les tablettes, comme le montre l'essor antérieur des quotidiens gratuits sur papier: la pub suffisait déjà à financer quelque chose qui ressemblait à un journal...
Pour la presse traditionnelle la solution logique aurait peut-être du être de bloquer totalement l'accès gratuit à leur sites web par l'intermédiaire d'un téléphone ou d'une tablette de manière à les contraindre à passer par une appli payante puisque des articles rédigés par de vrais journalistes ne sont pas nécessaires pour diffuser de la pub.
Mes grand-pères étaient chacun abonnés à un journal malgré le prix relativement élevé de l'abonnement (surtout pour celui des deux qui lisait le Populaire.) J'ai eu pour ma part beaucoup de mal à me persuader de payer pour avoir accès aux articles payant de @si et du Monde alors que je peux lire sans rien débourser un grand nombre de choses équivalentes sur des sites français et étrangers (des quotidiens, des blogs, etc).
Peut-être que le problème n'est pas le support mais le contenu.
La seule interrogation de ces décideurs porte sur la forme à adopter pour vendre des informations.
Peut-être qu'ils devraient s'interroger sur le fond des informations qu'ils vendent.
La plupart on est des smartphones et ne lissent la presse dessus que pour dépanner (écran trop petit), dans la salle d’attente du dentiste (pas de quoi justifier le passage à un modèle payant donc…).
La tablette reste un truc de technophile que peu de gens possèdent car leur téléphone fait déjà 90% du taf (les 10% restant, comme lire la presse, étant assuré par le bon vieux PC du salon).
Je suis étonné qu’une telle évidence ne saute pas au visage de tous.
J’y vois là un effet de microcosme…
Jacques Ellul, l’homme qui avait (presque) tout prévu par Jean-Luc Porquet
En trois livres majeurs, Jacques Ellul (1912-1994) démontrait que la technique menait le monde, bien plus que le politique et l’économie.
- La technique ou l’enjeu du siècle (1954)
- Le système technicien (1977)
- Le bluff technologique (1988)
JL Porquet présente 20 idées fortes de J Ellul et illustre par des exemples, comment pour chacune d’entre elles notre réalité rejoint ses prévisions.
L’homme ne maîtrise pas la technique : elle s’auto-accroît en suivant sa propre logique.
Dans « le bluff technologique », Ellul prophétise que la publicité et le bluff technologique sont et seront les moteurs du système technicien.
Je pensais à tout cela en regardant cette heure d’émission.
Les trois intervenants qui devaient traiter de la survie de la presse avec la tablette numérique, ressemblaient à des hamsters actionnant sans fin la roue dans laquelle Daniel les avait enfermés.
Ils étaient l’illustration parfaite du système technicien décrit par Ellul.
La presse crève de la gratuité (journaux gratuits et internet) et donc de la publicité qui entretient ce système.
Mais la seule perspective qui s’offre à ces experts, c’est le salut par le high tech qu’on essaie par tous les moyens d’imposer aux consommateurs avec encore plus de publicité.
« La publicité est devenue le moteur de tout le système. La publicité est la dictature invisible de notre société » (1988)
La publicité a changé de fonction et de statut entre le début et la fin du 20ème siècle.
Il s’agit maintenant de vendre des gadgets high-tech.
« Il y a production d’objets toujours renouvelés de haute technologie mis à la disposition d’un public qui ne voit pas très bien à quoi cela pourrait lui servir, mais qui est prêt à réagir en consommateur obéissant. Il faut faire consommer en masse les produits de haute technologie. En effet, ceux-ci sont la clé du développement économique tout entier » (1988)
« Il s’est passé quelque chose ces dernières années, un changement d’échelle » (1987)
Effectivement (JL Porquet) :
« Le budget publicitaire en France était de 1 milliard d’euros en 1975
En 1989, il passe à 7 milliards d’euros.
En 2010, il atteint les 31 milliards, soit 4 fois le budget du Ministère de la Culture (7,4 milliards)
Sans la publicité, les marchés de la nouvelle technologie s’effondrent, les budgets permettant de poursuivre le développement technique s’évaporent, la recherche technoscientifique patine.
Le rôle de la publicité est décisif : acclimater l’homme à l’univers technicien, et le persuader que celui-ci est légitime, chacun de ses éléments étant bon pour lui ; et s’il est rebelle, l’y pousser de force ou presque. »
A côté de la pub de marque, Ellul fait entrer dans la publicité, « l’action globale des médias en faveur des techniques »
« En un an, écrit-il, pas une seule émission du journal télévisé de 20h sur l’une ou l’autre chaîne, sans une séquence à la gloire de la technique » (1988)
Une réflexion personnelle pour terminer sur le « on invente une nouvelle langue ».
Cette affirmation relève tout à fait de l’arrogance du système technicien qui prétend tout régenter et tout organiser de la vie des hommes sur des bases sans fondement.
L’apparition du langage articulé puis surtout de l’écriture n’ont rien a à voir avec une quelconque technique. Ce fut un lent processus évolutif et adaptatif dont la vedette fut le cerveau humain.
Les alphabets se sont imposés comme le moyen le plus efficace et le plus économe (cérébralement parlant), pour traduire toutes les nuances de la pensée. Aucune technique, notamment la production d’images n’a pu et ne pourra jamais détrôner l’alphabet.
A moins de se passer en partie du cerveau.
Les dirigeants voulaient coller l'ancien modèle (vertical) sur le nouveau modèle (horizontal), le minitel 2.0. Tu m'étonnes que ça n'a pas marché.
Etant allergique aux "Applis" je souhaiterai lire mes journaux ou magazine sur site web en mode responsive (website s'adaptant au type d'écran que ce soit smartphone, tablette ou PC). On lit très bien @si sur tablette par le Website.
L'idée des PDF est morte avant d'être née... car l'innovation necessite d'avoir des contenus additionnels.
J'ai d'ailleurs acheté une tablette de taille limitée (7 pouces) pour pouvoir lire en format vertical.
Par ailleurs, la monétisation à outrance des titres cités m'a laissé un goût douteux lors des essais que j'ai fait, car il y a presque plus de pub dans le journal (pdf ou pas) numérique que dans son équivalent papier.
Le futur des magazines et quotidiens s'il doit être numérique, devra être repensé de fond en comble.
En effet, moi qui suis abonné aussi au Monde en ligne (j'aime la version pas pdf vous avez encore besoin d'un peu de pratique heuristique), je ne regarde plus les vidéos parce qu'à chaque fois, c'est 20 à 30s de pub et un redémarrage dés la dernière image de la vidéo passée.
Vous regardez 10 vidéos de quelques minutes chacune et vous avez déjà pris 5mn de pub dans les mirettes.
Mais bon pour le provincial qui veut lire Le Monde, la version papier n'est pas accessible par abonnement sauf à lire le mercredi le journal du lundi...
Le débat ne devrait-il pas porter sur 'la lecture de la presse sur support numérique' plus que sur tablette?
Une tablette est souvent WIFI, elle est aussi plus encombrante, donc elle reste plus logiquement à la maison, il me semble qu'il n'y a pas besoin de 20 minutes pour tergiverser là-dessus.
Ce qui nous intéresse plus globalement c'est la presse sur support numérique, prenant en compte les smartphones, les tablettes sans oublier les liseuses numériques qui ont complètement été oubliées. Je lis Mediapart et @si sur une liseuse Kobo. La liseuse c'est une lecture beaucoup plus agréable que sur tablette avec écran brillant type ipad, c'est aussi l'impossibilité de voir vidéos et sons, en cela on est plus proche du bon vieux journal.
Pour l'instant c'est nul en tous cas.