Théo : "La matraque télescopique, beaucoup de collègues l'ont demandée"
Une accusation de viol d’un jeune homme par un policier, avec une matraque télescopique, et se multiplient dans les médias les témoignages d’humiliations à caractère sexuel, notamment lors des contrôles d’identité. S’agit-il d’un emballement médiatique classique ou d'un vrai tabou qui se trouve brutalement levé par la seule force d’un témoignage ? Question que nous posons à nos trois invités : Camille Polloni, journaliste du site Les jours et auteure d’une série de reportages réalisés à Aulnay-sous-Bois, ville où réside Théo, le jeune homme agressé, Gaétan Alibert, secrétaire national du syndicat Sud Intérieur et Rachida Brahim, sociologue rattachée au Laboratoire Méditerranéen de Sociologie à Aix-Marseille Université et auteure d’une thèse consacrée aux crimes racistes. En fin d'émission, Mathilde Larrère revient sur l'histoire du mot "bamboula" qui, n'en déplaise au policier Luc Poignant, n'est pas une expression "convenable".
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Derniers commentaires
Pas seulement l'extrême violence de ce cas précis, mais la violence banale appliquée par la police, notamment dans les banlieues.
Ce qui semble étonner Daniel Schneidermann est monnaie courante pour d'autres.
Il n'y a pas forcément besoin d'appartenir à une minorité ethnique.
Je suis blanc mais ayant grandi à Meaux, à l'Est de Paris, j'ai quand même vécu ces violences ordinaires : insultes, surnoms féminins, palpations génitales, "déshabillage" (avant garde à vue), provocations telles que "t'es qu'un sale gauchiste, moi je suis d'extrême-droite et j'assume"...
Et tout ça à partir d'un contrôle en bas de chez moi, pas dans le cadre d'un rapport de force avec la police. Pas de quoi en faire un drame, mais ça amène à se poser des questions.
L'argument du racisme ne tient pas à lui-seul. Il masque le rôle plus globale de contrôle sociale qu'exerce le contrôle d'identité.
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ne pas tergiverser avec ça !
bamboula: je connaissais l'expression "on va faire la bamboula"
c.a.d. faire la fête ...
mais je ne suis pas d'accord sur la culture CORRECTE qui n'appelle plus 1 chat 1 chat;
le personnage sur la boîte de banania est hypersympa non ? en plus la pub c'était
"y-a-bon banania" et la plupart des gamins aimaient le banania;
s'il y en a qui voit derrière ça un personnage demeuré c'est leur problème; certainement pas
le problème de celui qui est sur la boîte de banania que je ne connais pas
et qui peut être un génie !
mouais j'ai beaucoup parlé aux flics lors des manifs contre la loi travail;
en fait les flics sont pareils que nous: il y a des violents et d'autres non; franchement, la majorité
n'est pas violente comme la majorité des français ( heureusement ) mais
il suffit qu'un leader soit violent, voilà les conséquences !
en tous les cas, il y a + de provocations: est-ce que ce sont les ordres ?
car je suis désolée lors des manifs contre la loi travail quand il y a 1 cordon de CRS qui bloque la manif
sans prétexte, n'est-ce pas 1 provocation ? est-ce 1 ordre qui vient d'en haut ?
Dans les faits, la position confucéenne encourage l'établissement d'une sorte de correspondance entre la manière dont une civilisation considère les animaux, et celle dont ses élites traitent les hommes réputés ordinaires, ceux qui n'ont ni la primauté du savoir, ni la primauté du pouvoir. C'est pourquoi, et quoi qu'en disent certains observateurs de la société qui tendent à considérer les rapports homme-animal comme un “non-sujet”, rien n'est, en fait, plus révélateur de ce qui peut arriver à l'homme simple dont l'État aura besoin demain, comme un prince en appétit réclame un ragoût. Si l'animal est un “non-sujet”, c'est peut-être que le même danger menace le citoyen ordinaire.
Lévi-Strauss en arrive plus ou moins aux mêmes conclusions.
[quote=Lévi-Strauss]C'est maintenant […] qu'exposant les tares d'un humanisme décidément incapable de fonder chez l'homme l'exercice de la vertu, la pensée de Rousseau peut nous aider à rejeter l'illusion dont nous sommes, hélas ! en mesure d'observer en nous-mêmes et sur nous-mêmes les funestes effets. Car n'est-ce-pas le mythe de la dignité exclusive de la nature humaine qui a fait essuyer à la nature elle-même une première mutilation, dont devrait inévitablement s'ensuivre d'autres mutilations ? On a commencé par couper l'homme de la nature, et par le constituer en règne souverain ; on a cru ainsi effacer son caractère le plus irrécusable, à savoir qu'il est d'abord un être vivant. Et en restant aveugle à cette propriété commune, on a donné champ libre à tous les abus. Jamais mieux qu'au terme des quatre derniers siècles de son histoire l'homme occidental ne put-il comprendre qu'en s'arrogeant le droit de séparer radicalement l'humanité de l'animalité, en accordant à l'une tout ce qu'il refusait à l'autre, il ouvrait un cercle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d'autres hommes, et à revendiquer au profit de minorités toujours plus restreintes le privilège d'un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l'amour-propre son principe et sa notion.
Je vous invite à visiter ces 2 liens Wikipédia.
Déshumanisation
Antispécisme
En gros il suffirait juste d'une bonne éducation et de méditation. Alors l'humanité s'élèverait au rang qu'elle mérite.
Malheureusement nôtre société néo-libéral et capitaliste est à des années lumière de ces simples concepts.
Nôtre éducation n'est là que pour faire de nous des personnes employable et nôtre vie est réduite à l'économie de marché, dominé par un marketing de plus en plus agressif.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/aulnay-la-famille-de-theo-a-t-elle-detourne-678-000-euros-de-subventions_1882707.html
Famille Fillon : une famille de bons bourgeois cathos qui aurait touché près de 1 000 000 d'euros d'argent public.
Famille Le Pen : une famille qui se prétend "aux mains propres" et qui aurait distribué à des proches des centaines de milliers d'euros d'argent public.
On dirait vraiment qu'en France, il suffit de soulever une pierre pour tomber sur des affaires de népotisme où des familles ont trouvé le moyen de bénéficier de l'argent public.
Corruption et favoritisme à tous les étages.
Pendant que des millions de français tirent le diable par la queue, il y a visiblement des gens qui savent y faire...
Etrange expression.
Soit le viol a eu lieu, soit il n'a pas eu lieu.
Dans le deuxième cas, de quoi "la victime" serait-elle victime ?
Ne voudrait-il pas mieux dire "victime présumée d'un viol" ?
Ben nan, il s'agit d'un [s]censuré[/s] qui voulait prouver que les flics "c'est pas des pédales" (mais des vélos?)...
Lien nsfw
(Ah, et pis surtout ne cherchez pas sur g. image avec des mots clés comme "gay truncheon police naked" hein. Vous pourriez avoir de drôles d'usage d'une matraque (truncheon) dans le cadre des activités policières...)
Je ne comprends pas ces débats entre s'agit-il d'un viol, ou d'une humiliation, ou d'un acte de torture. Les trois aspects sont présents, et certainement pas par hasard. La dimension humiliation est présente dans toute torture, la dimension sexuelle l'est souvent, elle a d'ailleurs une fonction c'est de rendre difficile pour la victime d'en parler compte tenu de la "honte" qui s'y attache. Et une autre fonction qui est d'atteindre la personne dans ce qu'elle a de plus intime et de plus précieux. Et une troisième fonction, lorsque le viol est utilisé comme arme de guerre, d'atteindre une population dans sa descendance même.
On est loin de l'histoire de Théo, mais on est bien sur la même route. Celle de la barbarie.
Ce qui existe c'est viol, ou torture, ou torture aggravée d'agressions sexuelles autre qu'un viol, ou viol aggravé de torture. "barbe-rousse" est accusé de viol. Et ce que je ne sais pas, c'est ce qui se passerait pour "barbe-rousse" si sa défense arrive à convaincre le tribunal que les faits relèvent "plus" de la torture, que du viol. Parce-qu'il me semble qu'on ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits.
Lors de son procès, le 16 janvier, le procureur a évoqué des « violences policières indéniables ». Il a toutefois écarté la requalification en viol demandée par les avocats d’Alexandre, estimant que le geste avait peut-être une « connotation sexuelle » mais ne revêtait pas pour autant un « caractère sexuel ». Il a requis six mois de prison avec sursis et une interdiction professionnelle d’un an à l’encontre du policier municipal.
« Depuis le tout début, je regrette que le parquet ait tué toute forme de débat en décidant par avance que ça n’avait rien de sexuel », a déclaré un des avocats d’Alexandre, Me Joseph Cohen-Sabban.
Le Monde
La droite à raison il y a un laxisme affligeant dans le fonctionnement du système judiciaire !
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Source Bastamag
Des viols requalifiés en « agression sexuelle »
Si peu de violeurs terminent devant une cour d’assises, c’est aussi parce que « la quasi totalité des auteurs de viols poursuivis sont renvoyés devant un tribunal correctionnel par le parquet », constate Véronique Le Goaziou. Le procureur ou le juge d’instruction demandent à déqualifier le crime de viol en délit d’agression sexuelle, qui relève alors du tribunal correctionnel. Avec cette déqualification, on « oublie » que la victime a été pénétrée. L’affaire du jeune Théo à Aulnay-sous-Bois illustre aussi cette réticence : l’enquête confiée à un juge d’instruction porte sur des « violences volontaires avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique » dont sont accusés quatre fonctionnaires de police, soupçonnés initialement de « viol en réunion ». Et ce, alors que la victime témoigne clairement d’un viol (voir son témoignage).
Moins long, moins cher, moins éprouvant qu’une cour d’assises où siège un jury populaire à qui il faut tout raconter : c’est ainsi que l’on vend la correctionnalisation aux victimes de viols, qui, du coup, n’en sont plus vraiment... « En correctionnel, on ne parle pas de viol : c’est interdit, souligne Emmanuel Piet, du CLCV. Par ailleurs la prescription passe de dix à trois ans. Il arrive que la Justice correctionnalise, avant de dire à la victime : "Non, désolé Madame, c’est prescrit. Au revoir." »
Pour justifier la correctionnalisation, le procureur ou le juge d’instruction parlent de la plus grande sévérité des magistrats professionnels qui siègent, seuls, en correctionnel, sans jury populaire. Mais cet argument ne résiste pas à la réalité : les peines de prison ferme sont largement supérieures aux assises, relève l’étude de Véronique Le Goaziou [3]. Et les juges professionnels n’ont pas nécessairement plus de tact envers les victimes que les jurés. En témoigne cette audience au cours de laquelle le procureur de la République a reproché à une victime de ne pas avoir crié, ni porté plainte tout de suite... avant de lui demander pourquoi elle avait attendu plusieurs heures avant de se laver.
« La correctionnalisation se fait nécessairement avec l’accord de la victime, explique Jacky Coulon, de l’USM. Elle a toujours la possibilité de refuser. » Selon le code de procédure pénale, pour qu’un viol soit correctionnalisé, la victime ne doit pas s’y être opposée. Comment le juge d’instruction le sait-il ? Mystère. Tout se fait oralement, souvent directement entre l’avocat et le juge d’instruction. « On reçoit un appel du juge d’instruction demandant si notre cliente serait d’accord pour correctionnaliser, illustre Laure Ignace qui a un temps été avocate. J’ai eu cette demande dans le dossier d’une mineure, une stagiaire de 17 ans qui avait subi deux fellations forcées très violentes de la part de son supérieur. Il y avait des preuves accablantes, y compris des traces ADN de l’agresseur. » D’abord opposée à la correctionnalisation, la victime a fini par dire oui, épuisée par quatre ans de procédure, et inquiète de devoir attendre encore plusieurs années si son agresseur devait être jugé aux assises. Pour les associations qui accompagnent les victimes, cette liberté de refus de la correctionnalisation est très relative.
Il me semble que la dimension sexuelle est évidemment présente dans une pénétration anale d'un homme sur un autre homme, quand on sait avec quelle fréquence l'insulte de "pédé" est utilisées dans le cadre des contrôles d'identité.....
Je ne comprends pas ces débats entre s'agit-il d'un viol, ou d'une humiliation, ou d'un acte de torture. ...
On est loin de l'histoire de Théo, mais on est bien sur la même route. Celle de la barbarie.
Un bien beau message?
Cela commence par donner l'impression de reconnaître le viol évident de Théo et cela conclut par la dénonciation de l'acte de barbarie?
(ps: l'humiliation est un terme mal choisit ici)
Bref, je renvoie à l'ensemble des échanges plus haut sur ce point, y compris et surtout à l'un des derniers élément apporté par Le Chien qui a enfin compris que les crimes de viols, ainsi que les crimes de Tortures et Actes de Barbaries (T&AB) étaient punis a la même hauteur en France et qu'il existait même une forme de gradation.
Pour info, en France le crime de viol est reconnu antérieurement (1980) à celui de T&AB (1992), avant cette date les T&AB étant considérés comme des circonstances aggravantes.
Source: Mais qu’est-ce-qu’un acte de barbarie ?
Extrait :
Pendant longtemps l’acte de barbarie a été retenu comme une circonstance aggravante d’un autre crime, qui pouvait être le meurtre ou le viol. Depuis 1992, le Code pénal en a fait une infraction autonome, définie par l’article 222-1 du Code « le fait de soumettre une personne à des tortures ou à des actes de barbarie est puni de 15 ans de réclusion criminelle ». Cela signifie qu’il peut y avoir des actes de torture ou de barbarie indépendamment de toute autre infraction, telle le meurtre ou le viol. Juridiquement, pour l’acte de barbarie, l’intention de porter atteinte à la personne, distincte de l’intention de tuer, suffit.
Ce sont donc deux infractions distinctes qui sont reprochées à Stéphane Moitoiret. Toute la question est que la loi ne définit pas explicitement ce que sont les actes de torture ou de barbarie. C’est au Juge d’apprécier en fonction des circonstances de l’espèce si les actes lui paraissent devoir recevoir cette qualification.
Observez que je n'ai pas parlé d'actes de barbarie en tant que catégorie juridique. Si vous ne voyez pas la différence (énorme) entre "Être sur le chemin de la barbarie" et "commettre un acte de barbarie"... bah... je m'apprêtais à devenir polémique, je préfère me taire.
Justement, j'avais essayé de faire comprendre la nuance à un jeune animateur de centre de loisirs qui me disait "ben si i me traite, moi je le traite": tu ne peux pas te mettre sur le même plan qu'un gamin! tu es gardien de la règle, tu dois lui interdire de t'insulter, mais tu ne peux pas l'insulter en retour, ou alors c'est la règle que tu attaques, et sur quoi vas-tu baser ton autorité?
Conséquence de ça : si les policiers ne sont pas respectables la République qu'ils représentent ne l'est pas non plus. Je ne sais pas si les politiques, si le ministère de l'intérieur s'en rend compte ou si cette situation leur convient, mais si c'est ça, ça veut dire que le but c'est bien la destruction du contrat social. Faudrait leur mettre le nez devant et leur demander une bonne fois pour toutes si c'était le but, s'ils sont contents du résultat.
Hypothèse toujours: si les flics ne sont plus respectés, ils sont obligés de se faire craindre, en étant de plus en plus violents, y compris de façon aléatoire, du coup tout citoyen, même s'il n'a "rien fait" a peur de la police. Et ça, c'est vachement précieux en des temps de révolte sociale pour museler tout le monde.
Nous n'y sommes pas encore. mais des signes inquiétants: par exemple ces citoyens honnêtes et courageux qui ont voulu intervenir dans la rue contre un contrôle "musclé" comme ils disent et qui se sont vus à leur tour menacés voire accusés d'outrage.
L'impunité et la toute puissance de la police pourrait bien ne pas être accidentelle, mais délibérée.
On ne sait plus qui fait quoi ni où on va, alors tout se fait au coup par coup et le bordel s'installe.
C'est en tout cas ainsi à l'éducation nationale, et ça ne m'étonnerait pas que ce soit assez généralisé à toute la fonction publique.
On procède par "mode", par "projet", alors pendant x mois toute l'attention est portés là-dessus ( pas seulement l'attention médiatique, mais aussi les moyens, les contrôles, les consignes), et puis on passe à autre chose et des situation se dégradent petit à petit jusqu'à ne plus être gérées qu'individuellement par chaque agent, qui fait un peu comme il le sent.
Quoi ? Il n'y aurait donc pas eu d'esclavage avant l'époque moderne ?
Pas d'esclavages des Slaves en Europe ?
Pas d'esclavage des noirs en Afrique ?
Pas d'esclavage chez les Mayas ?
Pas d'esclavage en Chine ?
Mathilde Larrère comment pouvez-vous déformer la réalité à ce point là ?
https://fr-fr.facebook.com/CNTPN/
(c'est une fiction bien sur)
Cher Daniel, you made my day :-D
Ce n'est qu'en juillet 2006, donc très récemment, que j'ai découvert la violence (physique et/ou symbolique) subit lors des contrôles au faciès, grâce à cette émission https://youtu.be/E830PpcGChQ;
J'espère que la médiatisation du viol de ce jeune homme, va permettre de modifier les comportements au sein des forces de l'ordre.Il n'est pas acceptable qu'un ministre de l'intérieur ou un premier ministre, soutiennent aveuglément des comportements hors-la-loi à des fins purement électoralistes.
- alignement des règles de légitime défense des policiers sur celles des gendarmes,
- doublement des peines prévues pour outrage aux forces de l’ordre, aggravation des peines pour refus d’obtempérer
- comme en matière antiterroriste, le texte rendra possible l’anonymat des enquêteurs dans certains actes de procédure
- rétablissement du délit de « consultation » de sites djihadistes
Je n'ai pas regardé qui avait voté ça, sans aucun doute les vallsistes, faudrait voir ce qu'il en est du côté de Hamon et ses amis.
Pour être clair, cette jeunesse dont on parle et qui se fait abusivement contrôler, qui a comme dit Mme Jacques entre 16 et 22 ans, elle est devenue adolescente sous ou après les années Sarkozy. Après les dégâts de son passage au Ministère de l'Intérieur. Après les "racailles" et le "Kärcher".
Si on veut aller plus loin, nos sociétés occidentales ont vécu une bascule, dont on peut placer l'émergence symbolique -la visibilité- au septembre 2001. Le changement de rapport des sociétés aux individus et aux groupes identifiés comme musulmans ("religion d'apparence"), immigrés, maghrébins, arabes, etc. s'est partout exacerbé depuis ce moment, avec en France ce catalyseur terriblement efficace qu'a été Nicolas Sarkozy. Rappelez-vous : suppression de la police de proximité, interdiction de squatter les halls, les déplacements en groupe de 3 qualifiés de suspects justifiant les contrôles inopinés et systématiquement dispersés, etc, mais aussi soutien systématique aux forces de l'ordre lors des litiges avec la population. De la même manière que certains patrons se sont relâchés sur la moralité de leurs pratiques entre 2007 et 2012 (voir et creuser ici et là), certains policiers ont interprété ces nouvelles dispositions dans leurs pratiques quotidiennes.
Je me souviens des effets de cette bascule dans les rapports entre jeunes et policiers. J'ai eu 13 ans en 2002, année laquelle le futur Président de la République devient "premier flic de France". Dans ma petite ville vieillissante de l'est rural, la BAC n'a pas renforcé sa présence dans la ZUP et les patrouilles continuaient de la traverser sans trop ralentir. En revanche, la nuit a progressivement vu le centre ville se transformer en western, avec des cow-boys de la BAC au sentiment de puissance évident. Le plus ancien de la brigade a vu les parties génitales de plusieurs de mes potes et je suppose qu'ils ne sont pas les seuls. Et si les policiers "ne s'en vantent pas", les jeunes non plus, M. Schneidermann. Aucun d'entre nous n'est allé raconter ça à ses parents, ni à ses profs, ni à son médecin, ni à l'IGPN, pour des raisons multiples aussi évidentes que la dualité fierté/humiliation, le sentiment d'impuissance ("nos paroles de minos contre les leurs") et j'en passe. Ce qui peut certes expliquer cette non conscience de la chose.
On aurait pu en rester là mais Nicolas Sarkozy est devenu Président de la République. Et la nouvelle génération d'adolescents qui succède à la génération Y n'a connu que ce type de police. Et de plus en plus de jeunes policiers n'ont connu que cette police. Et de plus en plus de formateurs de police n'ont connu que cette police. Pas besoin de faire un dessin, les relations police-jeunes de quartier sont désormais ainsi définies qu'elles doivent nécessairement générer des violences.
Avoir une police "de droite" (façonnée par un gouvernement autoritaire et conservateur), a aussi transformé le rapport des individus policiers au corps police. Comme ça a été très justement relevé notamment par M. Alibert, l'individualisme sévit aussi dans la police. L'esprit de corps s'est donc transformé de "on représente et défend une institution" en "on défend nos semblables, c'est nous contre eux".
Pour en revenir à ma surprise initiale, je veux dire qu'il n'y a juste rien d'illogique à cet état de fait actuel et je m'étonne encore qu'il n'ait pas été visible à quelqu'un à qui je peux m'identifier autant que Daniel Schneidermann. Il s'inscrit pleinement dans le mouvement général des sociétés occidentales depuis les années 1990. Plus d'exclusions, plus de stigmatisations, plus de violences... La question spécifique de la sexualisation de la violence s'inscrit probablement dans celle de la société en général (à quand une émission de recul sur les conséquences de l'hypermodernité dans les médias ?), les statistiques des viols et agressions sexuelles étant malheureusement là pour nous le rappeler.
Mais la conclusion factuelle reste la même : les flics abusent (dans un sens général) des jeunes et tous les jeunes le savent. C'est tellement entré dans les mœurs que peu de jeunes n'ont pas d'a priori négatifs sur la police et les policiers. Maintenant, soit on arrive à avoir des gouvernants (les patrons des policiers) qui ont la volonté et mettent les moyens de corriger le tir, soit cela participera de plus en plus à la détérioration des rapports sociaux et à la mise en danger du pacte républicain.
Concernant l'affaire Théo, je me demande si le fait qu'un seul des policiers mis en cause soit poursuivi pour viol
ne vas pas poser un problème de qualification juridique des faits. En effet, l'agression (présumée)
semble avoir été commise en réunion, un peu comme si les coups (présumés) des collègues
auraient pu servir à faire diversion pendant que le violeur présumé préparait son acte
d'intromission forcée de son objet contondant, susceptible de terrasser Théo,
sorte d'équivalent macabre d'une décharge de paralyseur (taser).
Resterait à savoir si les collègues avaient connaissance de cette technique de neutralisation pour le moins brutale.
Concernant l'argument avancé selon lequel sous prétexte qu'une arme est demandée,
elle aurait toute légitimité pour être fournie, je le trouve assez pitoyable et choquant.
Je ne vois pas ce que cela peut faire (pour être poli) que le tonfa relève d'un pan des arts martiaux.
Le combat rapproché emprunte également certaines techniques aux arts martiaux donc bon.
De mon point de vue, cette arme de catégorie D pose problème en raison de sa discrétion à l'état replié,
et de son inadéquation en tant qu'instrument de défense contres des coups de poing ou autres (contrairement au tonfa).
A ma connaissance, dans sa version nylon elle est répandue au sein de bandes rivales, hooligans etc.
et auprès de personnes cherchant à assurer leur défense personnelle lors de déplacements (ou à leur domicile)
dans des quartiers difficiles par un moyen censé être plus dissuasif que le gaz au poivre des lacrymos.
Ces matraques, à la base des bâtons d’entraînement (je résume), dans leur version acier ou aluminium
pour les connaisseurs sont extrêmement dangereuses, un peu comme vous vous saisissiez
d'un pied de biche ou d'un tube de fer pour éviter de vous faire dépouiller de vos affaires,
alors même que votre vie n'est pas menacée.
Or mais peut être me trompe-je, il me semble que l'humiliation et donc la domination fait intrinsèquement partie du viol. Cette question révèle beaucoup plus que le viol de Théo, la question du désir de soumission par un corps d'État d'une partie de la population, de, comme le pointait une tribune dans Libération, le désire d'enlever toute virilité aux jeunes des quartiers et donc bien sûr d'être dans une intention sexuelle et enfin l'homophobie latente de la société.
Bref le viol de Théo montre encore une fois que La France vit dans un système globalement raciste, homophobe et patriarcal.
Et le point de vue de la victime présumée dans tout ça, quid lorsqu'elle se déclare violée? Pas un mot?
Donc la journaliste elle, j'imagine qu'en recherchant ses propres articles sur des affaires de femmes violée, on ne retrouvera jamais au grand jamais ce terme de victime violée, qu'une fois la justice délivrée, c'est à dire dans 2% des cas, si l'on croit l'article sur le viol de Bastamag:
En France Moins de 2% des affaires de viols aboutissent à une condamnation
Et personne, hormis la sociologue, n'attaque cette journaliste fermement sur ce point?
C'est pourtant toute la rhétorique typique des cas de viols que l'on retrouve à cette table. Et puis, vite, on tente d'évacuer la question....Puis non zut, la sociologue tente de remettre ce point capital sur la table. Vite, évacuer encore en digressant sur les autres formes de violences à caractère sexuel que l'on a décrit comme harcèlement sexuel dans son journal . Et donc tout est pardonné..passons à un autre sujet que celui de nommer un viol en tant que viol.
Et Daniel qui interrompt rudement (trop, comme d'hab quoi) Anne Sophie parce que seuls les fait ont d'importance..
Une émission que j'ai trouvé dégueulasse pour ma part et pour la première fois dans l'histoire d'ASI.
Malheureusement, vu les contextes de violence (policière ou sportive) dans lesquels ces termes sont très souvent utilisés par les médias, ils connotent de plus en plus la brutalité masculine bas de plafond à laquelle ils renvoient dans ces contextes précis.
À force, "viril" ou "musclé" n'a plus grand chose de positif à mes yeux. Ça veut juste dire "brute épaisse".
Voilà comment les médias dénaturent le sens d'un mot, juste pour le confort (lâche et corporatiste, en l'occurrence) de l'euphémisme.
Le mot à utiliser, ce n'est pas "viril" ni "musclé", c'est "BRUTAL". Arrestation brutale, match brutal, équipe de foot brutale.
Nous avons eu là une bonne émission n'est-ce pas? La présence et les propos de Gaétan Alibert sont vraiment réjouissants et l'on aimerait voir plus souvent sur les plateaux-TV et dans les studios des radios des syndicalistes de cette sensibilité. Saluons aussi la sobriété et la justesse de Camille Polloni. En revanche, Rachida Brahim, effectivement transparente, est bien l'erreur de casting du jour.
Le syncaliste policier parlant des matraques:
"on peut imaginer que certains collègues ... y collent un imaginaire qui soit différent de l'usage normé de l'arme, mais ça, ça a jamais été exprimé publiquement par des collègues"
Pourtant environ 1 minute avant à 35''53 on a une manifestante qui témoigne du contraire en expliquant qu'un policier provoquait en faisant mine de branler sa matraque...
ex : un GM à une jeune militante de 17 ans environ :
"Tu vois ce tonfa, je vais le foutre dans ta chatte", etc
Que ce soit une matraque téléscopique ou un tonfa, ça ne change rien à l'imaginaire viriliste!
D'autre part, le racisme, la misogynie, le machisme se nourrissent les uns les autres et s'alimentent aussi à la haine du "pauvre", du "jeune", du "marginal anti-système".
Bref à la CONNERIE pour appeler à un moment les choses par leur nom ET pour sortir des subtilités sémantiques !!
...pour imager , une police prise entre marteau (exigence d'ordre) et enclume (colère sociale)...
Le système juridique français n’est pas le système américain, et l’importance de la jurisprudence y a une importance considérablement moindre (voire inexistante).
(cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jurisprudence )
https://le-cercle-psy.scienceshumaines.com/la-prison-de-stanford-40-ans-apres_sh_27720
Et que l'appeler comme ça, c'est condescendant.
C'est le mettre d'office dans une position d'infériorité.
Théo est un gamin ? Pas un homme violenté par d'autres hommes?
Que "lémédias" le fassent ne me surprend pas, je regrette que ça arrive dans une émission d'ASI.
Mais je ne suis qu'à 24 minutes et si ça se trouve, quelqu'un réagira à ce propos.
Désolé de ne parler que de ce que je connais le mieux, mais ce qui se dit sur votre plateau me fait furieusement penser à ce qui se passe dans le milieu que je fréquente professionnellement, l'éducation nationale. Dans les quartiers dits sensibles, police ou éducation nationale, c'est même combat au niveau de la gestion institutionnelle. Qui arrive de manière trop majoritaire dans les collèges de banlieue que personne ne demande? Des jeunes gens, qui connaissent souvent un double déracinement. Déracinement géographique d'abord. En général, les jeunes collègues doivent quitter leur province d'origine pour être mutés dans les académies dites déficitaires (Créteil, Saint-Denis). Une salle des profs dans les zones sensibles de Seine-Saint-Denis ou du Val-de-Marne est un lieu aux accents chantant du sud de la France bien souvent. Déracinement social ensuite. Des jeunes gens à bac plus cinq ne proviennent pas des milieux sociaux dans lesquels on va les envoyer en masse pour leur premier poste.
Ce double décalage, social et géographique, entraine bien souvent une fragilisation psychologique. Et nos établissements difficiles sont des lieux où au contraire il faudrait être très solide psychologiquement pour pouvoir encaisser toute la violence sociale qui nous saute à la gueule quand on y travaille (fort taux de chômage, fort taux de pauvreté, de familles explosées, de pauvreté de vocabulaire etc...). Et bien sûr cette violence sociale et symbolique que crée l'institution par son discours lénifiant tellement déconnecté des réalités et dont les élèves ne sont pas dupes finit par se traduire par de la violence physique ou verbale à l'encontre des enseignants. Et en général, comme pour les policiers dont parlent vos invités sur le plateau, bien souvent cette violence physique ou verbale n'est pas directement adressée en tant que personne au prof, mais à l'institution et à l'Etat que le prof incarne.
Or pour ne pas prendre pour soi cette violence, il faut pouvoir prendre du recul, grâce à un peu de culture et à une situation de sécurité psychologique. Or justement nos jeunes collègues étant doublement déracinés comme je l'ai dit auparavant et ayant une formation outre que disciplinaire totalement déconnectée des réalités du terrain ne sont pas dans les conditions psychologiques leur permettant d'affronter avec le plus de recul ces situations difficiles. Conséquence? Fort taux de dépression, de pétage de plomb et de pleurs ou hurlement en salle des profs. D'où des absences plus abondantes dans ces zones sensibles qu'ailleurs. Et pas de remplacement bien souvent, ou des remplacements par des vacataires qui peuvent être plein de bonne volonté dans le meilleur des cas, mais souvent pas formés. D'où une efficacité du service public de l'éducation pas à la hauteur, et de la rancoeur des usagers (parents et élèves) à l'égard d'une institution dont on a l'impression qu'elle ne répond pas à ses missions quand elle ne vous témoigne pas d'un mépris certain.
Donc au-delà du dysfonctionnement personnel de tel ou tel agent, il y a un dysfonctionnement structurel de l'institution, et donc du politique qui régit l'institution, en créant les situations propices à l'épanouissement du dysfonctionnement personnel. La différence entre les policiers et les profs est que ces derniers ne disposant pas de l'usage légal et légitime de la violence retourne par la dépression cette violence contre eux (= dépression) alors que les policiers, au-delà des éventuels cas de sadismes individuels qui peuvent exister comme dans tout groupe humain constitué et qui doivent être punis en tant que tel, et donc au-delà de l'affaire Théo, peuvent retourner cette violence contre le public, en abusant de leur droit à la violence.
Mais la responsabilité du politique qui crée par sa gestion de l'institution la possibilité de dérapages individuel est structurelle, et donc bien plus importante que la responsabilité individuelle du type mis en situation de fragilisation personnelle pouvant le pousser à la faute.
https://reporterre.net/NnoMan-Cadoret-La-violence-policiere-ne-peut-entrainer-que-de-la-violence
Je crois que les policiers frontistes multiplient les provocations et les violences pour déclencher des émeutes dont ils espèrent qu'elles permettront l'élection de Le Pen.
Très bonne émission.
Le flic de service sur le plateau est aussi très bon.Assez différent de ses collègueuhhhhh, ouf ! et c'est un euphémisme. Enfin, je ne suis pas partisane non plus d'un racisme anti-flic, style bamboula-flic tambour battant....ah ah ah.
Merci Mathilde de nous rappeler l'histoire.