Torture-t-on trop dans les séries télé ?
“24 et Homeland ont glorifié la torture pour une génération entière de téléspectateurs”. Quand Amnesty International lance une nouvelle campagne mondiale contre la torture, elle n’accuse pas seulement les gouvernements de ne pas avoir tenu leurs engagements 30 ans après l’adoption de la Convention contre la torture par les Nations Unies. Elle accuse aussi les… séries télé d’avoir “normalisé” l’acte de torture. Et si aujourd’hui 45% des Américains estiment que torturer est “parfois nécessaire et acceptable pour obtenir des informations susceptibles de protéger la nation”, ce serait un peu de la faute de Jack Bauer et Carrie Mathison. Amnesty International a-t-elle raison ? Les séries télé font-elles réellement l’apologie de la torture ? On est allés vérifier.
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Déjà, pourquoi torture-t-on tant?
24 est à mons sens l'exemple type d'une série qui véhicule les valeurs néo-cons : manichéisme primaire, soi-disant supériorité morale de l'Amérique dont la perfection attise la haine des méchants obscurantistes, et donc violence jutifiée d'emblée par le fait que "on est les gentils et les méchants nous veulent du mal". Je ne mettrais évidemment pas Homeland dans le même sac, la série étant infiniment plus nuancée : dans la première saison on voit quand-même un soldat américain se retourner contre son pays, un vice-président américain bien plus haïssable que le terroriste (dont le fils a été tué par un drone américain, bavure niée par les Etats-Unis), et la CIA parcourue d'intrigues politiques et personnelles, très loin d'une image de professionalisme parfait.
Mais on retrouve aussi les valeurs conservatrices typiquement américaines dans plein de séries US plus classiques: CSI, The Good Wife, Dexter, Jericho pour ne citer que celles qui me viennent immédiatement à l'esprit. La torture dans 24 n'est que la conséquence visible (et choquante) de cet ensemble de valeurs très présentes dans la société... et renforcées par les médias, séries TV compris.
Finalement la question serait pas tant si l'on y torture trop mais plutôt si on l'y torture bien?
Les 2 questions en suspens sont son utilité pratique et les questions morales qui en découlent.
Je vous avouerai que j'ai du mal à trancher.
Au fait, j'aimerai vous conseillerai l'excellent "Prisoners" (2013) avec Jake Gyllenhaal et Hugh Jackman sur le sujet.
Et si la torture permettait de sauver des milliers de gens ?
Dans un film, tout est possible. Mais avant le 11 septembre, les autorités judiciaires américaines avaient arrêté un des futurs pirates de l'air. Le seul problème, c'est que de toutes façons, elles ne savaient pas quelles questions lui poser.
Ces situations où le fait de torturer quelqu'un va sauver des milliers de gens, ça n'arrive pas dans la vraie vie. C'est une pure création scénaristique, et ça ne peut rien légitimer en soi. Seulement banaliser.
Les Américains ont torturé en Irak, c'est prouvé, et ça n'a rien changé. Ils sont partis la queue entre les jambes après avoir provoqué une catastrophe et avoir assis le pouvoir de l'Iran dans la région.
[quote=2e paragraphe]
Car de séries télé il n’est nullement question dans la brochure PDF distribuée à tous les médias.
lol
(Ce nest pas le sujet de la chronique). Je n'ai aucun goût pour visionner des scènes de torture même dans une série fictionnelle, mais j'ai une idée dans Hatufim de ce qui se passe entre deux communautés rivales mieux que dans nos tristes infos nationales) et sans parler évidemment des bouquins importants sur le sujet.
Merde, et Reservoir Dogs et l'oreille coupée, on en parle pas ? Le cinéma veut faire de nous des meurtriers sanguinaires, honte à cette industrie !
;)
Et l'oubli de tout, qui sous-tend le récit.
Qui peut croire que de la torture sort la vérité? Un ignare. Mille fois la démonstration a été faite que de la torture sort le mensonge.
La peur n'évite pas le danger, la torture, la violence n'évite pas la menace, etc. Ça se structure dans l'enfance non? Instruction ou pas.
La réponse est dans la question, non ? Franchement, l'idée même que les "gentils" torturent "pour la bonne cause" est un truc un peu dingue.
L'autre truc un peu dingue: faire des articles là dessus plutôt que "est ce que la torture est efficace", puis, quand la réponse habituelle tombe "non, pratiquement jamais, et elle est souvent contre productive", "pourquoi le gouvernement ne condamne-t-il pas la torture (la sienne, de ses alliés". Si on peut faire un article pour s'émouvoir des prisonniers politiques des pays lointains, ne devrait on pouvoir dire à des pays plus proches de nous "votre truc, là, on trouve ça barbare et inefficace" ?