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Un holocauste minuscule
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Derniers commentaires
merci pour cet hommage aux hommes et à ce temps criminel où nous ne sommes que cendres!!
Il me reste deux boites Judith. ça vous ira?
Ce sera de l'opale Judith.
Avant de commencer je demande à mes lecteurs de prendre le temps de regarder - en serrant les dents - Cette immolation historique et terrible
Vous remarquerez accessoirement deux choses :
- En Asie (ici nous sommes chez moi, à Saïgon) personne ne songe à interdire quoi que ce soit à quiconque... Même de se suicider publiquement ! Essayez d'en faire autant en France aujourd'hui, juste pour voir ! Vive la liberté, finalement !
- On sent un incroyable soulagement au moment où le feu commence : il n'y a plus rien à faire, sauf regarder et prier !
Pour ce qui concerne Rémi (j'ai un peu de mal avec le prénom, je ne connaissais pas cet homme)
Il fait ça tout seul, on comprend pour quelle raison, je viens de l'expliquer, mais il le fait pourquoi, en fait ?
La sensible Judith tourne autour de la question, par la force des choses puisque - pas plus que moi - elle n'a rencontré cet homme quand il était vivant... Espérait-il réformer son groupe, la République Française sub-claquante sous le régne de Minus Ier, l'Occident mal barré face à l'Asie ?
Au-delà de l'horreur, il reste beaucoup de questions à résoudre :
- France Télécom (ou Orange pour mieux noyer le poisson et oublier un passé pas tellement glorieux) est un groupe immense, mal sevré de son époque service public (pas de concurrence, glandouille peu perturbée et tarifs adaptés pour payer tout le monde...)
- France Télécom est également, du fait de sa direction et avec la complicité active ou passive des sous-fifres, un fantastique repaire d'escrocs et de voleurs : j'ai des preuves très nombreuses (et écrites) de ce que j'avance, ayant été détroussé à plusieurs reprise, tant à titre personnel qu'à titre professionnel par ces braves gens. Ce qui a une conséquence : les pigeons, assez souvent, ne se gênent pas pour maltraiter leurs interlocuteurs. Même s'ils ne sont pas directement responsables des rackets et autres escroqueries mises en place par FT, ils sont au moins complices et de toute manière les seuls accessibles en agence ou au téléphone (comptez 45 minutes d'attente les bons jours)
- Peut-on exclure, au moins pour une partie des "suicidés" de FT, un déséquilibre psychique ou encore plus simplement des difficultés privées (couple, dettes...) qui se mêleraient avec un mal-être au boulot, puisqu'il est vrai que se suicider ici ou là n'est pas neutre : quand on est quitté par la femme qu'on aime on se suicide plutôt devant sa porte, c'est vrai !
- Comment ne pas dire que le sort des employés de FT n’est pas si terrible, surtout comparé à celui des millions d’employés du privé qui tremblent chaque mois (et même chaque jour) de perdre leur boulot, en sachant qu’il sera bien difficile d’en trouver un nouveau ? La rue guette tous ces gens, hélas ! Mais pas les employés de FT qui sont de facto inamovibles, qui auront une retraite de bonne heure avec des taux incomparablement plus élevés (sur le dos du contribuable et du [s]client[/s] cochon de payant client de FT)… Ce qui n’est pas du tout le sort réservé aux salariés du privé…
- Il m’arrive de penser que si les salariés du privé ne se suicident pas c’est parce qu’ils n’ont pas le temps (ils ont objectivement beaucoup plus de raisons de mettre fin à leurs jours que les “privilégiés” – même s’il y faut des guillemets – des grands groupes de la mouvance publique) En fait je me trompe : ils se suicident beaucoup mais on n’en parle pas du tout… C’est comme les otages : au-delà des noms des deux journalistes de France 3, qui a entendu, une seule fois les noms des accompagnateurs ou des autres otages Français ?
Deux poids, deux mesures ?
Je n’ose le croire !
Vous remarquerez accessoirement deux choses :
- En Asie (ici nous sommes chez moi, à Saïgon) personne ne songe à interdire quoi que ce soit à quiconque... Même de se suicider publiquement ! Essayez d'en faire autant en France aujourd'hui, juste pour voir ! Vive la liberté, finalement !
- On sent un incroyable soulagement au moment où le feu commence : il n'y a plus rien à faire, sauf regarder et prier !
Pour ce qui concerne Rémi (j'ai un peu de mal avec le prénom, je ne connaissais pas cet homme)
Il fait ça tout seul, on comprend pour quelle raison, je viens de l'expliquer, mais il le fait pourquoi, en fait ?
La sensible Judith tourne autour de la question, par la force des choses puisque - pas plus que moi - elle n'a rencontré cet homme quand il était vivant... Espérait-il réformer son groupe, la République Française sub-claquante sous le régne de Minus Ier, l'Occident mal barré face à l'Asie ?
Au-delà de l'horreur, il reste beaucoup de questions à résoudre :
- France Télécom (ou Orange pour mieux noyer le poisson et oublier un passé pas tellement glorieux) est un groupe immense, mal sevré de son époque service public (pas de concurrence, glandouille peu perturbée et tarifs adaptés pour payer tout le monde...)
- France Télécom est également, du fait de sa direction et avec la complicité active ou passive des sous-fifres, un fantastique repaire d'escrocs et de voleurs : j'ai des preuves très nombreuses (et écrites) de ce que j'avance, ayant été détroussé à plusieurs reprise, tant à titre personnel qu'à titre professionnel par ces braves gens. Ce qui a une conséquence : les pigeons, assez souvent, ne se gênent pas pour maltraiter leurs interlocuteurs. Même s'ils ne sont pas directement responsables des rackets et autres escroqueries mises en place par FT, ils sont au moins complices et de toute manière les seuls accessibles en agence ou au téléphone (comptez 45 minutes d'attente les bons jours)
- Peut-on exclure, au moins pour une partie des "suicidés" de FT, un déséquilibre psychique ou encore plus simplement des difficultés privées (couple, dettes...) qui se mêleraient avec un mal-être au boulot, puisqu'il est vrai que se suicider ici ou là n'est pas neutre : quand on est quitté par la femme qu'on aime on se suicide plutôt devant sa porte, c'est vrai !
- Comment ne pas dire que le sort des employés de FT n’est pas si terrible, surtout comparé à celui des millions d’employés du privé qui tremblent chaque mois (et même chaque jour) de perdre leur boulot, en sachant qu’il sera bien difficile d’en trouver un nouveau ? La rue guette tous ces gens, hélas ! Mais pas les employés de FT qui sont de facto inamovibles, qui auront une retraite de bonne heure avec des taux incomparablement plus élevés (sur le dos du contribuable et du [s]client[/s] cochon de payant client de FT)… Ce qui n’est pas du tout le sort réservé aux salariés du privé…
- Il m’arrive de penser que si les salariés du privé ne se suicident pas c’est parce qu’ils n’ont pas le temps (ils ont objectivement beaucoup plus de raisons de mettre fin à leurs jours que les “privilégiés” – même s’il y faut des guillemets – des grands groupes de la mouvance publique) En fait je me trompe : ils se suicident beaucoup mais on n’en parle pas du tout… C’est comme les otages : au-delà des noms des deux journalistes de France 3, qui a entendu, une seule fois les noms des accompagnateurs ou des autres otages Français ?
Deux poids, deux mesures ?
Je n’ose le croire !
S'il vous plaît, perdons l'habitude de dire france-télécom, mais "ORANGE" car il s'agit bien de cela...
Merci, Judith.
Dans un de vos liens, on voit l'usine de France Telecom près de laquelle il s'est immolé.
Étonnante, cette croix, non ?
Dans un de vos liens, on voit l'usine de France Telecom près de laquelle il s'est immolé.
Étonnante, cette croix, non ?
Là non plus, on ne se déchaîne pas pour en parler dans les grands medias : http://owni.fr/2011/04/29/en-greve-de-la-faim-illimitee-depuis-79-jours-sur-twitter/
Les quelques fonctionnaires qui travaillent aujourd'hui à Orange/Ft sont des individus qui ont été choisis pour leur sens du travail bien fait et pour leur probité (grâce à un concours de la fonction publique). Ces fonctionnaires (au sevice de la collectivité) sont assermentés, ils ont prêté serment devant le juge au début de leur carrière (il y a au moins 15 ans). Aujourd'hui ces personnes sont dans une organisation professionnelle individualiste (management par la peur) dans laquelle il faut être meilleur que son collègue, il faut être un gagneur de ventes et un promoteur de marque commerciale.
Au moment où un individu, embauché individuellement à l'issu d'un entretien face à un recruteur ou par cooptation / piston, se dirait : "j'arrête les frais, je démissionne", ces personnes très impliquées dans le service à la collectivité (les collègues, les citoyens, l'Etat, etc), n'en font rien... Et en viennent à porter atteinte à leur vie quand la goutte d'eau fait débordé le vase.
Au moment où un individu, embauché individuellement à l'issu d'un entretien face à un recruteur ou par cooptation / piston, se dirait : "j'arrête les frais, je démissionne", ces personnes très impliquées dans le service à la collectivité (les collègues, les citoyens, l'Etat, etc), n'en font rien... Et en viennent à porter atteinte à leur vie quand la goutte d'eau fait débordé le vase.
Un retour vers la tendance à l'esclavagisme bien organisé par les donneurs d'ordres (Neuilly-Sur-Seine, Deauville, ...)
Je lis dans le 1ier poste des votes pourquoi en France ça ne bouge pas comme en Tunisie ? Mais comment on peut régresser à se demander cette question sans en avoir une réponse peut être flou mais facile à comprendre ?
Je ne sais pas genre quelques éléments :
_ Tunisie peuple globalement affamé depuis plusieurs décennies qui a donc conscience du principe d'exploitation de son prochain et de ce qu'est l'oppression des plus puissants (on dit riches dans le monde capitalisme) sur les plus faibles.
_ France pays parasiter par le paternalisme qui bloque l'évolution des entreprises, l'accès à l'emploi de ceux qui veulent travailler et en face des donneurs d'ordres qui inscrivent comme il faut les bons tabous (on ne parle pas des machines qui remplacent les Hommes et ne cotisent pas pour la population mais rapportent juste au patronat, surtout pas de protectionnisme face à des pays comme la Chine qui ne respectent pas les droits de l'Homme on met tout sur l'immigration pour stigmatiser et foutre tout ce qui est gênant à ce sujet derrière le mot "racisme" même si ça n'en est pas, ...) pour que les faibles dont ils s'occupent si bien d'appauvrir ne s'en rendent surtout pas compte et que les politiques qui les représentent ne parlent surtout pas de sujets facheux pour eux... résultat ils nous font parler d'assistanat (quasiment tous les hommes politiques parlent de revenus d'assistances) et que soit disant si on se bouge on trouve forcément un boulot ce qui est faux.
Une guerre d'imbéciles en France où les patrons sont plus intelligents dans leur manière de faire (seulement intelligent dans la manière hein car quand on voit l'objectif poursuivi c'est sacrément débile ...) et donc largement plus efficace face à des paternalistes mous, arrogants (mai 68) et datant du baby boom (papy boom).
Rendez-vous au prochain épisode
Je lis dans le 1ier poste des votes pourquoi en France ça ne bouge pas comme en Tunisie ? Mais comment on peut régresser à se demander cette question sans en avoir une réponse peut être flou mais facile à comprendre ?
Je ne sais pas genre quelques éléments :
_ Tunisie peuple globalement affamé depuis plusieurs décennies qui a donc conscience du principe d'exploitation de son prochain et de ce qu'est l'oppression des plus puissants (on dit riches dans le monde capitalisme) sur les plus faibles.
_ France pays parasiter par le paternalisme qui bloque l'évolution des entreprises, l'accès à l'emploi de ceux qui veulent travailler et en face des donneurs d'ordres qui inscrivent comme il faut les bons tabous (on ne parle pas des machines qui remplacent les Hommes et ne cotisent pas pour la population mais rapportent juste au patronat, surtout pas de protectionnisme face à des pays comme la Chine qui ne respectent pas les droits de l'Homme on met tout sur l'immigration pour stigmatiser et foutre tout ce qui est gênant à ce sujet derrière le mot "racisme" même si ça n'en est pas, ...) pour que les faibles dont ils s'occupent si bien d'appauvrir ne s'en rendent surtout pas compte et que les politiques qui les représentent ne parlent surtout pas de sujets facheux pour eux... résultat ils nous font parler d'assistanat (quasiment tous les hommes politiques parlent de revenus d'assistances) et que soit disant si on se bouge on trouve forcément un boulot ce qui est faux.
Une guerre d'imbéciles en France où les patrons sont plus intelligents dans leur manière de faire (seulement intelligent dans la manière hein car quand on voit l'objectif poursuivi c'est sacrément débile ...) et donc largement plus efficace face à des paternalistes mous, arrogants (mai 68) et datant du baby boom (papy boom).
Rendez-vous au prochain épisode
Ce qui est fascinant dans les phénomènes de souffrance au travail, c'est que la réaction des victimes n'est pas "Je vais casser la gueule à mon chef", (ou mieux : entreprendre une lutte syndicale ou politique), mais qu'elles retournent sur elles-mêmes le bâton, prenant en quelque sorte la responsabilité de ce qui leur arrive.
Je veux bien croire que la pression qui leur est faite a fini par annihiler toute autre perspective, et qu'un état de dépression grave, ça ne se décide pas. Mais avant d'en arriver là, est-il si impossible de refuser d'avaler les premières couleuvres ?
Il faut que l'époque ait fini par nous convaincre de confondre notre propre vie avec notre vie professionnelle pour en arriver à ces extrémités.
Il faut que la grande machine à broyer l'humain au profit du profit soit parfaitement au point.
Il faut que le fatalisme ait remplacé la lutte, mon pote.
Je veux bien croire que la pression qui leur est faite a fini par annihiler toute autre perspective, et qu'un état de dépression grave, ça ne se décide pas. Mais avant d'en arriver là, est-il si impossible de refuser d'avaler les premières couleuvres ?
Il faut que l'époque ait fini par nous convaincre de confondre notre propre vie avec notre vie professionnelle pour en arriver à ces extrémités.
Il faut que la grande machine à broyer l'humain au profit du profit soit parfaitement au point.
Il faut que le fatalisme ait remplacé la lutte, mon pote.
Voilà. Des rats.
Un suicide flamboyant + un arrière-goût de révolution arabe + le Mal néo-libéral qui rôde + les médias qui ne s'intéressent qu'à des bêtises + une trouvaille langagière poético-bizarre en guise de titre + un gros zeste de bons sentiments + un brin de culpabilité + Bergman, qui passe bizarrement par là, caution culturelle sans doute... Certains dans le forum pensent qu'il s'agit de l'article du siècle. Bien joué.
Pourquoi Judith n'anime-t-elle plus d'émission ? Elle me manque.
Pourquoi Judith n'anime-t-elle plus d'émission ? Elle me manque.
Merci Judith pour ce texte qui oblige à sortir la tête du brouhaha "mariage princier", "Ligonnès", "percée de Hollande" et "Hosanna ! La first lady est enceinte !".... Bien sûr, mon esprit s'était arrêté sur cette nouvelle, réellement saisissante celle-là, mais s'était laissé emporter pas la valse habituelle bien trop rapidement.
Il est utile, je crois, de rappeler l'excellent documentaire "Orange amère" diffusé il y a quelques semaines sur France 5 en complément à votre article. Voici un endroit où le voir... je vous laisse chercher, chacun, un endroit où pleurer...
http://documentaire-streaming.com/video/506/Orange-Am%C3%A8re
Il est utile, je crois, de rappeler l'excellent documentaire "Orange amère" diffusé il y a quelques semaines sur France 5 en complément à votre article. Voici un endroit où le voir... je vous laisse chercher, chacun, un endroit où pleurer...
http://documentaire-streaming.com/video/506/Orange-Am%C3%A8re
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Il faut dire quand même que le contexte est très différent entre la France et la Tunisie. Vous le disiez d'ailleurs très bien dans une autre chronique : les peuples arabes ont avec la démocratie un rapport de jeune couple fiancés, nous on est comme un vieux couple sans désir.
Chez nous tout le monde trouve que tout va de plus en plus mal, mais on se contente de laisser continuer le jeu des représentations politiques traditionnelles alors qu'il ne mène à rien de super. Quand on est un peu plus audacieux que d'habitude, on vote Sarkozy, qui ose dire sans complexe "oui, il faut continuer avec le même système, mais en plus fort, si si vraiment ça va marcher". De toute façon personne n'a de solution qui plaise à tout le monde, et puis si on voulait faire quelque chose il faudrait le faire au niveau européen, et on n'a pas le courage de re-révolutionner la politique européenne, on a déjà donné y'a 200 ans.
Avec un peu de chance, un de ces jours on sera bien forcés de changer quand même.
Chez nous tout le monde trouve que tout va de plus en plus mal, mais on se contente de laisser continuer le jeu des représentations politiques traditionnelles alors qu'il ne mène à rien de super. Quand on est un peu plus audacieux que d'habitude, on vote Sarkozy, qui ose dire sans complexe "oui, il faut continuer avec le même système, mais en plus fort, si si vraiment ça va marcher". De toute façon personne n'a de solution qui plaise à tout le monde, et puis si on voulait faire quelque chose il faudrait le faire au niveau européen, et on n'a pas le courage de re-révolutionner la politique européenne, on a déjà donné y'a 200 ans.
Avec un peu de chance, un de ces jours on sera bien forcés de changer quand même.
excellent
C'est dommage que cet article ne soit pas en accès public : ça aurait pu contribuer à rendre cet holocauste moins minuscule.
On est fait des autres... Un suicide, c'est donc aussi un acte contre les autres. Envers les autres... Voilà aussi pourquoi France Telecom et les entreprises "citron" doivent se sentir concernées...
Nous nous rapprochons chaque jour du kamikaze...
Bel article, et qui nous dit l'urgence et le respect du recueillement mais aussi l'urgence à réagir; comme il est étrange d'observer l'inaction
actuelle, la sidération qui est la nôtre devant les injustices actuelles.Par comparaison, les arabes sont bien plus éveillés, bien plus critiques; et ils vont jusqu'au bout, jusqu'à mourir. Je pense comme vous, Judith, que ce geste a une portée symbolique qui mériterait plus d'échos, c'est une interpellation, une volonté de nous impliquer, de nous mobiliser.Hélas! que ce mur noirci est triste! que la banalité qui l'entoure est désolante!Bouazzizi Mohammed aura eu un hommage collectif plus glorieux, quel panache pour ces peuples en révolte, malgré leur misère!
actuelle, la sidération qui est la nôtre devant les injustices actuelles.Par comparaison, les arabes sont bien plus éveillés, bien plus critiques; et ils vont jusqu'au bout, jusqu'à mourir. Je pense comme vous, Judith, que ce geste a une portée symbolique qui mériterait plus d'échos, c'est une interpellation, une volonté de nous impliquer, de nous mobiliser.Hélas! que ce mur noirci est triste! que la banalité qui l'entoure est désolante!Bouazzizi Mohammed aura eu un hommage collectif plus glorieux, quel panache pour ces peuples en révolte, malgré leur misère!
Pour que les médias réagisses, il aurai fallu un massacre, rémy tue 20 personnes à france télécom mérignac (de préférence ceux qui lui en ont fait voir), mais ça aurai éclipsé ça souffrance personnelle au profit des victimes.
c'est une machine bien huilé où la concurrence fait loi, les employés de france télécom ce suicide en voyant leur travail changer, ceux des grandes boites privées baisses la tête et serrent les fesses (ils ont l'expérience de l'habitude).
Qu'attendre d'un gouvernement néolibéral qui à pour idéale l'argent ? marche où crève.
Rémy a choisi, il arrête de marcher.
y a t-il un autre choix dans un pays qui écrase ceux qui fond un pas de coté ? (voir tom et léa et là)
c'est une machine bien huilé où la concurrence fait loi, les employés de france télécom ce suicide en voyant leur travail changer, ceux des grandes boites privées baisses la tête et serrent les fesses (ils ont l'expérience de l'habitude).
Qu'attendre d'un gouvernement néolibéral qui à pour idéale l'argent ? marche où crève.
Rémy a choisi, il arrête de marcher.
y a t-il un autre choix dans un pays qui écrase ceux qui fond un pas de coté ? (voir tom et léa et là)
Vous dîtes : "Stupeur, hébétude, suspens horrifié… et reprise du cours normal des activités". C'est exactement ce que j'ai ressenti, à ceci près que ma stupeur s'est exprimé de la manière suivante : "Putain, quel con !". Il n'y avait ni mépris ni ricanement dans cet interjection, mais simplement l'expression de ma surprise et de l'horreur que je ressentai face à la disproportion de l'acte par rapport aux causes supposées. J'aurais pu ajouté : « Il s'est immolé à cause de... France Télécom ?!!!???!!! ». Il y a là, au-delà de la stupéfaction, quelque chose d'atrocement pathétique qui génère de la gêne et donne envie de détourner le regard. C'est pourquoi, me semble-t-il, les médias sont d'une discrétion de violette sur cette histoire. Ils ne l'assument pas. Elle est de trop par rapport à l'historique récent de FT, et « trop » tout court.
Terrible.
Est-ce que quelqu'un pourrait signaler les crédits des photos ? Le contexte dans le quel elles ont été prises ?
Est-ce que quelqu'un pourrait signaler les crédits des photos ? Le contexte dans le quel elles ont été prises ?
Question technique : un parking, c'est rarement un endroit caché et vide. Si Rémi L.* s'est suicidé là, on peut supposer que c'est par choix de visibilité. Et personne n'a rien vu, en tout cas avant qu'il soit trop tard. Sinistre symbole de la solitude où tout ça, la vie et la souffrance des gens, finalement, ça se passe... Delphine C., sors de ton bureau, sors de ton bunker ! Bah non, monsieur, chui trop bien dans mon fromage !
(*Désolé, je ne connais pas son nom, dont je suppose qu'on le cache par "respect pour la famille", rholàlà. Respect auquel n'a pas droit la famille d'une autre morte, de Nantes, 50 Bd Robert Schumann, voir l'article infâme de Sophie Marteau sur Marianne2)
(*Désolé, je ne connais pas son nom, dont je suppose qu'on le cache par "respect pour la famille", rholàlà. Respect auquel n'a pas droit la famille d'une autre morte, de Nantes, 50 Bd Robert Schumann, voir l'article infâme de Sophie Marteau sur Marianne2)
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20110428.OBS2007/le-salarie-de-france-telecom-qui-s-est-immole-avait-appele-a-l-aide.html
Elle a a l'air maligne, Delphine C., de nous l'avoir joué "mais on savait pas, eu"
Elle a a l'air maligne, Delphine C., de nous l'avoir joué "mais on savait pas, eu"
À écouter ou à réécouter, les trois volets « Orange stressé » de 2009 :
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1756
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1758
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1759
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1756
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1758
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1759
Et sinon, voir l'excellent blog Et voilà le travail...
Et notamment, les nombreux articles consacrés à France Telecom.
Et notamment, les nombreux articles consacrés à France Telecom.
Il y a quelques jours, au Magazine de la Santé, était invitée Marie Pezé, psychanalyste et responsable du réseau de consultations Souffrance et travail. Ironie du sort : il y a quelques mois, elle-même a été licenciée pour "inaptitude" (elle est reconnue handicapée à 80% et son poste était adapté). Au moment même de son passage à l'antenne, la dépêche AFP sur l'immolation du cadre de FT-Orange tombait et était lue par le rédacteur en chef.
Très posément, M. Pezé expliquait que ce n'est pas un hasard si ce sont principalement des cadres quadras et quinquas qui se suicident, souvent sur leur lieu de travail, et quelquefois de façon spectaculaire : ils ont parfaitement assimilé l'impératif productiviste, répondu à l'injonction d'implication totale, jusqu'à se priver de toute capacité de recul. Les jeunes, selon elle, sont moins concernés car heureusement plus à même de se protéger, en adoptant une attitude plus détachée, moins suiviste. Paradoxe : pour survivre et faire survivre l'entreprise néo-libérale et néo-managée d'aujourd'hui, il faut être volontairement moins rentable.
La vidéo est encore en ligne :
http://www.france5.fr/sante/le-magazine-de-la-sante/emission/2011-04-26
(Son intervention est à 16'53").
Très posément, M. Pezé expliquait que ce n'est pas un hasard si ce sont principalement des cadres quadras et quinquas qui se suicident, souvent sur leur lieu de travail, et quelquefois de façon spectaculaire : ils ont parfaitement assimilé l'impératif productiviste, répondu à l'injonction d'implication totale, jusqu'à se priver de toute capacité de recul. Les jeunes, selon elle, sont moins concernés car heureusement plus à même de se protéger, en adoptant une attitude plus détachée, moins suiviste. Paradoxe : pour survivre et faire survivre l'entreprise néo-libérale et néo-managée d'aujourd'hui, il faut être volontairement moins rentable.
La vidéo est encore en ligne :
http://www.france5.fr/sante/le-magazine-de-la-sante/emission/2011-04-26
(Son intervention est à 16'53").
Et sinon, pour prendre un peu de recul :
http://fr.wikipedia.org/wiki/France_T%C3%A9l%C3%A9com#Suicides
Au début des années 2000, le taux de suicides était déjà anormalement élevé. Aucun débat à l'époque. Et c'était avant le fameux plan Next.
Parler de 60 suicidés en 3 ans donne l'impression (comme la quasi totalité des articles ou reportages que j'ai pu voir sur le sujet) que c'est une nouveauté, une tendance nouvelle liée aux changements récents de politique interne.
Si oui, pourquoi ces taux élevés il y a 10 ans déjà ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/France_T%C3%A9l%C3%A9com#Suicides
Au début des années 2000, le taux de suicides était déjà anormalement élevé. Aucun débat à l'époque. Et c'était avant le fameux plan Next.
Parler de 60 suicidés en 3 ans donne l'impression (comme la quasi totalité des articles ou reportages que j'ai pu voir sur le sujet) que c'est une nouveauté, une tendance nouvelle liée aux changements récents de politique interne.
Si oui, pourquoi ces taux élevés il y a 10 ans déjà ?
Rien n'y fait. France Télécom/Orange, Générali, Renault, La Poste, EDF, Caisse d'Epargne, sans parler de l'Education nationale... la liste des salariés retournant contre-eux la violence managériale qui leur est imposée s'allonge de jour en jour.
--------
Suicides, grèves de la faim et, aujourd'hui, comble de l'horreur, immolation!
Comment ne pas s'interroger sur ce qui peut conduire quelqu'un à attenter à sa vie à cause du travail? Comment ne pas s'interroger sur le déplacement de la violence vers soi-même? Comment, derrière la diversité des situations, ne pas discerner le signe de la violence du mode de discipline dominant dans nos sociétés néolibérales: le travail comme seule source de reconnaissance (et de revenus), la consommation comme seule façon d'exister? Centrés sur nous mêmes nous en oublions de faire monde et même dans des conflits collectifs, c'est à notre intégrité physique et psychique que nous nous attaquons. N'avons-nous pas perdu le sens du politique?
C'est que nous nous attaquons aux symptomes et non à l'origine de nos maux: la centralité du travail qui sous sa forme salariée et productiviste est devenu le cancer qui ronge nos vie et détruit le monde.
Le mal est en effet beaucoup plus profond et dépasse largement le cas de France Télécom. C'est le statut prépondérant accordé à une "ressource", "une valeur" qui se détruit elle-même, le travail, qui doivent être remis en cause. Chaque personne qui a un travail est dans la situation de ressentir qu'avec tous les efforts de productivité qu'on lui demande, on exige en fait qu'il détruise du travail, le sien et/ou celui d'autres. Et cette demande est inscrite dans la logique d'accumulation du capitalisme. La fameuse "injonction paradoxale" qui rend fou est bien là: "Travaillez plus pour détruire du travail, en rechercher tout le temps" alors que la richesse de nos sociétés et même du monde permettrait, dès aujourd'hui de dépasser cette contradiction.
En 1958, Hannah Arendt écrivait:
«L'époque moderne s'accompagne de la glorification théorique du travail et elle arrive en fait à transformer la société tout entière en une société de travailleurs. Le souhait se réalise donc, comme dans les contes de fées, au moment où il ne peut que mystifier. C'est une société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire, car c'est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d'aristocratie politique ou spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres facultés de l'homme. Même les présidents, les rois, les premiers ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie de la société, et parmi les intellectuels il ne reste que quelques solitaires pour considérer ce qu'ils font comme des œuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. Ce que nous avons devant nous, c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire.»
Soucieux de trouver un travail qui nous aide à survivre et, même pour certains, soit une raison de vivre, nous en oublions ce qui devrait être politiquement au centre de nos préoccupations: le souci d'un monde durable.
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Suicides, grèves de la faim et, aujourd'hui, comble de l'horreur, immolation!
Comment ne pas s'interroger sur ce qui peut conduire quelqu'un à attenter à sa vie à cause du travail? Comment ne pas s'interroger sur le déplacement de la violence vers soi-même? Comment, derrière la diversité des situations, ne pas discerner le signe de la violence du mode de discipline dominant dans nos sociétés néolibérales: le travail comme seule source de reconnaissance (et de revenus), la consommation comme seule façon d'exister? Centrés sur nous mêmes nous en oublions de faire monde et même dans des conflits collectifs, c'est à notre intégrité physique et psychique que nous nous attaquons. N'avons-nous pas perdu le sens du politique?
C'est que nous nous attaquons aux symptomes et non à l'origine de nos maux: la centralité du travail qui sous sa forme salariée et productiviste est devenu le cancer qui ronge nos vie et détruit le monde.
Le mal est en effet beaucoup plus profond et dépasse largement le cas de France Télécom. C'est le statut prépondérant accordé à une "ressource", "une valeur" qui se détruit elle-même, le travail, qui doivent être remis en cause. Chaque personne qui a un travail est dans la situation de ressentir qu'avec tous les efforts de productivité qu'on lui demande, on exige en fait qu'il détruise du travail, le sien et/ou celui d'autres. Et cette demande est inscrite dans la logique d'accumulation du capitalisme. La fameuse "injonction paradoxale" qui rend fou est bien là: "Travaillez plus pour détruire du travail, en rechercher tout le temps" alors que la richesse de nos sociétés et même du monde permettrait, dès aujourd'hui de dépasser cette contradiction.
En 1958, Hannah Arendt écrivait:
«L'époque moderne s'accompagne de la glorification théorique du travail et elle arrive en fait à transformer la société tout entière en une société de travailleurs. Le souhait se réalise donc, comme dans les contes de fées, au moment où il ne peut que mystifier. C'est une société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté. Dans cette société qui est égalitaire, car c'est ainsi que le travail fait vivre ensemble les hommes, il ne reste plus de classe, plus d'aristocratie politique ou spirituelle, qui puisse provoquer une restauration des autres facultés de l'homme. Même les présidents, les rois, les premiers ministres voient dans leurs fonctions des emplois nécessaires à la vie de la société, et parmi les intellectuels il ne reste que quelques solitaires pour considérer ce qu'ils font comme des œuvres et non comme des moyens de gagner leur vie. Ce que nous avons devant nous, c'est la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire.»
Soucieux de trouver un travail qui nous aide à survivre et, même pour certains, soit une raison de vivre, nous en oublions ce qui devrait être politiquement au centre de nos préoccupations: le souci d'un monde durable.
merci Judith.
Et pourtant nous sommes légion...rien ne bouge...rappelez vous du célèbre slogan : "WHY?"
L'article de la semaine
Je vous lis, Judith, et je suis mal à l'aise. Oui, bien sûr, la photo sidérante, un homme qui s'immole par le feu.
Mais plus encore, me sidèrent ces résidus de suie sur le mur, qui tracent un homme, le dos au mur.
Vous parlez d'une mémoire de Time to move comme engrammée en lui. Et pourtant, c'est avec le "travail alibi" qu'il passe à l'acte.
Hier, j'avais des entretiens avec les gens d'une boîte privée dans le cadre d'une mission. Une responsable m'a dit qu'elle avait quitté la RATP où elle était "commerciale" pour rejoindre l'entreprise. Paradoxe, ses amis ne comprennent pas. T'avais la planque. Elle? je ne supportais pas, travailler deux heures et faire semblant le reste du temps. J'aime pas le public.
J'ai dit, le public ?, pensant qu'elle n'aimait pas les métro-parisiens. Elle me reprend, elle voulait dire le "publique". Le secteur publique.
J'hésite à vous raconter cette histoire, parce qu'elle chatouille des poncifs sur le travail dans ce milieu. Et pourtant, j'ose, parce que j'ai eu la même remarque d'un copain, homme au foyer pendant vingt ans, qui a divorcé, a passé des concours et est devenu fonctionnaire aux Finances et qui m'a raconté la même histoire, cette impression du temps qui s'effiloche, qui n'en finit pas, le profond ennui d'après-midi à buller tout en faisant mine de.
Si le Time to move rendait fou, parce qu'il avait ce côté maltraitant, sans but précis autre que de secouer les gens, le travail atomisé, la responsabilité minuscule, prise entre d'autres responsabilités minuscules, quand on vous dit, tu fais ça et ça et pas plus, ce tronçonnage des organisations, des missions, des postes de travail, qui enferme les gens dans l'univers du "tu es parfaitement remplaçable", parce que dans ces bureaucraties, le calcul est de nier l'apport d'une personnalité, de traiter chacun en individus interchangeables, oui, la "fonction nucléaire" est bien pire selon moi.
Cet homme de 57 ans aurait pu se dire, j'm'en fous, plus que cinq ans à tirer, j'ai la planque, mais il s'est dit que cinq ans à faire des compte-rendus de CHSCT, à suivre des procédures formelles sans âme, parce que personne ne lui a appris à les remplir de sens, parce que tout le monde s'en foutait, à faire un boulot de "parade", on ne dira jamais combien le sentiment d'être utile fait du bien, il s'est dit que cinq ans à son âge, c'était encore plus important, et qu'il n'avait pas les moyens d'influer sur son destin, de faire évoluer son poste, parce que la démocratie en entreprise n'existe pas, et que vivre sans avoir le droit de choisir comment on passe huit heures de son temps chaque jour, c'est insupportable.
Avoir 57 ans, bientôt vieux, ne pas faire un travail où on s'épanouit, faire semblant, ne pas être utile, avoir l'impression que ça va de mal en pis, et puis peut-être tout le reste qu'on ne sait pas, la maison, le blues. Et vient l'idée folle de faire spectacle, le mur du fond est le mur du théâtre antique, il va se mettre en scène, composer le grand acte final. Cette envie d'avoir enfin un destin singulier. Dans le choix de sa mort, il dit l'envie de liberté, mais la mégalomanie aussi, il est là mon malaise, sa mort pour moi parle autant de lui que de son job, et ce d'autant plus qu'il a entendu parler de la mort de Mohamed Bouazizi
http://anthropia.blogg.org
Mais plus encore, me sidèrent ces résidus de suie sur le mur, qui tracent un homme, le dos au mur.
Vous parlez d'une mémoire de Time to move comme engrammée en lui. Et pourtant, c'est avec le "travail alibi" qu'il passe à l'acte.
Hier, j'avais des entretiens avec les gens d'une boîte privée dans le cadre d'une mission. Une responsable m'a dit qu'elle avait quitté la RATP où elle était "commerciale" pour rejoindre l'entreprise. Paradoxe, ses amis ne comprennent pas. T'avais la planque. Elle? je ne supportais pas, travailler deux heures et faire semblant le reste du temps. J'aime pas le public.
J'ai dit, le public ?, pensant qu'elle n'aimait pas les métro-parisiens. Elle me reprend, elle voulait dire le "publique". Le secteur publique.
J'hésite à vous raconter cette histoire, parce qu'elle chatouille des poncifs sur le travail dans ce milieu. Et pourtant, j'ose, parce que j'ai eu la même remarque d'un copain, homme au foyer pendant vingt ans, qui a divorcé, a passé des concours et est devenu fonctionnaire aux Finances et qui m'a raconté la même histoire, cette impression du temps qui s'effiloche, qui n'en finit pas, le profond ennui d'après-midi à buller tout en faisant mine de.
Si le Time to move rendait fou, parce qu'il avait ce côté maltraitant, sans but précis autre que de secouer les gens, le travail atomisé, la responsabilité minuscule, prise entre d'autres responsabilités minuscules, quand on vous dit, tu fais ça et ça et pas plus, ce tronçonnage des organisations, des missions, des postes de travail, qui enferme les gens dans l'univers du "tu es parfaitement remplaçable", parce que dans ces bureaucraties, le calcul est de nier l'apport d'une personnalité, de traiter chacun en individus interchangeables, oui, la "fonction nucléaire" est bien pire selon moi.
Cet homme de 57 ans aurait pu se dire, j'm'en fous, plus que cinq ans à tirer, j'ai la planque, mais il s'est dit que cinq ans à faire des compte-rendus de CHSCT, à suivre des procédures formelles sans âme, parce que personne ne lui a appris à les remplir de sens, parce que tout le monde s'en foutait, à faire un boulot de "parade", on ne dira jamais combien le sentiment d'être utile fait du bien, il s'est dit que cinq ans à son âge, c'était encore plus important, et qu'il n'avait pas les moyens d'influer sur son destin, de faire évoluer son poste, parce que la démocratie en entreprise n'existe pas, et que vivre sans avoir le droit de choisir comment on passe huit heures de son temps chaque jour, c'est insupportable.
Avoir 57 ans, bientôt vieux, ne pas faire un travail où on s'épanouit, faire semblant, ne pas être utile, avoir l'impression que ça va de mal en pis, et puis peut-être tout le reste qu'on ne sait pas, la maison, le blues. Et vient l'idée folle de faire spectacle, le mur du fond est le mur du théâtre antique, il va se mettre en scène, composer le grand acte final. Cette envie d'avoir enfin un destin singulier. Dans le choix de sa mort, il dit l'envie de liberté, mais la mégalomanie aussi, il est là mon malaise, sa mort pour moi parle autant de lui que de son job, et ce d'autant plus qu'il a entendu parler de la mort de Mohamed Bouazizi
http://anthropia.blogg.org
Je suis presque toujours en phase avec les chroniques de Judith. Je les attends et les trouve trop rares.
Mais j'ai rarement été touché aussi profondément que par celle-là. Puisse-t-elle contribuer à infirmer son titre !
Merci, Judith.
@l@in
Mais j'ai rarement été touché aussi profondément que par celle-là. Puisse-t-elle contribuer à infirmer son titre !
Merci, Judith.
@l@in
Incidente sur France Télécom, où la devise visible est « Il faut que tout change » mais la devise cachée est « Il faut que tout change pour que rien ne change ».
Rien ne change : qu’il y ait encore des suicides, et aussi violents que celui de Rémi, plus d’un an après le départ de Killer Lombard et l’annonce, heu la promesse d’un nouveau management, montre que, en réalité, rien n’a vraiment changé. On ne se suicide pas s’il y a de l’espoir.
Et les nouvelles déclarations de hauts dirigeants prouvent que rien ne va changer que dans l’ordre cosmétique.
Méditez bien le choix terrible de l’expression soft « accident de travail », qui in fine ne vaut guère mieux que la « mode du suicide » du défunt bien vivant Lombard, mollement couché sur son matelas d’euros et d’actions. Si quelqu’un devrait se suicider, de remords d’avoir ruiné la vie des centaines de gens, c’est lui.
Observez que Richard ne parle que d’une enquête interne. Même pas d’une enquête de police, une police pour le coup nettement moins curieuse que quand il s’agit de fouiller à corps des écoliers suspectés de s’adonner au teushi. Même pas du recours à un audit par une suscité externe. Bon, vous me direz, ladite société serait payée par Richard et donc fortement incitée à découvrir ce que ledit Richard voudrait qu’elle découvre…
Ne jamais oublier le point de départ de tout ça : le rêve d’une entreprise sans employés (voir ses robots répondeurs téléphoniques). Lesdits employés partant sans indemnités de licenciement (chez ces gens là, on ne donne jamais d’argent sauf aux patrons et aux actionnaires) mais, pourquoi pas et s’il le faut, avec une couronne mortuaire.
PS Les déclarations de la directrice exécutive (ça ne s’invente pas) de France Télécom (dit Orange pour que tout change mais rien ne change) indiquent bien que rien ne va vraiment changer. Sauf si, ne rêvons pas, les employés pendent Stéphane avec les tripes de Delphine. « Sur le parking de Mérignac le vent a balayé les dernières cendres ». Soyons sûrs d’au moins une chose : le vent n’est pas seul à tenir le balai.
Rien ne change : qu’il y ait encore des suicides, et aussi violents que celui de Rémi, plus d’un an après le départ de Killer Lombard et l’annonce, heu la promesse d’un nouveau management, montre que, en réalité, rien n’a vraiment changé. On ne se suicide pas s’il y a de l’espoir.
Et les nouvelles déclarations de hauts dirigeants prouvent que rien ne va changer que dans l’ordre cosmétique.
Méditez bien le choix terrible de l’expression soft « accident de travail », qui in fine ne vaut guère mieux que la « mode du suicide » du défunt bien vivant Lombard, mollement couché sur son matelas d’euros et d’actions. Si quelqu’un devrait se suicider, de remords d’avoir ruiné la vie des centaines de gens, c’est lui.
Observez que Richard ne parle que d’une enquête interne. Même pas d’une enquête de police, une police pour le coup nettement moins curieuse que quand il s’agit de fouiller à corps des écoliers suspectés de s’adonner au teushi. Même pas du recours à un audit par une suscité externe. Bon, vous me direz, ladite société serait payée par Richard et donc fortement incitée à découvrir ce que ledit Richard voudrait qu’elle découvre…
Ne jamais oublier le point de départ de tout ça : le rêve d’une entreprise sans employés (voir ses robots répondeurs téléphoniques). Lesdits employés partant sans indemnités de licenciement (chez ces gens là, on ne donne jamais d’argent sauf aux patrons et aux actionnaires) mais, pourquoi pas et s’il le faut, avec une couronne mortuaire.
PS Les déclarations de la directrice exécutive (ça ne s’invente pas) de France Télécom (dit Orange pour que tout change mais rien ne change) indiquent bien que rien ne va vraiment changer. Sauf si, ne rêvons pas, les employés pendent Stéphane avec les tripes de Delphine. « Sur le parking de Mérignac le vent a balayé les dernières cendres ». Soyons sûrs d’au moins une chose : le vent n’est pas seul à tenir le balai.
"L'immolation comme sacrifice et comme spectacle" : votre papier sur ce "minuscule holocauste", là, sur ce parking, de bon matin, était un papier nécessaire. merci.
je sens que mon regard a quelque chose d'obscène, mais je n'arrive pas à ne pas faire le parallèle avec ce qu'on sait de l'affaire de nantes. comme une sorte de jeu de miroir inversé, quelque chose de terriblement touchant et courageux dans l'un, d'effroyablement pervers et lâche dans l'autre.
je sens que mon regard a quelque chose d'obscène, mais je n'arrive pas à ne pas faire le parallèle avec ce qu'on sait de l'affaire de nantes. comme une sorte de jeu de miroir inversé, quelque chose de terriblement touchant et courageux dans l'un, d'effroyablement pervers et lâche dans l'autre.
Très belle chronique, merci Judith.
Un homme est mort en Tunisie, et la foule s'est levée (embrasée ?).
Un homme est mort en France, et tout le monde s'en fout.
On continue notre petit bonhomme de chemin, tranquille, entre les courses chez Carrefour, les jités de la télé, les vacances bientôt, le printemps en avance cette année, la 'tuerie de Nantes", et "l'échéance de 2012"... (rire jaune)
La rêve générale n'est pas pour demain.
Un homme est mort en Tunisie, et la foule s'est levée (embrasée ?).
Un homme est mort en France, et tout le monde s'en fout.
On continue notre petit bonhomme de chemin, tranquille, entre les courses chez Carrefour, les jités de la télé, les vacances bientôt, le printemps en avance cette année, la 'tuerie de Nantes", et "l'échéance de 2012"... (rire jaune)
La rêve générale n'est pas pour demain.
Pitié faites une émission sur le sujet et invitez Christophe Dejours !
Pour le voir parler du suicide au travail c'est ici.
Il est brillant, a extensivement travaillé la question et c'est de surcroît un très bon orateur.
Si Daniel cherche des personnes pointues dans un domaine, qui ont par ailleurs comme qualité d'être "audibles" et de savoir parler "simple" tout en étant percutants il est parfait.
Pour le voir parler du suicide au travail c'est ici.
Il est brillant, a extensivement travaillé la question et c'est de surcroît un très bon orateur.
Si Daniel cherche des personnes pointues dans un domaine, qui ont par ailleurs comme qualité d'être "audibles" et de savoir parler "simple" tout en étant percutants il est parfait.
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Que la mort fasse sens, lorsque la vie n'en a plus. Il y a là une croyance, un espoir, celui que parler plus fort, hurler sa mort pourra briser le mur d'indifférence qui l'a engendré et une injonction paradoxale, "Écoutez, vous ne m'entendrez plus."
Cet espoir, il l'a porté, et c'est à nous de le reprendre.
Si France Télécom est aux employés absents, ce fait divers n'est pas perdu pour tous, notamment grâce à votre chronique Judith, et s'ajoute à la longue liste de piqure de rappel concernant les risques que nous encourons tous, quelque soit notre entreprise, dans notre rapport au travail.
Mais attention, ne prenons pas l'alerte pour un appel à suivre.
Les flammes sont si séduisantes, captivantes, telles celles des feux de plage qui attirent, volontairement ou non, sur les rochers, les navires qui s'y laissent prendre, que nous pourrions étouffer ce cri que l'incendie a pourtant engendré, en nous contentant de reproduire le geste, au lieu de tout faire pour éviter que l'absurde ne se propage et perdure.
yG
Cet espoir, il l'a porté, et c'est à nous de le reprendre.
Si France Télécom est aux employés absents, ce fait divers n'est pas perdu pour tous, notamment grâce à votre chronique Judith, et s'ajoute à la longue liste de piqure de rappel concernant les risques que nous encourons tous, quelque soit notre entreprise, dans notre rapport au travail.
Mais attention, ne prenons pas l'alerte pour un appel à suivre.
Les flammes sont si séduisantes, captivantes, telles celles des feux de plage qui attirent, volontairement ou non, sur les rochers, les navires qui s'y laissent prendre, que nous pourrions étouffer ce cri que l'incendie a pourtant engendré, en nous contentant de reproduire le geste, au lieu de tout faire pour éviter que l'absurde ne se propage et perdure.
yG
C'est le capitalisme "waoow" de Lordon ça, non?
Et probablement RIEN ne changera.Continuera la gouvernance aveugle et criminelle de France Telecom comme continuent les débordements de la Finance toute puissante. Il y a des jours où la tristesse et le découragement ne nous quittent plus. Merci Judith pour ce texte .Merci d'avoir dit cela.
Un manque de réaction de l'opinion du public d'autant pus étonnant quand on sait qu'elle se scandalise du prix de l'essence...
Voir http://www.urtikan.net/n-1/pouvoir-dachat-bidon/ le troisième dessin de Chimulus, paru avant l’évènement ! (Oui je sais c'est horrible, mais il faudra peut-être ça pour que les gens réagissent)
Voir http://www.urtikan.net/n-1/pouvoir-dachat-bidon/ le troisième dessin de Chimulus, paru avant l’évènement ! (Oui je sais c'est horrible, mais il faudra peut-être ça pour que les gens réagissent)
Plutôt que de prévoir l'analyse de ce nouveau suicide, la directrice de FT aurait du faire la synthèse des précédents.