Véronique Ovaldé, putes et poissons volants, d@ns le texte
Quel match ! "Je ne m'attendais pas à ça !", nous a dit Véronique Ovaldé, fourbue, à la fin de l'émission. Eh non. En général, quand ils ne connaissent pas l'émission, nos invités ne s'attendent pas à assister à l'irruption du commando Judith-Hubert dans les entrailles de leur texte, tiens, toi tu prends les métaphores, moi je me charge de la comparaison avec le roman précédent, on décortique tout, on démonte pièce à pièce, mais en numérotant soigneusement pour reconstruire ensuite à l'identique, en pillards respectueux de l'oeuvre de l'invité médusé.
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Derniers commentaires
Que de temps perdu !
En lisant je pensais à Garcia Marquez, à Amado, à Sepulveda et son vieux qui lisait des romans d'amour, à Isabelle Allende et ses femmes d'albâtre.
Et puis à quelque chose de plus noir, de plus sombre, de plus dense, presque tourbe.
Une écriture qui enchante, fait pétiller les mots, je ne sais pas c'est comme des bulles de savon sans la fragilité mais avec l'agilité.
Je n'avais pas pris autant de plaisir à lire un roman depuis des siècles et, Judith, je vous en remercie.
Merci aussi à Hubert pour les références foisonnantes distillées avec jubilation, de quoi susciter des échos dans la tête, et avoir envie de réécouter Cocteau Twins. D'ailleurs, j'y vais.
ps : Julien, pas du tout d'accord sur cette histoire de désir féminin. A développer plus tard car le temps me manque, là, maintenant, tout de suite. Ou plutôt si, juste une remarque, Itxaga n'est pas castré. Si être castré c'est apprivoiser et se laisser apprivoiser par l'autre, avec toute l'infinie patience que cela implique, alors... Quant à Vera, son désir est bien réel. La matinée qui suit leur première nuit d'amour m'a semblé d'une grande puissance érotique, quelque chose de brut, sans filtre, un éveil à soi, une prise de pouvoir, l'idée que le corps peut basculer dans autre chose que l'indifférence, la roideur, la crainte. Magnifique !
En regardant cette émission, je m'ennuie, mentalement. Je n'ai pas la jubilation que j'ai ressenti dans bien des émissions à découvrir des idées et des mode de pensée et d'expression que je n'avais pas encore pu découvrir ou "intégrer" avant.
Cela me semble être une suite de poncifs, à la fois dans les remarques et les questions de Judith et Hubert, et peut-être encore plus dans les réponses de l'auteur. De plus la formulation de tous est souvent envahie d'incises, d'incises dans l'incises, comme si aucun des trois n'arrivait à se focaliser sur un point, puis un autre, séquentiellement ; tous les points semblent sans cesse vous submerger, emportés que vous êtes par un enthousiasme inconditionnel envers l'auteur et son œuvre (surtout vrai pour Hubert). Le résultat est un babillage complexe, colonisé de répétitions inutiles, et au contenu intellectuel finalement bien pauvre.
Je ne comprends pas pourquoi j'ai un sentiment si différent de ceux, si nombreux ici, qui ont écrits qu'ils avaient adorés.
Comme le dit à un moment Véronique Ovaldé, elle s'interroge sur la fréquence apparemment assez élevée des femmes qui sont dans une soumission volontaire dans leurs faits et gestes (malgré les discours ...) - cette constatation n'est probablement pas si commune que cela, et ce qui pour vous sont des poncifs, peut-être qu'en général sont le contraire...
Je n'ai pas eu le sentiment d'un babillage complexe, au fond je crois que ça tourne autour de la réflexion de Judith sur la leçon qui est de construire sa vie plutôt que de la laisser s'écouler.
En tout cas toujours intéressant, cette émission me permet de comprendre des modes d'écriture, des modes créatifs :)
Une petite anecdote illustrant ma reconnaissance envers ce site.
J'ai regardé votre émission.
10 jours de digestion.
Puis, j'ai acheté l'ouvrage Et mon coeur transparent.
Je le dévore.
Avec tous mes remerciements pour l'émission, d'autant plus que je n'avais pas lu un roman depuis bien trop longtemps.
Parce que maintenant, j'ai un avis sur le texte.
La « foisonnance » des remarques et des analyses lors de l'émission avait cet effet légèrement désagréable que donnent parfois les conversations enjouées à propos d'un pays que vous ne connaissez pas. La bonne humeur et la complicité des convives finissent alors par vous agacer puisque vous ne pouvez ni appuyer ni contredire les impressions des uns et des autres.
Vous êtes mis à l'écart, mutique, reprenant un gâteau pour vous donner de la contenance.
Mais le problème est ici soluble dans la lecture.
Sur le fond, mon impression est ambivalente : j'ai lu le livre d'une traite ou presque (ce qui est rare, beaucoup me tombe des mains) et avec plaisir, le reprenant sans m'en apercevoir, preuve d'un indéniable effet du texte (sur moi en tout cas).
Mais par ailleurs, certains aspects du récit sont parfois problématiques. Cela tient-il au genre ? À la volonté de faire un conte ? En tout cas les personnages sont par bien des aspects très caricaturaux et si comme le souligne Hubert Artus beaucoup « d'effets surréalistes » comme les poissons volants et le personnage de Rose Bustamente dans son ensemble « sonnent vrais », d'autres ont perturbé ma lecture par leur invraisemblance ou leur manque de relief. Violette est expédiée dans une forme d'urgence étrange et par ailleurs je ne crois pas du tout à « l'amour» de Rose pour Jeronimo. Le décalage entre la femme flamboyante, indépendante, et la petite frappe insignifiante pose un problème de crédibilité pour moi et ce dès le début du récit : le personnage de Jeronimo est si déprécié et celui de Rose si magnifié qu'on ne voit pas comment elle peut être attirée par le bonhomme. D'une manière générale les hommes du récit sont tous des violeurs/bourreaux en puissance (comme les femmes sont des putes/victimes), le seul homme échappant à cette règle étant le personnage « castré » (selon les propres mots de Véronique Ovaldé sur le plateau) de Itxaga. L'homogénéité de l'homme/violeur/bourreau va même au delà de ça puisque si toutes les femmes ont des origines latines, tous les hommes ont une ascendance germanique éventuellement « nazillonne ». Ainsi les pères sont tous des violeurs allemands ou hollandais (je caricature un poil, mais bon il y a de ça).
L'homme viole ou est d'avance castré ; la femme est sans désir ou presque.
Car même l'amour avec Itxaga est un choix raisonné, un abandon tendre mais dépassionné de la part de Vera Candida : de désir féminin réel, puissant, submergeant, il n'y a pas.
Dans ce contexte, que la maternité soit un problème et l'enfant à naître presque une tumeur dans le ventre qu'il faudrait retirer ne m'étonne pas. Et le roman apparaît alors comme la répétition du même à chaque génération, une sorte de retour du refoulé dans lequel l'homme est toujours un violeur, la femme toujours sans désir et l'enfant toujours une tumeur fatale. De ce cercle, le récit ne sort pas vraiment, donnant à ces vies la véritable dimension tragique d'une impossibilité de s'aimer et une répétition mortifère des mêmes douleurs.
Voilà pourquoi le récit est, selon moi, captivant et qu'en même temps, il me déplait.
Mais je ne l'ai pas regardé crayon à la main... ça serait pas mal d'avoir une bibliographie des références citées...
Mais dans l'émission, ce qui donne envie n'a rien à voir avec le panorama socio-filmique du début, que brosse Hubert Arthus, cela c'est ce que je n'aime pas dans les autres émissions littéraires, comparer, inscrire dans un paysage renvoie à la culture du journaliste, pas à sa lecture du texte. Ou alors il aurait fallu parler de sèmes : les chaussures rouges de David Lynch, sans convoquer la cohorte des disciplines, du cinéma à la chanson.
Ce qui m'a plu, ce sont les citations, le travail sur la langue qu'on percevait au travers du questionnement, quand vous faites ça, vous êtes excellents tous les deux, mais quand vous allez chercher des thématiques pour un texte visiblement de l'ordre du sensible, je crois que vous vous trompez d'outillage critique, l'intertextualité avec Cent Ans de solitude est davantage parlante, les fourmis rouges, etc.
Mais, et c'est ce qui m'a fait aimer l'émission, c'est qu'en encerclant trop large, vous avez finalement resserré, puis cerné le style de l'auteur, vous nous avez fait comprendre dans quel espace elle se meut, et donc peu importe que la lessiveuse ait fait centrifugeuse, au final on s'y retrouve, on comprend et on va acheter le livre.
Merci Judith et Hubert, et merci à l'auteure.
http://anthropia.blogg.org
Pourquoi pas, mais du coup la portée pédagogique que j'affectionne tant est moindre. Je crois que je préfère les émissions comme celles avec Régis Debray, Chamoiseau, ou Lanzmann, où on ne reste pas fixé dans le texte, mais où l'on apprend beaucoup d'autres choses sur la société, l'histoire etc...
Bravo quand même, cette émission va devenir une référence !
Cela peut s'appliquer à d'autres émissions! Continuez ça me fait voyager.
Je vous l'avais dit, je suis nulle ! Lire pour moi est un plaisir simple et sans doute suis-je trop "inculte" pour digérer une émission telle que la votre Judith.
Vous n'avez pas parlé de la particularité des noms, toujours complets, pas de prénoms ou de noms seuls. J'aurai bien aimé savoir ce qu'en pense l'auteure sur l'effet recherché.
Excellente emission, j'ai moi aussi l'envie d'acheter le livre.
PS: je n'arrive pas a lire le dernier acte.
Après le cafouillage de rentrée (*) nous avons manifestement renoué avec le jubilatoire. Au cours de l'émission, chacun a posé quelques cailloux blancs qui sont pour moi autant de raison d'aller y voir. "Cent ans de solitude" ! que ceux qui sont passés à côté de ce chef d'oeuvre (il n'y a pas de mal à ça) pensent un jour ou l'autre à combler ce manque ! la condition féminine, la fonction maternante, le machisme, les jeux de rôles masculins/féminins... que ceux qui sont "travaillés" ou "préoccupés" par ces sujets, outre lire Véronique Ovaldé, fassent aussi un détour par le cinéma :
"Je suis heureux que ma mère soit vivante" de Claude et Nathan Miller, "Mères et filles" de Julie Lopez-Curval, deux films à voir.
(*) je n'étais pas très content de moi non plus après le Ravalec. Alors j'ai voulu lire "Cantique de la racaille"... J'ai tenu 50 pages.
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Indirectement, cela répond aux détracteurs des associations d'Alain Korkos, leur reprochant de n'avoir pas été intentionnelles de la part des peintres ou publicistes.
Véronique Ovaldé m'a rappelé Agnès Desarthes (pour l'intelligence, les yeux pétillants et le sourire), et elle partage avec Judith ce goût pour les gestes expressifs et harmonieux... Elle parle de son texte avec une ironie tendre, et tempère (dans les passages cités) ce qui pourrait être un univers lourdement épique par ce contre-pied qu'elle affectionne... Oui, vraiment, une très belle rencontre que cette émission !
Ce n'est pas moi, en tout cas, qui m'y risquerai, en dehors des (habituelles maintenant) félicitations pour l'émission.
Merci de nous avoir laissé entrevoir des silhouettes de personnages gigantesques et colorés, d'avoir entrouvert la porte d'un monde dont je ne sais s'il est fait de réalisme magique ou de réalisme tout court, mais qui donne diablement envie de s'y plonger complètement...
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