La note de la France dégradée vendredi ?
Pour avoir toutes les chances de rafler la mise, petit rappel des faits : la semaine dernière, juste avant le sommet-de-la-dernière-chance-pour-la-zone-euro, l’agence de notation Standard & Poor's a menacé de baisser la note de quinze Etats de l’Union européenne, placée du coup sous surveillance. La note de la France en fait partie et risque même une dégradation de deux crans. En règle générale, l’agence laisse passer un délai de trois mois après l’annonce pour décider de dégrader ou non les notes. Mais, selon une dépêche Reuters reprise par les Echos ce matin, "déçues par l'UE, les agences de notation pourraient agir vite."
Cette accélération fait suite à la pression exercée par Standard & Poor's hier. Son chef économiste, Jean-Michel Six (le grand ami d'Emmanuel Todd), a déclaré qu’il restait peu de temps pour régler le problème de la dette et qu’un choc – genre la perte du triple A – permettrait de faire bouger les lignes. Une bonne claque dans la figure, un coup de gégène dans le gras du bide et hop, ça repart.
Cela dit, personne n’est dupe : la note de la France est sur le grill. Si Moody's, autre grande agence de notation, réexaminera les notes des pays de l'UE seulement au premier trimestre 2012, Dagong, l’agence de notation chinoise qui a d’ores et déjà retiré le triple A français, s’apprête à la dégrader de nouveau (mais étonnement, tout le monde s’en moque).
La dégradation de la note française est donc une question de jour. Mais combien ? Philippe Lefébure, dans sa chronique éco de France Inter ce matin, annonce la date de vendredi prochain. Ce n’est pas son hypothèse mais celle de Norbert Gaillard, auteur d’un Que sais-je sur les agences de notation. Et, nous dit Lefébure, Gaillard tient le raisonnement suivant : "Ce ne devrait pas être en semaine. Donc plutôt un vendredi soir. Après la fermeture de Wall Street. Ce ne sera pas la semaine prochaine : faire ça le 23 décembre, à la veille de Noël, ça ne ferait pas sérieux. Ça pourrait donc être pour ce vendredi soir."
Marina Alcaraz, journaliste des Echos, interroge elle aussi Norbert Gaillard, qui poursuit son raisonnement : "Rappelons que S&P avait dégradé le AAA des Etats-Unis le vendredi 5 août en soirée. Un tel timing laisserait le week-end aux régulateurs, aux dirigeants politiques et aux leaders économiques pour se retourner. Les déclarations du président de la République, du ministre de l'Economie ou encore du président de l'AMF visant à dédramatiser la perte du AAA me confortent dans cette idée."
Vendredi a donc la cote. Mais comme justement cette date (plausible) est annoncée, du coup Standard & Poor's va peut-être l’avancer ou la reculer, histoire de surprendre tout le monde et de créer ce fameux choc cher à Jean-Michel Six. Les paris restent ouverts.
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