Arrestation Abdeslam : medias belges et rétention d'information (Le Monde)
En publiant hier, 18 mars, l'information selon laquelle l'ADN du terroriste avait été retrouvé trois jours plus tôt dans un appartement perquisitionné près de Bruxelles, L'Obs a-t-il poussé les forces de l'ordre à accélérer leurs opérations pour capturer Abdeslam ? C'est ce qu'affirmaient, samedi matin, plusieurs medias belges. La veille, dans une conférence de presse organisée après l'arrestation, le parquet fédéral belge avait "remercié les médias qui ont tenu compte des nécessités des opérations en cours en ne diffusant pas, à sa demande, certaines informations dont ils avaient connaissance."
Les medias belges, plus enclins à la rétention d'information que leurs homologues français ? En novembre 2015, pour ne pas perturber une vaste opération policière à Bruxelles, où la police tentait d'arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux de Paris, les journalistes bruxellois avait accepté de suspendre, l'espace de quelques heures, la diffusion d'informations sur les opérations en cours (l'occasion de relire la chronique de notre matinaute, "Un bouton chat à BFM ?").
La page d'accueil du site du quotidien Le Soir, le 22 novembre 2015
Les medias belges ont-ils choisi de ne pas publier l'information de L'Obs ? Contacté par Le Monde, Christophe Berti, rédacteur en chef au Soir assure que "il n'y a eu aucune demande officielle ou officieuse ni aucune communication générale à l'adresse des medias". Selon lui, "les éventuelles demandes de prudence ont pu être exprimées de façon individualisée, vis-à-vis de journalistes qui auraient pris contact avec des sources judiciaires ou policières pour opérer des vérifications."
Fallait-il publier l'information de l'ADN d'Abdeslam ? Oui pour le directeur de L'Obs, Matthieu Croissandeau. "Depuis quatre mois, tout le monde se demande où est Abdeslam. On a la trace de son passage dans un appartement en Belgique. C’est une information que nous avons jugée digne d’être portée à la connaissance du public (...) Chacun est dans son rôle. La police cherche les criminels, la presse informe."
Informerait-on un peu moins en Belgique sur les dossiers sensibles ? "Il y a clairement une dichotomie entre les autorités belges et françaises sur la façon de communiquer,", analyse Berti. "Sur les dossiers terroristes, les informations viennent majoritairement de France. Il y a ici une prudence, pour ne pas dire une rétention, qui peut elle aussi poser problème".
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