Aylan / Charlie : incompréhensions dans la presse étrangère
"Le noyé de trois ans est devenu le symbole de la crise des réfugiés après que son petit corps habillé d'un t-shirt rouge et d'un short en jean a été photographié, échoué sur une plage turque. Mais la dernière édition du magazine satirique français semble moquer cette effusion de chagrin à travers le monde". Charlie Hebdo, plaisantant de l'émotion causée par la photo du jeune Aylan ? C'est ce qu'estime le Daily Mirror, qui n'a pas apprécié les dessins parus dans le Charlie Hebdo du 9 septembre. Les voici :
Le Mirror n'est pas le seul à s'émouvoir : le Toronto Sun ou encore le Daily Mail estiment que les dessins publiés par Charlie Hebdo "se moquent" d'Aylan, relève le blog du Monde Big Browser, tandis qu'India Today regrette que l'hebdo "tourne en ridicule non seulement les sentiments des réfugiés syriens mais aussi la mort de ce petit garçon".
Sur Twitter, la dessinatrice de Charlie Coco a expliqué à de nombreux internautes épinglant le dessin qu'il s'agissait de moquer l'Europe, et non l'enfant :
"C'est une critique de l'EUROPE ! Achetez-vous un cerveau pour réfléchir un peu ! #charliehebdo"
Dans un article consacré aux dessins, le New York Times explique également à ses lecteurs pourquoi les caricatures ne rient pas d'Aylan, mais des réactions européennes. Une subtilité qui contraint le quotidien à un titre à rallonge : "Charlie Hebdo tourne en ridicule la réponse de l'Europe à la crise migratoire avec des dessins de l'enfant syrien mort". Le New York Times poursuit en citant l'édito de Riss dans le numéro de Charlie en question, qui dénonce l'hypocrisie des dirigeants européens face à la crise.
Revenant sur le tollé suscité par ces dessins, Slate conclut : "Huit mois après les attentats, le monde ne comprend toujours pas l'humour de Charlie Hebdo". Des incompréhensions partiellement liées à des problèmes de langue ; en témoigne la traduction, par Al-Jazeera, du dessin qui figure l'enfant à quelques mètres d'une publicité pour McDonald's. "Le premier dessin montre un clown et ce qui semble être l'enfant, avec une pancarte : « Bienvenue aux immigrants, si près de son but. Promotion : deux enfants pour le prix d'un »", peut-on lire en anglais sur le site de la chaîne qatarie, qui n'identifie pas le clown comme logo de la chaîne de fast-food et traduit donc "menus enfant" par "enfants".
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