La Une, les deux premières pages et une interview. Le JDD, qui présentait ce week-end Marine Le Pen comme "la première opposante" à François Hollande (en se fondant sur un sondage IFOP), aurait-il déroulé le tapis rouge à Marine Le Pen ? Oui, pour Michael Hajdenberg, journaliste à Mediapart. Selon lui, "l’hebdomadaire livre en effet une interprétation très particulière de la réponse apportée par «les Français» (enfin, 1005 Français) à une question qui n’est pas explicitement spécifiée dans le journal".

Quelle est la question qui pose problème ? Celle posée par l'IFOP, qui n'était pas "Quel est selon vous l'opposant numéro 1 à François Hollande ?" mais "Parmi les personnalités suivantes, laquelle s'oppose le plus dans ses propos et ses actions à François Hollande ?". Le Pen, dont le discours est plus radical que celui du centre ou de l'UMP, arrive logiquement en tête. Peut-on, pour autant, en conclure qu'elle est la "première opposante" à Hollande ? Absolument pas pour Hajdenberg : "L’étude, ainsi tripatouillée, justifie certainement aux yeux de la direction du journal l’interview on ne peut plus complaisante qui l’accompagne. Pas une question dérangeante. Pas une objection. A ce stade, ce n’est plus une opération de dédiabolisation. C’en est une de légitimation. Dont les journalistes portent l’entière responsabilité".

Sur Twitter, Bruno Jeudy, rédacteur en chef au JDD, a réagi. Pour lui, "aucun tripatouillage".

L'occasion de relire notre enquête : "La dédiabolisation de Marine Le Pen, une création sondagière et médiatique ?".