Berlin, Ndiaye, la défense dérisoire
"Dérisoire ! " ont successivement répondu Chatel, Kouchner, et la conseillère de
Sarkozy Catherine Pégard, pour couper court aux
questions sur la présence de Sarkozy au mur de Berlin, le 9
novembre 1989 (tapez donc "dérisoire" sur Google News, c'est
édifiant).. A noter qu'ils ne démentent pas que Sarkozy ait menti ou se
soit trompé. Ils ressortent le bon vieux
"circulez, rien à voir !" "Dérisoire ! " répète ce matin Mitterrand à Libé à propos de l'affaire
Ndiaye. Si l'on osait, on leur conseillerait de se creuser un peu plus. "Dérisoire", c'est l'élément de langage du pauvre, celui que l'on dégaine lorsque l'on n'a rien d'autre en magasin.
"Dérisoire !" répète à son tour Jean-Marie Colombani, ancien patron du Monde et
patron de Slate.fr. "Polémique dérisoire, ridicule, humiliante même pour un pays qui
voudrait reconquérir son leadership en Europe. Illustration on ne peut
plus caricaturale du rétrécissement des débats français, du localisme
qui aspire progressivement la vie politique comme celle des médias". Prenant ainsi vaillamment la défense de Sarkozy, Colombani se situe
à contre-courant de la plupart des sites d'info,
qui ont bêtement tenté d'établir les faits et se sont lancés, comme nous, à la chasse aux témoins (y
compris, mais oui, ceux qui confirmaient la version Sarkozy).
Colombani, lui, n'a pas besoin d'enquêter. Quelle
que soit la réponse, la question de la fiabilité des souvenirs présidentiels à propos d'un événement historique est "dérisoire".
Très bien. Cela prouve une chose : parmi les nouveaux médias, volontiers montrés du doigt comme grands producteurs de polémiques dérisoires,
toutes les "sensibilités", comme on dit, sont représentées, y compris
les plus réceptives aux "éléments de langage" de l'Elysée. C'est une bonne nouvelle, qui n'a rien de
dérisoire. Vive le pluralisme !
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