Empruntologie, première leçon
, le nouveau lapin baptisé "grantemprunt" se heurte donc à deux écueils totalement inattendus. Pour qu'il soit un succès, il faudrait que son taux soit "attractif". Oui, mais offrir un taux "attractif", découvrent éberlués les stratèges des finances publiques, présentera pour notable inconvénient d'alourdir la dette de l'Etat. Stupéfiant, non ? Et ce n'est pas tout. Il ne suffit pas d'emprunter. Encore faut-il savoir à quoi sera employé l'argent. Les ministres se réunirent donc un dimanche, c'est assez dire la gravité de la situation. Et en tirèrent deux remarquables conclusions. D'abord, l'affectation de l'argent serait déterminée par "une grille de critères". Ensuite, l'urgence dominicale commandait d'attendre. On lancerait "début 2010".
Nantis de ces considérables informations (ou même un peu auparavant, ce qui ne change pas grand chose), les sondeurs sondèrent. Et vous, souscripteur, souscriptrice ? Pour ou contre, le grantemprunt ? Très contre, (82 %) à en croire Madame IFOP-Lagardère. Assez contre, à en croire Monsieur Opinionway-Dassault. A celà, les grantempruntistes trouvèrent la parade : si 18 % des Français souscrivent au grantemprunt, ce sera un gransuccès. "Un immense succès" ajoutait même le conseiller spécial Henri Guaino, sur France Inter, reprenant mot pour mot les arguments de Devedjian.
"Je ne vous ai jamais dit qu'il était indispensable" s'énerva le même Guaino quelques secondes plus tard, en réponse à Pierre Weil qui lui demandait si ledit emprunt était vraiment... indispensable. Ah tiens ? Un recul tactique ? Voici donc un emprunt au taux inconnu, à l'affectation restant à déterminer, et pas indispensable. La psychologie étant une composante essentielle de l'empruntologie, on peut dire que les choses se présentent bien.
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