Le photographe, et les paravents du métro Châtelet
Et il a agonisé à terre de longues minutes, se vidant de son sang, tandis que des passagers, plutôt que de lui porter secours, filmaient son agonie et postaient les images sur snapchat. On ne sait pas exactement combien de passagers ont ainsi filmé. N'empêche : sous le hashtag #chatelet, Twitter ne fut alors qu'un long cri d'indignation contre ce voyeurisme et cette passivité.
La plupart des medias institutionnels ayant relayé le fait-divers l'illustrent par...des photos d'archives, ne se référant pas à la scène (par exemple ci-dessous, le site de Ouest-France).
Le Parisien, lui aussi, a relayé l'indignation des réseaux sociaux. Mais à la différence des autres journaux, Le Parisien a illustré la mort de Andy avec un vrai scoop : une photo de la scène elle-même. Celle-ci (j'en ai délibérément coupé le bas, où l'on voit le corps sous une couverture de survie). On y voit clairement les personnels de la RATP et des services d'urgence penchés sur le corps du jeune homme.
Le détail le plus intéressant de la photo n'est pas ce groupe de sauveteurs. Il faut porter l'oeil à gauche et à droite. A gauche, un paravent, dérisoire, manifestement destiné à protéger la scène des regards. A droite, un agent de la RATP installe un paravent identique. On voit bien d'ailleurs que ces paravents ne protègent de rien, puisque nous, lecteurs, avons franchi ces paravents, que le photographe a laissés dans son cadrage, comme pour souligner que lui ne s'en soucie pas.
Ces paravents, semble ainsi dire Le Parisien, ne nous concernent pas, ni ne concernent nos lecteurs. Ils ne sont là que pour protéger la scène des curiosités malsaines des badauds, à l'opposé de celle de la presse, présumée saine, puisque c'est la presse, toute à sa grande mission d'information.
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous