Omerta, une autre explication
Je l'ai quasiment passée à refuser des invitations, ou à essuyer des refus. Vous ne le savez pas, mais votre matinaute préféré, par ailleurs spécialiste mondial de la médiatisation du harcèlement sexuel, du libertinage et du viol, a refusé de déférer aux invitations de M6, de France 2, de France Info, sans parler de quelques sollicitations helvétiques. Et entre deux appels de ces prestigieux médias, je m'efforçais moi-même de convaincre des confrères de venir traiter des mêmes sujets sur notre plateau de vendredi. Des confrères dont, au bout du fil, je sentais la réticence, au fond identique à la mienne. Drôle de tiraillement, entre la jouissance à regarder et à écouter, et la réticence à parler. Drôle de symétrie.
Etonnante, d'ailleurs, cette réticence, qui ne trouve pas spontanément les mots pour se dire. Pas envie de faire mon tour de piste sous l'étiquette "le journaliste qui trouve que tous les autres sont des nuls", alors que nous n'avons pas été plus réactifs qu'eux. Déjà, dans le forum de l'enquête de Laure Daussy sur le cas Tristane Banon, que je viens de mettre en ligne, on nous interpelle: pourquoi n'avoir pas fait le même article en 2008 ? Pourquoi ? Pas par peur de M. Khiroun, le démineur à la Porsche. Pas pour rester en cour auprès de DSK, que nous ne connaissons pas, n'étant pas au nombre des médias conviés à des déjeuners off, (quel ringard, d'ailleurs, ce DSK ! Ni Rue89, ni Mediapart, ni nous !) et dont nous n'avions que faire. Pas parce que nous soupçonnions a priori la parole de Tristane Banon. Mais comment dire...parce que personne, je crois, parmi les journalistes français, n'a spontanément l'appétit de ces sujets.
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