Oussama Ben Lapsus
C'est trop, en trop peu de temps, et allant toujours dans le même sens, pour ne pas être révélateur. Mais de quoi ? L'interprétation de lapsus est un art bien difficile quand on n'est pas spécialiste, surtout si l'on en a commis un soi-même. Mais rien n'interdit d'essayer. On peut toujours plaider l'insignifiance: Obama Oussama, au fond, ça se ressemble, un prénom vient sous la plume à la place d'un autre, pas de quoi fouetter un Sigmund. Peut-être. Mais remarquons que les lapsus vont tous dans le même sens. Aucun journaliste n'a parlé "du président Oussama", encore moins du président Ben Laden. Ce n'est jamais le reclus, le traqué, que l'on place en majesté. C'est toujours Obama que traquent, ou tuent, les inconscients en effervescence. C'est toujours "l'homme le plus puissant du monde", qui se trouve dans leurs viseurs, dans la lueur des infra-rouges.
On en parlait hier avec Guy Birenbaum, avec qui nous préparions la Ligne j@une sur le foot, que nous allons tourner cet après-midi, en échangeant comme d'habitude des propos de très haute tenue (quel dommage que nos déjeuners de travail ne soient pas enregistrés par une taupe, et publiés sur les sites d'investigation. La réflexion sur le journalisme mondial y gagnerait). Guy racontait qu'il a failli lui-même, lundi matin, au micro d'Europe 1, dire "Obama" à la place de Ben Laden. L'erreur figurait dans le manuscrit de sa chronique. Mais son surmoi, plus vigilant que le mien, l'a retenu au dernier moment, en direct. Et Guy, entre deux bouchées d'ailerons de poulet: "c'est parce que tout le monde, au fond, est certain qu'Obama finira assassiné". L'explication est brutale. Elle est même glaçante. Mais je n'en vois pas d'autre. Il est vrai que je ne suis pas psychanalyste.
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