A propos, comment le tabac a-t-il envahi le cinéma ?
Supprimer les cigarettes dans les films ? La proposition (aussitôt rétractée) de la ministre de la Santé Agnès Buzyn a soulevé de véhémentes protestations des milieux du cinéma, au nom de la liberté artistique. Et si on renversait le point de vue ? propose André Gunthert. Qui rappelle que les cigarettes ne sont pas arrivées par hasard dans les films : les cigarettiers, historiquement, ont été les pionniers du placement de produit (ce que rappelait par exemple, en 2013, une enquête de Canal+). En dépit de l'interdiction édictée par la loi Evin, tout laisse penser que la pratique perdure aujourd'hui en France. Que faire alors ? Réévaluer les films. En proposer de nouvelles lectures, propose André Gunthert, prenant l'exemple...des cathédrales.
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Derniers commentaires
Salut ! Semblerait que la vidéo n'est pas la bonne, ou suis-je le seul à voir une émission complète à la place?
Par exemple, la scène qui ouvre le film "Soleil de nuit", est un ballet : "le jeune homme et la mort" .
Interprété par Baryshnikov ( écrit par Cocteau - chorégraphie de Roland Petit) .
Dans ce ballet la cigarette joue un rôle puisque la mort tend une cigarette au jeune homme puis l'incite à passer à l'acte .
La cigarette signifie condamnation à mort en quelque sorte .
Il n'y a donc pas a priori de connotation positive associée à la cigarette dans cette scène .
Pour les collégiens- qui passeraient par ici - et qui n'ont jamais vu danser Baryshnikov, une autre séquence de ce film "Soleil de nuit" :
https://youtu.be/rzfmQ70cBj8?t=48
"On peut présenter des comportements néfastes a condition de les associer a une condamnation explicite"
Si on suit ce raisonnement, la quasi totalité des jeux vidéos violents sont condamnables (j'ai rarement vu de condamnation explicité des comportements violents dans les jeux vidéos ...)
Et le glyphosate ?
Super argument qui consiste à dire que "plus les réactions sont virulente plus ça prouve bien que la proposition de départ est exacte..." . Argument qui a l'avantage de marcher tout le temps en plus, un bel outil de rhétorique...
" Hé pauv'con!"
"Quoi, attention tu n'as pas le droit de me traiter de con"
"A ba tu vois, si tu réagis c'est que ça doit être vrai!"
A 1'32'', étiquette bien visible du vin (St-Emilion, Château Angelus 1982 dans les 200 € la bouteille...), à 3'20'', le placement de produit ne se cache plus : "Rolex ?", non, "Omega".
Truc plus étrange : il y a un logo "MEFT" bien visible sur les fauteuils mais d'après ce site, c'est un faux logo ne correspondant à rien. Il y a malgré tout un effet Google secondaire : quand on cherche "MEFT train" ça donne des liens vers le Montenegro, là où va Bond. Il ne serait pas étonnant que des gens aient cherché ce qu'était ce "MEFT" et que l'algorithme finisse par faire le lien directement avec le Montenegro par Bond.
Et question féminisme, je me demande comment les personnages sont perçus. Ca me semble deux archétypes de masculinité et féminité, séducteur vs femme fatale, les deux semblant à égalité, jeu de séduction entre homme fort et femme forte.
Je n'ai pas compté le nombre de fois où il est question de Nike dans les interviews et les bouquins de Despentes, mais là aussi, ça devient franchement fatigant.
Le pire c'est que si ça se trouve, ces écrivains font ça gratuitement, pour que ça fasse plus "vrai".
J'ai le souvenir d'une scène dans un chalet de montagne, où il passe un examen médical. Il lui est demandé s'il boit beaucoup. Et après une sorte d'hésitation, il répond "abondamment". La même scène avec un Roger Moore ou un Sean Connery aurait donné une réplique différente, comme "Volontiers. J'aime ma vodka-martini avec une olive et une charmante compagnie. La vôtre fera l'affaire". *clin d'oeil polisson et sourire séducteur*. Je n'ai pas fait le compte, mais il me semble que "les scènes de boisson" sont bien moins fréquentes. Ce "abondamment" n'est qu'un adverbe, un seul mot, et pourtant, à lui seul, il me semble marquer un virage assez déterminant.
D'un autre point de vue, côté coeur et sexe, ça a pas mal changé aussi. On est assez loin des petites poupées levées avec légèreté dans une relative inconscience et qu'on lâche assez facilement (mince, elle est morte !) pour passer à la "vraie" James Bond girl avec laquelle on s'en va au soleil couchant dans une navette spatiale douillette à la dérive. Soit il y a un engagement sentimental très fort, soit il y a une sorte de désenchantement. Ok, il se fait Monica Bellucci, mais précisément, il ne se la fait pas: le rapport est plus égalitaire (elle n'est pas à ses pieds ébahies par la magnificence irrésistible du James Bond comme les anciennes James Bond Girls), mais aussi plus mélancolique, en tout cas, au moins désabusé.
Faudrait demander à l'équipe de ces films, l'intention derrière l'introspection, la faillibilité, et le doute instillés dans le personnage: adéquation avec l'air du temps, renouveler le personnage, l'approfondir, mea culpa, prises de conscience, injonctions extérieures... ? C'était vrai avec Connery, Moore, Dalton, Brosnan: "tous les actes et attributs sont marqués positivement". Mais j'ai l'impression que c'est un peu différent avec Craig. Les rapports de James Bond aux femmes et à l'alcool me semblent avoir pas mal changé. Qui arrive à s'imaginer Sean Connery se morfondre dans un chagrin d'amour ? Qui arrive à s'imaginer Roger Moore répondre à la question "est-ce que vous buvez ?" sans un trait d'humour et de vodka ?
Bon, ça s'est très vite délité dans la série, et les acteurs suivants allaient vers des figures plus sympathiques (Moore), mais les symptômes que vous indiquez dans les films Bond contemporains, je les lis du coup surtout comme une gêne de ceux qui produisent ces films, face à cette figure cynique, réac, machiste, qu'est Bond. Et du coup, en 1995, quand on opère la relance de Bond avec Brosnan, c'est via la célèbre réplique de M ("You're a sexist, misogynist dinosaur.. A relic of the Cold War"). Brosnan ne montrera jamais vraiment de doutes, mais il sera du coup d'emblée vécu comme désuet (et certes possiblement charmant pour cela). Quant à la relance de Daniel Craig, elle doit en passer par un film tout entier consacré à expliquer pourquoi il est devenu un connard ("The bitch is dead"), qui doit lui trouver une explication logique, pour bien souligner que ce comportement, cette psychologie, n'a rien de normal et ne va pas de soi.
En gros, les tous premiers films assumaient le cynisme de leur vision du monde, les récents non. Ce qui crée un hiatus vis-à-vis des codes de la saga (comment continuer à être exotique sans être néo-colonial, par exemple ?). J'ai l'impression que les réals de la période Craig ont à la fois envie de jouir à plein de l'univers Bond et de ses codes, et qu'en même temps ils ne peuvent pas se départir d'une gêne moral envers le matériau. Bon, ça tient aussi sans doute à une tendance au méta (jouer avec les codes, plutôt que d'arriver à les explorer simplement) qui tient au maniérisme intrinsèque du Hollywood contemporain...
Sur l'alcool, revoir la Liste de Schindler, les 3 personnages principaux ne sont définis que par leur rapport à l'alcool. On a tellement intégré ces définitions que c'est pas la peine de nous en dire plus (alors que ce serait très difficile de ne définir des personnages que par leur consommation de tabac).
Marie-Francine, c'est quand même bizarre non, au début du film, elle ne fume pas. Elle se fait larguer et virer de son boulot, du coup, elle retourne vivre chez ses parents grands-bourgeois et ouvre une boutique d'e-clopes. Et là, dans sa boutique, elle se met à fumer des vraies cigarettes. À partir de là, "carpe diem" et tout s'arrange dans sa vie. Y'a pas grand chose d'autre dans le scénario.
À part ça, j'ai du mal à croire que des multinationales ou des lobbies dépensent autant de fric en placement de produit pour rien. (Encore qu'il m'arrive de me demander si ce qu'elles dépensent en cabinets de conseil et consultants n'est pas plus ou moins équivalent à ce qu'elles payeraient comme impôts. Dans ce cas, il s'agirait plutôt d'investissement politique à moyen terme que de gestion de patrimoine).
propagande et de la manipulation de masse.
On oublie que la vente du tabac en France a été un monopole d'Etat remontant à Colbert,que le prix du tabac était inclus dans le panier de denrées et vêtements servant à calculer le SMIG (ancêtre du SMIC),que les troufions recevaient des paquets de clopes avec leur solde (au moins jusqu'en 1968,j'en suis témoin),que les anciens combattants et veuves de guerre recevaient un "bureau de tabac" à gérer pour récompenser les bons et loyaux services,que les noms des paquets recevaient des noms exaltant les vertus de la race: GAULOISES,CELTIQUES,CAPORAL,JEAN BART...Comme l'ont rappelé plusieurs forumeurs le tabac était NORMAL,les profs et les étudiants fumaient en amphi,dans les cafés,les cinémas on fumait.
Le cinéma est en symbiose avec la société et ce serait une très étrange scotomisation que de ne plus voir de clopes (ou,d'ailleurs,de whisky) dans les films du temps passé.On pourrait dans la même veine interdire "les frères pétard" ou "la beuze" pour réduire la consommation de haschisch dans la société.Ne pas oublier de cacher quelques oeuvres poétiques de fort mauvais exemple et la société sera saine!
Plutôt que de tenter d'effacer le passé il me semble préférable de tenter de l'expliquer,l'éclairer.La pénétration du tabac à partir des colonies,des milieux militaires. Le cigare des patrons,la pipe des marins,le cow- boy qui gratte son allumette sur sa botte,Charlot qui fume une "toute cousue" là où son statut imposerait de rouler sa clope...
Par contre interdire toutes les cochonneries ajoutées au tabac qui décuplent la dépendance et les effets nocifs, c'est curieux personne n'y pense. Ce serait sans doute dire du mal des entreprises qui réussissent.
Surtout ne changez rien c'est parfait !
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Que Lauren "allume" Bogey est même tout à fait conforme au puritanisme hypocrite : ils se sont mariés ce qui efface toutes les turpitudes charnelles ("l'onction divine" lave plus blanc que blanc avec un petit effet antérograde qui permettra une mariée virginale toute de blanc vêtue montant les marches de la cathédrale, idem de la "réparation" du viol par les épousailles pratiquée dans certains contrées).
Rappelez-moi qui était mauvais acteur, tout puissant président du syndicat des acteurs avec le même genre d'aide que le père Joseph (pas M. Djougachvili, non M. KENNEDY) et fumait sur son cheval de la M. (non pas de la "merde" mais de la Marlboro) avant de devenir un président des zuhéça ? Président d'alleurs salué pour sa grande moralité et sa force d'âme au passage de son train funéraire.
Trève de plaisanterie, pourrait-on s'intéresser à l(importation de cigarettes des petits états européens (par exemple de méditerranée, dans le Nord de l'Europe on fait plutôt dans la finance quoiqu'il faille noter que certains états font dans tous les genres) et à la part "ré-exportée" (clandestinement?) vers les vendeurs à la sauvette de nos villes?
Et ne croyez pas que les cigarettiers livrent des monceaux de cigarettes à des petits pays autrement qu'en toute innocence. Non ils pensent réellement que les habitants de ces petits états fument chacun (enfant compris) plusieurs cartouches par jour.
Probablement aussi lucratif que beaucoup d'autres trafics et probablement moins risqué devant le juge.
Bises
Dès lors que personne ne remet non plus sérieusement en cause la dangerosité du tabac, la question que pose la recommandation de classement de l'OMS, qui vise à interdire l'accès aux mineurs des films présentant une vision positive du tabac (et non à brûler le patrimoine cinématographique ou à effacer la cigarette de la pellicule), est donc celle de mettre sur le même plan violence, sexe et consommation tabagique.
On est d'accord que ça se discute – puisque c'est exactement la proposition de la chronique. Encore faudrait-il pour cela éviter l'excès et la caricature. Le lien entre le cinéma et le tabac est une longue histoire, largement polluée par l'opportunisme économique des uns et les intentions promotionnelles des autres. Ajoutons que, compte tenu du caractère standardisé et interchangeable des produits de l'industrie du tabac, celle-ci est essentiellement une industrie de l'image. Depuis les origines du combat anti-tabac, dans les années 1950, il s'est agi pour les opposants de contrer le glamour tabagique, d'où des initiatives sans précédent, qu'on n'a admis dans aucun autre domaine, comme celles portant sur le packaging. Le contrôle de l'image de la cigarette au cinéma s'inscrit donc très logiquement dans cette stratégie.
2017 : 6,4%
Un paquet de cigarettes coûte 16 euros, et en coutera presque 30 d'ici à 2020.
Pourtant, leurs jeunes têtes blondes regardent les mêmes fictions que nous.
Un problème politique aurait-il une solution politique ?
Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas la seule campagne efficace contre le tabac chez les jeunes: le ringardiser. Ce qui les touche c'est d'avoir l'air pas à la mode, ringard, has been. J'imagine le gros dégueulasse de Reiser, disant "avec la clope t'as l'air d'un homme, comme moi" (un exemple). Faire passer le message que fumer (ça donne le cancer ils s'en tapent) c'est un truc de blaireaux, de débiles etc etc.
Ou alors on ne veut pas que ça marche?
La cigarette c'est pratique pour coller la co-responsabilité de "100 millions" de morts au cinéma (des gens qui auraient été immortels s'ils n'avaient pas regardé John Wayne allumer une Marlboro, on vous l'assure) et par ricochet mettre KO les Bonnauds qui le défendent (comment osent ils encore prendre le parti d'un art de corrompus quasi génocidaires ?), pour pouvoir ensuite placer le reste (le cinéma / la culture de masse -et hop une mention des jeux vidéo comme un cheveu sur la soupe- rend violent, rend violeur, rend raciste, rend sexiste, rend individualiste, rend, rend, rend... une bonne année de chroniques à haute valeur sociologique en perspective, et une autre pour dicter les règles de la bonne manière de faire aux artistes "tout film doit avoir un gentil parfait et un méchant qui a tous les vices pour éduquer le bon peuple", etc...
* Ou pour ne pas réduire le sujet à une petite querelle de journalistes, de l'éternel affrontement des idéologues partisans d'une prise de contrôle de la culture de masse (et de tout le reste) à fins d'ingénierie sociale (pardon "d'une relecture", on va la relire en répétant qu'elle est criminelle plus que quatorze guerres mondiales et cause de tous les malheurs du monde, mais personne ne va rien lui faire, non non ayeeeez confiance, d'ailleurs c'est pour ça qu'elle ne sera bientôt plus qu'un témoignage du passé) et des cultureux défenseurs fanatiques de "l'Art" quels que soient ses torts, dangers éventuels et dérives de son milieu (presque aussi flippants dans leur soutien aveugle à des dieux vivants parfois aussi pervers et corrompus que ceux du panthéon grec, mais dont la vision de l'homme et de sa culture, au moins, n'est pas de celles justifiant tous les totalitarismes - juste quelques viols par ci par là, mais par des Artistes, on les pardonne).
Enfin deux camps qui ne me donnent envie que de les renvoyer dos à dos, en résumé.
Donc très cher, oui j’ai fait l’experience des morts longues et douloureuses dans ma vie. Bizarrement cela ne m’a pas poussé vers la rétention anale comme les pères la morale le voudraient, mais plutôt vers la célébration de la vie.
Notez que je n’encourage pas à fumer hein, mais à penser librement et par soi-même.
C'est long , douloureux .... et le pire .... la famille est soulagée par la mort.
Puritanisme ?
J'attends avec impatience le moment où la cyber-bronca va m'empêcher de péter sous pretexte que cela accélère le réchauffement climatique !
Votre jeunesse va bien s'emmerder lorsqu'elle ne pourra plus baiser / manger / boire / fumer / se droguer…
Mais vous avez raison, quand tout va mal, une seule solution : plus de puritanisme ! Pas l'école ou la culture, le pu-ri-ta-nisme ! C'est la clef !
https://www.amazon.fr/Roland-Barthes-sans-peine-Michel-antoine-Burnier/dp/2351642309
Le travail politique (les campagnes de sensibilisation, de découragement à l’achat, d’interdiction par la loi), ou simplement l’évolution des mentalités, semblent avoir fait leur travail par delà les films, assez en tout cas pour que de telles images nous apparaissent surannées - ne serait-ce que parce qu’elles tranchent radicalement avec notre quotidien (on ne fume plus dans les lieux public, et revoir cela à l’image crée toujours un petit choc, un temps de réadaptation). Et si le cinéma français fume toujours beaucoup aujourd’hui, c’est sans grande surprise d’une toute autre façon qu’auparavant : de manière souvent névrosée, stressée, ou nonchalante voire dépressive... J’oublie peut-être des choses, mais je n’ai pas un souvenir frappant d’héroïsation par la clope dans le cinéma actuel.
Je me demande donc si nos « cathédrales » actuelles ne sont pas à chercher ailleurs. Et toute démarche de censure, ou même d’incitation dans le sens inverse, risque plutôt de rendre à la cigarette ses faux habits d’objet rebelle, dont on vient seulement péniblement de réussir à l’en débarrasser.