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Affreux, sales et (forcément) méchants

Il en fut question cette semaine et @si vous en a parlé par là, un chercheur nommé Philippe Froesch aurait reconstitué le visage de Robespierre d'après un masque mortuaire moulé par la future Madame Tussaud, celle du musée de cire londonien. Jean-Luc Mélenchon s'est aussitôt emparé du sujet, considérant qu'on se trouvait là confronté à une vieille ruse de l’iconographie donnant à penser que  la laideur du visage révélait à tout coup la laideur de l’âme. Penchons-nous donc sur le cas Robespierre, puis sur ceux de Richard III, Hitler et Shylock.

Derniers commentaires

Dans la série je mets une illustration vite fait http://www.bfmtv.com/international/albanie-bandits-deguises-pere-noel-braquent-une-bijouterie-674730.html (des pères noël de playmobil pour une histoire de casse par des gens déguisés en pères noël)
Sachant qu'il existe des tas de personnages, on doit pouvoir illustrer des tas d'articles ainsi, un filon.
1) Saint Just était joli, et Robespierre et lui s'entendaient comme larrons en foire. Ils se sont fait guillotinés de concert. Saint Just a voté la mort de Louis XVI comme un méchant, mais beau.

2) Les révolutionnaires n'étaient pas sales, au sens "affreux sales et méchants" car ils n'étaient pas des indigents qui se révoltent contre leur condition. Les "sales" ont un rôle dans la révolution, mais pas évalué de façon définitive.

3) Le choix des photos aux expressions "sur mesure" avec l'opinion qu'on veut dire sur une personnalité et qui cherchent à aliéner le cerveau du lecteur, ça remonte à pas mal de temps (reflex numériques avec prise de vues en rafales, années 90?). C'est de moins en moins discret et tant mieux, car quand elle est prévisible la manipulation échoue. Depuis qu'on a pris conscience de ce procédé qui est actuel, on regarde les images historiques différemment, avec suspicion. Mélenchon récupère le procédé utilisé pour l'Histoire, pour la démonstration de l'actuelle manipulation, c'est de l'abus, un genre d mouvement perpétuel. C'est plus important de montrer qu'un courant est en marche pour dire que la révolution ça fait peur, qu'on s'en serait passé voire on n'en irait que mieux bien sûr, sans ces monstres pleins d'utopies dégoutantes. Aller parler de la tête de Mélenchon sur les photos de presse à propos de ce Robespierre de pacotille. ça ne va pas assez loin selon moi. Très souvent dit en plus alors que rarement on dénonce le procédé inverse, qui doit bien exister, de portrait trop flatteur: genre se montrer avec un marmot. C'est plus insidieux encore.

4) Encore heureux que ce n'était pas la vraie vérole, car dieu sait quel moulage en cire on se serait farci.
http://www.rue89.com/2013/12/24/pourquoi-reconstitution-visage-robespierre-enerve-les-historiens-248566
Une chose est sure, le cadrage facon la pose inexpressive et la lumière évoquent un portrait robot de criminel.
Ce n'est pourtant pas dans les habitudes de l'entreprise qui a fait ce portrait, Henri IV par exemple a eu droit à un traitement bien plus complaisant, alors que inversement, il est loin d'avoir été le gentil roi qu'on nous décrit couramment.
http://www.visualforensic.com/VisualforensicH4ENG.html
Mais, Bolivar aussi ! Et là je me demande ce qu'en dirait Mélenchon.
De plus, la presse a souvent préférer reprendre les rendus d'un Robespierre sans sourcils ni cheveux ni vêtements, qu'on ne me fasse pas croire que c'est un choix anodin.

Pour ce qui est du portrait en lui même, moi ce qui m'a choqué, bien plus que sa tête cubique et sa peau d'homme malade et mal rasé, ce sont ses yeux minuscules.
Alors j'ai regardé un peu la méthodologie.
L'artiste reconnait que les marques des paupière sur le masque sont fausses, mais s'en réfère quand même à la marque du relief des cornées au travers de ces paupières. (Pour un masque qui je le rappelle ne retranscrit même pas la marque d'un coup de mousquet dans la machoire, c'est quand même fort !)
Du coup, oh surprise "la distance orbitaire est grande", sans rire ! La règle quand on suit les canons de beauté c'est un oeil entre 2 yeux, là y'a de quoi en caser 2.
En plus de ca, notre Robespierre décidément pas gâté par la nature, n'avait pas d'arcades sourcilières, mais ca ne suffit toujours pas pour l'artiste qui choisi sans justification de le doter de sourcils hauts rares et gris (à 36 ans !) pour renforcer encore l'étrangeté du bonhomme.

Je respecte le travail effectué, c'est mon domaine aussi sauf que cet homme a bien plus de talent que moi, mais personnellement face à ce masque, en considérant son origine douteuse, ses divergences avec les peintures et sculptures d'époque, et en constatant l'ampleur de ses bizarreries anatomiques, j'aurais conclu dès le départ que ce n'était pas une base valable pour un travail sérieux.
Jamais jamais le sang lumineux qui n’est pas
Le don du mot sombré dans l’ombre sans mémoire
Et la trombe tournant au fond du puits des yeux
Perdus crevés sanglants et bleus où la mort glisse

Ô glissade des morts parois des précipices

Qui n’est pas qui n’est plus ne sera plus jamais
L’impersonnel instant d’éternité du vide
La soif du creux qui hante un volume à vouloir
Se nier en s’invaginant figure d’ombre

Ô masque de la mort aux yeux de précipices

L’appel hurle du noir à vaincre le vain jeu
Des épaisseurs et des couleurs comme des lignes
Rien est un bloc de marbre absolu qui tient tout
L’espace irrévélé dans son unité seule

Morts aux masques joyeux rires de précipices

La chair tombe et la nuit au château sidéral
Et le désert s’enfonce immensément au centre
Du circuit infernal des horizons rompus
Ventre dont l’ombilic est l’antre prophétique

La mort masquée y crie un cri de précipice

Ces grands cris de silex au signe étincelant
Le vent drapant le sable en forme de fantômes
À qui les yeux du ciel prêtent un regard fou
Font le sabbat d’absence au fond des solitudes

Mort démasquée absence au cœur du précipice.

Roger Gilbert-Lecomte – Absence vorace
Je me trompe peut-être, mais il m'avait semblé que Richard de Gloucester était un homme intègre qui a essayé pendant des années de ménager la chèvre et le chou entre ses deux frères et qui n'a finalement pris le pouvoir que pour essayer de sauver ce qui pouvait encore l'être.
Mais je ne suis pas historien.
La dictature moderne de la beauté qui reproche au rédacteur des droits de l'homme sa laideur. Il paraît aussi que Jésus avait les cheveux longs et sales.
On oublie que c'est une reconstitution en 3D et que malgré toutes les innovations actuelles, ce n'est pas un reflet exact d'un être humain, les détails sont accentués.

Est-ce seulement les traces de boutons qui choquent? S'il avait une peau lisse, il n'aurait pas l'air plus moche que ça non?

La 3D a l'air reconstitué à partir du masque mortuaire, on pourrait se demander pourquoi ils n'ont pas essayé d'en faire un Robespierre plus souriant plutôt que de garder l'expression du masque. Mais c'est peut-être justement pour éviter de lui donner un air particulier, ce qu'on leur reproche maintenant.

Enfin, tout ça pour dire que je le trouve pas très moche. C'est juste un homme normal. Ils ont mis en avant ces cicatrices de boutons. Ok.

En ce qui concerne Hitler, il y a plusieurs témoignages qui parlent de sa main qui tremble et de son attitude les derniers mois de la guerre. Les films essayent surtout de retranscrire ces témoignages.
Merci pour cet article (au sujet intrinsèquement polémique mais ça demeure super intéressant).
Yéti au naturel

Yéti selon la presse

Source : http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/humanite-et-solidarite/
Ce qui m'a frappé en voyant cette reconstitution du visage de Robespierre c'est combien elle est éloignée de cette image qui est la seule que j'ai en tête et peut être la seule qui m'a été présentée au collège-lycée comme étant le portrait de Robespierre : wiki. Visage beaucoup plus doux, point de petite vérole.
Le cadeau bonus vaut son pesant de cacahuètes...
[quote=manu@home]Ce n'est pas Robespierre qui était marqué par la petite vérole, c'est Danton!

En fait, il semble que Robespierre était bien marqué par les cicatrices de la variole, mais plus légèrement que Danton (et que son dernier portrait) .
Il faut tout de même rappeller quelques faits sur Robespierre, qui sans être un militant anti-guillotine, est tout de même loin d'être le dictateur sanguinaire que ses putschites ont fait de lui dans l'immaginaire collectif.

Robespierre n'a été au pouvoir que pendant un an. On guillotinait beaucoup avant lui et on a continué après lui.

Ce n'est pas Robespierre qui a institué le tribunal révolutionnaire, c'est Danton. Ce n'est pas Robespierre qui a dit « je veux une tête par jour », c'est encore Danton

Robespierre était au Comité de Salut Public. Le tribunal révolutionnaire était sous le contrôle du Comité de Surreté Générale, qui ne prennait pas ses ordres du Comité de Salut Public.
Peut-on considérer cet article comme un mea culpa après le Vite Dit qui semblait accuser Mélenchon d'en faire trop sur le sujet (Il voit des opérations de désinformation partout, Mélenchon. Qui le visent lui personnellement par la bande, puisqu'il admire Robespierre. Forcément. Il s'énervouille un tantinet.)?
Apparemment, vous confirmez son appréciation. Non?
Ou y aurait-il eu dans le Vite Dit une ironie bien cachée?
A vrai dire, avec les images de synthèse (3D) il est difficile de faire autre chose que de la laideur.

Ne cliquez pas sur ce lien !
N'oublions pas le Hitler de To be or not to be (Ernst Lubitsch 1942) et les fameuses répiques :
- Heil Hitler !
- Heil myself !

Julot Iglézias (parti neo-nazi)
.
Surtout que dans To be or not to be, un juif récite face à Hitler la fameuse réplique de Shylock évoquée par maître Korkos, dans une scène géniale, puisque le juif et Hitler sont en fait les acteurs, pris pour des personnes réelles par les nazi, qui permettent ainsi l'évasion vers l'Angleterre libre. La scène est visible ici, à partir de 1:28:20, et le film en entier aussi). Cette combinaison Shylock-Hitler, c'est du pur génie!

À noter que Mel Brooks fit un remake très oubliable du chédeuvre de Lubitsch en 1981, et qu'en cherchant sur le ouaibe, je suis tombé sur ce clip vidéo, produit dérivé du film, qui en dit long sur ce qu'est devenue l'industrie culturelle américaine au cours des reaganiennes années 80 (faillite de United Artists et émergence de MTV), et sans doute au-delà. Document effrayant, quand on sait ce que Mel Brooks a réalisé dans les années 70 (et en plus, il a même produit Elephant Man)....
C'est malheureux mais je n'arrive plus à lire la tirade de Shylock sans rire depuis que j'ai vu un sorte de synthèse de Hitler, Shylock et Peter Sellers dans "OSS 117, Rio ne répond plus" : un nazi n'a-t-il pas des yeux ?.
Bien de finir sur les Beatles, beaux, propres sur eux et tellement gentils !
Hilarante interprétation de Hard Day's Night par Peter Sellers, à noter qu'elle était sortie en 45 tours avec une pochette parodiant l'album des Beatles.
Bon allez, un peu de Detroit sound
et bonne fêtes...

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