Commentaires
Avant de voir Karski
Nous plongeons cette semaine d@ns le texte avec Yannick Haenel, pour Jan Karski, paru en septembre dernier chez Gallimard. Cet étrange "roman" fait l'objet d'une violente polémique depuis quinze jours, opposant l'auteur à Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah, qui l'accuse de "falsification de l'Histoire". Avant de regarder l'émission, il est vivement recommandé de lire le texte ci-dessous.
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Derniers commentaires
Cela arrive tous les jours..
C'est ainsi que naissent les légendes noires plus ou moins nuisibles à l'Esprit public.
Les 'Rois Maudits', Le protocole des sages de Sion', 'Le Vicaire'....
La dernière que j'ai vue ( et 8 millions de télespectacteurs toutes diffusions confondues du Napoléon-Clavier)
c'est Talleyrand poussant Bonaparte à assassiner le duc d'Enghien...
C'est ainsi que naissent les légendes noires plus ou moins nuisibles à l'Esprit public.
Les 'Rois Maudits', Le protocole des sages de Sion', 'Le Vicaire'....
La dernière que j'ai vue ( et 8 millions de télespectacteurs toutes diffusions confondues du Napoléon-Clavier)
c'est Talleyrand poussant Bonaparte à assassiner le duc d'Enghien...
J'ai vu l'émission avec avidité et cela m'a donné envie d'acheter le livre ou de me le procurer en bibliothèque. Je ne connais donc pas sa valeur comme objet littéraire. Sur le fond du débat, je considère que la littérature autorise tout, ou presque, et donc qu'un auteur a parfaitement, pour moi, le droit de faire dire à son héros des propos qui ne sont pas historiquement sûrs ou évidents. C'est pour cela que je suis complètement imperméable à l'attaque de Claude Lanzmann et je la trouve même surprenante.
Il est clair que l'apparition de Karski dans Shoah est un très grand moment du film (il y en a moult d'autres d'ailleurs), et je comprends fort bien Haenel d'avoir voulu en savoir plus, d'une part, et de l'avoir "romancé".
Cela ne m'empêchera pas, Caliem, de lire également les Sentinelles de Tessarech.
Marieke
Il est clair que l'apparition de Karski dans Shoah est un très grand moment du film (il y en a moult d'autres d'ailleurs), et je comprends fort bien Haenel d'avoir voulu en savoir plus, d'une part, et de l'avoir "romancé".
Cela ne m'empêchera pas, Caliem, de lire également les Sentinelles de Tessarech.
Marieke
Judith,
Le livre de Bruno Tessarech, " les Sentinelles" qui est aussi un roman, qui parle des témoins de la Shoah, mais qui ne délire par comme YH vous l'avez lu ? Bien sûr il n'a pas fait polémique, donc pas médiatiquement incorrect, donc .....
même sur @ il n'est pas assez intéressant.
Dommage.
Le livre de Bruno Tessarech, " les Sentinelles" qui est aussi un roman, qui parle des témoins de la Shoah, mais qui ne délire par comme YH vous l'avez lu ? Bien sûr il n'a pas fait polémique, donc pas médiatiquement incorrect, donc .....
même sur @ il n'est pas assez intéressant.
Dommage.
Sur l'affaire Jan Karski, je signale ce papier très intéressant (et assassin) de Pierre Jourde sur bibliobs, le site littéraire du Nouvel Obs.
Merci Hurluberlu.
Plus encore que les commentaires de Jourde (De temps en temps, ça pourrait être les paroles d'une chanson de Gold.), les extraits sont dévastateurs...
Que le bouquin, l'écrivain soient mauvais, cela n'enlève en rien le droit à l'auteur de fiction d'écrire ce qu'il veut, ce qui me semble être le fond du débat, et non la réussite littéraire proprement dite de l'ouvrage.
Mais du coup, pas forcément envie de le lire, au vu des extraits proposés par Jourde.
Vivement l'émission, je suis curieux de voir comment Judith et Hubert ont appréhendé et le problème et l'écrivain.
Plus encore que les commentaires de Jourde (De temps en temps, ça pourrait être les paroles d'une chanson de Gold.), les extraits sont dévastateurs...
Que le bouquin, l'écrivain soient mauvais, cela n'enlève en rien le droit à l'auteur de fiction d'écrire ce qu'il veut, ce qui me semble être le fond du débat, et non la réussite littéraire proprement dite de l'ouvrage.
Mais du coup, pas forcément envie de le lire, au vu des extraits proposés par Jourde.
Vivement l'émission, je suis curieux de voir comment Judith et Hubert ont appréhendé et le problème et l'écrivain.
[quote=Que le bouquin, l'écrivain soient mauvais, cela n'enlève en rien le droit à l'auteur de fiction d'écrire ce qu'il veut, ce qui me semble être le fond du débat, et non la réussite littéraire proprement dite de l'ouvrage. Mais du coup, pas forcément envie de le lire, au vu des extraits proposés par Jourde.]
Tout à fait d'accord avec vous.
Mais attention les extraits cités proviennent de tous les livres de Haenel pas seulement de Jan Korski.
La lecture de ce dernier, sans entrer dans une critique du talent ou du style, est intéressante par elle même,
en raison de l'originalité de l'approche qui revient en fait à faire précéder un roman d'une exposition de ses
sources d'inspiration. Passionnant pour ceux qui s'intéressent, au processus de création.
Critiquer comme le fait Jourde, est justifié et légitime. Mais nier le droit d'écrire son roman comme l'auteur l'entend
n'est pas compatible avec la liberté de création.
De plus l'infantilisation du lecteur, qui ne saurait plus faire la part entre l'Histoire et la fiction montre un mépris
du lectorat que je juge inadmissible et vexant.
Tout à fait d'accord avec vous.
Mais attention les extraits cités proviennent de tous les livres de Haenel pas seulement de Jan Korski.
La lecture de ce dernier, sans entrer dans une critique du talent ou du style, est intéressante par elle même,
en raison de l'originalité de l'approche qui revient en fait à faire précéder un roman d'une exposition de ses
sources d'inspiration. Passionnant pour ceux qui s'intéressent, au processus de création.
Critiquer comme le fait Jourde, est justifié et légitime. Mais nier le droit d'écrire son roman comme l'auteur l'entend
n'est pas compatible avec la liberté de création.
De plus l'infantilisation du lecteur, qui ne saurait plus faire la part entre l'Histoire et la fiction montre un mépris
du lectorat que je juge inadmissible et vexant.
De plus l'infantilisation du lecteur, qui ne saurait plus faire la part entre l'Histoire et la fiction montre un mépris
du lectorat que je juge inadmissible et vexant.
Vexez-vous autant que vous le voulez, mais ce genre d'argument, "le lecteur/client n'est pas si bête que cela pour ne pas savoir faire la distinction entre ceci et cela", autorise justement à nous prendre pour des cons, systématiquement, à l'aide de caractères minuscules en bas de page, d'un jargon spécialisé, d'insultes qui n'en étaient pas, mais étaient justes ironiques, j'en passe et des meilleurs.
Quelque soit le talent littéraire de Haenel, quelque soit le nombre de personne qui tombent dans le panneau, confondant l'exposé du vrai Karski et la parole du faux Karski, le procédé de Haenel, la juxtaposition du témoignage et la reprise du nom du témoin pour la fiction est une structure en elle-même piégeant, car, elle induit de facto une passerelle qui n'a pas lieu d'être.
Voilà l'insulte, elle est là, nous prendre pour des personnes intelligentes et jouer néanmoins le jeu de cette bassesse associative. Que nous n'ayons pas été dupe n'y change rien, la forme est là pour tromper et mérite d'être dénoncé comme telle.
yG
du lectorat que je juge inadmissible et vexant.
Vexez-vous autant que vous le voulez, mais ce genre d'argument, "le lecteur/client n'est pas si bête que cela pour ne pas savoir faire la distinction entre ceci et cela", autorise justement à nous prendre pour des cons, systématiquement, à l'aide de caractères minuscules en bas de page, d'un jargon spécialisé, d'insultes qui n'en étaient pas, mais étaient justes ironiques, j'en passe et des meilleurs.
Quelque soit le talent littéraire de Haenel, quelque soit le nombre de personne qui tombent dans le panneau, confondant l'exposé du vrai Karski et la parole du faux Karski, le procédé de Haenel, la juxtaposition du témoignage et la reprise du nom du témoin pour la fiction est une structure en elle-même piégeant, car, elle induit de facto une passerelle qui n'a pas lieu d'être.
Voilà l'insulte, elle est là, nous prendre pour des personnes intelligentes et jouer néanmoins le jeu de cette bassesse associative. Que nous n'ayons pas été dupe n'y change rien, la forme est là pour tromper et mérite d'être dénoncé comme telle.
yG
[quote=à l'aide de caractères minuscules en bas de page]
Vous confondez œuvre littéraire et contrat d'assurance!
[quote=elle induit de facto une passerelle qui n'a pas lieu d'être.]
C'est une expérience, de la littérature expérimentale.
Vous pouvez hurler qu'elle n'a pas lieu d'être, on s'en fout. On est dans un
pays où l'expression et la création sont libres tant que vous ne serez pas au pouvoir;
on en profite et on vous em.....
[quote=la forme est là pour tromper et mérite d'être dénoncée comme telle.]
à part vous rédiger une ordonnance pour soigner votre délire, je ne sais pas quoi répondre
à ça.
Vous confondez œuvre littéraire et contrat d'assurance!
[quote=elle induit de facto une passerelle qui n'a pas lieu d'être.]
C'est une expérience, de la littérature expérimentale.
Vous pouvez hurler qu'elle n'a pas lieu d'être, on s'en fout. On est dans un
pays où l'expression et la création sont libres tant que vous ne serez pas au pouvoir;
on en profite et on vous em.....
[quote=la forme est là pour tromper et mérite d'être dénoncée comme telle.]
à part vous rédiger une ordonnance pour soigner votre délire, je ne sais pas quoi répondre
à ça.
Encore une fois, qui vous parle d'interdire ?
C'est déjà bien assez de pouvoir condamner et de ne pas louer sous prétexte que cela existe. Quant à la littérature expérimentale à ce propos, faites moi rire, on est loin de Jorge Luis Borges qui lui arrivait à rendre vivant ceux qui n'existaient pas. Soit un tout autre exploit que de se glisser dans les draps d'un défunt. Encore une fois, je ne vois dans ce rappel, littérature expérimentale, qu'une reformulation de l'alibi de base, à savoir, c'est un roman, tout est donc permis, seul le style compte... et quoi encore.
yG
C'est déjà bien assez de pouvoir condamner et de ne pas louer sous prétexte que cela existe. Quant à la littérature expérimentale à ce propos, faites moi rire, on est loin de Jorge Luis Borges qui lui arrivait à rendre vivant ceux qui n'existaient pas. Soit un tout autre exploit que de se glisser dans les draps d'un défunt. Encore une fois, je ne vois dans ce rappel, littérature expérimentale, qu'une reformulation de l'alibi de base, à savoir, c'est un roman, tout est donc permis, seul le style compte... et quoi encore.
yG
[quote=Encore une fois, qui vous parle d'interdire ?]
Vous n'arrêtez pas de remettre en cause l'existence même de cet écrit. Ou alors vous
vous exprimez bien mal.
Vous parlez d'alibi, où est le délit, où est le crime?
Vous reconnaissez le droit à l'expérience au seul talent reconnu?
C'est un roman, tout est permis. Oui!
Vous n'arrêtez pas de remettre en cause l'existence même de cet écrit. Ou alors vous
vous exprimez bien mal.
Vous parlez d'alibi, où est le délit, où est le crime?
Vous reconnaissez le droit à l'expérience au seul talent reconnu?
C'est un roman, tout est permis. Oui!
Vous n'arrêtez pas de remettre en cause l'existence même de cet écrit. Ou alors vous
vous exprimez bien mal.
Oui, je regrette ce récit sous cette forme, mais je n'ai pas parlé de l'interdire, juste de m'en détourner pour cette raison suffisante.
Vous parlez d'alibi, où est le délit, où est le crime?
Dans le principe, qui est condamnable. Et si vous demandez à Lanzmann, celui-ci ajouterai très certainement dans ce qu'il dit.
Vous reconnaissez le droit à l'expérience au seul talent reconnu?
Le talent n'est aucunement le seul critère légitime pour juger de la pertinence d'un roman, ce qu'il dit compte aussi.
C'est un roman, tout est permis. Oui!
Certainement pas. Trop facile, trop commode. Les artistes sont tout aussi responsables que nous autres.
Pas plus que les mots d'un président ne doivent être minorés ou mieux encore ignorés parce que non suivi d'acte (comme Legrand estime qu'ils doivent l'être), les mots d'un artiste ne doivent être minorés ou ignorés sous couvert qu'ils sont de l'art.
Une fois un discours produit, les modalités de sa production disparaisse, ne serait-ce que parce qu'il est repris dans le discours, le nôtre, le vôtre, c'est pourquoi il ne saurait y avoir de passe-droit pour les artistes, ils doivent rendre compte de ce qu'ils disent.
Qu'ils abordent tous les sujets qu'ils veulent, comme nous le pouvons aussi d'ailleurs, mais qu'ils ne dérogent pas à leur responsabilité. Le discours qu'il tienne sur le monde est de leur responsabilité et tous ne sont pas recevables.
yG
vous exprimez bien mal.
Oui, je regrette ce récit sous cette forme, mais je n'ai pas parlé de l'interdire, juste de m'en détourner pour cette raison suffisante.
Vous parlez d'alibi, où est le délit, où est le crime?
Dans le principe, qui est condamnable. Et si vous demandez à Lanzmann, celui-ci ajouterai très certainement dans ce qu'il dit.
Vous reconnaissez le droit à l'expérience au seul talent reconnu?
Le talent n'est aucunement le seul critère légitime pour juger de la pertinence d'un roman, ce qu'il dit compte aussi.
C'est un roman, tout est permis. Oui!
Certainement pas. Trop facile, trop commode. Les artistes sont tout aussi responsables que nous autres.
Pas plus que les mots d'un président ne doivent être minorés ou mieux encore ignorés parce que non suivi d'acte (comme Legrand estime qu'ils doivent l'être), les mots d'un artiste ne doivent être minorés ou ignorés sous couvert qu'ils sont de l'art.
Une fois un discours produit, les modalités de sa production disparaisse, ne serait-ce que parce qu'il est repris dans le discours, le nôtre, le vôtre, c'est pourquoi il ne saurait y avoir de passe-droit pour les artistes, ils doivent rendre compte de ce qu'ils disent.
Qu'ils abordent tous les sujets qu'ils veulent, comme nous le pouvons aussi d'ailleurs, mais qu'ils ne dérogent pas à leur responsabilité. Le discours qu'il tienne sur le monde est de leur responsabilité et tous ne sont pas recevables.
yG
Si dans un roman tout n'est pas permis c'est donc bien qu'il existe une interdiction quelque part...
Évidemment, tous ce qui est apologie du racisme, et de ses variantes, sexisme, homophobie.
Là, ce n'est pas le cas, cela ne tient pas au propos, donc aucune raison d'interdire. La thèse de Haenel, tout aussi classique qu'elle soit, à savoir les alliés savaient et non rien fait, est attribué à une personne réelle qui est morte et ne peut contredire la voix qu'on lui donne. Cette hypothèse aurait été tenu par un personnage s'intéressant à Karski, il n'y aurait rien à redire, si ce n'est à l'intérêt de cette thèse aujourd'hui, mais c'est là un autre débat.
yG
Là, ce n'est pas le cas, cela ne tient pas au propos, donc aucune raison d'interdire. La thèse de Haenel, tout aussi classique qu'elle soit, à savoir les alliés savaient et non rien fait, est attribué à une personne réelle qui est morte et ne peut contredire la voix qu'on lui donne. Cette hypothèse aurait été tenu par un personnage s'intéressant à Karski, il n'y aurait rien à redire, si ce n'est à l'intérêt de cette thèse aujourd'hui, mais c'est là un autre débat.
yG
Yannick, vous qui êtes le pourfendeur du paternalisme, refusez au lecteur la possibilité de démêler la part du factuel et du romancé ?
Et la liberté bordel ?
:-)
Et la liberté bordel ?
:-)
Oh non, je ne refuse pas au lecteur cette possibilité, je l'impose à l'auteur, c'est différent.
Nous savons tous lire les petits caractères en bas de page d'assurances avec une loupe, nous savons tous que la publicité, ce n'est pas la vérité, nous savons tous que les discours électoraux ne sont que des promesses, et pourtant, et pourtant...
C'est pourquoi l'auteur ne doit pas s'en remettre à nos capacités, fort diverses par ailleurs, à déjouer ses pièges.
Il se doit lui de s'assurer de la probité de son travail. Aussi, lorsque la structure est ainsi biaisée, il en est le premier et unique responsable.
Que personne n'en soit dupe n'y change rien. Trop facile de demander aux autres de faire son boulot, de rétablir, de nuancer, de distinguer, à sa place, de se cacher derrière le mot Fiction. Qu'il assume sa responsabilité, voilà tout. Se défausser sur les autres comme le fait Haenel n'est tout simplement pas acceptable.
Pourquoi tant de non complaisance de ma part, ce n'est qu'un roman diront certains...
Justement, je leurs répondrai.
yG
Nous savons tous lire les petits caractères en bas de page d'assurances avec une loupe, nous savons tous que la publicité, ce n'est pas la vérité, nous savons tous que les discours électoraux ne sont que des promesses, et pourtant, et pourtant...
C'est pourquoi l'auteur ne doit pas s'en remettre à nos capacités, fort diverses par ailleurs, à déjouer ses pièges.
Il se doit lui de s'assurer de la probité de son travail. Aussi, lorsque la structure est ainsi biaisée, il en est le premier et unique responsable.
Que personne n'en soit dupe n'y change rien. Trop facile de demander aux autres de faire son boulot, de rétablir, de nuancer, de distinguer, à sa place, de se cacher derrière le mot Fiction. Qu'il assume sa responsabilité, voilà tout. Se défausser sur les autres comme le fait Haenel n'est tout simplement pas acceptable.
Pourquoi tant de non complaisance de ma part, ce n'est qu'un roman diront certains...
Justement, je leurs répondrai.
yG
[quote=je l'impose à l'auteur]
Vous n'imposez rien à personne.
Vous êtes victime d'une logorrhée moralisatrice outrancière et sans aucun intérêt
pour quelque auteur ou quelque lecteur que ce soit.
Vous n'imposez rien à personne.
Vous êtes victime d'une logorrhée moralisatrice outrancière et sans aucun intérêt
pour quelque auteur ou quelque lecteur que ce soit.
@JREM
La lecture de ce dernier, sans entrer dans une critique du talent ou du style, est intéressante par elle même,
en raison de l'originalité de l'approche qui revient en fait à faire précéder un roman d'une exposition de ses
sources d'inspiration. Passionnant pour ceux qui s'intéressent, au processus de création.
Peut-être, mais tellement de choses à lire, déjà, que je ne sais pas si je prendrais le temps pour celui-là.
Et le procédé ne me semble pas neuf de s'appuyer sur des documents réels pour étayer une fiction.
Ou alors peut-être dans le fait d'utiliser deux synthèses d'œuvres pré-existantes comme prologue, je ne sais pas...
De plus l'infantilisation du lecteur, qui ne saurait plus faire la part entre l'Histoire et la fiction montre un mépris
du lectorat que je juge inadmissible et vexant.
Pareil. Mais bien en rapport avec d'autres prises de position.
Si l'on suit la logique, il faut fermer absolument les bibliothèques et médiathèques municipales en libre accès, bourrées de bombes littéraires, que le lecteur "de base" ne pourrait pas aborder sereinement sans qu'un "initié", un "expert bien intentionné" ne lui prenne la main pour lui dire comment et quoi lire...
Cette formation à la littérature doit (devrait ?) être dispensée à l'école.
Si l'on suit toujours cette logique, les mêmes n'hésiteront pas à dire que ceux qui lisent peu sont censés être les plus influençables.
Pour nous faire croire que dans les 57% de lecteurs ne lisant de 0 à 4 livres par an* figurent des acheteurs d'Hanael...
Et quand bien même, seraient-ils incapables de discerner le vrai du faux ?
Mépris, vous avez raison.
*Source : Ministère de la Culture - Enquête sur les pratiques culturelles 2008, population de 15 ans et plus
La lecture de ce dernier, sans entrer dans une critique du talent ou du style, est intéressante par elle même,
en raison de l'originalité de l'approche qui revient en fait à faire précéder un roman d'une exposition de ses
sources d'inspiration. Passionnant pour ceux qui s'intéressent, au processus de création.
Peut-être, mais tellement de choses à lire, déjà, que je ne sais pas si je prendrais le temps pour celui-là.
Et le procédé ne me semble pas neuf de s'appuyer sur des documents réels pour étayer une fiction.
Ou alors peut-être dans le fait d'utiliser deux synthèses d'œuvres pré-existantes comme prologue, je ne sais pas...
De plus l'infantilisation du lecteur, qui ne saurait plus faire la part entre l'Histoire et la fiction montre un mépris
du lectorat que je juge inadmissible et vexant.
Pareil. Mais bien en rapport avec d'autres prises de position.
Si l'on suit la logique, il faut fermer absolument les bibliothèques et médiathèques municipales en libre accès, bourrées de bombes littéraires, que le lecteur "de base" ne pourrait pas aborder sereinement sans qu'un "initié", un "expert bien intentionné" ne lui prenne la main pour lui dire comment et quoi lire...
Cette formation à la littérature doit (devrait ?) être dispensée à l'école.
Si l'on suit toujours cette logique, les mêmes n'hésiteront pas à dire que ceux qui lisent peu sont censés être les plus influençables.
Pour nous faire croire que dans les 57% de lecteurs ne lisant de 0 à 4 livres par an* figurent des acheteurs d'Hanael...
Et quand bien même, seraient-ils incapables de discerner le vrai du faux ?
Mépris, vous avez raison.
*Source : Ministère de la Culture - Enquête sur les pratiques culturelles 2008, population de 15 ans et plus
Sans parler des centaines de milliers de merveilleux romans qui devraient être jetés à la poubelle parce qu'ils font revivre des acteurs de l'Histoire.
Comme Les confessions de Nat Turner, de Styron. Ou le Choix de Sophie, puisqu'il y fait parler et vivre le directeur d'Auschwitz.
Ou Pourfendeurs de nuages, de Banks.
Tous les Ellroy, ou presque.
Bon, je pourrais continuer jusqu'à demain, mais c'est l'heure du goûter, et mon fondant au chocolat maison me fait les yeux doux.
Comme Les confessions de Nat Turner, de Styron. Ou le Choix de Sophie, puisqu'il y fait parler et vivre le directeur d'Auschwitz.
Ou Pourfendeurs de nuages, de Banks.
Tous les Ellroy, ou presque.
Bon, je pourrais continuer jusqu'à demain, mais c'est l'heure du goûter, et mon fondant au chocolat maison me fait les yeux doux.
Sans parler des centaines de milliers de merveilleux romans qui devraient être jetés à la poubelle parce qu'ils font revivre des acteurs de l'Histoire.
Comme Les confessions de Nat Turner, de Styron. Ou le Choix de Sophie, puisqu'il y fait parler et vivre le directeur d'Auschwitz.
Tiens, c'est amusant: je viens de terminer, envoûté, Le choix de Sophie —et Les confessions de Nat Turner sera d'ailleurs une de mes futures lectures. Cependant, à la différence du Jan Karski de Haenel, le narrateur du choix de Sophie est Stingo, alter ego fictionnel de Styron, qui relate l'histoire que Sophie elle même lui raconte; le personnage de Rudolf Höss n'est pas un je narrateur, et il y a une distanciation dans la fiction par le jeu de ces mises en boîtes. De plus, on sait dès les prémices que nous sommes dans la fiction... Distanciation et choix clair et revendiqué de la fiction qui semblent moins présents dans Jan Karski, puisque l'auteur mélange documents historiques (parties 1 et 2) et fiction (partie 3), en assumant un "je" qui est aussi celui d'un personnage réel, qui a d'ailleurs déjà raconté à la première personne son témoignage (partie 2), lequel contredit la violente charge de la partie fictionnelle. Il y a une certaine ambiguïté dans le processus romanesque. Comme le dit Assouline sur son blog, le dispositif utilisé par Haenel me semble au moins bancal, et il est trop facile de s'abriter derrière le fait que la fiction a tous les droits pour nier l'équilibre précaire de la construction romanesque choisie, entre documentation historique et fiction totale; c'est cette absence claire de choix qui me pose problème, ainsi que l'usurpation d'un "je" qui s'est pourtant déjà exprimé comme tel. Imagine-t-on refaire, par exemple, un roman dans lequel, au hasard, Chateaubriand dirait "je": ne serait-ce pas présompteux de la part de l'auteur, surtout que Chateaubriand s'est déjà raconté à la première personne?
Je ne suis peut-être ps très clair, sans doute parce que j'ai du mal à voir vraiment tout ce qui me gêne dans la polémique... Je suis contre toute censure du livre de Haenel, mais cela implique quand même de s'interroger sur les choix opérés, et je dois avouer que ceux-ci me laissent quand même perplexes.
"Il y a une certaine ambiguïté dans le processus romanesque. Comme le dit Assouline sur son blog, le dispositif utilisé par Haenel me semble au moins bancal, et il est trop facile de s'abriter derrière le fait que la fiction a tous les droits pour nier l'équilibre précaire de la construction romanesque choisie, entre documentation historique et fiction totale; c'est cette absence claire de choix qui me pose problème, ainsi que l'usurpation d'un "je" qui s'est pourtant déjà exprimé comme tel. "
Tout à fait d'accord avec vous.
yG
ps: DanetteOchoc, il ne s'agit pas tant de ne pas utiliser les morts, mais de ne pas les exploiter. Une nuance qui a échappé à Haenel visiblement (qui exploite en plus le travail de Lanzmann et celui de Karski...)...
Tout à fait d'accord avec vous.
yG
ps: DanetteOchoc, il ne s'agit pas tant de ne pas utiliser les morts, mais de ne pas les exploiter. Une nuance qui a échappé à Haenel visiblement (qui exploite en plus le travail de Lanzmann et celui de Karski...)...
Tu es très clair au contraire.
Cette affaire me met mal à l'aise en fait. Je n'ai pas lu le Karski de Haenel, que je ne connaissais d'ailleurs pas avant d'avoir lu une critique de son roman dans le Transfuge de la rentrée littéraire. Je me souviens avoir pensé, "faut que je le lise". J'ai depuis petite cette obsession de comprendre la possibilité même des camps de la mort, et lis tous les bouquins y relatifs qui me tombent entre les mains.
Le temps a passé, j'ai lu Styron (ai terminé Nat Turner il y a peu) Semprun et puis d'autres trucs, et le Karski a été oublié. Et je tombe sur la polémique au hasard de pérégrinations sur le net. Judith publie sa chronique, je me rue sur le forum, et là je lis Yannick, en particulier le billet qui a fait l'objet d'un vote. Et je tombe d'accord. Le fait de s'approprier la voie d'un homme mort, de lui confisquer la parole, de réinterpréter sa vie, de lui prêter des pensées, m'a gêné. Et la Shoah est un thème si sensible, qu'il y a presque une réaction immédiate, une sorte de : "ON NE TOUCHE PAS A ÇA" incontrôlable, plus fort que la distance qui existe généralement entre un lecteur et son roman.
Je regarde ensuite l'émission, toujours sans avoir lu le livre, et le dispositif m'apparaît alors clairement.
Sans avoir lu la critique de Jourde dont tu as donné le lien, croquée cet après-midi, je me dis "quel dispositif esthétique répugnant, il a le courage d'appeler ça un roman ?". Le roman implique une prétention esthétique, ou alors ça s'appelle un manuel d'utilisation de magnétoscope. La construction tripartite de l'objet, qui exploite dans ses deux premières parties les œuvres d'autres auteurs que lui-même, conforte ce sentiment d'étrangeté (sans parler d'un sentiment bizarre, genre "ce Haenel me fait l'effet d'un paresseux).
Malgré tout je ne peux condamner sa démarche, tant le dispositif, si inesthétique soit-il, me semble bien souligner la différence de nature entre les deux premières parties et la troisième, sans parler du fait que l'ouvrage ne prétend pas être autre chose qu'un roman. Le message est clair, et Haenel me semble parfaitement honnête. Je comprends que l'on puisse estimer la chose scandaleuse, faire parler un "juste" qui ne peut plus défendre la vraie nature de ses idées, ressemble en quelque sorte à un viol de la mémoire, une mémoire dont l'objet est si intouchable que l'idée même d'une réinterprétation peut sembler odieuse.
Mais je me suis alors rappelé tous les romans géniaux que j'ai lus et qui font parler des morts, qui leur volent leur place dans l'histoire, leurs pensées, leurs paroles, pour les réinvestir d'une inspiration romanesque au service d'un propos personnel à l'auteur. C'est la liberté du roman. Elle implique une responsabilité, légale, comme l'a rappelé Yannick, mais qui surtout, doit le rester. Je veux dire par là qu'au delà de la loi, l'auteur n'est responsable que devant la critique et les lecteurs, à qui il revient de discuter de la pertinence du propos romanesque.
Cette affaire me met mal à l'aise en fait. Je n'ai pas lu le Karski de Haenel, que je ne connaissais d'ailleurs pas avant d'avoir lu une critique de son roman dans le Transfuge de la rentrée littéraire. Je me souviens avoir pensé, "faut que je le lise". J'ai depuis petite cette obsession de comprendre la possibilité même des camps de la mort, et lis tous les bouquins y relatifs qui me tombent entre les mains.
Le temps a passé, j'ai lu Styron (ai terminé Nat Turner il y a peu) Semprun et puis d'autres trucs, et le Karski a été oublié. Et je tombe sur la polémique au hasard de pérégrinations sur le net. Judith publie sa chronique, je me rue sur le forum, et là je lis Yannick, en particulier le billet qui a fait l'objet d'un vote. Et je tombe d'accord. Le fait de s'approprier la voie d'un homme mort, de lui confisquer la parole, de réinterpréter sa vie, de lui prêter des pensées, m'a gêné. Et la Shoah est un thème si sensible, qu'il y a presque une réaction immédiate, une sorte de : "ON NE TOUCHE PAS A ÇA" incontrôlable, plus fort que la distance qui existe généralement entre un lecteur et son roman.
Je regarde ensuite l'émission, toujours sans avoir lu le livre, et le dispositif m'apparaît alors clairement.
Sans avoir lu la critique de Jourde dont tu as donné le lien, croquée cet après-midi, je me dis "quel dispositif esthétique répugnant, il a le courage d'appeler ça un roman ?". Le roman implique une prétention esthétique, ou alors ça s'appelle un manuel d'utilisation de magnétoscope. La construction tripartite de l'objet, qui exploite dans ses deux premières parties les œuvres d'autres auteurs que lui-même, conforte ce sentiment d'étrangeté (sans parler d'un sentiment bizarre, genre "ce Haenel me fait l'effet d'un paresseux).
Malgré tout je ne peux condamner sa démarche, tant le dispositif, si inesthétique soit-il, me semble bien souligner la différence de nature entre les deux premières parties et la troisième, sans parler du fait que l'ouvrage ne prétend pas être autre chose qu'un roman. Le message est clair, et Haenel me semble parfaitement honnête. Je comprends que l'on puisse estimer la chose scandaleuse, faire parler un "juste" qui ne peut plus défendre la vraie nature de ses idées, ressemble en quelque sorte à un viol de la mémoire, une mémoire dont l'objet est si intouchable que l'idée même d'une réinterprétation peut sembler odieuse.
Mais je me suis alors rappelé tous les romans géniaux que j'ai lus et qui font parler des morts, qui leur volent leur place dans l'histoire, leurs pensées, leurs paroles, pour les réinvestir d'une inspiration romanesque au service d'un propos personnel à l'auteur. C'est la liberté du roman. Elle implique une responsabilité, légale, comme l'a rappelé Yannick, mais qui surtout, doit le rester. Je veux dire par là qu'au delà de la loi, l'auteur n'est responsable que devant la critique et les lecteurs, à qui il revient de discuter de la pertinence du propos romanesque.
Réponse en deux temps... Voici ma première salve, la seconde suivra peu après :-)
Le message est clair, et Haenel me semble parfaitement honnête.
Que Haenel soit "honnête", ou encore "sincère" comme l'ont dit d'autres personnes dans le forum de l'émission, je l'admets bien volontiers... mais à mon sens ça ne règle aucunement la question. Être sincère ou honnête n'empêche pas d'être maladroit dans son expression, et encore plus de se fourvoyer sur le fond.
Que le message soit clair parce que Haenel précise bien quelles parties sont de la fiction et quelles sont basées sur des documents réels me paraît tout autant problématique. D'abord, parce que la séparation n'est pas si franche, claire, nette que ça: quand Haenel impose sa vision de l'extrait de Shoah concernant Jan Karski et sa lecture du témoignage de Jan Karski, est-on dans le compte-rendu, ou dans l'interprétation, ou encore dans un préambule à la fiction de sa troisième partie? Cet argument m'est d'autant plus venu que, avant le choix de Sophie, j'avais lu Opération Shylock, de [s]Dieu[/s] Philip Roth, lequel roman met en scène Philip Roth s'exprimant à la première personne... L'avant propos précise bien qu'il s'agit d'une confession autobiographique, et le lecteur est donc invité à considérer les faits relatés comme réellement advenus à l'auteur.... Mais [spoiler écrit en blanc, si vous ne voulez pas connaître la fin ne surlignez pas ce qui suit...] une note finale nous précise que "cette confession est un faux" alors même que nous étions invités dès le début à prendre pour argent comptant ce qui avait précédé [fin du spoiler]....
Tout ça pour dire que la frontière entre fiction et réalité n'est pas si nette que ça, même (et peut-être surtout) dans le dispositif employé par Haenel... Pour revenir à Jan Karski après ces digressions: je ne suis pas sûr que le "message soit clair". Le message que veut faire passer Haenel (en gros: les alliés complices volontaires de la shoah), certainement. Le processus littéraire mêlant fiction, documentation historique et prisme de la vision de l'auteur me semble au final moins limpide. Qui parle? Le Jan Karski de Haenel ou Jan Karski? Le jeu sur les différents registres me paraît ajouter à la confusion.
[Addendum et aparté final de ce premier point: J'ajoute que lors de l'émission, Haenel a expliqué combien la question du secret lui était consubstantielle —la figure de Karski remuait en lui des questions essentielles (son père était un détenteur de secrets, et ça l'a marqué). Plutôt que de faire parler Jan Karski à la première personne, que n'a-t-il exprimé plus fortement son rapport à Karski en jouant d'un "je" auto-fictionnel, à la manière de Javier Cercas dans À la vitesse de la Lumière, qui imaginait ce que le parcours d'un soldat anonyme de la guerre du Vietnam avait de similaire avec la situation d'un narrateur contemporain fort ressemblant —mais différent— à l'auteur...]
Le message est clair, et Haenel me semble parfaitement honnête.
Que Haenel soit "honnête", ou encore "sincère" comme l'ont dit d'autres personnes dans le forum de l'émission, je l'admets bien volontiers... mais à mon sens ça ne règle aucunement la question. Être sincère ou honnête n'empêche pas d'être maladroit dans son expression, et encore plus de se fourvoyer sur le fond.
Que le message soit clair parce que Haenel précise bien quelles parties sont de la fiction et quelles sont basées sur des documents réels me paraît tout autant problématique. D'abord, parce que la séparation n'est pas si franche, claire, nette que ça: quand Haenel impose sa vision de l'extrait de Shoah concernant Jan Karski et sa lecture du témoignage de Jan Karski, est-on dans le compte-rendu, ou dans l'interprétation, ou encore dans un préambule à la fiction de sa troisième partie? Cet argument m'est d'autant plus venu que, avant le choix de Sophie, j'avais lu Opération Shylock, de [s]Dieu[/s] Philip Roth, lequel roman met en scène Philip Roth s'exprimant à la première personne... L'avant propos précise bien qu'il s'agit d'une confession autobiographique, et le lecteur est donc invité à considérer les faits relatés comme réellement advenus à l'auteur.... Mais [spoiler écrit en blanc, si vous ne voulez pas connaître la fin ne surlignez pas ce qui suit...] une note finale nous précise que "cette confession est un faux" alors même que nous étions invités dès le début à prendre pour argent comptant ce qui avait précédé [fin du spoiler]....
Tout ça pour dire que la frontière entre fiction et réalité n'est pas si nette que ça, même (et peut-être surtout) dans le dispositif employé par Haenel... Pour revenir à Jan Karski après ces digressions: je ne suis pas sûr que le "message soit clair". Le message que veut faire passer Haenel (en gros: les alliés complices volontaires de la shoah), certainement. Le processus littéraire mêlant fiction, documentation historique et prisme de la vision de l'auteur me semble au final moins limpide. Qui parle? Le Jan Karski de Haenel ou Jan Karski? Le jeu sur les différents registres me paraît ajouter à la confusion.
[Addendum et aparté final de ce premier point: J'ajoute que lors de l'émission, Haenel a expliqué combien la question du secret lui était consubstantielle —la figure de Karski remuait en lui des questions essentielles (son père était un détenteur de secrets, et ça l'a marqué). Plutôt que de faire parler Jan Karski à la première personne, que n'a-t-il exprimé plus fortement son rapport à Karski en jouant d'un "je" auto-fictionnel, à la manière de Javier Cercas dans À la vitesse de la Lumière, qui imaginait ce que le parcours d'un soldat anonyme de la guerre du Vietnam avait de similaire avec la situation d'un narrateur contemporain fort ressemblant —mais différent— à l'auteur...]
Suite de la réponse
Je comprends que l'on puisse estimer la chose scandaleuse, faire parler un "juste" qui ne peut plus défendre la vraie nature de ses idées, ressemble en quelque sorte à un viol de la mémoire, une mémoire dont l'objet est si intouchable que l'idée même d'une réinterprétation peut sembler odieuse.
Mais je me suis alors rappelé tous les romans géniaux que j'ai lus et qui font parler des morts, qui leur volent leur place dans l'histoire, leurs pensées, leurs paroles, pour les réinvestir d'une inspiration romanesque au service d'un propos personnel à l'auteur. C'est la liberté du roman. Elle implique une responsabilité, légale, comme l'a rappelé Yannick, mais qui surtout, doit le rester. Je veux dire par là qu'au delà de la loi, l'auteur n'est responsable que devant la critique et les lecteurs, à qui il revient de discuter de la pertinence du propos romanesque.
Je pense que si Haenel avait pris la place d'un des innombrables anonymes emportés dans le tourbillon des atrocités de cette effrayante histoire, cela n'aurait pas posé problème (mais alors, exit la première et la deuxième partie, et nous sommes pleinement dans une fiction se revendiquant comme telle). Mais Haenel a voulu faire parler à la première personne une figure qui avait déjà livré son témoignage: il y a là une usurpation... Certes, la fiction a tous les droits, et je ne suis pas de ceux qui veulent l'entraver: la fiction a donc aussi le droit d'usurper un "je". Mais, dans le cas précis, rien ne nous prouve qu'Haenel ait pour autant écrit de la bonne fiction...
À vrai dire, j'ai l'impression que le débat porte peu sur les droits du romancier : je reconnais qu'il a tous les droits, y compris celui d'usurper une identité. Plutôt, cette question sur le livre de Haenel m'évoque le fameux article par Jacques Rivette du film Kapò de Gillo Pontecorvo, article dont je cite l'extrait le plus connu qui me semble néanmoins essentiel:
[quote=Jacques Rivette]c'est que le cinéaste juge ce qu'il montre, et est jugé par la façon dont il le montre.
Autre chose : on a beaucoup cité, à gauche et à droite, et le plus souvent assez sottement, une phrase de Moullet : "la morale est affaire de travellings" (ou la version de Godard : "les travellings sont affaire de morale") ; on a voulu y voir le comble du formalisme, alors qu'on en pourrait plutôt critiquer l'excès "terroriste", pour reprendre la terminologie paulhanienne. Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés ; l'homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d'inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n'a droit qu'au plus profond mépris.
Et, pour conclure en paraphrasant légèrement Rivette (je rends évidente la correction), je dirais : "ce qui compte, c'est le ton, ou l'accent, la nuance, comme on voudra l'appeler - c'est-à-dire le point de vue d'un homme, l'auteur, mal nécessaire, et l'attitude que prend cet homme par rapport à ce qu'il [s]filme[/s] écrit, et donc par rapport au monde et à toutes choses".
Eh bien, je pense que de la même façon que le travelling est affaire de morale, de même, dans l'écriture, la première personne est aussi affaire de morale, fût-ce au sein de la fiction romanesque. Le romancier a tous les droits, cela ne le met pas pour autant au-dessus de la morale. En jouant sur l'ambiguïté (moitié compte-rendu de documents, moitié fiction), en reprenant un je" qui avait déjà livré son témoignage en vidéo (partie 1) et par écrit (partie 2), je pense que Haenel nous fait un exercice de haute voltige littéraire extrêmement périlleux, et je ne suis pas surpris qu'aux yeux de certains il ait échoué. Et peu importe la sincérité de Haenel: ce qui importe, c'est l"œuvre, et elle me paraît au minimum problématique.
Bon, c'est l'inconvénient d'avoir un pré-forum sur le livre de l'émission: le forum de l'émission est déserté, alors que celui-ci compte trois fois plus de messages! Comment réunir les deux?
Je comprends que l'on puisse estimer la chose scandaleuse, faire parler un "juste" qui ne peut plus défendre la vraie nature de ses idées, ressemble en quelque sorte à un viol de la mémoire, une mémoire dont l'objet est si intouchable que l'idée même d'une réinterprétation peut sembler odieuse.
Mais je me suis alors rappelé tous les romans géniaux que j'ai lus et qui font parler des morts, qui leur volent leur place dans l'histoire, leurs pensées, leurs paroles, pour les réinvestir d'une inspiration romanesque au service d'un propos personnel à l'auteur. C'est la liberté du roman. Elle implique une responsabilité, légale, comme l'a rappelé Yannick, mais qui surtout, doit le rester. Je veux dire par là qu'au delà de la loi, l'auteur n'est responsable que devant la critique et les lecteurs, à qui il revient de discuter de la pertinence du propos romanesque.
Je pense que si Haenel avait pris la place d'un des innombrables anonymes emportés dans le tourbillon des atrocités de cette effrayante histoire, cela n'aurait pas posé problème (mais alors, exit la première et la deuxième partie, et nous sommes pleinement dans une fiction se revendiquant comme telle). Mais Haenel a voulu faire parler à la première personne une figure qui avait déjà livré son témoignage: il y a là une usurpation... Certes, la fiction a tous les droits, et je ne suis pas de ceux qui veulent l'entraver: la fiction a donc aussi le droit d'usurper un "je". Mais, dans le cas précis, rien ne nous prouve qu'Haenel ait pour autant écrit de la bonne fiction...
À vrai dire, j'ai l'impression que le débat porte peu sur les droits du romancier : je reconnais qu'il a tous les droits, y compris celui d'usurper une identité. Plutôt, cette question sur le livre de Haenel m'évoque le fameux article par Jacques Rivette du film Kapò de Gillo Pontecorvo, article dont je cite l'extrait le plus connu qui me semble néanmoins essentiel:
[quote=Jacques Rivette]c'est que le cinéaste juge ce qu'il montre, et est jugé par la façon dont il le montre.
Autre chose : on a beaucoup cité, à gauche et à droite, et le plus souvent assez sottement, une phrase de Moullet : "la morale est affaire de travellings" (ou la version de Godard : "les travellings sont affaire de morale") ; on a voulu y voir le comble du formalisme, alors qu'on en pourrait plutôt critiquer l'excès "terroriste", pour reprendre la terminologie paulhanienne. Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés ; l'homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d'inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n'a droit qu'au plus profond mépris.
Et, pour conclure en paraphrasant légèrement Rivette (je rends évidente la correction), je dirais : "ce qui compte, c'est le ton, ou l'accent, la nuance, comme on voudra l'appeler - c'est-à-dire le point de vue d'un homme, l'auteur, mal nécessaire, et l'attitude que prend cet homme par rapport à ce qu'il [s]filme[/s] écrit, et donc par rapport au monde et à toutes choses".
Eh bien, je pense que de la même façon que le travelling est affaire de morale, de même, dans l'écriture, la première personne est aussi affaire de morale, fût-ce au sein de la fiction romanesque. Le romancier a tous les droits, cela ne le met pas pour autant au-dessus de la morale. En jouant sur l'ambiguïté (moitié compte-rendu de documents, moitié fiction), en reprenant un je" qui avait déjà livré son témoignage en vidéo (partie 1) et par écrit (partie 2), je pense que Haenel nous fait un exercice de haute voltige littéraire extrêmement périlleux, et je ne suis pas surpris qu'aux yeux de certains il ait échoué. Et peu importe la sincérité de Haenel: ce qui importe, c'est l"œuvre, et elle me paraît au minimum problématique.
Bon, c'est l'inconvénient d'avoir un pré-forum sur le livre de l'émission: le forum de l'émission est déserté, alors que celui-ci compte trois fois plus de messages! Comment réunir les deux?
l'éthique est là, dans la façon de rendre une histoire. J'abonde également, le préforum et le postforum constituent un éparpillement réflexif des plus perturbants. Il faudrait peut-être clôturer le préforum, une fois l'émission en ligne...
Enfin, j'abonde, il ne s'agit pas d'interdire cette œuvre que d'exprimer un jugement critique et/ou défavorable sur celle-ci.
yG
Enfin, j'abonde, il ne s'agit pas d'interdire cette œuvre que d'exprimer un jugement critique et/ou défavorable sur celle-ci.
yG
Ou faire un seul forum, ouvert avant l'émission et qui le reste par la suite (seul et ouvert).
Salut m'dame
Ah bé moi, le fondant, c'est demain :)
Sinon, t'as pas vu mon post plus haut qui citait plein de livres (ouais, chouette, du name dropping à gogo...).
Ah bé moi, le fondant, c'est demain :)
Sinon, t'as pas vu mon post plus haut qui citait plein de livres (ouais, chouette, du name dropping à gogo...).
Salut sleepless, tu connais Pontecorvo ?
j'ai vu un autre film de lui, je ne me souviens plus du titre ( c'est vieux ) si on parle du même cinéaste ?
je vais chercher.
gamma
j'ai vu un autre film de lui, je ne me souviens plus du titre ( c'est vieux ) si on parle du même cinéaste ?
je vais chercher.
gamma
Salut gamma,
Oui, il a fait La bataille d'Alger et Queimada (avec Brando)
Oui, il a fait La bataille d'Alger et Queimada (avec Brando)
Je réagis un peu comme toi, Sleepless, à la lecture du texte de Jourde. C'est à la fois édifiant et... stupéfiant. On se demande quand même ce qui motive fondamentalement le critique littéraire, mi-écrivain, mi-universitaire, à cogner si fort sur une cible qu'il semble considérer comme quasi insignifiante ? Et que dire des commentaires sous son billet, qui rivalisent d'aigreur et de mépris pour tout ce qui sent le pavé mazouté parisien et les effluves métropolitaines... ?
Bref, c'est un peu un malaise similaire à celui que je ressens parfois sur les forums d'@si, lorsque certains frappent comme des sourds sur les commentaires des autres, voire une phrase ou même un mot obscur, imprécis ou maladroit. Comme si l'enjeu n'était pas de débattre mais de faire rendre gorge à l'insolent qui ose ne pas penser comme Sa Majesté "Moi" ?!
PS : j'ai entendu ce matin une phrase bien sentie de la part d'un auditeur de fr. inter : "Si Dieu avait connu le principe de précaution, jamais il n'aurait créer l'Homme !"... Mais ce n'était peut-être qu'une citation ?
;-)
Bref, c'est un peu un malaise similaire à celui que je ressens parfois sur les forums d'@si, lorsque certains frappent comme des sourds sur les commentaires des autres, voire une phrase ou même un mot obscur, imprécis ou maladroit. Comme si l'enjeu n'était pas de débattre mais de faire rendre gorge à l'insolent qui ose ne pas penser comme Sa Majesté "Moi" ?!
PS : j'ai entendu ce matin une phrase bien sentie de la part d'un auditeur de fr. inter : "Si Dieu avait connu le principe de précaution, jamais il n'aurait créer l'Homme !"... Mais ce n'était peut-être qu'une citation ?
;-)
Oui,Juléjim, je me suis retenu le plus longtemps possible,
mais j'ai craqué, et j'ai frappé comme un sourd, je suis faible,
j'espère que tu ne m'en voudras pas ?
gamma
mais j'ai craqué, et j'ai frappé comme un sourd, je suis faible,
j'espère que tu ne m'en voudras pas ?
gamma
J'ai vu 'Shoah', j'ai lu 'Le lièvre de Patagonie', j'ai lu 'Jan Karski' .
Pour éviter le piège en boucle de vérité/mensonge, je propose de recourir à l'effet de sens.
'Shoah' m'a réveillé des souvenirs terribles : les expositions des alliés, en 1945, à Paris, sur les crimes nazis. J'avais 8 ans.
Lanzeman est une mine d'information même si c'est lui le plus beau, qui nage le plus vite !
Le sous-titre du livre de Haenel, 'roman' s'applique aux trois chapitres que ce soit 1/ les extraits de Shoah, 2/ le résumé de 'Histoire d'un État secret' 3/ une fiction en partie d'après un autre livre sur Karski. L'horreur nazie y est présente. L'ambiguité des gouvernants américains n'est pas chose nouvelles : ils ont gagné cruellement la guerre. Puis il y a eu la Corée, le Viet-Nam, l' Afganistan, l'Irak 1 et 2. Napalm et bombes à fragmentations. Nous savons tous cela; Et pourtant j'aime l'Amérique ! Et pourtant je me surprends à avoir des pensées racistes !
Je manque de tolérance et d'empathie pour pour l''humanité'.
"La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable ; mais c'est être grand que de connaître qu'on est misérable. Pascal Pensée 397
Bravo et merci Judith
Pour éviter le piège en boucle de vérité/mensonge, je propose de recourir à l'effet de sens.
'Shoah' m'a réveillé des souvenirs terribles : les expositions des alliés, en 1945, à Paris, sur les crimes nazis. J'avais 8 ans.
Lanzeman est une mine d'information même si c'est lui le plus beau, qui nage le plus vite !
Le sous-titre du livre de Haenel, 'roman' s'applique aux trois chapitres que ce soit 1/ les extraits de Shoah, 2/ le résumé de 'Histoire d'un État secret' 3/ une fiction en partie d'après un autre livre sur Karski. L'horreur nazie y est présente. L'ambiguité des gouvernants américains n'est pas chose nouvelles : ils ont gagné cruellement la guerre. Puis il y a eu la Corée, le Viet-Nam, l' Afganistan, l'Irak 1 et 2. Napalm et bombes à fragmentations. Nous savons tous cela; Et pourtant j'aime l'Amérique ! Et pourtant je me surprends à avoir des pensées racistes !
Je manque de tolérance et d'empathie pour pour l''humanité'.
"La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable ; mais c'est être grand que de connaître qu'on est misérable. Pascal Pensée 397
Bravo et merci Judith
Rude débat. Je suis de l'avis de ceux qui pensent que la fiction ne peut pas être accusée de mentir, quel que soit le dispositif.
Dans la fiction, dans un roman, dans une pièce de théâtre, l'Histoire déformée peut amener à réfléchir sur l'avenir, peut amener à penser les événements autrement sans être dupe de ce qui a été dit.
Un livre qui m'a marquée quand j'étais jeune : "Les Mémoires d'Hadrien", de Yourcenar. Un livre qui m'a donné envie d'écrire. Un livre qui m'a donné envie d'écrire une histoire qui déforme l'Histoire. Parce que j'en ai le droit ; parce que cest de la fiction.
Le problème n'est pas la distorsion de l'Histoire.
Le problème est que la Seconde Guerre Mondiale, tout en faisant partie de l'Histoire de l'humanité, ne fait pas encore partie du passé.
Reparlons-en dans 200 ou 300 ans.
Dans la fiction, dans un roman, dans une pièce de théâtre, l'Histoire déformée peut amener à réfléchir sur l'avenir, peut amener à penser les événements autrement sans être dupe de ce qui a été dit.
Un livre qui m'a marquée quand j'étais jeune : "Les Mémoires d'Hadrien", de Yourcenar. Un livre qui m'a donné envie d'écrire. Un livre qui m'a donné envie d'écrire une histoire qui déforme l'Histoire. Parce que j'en ai le droit ; parce que cest de la fiction.
Le problème n'est pas la distorsion de l'Histoire.
Le problème est que la Seconde Guerre Mondiale, tout en faisant partie de l'Histoire de l'humanité, ne fait pas encore partie du passé.
Reparlons-en dans 200 ou 300 ans.
Contribution éventuelle au débat, fin août 2009, alors que la polémique ne faisait pas encore rage, telerama.fr publiait cette courte critique du livre d'Haenel.
"Jan Karski, de Yannick Haenel"(*)
« Qui témoigne pour le témoin ? » : placé en exergue du livre de Yannick Haenel, le fragment du poème de Paul Celan explique d'emblée le projet de ce roman d'une simplicité impeccable et terrible. Le témoin dont il est question s'appelle Jan Karski, il est un de ceux qu'interroge Claude Lanzmann dans Shoah. Les premières pages du roman retracent sobrement cet instant du film : un homme face à la caméra - l'enregistrement a lieu dans les années 1970 - qui voudrait parler, mais dont la parole se brise, un homme happé par la tentation du silence et qui, avec ce silence, se débat, pour finalement parvenir à réciter le message dont il est porteur depuis plus de trente-cinq ans.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Jan Karski (1914-2000), issu d'une famille catholique de Lódz, était agent de liaison entre la Résistance polonaise et le gouvernement polonais en exil, en France d'abord, puis à Londres. A la fin de l'été 1942, deux leaders juifs le font entrer clandestinement dans le ghetto de Varsovie, où se meurent des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants. Ceci afin que lui, Jan Karski, voie et dise au monde ce qu'il a vu. Ceci afin qu'il témoigne de l'atrocité de la situation des Juifs de Pologne. De l'extermination en cours. « Peut-être ébranlera-t-on la conscience du monde », espèrent les deux leaders juifs. Ne laissez pas faire cela : le voilà, le message dont est désormais porteur et responsable Jan Karski. Message qu'il tentera en vain de délivrer dans le monde qu'alors on qualifie de libre, en Grande-Bretagne, à Washington..., devant des auditoires divers, prenant la parole mille fois sans jamais que soient perçus ses mots - pourquoi ce refus, ou cette impossibilité d'entendre ? Dès 1944, Jan Karski écrira un livre - dont le résumé constitue la seconde partie du roman de Yannick Haenel -, dans l'espoir que l'écrit soit plus audible que la parole, en vain. Jan Karski sera dès lors contraint à jamais de vivre avec ce qu'il sait, avec aussi en lui ce message qui n'est jamais parvenu à ses destinataires.
C'est alors, et alors seulement, que dans le dispositif romanesque très dépouillé de Yannick Haenel, intervient la fiction, comme assise sur la matière documentaire qui l'a précédée : la troisième partie du roman est le monologue intérieur inventé de Jan Karski, l'homme qui avait un message à transmettre et qu'on n'a pas su ou voulu entendre, le messager tenu en échec, comme devenu peu à peu lui-même ce message qu'il n'a pas pu délivrer. Un homme entré, un jour de l'été 1942, dans les ténèbres, pour ne plus en ressortir jamais. Il y aura peut-être lieu, pour les historiens, d'approuver, de nuancer ou de démentir le réquisitoire à charge de Jan Karski - dans son propre ouvrage, dans les pensées que lui prête Haenel - contre les Alliés, leur responsabilité, si ce n'est leur complicité, dans l'extermination des Juifs d'Europe. Mais ce que l'on retient de ce Jan Karski, c'est le portrait intérieur d'un homme qui finit par s'enfermer dans le silence, pour mieux s'« enfermer dans ce tombeau où Dieu et l'extermination sont face à face, où l'extermination regarde silencieusement l'absence de Dieu ». Et aussi cette question, posée à l'homme du XXIe siècle, à la littérature : qui témoigne lorsque le témoin est mort ?>>
(*) ce lien propose aux éventuels curieux les 12 premières pages du livre.
"Jan Karski, de Yannick Haenel"(*)
« Qui témoigne pour le témoin ? » : placé en exergue du livre de Yannick Haenel, le fragment du poème de Paul Celan explique d'emblée le projet de ce roman d'une simplicité impeccable et terrible. Le témoin dont il est question s'appelle Jan Karski, il est un de ceux qu'interroge Claude Lanzmann dans Shoah. Les premières pages du roman retracent sobrement cet instant du film : un homme face à la caméra - l'enregistrement a lieu dans les années 1970 - qui voudrait parler, mais dont la parole se brise, un homme happé par la tentation du silence et qui, avec ce silence, se débat, pour finalement parvenir à réciter le message dont il est porteur depuis plus de trente-cinq ans.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Jan Karski (1914-2000), issu d'une famille catholique de Lódz, était agent de liaison entre la Résistance polonaise et le gouvernement polonais en exil, en France d'abord, puis à Londres. A la fin de l'été 1942, deux leaders juifs le font entrer clandestinement dans le ghetto de Varsovie, où se meurent des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants. Ceci afin que lui, Jan Karski, voie et dise au monde ce qu'il a vu. Ceci afin qu'il témoigne de l'atrocité de la situation des Juifs de Pologne. De l'extermination en cours. « Peut-être ébranlera-t-on la conscience du monde », espèrent les deux leaders juifs. Ne laissez pas faire cela : le voilà, le message dont est désormais porteur et responsable Jan Karski. Message qu'il tentera en vain de délivrer dans le monde qu'alors on qualifie de libre, en Grande-Bretagne, à Washington..., devant des auditoires divers, prenant la parole mille fois sans jamais que soient perçus ses mots - pourquoi ce refus, ou cette impossibilité d'entendre ? Dès 1944, Jan Karski écrira un livre - dont le résumé constitue la seconde partie du roman de Yannick Haenel -, dans l'espoir que l'écrit soit plus audible que la parole, en vain. Jan Karski sera dès lors contraint à jamais de vivre avec ce qu'il sait, avec aussi en lui ce message qui n'est jamais parvenu à ses destinataires.
C'est alors, et alors seulement, que dans le dispositif romanesque très dépouillé de Yannick Haenel, intervient la fiction, comme assise sur la matière documentaire qui l'a précédée : la troisième partie du roman est le monologue intérieur inventé de Jan Karski, l'homme qui avait un message à transmettre et qu'on n'a pas su ou voulu entendre, le messager tenu en échec, comme devenu peu à peu lui-même ce message qu'il n'a pas pu délivrer. Un homme entré, un jour de l'été 1942, dans les ténèbres, pour ne plus en ressortir jamais. Il y aura peut-être lieu, pour les historiens, d'approuver, de nuancer ou de démentir le réquisitoire à charge de Jan Karski - dans son propre ouvrage, dans les pensées que lui prête Haenel - contre les Alliés, leur responsabilité, si ce n'est leur complicité, dans l'extermination des Juifs d'Europe. Mais ce que l'on retient de ce Jan Karski, c'est le portrait intérieur d'un homme qui finit par s'enfermer dans le silence, pour mieux s'« enfermer dans ce tombeau où Dieu et l'extermination sont face à face, où l'extermination regarde silencieusement l'absence de Dieu ». Et aussi cette question, posée à l'homme du XXIe siècle, à la littérature : qui témoigne lorsque le témoin est mort ?>>
(*) ce lien propose aux éventuels curieux les 12 premières pages du livre.
Pas lu le livre, découverte de la controverse et donc pas d'avis.
Mais un ovni qui naviguerait en compagnie du devoir d'histoire et du devoir de mémoire, le second étant moins exigeant que le premier ?!?
Vivement l'émission !
Mais un ovni qui naviguerait en compagnie du devoir d'histoire et du devoir de mémoire, le second étant moins exigeant que le premier ?!?
Vivement l'émission !
"Si un romancier veut utiliser une personne ayant existé et la faire parler au sein de son roman, c'est pour dire quoi ?
C'est là où, dans le cas de Haenel, le bât blesse : faiblesse de l'écriture et simplisme du propos, on est finalement en deçà du vrai Jan Karski dans Shoah (son livre, Mon témoignage devant le monde, introuvable, sera réédité à la fin du mois). Il y a une telle volonté de bien faire, d'être du bon côté chez Yannick Haenel que son Jan Karski ne fait que ressasser le même message en boucle et devient, comme l'écrit Lanzmann, un "pleurnichard" et un "véhément procureur, qui met le monde entier en accusation pour ne pas avoir sauvé les Juifs(...)" [...] Lanzmann délire quand il accuse Haenel de plagiat, de même qu'il n'a pas à interdire à un autre le droit de travailler autour de ce témoin majeur. N'empêche que son texte est peut-être la plus pertinente critique littéraire publiée sur le roman d'Haenel. Le jeune auteur s'est peut-être un peu trop pris pour Karski lui-même- mais le vrai problème, c'est que nous, critiques, en ayons été dupes."
Nelly Kaprièlian, les Inrockuptibles, n°740, p.75.
yG
C'est là où, dans le cas de Haenel, le bât blesse : faiblesse de l'écriture et simplisme du propos, on est finalement en deçà du vrai Jan Karski dans Shoah (son livre, Mon témoignage devant le monde, introuvable, sera réédité à la fin du mois). Il y a une telle volonté de bien faire, d'être du bon côté chez Yannick Haenel que son Jan Karski ne fait que ressasser le même message en boucle et devient, comme l'écrit Lanzmann, un "pleurnichard" et un "véhément procureur, qui met le monde entier en accusation pour ne pas avoir sauvé les Juifs(...)" [...] Lanzmann délire quand il accuse Haenel de plagiat, de même qu'il n'a pas à interdire à un autre le droit de travailler autour de ce témoin majeur. N'empêche que son texte est peut-être la plus pertinente critique littéraire publiée sur le roman d'Haenel. Le jeune auteur s'est peut-être un peu trop pris pour Karski lui-même- mais le vrai problème, c'est que nous, critiques, en ayons été dupes."
Nelly Kaprièlian, les Inrockuptibles, n°740, p.75.
yG
c'est vrai que certaines conséquences sur certaines personnalités à la lecture de romans-fictions font parfois peur : on se souvient tous des nombreux pèlerinages qui partaient de la pyramide du Louvres à Rosslyn Chapel en Ecosse pour retrouver la trace de la descendante de Jésus-Christ.... alléluia !!
maintenant pour ceux qui se foutent totalement de savoir si marie-madeleine et Jésus-christ en couchant ensemble ont eu un fils : comment s'appelle-t-il ? ah non c'est pas ce jeu là OK !
de savoir si "Le Vatican aurait œuvré pour que l’existence d’une lignée descendant du Christ reste secrète. C’est pour cela qu’il aurait fait assassiner son descendant Dagobert par Pépin de Herstal, mais la lignée se serait prolongée avec un fils, Sigisbert. Godefroy de Bouillon, fondateur du Prieuré de Sion, ferait partie de cette lignée (cependant, seul le fait que Dagobert soit mort assassiné par Pépin de Herstal est considéré comme historique )." source Wiki hein et perso tout ce que je sais du roi Dagobert est qu'il mettait sa culotte à l'envers !! bon OK c'est pas ça non plus !
je disais donc que pour tous ceux qui se moquent bien des descendants de Jésus-Christ il n'y avait aucun doute sur le mensonge fictionnel du Da Vinci Code (bouquin chiant selon moi par ailleurs mais là n'est pas la question !) !
pour les autres qui ont envie de prendre un roman pour une réalité, amen !
si ce bouquin était sorti comme un essai ou une nouvelle thèse sur.... il aurait été autrement condamnable !!
maintenant pour ceux qui se foutent totalement de savoir si marie-madeleine et Jésus-christ en couchant ensemble ont eu un fils : comment s'appelle-t-il ? ah non c'est pas ce jeu là OK !
de savoir si "Le Vatican aurait œuvré pour que l’existence d’une lignée descendant du Christ reste secrète. C’est pour cela qu’il aurait fait assassiner son descendant Dagobert par Pépin de Herstal, mais la lignée se serait prolongée avec un fils, Sigisbert. Godefroy de Bouillon, fondateur du Prieuré de Sion, ferait partie de cette lignée (cependant, seul le fait que Dagobert soit mort assassiné par Pépin de Herstal est considéré comme historique )." source Wiki hein et perso tout ce que je sais du roi Dagobert est qu'il mettait sa culotte à l'envers !! bon OK c'est pas ça non plus !
je disais donc que pour tous ceux qui se moquent bien des descendants de Jésus-Christ il n'y avait aucun doute sur le mensonge fictionnel du Da Vinci Code (bouquin chiant selon moi par ailleurs mais là n'est pas la question !) !
pour les autres qui ont envie de prendre un roman pour une réalité, amen !
si ce bouquin était sorti comme un essai ou une nouvelle thèse sur.... il aurait été autrement condamnable !!
Dans le numéro de janvier 2010 de L'histoire, Annette Wieviorka porte une critique de cet ouvrage dans un article intitulé: Faux témoignage. Elle pose la question: Le romancier a-t-il tous les droits?; et analyse l'idéologie véhiculée par ce livre. C'est un éclairage qui peut compléter votre émission.
Dans son blog, L'histoire revient aussi sur la polémique Lanzmann-Haenel, pour ceux que ça intéresse...
http://blog.passion-histoire.net/?p=4634
Dans son blog, L'histoire revient aussi sur la polémique Lanzmann-Haenel, pour ceux que ça intéresse...
http://blog.passion-histoire.net/?p=4634
Le problème du roman, n'est pas la vie même en roman que l'auteur prête à Karski, c'est la contre vérité historique factuel qu'il introduit et pas mineure. Ici on ne parle pas de la vie du cordonnier de l'Elysée qui ferait des talonnettes de 3 cms, alors que la vérité est de 8 cms, ou de Carla qui porterait du Dior ou du Chanel à telle soirée, Mais de la réaction du président des USA lorsqu'on lui décrit l'extermination en cours des peuples en Europe.
D'un côté, un roman d'où on ne peut dépassé le mépris tu d'un président, un j'men foutisme qu'on nommerai antisémitisme si c'était le président du Languedoc et non des USA, et d'un autre la vérité, une réponse, au minimum, de bonnes intentions présidentielles après une écoute active de Karski, jusqu'à une empathie complète sur le problème faisant réagir violemment le président en faveur du peuple juif et des peuples européens.
Quelles que soient les interprétations portées aux romans et à la réalité, elles sont incompatibles, ce qui sur un sujet historique de cette envergure, est inadmissible!
D'un côté, un roman d'où on ne peut dépassé le mépris tu d'un président, un j'men foutisme qu'on nommerai antisémitisme si c'était le président du Languedoc et non des USA, et d'un autre la vérité, une réponse, au minimum, de bonnes intentions présidentielles après une écoute active de Karski, jusqu'à une empathie complète sur le problème faisant réagir violemment le président en faveur du peuple juif et des peuples européens.
Quelles que soient les interprétations portées aux romans et à la réalité, elles sont incompatibles, ce qui sur un sujet historique de cette envergure, est inadmissible!
Que le roman historique soit une fiction, nous sommes tous d'accord. Mais la fiction historique n'est pas nécessairement contraire à la vérité historique, elle peut aussi choisir de l'enjoliver, de la dramatiser, etc.
Je ne pense pas que le problème soit de faire parler un mort. Je pense que le discours de Lanzmann se base plus sur les liens entre la littérature et la vérité, et, en l'occurrence, la vérité historique.
La vraie question est : la littérature peut-elle se permettre de s'exclure du champ culturel qui décide du contenu de chacune de nos vérités sans perdre son âme (comme dirait Martine Aubry...) ? Autrement dit, la vérité littéraire peut-elle être contraire à la vérité historique et dans la négative, peut-on alors dire que le livre de Haenel ne peut faire partie de la littérature française ?
Je trouve cette question intéressante, je ne sais pas si vous l'avez posée durant l'émission mais si tel n'est pas le cas, il serait peut-être judicieux de publier, si c'est possible, ce genre de chronique avant l'enregistrement de l'émission concernée.
Je ne pense pas que le problème soit de faire parler un mort. Je pense que le discours de Lanzmann se base plus sur les liens entre la littérature et la vérité, et, en l'occurrence, la vérité historique.
La vraie question est : la littérature peut-elle se permettre de s'exclure du champ culturel qui décide du contenu de chacune de nos vérités sans perdre son âme (comme dirait Martine Aubry...) ? Autrement dit, la vérité littéraire peut-elle être contraire à la vérité historique et dans la négative, peut-on alors dire que le livre de Haenel ne peut faire partie de la littérature française ?
Je trouve cette question intéressante, je ne sais pas si vous l'avez posée durant l'émission mais si tel n'est pas le cas, il serait peut-être judicieux de publier, si c'est possible, ce genre de chronique avant l'enregistrement de l'émission concernée.
Pour tous les investigateurs en herbe les vidéos sont nombreuses sur Jan Karsky
Celle-ci entre autre, spécifiquement sur cet entretien avec Roosevelt.. description à mille lieux du roman, où Roosevelt est décri avec admiration, espoir, et une conversation d'une heure, pour une réponse à la question "que dire à mon peuple", tout en emphase sur le "we will win this war"...en 1996
Loin, très loin, aux antipodes du roman, semble t il...
On pourrauit comprendre un roman explicatif,, détaillany, quite à inventer, mais pour la boone compréhension.
Si c'est bien Hasky sur la vidéo... et si le résumé de présentation ici, relate la version du roman, il y a plus qu'une imagination, il y a contradiction flagrante..??
Celle-ci entre autre, spécifiquement sur cet entretien avec Roosevelt.. description à mille lieux du roman, où Roosevelt est décri avec admiration, espoir, et une conversation d'une heure, pour une réponse à la question "que dire à mon peuple", tout en emphase sur le "we will win this war"...en 1996
Loin, très loin, aux antipodes du roman, semble t il...
On pourrauit comprendre un roman explicatif,, détaillany, quite à inventer, mais pour la boone compréhension.
Si c'est bien Hasky sur la vidéo... et si le résumé de présentation ici, relate la version du roman, il y a plus qu'une imagination, il y a contradiction flagrante..??
dans un roman , une fiction , le fil de l'histoire pour poser de l'attrait , déroule multes situations imprévues au lecteur ,ce que l'effet de surprise rend le fictif plausible et possiblement acteur revé de nos projections, en celà le temps de la lecture s'en trouve évanoui, épanoui car de peu d'importance ,et la durée induite du temps réel suggèré ,celle qui recouvre les actes décrits fictifs, fait fonction de catalyseur parce qu'elle n'est nullement prédéterminé, sans but si ce n'est une ultime phrase de conclusion
En subordonnant , la fiction au réel et inversement, la fin du "roman" s'érige comme la muraille d'arret du temps, car , de ce qu'on dit ,la nature a horreur du vide (de l'au-delà !!), le reve prends corps et à seule FIN que ce dernier ne parte pas en rève ou en cauchemard. Ainsi savons nous la fin de l'histoire, la vraie, analysée,que ce brouillage fiction-réalité ramène comme une butée enfermant dans un carcan désiré, des hypothèses suggestives en indiscutables vérités et vice-verça
En subordonnant , la fiction au réel et inversement, la fin du "roman" s'érige comme la muraille d'arret du temps, car , de ce qu'on dit ,la nature a horreur du vide (de l'au-delà !!), le reve prends corps et à seule FIN que ce dernier ne parte pas en rève ou en cauchemard. Ainsi savons nous la fin de l'histoire, la vraie, analysée,que ce brouillage fiction-réalité ramène comme une butée enfermant dans un carcan désiré, des hypothèses suggestives en indiscutables vérités et vice-verça
Je n'ai toujours pas lu le livre bien entendu mais un certain nombre de questions me viennent peu à peu à l'esprit :
En vrac :
- Haenel avait-il le droit de "fictionner" à partir de Karski ? Si non, au nom de quoi peut-on l'en priver ?
- Peut-on à la fois critiquer sa démarche et lire le livre ?
- Que faire de la colère de Lanzmann ?
- Que faire des objections d'historiens tels qu'Anne Wieviorka ?
- Quelle signification attribuer au fait que le livre ait été primé (prix Interalliés) ?
- Ne faut-il pas souhaiter une possible réconciliation entre Haenel et Lanzmann dans la mesure où ils se "chamaillent" dans un immense cimetière sur fond d'innommables souffrances ?
En vrac :
- Haenel avait-il le droit de "fictionner" à partir de Karski ? Si non, au nom de quoi peut-on l'en priver ?
- Peut-on à la fois critiquer sa démarche et lire le livre ?
- Que faire de la colère de Lanzmann ?
- Que faire des objections d'historiens tels qu'Anne Wieviorka ?
- Quelle signification attribuer au fait que le livre ait été primé (prix Interalliés) ?
- Ne faut-il pas souhaiter une possible réconciliation entre Haenel et Lanzmann dans la mesure où ils se "chamaillent" dans un immense cimetière sur fond d'innommables souffrances ?
Oh, oui, merci Judith, c'est exactement ce type de petit texte alléchant dont j'avais besoin pour cerner l'oeuvre et me donner envie de plonger très très vite dans le texte avec vous.
Le sujet a l'air passionnant ; j'ai hâte de rencontrer cet auteur avec vous.
A jeudi ;-)
Le sujet a l'air passionnant ; j'ai hâte de rencontrer cet auteur avec vous.
A jeudi ;-)
(Préambule: je n'ai pas lu le livre et ne connaissais pas le personnage avant cette polémique.)
Pour moi, il y a le réel avéré, le vrai, le faux.... et le terrain plus riche pour la fiction du vraissemblable.
Il y a sûrement plein d'autres romans mettant en scène des personnages réels dans des situations inventées... mais sur des sujets/époques moins chargés. Au hasard les Kenedy chez Ellroy.
La question du témoignage est bien compliquée: "W ou le souvenir d'enfance" n'est-il pas aussi juste qu'un témoignage?
Pour moi, il y a le réel avéré, le vrai, le faux.... et le terrain plus riche pour la fiction du vraissemblable.
Il y a sûrement plein d'autres romans mettant en scène des personnages réels dans des situations inventées... mais sur des sujets/époques moins chargés. Au hasard les Kenedy chez Ellroy.
La question du témoignage est bien compliquée: "W ou le souvenir d'enfance" n'est-il pas aussi juste qu'un témoignage?
Est-ce que Hutch et Huggy-les-bons-tuyaux et le capitaine Dobey seront sur le plateau aussi?
Et si on [s]falsifiait[/s] refaisait l'histoire...
http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782738121660.jpg
http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782738121660.jpg
Claude Lanzmann [réalisateur], accuse l'auteur de "falsification de l'Histoire".
Tiens, mais ça me rappelle Ernest Pinard [procureur] qui a accusé lui aussi un auteur...
et est devenu à son tour sujet [s]d'un roman[/s] d'une biographie.
http://cot.priceminister.com/photo/367070930_L.jpg
Tiens, mais ça me rappelle Ernest Pinard [procureur] qui a accusé lui aussi un auteur...
et est devenu à son tour sujet [s]d'un roman[/s] d'une biographie.
http://cot.priceminister.com/photo/367070930_L.jpg
S'emparer d'un sujet qu'on n'a pas vécu, pas de problème, je suis du côté de Marie Darrieusecq dans la guéguerre pathétique que lui fait Camille Laurens.
Refaire l'histoire, toujours pas de problème avec l'uchronie, je suis du côté de Philip Roth qui imagine dans "Le complot contre l'Amérique", une Amérique fasciste ne prêtant pas secours aux juifs dans cette inconcevable épreuve.
Mais s'approprier un "ayant existé" pour alimenter une thèse historique, c'est à la fois faire preuve d'argument d'autorité et d'usurpation. Soit un double crime, l'argument d'autorité, les deux premières parties du roman de Haenel (résumé de Shoa par Haenel spectateur et résumé du livre de Karski) joue ce rôle peu glorieux, étant déjà passablement limite en lui-même, il l'est incontestablement lorsqu'il s'agit de faire parler "autrement" l'expert, de le faire parler "plus", là, il y a usurpation. Peu importe alors de savoir si Karski aurait pu dire cela, puisqu'on ne peut le vérifier. Autant alors le faire dire par quelqu'un d'autre, un vrai personnage de fiction, mais voilà, on veut se faire entendre, alors toutes les ficelles sont bonnes, à commencer par endosser la peau des morts.
Tel un imitateur, un Gérald Dahan s'exprimant à la place du président au téléphone, cela peut prêter à sourire, le cas échéant, si cela n'alimentait pas une bête immonde avec de la viande avariée.
On peut critiquer les USA pour ce qu'ils n'ont pas fait, mais pas en jouant les ventriloques une fois qu'on a enfilé la dépouille d'un mort.
Le message de Karski doit être entendu, pour cela, il ne doit pas être parasité.
yG
Refaire l'histoire, toujours pas de problème avec l'uchronie, je suis du côté de Philip Roth qui imagine dans "Le complot contre l'Amérique", une Amérique fasciste ne prêtant pas secours aux juifs dans cette inconcevable épreuve.
Mais s'approprier un "ayant existé" pour alimenter une thèse historique, c'est à la fois faire preuve d'argument d'autorité et d'usurpation. Soit un double crime, l'argument d'autorité, les deux premières parties du roman de Haenel (résumé de Shoa par Haenel spectateur et résumé du livre de Karski) joue ce rôle peu glorieux, étant déjà passablement limite en lui-même, il l'est incontestablement lorsqu'il s'agit de faire parler "autrement" l'expert, de le faire parler "plus", là, il y a usurpation. Peu importe alors de savoir si Karski aurait pu dire cela, puisqu'on ne peut le vérifier. Autant alors le faire dire par quelqu'un d'autre, un vrai personnage de fiction, mais voilà, on veut se faire entendre, alors toutes les ficelles sont bonnes, à commencer par endosser la peau des morts.
Tel un imitateur, un Gérald Dahan s'exprimant à la place du président au téléphone, cela peut prêter à sourire, le cas échéant, si cela n'alimentait pas une bête immonde avec de la viande avariée.
On peut critiquer les USA pour ce qu'ils n'ont pas fait, mais pas en jouant les ventriloques une fois qu'on a enfilé la dépouille d'un mort.
Le message de Karski doit être entendu, pour cela, il ne doit pas être parasité.
yG
roman : définition : fiction rédigée en prose
un mensonge en quelque sorte sorti du cerveau d'un auteur, voilà le principe même du roman
si Monsieur Haenel est au clair avec cette histoire sortie tout droit de son imagination, alors il a le droit d'écrire et d'inventer ce qu'il veut ; ça n'est ni plus ni moins qu'un roman, mais ceux qui vont le lire doivent en être avertis !
trop d'aventures littéraires se font passer pour des réalités....
il est dans la création et seule sa conscience aurait pu l'empêcher d'inventer la vie d'une personne décédée, en l'occurence Jan Karski....
un mensonge en quelque sorte sorti du cerveau d'un auteur, voilà le principe même du roman
si Monsieur Haenel est au clair avec cette histoire sortie tout droit de son imagination, alors il a le droit d'écrire et d'inventer ce qu'il veut ; ça n'est ni plus ni moins qu'un roman, mais ceux qui vont le lire doivent en être avertis !
trop d'aventures littéraires se font passer pour des réalités....
il est dans la création et seule sa conscience aurait pu l'empêcher d'inventer la vie d'une personne décédée, en l'occurence Jan Karski....
Bonjour
Il n'y a pourtant pas de quoi polémiquer, la barbarie Nazi reste. La guerre est toujours sale quelque soit le camp. C'est plutôt rassurant qu'on puisse jeter un regard sous les tapis de l'Histoire grace à la littérature.
Il n'y a pourtant pas de quoi polémiquer, la barbarie Nazi reste. La guerre est toujours sale quelque soit le camp. C'est plutôt rassurant qu'on puisse jeter un regard sous les tapis de l'Histoire grace à la littérature.
Est-ce que Georges Frêche sera sur le plateau ?
Il me semblerait bien aventureux de réagir, dans quelque sens que ce soit, avant d'avoir lu le "roman" d'Haenel.
Donc, pour l'instant, je passe...
Donc, pour l'instant, je passe...
Si j'ai bien compris, l'émission est déjà enregistrée.
Est-ce que les 2 sont présents?
Est-ce que les 2 sont présents?
Un roman est un roman, donc de la fiction et non la réalité !
Alors pourquoi polémiquer.
Ça me rappelle le roman de « Rêve de fer » de l’écrivain Norman Spinrad, qui avait été soupçonné de révisionniste.
C'est une uchronie dans laquelle Hitler écrivain est censé avoir écrit le roman : « Le Seigneur du Svastika ».
http://djaybi.blogspot.com/2009/12/le-seigneur-du-svastika.html
"J'ai appris depuis que ce livre, et c'est étrange, avait fait pas mal de foin à sa sortie en 1972.
Il fut interdit en Allemagne de l'ouest pour apologie du nazisme.
Mais seulement Norman Spinrad est juif et la lecture de ce livre doit se faire dans un second degré de détachement."
Cf. : http://denchamanie.free.fr/blog/index.php/post/2007/05/08/Reve-de-fer-Norman-Spinrad
Alors pourquoi polémiquer.
Ça me rappelle le roman de « Rêve de fer » de l’écrivain Norman Spinrad, qui avait été soupçonné de révisionniste.
C'est une uchronie dans laquelle Hitler écrivain est censé avoir écrit le roman : « Le Seigneur du Svastika ».
http://djaybi.blogspot.com/2009/12/le-seigneur-du-svastika.html
"J'ai appris depuis que ce livre, et c'est étrange, avait fait pas mal de foin à sa sortie en 1972.
Il fut interdit en Allemagne de l'ouest pour apologie du nazisme.
Mais seulement Norman Spinrad est juif et la lecture de ce livre doit se faire dans un second degré de détachement."
Cf. : http://denchamanie.free.fr/blog/index.php/post/2007/05/08/Reve-de-fer-Norman-Spinrad
Eeeeh ben, quel sujet. Bon courage.