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Commentaires

Avec, ou sans nègre ?

Il y a des mots dont on ne sait s’ils franchissent ou non la ligne jaune.

Derniers commentaires

Oh, zut, y'a pas de nouvelle chronique aujourd'hui !
Peut- être trouvera- t- on trace d'un scribe noir en égypte?
Je suis peut être totalement à l'Ouest, et je n'ignore rien de sa dimension péjorative dans certaines bouches, mais je trouve le mot "nègre" d'une grande noblesse. Peut être est-ce en référence à certaines de mes lectures, notamment de gentilshommes du 18e siècle qui avaient sous leur commandement des "nègres" dont ils ne cessaient de vanter toutes les qualités.

Pour reprendre un passage de la chronique d'Anne-Sophie, la définition du Larousse de 1907, c'est plutôt la partie sur la "race d’hommes noirs, inférieure en intelligence à la race blanche dite race caucasienne", qui me gêne, que le fait qu'on les désigne comme nègres et noirs.

Desproges disait aussi que la différence entre les blancs et les noirs, outre les dimensions (...), se constatait au niveau de l'intelligence, qui n'était pas la même chez Denise fabre et Léopold Sédar Senghor...
Si j'étais un "écrivain de l'ombre", etc, le mot "nègre" me conviendrait très bien, je le trouverais même flatteur.
Car si j'ai bien compris, le "nègre", c'est celui qui fait le travail, pendant qu'un fainéant se pavane et touche les droits.
Et si j'étais noir de peau, ça me semblerait aussi flatteur: avec ce sens, cette acceptation, ça donne une autre vision des colonies: les colonisateurs deviennent des fainéants indolents qui n'auraient été capables de rien bâtir sans le travail des "nègres"...
...A l'époque où il travaillait encore sur TF1.

Des chiffres dont personnellement je ne me lasse pas:

Source: France Inter, J'ai mes sources, 01/09/09

71 500 Euros par mois.
Plus une prime annuelle de 260 000 Euros.

Ce qui fait un total annuel de 1 118 000 Euros.

Quel homme ! Quel talent !

DD
C'est dans le dictionnaire, non ?
Alors utilisons le sans vergogne, et que les africains arrettent de se sentir "persecutes" !
Le droit de nommer

« Le mépris de l’autre (c’est-à-dire la méconnaissance ou l’incompréhension de l’autre non assortie d’un souci et d’un effort de connaissance ou de compréhension) se manifeste dès les premiers contacts précoloniaux dans l’entreprise taxinomique. Il est un phénomène vieux comme le monde qui consiste à nommer les autres d’un terme péjoratif, ce terme faisant souvent référence aux différences linguistiques encore une fois converties en inégalité: les Grecs baptisent barbares ceux qui parlent une autre langue que la leur, les Slaves ont donné aux Allemands un nom, némits, qui signifie à l’origine "muet", au Mali le peuple bobo porte un nom qui signifie "muet" en bambara, etc.

De façon plus générale, les envahisseurs, les explorateurs ou les commerçants nomment à leur gré ceux qu’ils ont en face d’eux et qu’ils considèrent, pour des raisons idéologiques variées, comme leurs inférieurs. Au VIe siècle en Grande-Bretagne, alors que les Gallois s’appellent eux-mêmes cymry (en gallois: "compatriotes"), les envahisseurs anglosaxons leur donnent un nom qui leur restera et qui signifie "étrangers": Welsh. (...) On trouve des exemples semblables dans toutes les situations précoloniales ou coloniales. Les Indiens d’Amérique du Nord sont ainsi baptisés de façon fantaisiste: les Leni-lenapes ("peuple du début") se virent attribuer le nom d’un héros anglais, Lord de La Ware, et devinrent ainsi pour la postérité les Delaware; les Dakota, les Nakota et les Lakota, trois groupes d’un même peuple, se voient baptiser de façon générique sioux, par déformation de la prononciation française (nadouessioux) du mot servant à les désigner en chippewa; les mêmes Français baptisent nez percés un peuple dont les guerriers avaient l’habitude de porter un anneau dans le nez, etc.

Ce mépris des appellations autochtones relève d’un mépris plus vaste pour les peuples; les territoires et les habitants n’existaient pas avant l’arrivée du colonisateur (puisqu’ils n’avaient pas de nom, ou du moins puisqu’on se comporte comme s’ils n’avaient pas de nom), et l’on nomme lieux et peuples comme bon nous semble. Ainsi l’Afrique de l’Ouest au sud du Sahara sera nommée par les Arabes d’un mot qui signifie "noir" à l’origine, Soudan. Et les premiers navigateurs portugais ont appelé le fleuve Wuri, rio dos camerroes (le fleuve des crevettes), appellation qui par synecdoque désignera bientôt la région, deviendra camerones en espagnol, cameroons en anglais, kamerun en allemand et cameroun en français: aujourd’hui, par la grâce de ce baptême, les Kotoko, les Bamiléké, les Fang, les Fali, les Douala, etc., sont des "Camerounais". Il avait suffi que les marins portugais vissent des crevettes dans le fleuve Wuri. Ce droit de nommer est le versant linguistique du droit de s’approprier.
(...)
Mais le plus bel exemple de cette arthrologie colo­niale et raciste reste l’histoire du mot par lequel on désigne, en français, l’anthropophage cannibale. Le dictionnaire étymologique de O. Bloch et W. von Wartburg est d’ailleurs pour une fois explicite sur ce point: « Cannibale, empr. de l’espagnol canibal, alté­ration de caribal, qui vient lui-même de caribe, mot de la langue des Caraïbes (ou Caribes) des Antilles, qui passe pour signifier proprement “hardi” et qui sert à les désigner.» Le terme apparaît en fait pour la première fois dans le Journal de navigation de Christophe Colomb qui amalgame sa déformation du mot caribe (il transcrit d’abord caniba) et l’infor­mation selon laquelle les Caribes mangeraient de la chair humaine. En 1580, Montaigne reprend le terme dans ses Essais (« Des cannibales »), Essais tra­duits en anglais en 1603 par un ami de Shakespeare, Giovanni Floro. Shakespeare lit l’ouvrage et l’utilise sans aucun doute pour créer dans sa pièce La Tem­pête un personnage difforme et réduit à l’esclavage par Prospero, dont le nom est tout simplement un anagramme de Canibal: Caliban. Le tour est ainsi joué, et l’histoire du mot est sans doute l’exception qui confirme notre règle: pour une fois que le nom que se donnent réellement eux-mêmes les indigènes est repris par l’étranger, il est détourné de son sens et sert à désigner de façon péjorative ces indigènes d’abord, puis l’ensemble de leurs frères dominés. »

Louis-Jean Calvet, Linguistique et colonialisme. Petite Bibliothèque Payot, 2002 (1974)

« La question, dit Alice, est de savoir si vous avez le pouvoir de faire que les mots signifient autre chose que ce qu’ils veulent dire. La question, riposta Humpty Dumpty, est de savoir qui sera le maître… un point c’est tout ». Lewis Carroll.
C'est l'anniversaire de Martin Luther King aujourd'hui.
Qu'est-ce qu'un nègre marron ?

« On appelle marron l'esclave qui s'enfuit. Aucun auteur, à notre connaissance du moins, n'a donné l'origine, ni l'étymologie de ce terme. Il nous vient, sans doute à nous, des Espagnols, qui appelaient cimarron le nègre fugitif.
Ils appliquaient primitivement ce terme aux animaux qui, de domestiques, devenaient sauvages, lorsqu'un accident quelconque les éloignaient du milieu des hommes, et c'est pour cela sans doute qu'ils l'ont étendu jusqu'à leurs nègres. Puisque l'on dit cochon marron, pourquoi ne pas dire nègre marron ?
Il y eut des marrons dès qu'il y eut des esclaves. (...) »
Victor Schoelcher : Des Colonies..
Correspondance amusante ce début d'année aux Etats Unis : dans le Daily Show, "édition internationale", reprise le samedi matin sur Canal + on s'émouvait de la disparition du terme "nigger" dans l'oeuvre de Mark twain Huckleberry Finn.
Le chroniqueur, noir mais on s'en fout en fait, proposait même de relooker les gravures originelles du livre pour les édulcorer, quitte à finir avec un lapin et une tortue !
Voir, par exemple : http://www.slate.fr/lien/32353/twain-huckleberry-finn-racisme-censure
Très intéressante chronique, merci à Anne-Sophie Jacques.

Il y a néanmoins quelques points qui me semble quelque peu pas totalement correct (notez la diplomatie) :

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AnSoJa>> En 1642, Louis XIII autorise la traite et l’esclavage, se ralliant à un argument qui sera constamment utilisé: en échange de leur travail, les esclaves seront «baptisés et instruits dans la religion chrétienne». C’est écrit texto dans le Code Noir, l’ordonnance coloniale de 1685.

Précision: Louis XIII n'a autorisé la traite et l'esclavage que dans les Antilles françaises (en tout cas pas en France continentale, où "le sol de France affranchit l'esclave qui le touche", édit 1315).

Plutôt que dans la "religion chrétienne", c'est dans la religion "catholique, apostolique et romaine" qu'ils devaient être convertis. Cela a son importance.

Et je ne trouve pas que ce soit en échange de leur travail qu'ils aient été convertis, mais plutôt pour mettre hors d'influence les Juifs et les réformés. Le premier article du code noir est hors sujet de la traite des noirs et ne traite que de cela (bouter les anti-cathos hors des iles):
enjoignons à tous nos officiers de chasser de nosdites îles tous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens.
L'article 2 mentionne bien que "Tous les esclaves qui seront dans nos îles seront baptisés et instruits dans la religion catholique, apostolique et romaine. ", mais pas de mention que ce serait "en échange de leur travail".
De plus cela avait déjà été ordonné en 1664 pour la "police des îles".

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AnSoJa>> "dans le Dictionnaire de Trévoux, édition de 1732, le nègre est le «nom propre de peuple, habitant, originaire de la Nigritie. (…) Les Nègres vendent aux Espagnols, aux Portugais et aux Hollandais, non seulement ceux de leurs voisins qu’ils peuvent attraper, mais quelquefois leurs propres femmes et leurs enfants. Ils sont noirs, (…) ils passent pour robustes, mais ignorants, lâches, et paresseux. » Voyez donc : le nègre se vend lui-même !"

Je sens là comme qui dirait que vous ne le croyez pas, sur la vente d'esclaves noirs par des Noirs. (moi c'est surtout le "paresseux" qui me choque ; "lâches", ça je laisse passer, tous les hommes le sont).

En effet, ma bonne dame Michu, le nègre se vendait lui-même.

Il se trouve que je suis actuellement en train de lire "Les négriers en terre d'islam" de Jacques Heers, un certain professeur émérite à la Sorbonne ("émérite" de quoi?).
Ce livre parle bien sûr principalement de la "traite musulmane des Noirs d'Afrique", qui a eu lieu "pendant plus de 1200 ans", et donc a porté sur un bien plus grand nombre de personnes que la traite des européens (mais passons), mais mentionne aussi logiquement les pratiques des Noirs eux-mêmes.

Ainsi, page 64 (édition de poche "Tempus" trouvée en Belgique), on peut lire :
" Chez les Noirs mêmes, « il y a des gens qui volent les enfants les uns des autres. La soeur est menacée par le frère, l'épouse par l'époux, l'enfant par le père ou par l'oncle.» ".

Ou pire, page 57, suite à une tuerie perpétrée par les Toubenae (musulmans) sur un peuple du Soudan occidental: "« Les survivants souffrirent longtemps d'une telle misère, si intolérable qu'un grand nombre d'entre eux allèrent eux-mêmes se vendre comme esclaves.»".

Je conseille vivement la lecture de ce livre. C'est un peu brouillon, un peu "style universitaire", mais pas difficile à lire, et qu'est-ce qu'on apprend...
Sur le même sujet, une brève mention dans wikipedia, faute de recherches historiques approfondies, ce que tente de remédier des livres comme ceux de Jacques Heers en collectant les "travaux les plus récents, notamment ceux des historiens ivoiriens et nigérians".

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AnSoJa>>«Ce trafic odieux, inauguré au XIVe siècle par les Portugais, prit des proportions considérables dès la découverte du nouveau monde. Ce n’est qu’au commencement de notre siècle que ce commerce infâme souleva l’indignation; aujourd’hui, des croisières permanentes établies sur les côtes de l’Afrique par la France et l’Angleterre, rendent la traite sinon impossible du moins fort difficile.» En somme, nous Français, on n’y est strictement pour rien, voire, avec nos croisières, on empêche ce genre de commerce. Magnifique réécriture de l'Histoire !

Je ne vois pas en quoi le fait que l'article ne liste pas la liste (longue) des pays qui ont pratiqués ce trafic peut vous permettre de dire qu'ils veulent faire croire que "nous Français, on n’y est strictement pour rien".

Concernant les "croisières", censé empêche ce genre de commerce, ce n'est nullement un réécriture de l"Histoire. Je me permets de vous dire que c'est plutôt vous qui faites une réécriture de l'Histoire en essayant de nier que l'abolition de l'esclavage est le fait des idées et des actions européennes. Après bien sûr, la raison n'est peut-être pas si noble: wikipedia: " De fait, le zèle des Britanniques était d'autant plus important que la chasse aux bateaux négriers qu'ils menaient leur permettait de s'assurer plus facilement des points d'appuis sur la côte africaine".

===============
La tête de nègre n'est pas "une confiserie faite de chocolat fourré de blanc d’œuf", mais une confiserie faite de meringue (blanc d'oeuf et sucre) enrobée de chocolat de couverture (nuance), avec souvent un fond type biscuit/gaufre. Une version hi-gourm' (=haute gourmandise) est fourrée avec de la ganache. Le truc infâme que bouffe notamment les Allemands, c'est pas de la tête de nègre, car c'est fait avec du marshmallow tout caoutchouteux. De plus je trouve qu'on utilise "fourré" pour les éclairs, les religieuses (je parle des gâteaux, hein!), les dindes, bref, il faut l'action de fourrer, c'est-à-dire de déposer une farce dans un contenant (dinde) ou entre deux éléments durs la maintenant (macarons). Soyons précis.

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>> En revanche, je ne suis pas capable de qualifier un Noir de Nègre.

Soit. Mais qualifier un Africain sub-saharien, un afro-américain ou un Antillais de "Noir", pensez-vous qu'il n'y a pas aussi un petiot problème ?

Exemple: vous dites vous en vous rasant le matin que vous faites partie de l'équipe d@SI, ou pensez-vous parfois que vous faites partie d'une équipe de Blancs ?

Quand vous dites "Nègre appartient aujourd'hui aux Noirs", ça me fait un nœud au cerveau. Ça "bug". Tous les Noirs n'ont pas des ancêtres esclaves par les traites coloniales européennes, loin de là.

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Signé: un descendant de Petit-Blanc, mais de la Réunion, où un petit peu péjorativement on nous appelle les "Yab" (péjoratif comme "Bouzeux" ou "cul-terreux", les Yabs étant, ou étaient, pour beaucoup de petits cultivateurs vivriers super-pauvres). Et bien sûr, comme bon nombre de Blancs de la Réunion, j'ai au moins un ancêtre d'Afrique Noire ; en fait une ancêtre: en participant au projet Génographic de National géographic, j'ai su que j'avais l'haplogroupe/sousclade L3*, qui est, je cite le compte-rendu:
Les membres de L3* font partie de l'haplogroupe L3, ce qui est
déterminé par votre séquence génétique. Les membres de L3* comprennent certaines des lignées
afro-américaines d'ADNmt les plus courantes et les plus répandues, et la plupart dérivent
probablement d'Afrique de l'Ouest, entre l'Angola et le Cameroun, ou en Afrique du Sud-Est, au
Mozambique. Ces lignées se retrouvent également à Sao Tomé et Bioko dans le Golfe de Guinée
en Afrique de l'Ouest. Cependant, la traite des esclaves au 18e siècle, partis d'Angola et du
Cameroun pour travailler dans les plantations de canne à sucre d'Afrique de l'Ouest, ainsi que le
transfert ultérieur des esclaves en Amérique, est responsable de la distribution géographique
étendue des L3 en Afrique de l'Ouest et aux Amériques, ce qui rend difficile l'identification précise de
leur origine géographique.

Signé, donc: un Nègre blanc de peau.
Excellent article, vraiment très instructif.
Pour ma part je ne vois absolument aucune raison de ne pas utiliser le mot nègre pour désigner les écrivains qui écrivent les merdes d'autrui parce que leur talent est bafoué, asservi à alimenter une soupe commerciale au lieu de rédiger de véritables chefs d'oeuvres.. Ce serait un doux euphémisme que de tenter d'en trouver un autre. Il y a bien des Noirs comme aux USA qui s'appellent entre eux "Négros". Je trouve cette attitude répugnante et le premier qui m'appelle comme ça je le pète en deux, mais si eux ça leur convient pourquoi pas? Ils assument leur Histoire tout comme nous Français devons accepter la notre et ne pas renier ou cacher les faces horribles qu'elle comporte parce que toutes elles sont importantes et nous permettent de comprendre, par exemple, que la raison pour laquelle on dit nègre au lieu de "ghostwriter" et qu'il y a des Français noirs c'est notre Histoire.
Et le nègre blanc (vieil argot) qui pouvait être un bleu (un appelé ) blanc pas forcément blanc-bleu?
Un petit coucou,
avec quelques-uns de ses clichés (plus ou moins) en rapport avec le sujet,
à une amie, connue sur les forums d'@si, qui est partie :
http://zemagicsyl.hautetfort.com/media/01/00/145491989.jpg
http://zemagicsyl.hautetfort.com/media/02/00/2091380272.jpg
http://zemagicsyl.hautetfort.com/media/02/02/1727579157.jpg
http://zemagicsyl.hautetfort.com/media/01/01/1236692537.jpg.2.jpg
http://www.myspace.com/sylvaineprod
bon vent SylvN
Qu en pensent les gens de couleur?
Je n'avais pas vu à temps ce très bon article, je reposte donc ici le message que j'ai posté sur l'autre forum, à propos du mot "nègre", en le complétant :

Je hais le terme de "nègre" pour faire référence à un "ghostwriter", parce que cela fait directement référence à l'esclavage. L'an dernier, j'ai beaucoup étudié l'esclavage et l'abolitionnisme en Angleterre et aux États-Unis, et j'ai été profondément bouleversée - si ce n'est traumatisée - par ces études, et par le fait qu'on ne les enseigne pas vraiment dans nos collèges et nos lycées - c'est pour moi une honte absolue. Bien entendu, je sais bien qu'à l'origine, cela ne veut dire que "noir", et que certains Afro-Américains eux-mêmes jouent de ce terme en s'appelant "nigger" entre eux, mais ça me glace toujours le sang de l'entendre, comme la majorité des Américains et des anglophones. Il me faut sûrement du temps pour me remettre de mes études, je ne sais pas... J'ai sûrement une vision avant tout américaine des choses.

En gros, quand un blanc parle d'un "nègre" pour désigner une personne d'origine africaine, c'est clairement raciste, dans l'immense majorité des cas. Quand une personne d'origine africaine l'emploie, c'est un retournement positif de ce mot, voire une volonté de retour à son origine neutre d'adjectif désignant une couleur, ou c'est à l'image de sa réappropriation par Senghor, Césaire et d'autres, qui voulaient justement contrer la logique raciste du colonialisme en s'appropriant le terme péjoratif qui collait à l'époque à la peau, c'est le cas de le dire, de toute personne de couleur.

Je ne sais pas si j'arriverai un jour à dissocier ce mot de son emploi profondément raciste. Le sens de nègre de "ghostwriter", et celui de la tristement célèbre friandise au chocolat, n'aident pas du tout à re-transformer ce mot en terme neutre, et encore moins à le rendre positif. L'un renvoie directement à l'esclavage, l'autre à une vision à vomir de l'Homme noir (homme-enfant dénué de Raison, déshumanisé, etc.) qui a longtemps prévalu aux États-Unis, d'abord surtout dans le Sud esclavagiste, puis jusque dans les institutions et l'État, envahis par les valeurs sudistes après la guerre de Sécession (comme l'illustrent les positions du président Wilson, et le film Birth of a Nation salué par lui comme étant un chef d'œuvre, une épopée historique magnifique, etc.).

Aujourd'hui aux États-Unis, compte tenu de son histoire, le mot "nigger" est naturellement devenu le plus controversé et le plus dangereux de la langue anglaise, au point qu'on parle du "N word" pour y faire référence, et qu'il n'y a là aucune dimension ludique, contrairement avec le "F word", qui, quand il est prononcé et "bippé" à la télé, fait toujours rire. Le "N word", lui, ne fait pas rire, mais alors pas rire du tout. Presque tous les rappers et certains Afro-Américains sont d'autant plus fiers de l'employer. La communauté intellectuelle afro-américaine est très partagée sur la question, notamment sur celle de l'éventuelle interdiction de ce mot, et la majorité est plutôt contre, comme moi. À quoi servirait l'interdiction de ce mot ? À faire reculer le racisme ? Certains le pensent encore aux États-Unis, d'autres ne voient pas comment.

Bref, ça va peut-être en faire sourire certains, mais j'ai véritablement la gorge serrée quand je pense au mot "nègre" ou au mot "nigger", et parfois même les larmes aux yeux. C'est devenu physique, viscéral, en quelque sorte, depuis cette année intense durant laquelle j'ai étudié le Sud des États-Unis de l'après Guerre de Sécession et le débat sur l’abolition de l’esclavage en Grande-Bretagne de 1787 à 1840... Je ne dis pas que mon attitude est celle à avoir. Je témoigne simplement de la mienne, que je n'arrive pas encore à contrôler.

Pourquoi peut-on encore aussi naturellement le prononcer en France, au sens de "ghostwriter" ?
Je faisais référence, devant mon fils de quatre ans, au fait qu'il y avait dans sa classe plusieurs enfants noirs. Pas d'accord, il était. J'insiste: untel, untel, ils sont bien noirs, non? Il me dit, indigné: ils sont pas noirs, ils sont marrons!

Le même plus tard, revient de l'école en m'annonçant qu'il est désormais brouillé avec Virak (un enfant cambodgien). Il me dit, avec un mépris violent dans la voix: "C'est un arabe!". Et m'annonce que son nouveau copain s'appelle Bader. J'ai dû lui faire successivement une leçon de morale et un cours de vocabulaire.

Ainsi, l'enfance peut être à la fois abritée des préjugés... et contaminée par eux. Vous avez dit innocence?
Siouplé, pour moi ce sera une tête de nègre, (miamiam, à l'ancienne, meringue au chocolat, et oui j'ai connue et mangée), accompagnée d'un petit noir déca sur le zinc. :-))
pareil moi je connais plus souvent les "têtes de nègre" sous cet aspect http://www.mamie-dine.com/images/HARIBO%20TETE%20DE%20NEGRE%20copier.jpg même si je n'ai jamais appelé ça des têtes de nègres, même enfant mais des "têtes", preuve s'il en est que ce n'est pas une incitation au racisme pour les enfants, puisque comme dirait avec intelligence South Park dans l'épisode le Drapeau de south park est-il raciste, les enfants ne voit pas un noir ou un blanc, mais un humain avant tout.

que le racisme est finalement une affaire de grande personne. Pour le mot littéraire, je trouve normal et même historiquement responsable d'appeler ces gens des "nègres", justement parce que ça souligne les zones d'ombres (nombreuses) de notre Histoire, et que ne plus le faire, serait comme politically correctisé Mark Twain ou Tintin au Congo, un désastre pour la mémoire et pour l'horreur qu'a été (et qu'est toujours) l'esclavage.

Pour le terme Nègre, sachant qu'il vient du latin, niger, nigra, nigrum qui veut dire noir, ça ne me choque pas plus (en dehors de la connotation péjorative) que quand Haria Bouteldja dis les souchiens, c'est le nom qu'on a trouvé pour vous qualifier vous les blancs". Pour moi, vous les "blancs" est tout aussi raciste ou tout aussi peu raciste, selon le point de vue où l'on se place, que vous les "nègres".

Maintenant je comprends parfaitement que ça choque certaines personnes, donc je n'emploi pas le mot "nègre" par respect pour les gens qui voient la connotation avant de voir le sens premier du mot. J'emploi le mot "black" comme tlm que je trouve à peu près aussi raciste, voire pire, mais parce que quand je me risque à dire le mot "noir", les gens me regardent comme si j'avais dis une insulte ou péter à un enterremment, donc quitte à m'uniformiser parfois avec le reste de l'humanité, je préfère employer ses vocables.
D'après mon mari dont le père était polytechnicien,la coutume voulait que le nègre de la promotion fasse le travail des autres élèves.
Fichtre, on parle de moi ? ;-)

Comme gemp, je suis surpris par la pâtisserie, mais pour une autre raison : la seule fois où j'ai vu une "tête de nègre" en pâtisserie, il s'agissait d'une boule à la noix de coco, avec peut-être juste un soupçon de chocolat au sommet, mais c'est tout.
Je vois donc que le nom était usurpé, en plus d'être laid...

Pour le reste : merci pour l'article ! Il aurait peut-être été intéressant (salauds de lecteurs, jamais satisfaits !) de regarder l'origine de "ghostwriter" en parallèle, une recherche rapide n'apportant que des sites indiquant que ghostwriter est formé de ghost et writer. Ah oui, on est bien avancés...
(apparemment le terme est utilisé chez la plupart de nos voisins directs, en anglais ou sous une forme locale équivalente)

Sinon, j'aurais bien vu un passage sur les USA, avec le "N-word", inutilisable en public par un non african-american (mais largement utilisé dans la culture hip-hop). L'existence en parallèle du mot negro, moins péjoratif, avait d'ailleurs un peu semé la confusion là-bas lorsque Guerlain avait pondu son "j'ai travaillé comme un nègre", certains francophones arguant que Guerlain utilisait un équivalent du second mot, pas du premier.
J'ai été surpris par l'image choisie pour illustrer l'ex-tête de nègre pâtissière. Dans mon enfance, au siècle dernier, lorsque j'en demandais une au boulanger du coin de la rue, elle ressemblait plutôt à une sphère en meringue recouverte de petits bâtonnets de chocolat (la photo est moche mais en dépeint distinctement l'anatomie). Une de mes friandises favorites avec l'éclair au café. Anne-Sophie est bien évidemment si jeune qu'elle n'a pas connu ça de première main, pouvant donc aisément confondre avec ce que les Québécois appellent un "whippet" (ou parce qu'elle n'a pas trouvé de plus jolie photo) et qui n'était, selon Wikipedia, appelé "tête de nègre" qu'en Suisse Romande et en Allemagne (Negerkuss ou Mohrenkopf).

De plus, je découvre aujourd'hui, outre celle qui illustre la chronique, que d'autres confiseries partagent cette appellation (article un brin agressif, désolé, mais abondamment illustré).

Toujours un plaisir à lire, merci pour ce voyage.
Excellente conclusion.

Le général Dumas, père d'Alexandre :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Alexandre_Dumas
Ce qui me frappe, Anne-Sophie, dans votre papier, c'est l'origine inconnue du mot "niger", comme perdue dans la nuit des temps. Est-ce qu'on ne s'est jamais soucié d'aller y voir ? Est-ce que ces êtres étaient tellement peu estimés, qu'on n'a pas cherché à établir la généalogie de leur nom générique ? Après les avoir dénommé du nom de leur propriétaire, c'est une seconde façon d'effacer leur racine, non ?

J'ai connu un nègre, qui écrivait pour les médecins. Jamais on ne l'aurait vu sur les plateaux, car dans son contrat, était stipulée l'obligation de confidentialité. C'était donc un ghost writer, qui se fondait dans l'ombre de l'auteur officiel tel un fantôme.

Les nègres sur le plateau de la Ligne Jaune sont eux davantage des écrivains, puisqu'ils assument publiquement être les auteurs des livres qu'ils ont écrits ; en écrivant sur ce que leur confient les peoples, ils se font écrivains publics, cela ressort dans la manière dont Lionel Duroi en parle. Pour moi, ce ne sont pas des nègres.

http://anthropia.blogg.org
Pour San Antonio, ne serait-ce pas juste une astuce en rapport avec le courant continu du moteur Nègre .

C'est plus son genre, type : je fais comme Charles, j'attends.

Donc à mon avis hors sujet, n'en déplaise à Wikipedia.
A vérifier tout de même, ce n'est que mon hypothèse.
Nègre, c'est mieux que écrivain public (qui fait référence à fille publique).
Évidemment, les mots sont que ce qu'on en fait, et ne valent que par leur contexte. Pour cela, il faut les affronter... Et même que parfois désigner une personne par la couleur de sa peau ne me convient pas non plus : ce n'est pas ce qui spécifie, cela ne dit rien de la personne. Un mot ne peut pas dépasser la ligne jaune, c'est la manière de l'employer qui le fait, la pensée qui les utilise.

Nous vivons une époque intellectuellement triste de ce point de vue, le politiquement correct, espèce de monstrueux positivisme. Les mots ne disent rien par eux-mêmes, ils ne sont pas des choses, mais des outils de la pensée. Revoir la célèbre querelle des universaux. Cela ne nous rajeunit pas.

Par exemple, la féminisation frénétique des mots apporterait quelque chose à l'émancipation des femmes. Or, il y a un neutre implicite. Quand on dit par exemple « professeur », on sait bien que cela peut être un homme comme une femme. On n'a pas besoin de « E » en plus, sauf si on doute soi-même de la chose, où qu'on ne se sente pas maître des mots... On fait alors l'inverse de ce qu'on pense faire.

Je crois que cela tient au fait qu'on nous dépossède de nos discours et qu'on se raccroche à des petits symboles règlementaires qui n'engagent pas notre prise de parole (alors que la période des Lumières marque le contraire : la récupération de la langue par les philosophes et les intellectuels contre les classes possédantes... Et cela donné une magnifique langue).
Une suggestion d'activité pédagogique autour du mot "nègre": analyser l'évolution de la définition du mot "nègre" et de ses dérivés dans le Petit Larousse entre 1901 et 2010: c'est un très bon raccourci historique du XXe siècle.
Il fallait bien un nègre pour aider à écrire la biographie de quelqu'un qui était la plupart du temps noir!
" la première chose qui frappe chez Yannick Noah, ce n'est pas le tennisman mais le nègre"

on peut faire également faire une utilisation " desprogienne" du mot, non ?
un peu d'humour....noir

toutenbateau

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