Bruno Dumont : "« France » représente la bourgeoisie journalistique"
Le réalisateur Bruno Dumont s'attaque au milieu des médias et de la "bourgeoisie journalistique" dans "France", satire au vitriol sur une vedette du petit écran incarnée par Léa Seydoux. Avec Daniel Schneidermann et Mémona Hintermann-Afféjee, ancienne grande reporter à France 3, il débat de la mise en scène du journalisme et des similitudes entre télévision et cinéma.
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Une émission de salubrité publique en donnant le temps à Bruno DUMONT d'expliquer son film et en préciser la portée. Merci ARTE de permettre à des créateurs de permettre d'élever le niveau de la production artistique. Bruno DUMONT fait part de son &n(...)
Bien sûr que tout est fiction. Il me semble même que Dumont ne va pas jusqu’au bout. Lorsqu’il dit qu’un plan séquence sans coupe, sans montage, c’est la réalité, il se trompe.
Ce débat sur la réalité existe depuis longtemps et en particulier depui(...)
Au sujet de l'image vraie, ce que je comprends entre les lignes des propos de Dumont: elle réside dans l'intention du journaliste qui fait son montage. S'il veut transmettre une/des informations, y compris sur la charge émotionnelle de l'événement qu(...)
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Pour moi, le propos de Dumont lorsqu'il évoque le Vrai et le Faux, c'est à propos de "comment" un être humain va envisager de nous transmettre l'émotion qu'il a ressenti lors d'un événement qu'il a vécu. Va-t-il se dire "Je veux que l'on ressente cette émotion" ? ...dans ce cas il risque fort de construire du Faux. Ou va-t-il se dire "Il faut que je montre ce qui a provoqué cette émotion" ? ...dans ce cas il va restituer la réalité et c'est elle qui va nous transmettre l'émotion.
C'est marrant que DS ait pas compris ce que Dumont voulait dire en affirmant que les Grandes Gueules c'était monté. C'est pas parce que c'est en direct que c'est pas monté, il suffit juste qu'il y ait plusieurs caméras, et donc un réalisateur qui choisit les plans et les angles.
Si il n'y avait pour les GG qu'une seule caméra fixe qui embrasse tous les débatteurs, sans bouger, on pourrait dire que ce n'est pas monté, et parler plutôt de l'influence du dispositif : comment sont placés les gens les uns par rapport aux autres, qui pose les questions, qui décide des thèmes, etc.
Moi la bande annonce ne pas donné envie de voir ce film dont le cynisme me gène porté par Blanche Gardin que je trouve autant bonne Onewoman chow que très mauvaise actrice.
Pardon, mais le propos de Clarissa Ward, ce n'est pas de savoir si le fait de laisser transparaître ses émotions dans le cadre de son travail de journaliste apporte quelque chose ou pas. Selon moi, celle-ci fait part d'un ressenti qui intervient au moment de quitter les lieux, et ce ressenti elle l'appelle "guilt", autrement dit, sentiment de culpabilité. Premièrement, être un pro de l'image en terrain dangereux n'est pas requis pour le ressentir. A titre d'illustration, j'ai pu ressentir moi-même un vague pincement au cœur au moment de repartir d’Égypte lors d'une croisière il y a de cela quelques années, le niveau de pauvreté étant bien au delà de ce que l'on peut se figurer si l'on ne s'y est jamais rendu (en particulier les cahutes construites au bord du Nil, qui semblent faites de glaise et de paille plus que d'autres matériaux de construction). Et donc, c'est à ce moment précis que ce genre d'idées nobles vous viennent, selon votre caractère, humeur du moment etc. : "Je suis à l'abri de ces conditions de vie misérables parce que j'ai mon sésame attestant du fait que je suis ressortissant européen". La larmiche est accessoire, car bien évidemment nul ne poussera jusqu'à échanger sa place avec l'un des loqueteux resté à quai. Enfin, ce qui m'a paru palpable, c'est la volonté de D. Schneidermann de proposer l'acte II de l'émission précédente, le réalisateur en plateau s'est adapté au dispositif avec brio, mais si la question des conditions de tournage extrêmes taraude tant la rédaction d'@si, il vaudrait mieux y consacrer une émission à part.
Donc il est possible de désimbriquer les différents enjeux évoqués lors de cette émission, et cela n'enlève rien au mérite de celles et ceux qui filment dans des conditions difficiles. Je peux imaginer qu'un professionnel aguerri va avoir subi un entraînement pour s'arracher au sentiment de sidération en assistant à des scènes sanglantes. Il ne faut pas y voir les prémisses d'un contre-coup émotionnel. En clair, on ne démérite pas si, en rentrant chez soi, la fameuse larmiche écrasée sur la joue de C. Ward dans l'extrait ne coule pas chez soi. Inversement, ce n'est pas un pré-requis que de s'être forgé une carapace avant de partir en reportage, c'est mon sentiment du moins.
Je parle de la nécessite de désimbriquer les sujets, car la question du statut du journaliste "bourgeois" brouille un peu les pistes, le film dont il est question semblant introduire ce parallèle entre journaliste de renom, et absence supposée de scrupule pour être sûr de pouvoir ramener du croustillant à sa rédaction. Être malheureux parce que son propre pays est en guerre, ce n'est pas la même chose que de se donner en spectacle dénutri, en guenilles et haillons. La misère suit généralement les premiers mois d'un conflit asymétrique, mais ce n'est pas la façon dont le journaliste va "changer son fusil d'épaule" et se mettre "en mode" larmiche (si j'ose dire) qui va permettre à ses pairs de distinguer son travail de celui des confrères. Après tout, si les images sont percutantes, alors que l'équipe s'est montrée un brin opportuniste et / ou débrouillarde, le travail peut être reconnu à sa juste valeur. Il n'est pas nécessaire d'adopter un biais sentimental qui illustrerait par ricochet l’âpreté du conflit armé faisant l'objet d'une couverture médiatique.
Ce que l'on peut en dire à froid ne reflète pas nécessairement ce que l'on est amené à ressentir face à un villageois brimé et peut être contraint de ravaler sa chique par peur des représailles, pour revenir sur la scène filmée dans le bazar et montrée à nouveau lors de l'émission. La scène est crue, pas arrangée faute de temps, mais elle n'en est pas plus "vraie" qu'une scène plus trash et franchement désolante. Le seul élément de véracité est ce que cela est susceptible de susciter chez le téléspectateur, "la pauvre petite, sa fille (ou petite-fille) va sûrement être mariée de force, comment ne pas y voir une mise en scène honteuse, ce cahier et ces crayons ne lui serviront sans doute jamais pour étudier, trop, c'est trop etc.". Cependant, lorsque vous filmez des gens supposés être contents de leur sort, aussi improbable que soit la scène en question, il faut bien que ceux auprès de qui vous obtenez l'autorisation y trouvent également leur compte. Alors, l'équipe la moins galonnée va se plier à l'exercice, sans trop de conviction, avalisant de par le fait le message consistant à dire : C'est "de bonne guerre" d'exercer des sévices corporels sur la place publique envers l'occupant en déroute (les scènes de coups de trique etc.) et ceux qui les ont aidés mais... nous savons également nous montrer magnanimes envers notre population et veiller au grain, voyez donc. De toutes façons, les chaînes d'info en continu ne nous épargnent pas les images traumatisantes voire révoltantes lors d'un événement dramatique. Simplement, celles-ci sont distillées à une heure plus tardive et repassées en boucle, lorsque les têtes blondes sont couchées; L'objectif étant de jouer sur la corde sensible et sur une prétendue capacité à s'indigner à la Stéphane Heissel, prélude nécessaire à "l'élan de solidarité du peuple français" ou au "rejet unanime de ces mœurs barbares d'un autre âge" dans l'opinion (l'un n'empêchant pas l'autre).
à regarder l’émission , on pourrait presque croire que le film est bon...
Mais non. Vraiment pas. Du tout. Léa Saidoux est incapable d'incarner une seule seconde le personnage de la journaliste, et le problème c'est qu'elle est dans tous les plans... Alors tout tombe à plat, et tous les procédés de mise en scène lourdaud en deviennent gênants... Ce n'est pas une satire impertinente, c'est juste pas du tout pertinent. Et c'est long, tellement long...
On a vraiment l'impression que Dumont a une haine viscérale pour la télévision... qu'il n'a pas allumé depuis des années. Ce qui en ressort, c'est surtout une sensation de mépris, qu'il est difficile de ne pas prendre pour du mépris de classe.
Et l'écouter se sentir censuré de ne pas passer sur france 2, lui qui fait partie de la bourgeoisie du cinéma français depuis ses succès cannois de la fin des années 90, c'est grotesque. Et ne vous y trompez pas, si le film a été hué, ce n'est pas parce qu'il a touché juste, c'est juste parce qu'il est nul. Ce que les journalistes étranger (qui n'ont pas peur de se faire mal voir en attaquant une icône franco-française du cinéma d'auteur) n'ont eu aucun mal à relever.
je n'étais pas trop fan du film assez grandiloquent et désincarné, mais le débat très intéressant avec Bruno Dumont m'a donné envie de le revoir . Très bien et Daniel Schneiderman tre bon analyste débatteur. Oui la télé et l'information est un produit commercial pour faire du blé. Comme les vaccins , l'éducation, la santé, et toute la vie en système capitaliste. Même la mort est un produit.
Encore une fois, émission intéressante car Bruno Dumont a des choses intéressantes à dire et surtout des choses originales, que l'on soit d'accord ou pas. II la le temps de développer ses propos.
Dommage que Mémona Hintermann-Afféjee ait aussi peu de temps de parole car elle aussi semble avoir des choses très intéressantes à dire.
Sur 2 points, je n'ai pas trouvé très clair Bruno Dumont et j'aurais bien aimé une explication.
Sur les gilets jaunes qu seraient le résultat de 20 ans de télé médiocre, je ne pense pas que Bruno Dumont voulait dire "les gilets jaunes sont des abrutis car ils cela fait des années qu'ils regardent des bêtises à la télé" ce qui serait effectivement très méprisant mais plutôt que les gilets jaunes se révoltent contre des inégalités sociales mais aussi contre cette télé qui ne montre pas leurs difficultés sociales et qui même, en faisant du spectacle plutôt que de l'information et de la culture, aggrave les inégalités sociales et perpétue ce système mortifère pour eux.
Mais l’ambiguïté de la formulation de Dumont laisse le doute sur ce qu'il a voulu dire.
Sur le temps doré de l'ORTF, il faudrait aussi qu'il mentionne le manque de pluralité politique qui en résultait car l'ORTF était un peu la voix du pouvoir (je suis un peu jeune pour avoir connu cette époque donc les téléspectateurs les plus âgés pourront démentir ou confirmer).
Alors, c'est vrai que finalement, ce n'est pas mieux maintenant. Il y a de nombreuses chaînes. Mais, malgré celà, le superficiel domine et certaines opinions sont présentées de façon ultra minoritaire...
Je pense que c'est un sujet intéressant. Comment la télé peut-elle à la fois éduquer le peuple et respecter le pluralisme des idées.
D'accord avec Dumont quand il dit que Hanouna n'est pas le problème. Hanouna fait son métier de clown car il est payé pour ça. Et il le fait bien même si ce n'est pas ma tasse de thé... Qui le met à l'antenne ? Quel est le but derrière ? Cela me paraît plus intéressant.
"On peut faire du faux avec du vrai, mais avec du vrai on peut aussi faire du faux " Tautologie ? Palindrome ?
Monsieur D.S. devrait relire ses cours de philo de Terminale sur la différence entre le réel et la vérité. Il devrait tout comprendre.
Pas d'allusion à Péguy, ni au mentir-vrai d'Aragon. C'est bien dommage.
Frédéric Lordon vient de publier une critique à propos de « France » de Bruno Dumont, en bas de son dernier article de blog. Ça calme...
Bonjour, alors j'ai vu le film, l'idér est excellente en revanche j'ai trouvé qu'elle n'était pas suffisamment creusée eyt des longueurs à rallonge. Blanche gardin est remarquable
Le gros troll à la fin sur les Gilets Jaunes produit de la télé-poubelle et qu'il faut éduquer le peuple comme on éduque des enfants ... Excellent, j'adore hahahaha
Mon impression:
Ce ne sont même plus les "journalistes" qui "font" l'info , c'est le micro-trottoir (virtuel avec les réseaux, ou réel sur place) , ultime avatar du transfert de responsabilité de la paresse investigatrice.
Le "lambda" (dont je fais parti) "se doit d'avoir un avis" sur tout et en tout temps , le "on dit que" ,le "on sait que" , le "il est connu que" ,et le "les français savent que" sont devenus les matrices d'informations qui n'existent pas ou que l' "on" (sujet inconnu et indéfini) voudraient qu'on croit.
Cette fin d'émission me laisse sur ma faim, il y a trop de clowns, de bourgeois malveillants qui tirent les ficelles et des obligations à faire respecter... là tout commence... Mais non. C'est la fin.
Hintermann et Dumont bottent en touche chacun leur tour, et progressivement ça divague sur le réel... Dumont nous dit qu'il est cinéaste et non sociologue, alors je ne devrais pas être surpris de son ressenti sur les gilets jaunes...Mais ça vole pas haut. Hintermann sort faussement la hâche de guerre contre TF1, parle d'éducation à l'image et se met en scène avec des bombardements lointain à Gaza... A la question de la présence de la journaliste de TF1 dans le plan, on peut toujours attendre.
Bref, c'est juste de la télévision au cinéma.
Dumont aurait été parfait comme invité de l'émission sur Kaboul, entre Arte et Enquête exclusive ( qu'il aurait fait semblant de pas connaitre d'ailleurs ).
Allez les journalistes cadreurs et monteurs des chaîne de TV, intermittents de France 2, M6, Tony Comiti.. Sortez vos horreurs du "réel", si cher à Dumont, on fictionnera mieux notre réalité télévisuelle.
Ce serait sympa un post pop sur la figure du journalisme au cinéma. Il y a vraiment matiere.
Après avoir jeté ma bile dans un commentaire précédent, je voudrais parler d'une expérience télévisuelle en tant que téléspectratrice: j'avais vu une émission sur Arte, parlant de femmes battues en Afrique (j'avoue à ma grande honte que je ne me rappelle plus de quel pays il s'agit). Elles avaient créé un village qui s'agrandissait au fil du temps où se réfugiaient ces femmes, reportage que j'avais trouvé fort intéressant. Quelques temps plus, tard je me trouve en vacances dans un v.v.f., une reporter avait été invitée et elle avait travaillé elle-même sur ce village. Quand elle est arrivée, les femmes lui ont dit qu'elles ne voulaient pas passer à la télé car il y avait eu de la mise en scène, la reportère leur avait répondu qu'elle travaillait pour être projeté dans des salles indépendantes, ou pour un "public averti" et qu'il n'y aurait pas de mise en scène mais des interviews et qu'elle ne filmerait que ce que ces dernières voudraient bien.
Le début de votre émission, DS, m'a fait pensé à Arte et aux défauts qu'il peut y avoir même sur cette chaîne... (un peu déçue, sniff!).
Jubilatoire et pessimiste pour l'avenir ! Dans le droit fil de la casse de l'école et des connaissances entamée il y a 40 ans, une population éduquée posant trop de problèmes.
Bonjour
J'ai raté ma sieste, dans ma petite tête le, la journaliste sera libéré,e quand Assange sera sorti de prison
Josephr
Personne n'a un accès direct au 'réel', puisque celui-ci passe par le filtre de notre conscience, qui est à la fois singulière(même des jumeaux n'ont pas le même vécu) et formatée par des représentations collectives (classe sociales, genre, génération, le fait d'être occidental ou pas, etc). Cela ne veut pas dire qu'il faut renoncer à toute parole ou tout récit. Dans une démocratie, il faut du pluralisme et s'intéresser aux conditions de représentation du 'réel'. Dumont a raison de dire que toute narration est une mise en scène, mais cette mise en scène commence déjà dans la tête de chacun.
M. Dumont semble fonctionner à l'intuition, sans vraiment construire de réflexion sur les sujets qu'il aborde. J'ai trouvé ses propos confus. Son point de vue m'apparait aussi d'un autre temps quand il clame son désir de revoir l'ORTF où caricature le mouvement des GJ sur le plan médiatique, qui doivent, à mon avis, plus aux réseaux sociaux qu'à la TV. Le sujet de son film lui-même est déjà éculé : le travail des journalistes et la construction du spectacle journalistique ont déjà été abordés, par exemple dans la série Borgen. Néanmoins le thème de l'émission et de son film reste d'actualité et je ne doute pas qu'il l'ai abordé avec beaucoup de sincérité.
Excellente émission ! Analyse et pertinence de la critique du monde médiatique dans lequel nous baignons
Bien sûr que tout est fiction. Il me semble même que Dumont ne va pas jusqu’au bout. Lorsqu’il dit qu’un plan séquence sans coupe, sans montage, c’est la réalité, il se trompe.
Ce débat sur la réalité existe depuis longtemps et en particulier depuis la photographie qui est censée être une « empreinte » du réel. Or je n'ai jamais compris ce débat. En effet, l’élément qui est sans doute le plus déterminant dans une prise de vue, c’est le point de vue. Le point de la prise de vue, c’est un point de vue, non seulement au sens strict, mais également au sens figuré. La simple position de l’appareil photo dans la scène va déterminer la place des éléments les un par rapport aux autres, leurs places dans l’image, leur taille les un par rapport aux autres, la place qu’ils prennent dans l’image. Cela va jusqu’à déterminer leur présence ou pas. En effet, si j’ai un objet juste devant l’appareil à droite, je fais un pas en avant, je change de point du vu donc, et hop, l'objet est derrière moi, il disparaît de l’image.
Après le choix du point de vue, il va y avoir le découpage d’un cadre, d’une petite portion de la scène qui va être retenu dans l’image suivant la focale utilisée, la profondeur de champ qui va isoler ou non un plan dans la scène, le développement et le tirage qui sont une sorte d’interprétation de la prise de vue, etc.
La multiplication des vidéos d'un même évènement capté au smartphone par des badauds permet de se faire une meilleure représentation de ce qui s'est passé en multipliant les points de vue. Ici, une image montre un policier en flamme, là une vidéo de la même scène, sous un autre angle, montre que la flamme a duré 500 millisecondes et qu'elle s'est déployée à plusieurs mètres du policier. La reconstitution de scènes à partir d'images en provenance de multiples points de vue postées sur le WEB est une nouvelle méthode journalistique qui me semble très intéressante.
Me revoilà, désolée d'être si "présente"... En fait, ce qui me gène, c'est que le personnage de Seydoux est à la fois sur le terrain, à la fois en plateau. Or, ce sont deux métiers différents. Un, bien payé, pipolisable, qui vous apporte beaucoup d'avantages (être invité partout, avoir plein de truc "gratos", aller en projection cinoche, avoir des bouquins gratos, etc... et un très bon salaire en général... et où vous n'êtes qu'un "passe-plats"... vous enrobez de votre baratin les reportages de pauvres hères qui aiment souvent leur métier et essaient de faire passer ce qu'on pense sur le terrain... français ou étranger... entre le passe-plat et le reporter de terrain, il y a la hiérarchie et son crible ! Ce sont eux qui ont dû "oublier" de rendre hommage à Mikis Théodorakis il y a 2 jours sur F2... Il paraît que pas une seule fois son nom n'a été prononcé lors du 20h de F2 ! Ce sont eux le pouvoir, les représentants du pouvoir, les valets du pouvoir, eux, les rédac.chefs, les petits chefs qui transmettent les décisions de la hiérarchie, du gouvernement, qui font remonter des sujets, qui ont des exigences de diva... Ceux que je condamnerais , moi, personnellement, s'il y avait procès, ce seraient eux ! Les rédac.chefs, les petits chefs... ceux qui ronflent dans leurs fauteuils en s'agitant une fois par jour lors de leur journal... et gueulent... ils font massacrer des images, des sujets... parce qu'ils savent "que leur concierge, elle n'a rien à foutre de voir des images du Golan"... mais il croit qu'elle ne sait pas où se trouve le Golan... sauf que, si ça se trouve, leur concierge, elle est syrienne !
Une des meilleures émissions des derniers mois Et bizarrement, j'ai adoré le tempérament revêche de Dumont, que je découvre ici. Je me suis sentie en phase presque intuitive avec ses arguments. N'ai pas vu le film, mais je vais le faire, bien que pas du tout "cinéphile".
Merci Daniel d'avoir réussi à l'inviter, j'ai vécu un grand moment. Seul hic: je n'ai pas compris que vous ne compreniez pas son discours sur la vérité ou la fausseté des images, car perso, ça m'a semblé limpide. Du reste, on fait idem en presse écrite où le montage, c'est le SR, où on choisit des images pour illustrer les articles et où on se donne un angle pour chaque article. Or, angler, c'est sélectionner et sélectionner, c'est exclure, Donc, c'est aussi "mentir" puisqu'on choisit ce qu'on veut dire et ce qu'on veut taire, pas pour mentir, mais souvent pour des raisons de calibrage et d'angle.
Très bonne émission réflexive, d'intérêt public, à médiatiser en la rendant accessible au plus grand nombre. A bientôt.
L'heure est passé à vitesse grand V, une analyse de la décadence ambiante et l'installation sans limite de la médiocratie à tous les étages de notre société.. On abrutit les gens, on fait de la mise en scène afin de ne laisser aucune place à la réflexion... Les médias (sauf qlqs exceptions...) sont les versants visibles de la décadence de notre société et des acteurs féroces !! Raymond Mathieu
Aaaaaah ! quel beau week-end qui commence. Merci pour cette émission.
Quel dommage que vous n'ayez pas fait l'émission la semaine dernière... j'ai vu le film dimanche dernier et j'en suis ressortie extrêmement déçue parce que j'avais imaginé un film beaucoup plus "méchant"... Or, je l'ai trouvé sirupeux (probablement à cause de cette "rédemption" du personnage de Seydoux à qui il arrive plein de malheurs et autres bricoles. D'avoir entendu Dumont tenir des propos que je passe mon temps à ruminer quand je regarde la télé actuelle me convainc qu'il est sincère dans ses intentions. Comme lui, j'aimais bien l'ORTF... perso ce sont les reporters de "5 colonnes à la Une" qui m'ont donné cette ouverture sur le monde. Et les séries comme Belphégor, et les émissions grinçantes qui choquaient (où on passait un "bébé" (poupée) à la moulinette...
Pour les "grands reporters" qui allaient sur le terrain, pour moi, c'est CNN qui a vraiment poussé à la dérive les petits media français... en favorisant les "plateaux in situ"... Plus on voit le journaliste faire des plateaux, moins on est informés par l'image... mais par l'idée du journaliste en plateau... Le journaliste devrait être un faire-valoir des gens sur place, or, en plateau, il occupe un terrain qui n'est pas le sien, mais celui qu'il se doit d'observer et de retranscrire avec des commentaires.
Or, sur CNN, on voyait Christiane Amanpour, la star, qui se montrait sur le terrain, interviewait les chefs d'états, éditorialisait tout sur place... en manageant avec beaucoup de dollars ses troupes super bien équipées, roulant dans des 4x4 louées sur place (j'ai vu en Somalie), avec des gardes du corps armés jusqu'aux dents, des moyens techniques indépendants... Nous, on ramait avec des équipes travaillant de bric et de broc, tirant chacun de son côté, favorisant le JT de 20h plutôt que le 13h... des chauffeurs parlant 3 mots d'anglais, un garde du corps que je secouais comme un môme qu'il était... les autres étant partis avec l'armée française faire des sujets pour le "long terme"... aucune coordination. Et Paris qui réclame des sujets, alors qu'il ne se passe rien... Et quand il ne se passe rien, beaucoup sont tentés de délayer en rallongeant la sauce avec n'importe quoi...
Nous, à F2, la journaliste qui était en train d'enregistrer un plateau à la frontière entre le Koweit et l'Irak (?) ou la Jordanie (?) est devenue la star car, alors qu'elle recommençait son plateau, un missile tomawak amerlocain lui est passé 2 m au-dessus de la tête. En fait, c'est surtout le J.R.I. qui aurait dû devenir une star, car il avait eu le réflexe de lever sa caméra pour suivre le missile. Mais elle est devenue chef de service puis s'est occupée du magasine télé... Pour moi, cette journaliste est un peu "France"... parce que servie par plein de "petites mains" genre Blanche Gardin qui favorisent sa "montée"... On en avait une autre, qui ressemblait un peu à "France" : en Afrique du Sud, au Cap, pour la libération de Mandela (où elle devait couvrir Mgr Tutu) , elle avait demandé à la secrétaire de lui réserver une chambre vue mer...
Et il y a aussi ceux ou celles qui sont à l'hôtel pendant que les équipes tournent et sont au charbon... (Dans tous les films sur les journalistes de guerre, il y en a au moins un)... Il y a ceux qui se sont fait enlever au Liban (avec leur équipe technique) et qui, parce que journalistes, ont été libérés plus vite que les autres.
Et puis j'aurais à dire aussi sur les "plans de coupe"... c'est génial, les plans de coupe... ça a son utilité même dans une interview qui se passerait à Paris. A F2, on avait l'"as des plans de coupe intimistes"... le JRI qui a tourné par ex. l'itw de J.P. Kaufmann lorsqu'il a été libéré... Il avait donné l'exclusivité à F2. Au montage, Lefait (le journaliste) était servi par les plans de coupe (gros plan sur un coin d'oeil, une main qui tremble... etc ) qui ont permis à ce témoignage de prendre plus de couleurs car Kaufmann avait été secoué psychiquement et on devait être dans la délicatesse...
Bon, j'arrête... c'est trop long. (Comme le film... franchement, il y a une heure à couper... et c'est trop "gros"... c'est une caricature, certes, mais plus de subtilité dans le scénar aurait servi la cause.
Les gilets jaunes sont le résultats de 30 ans d'avertissement de télévisions privées ?
Un peu court comme réflexion sur un mouvement aussi divers que complexe à saisir. Espérons que ses films soient un peu plus poussés intellectuellement. J'hésite à prendre cela comme du mépris de classe. Et d'où parle-t-il pour nous dire cela ?
Bruno Dumont, mon cinéaste français préféré depuis la mort d'Eric Rohmer, me fait souvent penser à Catherine Breillat. Leurs propos sont tranchants, mais il faut arriver à mettre de côté les contradictions et clarifier le propos, ce qui n'est jamais simple et demande du temps.
A l'arrivée, une émission d'une richesse incroyable, comme il n'y en avait pas eu depuis longtemps. Merci à @si.Très rafraichissant!
Bravo et merci pour ce moment de réalité journalistique et de débat d'idées... avec des propos francs, honnêtes et bienveillants.
Tiens, c'est vrai, je suis abonné ASI, et à ASI, il y a de vraies émissions de critique des médias.
Welcome back !
Je ne savais même pas qu'une parole comme ça existait encore. Merci Bruno Dumont de nous tirer vers le haut. C'est si rare.
Ca fait longtemps que vous n'aviez pas fait une si bonne émission ... et c'est parce qu'il n'était pas clair à l'avance de ce qu'était la bonne chose à dire ou opinion à défendre. Ben oui ... j'en ai marre des émissions consensuelles. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut inviter des dingues (voir émission animée par Nacira Mohammed où elle avait du déployer beaucoup d'energie pour en placer une). Mais ici deux interlocuteurs dont un un peu rugueux (Bruno Dumont) qui ne se laissent pas faire, c'était bien.
Formidable émission, vraiment ! Passionnant ! (je n'ai pas encore vu le film)
Autour de 40', et des questions autour de Pourquoi France TV : dommage de ne pas lui avoir demandé si le jeu de mots "France De Meurs" et "France 2 meurt" était volontaire. Parce que c'est un peu ce qu'il martèle à longueur d'émission... (à raison).
La question n'a pas été abordée dans l'émission .
Ce film a été présenté comme l'adaptation de "Par ce demi-clair matin" de Charles Péguy ( que je n'ai pas lu) où il est question, d'après la présentation de l'éditeur, de patrie et de peuple Français ...
En quoi ce film est-il l'adaptation de ce livre de Péguy ?
Mention spéciale à Memona Hintermann-Afféjee pour la qualité de ses interventions .
Ouch, la fin : pas du tout convaincant, Bruno Dumont. Passer toute une émission à inviter à réfléchir aux représentations pour énoncer des trucs aussi confus que sa propre représentation des gilets jaunes comme produit de la médiocrité de la télé, quelle mise en abyme !
Dommage que Mémona Hintermann ne soit pas intervenue davantage, la "dialectique" du débat aurait été plus riche, je pense. Le dispositif à distance en est la cause, je crois. Je l'ai constaté dans d'autres émissions, celui qui est derrière son ordi intervient moins et est moins sollicité, sa parole est plus compliquée, ses silences de reflexions passent moins bien, etc. Il devient un peu le Maitre Capello, qui intervient ponctuellement... ça manque.
Au sujet de l'image vraie, ce que je comprends entre les lignes des propos de Dumont: elle réside dans l'intention du journaliste qui fait son montage. S'il veut transmettre une/des informations, y compris sur la charge émotionnelle de l'événement qu'il rapporte, alors elle sera vraie. Si son but est de faire spectacle/buzz/audimat, alors elle sera fausse. Tout est dans l'intention. C'est assez frappant dans l'épisode Hulot; Salamé et Demorand ne parlant que du spectaculaire en débrief; c'est bien là qu'on voit que ce ne sont pas des journalistes.
Tout comme POJ, je partage le constat de Bruno Dumont sur la pauvreté intellectuelle et culturelle de ce qui est proposé au public par la télévision, et sur ses conséquences. C'est dommage qu'il ne soit pas parvenu à le montrer dans son film, qui, de mon point de vue, est globalement raté. Son personnage incarné par Lea Seydoux, je ne suis pas parvenu à y croire une seconde, dès lors, toute la construction du film s'est écroulée, pour moi spectateur. Sans parler de cette façon de filmer, ces plans fixes très longs, ces constants aller-retour entre une émotion qui n'émeut guère et le grotesque outré. Or pour que cette critique, légitime, porte vraiment, il aurait fallu qu'on puisse identifier quelque chose de l'univers que Dumont nous donne à voir. Ce qui - ce n'est que mon avis - n'est pas le cas. La charge contre le système, qui aurait pu - dû - être implacable, s'en trouve regrettablement affaiblie.
Son film a été sifflé par les journalistes ? C'est sans doute une belle - petite - victoire. Il n'y avait pourtant pas vraiment de quoi. Enfin, pas tant que ça. Ce film, à mon sens, est une belle occasion perdue.
Une émission de salubrité publique en donnant le temps à Bruno DUMONT d'expliquer son film et en préciser la portée. Merci ARTE de permettre à des créateurs de permettre d'élever le niveau de la production artistique. Bruno DUMONT fait part de son constat triste du laminage intellectuel auquel participe le service public et dont il est principalement responsable. Un film à voir sur ARTE prochainement.