Carte des cours d'eau : "pas touche au chevelu !"
Dans la plus grande indifférence médiatique, des cours d'eau disparaissent en France. Disons qu'ils disparaissent au moins...de la carte des cours d'eau. Derrière ces disparitions, les agriculteurs de la FNSEA qui refusent d'être bridés, dans leurs épandages de pesticides, par les réglementations trop contraignantes s'attachant aux cours d'eau. Si l'on n'en n'est pas encore à rayer de la carte des affluents de la Seine ou de la Loire, comme le suggère notre malicieux truquage, la révélation de Fabrice Nicolino est tout de même bienvenue.
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Derniers commentaires
ça fait 5 ans que j'alerte sur le sujet et tout le monde s'en fout, vraiment.
Je vous mets mon analyse ici :
Concernant le monde agricole, il manque de mon point de vue aujourd'hui un discours qui analyse les racines profondes du chaos qui y règne. Cette analyse doit faire le lien entre la FNSEA contrôlée par le patron de sofiprotéol et donc le monde industriel, les chambres d'agricultures toutes présidées par la FNSEA, les crédits agricoles tous présidés par la FNSEA, et l'organisation commerciale et logistique de l'agriculture conventionnelle.
Je vais essayer d'être bref :
- Tout agriculteur souhaitant s'installer doit accéder à la terre. Pour avoir une activité assez rentable pour en vivre il faut être propriétaire d'au moins une part minimale des terres cultivées. Pour accéder à ces terres il faut un capital initial. Ce capital peut venir de l'héritage mais souvent, un jeune agri ne part de rien. Il va donc voir le crédit agricole (CA). Les dossiers acceptés par le crédit agricole passent tous sous les fourches du conseil d'administration présidé par la FNSEA. Les dossiers acceptés sont donc uniquement ceux qui dépassent les 500 000 € d'emprunt (et encore, c'est tout petit ça) avec un projet conventionnel impliquant une mécanisation totale et une commercialisation vers les circuits classiques. Les autres auront tout juste accès au microcrédit à des taux d'intérêt délirants.
- Partant de là, tout agriculteur qui a obtenu son emprunt doit donc intégrer les réseaux classiques d'achat et de vente. Or dans pas mal de régions celui qui vend les intrants (pesticides, semences, engrais...) est celui qui achète la production : mégacoopérative (qui n'ont de coopératif que le nom), négociant, industriel. L'agriculteur est donc coincé mais surtout il devient la variable d'ajustement du capital : il porte intégralement le risque majeur, le capital a externalisé l'intégralité du risque sur la ressource, il ne gère plus que le risque sur les marchés. Ce risque sur la ressource est énorme car dépendant de facteurs imprévisibles liés à la météo... Or il est d'autant plus critique que le niveau d'endettement est élevé. Et le pire, c'est que lorsque l'exploitation agricole coule, les créanciers sont les premiers payés. L'Etat se sert en dernier voire parfois apporte un soutien financier qui va alimenter les créanciers (financeurs et fournisseurs). C'est donc in fine le contribuable qui paye les pots cassés.
>> Il me semble urgent d'approfondir le diagnostic dans cette direction, très peu empruntée par les discours alternatifs actuels qui se limitent à la proposition de modèles de culture alternatifs (bio, biodynamie, permaculture) mais sans tenir compte du contexte économique dans lequel vit le monde agricole. A part convaincre quelques agris minoritaires, ils n'arriveront à rien. Et le travail du colibri peut durer des siècles ainsi avant que l'on fasse tomber le système conventionnel.
>> Les alternatives doivent donc se cibler maintenant sur le modèle de capitalisation des activités agricoles (ce n'est pas un gros mot, le "mal" n'est pas le capital qui permet l'investissement initial mais sa prise en main par des rentiers et les profits qu'ils en tirent). Il y a urgence à faire travailler les méninges dans ce sens.
De mon point de vue, les modèles décentralisés et collaboratifs sont une solution. La coopération agricole est un échec de part sa centralisation. De plus, la liberté doit être garantie, tout autant que la sécurité. Je m'explique : il faut pouvoir librement quitter la coopération sans mettre en danger sa propre activité et celle des autres. Ces modèles doivent uniquement rémunérer du travail et ne plus rémunérer de la rente (que ce soit via l'emprunt ou l'actionnariat).
Il faut donc imaginer des modèles collaboratifs décentralisés redistributifs et opportunistes. Il y a un grand défi là dedans car ça casse les principes capitalistes, libéraux et marxistes. Faut tout remettre à plat en s'inspirant des bonnes pratiques existantes. Car les contours de ces modèles sont déjà dessinés dans pas mal d'exemples concrets rencontrés sur le terrain.
J'imagine mal l'IGN ou même Google Map faire disparaître ce qui est référencé sur les cartes physiques et est-ce que ça ne serait pas plutôt une histoire de classification des zones entrant sous contrôle policier quelle que soit la réalité physique, qu'on parle de ru, de ruisseau, de canal d'irrigation ou autre ?
J'ai jeté un oeil sur Google Map à cette carte dont parle un des articles de Reporterre et, bon, c'est en pleine zone agricole, quand on voit des tracés rectilignes ça peut très bien être du creusement d'irrigation humain. Forcément, les agriculteurs qui héritent d'un travail fait pour leurs cultures n'ont pas trop envie qu'on vienne leur dire que désormais ce n'est plus de leur ressort.
C'est sûr qu'il ne faut pas compter sur la FNSEA pour faire du zèle mais de là à changer les cartes de géographie, ça me semble un peu gros.
Et sinon, je n'ai pas vérifié mais je soupçonne que l'interdiction sur les pesticides à moins de 5 mètres concerne les effets toxiques directs sur la faune de berges et aquatique plutôt que le résultat de la diffusion générale. Il m'étonnerait que ça change grand chose aux taux de pesticides dans les rivières et nappes phréatiques, ça doit surtout éviter d'éliminer tout ce qui traine dans le coin au moment de l'épandage. C'est comme la disparition des haies, tous ces micro-écosystèmes qui s'intégraient au milieu agricole et qui sont désertifiés par les pesticides.
C'est un truc qui m'a frappé il y a quelques années dans un coin du Gers : le silence, le peu d'insectes et d'oiseaux avec des champs tout autour en été, un milieu qui semblait plus pauvre qu'un parc en ville.
P.S. : la présentation dit "comme le suggère notre malicieux truquage" mais je ne crois pas que la vidéo le dise.
Pas génial si on voit la vidéo sans la présentation et qu'il faut se mettre à décrypter les "malicieux truquages" de @si...
Déjà les cartes de l'IGN (et a fortiori de gmaps) ne contiennent que très peu de cours d'eau. Elles sont très incomplètes. Car la cartographie exhaustive n'a jamais eu lieu. En réalité, elle est même débile, car un cours d'eau est vivant, il bouge, se déplace continuellement. Parfois il s'arrête, parfois il redémarre. Le gros problème est donc de vouloir le cartographier.
Alors qu'il suffit juste d'interdire l'épandage sur les cours d'eau, peu importe qu'ils soient cartographiés ou nom.
Après les cours d'eau dits artificiels ne peuvent pas être exclus de la directive. Car ils participent directement à l'alimentation du bassin versant. Et quand on parle d'eau on raisonne toujours en termes de bassin versant.
Concernant la règles d'épandage, l'objectif est de préserver la vie dans le cours d'eau. Et d'améliorer de fait la qualité de l'eau. Car un cours d'eau vivant sera de fait plus résilient.
J'imagine qu'on ne va pas donner un nom à chacun et que le recensement concerne moins la cartographie physique que la désignation des zones à contrôler par les services administratifs, une catégorisation des milieux dont on veut préserver l'écosystème d'épandages directs.
Bon, faudrait creuser le sujet mais la vidéo faisant comme si l'IGN allait effacer des cours d'eaux recensés me semble bizarre et la qualité de l'eau est pour moi un problème impliquant les zones agricoles elles-mêmes, pas juste les mètres qu'on veut préserver d'épandages directs. A priori, les taux de pesticide dans les eaux au cours de l'année sont moins dues aux 5 mètres autour qu'à l'ensemble des terres alentour, de ce qui y arrive par écoulement.
C'est sûr que si la directive était appliquée au moindre écoulement, les 5 mètres commenceraient à faire pas mal d'hectares, ça obligerait les agriculteurs à revoir leurs pratiques mais je crains qu'ils voient ça comme un détournement de la directive. Leur logique à eux, ça va être qu'il y a les zones agricoles où ils font ce qu'ils veulent, leur propriété, et les zones "naturelles" qui concernent "l'environnement", les ruisseaux et les petits oiseaux.
Enfin bon, je crains qu'il soit difficile de faire passer les choses ainsi. Les agriculteurs sont déjà sous tension et c'est un plan d'ensemble des modèles de production qui pourra les faire sortir de la double contrainte de productivité et de préservation des écosystèmes. Les agents de l'Onema ne sont pas non plus là pour se prendre des coups de fusils quand ils viennent sur les terres et faudrait que les pouvoirs publics soient clairs dans leurs objectifs. Sans coopération des agriculteurs, on ne va pas aller bien loin.
Ses deux premières chroniques sont passionnantes !
Dommage que l'actualité politique vous rende invisible et inaudible même ici. C'est pas la foule.
Un reproche toutefois : arrêtez de parler de gauche quand il s'agit du P.S. !
On reste ébahi d'entendre que Ségolène Royal a aussi prit part à cette mascarade. Pour Valls, aucun étonnement.
Mais voilà une petite démonstration des méthodes utilisées pour passer outre certaines directives au niveau de nos travailleurs de l'environnement
"Si une infraction à la police de l'eau est commise sur un cours d'eau non référencé sur les cartes départementales, je souhaite que les parquets tiennent compte de cette circonstance pour apprécier les suites à donner à la procédure. Lorsque le mis en cause est de bonne foi, les procédures pourront faire l'objet d'un rappel à la loi avant d'être classées sans suite. En revanche, une fois le cours d'eau identifié sur la carte départementale, le cas échéant à l'issue d'une actualisation suivant un premier manquement constaté, les éventuelles méconnaissances ultérieures de la réglementation seront normalement sanctionnées".
Ainsi, si l'agriculteur est de bonne foi, il y aura rappel à la loi à la première infraction et sanction à la seconde.
Comment, dans ses conditions, accorder crédit au reste des propos de Nicolino ? C'est comme les enfants qui racontent leur histoire en les enjolivant. On finit par ne plus les croire.
Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
" Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.
Victor Hugo
On comprend bien que la « cartographie officielle des cours d’eau « recense le champ d’application de la loi de la protection de l’eau .
C’est comme si en publiant cette loi, le JO ajoutait la liste des cours d’eau concernés .
Liste qui été négociée entre les pouvoirs publics et les organisations d’agriculteurs comme il est expliqué dans la vidéo .
Mais est-ce que cela signifie pour autant que les rus disparaissent de la cartographie ?
https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/reseau-hydrographique
demander : « le gerbier de Jonc » à Saint-Martial
varier les échelles
Finalement pour ce qu’on en comprend, la « carte officielle » illustre l’état du rapport de force entre ministère de environnement et ministère de l’agriculture sachant que c’est le 1er ministre qui décide au final .
Donc ce qui serait intéressant de savoir maintenant, c'est comment se sont passées les négociations entre les ministères sur ce sujet très précisément .
Est-ce qu'au ministère de l'environnement, quelqu'un a défendu la cause de tous ces rus ?
Si oui, comment cela s'est-il passé ?