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Cartes alimentaires
Des cartes géographiques composées avec des aliments ; des reliefs de repas fixés tels des oeuvres d'art ; les derniers plateaux repas des condamnés à mort ; la Cène, dernier repas du Christ, peinte par Véronèse ; ou encore une salle à manger reléguée dans les toilettes d'un appartement bourgeois : la nourriture, la bouffe, la bectance, la mangeaille et la tortore sont au coeur de l'art. Petite tournée des popotes, en quelques images.
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Derniers commentaires
Bonjour,
Pour rester dans le thème, il y a également "Le festin de Babette" (Gabriel Axel, 1987)
Pour rester dans le thème, il y a également "Le festin de Babette" (Gabriel Axel, 1987)
Alain , il y a un autre film qui parle bien de la bouffance pour reprendre ton expression, c'est tampopo. Si tu ne l'as pas vu je te recommande , c'est fait par japonais qui visiblement connaissait le cinema italien.
[quote=Alain Korkos]Aujourd'hui, l'art de rue est un truc de bobo dont Banksy est le plus célèbre représentant. Zoo Project n'avait pas prévu ça…
Il me semble que si, justement, puisque c'est précisément de "ça" qu'il a essayé de protéger son oeuvre.
Il me semble que si, justement, puisque c'est précisément de "ça" qu'il a essayé de protéger son oeuvre.
Tout à fait hors sujet : puisque le dernier "oeuf-coque" d'Alain Korkos et François Rose (sur l'image glamour de Marine Le Pen) est toujours en Vite-Dit (sans forum, donc) je voudrais dire que je l'ai trouvé particulièrement réussi. Le commentaire est poilant.
J'ajoute que lorsqu'il s'agit de mettre en valeur madame Le Pen, le service public de France Télévision sait démontrer son savoir-faire.
J'ajoute que lorsqu'il s'agit de mettre en valeur madame Le Pen, le service public de France Télévision sait démontrer son savoir-faire.
LA GRASSE MATINEE
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme
la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
dans la vitrine de chez "Potin "
il s'en fout de sa tête l'homme
il n'y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ces vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégés par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines...
Un peu plus loin le bistro
café-crème et croissants chauds
l'homme titube
et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
oeuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !! .....
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro francs soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim .
Jacques Prévert
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l'homme
la tête de l'homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde
dans la vitrine de chez "Potin "
il s'en fout de sa tête l'homme
il n'y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n'importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ces vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégés par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines...
Un peu plus loin le bistro
café-crème et croissants chauds
l'homme titube
et dans l'intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
oeuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !! .....
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l'assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro francs soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim .
Jacques Prévert
Le Repas ridicule
Une fois n'est pas coutume : allons au restaurant
nous payer du caviar et des ptits ortolans
Consultons le journal à la rubrique esbrouffe
révélant le bon coin où pour pas cher on bouffe
Nous irons à çui-ci, nous irons à çui-là
mais y a pas des objections : l'un aimm ci, l'autre aimm ça
Je propose : engouffrons notre appétit peu mince
au bistrot le troisième après la rue Huyghens
Tous d'accord remontons le boulevard Raspail
jusqu'aux bars où l'on suss la mouss avec des pailles
Hans William Vladimir et Jean-Jacques Dupont
avalent goulûment de la bière en ballon
Avec ces chers amis d'un pas moins assuré
nous trouverons enfin le ptit endroit rêvé
Les couteaux y sont mous les nappes y sont sales
la serveuse sans fard parfume toutt la salle
Le patron — un gourmet ! vous fait prendre — c'est fou
du pipi pour du vin et pour du foi' du mou
La patronne a du cran et rince les sardines
avec une huile qui fut huile dparaffine
La carne nous amène un rôti d'aspect dur
orné concentricment de légumes impurs
Elle vous proposera les miettes gluantes
d'une tête de veau que connurent les lentes
Elle proposera les panards englués
d'un porc qui négligea toujours de les laver
Peut-être qu'un produit à l'état naturel
échappra-z-aux méfaits dla putréfiantt femelle
« Voici ma belle enfant un petit nerf de bœuf
que vous utilizrez pour casser tous vos œufs »
De l'omelette jaune où nage le persil
elle fera-z-hélas un morceau d'anthraci
Ce bon charbon croquant bien craquant sous la dent
se blanchira d'un sel sous la dent bien crissant
Plutôt que de noircir un intestin qui grêle
nous dévorerons la simili-porcelaine
L'hôtesse nous voyant grignoter son ménage
écaillera les murs de l'ampleur de sa rage
Alors avalerons fourchettes et couteaux
avant d'avec vitesse enfiler nos manteaux
Fuyards nous galoprons dans la rue où ça neige
sans peur de déchirer la couturr de nos grèges
Nous retournant au bout de cinquante ou cent mètres
nous verrons le souillon jouer au gazomètre
et nous péter au nez ses infâmes insultes
— patronne de bistrot, empoisonneuse occulte
Raymond Queneau Recueil : Les Ziaux
Une fois n'est pas coutume : allons au restaurant
nous payer du caviar et des ptits ortolans
Consultons le journal à la rubrique esbrouffe
révélant le bon coin où pour pas cher on bouffe
Nous irons à çui-ci, nous irons à çui-là
mais y a pas des objections : l'un aimm ci, l'autre aimm ça
Je propose : engouffrons notre appétit peu mince
au bistrot le troisième après la rue Huyghens
Tous d'accord remontons le boulevard Raspail
jusqu'aux bars où l'on suss la mouss avec des pailles
Hans William Vladimir et Jean-Jacques Dupont
avalent goulûment de la bière en ballon
Avec ces chers amis d'un pas moins assuré
nous trouverons enfin le ptit endroit rêvé
Les couteaux y sont mous les nappes y sont sales
la serveuse sans fard parfume toutt la salle
Le patron — un gourmet ! vous fait prendre — c'est fou
du pipi pour du vin et pour du foi' du mou
La patronne a du cran et rince les sardines
avec une huile qui fut huile dparaffine
La carne nous amène un rôti d'aspect dur
orné concentricment de légumes impurs
Elle vous proposera les miettes gluantes
d'une tête de veau que connurent les lentes
Elle proposera les panards englués
d'un porc qui négligea toujours de les laver
Peut-être qu'un produit à l'état naturel
échappra-z-aux méfaits dla putréfiantt femelle
« Voici ma belle enfant un petit nerf de bœuf
que vous utilizrez pour casser tous vos œufs »
De l'omelette jaune où nage le persil
elle fera-z-hélas un morceau d'anthraci
Ce bon charbon croquant bien craquant sous la dent
se blanchira d'un sel sous la dent bien crissant
Plutôt que de noircir un intestin qui grêle
nous dévorerons la simili-porcelaine
L'hôtesse nous voyant grignoter son ménage
écaillera les murs de l'ampleur de sa rage
Alors avalerons fourchettes et couteaux
avant d'avec vitesse enfiler nos manteaux
Fuyards nous galoprons dans la rue où ça neige
sans peur de déchirer la couturr de nos grèges
Nous retournant au bout de cinquante ou cent mètres
nous verrons le souillon jouer au gazomètre
et nous péter au nez ses infâmes insultes
— patronne de bistrot, empoisonneuse occulte
Raymond Queneau Recueil : Les Ziaux
Et toi, que manges-tu, grouillant ?
— Je mange le velu qui digère le
pulpeux qui ronge le rampant.
Et toi, rampant, que manges-tu ?
— Je dévore le trottinant qui bâfre
l’ailé qui croque le flottant.
Et toi, flottant, que manges-tu ?
— J’engloutis le vulveux qui suce
le ventru qui mâche le sautillant.
Et toi sautillant que manges-tu ?
— Je happe le gazouillant qui gobe
le bigarré qui égorge le galopant.
Est-il bon, chers mangeurs, est-il
bon le goût du sang ?
— Doux, doux ! tu ne sauras jamais
comme il est doux, herbivore !
Norge – La Faune
— Je mange le velu qui digère le
pulpeux qui ronge le rampant.
Et toi, rampant, que manges-tu ?
— Je dévore le trottinant qui bâfre
l’ailé qui croque le flottant.
Et toi, flottant, que manges-tu ?
— J’engloutis le vulveux qui suce
le ventru qui mâche le sautillant.
Et toi sautillant que manges-tu ?
— Je happe le gazouillant qui gobe
le bigarré qui égorge le galopant.
Est-il bon, chers mangeurs, est-il
bon le goût du sang ?
— Doux, doux ! tu ne sauras jamais
comme il est doux, herbivore !
Norge – La Faune
Toujours aussi bon (heu !). Et merci pour le Reiser de la "Grande Bouffe"
Le dernier repas, c'est un peu comme la première chemise.
Le détenu qui a demandé une olive avec son noyau, c'est le comble du raffinement.
Info pour ceux qui comme moi se sont demandé: l'Afrique est en bananes et la France est en fromages, la corse la pauvre.
L'appétit post- autre mortem que nous, post-mortem quand même (appétit pas que alimentaire) nous avertit clairement sur le lien diffus entre la mort, la bouffe, le sexe:
"Aux premières couronnes de fleurs j'ai déjà la dent,
C'est mon estomac qui pleure à chaque enterrement"
"croque" T.Fersen
http://www.youtube.com/watch?v=_itBzXV__LM
Le détenu qui a demandé une olive avec son noyau, c'est le comble du raffinement.
Info pour ceux qui comme moi se sont demandé: l'Afrique est en bananes et la France est en fromages, la corse la pauvre.
L'appétit post- autre mortem que nous, post-mortem quand même (appétit pas que alimentaire) nous avertit clairement sur le lien diffus entre la mort, la bouffe, le sexe:
"Aux premières couronnes de fleurs j'ai déjà la dent,
C'est mon estomac qui pleure à chaque enterrement"
"croque" T.Fersen
http://www.youtube.com/watch?v=_itBzXV__LM
Buñuel + Les noces de Cana = La voie lactée
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
l'occasion de réécouter le premier album des Dead Kennedys : Fresh Fruit And Rotting Vegetables
et sinon, accessoirement, peut-on savoir pourquoi la 3ème (et excellente) vidéo "le temps d'un oeuf coque" est parue en "vite-dit" et pas en chronique siouplé ?
et sinon, accessoirement, peut-on savoir pourquoi la 3ème (et excellente) vidéo "le temps d'un oeuf coque" est parue en "vite-dit" et pas en chronique siouplé ?