Commentaires
Ce que vous nous avez arraché...
Ah c'est malin. Bravo. Pleine réussite.
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Derniers commentaires
Acceptez la paix
J'étais abonné à Charlie Hebdo, depuis une dizaine d'années. En fait je venais de résilier mon abonnement. Je regrette. J'étais un peu lassé, je le lisais de moins en moins. J'ai toujours été plus intéressé par les articles que les caricatures. Oncle Bernard va manquer. Mais je commençais presque toujours par "La vie secrète des jeunes" de Riad Sattouf et je m'attardais sur les superbes absurdités de Kamagurka. Les caricatures n'ont donc jamais eu ma préférence, mais j'en découpais certaines qui remplaçaient avantageusement le papier peint que je n'ai jamais pris le temps de poser dans mes toilettes. J'ai préféré pour ma part la période Vals, le journal était plus contradictoire, moins cohérent dans sa ligne éditoriale. Vals a été contesté, je ne sais pas, mais je préférais ce journal. J'ai failli me désabonner une première fois il y quatre ans, et le siège de Charlie a été incendié. D'obédience anticléricale moi-même, j'ai voulu soutenir leur combat, celui de Charb. Je pensais qu'on devait pouvoir être insultant à l'égard de la religion. Anticlérical donc, anti-religion même, au sens où je pense que les religions font le monde et les hommes moins bons. Mais modéré. Un "tiède", comme dit Emmanuel Carrère dans Le Royaume, de ces tièdes qui sont vomis par le dieu de l'apocalypse, et sûrement les autres. Je suis trop sûr d'avoir raison, ça me met le doute. Et puis je tiens à vivre dans un monde où je peux penser ce que je veux et dire ce que je pense, et je n'ai pas trouvé comment ne pas concilier cela avec une certaine forme de relativisme. On peut parler donc. J'apprécie de discuter de ce sujet avec des croyants modérés. On s'en sort pas mal.
Charlie n'était pas modéré. Il pouvait être insultant. J'essayais de penser à ranger certains exemplaires lors de la visite de certains amis.
Je ne suis pas Charlie. Je n'aurais pas mené le combat comme l'a fait Charb, par manque de foi et par manque de courage. Ma vie me sert à autre chose. Je ne lui aurais pas demandé de le faire, comme je n'enverrais pas d'autres hommes se battre pour mes idées. Ou alors de mort lente comme disait le poète. Mais il le faisait, et je trouvais ça bien. Ross Douthat explique de façon limpide dans le New York Times pourquoi les publications blasphématoires de Charlie sont devenues essentielles dès lors qu'il s'est trouvé des ennemis prêts à tuer pour les empêcher de paraître (http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/07/vu-des-etats-unis-pourquoi-nous-avons-besoin-du-blaspheme). C'est exactement ce que j'ai pensé alors, j'ai conservé mon abonnement. Presque jusqu'au bout.
"Le divorce de Patrick" est certainement le spectacle qui m'a le plus fait rire. Oui, avec Dieudonné. J'avais acheté des places pour ma maman, elles ont été annulées, je l'ai regretté. Je n'ai pas été choqué par son sketch télévisuel, le sketch. Mais je n'ai pas suivi Dieudonné dans son combat, parce qu'il s'est choisi des alliés avec qui je n'avais pas envie de partager une soirée. Parce qu'il a, en dehors de ses spectacles, multiplié des combats et des prises de position, avec lesquels je suis en profond désaccord, dont une ou deux m'ont choqué, finalement. J'ai néanmoins regardé en vidéo tous ses spectacles depuis "Dieudonné tout seul" jusque "Foxtrot" ou "Le Mur", j'ai arrêté au milieu de l'un des deux. Une bonne dizaine donc, plus ou moins enchaînés sur un ou deux mois. J'ai ris parfois, pas mal au début. Moins qu'au "divorce", mais la vidéo n'est pas la scène, et puis le contexte déjà. J'ai ressenti que sa focalisation sur les juifs prenait une ampleur telle qu'elle effaçait tout le reste, que cela tournait à l'obsession, voire à la paranoïa. J'ai arrêté.
Je pense que Dieudonné est devenu antisémitique. C'est à dire qu'il pense que le monde serait meilleur sans juifs, que le fait que quelqu'un est juif est problématique a priori.
Je ne suis pas Dieudonné. Je ne pense pas que le judaïsme pose un problème plus particulier que les autres religions, je ne pense pas qu'il y ait un lobby juif qui dirige le monde et qu'il faille le combattre.
Je crois à la seconde guerre mondiale, je crois qu'il y a eu des nazis, je crois qu'il y a eu des chambres à gaz, que l'extermination de millions d'hommes, essentiellement des juifs, a été organisée par d'autres hommes, avec la complicité d'autres hommes. Je pense que c'est un des événement les pires de l'histoire de l'humanité. Je pense que ce n'est pas le seul de ces événements, que les guerres de religions, l'esclavage ou la colonisation, pour parler de choses dans laquelle notre pays a été directement impliqué, sont de ces événements. Je pense qu'il y a eu d'autres de ces événements ailleurs, qui nous touchent moins parce qu'ils se sont tenus plus éloignés de notre géographie ou de notre histoire. Je pense que vouloir poser une hiérarchie est absurde. Je pense qu'il y a un tabou sur la religion juive en France lié au traumatisme qu'a laissé la seconde guerre mondiale. Je trouve cela normal, au regard de sa proximité et de son incroyable ampleur. Je pense qu'il faut dépasser ce tabou, désacraliser ce sujet, sans que cela ne conduisent à nier ce qui a été. Je ne ressens aucune responsabilité personnelle quand au massacre des juifs déportés depuis un pays dans lequel je ne vivais pas, aucun devoir particulier ; anticlérical non sélectif, je n'ai ni tolérance ni animosité spécifique pour la religion juive.
Certains discutent du fait que Charlie n'était pas équitable envers toutes les religions, qu'il s'en serait pris plus spécifiquement aux musulmans. C'est sûrement vrai, et aux catholiques aussi, beaucoup. Moins aux juifs, aux protestants ou aux hindous. Est ce qu'il y avait un tabou sur l'antisémitisme à Charlie ? Peut-être. Probablement. Les racines du journal l'expliqueraient assez facilement. Mais j'ai l'impression qu'en France ce sont surtout des musulmans et des catholiques qui se mêlent de la gestion de la cité, qui veulent imbriquer religion et politique. Donc je n'ai jamais regretté que les autres ne soient pas plus pris à partie.
Dieudonné a-t-il un combat du même ordre contre le tabou de la Shoah ? À mon sens ce n'est pas du même ordre, non. Mais on peut parler. Sans s'envoyer des procès ou des complots à la face.
Je n'ai pas défilé dimanche 11 janvier. Je ne savais pas exactement pourquoi. Parce que Charlie, ça ne collait pas avec le consensus. Avec ceux qui étaient invectivés chaque semaine et qui seraient là, en première ligne, qu'on entendait penser : "allez, on efface, on pardonne, on s'embrasse". Il ne faut rien effacer, il n'y a rien à pardonner, et dans Charlie, on s'embrasse avec la langue. Pour moi Charlie ce n'est pas l'union nationale, c'est le bordel international. Charlie c'est contre. Charlie disait presque toujours je ne suis pas. Rarement je suis. Sauf pour dire bête et méchant. J'aurais sûrement défilé si les figures politiques qui défilaient avaient porté une pancarte "Je suis bête et méchant". Si on avait pu le placarder aux portes des églises. Si tout le monde s'était roulé des pelles, comme dans un dessin de Wolinski. Défiler pour l'union républicaine ? La nation retrouvée ? Ensemble pour reconstruire ensemble un projet de vie commun ? Pourquoi pas, je suis d'accord. Mais pas avec Charlie en tête de gondole. Charlie, pour moi, c'est la désillusion, l'anarchie, une forme de nihilisme, pas mal d'hédonisme. Le contraire d'un pays qui marche uni. Chacun son job. Et puis il avait quand même trop de types dont les journalistes de Charlie auraient eu du mal à serrer la main. Il y a eu aussi le président de la république française avec une kippa. Il a peut-être enlevé ses chaussures dans une mosquée ou mangé une hostie un peu plus loin, je n'ai pas suivi. En tant que président, je ne sais pas, je ne suis pas posé la question à ce moment là, mais il était Charlie, non ? Alors Charlie avec une kippa ? Charlie brandissant une croix ? Dans une mosquée, peut-être, mais sinon... C'est quoi la suite des aventures ? Charlie au Mali avec un Famas ? Charlie reçoit la légion d'honneur, entonne la marseillaise et les chants de Noël ? Charlie te supprime les allocations familiales si tu ne respectes pas la minute de silence que t'impose l'état français ? Charlie t'envoie en prison si tu dis des conneries, des trucs bêtes et méchants ?
Dieudonné a écrit qu'il se sentait "Charlie Coulibaly". Il a été arrêté par la police, mis en garde à vue, en prison donc. Je crois qu'il risque plusieurs mois d'enfermement. Il est accusé d'apologie du terrorisme, c'est à dire de défendre publiquement le terrorisme. En l'occurrence l'on parle ici de quelques mots, impossibles à interpréter de façon univoque. Personnellement j'avais compris cela comme je suis Charlie, c'est à dire un humoriste pamphlétaire "anti-système" (bien que Dieudonné se voit probablement comme le vrai humoriste et le vrai anti-système en l'espèce) ; et je suis Coulibaly, c'est à dire un paria de votre société, que vous voulez abattre : ce qui me semble coller avec son sentiment de persécution. C'est ma première interprétation. On peut aussi comprendre je soutiens Coulibaly, qui est un terroriste et qui vient de tuer des juifs, donc je fais l'apologie d'un massacre et je souhaite la mort de juifs. Si l'on admet que Dieudonné est antisémitique, on peut penser qu'il a cherché à dire ceci en le cachant derrière cela. Il y a un contexte, des préalables comme la défense de Youssouf Fofana. Il y a peut être de bonnes raisons de condamner Dieudonné. Mais pour avoir dit "Je me sens Charlie Coulibaly" ? Aller en prison pour quelques mots, pas même explicites ?
Notre pays dispose donc d'une loi qui permet de mettre en prison quelqu'un, jusqu'à sept années, pour avoir dit quelque chose. Sept ans ? Juste pour faire peur alors ?
Le 15 janvier 2014, en France, un individu a été condamné à quinze mois de prison ferme pour des mots. Des mots violents, insultants, menaçants. Quinze mois enfermé dans une prison, pour des paroles, pas même des écrits, pas même publiques (http://www.mediapart.fr/journal/france/160115/quinze-mois-de-prison-pour-avoir-glorifie-les-freres-kouachi). On est loin de Radio Mille Collines.
Alors, il ne faut rien faire ? Et s'ils prenaient ta mère comme otage ou ton frère ? L'autre poète répondait à sa façon, il y a presque quarante ans, déjà. Moi, je ne sais pas. Je ne sais pas comment on empêche des gens qui sont prêts à tout sacrifier de tuer d'autres gens. Je ne suis pas sûr que ce soit possible. Devenir plus autoritaire ne permet que de préparer l'avènement d'autres autoritarismes, plus durs. Ceux qui promeuvent cela aujourd'hui se feront déborder, ou changeront de camp. Charlie n'aurait pas signé pour sacrifier sa liberté contre la promesse d'un peu plus de sécurité, comme on dit.
Et ce n'est pas parce qu'on ne sait pas quoi faire qu'il faut faire n'importe quoi.
Ne demandons pas aux religieux de défendre les Charlie, de renoncer à ce qui pour eux est sacré. Ne demandons pas aux Charlie d'être responsables et respectueux. Acceptons que tout le monde ne soit pas Charlie pour que le monde ne soit pas uniforme ; acceptez que tout le monde ne soit pas religieux, pour que le monde ne soit pas Charlie. Laissons s'exprimer les voix discordantes. La démocratie ne consiste pas à vivre dans l'unanimité, mais dans le compromis. L'unanimité, c'est la dictature.
Charlie luttait pour ses idées avec des dessins, des mots, laissez la lutte sur ce terrain, n'y mêlez pas les balles des fusils et les barreaux des prisons.
Gardez vos prisons pour les fusils, et les mots pour les mots.
En attendant Dieudonné a proposé la paix (http://quenelplus.com/a-la-une/communique-dieudonne-propose-la-paix.html).
Acceptez.
Stéphane.
J'étais abonné à Charlie Hebdo, depuis une dizaine d'années. En fait je venais de résilier mon abonnement. Je regrette. J'étais un peu lassé, je le lisais de moins en moins. J'ai toujours été plus intéressé par les articles que les caricatures. Oncle Bernard va manquer. Mais je commençais presque toujours par "La vie secrète des jeunes" de Riad Sattouf et je m'attardais sur les superbes absurdités de Kamagurka. Les caricatures n'ont donc jamais eu ma préférence, mais j'en découpais certaines qui remplaçaient avantageusement le papier peint que je n'ai jamais pris le temps de poser dans mes toilettes. J'ai préféré pour ma part la période Vals, le journal était plus contradictoire, moins cohérent dans sa ligne éditoriale. Vals a été contesté, je ne sais pas, mais je préférais ce journal. J'ai failli me désabonner une première fois il y quatre ans, et le siège de Charlie a été incendié. D'obédience anticléricale moi-même, j'ai voulu soutenir leur combat, celui de Charb. Je pensais qu'on devait pouvoir être insultant à l'égard de la religion. Anticlérical donc, anti-religion même, au sens où je pense que les religions font le monde et les hommes moins bons. Mais modéré. Un "tiède", comme dit Emmanuel Carrère dans Le Royaume, de ces tièdes qui sont vomis par le dieu de l'apocalypse, et sûrement les autres. Je suis trop sûr d'avoir raison, ça me met le doute. Et puis je tiens à vivre dans un monde où je peux penser ce que je veux et dire ce que je pense, et je n'ai pas trouvé comment ne pas concilier cela avec une certaine forme de relativisme. On peut parler donc. J'apprécie de discuter de ce sujet avec des croyants modérés. On s'en sort pas mal.
Charlie n'était pas modéré. Il pouvait être insultant. J'essayais de penser à ranger certains exemplaires lors de la visite de certains amis.
Je ne suis pas Charlie. Je n'aurais pas mené le combat comme l'a fait Charb, par manque de foi et par manque de courage. Ma vie me sert à autre chose. Je ne lui aurais pas demandé de le faire, comme je n'enverrais pas d'autres hommes se battre pour mes idées. Ou alors de mort lente comme disait le poète. Mais il le faisait, et je trouvais ça bien. Ross Douthat explique de façon limpide dans le New York Times pourquoi les publications blasphématoires de Charlie sont devenues essentielles dès lors qu'il s'est trouvé des ennemis prêts à tuer pour les empêcher de paraître (http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/07/vu-des-etats-unis-pourquoi-nous-avons-besoin-du-blaspheme). C'est exactement ce que j'ai pensé alors, j'ai conservé mon abonnement. Presque jusqu'au bout.
"Le divorce de Patrick" est certainement le spectacle qui m'a le plus fait rire. Oui, avec Dieudonné. J'avais acheté des places pour ma maman, elles ont été annulées, je l'ai regretté. Je n'ai pas été choqué par son sketch télévisuel, le sketch. Mais je n'ai pas suivi Dieudonné dans son combat, parce qu'il s'est choisi des alliés avec qui je n'avais pas envie de partager une soirée. Parce qu'il a, en dehors de ses spectacles, multiplié des combats et des prises de position, avec lesquels je suis en profond désaccord, dont une ou deux m'ont choqué, finalement. J'ai néanmoins regardé en vidéo tous ses spectacles depuis "Dieudonné tout seul" jusque "Foxtrot" ou "Le Mur", j'ai arrêté au milieu de l'un des deux. Une bonne dizaine donc, plus ou moins enchaînés sur un ou deux mois. J'ai ris parfois, pas mal au début. Moins qu'au "divorce", mais la vidéo n'est pas la scène, et puis le contexte déjà. J'ai ressenti que sa focalisation sur les juifs prenait une ampleur telle qu'elle effaçait tout le reste, que cela tournait à l'obsession, voire à la paranoïa. J'ai arrêté.
Je pense que Dieudonné est devenu antisémitique. C'est à dire qu'il pense que le monde serait meilleur sans juifs, que le fait que quelqu'un est juif est problématique a priori.
Je ne suis pas Dieudonné. Je ne pense pas que le judaïsme pose un problème plus particulier que les autres religions, je ne pense pas qu'il y ait un lobby juif qui dirige le monde et qu'il faille le combattre.
Je crois à la seconde guerre mondiale, je crois qu'il y a eu des nazis, je crois qu'il y a eu des chambres à gaz, que l'extermination de millions d'hommes, essentiellement des juifs, a été organisée par d'autres hommes, avec la complicité d'autres hommes. Je pense que c'est un des événement les pires de l'histoire de l'humanité. Je pense que ce n'est pas le seul de ces événements, que les guerres de religions, l'esclavage ou la colonisation, pour parler de choses dans laquelle notre pays a été directement impliqué, sont de ces événements. Je pense qu'il y a eu d'autres de ces événements ailleurs, qui nous touchent moins parce qu'ils se sont tenus plus éloignés de notre géographie ou de notre histoire. Je pense que vouloir poser une hiérarchie est absurde. Je pense qu'il y a un tabou sur la religion juive en France lié au traumatisme qu'a laissé la seconde guerre mondiale. Je trouve cela normal, au regard de sa proximité et de son incroyable ampleur. Je pense qu'il faut dépasser ce tabou, désacraliser ce sujet, sans que cela ne conduisent à nier ce qui a été. Je ne ressens aucune responsabilité personnelle quand au massacre des juifs déportés depuis un pays dans lequel je ne vivais pas, aucun devoir particulier ; anticlérical non sélectif, je n'ai ni tolérance ni animosité spécifique pour la religion juive.
Certains discutent du fait que Charlie n'était pas équitable envers toutes les religions, qu'il s'en serait pris plus spécifiquement aux musulmans. C'est sûrement vrai, et aux catholiques aussi, beaucoup. Moins aux juifs, aux protestants ou aux hindous. Est ce qu'il y avait un tabou sur l'antisémitisme à Charlie ? Peut-être. Probablement. Les racines du journal l'expliqueraient assez facilement. Mais j'ai l'impression qu'en France ce sont surtout des musulmans et des catholiques qui se mêlent de la gestion de la cité, qui veulent imbriquer religion et politique. Donc je n'ai jamais regretté que les autres ne soient pas plus pris à partie.
Dieudonné a-t-il un combat du même ordre contre le tabou de la Shoah ? À mon sens ce n'est pas du même ordre, non. Mais on peut parler. Sans s'envoyer des procès ou des complots à la face.
Je n'ai pas défilé dimanche 11 janvier. Je ne savais pas exactement pourquoi. Parce que Charlie, ça ne collait pas avec le consensus. Avec ceux qui étaient invectivés chaque semaine et qui seraient là, en première ligne, qu'on entendait penser : "allez, on efface, on pardonne, on s'embrasse". Il ne faut rien effacer, il n'y a rien à pardonner, et dans Charlie, on s'embrasse avec la langue. Pour moi Charlie ce n'est pas l'union nationale, c'est le bordel international. Charlie c'est contre. Charlie disait presque toujours je ne suis pas. Rarement je suis. Sauf pour dire bête et méchant. J'aurais sûrement défilé si les figures politiques qui défilaient avaient porté une pancarte "Je suis bête et méchant". Si on avait pu le placarder aux portes des églises. Si tout le monde s'était roulé des pelles, comme dans un dessin de Wolinski. Défiler pour l'union républicaine ? La nation retrouvée ? Ensemble pour reconstruire ensemble un projet de vie commun ? Pourquoi pas, je suis d'accord. Mais pas avec Charlie en tête de gondole. Charlie, pour moi, c'est la désillusion, l'anarchie, une forme de nihilisme, pas mal d'hédonisme. Le contraire d'un pays qui marche uni. Chacun son job. Et puis il avait quand même trop de types dont les journalistes de Charlie auraient eu du mal à serrer la main. Il y a eu aussi le président de la république française avec une kippa. Il a peut-être enlevé ses chaussures dans une mosquée ou mangé une hostie un peu plus loin, je n'ai pas suivi. En tant que président, je ne sais pas, je ne suis pas posé la question à ce moment là, mais il était Charlie, non ? Alors Charlie avec une kippa ? Charlie brandissant une croix ? Dans une mosquée, peut-être, mais sinon... C'est quoi la suite des aventures ? Charlie au Mali avec un Famas ? Charlie reçoit la légion d'honneur, entonne la marseillaise et les chants de Noël ? Charlie te supprime les allocations familiales si tu ne respectes pas la minute de silence que t'impose l'état français ? Charlie t'envoie en prison si tu dis des conneries, des trucs bêtes et méchants ?
Dieudonné a écrit qu'il se sentait "Charlie Coulibaly". Il a été arrêté par la police, mis en garde à vue, en prison donc. Je crois qu'il risque plusieurs mois d'enfermement. Il est accusé d'apologie du terrorisme, c'est à dire de défendre publiquement le terrorisme. En l'occurrence l'on parle ici de quelques mots, impossibles à interpréter de façon univoque. Personnellement j'avais compris cela comme je suis Charlie, c'est à dire un humoriste pamphlétaire "anti-système" (bien que Dieudonné se voit probablement comme le vrai humoriste et le vrai anti-système en l'espèce) ; et je suis Coulibaly, c'est à dire un paria de votre société, que vous voulez abattre : ce qui me semble coller avec son sentiment de persécution. C'est ma première interprétation. On peut aussi comprendre je soutiens Coulibaly, qui est un terroriste et qui vient de tuer des juifs, donc je fais l'apologie d'un massacre et je souhaite la mort de juifs. Si l'on admet que Dieudonné est antisémitique, on peut penser qu'il a cherché à dire ceci en le cachant derrière cela. Il y a un contexte, des préalables comme la défense de Youssouf Fofana. Il y a peut être de bonnes raisons de condamner Dieudonné. Mais pour avoir dit "Je me sens Charlie Coulibaly" ? Aller en prison pour quelques mots, pas même explicites ?
Notre pays dispose donc d'une loi qui permet de mettre en prison quelqu'un, jusqu'à sept années, pour avoir dit quelque chose. Sept ans ? Juste pour faire peur alors ?
Le 15 janvier 2014, en France, un individu a été condamné à quinze mois de prison ferme pour des mots. Des mots violents, insultants, menaçants. Quinze mois enfermé dans une prison, pour des paroles, pas même des écrits, pas même publiques (http://www.mediapart.fr/journal/france/160115/quinze-mois-de-prison-pour-avoir-glorifie-les-freres-kouachi). On est loin de Radio Mille Collines.
Alors, il ne faut rien faire ? Et s'ils prenaient ta mère comme otage ou ton frère ? L'autre poète répondait à sa façon, il y a presque quarante ans, déjà. Moi, je ne sais pas. Je ne sais pas comment on empêche des gens qui sont prêts à tout sacrifier de tuer d'autres gens. Je ne suis pas sûr que ce soit possible. Devenir plus autoritaire ne permet que de préparer l'avènement d'autres autoritarismes, plus durs. Ceux qui promeuvent cela aujourd'hui se feront déborder, ou changeront de camp. Charlie n'aurait pas signé pour sacrifier sa liberté contre la promesse d'un peu plus de sécurité, comme on dit.
Et ce n'est pas parce qu'on ne sait pas quoi faire qu'il faut faire n'importe quoi.
Ne demandons pas aux religieux de défendre les Charlie, de renoncer à ce qui pour eux est sacré. Ne demandons pas aux Charlie d'être responsables et respectueux. Acceptons que tout le monde ne soit pas Charlie pour que le monde ne soit pas uniforme ; acceptez que tout le monde ne soit pas religieux, pour que le monde ne soit pas Charlie. Laissons s'exprimer les voix discordantes. La démocratie ne consiste pas à vivre dans l'unanimité, mais dans le compromis. L'unanimité, c'est la dictature.
Charlie luttait pour ses idées avec des dessins, des mots, laissez la lutte sur ce terrain, n'y mêlez pas les balles des fusils et les barreaux des prisons.
Gardez vos prisons pour les fusils, et les mots pour les mots.
En attendant Dieudonné a proposé la paix (http://quenelplus.com/a-la-une/communique-dieudonne-propose-la-paix.html).
Acceptez.
Stéphane.
Je conseille à tous ceux qui ont ajouter un commentaire,qui sont meurtris et même désabusés,(on le serait à moins)d'écouter le journal de Radio Zinzine(une des dernière Radio Libre,digne de ce nom) de vendredi dernier,le 09/01/2015,à 19h,sur le site: Radio Zinzine
www.zinzine.domainepublic.net/ Analyse pertinante,enrichissante et d'une justesse.Vous pourrez écouter l'analyse du contexte,tant sur le plan de l'événement en lui même et les répercutions,le contexte nationale,son pourrissement,nourrit,cautionnait,entretenu à des fins polititiennes et économiques,et l'appel à l'union nationale,que sur l'internationale,les alliances,les implications,l'évocation du passé et présent colonialiste.Comment notre pays dérive vers une dictature larvée qui s'étend en Europe.La propagande et ses valets, le matracage médiatique,l'atlantisme et ses alliés. Radio Zinzine
www.zinzine.domainepublic.net/
www.zinzine.domainepublic.net/ Analyse pertinante,enrichissante et d'une justesse.Vous pourrez écouter l'analyse du contexte,tant sur le plan de l'événement en lui même et les répercutions,le contexte nationale,son pourrissement,nourrit,cautionnait,entretenu à des fins polititiennes et économiques,et l'appel à l'union nationale,que sur l'internationale,les alliances,les implications,l'évocation du passé et présent colonialiste.Comment notre pays dérive vers une dictature larvée qui s'étend en Europe.La propagande et ses valets, le matracage médiatique,l'atlantisme et ses alliés. Radio Zinzine
www.zinzine.domainepublic.net/
Bien placé hélas pour savoir que nombre d'entre nous ont l'indignation sélective.
Tous contre la barbarie, vraiment?
En tous cas pas contre toutes les barbaries!
Tous contre la barbarie, vraiment?
En tous cas pas contre toutes les barbaries!
Pas trop envie d'écrire, mais pas non plus envie de rester le stylo ballant. Je n'étais pas une lectrice régulière de Charlie Hebdo, mais peu importe. Je n'ai eu aucune sympathie pour le Charlie de Philippe Val, mais il est parti sous d'autres cieux journalistiques. Et puis, il y avait eu, avant lui, Cavanna, Siné, Choron et d'autres que j'oublie, en dehors des pionniers du journal morts mercredi : la geste, le culot, une irrévérence, un mauvais goût tonique même si je ne l'ai pas toujours partagé. Tout cela : des images de Une prégnantes, presque inimaginables aujourd'hui mais qui furent et restent comme des tatouages chamaniques contre une pensée unique insidieuse.
Le dernier dessin de Charb me laisse sans voix, ni mots. Juste un malaise profond devant ma propre sidération, cette envie de prendre du recul quand on se précipite ici et là.
Notre époque privilégie le réflexe sur la réflexion.
Alors, j'en suis venue à me méfier de mes propres émotions, à me méfier de ma propre empathie, à me méfier d'être ensemble par peur de cet emballement volatile qui m'agace souvent. Et, en cela, je donne peut-être prise à tout. Aux idées d'égouts qui remontent sans cesse à la surface. Je repense à la stratégie du choc de Naomi Klein. Les dérives sont toutes là. Et si ....
Etre libre est une éducation et un courage, c'est la pauvre pensée qui me vient.
Plus envie d'écrire, pour l'heure. La justesse et la justice sont difficiles à réunir. Car si je ne je ne suis plus juste, alors, la barbarie aura eu raison de moi. Et, de cela, surtout, j'ai peur.
Le dernier dessin de Charb me laisse sans voix, ni mots. Juste un malaise profond devant ma propre sidération, cette envie de prendre du recul quand on se précipite ici et là.
Notre époque privilégie le réflexe sur la réflexion.
Alors, j'en suis venue à me méfier de mes propres émotions, à me méfier de ma propre empathie, à me méfier d'être ensemble par peur de cet emballement volatile qui m'agace souvent. Et, en cela, je donne peut-être prise à tout. Aux idées d'égouts qui remontent sans cesse à la surface. Je repense à la stratégie du choc de Naomi Klein. Les dérives sont toutes là. Et si ....
Etre libre est une éducation et un courage, c'est la pauvre pensée qui me vient.
Plus envie d'écrire, pour l'heure. La justesse et la justice sont difficiles à réunir. Car si je ne je ne suis plus juste, alors, la barbarie aura eu raison de moi. Et, de cela, surtout, j'ai peur.
Très déçu par la publication en une du commentaire de BC, prématuré et à côté de la plaque.
Je pense qu'il est important de marquer sa solidarité et de condamner ces actes violents, c'est une question d'humanité pas d'unité nationale...
Je suis Charlie et tu m'emmerdes BC l'incontinent calotin de la pensée non conformiste.
Je pense qu'il est important de marquer sa solidarité et de condamner ces actes violents, c'est une question d'humanité pas d'unité nationale...
Je suis Charlie et tu m'emmerdes BC l'incontinent calotin de la pensée non conformiste.
Beau texte, Daniel.
Moi il y a quand même quelque chose qui me sidère, c'est la panthéonisation accélérée des journalistes de Charlie Hebdo.
Je n'ai pas été la dernière à demander qu'on arrête les disputes et qu'on respecte leur mort. Je faisais d'ailleurs surtout référence aux querelles entre et à propos de Siné et Val.
Mais là, je n'en reviens pas.
J'aurais aimé voir la tête de Charb si on lui avait dit que TF1 à sa mort lui consacrerait une heure d'édition spéciale et compatirait.
Si Tignous savait que les journaux de droite, et même le Figaro, le journal de Dassault, allaient porter le deuil de sa mort, il aurait couru si vite qu'il aurait échappé aux assassins.
Cabu n'est pas encore dans la tombe, mais il s'y retournerait s'il savait qu'on chante la Marseillaise pour l'honorer.
A quand les Invalides à côté de Napoléon ?
Je me console en me disant que cette tragédie et 100 000 personnes debout dans le recueillement hier soir, ont forcé quelqu'un à faire taire cet imbécile sénile de Roufiol.
Tout n'est pas perdu...
Moi il y a quand même quelque chose qui me sidère, c'est la panthéonisation accélérée des journalistes de Charlie Hebdo.
Je n'ai pas été la dernière à demander qu'on arrête les disputes et qu'on respecte leur mort. Je faisais d'ailleurs surtout référence aux querelles entre et à propos de Siné et Val.
Mais là, je n'en reviens pas.
J'aurais aimé voir la tête de Charb si on lui avait dit que TF1 à sa mort lui consacrerait une heure d'édition spéciale et compatirait.
Si Tignous savait que les journaux de droite, et même le Figaro, le journal de Dassault, allaient porter le deuil de sa mort, il aurait couru si vite qu'il aurait échappé aux assassins.
Cabu n'est pas encore dans la tombe, mais il s'y retournerait s'il savait qu'on chante la Marseillaise pour l'honorer.
A quand les Invalides à côté de Napoléon ?
Je me console en me disant que cette tragédie et 100 000 personnes debout dans le recueillement hier soir, ont forcé quelqu'un à faire taire cet imbécile sénile de Roufiol.
Tout n'est pas perdu...
http://md1.libe.com/photo/705939-devoir.jpg?modified_at=1420734383&width=750
Trouvé sur un article où on parle de la presse québécoise qui n'hésite pas, à l'inverse de la presse étasunienne, à poster le célèbre "c'est dur d'être aimé par les cons".
Trouvé sur un article où on parle de la presse québécoise qui n'hésite pas, à l'inverse de la presse étasunienne, à poster le célèbre "c'est dur d'être aimé par les cons".
Alerte, les amis.
Oui, la tristesse est là, et bien là.
Oui, cette violence soudaine(?) nous donne l'impression qu'avant la vie était si douce dans notre république démocratique à jamais...
Mais rappelez-vous avant : les conditions de travail de logement, l'austérité, le service public réduit, la stigmatisation d'une partie de la population, des éditorialistes et des intellectuels esthétisant le fascisme...et oui, le fascisme simplifie la politique en supprimant tout débat d'idées.
Nouvelle étape donc, la violence contre la liberté, la violence contre l'égalité, la violence contre la fraternité...en écho...les fascistes sont là, se revendiquant d'une religion, d'une race, d'une origine en excluant les autres.
Ils demandent tous la même chose, pas de démocratie, pas de liberté, pas d'égalité, pas de fraternité...contre les valeurs de notre République.
Au cours des 3 derniers siècles, les républicains se sont continuellement battus pour gagner et préserver cette vie si "douce".
Aujourd'hui, nous comprenons qu'Il faudra continuer à se battre pour la préserver encore et encore.
Oui, la tristesse est là, et bien là.
Oui, cette violence soudaine(?) nous donne l'impression qu'avant la vie était si douce dans notre république démocratique à jamais...
Mais rappelez-vous avant : les conditions de travail de logement, l'austérité, le service public réduit, la stigmatisation d'une partie de la population, des éditorialistes et des intellectuels esthétisant le fascisme...et oui, le fascisme simplifie la politique en supprimant tout débat d'idées.
Nouvelle étape donc, la violence contre la liberté, la violence contre l'égalité, la violence contre la fraternité...en écho...les fascistes sont là, se revendiquant d'une religion, d'une race, d'une origine en excluant les autres.
Ils demandent tous la même chose, pas de démocratie, pas de liberté, pas d'égalité, pas de fraternité...contre les valeurs de notre République.
Au cours des 3 derniers siècles, les républicains se sont continuellement battus pour gagner et préserver cette vie si "douce".
Aujourd'hui, nous comprenons qu'Il faudra continuer à se battre pour la préserver encore et encore.
http://passouline.blog.lemonde.fr/2007/01/08/le-discours-de-salamanque-reconstitue/
D'avance, je demande pardon à celles et à ceux qui ne considèrent pas Corbier comme quelqu'un comme partie intégrante de la culture de ce pays.
Mais pour moi il l'est, question de génération sans doute, raison pour laquelle je copie-colle son Hommage à son ami Cabu qu'il a publié sur Facebook :
"Ah putain les cons ! Non seulement dieu n'existe pas mais ses représentants sont toujours aussi médiocres !
Voilà que deux crétins ont déboulé ce matin à Charlie Hebdo. Ils étaient armés. Ils ont tiré. Parmi les victimes on a relevé Cabu. Ce qui me laisse sur le flanc c'est que les personnes qui ont fait ça viennent de se tirer une balle dans le pied. Ce faisant ils attisent encore un peu plus la haine et la colère contre leur communauté. Je doute qu'ils en soient conscients.
Quand on est con : on est con !
C'est pitoyable.
Comment peut-on se faire assassiner pour avoir fait un dessin ? Faut-il que les meurtriers soient stupides. Comme toujours les religieux de tous poils s'emploient à mettre le souk. Les Cathos sont prêts à casser du pédé et de l'avorteur. Des Juifs religieux persistent à assassiner des Palestiniens religieux aussi et des Mahométans entre deux kidnappings de petites filles tuent ceux qui se moquent du Prophète. Et bien sûr c'est chaque fois au nom de l'amour universel que s'arme le bras vengeur !
On est mal barré.
Avec Cabu nous partageons beaucoup de choses. Il est anar. Je le suis. Il aime rire. Je passe ma vie à faire la même chose. Ce matin lorsque j'ai entendu que le journal a été attaqué j'ai eu le souffle coupé. Je me suis mis à pleurer. Comme un gamin auquel on vient d'annoncer que le Père Noël est une blague.
Cabu qui m'a tant fait rire me laisse en larme.
Cabu ! Bon sang...
Un jour au moment de prendre l'antenne, Dorothée grimpe sur la table sur laquelle Cabu fait ses dessins. Je suis assis à côté de lui. Do est en mini jupe. Je me tourne vers lui et je dis : "Si tu te penches un peu tu pourras voir ses couilles !". Je revois encore mon camarade éclater de rire et se plier en deux pour ne pas qu'on le voit ainsi au moment où s'ouvre l'antenne...
C'est comme ça que je veux me souvenir de lui. Riant à s'en décrocher la mâchoire et l'oeil brillant.
Cabu est mort et la connerie ne s'est encore jamais aussi bien portée !
L'injustice est flagrante.
Je tiens personnellement à remercier le Prophète qui en envoyant ses deux sbires assassiner mon copain me fait une sorte de clin d'oeil car j'ai bien compris qu'il avait été fier de mon papier sur Framboisier et qu'il tenait à m'en faire rédiger un autre pour le plaisir de la lecture.
Putains de cons !"
Mais pour moi il l'est, question de génération sans doute, raison pour laquelle je copie-colle son Hommage à son ami Cabu qu'il a publié sur Facebook :
"Ah putain les cons ! Non seulement dieu n'existe pas mais ses représentants sont toujours aussi médiocres !
Voilà que deux crétins ont déboulé ce matin à Charlie Hebdo. Ils étaient armés. Ils ont tiré. Parmi les victimes on a relevé Cabu. Ce qui me laisse sur le flanc c'est que les personnes qui ont fait ça viennent de se tirer une balle dans le pied. Ce faisant ils attisent encore un peu plus la haine et la colère contre leur communauté. Je doute qu'ils en soient conscients.
Quand on est con : on est con !
C'est pitoyable.
Comment peut-on se faire assassiner pour avoir fait un dessin ? Faut-il que les meurtriers soient stupides. Comme toujours les religieux de tous poils s'emploient à mettre le souk. Les Cathos sont prêts à casser du pédé et de l'avorteur. Des Juifs religieux persistent à assassiner des Palestiniens religieux aussi et des Mahométans entre deux kidnappings de petites filles tuent ceux qui se moquent du Prophète. Et bien sûr c'est chaque fois au nom de l'amour universel que s'arme le bras vengeur !
On est mal barré.
Avec Cabu nous partageons beaucoup de choses. Il est anar. Je le suis. Il aime rire. Je passe ma vie à faire la même chose. Ce matin lorsque j'ai entendu que le journal a été attaqué j'ai eu le souffle coupé. Je me suis mis à pleurer. Comme un gamin auquel on vient d'annoncer que le Père Noël est une blague.
Cabu qui m'a tant fait rire me laisse en larme.
Cabu ! Bon sang...
Un jour au moment de prendre l'antenne, Dorothée grimpe sur la table sur laquelle Cabu fait ses dessins. Je suis assis à côté de lui. Do est en mini jupe. Je me tourne vers lui et je dis : "Si tu te penches un peu tu pourras voir ses couilles !". Je revois encore mon camarade éclater de rire et se plier en deux pour ne pas qu'on le voit ainsi au moment où s'ouvre l'antenne...
C'est comme ça que je veux me souvenir de lui. Riant à s'en décrocher la mâchoire et l'oeil brillant.
Cabu est mort et la connerie ne s'est encore jamais aussi bien portée !
L'injustice est flagrante.
Je tiens personnellement à remercier le Prophète qui en envoyant ses deux sbires assassiner mon copain me fait une sorte de clin d'oeil car j'ai bien compris qu'il avait été fier de mon papier sur Framboisier et qu'il tenait à m'en faire rédiger un autre pour le plaisir de la lecture.
Putains de cons !"
http://leschroniquesdelornithorynque.fr/WordPress3/ornithorynque-201-2/
Lu sur Médiapart la biographie des deux suspects.
Si c'est l'extrème-droite française, la CIA ou le Mossad (ils sont partout, ceux-là) qui ont réusi à les manipuler pour nous refaire le coup du Reichsatg ou de Gladio (deux noms employés sur ASI par certains asinautes incapables d'imaginer que des extrémistes islamistes puissent faire ça de leur plein gré), ils sont rudement fortiches.
Si c'est l'extrème-droite française, la CIA ou le Mossad (ils sont partout, ceux-là) qui ont réusi à les manipuler pour nous refaire le coup du Reichsatg ou de Gladio (deux noms employés sur ASI par certains asinautes incapables d'imaginer que des extrémistes islamistes puissent faire ça de leur plein gré), ils sont rudement fortiches.
Bonjour, c'est mon premier post sur les forums, pas taper :)
Moi j'aime bien vos discours et vous m'avez l'air d'être des gens plutôt intelligents (et surtout cultivés?). Alors je voulais savoir, qui a une solution ?
Car je n'arrive pas à croire que 2 types avec des armes à feu fassent sombrer le pays dans une merde idéologique pas possible, alors qu'on est des tonnes à vouloir trouver une solution paisible.
Il y a forcément quelque chose à faire, à notre échelle, quelque chose de plus tangible qu'un hashtag et un avatar facebook (nuls, par ailleurs). Oui, il aurait peut-être fallu faire des choses il y a 10, 20 ans ou plus, mais c'est trop tard donc qu'est ce qu'on fait ? Aujourd'hui ? Demain ?
Moi j'aime bien vos discours et vous m'avez l'air d'être des gens plutôt intelligents (et surtout cultivés?). Alors je voulais savoir, qui a une solution ?
Car je n'arrive pas à croire que 2 types avec des armes à feu fassent sombrer le pays dans une merde idéologique pas possible, alors qu'on est des tonnes à vouloir trouver une solution paisible.
Il y a forcément quelque chose à faire, à notre échelle, quelque chose de plus tangible qu'un hashtag et un avatar facebook (nuls, par ailleurs). Oui, il aurait peut-être fallu faire des choses il y a 10, 20 ans ou plus, mais c'est trop tard donc qu'est ce qu'on fait ? Aujourd'hui ? Demain ?
Gros malaise. Je ne suis pas descendu parmi la foule. Je ne suis pas Charlie.
Et croyez-moi, je suis aussi triste que vous.
Mais cet unanimisme émotionnel, quasiment institutionnel pour ceux qui écoutent les radio de service public et lisent les grands media, j'ai l'impression qu'on a déjà essayé de me foutre dedans à deux reprises. La société française est complètement anomique, mais on continue à se raconter des histoires.
Première histoire: victoire des Bleus en 1998. Unanimisme: Thuram Président, Black Blanc Beur etc...
J'étais alors dans la foule.
Quelques années plus tard: Knysna, Finkelkraut et son Black Black Black, déferlement de haine contre ces racailles millionnaires, mépris de classe systématique envers des sportifs analphabètes tout droit issus du sous-prolétariat post-colonial.
Super l'"unité nationale".
Deuxième histoire: entre deux-tour en 2002. Unanimisme: le FHaine ne passera pas, "pinces à linges", "sursaut républicain", foule "bigarrée" et drapeaux marocains le soir du second tour devant Chirac "supermenteur", "sauveur" inopiné de la République, et Bernadette qui tire la tronche, grand soulagement national.
J'étais dans la foule des manifs d'entre deux tours.
Quelques années plus trard: le FN en pleine forme, invention du "racisme anti-blanc", création d'une coalition Gauche/Onfray/Charlie/Fourest laïcarde et une Droite forte/UMP/Cassoulet en pleine crise d'"identité nationale" contre l'Islam radical en France, "racaille" et "Kärcher", syndrome du foulard, des prières de rue, des mosquées, émeutes dans les banlieues, tirs sur les policiers, couvre-feu, récupération de la laïcité par l'extrême droite, Zemmour, Dieudo, Soral...
Super l'"unité nationale".
Troisième histoire: sursaut national après le massacre inqualifiable à Charlie en janvier 2015. Unanimisme: deuil national, "nous sommes tous Charlie", mobilisations massives pour la défense de la liberté d'expression dans tout le pays.
Charlie? Plus personne ne le lisait. Pour les gens de gauche qui réfléchissent un peu, la dérive islamophobe sous couvert de laïcité et de "droit de rire de tout" était trop évidente. Pour les gens de droite: on déteste cette culture post-68, mais c'est toujours sympa de se foutre de la gueule des moyen-âgeux du Levant. Pour l'extrême droite: pas lu, auteurs et dessinateurs détestés culturellement et politiquement, mais très utile, les dessins sont repris dans "Riposte laïque". Pour beaucoup de musulmans: un affront hebdomadaire, mais on ferme sa gueule, c'est la "culture française".
Résultat: des centaines de milliers de musulmans sommés de montrer patte blanche, quelques années à peine après la purge officielle sur l'identité nationale. Des années durant avec toujours le même message insistant: mais putain, quand est-ce que vous allez vous intégrer? Et vous, les musulmans "modérés", pourquoi on vous entend pas plus? A partir d'aujourd'hui, "vous êtes pour nous ou contre nous." Cabu ne disait pas autre chose: "la caricature, ils doivent bien l'accepter, c'est la culture Française".
Super l'"unité nationale".
Réactions à chaud de jeunes de quartiers entendues dans le micro: "c'est pas possible, c'est trop gros, c'est un coup monté". Dieudo/Soral et les complotistes sont passés par là: manifestement certains ne croient pas plus au 07/01/15 qu'au 11/11/01.
La réalité est qu'on les a déjà perdu depuis longtemps, et c'est pas avec des veillées publiques à la bougie qu'on va les récupérer ni avec des incantations à la "résistance" - mais à quoi vous "résistez" au fond?
Vous allez vous abonner à Charlie? Et ça va changer quoi?
La réassurance collective est un mouvement sain et compréhensible face à un massacre aussi traumatisant, mais elle a pour versant complémentaire le déni collectif, et pour résultat l'oubli des causes réelles et profondes de l'anomie.
La majorité va se sentir mieux, se faire du bien, comme elle s'était fait du bien en 1998 et 2002, et c'est précieux.
Mais la fracture est totale. Et la confusion idéologique à son comble.
Personne ne se demande comment on en est arrivé là, comment des jeunes parigots en sont venus à massacrer des journalistes et des artistes à la Kalash après un séjour en Syrie, sans avoir aucune idée de la vie et des idées des gens qu'ils ont tué: ils étaient juste sur la liste des cibles d'AlQaeda dans la Péninsule Arabique.
Personne ne veut voir que cette société française, derrière l'unanimisme de façade devant l'horreur, est en réalité plus que jamais complètement anomique, qu'elle jette désespérément les plus démunis les uns contre les autres, et qu'elle a généré en un peu plus d'une décennie ses propres ennemis intérieurs.
Personne ne veut voir que la plus grosse fabrique à soldats d'AlQaeda sur notre territoire, c'est la PRISON.
Personne n'a compris que la France n'a pas basculé en 2015, mais il y a dix ans déjà, lors des émeutes.
Personne ne veut voir que nous vivons encore les conséquences lointaines de l'immense humiliation coloniale et post-coloniale, et que vos leçons de "civilisation" et de "liberté d'expression" sont de ce fait inaudibles pour certains de ceux qui l'ont subie et la subissent ENCORE.
Et on continue à se raconter des histoires, après la fiction des Bleus de 1998, après le mythe du "Front républicain" de 2002, en agitant cette fois-ci comme un hochet la liberté d'expression, dernier rempart d'une collectivité qui n'est plus capable de se donner comme raison d'être que le droit fondamental de se foutre de la gueule des "autres", comme un deus ex machina qui allait miraculeusement réifier cette "unité nationale" réduite en lambeaux.
Vous n'arriverez pas à reconstruire la "communauté nationale" sur ce seul principe, fût-il essentiel. Je vous le dis, vous n'y arriverez pas.
Car ce n'est pas CA notre problème.
Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse, chez nous ou ailleurs.
Car on ne peut rien contre ceux qui leur fournissent la liste des cibles une fois qu'ils sont conditionnés.
Il faut donc TOUT mettre en oeuvre pour agir avant qu'ils en soient là: ce n'est pas facile mais c'est la seule chose qui compte si on ne veut pas progressivement tomber dans le gouffre de la guerre civile, qui est la conséquence ultime de l'anomie.
Après, c'est trop tard. Et c'est déjà trop tard.
Et croyez-moi, je suis aussi triste que vous.
Mais cet unanimisme émotionnel, quasiment institutionnel pour ceux qui écoutent les radio de service public et lisent les grands media, j'ai l'impression qu'on a déjà essayé de me foutre dedans à deux reprises. La société française est complètement anomique, mais on continue à se raconter des histoires.
Première histoire: victoire des Bleus en 1998. Unanimisme: Thuram Président, Black Blanc Beur etc...
J'étais alors dans la foule.
Quelques années plus tard: Knysna, Finkelkraut et son Black Black Black, déferlement de haine contre ces racailles millionnaires, mépris de classe systématique envers des sportifs analphabètes tout droit issus du sous-prolétariat post-colonial.
Super l'"unité nationale".
Deuxième histoire: entre deux-tour en 2002. Unanimisme: le FHaine ne passera pas, "pinces à linges", "sursaut républicain", foule "bigarrée" et drapeaux marocains le soir du second tour devant Chirac "supermenteur", "sauveur" inopiné de la République, et Bernadette qui tire la tronche, grand soulagement national.
J'étais dans la foule des manifs d'entre deux tours.
Quelques années plus trard: le FN en pleine forme, invention du "racisme anti-blanc", création d'une coalition Gauche/Onfray/Charlie/Fourest laïcarde et une Droite forte/UMP/Cassoulet en pleine crise d'"identité nationale" contre l'Islam radical en France, "racaille" et "Kärcher", syndrome du foulard, des prières de rue, des mosquées, émeutes dans les banlieues, tirs sur les policiers, couvre-feu, récupération de la laïcité par l'extrême droite, Zemmour, Dieudo, Soral...
Super l'"unité nationale".
Troisième histoire: sursaut national après le massacre inqualifiable à Charlie en janvier 2015. Unanimisme: deuil national, "nous sommes tous Charlie", mobilisations massives pour la défense de la liberté d'expression dans tout le pays.
Charlie? Plus personne ne le lisait. Pour les gens de gauche qui réfléchissent un peu, la dérive islamophobe sous couvert de laïcité et de "droit de rire de tout" était trop évidente. Pour les gens de droite: on déteste cette culture post-68, mais c'est toujours sympa de se foutre de la gueule des moyen-âgeux du Levant. Pour l'extrême droite: pas lu, auteurs et dessinateurs détestés culturellement et politiquement, mais très utile, les dessins sont repris dans "Riposte laïque". Pour beaucoup de musulmans: un affront hebdomadaire, mais on ferme sa gueule, c'est la "culture française".
Résultat: des centaines de milliers de musulmans sommés de montrer patte blanche, quelques années à peine après la purge officielle sur l'identité nationale. Des années durant avec toujours le même message insistant: mais putain, quand est-ce que vous allez vous intégrer? Et vous, les musulmans "modérés", pourquoi on vous entend pas plus? A partir d'aujourd'hui, "vous êtes pour nous ou contre nous." Cabu ne disait pas autre chose: "la caricature, ils doivent bien l'accepter, c'est la culture Française".
Super l'"unité nationale".
Réactions à chaud de jeunes de quartiers entendues dans le micro: "c'est pas possible, c'est trop gros, c'est un coup monté". Dieudo/Soral et les complotistes sont passés par là: manifestement certains ne croient pas plus au 07/01/15 qu'au 11/11/01.
La réalité est qu'on les a déjà perdu depuis longtemps, et c'est pas avec des veillées publiques à la bougie qu'on va les récupérer ni avec des incantations à la "résistance" - mais à quoi vous "résistez" au fond?
Vous allez vous abonner à Charlie? Et ça va changer quoi?
La réassurance collective est un mouvement sain et compréhensible face à un massacre aussi traumatisant, mais elle a pour versant complémentaire le déni collectif, et pour résultat l'oubli des causes réelles et profondes de l'anomie.
La majorité va se sentir mieux, se faire du bien, comme elle s'était fait du bien en 1998 et 2002, et c'est précieux.
Mais la fracture est totale. Et la confusion idéologique à son comble.
Personne ne se demande comment on en est arrivé là, comment des jeunes parigots en sont venus à massacrer des journalistes et des artistes à la Kalash après un séjour en Syrie, sans avoir aucune idée de la vie et des idées des gens qu'ils ont tué: ils étaient juste sur la liste des cibles d'AlQaeda dans la Péninsule Arabique.
Personne ne veut voir que cette société française, derrière l'unanimisme de façade devant l'horreur, est en réalité plus que jamais complètement anomique, qu'elle jette désespérément les plus démunis les uns contre les autres, et qu'elle a généré en un peu plus d'une décennie ses propres ennemis intérieurs.
Personne ne veut voir que la plus grosse fabrique à soldats d'AlQaeda sur notre territoire, c'est la PRISON.
Personne n'a compris que la France n'a pas basculé en 2015, mais il y a dix ans déjà, lors des émeutes.
Personne ne veut voir que nous vivons encore les conséquences lointaines de l'immense humiliation coloniale et post-coloniale, et que vos leçons de "civilisation" et de "liberté d'expression" sont de ce fait inaudibles pour certains de ceux qui l'ont subie et la subissent ENCORE.
Et on continue à se raconter des histoires, après la fiction des Bleus de 1998, après le mythe du "Front républicain" de 2002, en agitant cette fois-ci comme un hochet la liberté d'expression, dernier rempart d'une collectivité qui n'est plus capable de se donner comme raison d'être que le droit fondamental de se foutre de la gueule des "autres", comme un deus ex machina qui allait miraculeusement réifier cette "unité nationale" réduite en lambeaux.
Vous n'arriverez pas à reconstruire la "communauté nationale" sur ce seul principe, fût-il essentiel. Je vous le dis, vous n'y arriverez pas.
Car ce n'est pas CA notre problème.
Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse, chez nous ou ailleurs.
Car on ne peut rien contre ceux qui leur fournissent la liste des cibles une fois qu'ils sont conditionnés.
Il faut donc TOUT mettre en oeuvre pour agir avant qu'ils en soient là: ce n'est pas facile mais c'est la seule chose qui compte si on ne veut pas progressivement tomber dans le gouffre de la guerre civile, qui est la conséquence ultime de l'anomie.
Après, c'est trop tard. Et c'est déjà trop tard.
Monsieur Schneidermann
Je suis abonné depuis de nombreuses années .
Au fil du temps j'ai été intéressé ,puis captivé, puis passionné par votre site, votre style et la qualité des débats et de vos interventions.
Lecteur systématique et intégral vous avez été pour moi l'un des points de passages quotidiens nourrissant ma curiosité pour les découvertes d'auteurs , d'analystes, de journalistes que vous invitiez.
La passion n'a qu'un temps .
Je fus par la suite , de temps en temps , puis régulièrement, puis enfin souvent , agacé , irrité et de plus en plus déçu par vos interventions ou la qualité trop souvent aléatoire des débats.
J'avais décidé de ne plus me réabonner.
Votre prise de parole lors de la soirée de veille pour Charlie Hebdo sur médiapart m'a beaucoup plu par l'émotion , la sincérité et la profondeur de vos propos.
Je vous ai ,en quelque sorte ,retrouvé !
Lâcher des éclaireurs comme vous ( même si je ne suis pas toujours d'accord) n'est pas de mise dans cette période d'obscurantisme .
J'ai donc décidé de me réabonner.
Cordialement
B Bonnardel
Je suis abonné depuis de nombreuses années .
Au fil du temps j'ai été intéressé ,puis captivé, puis passionné par votre site, votre style et la qualité des débats et de vos interventions.
Lecteur systématique et intégral vous avez été pour moi l'un des points de passages quotidiens nourrissant ma curiosité pour les découvertes d'auteurs , d'analystes, de journalistes que vous invitiez.
La passion n'a qu'un temps .
Je fus par la suite , de temps en temps , puis régulièrement, puis enfin souvent , agacé , irrité et de plus en plus déçu par vos interventions ou la qualité trop souvent aléatoire des débats.
J'avais décidé de ne plus me réabonner.
Votre prise de parole lors de la soirée de veille pour Charlie Hebdo sur médiapart m'a beaucoup plu par l'émotion , la sincérité et la profondeur de vos propos.
Je vous ai ,en quelque sorte ,retrouvé !
Lâcher des éclaireurs comme vous ( même si je ne suis pas toujours d'accord) n'est pas de mise dans cette période d'obscurantisme .
J'ai donc décidé de me réabonner.
Cordialement
B Bonnardel
Oui, La Peine, ce matin, qui redemandait la peine de mort (sur F2) ;o(((
Et c'est pas fini ;o(
Et c'est pas fini ;o(
Dans mon bourg, rien. Ce matin, à la boulangerie, juste quelques revendications pour un retour à la peine de mort -Je ne suis même pas étonnée, juste un peu plus cafardeuse...Il y en a une qui a progressé ici, c'est sûr.
Et il est en colère
http://pangloss.blog.lemonde.fr/2015/01/08/a-mes-petits-freres-de-combat/
http://pangloss.blog.lemonde.fr/2015/01/08/a-mes-petits-freres-de-combat/
Val ne m'a jamais fait pleurer, et j'ai peur des larmes de crocodile et j'ai du mal à lui pardonner un lapsus/amalgame (Arabes = musulmans = intégristes) commis sur une antenne il y a 4 ou 5 ans, le fait qu'il ait viré les rigolos de France Inter ensuite et sa descente vertigineuse vers les "patrons de presse à la con", ce que n'étaient pas les créateurs de Charlie.
Sinon oui, pour le reste, d'accord... sauf que c'était dans ma ville de province, que je me suis fait une crise de foie à pleurer avec une amie lointaine sur Cabu, Wolinski et les autres, qu'il y avait beaucoup de monde, plus que l'été dernier lorsque nous protestions contre les massacres de Gazaouis... Ensuite, l'une des assoces dont je fais partie, nous avions une réunion où Mohamed, membre fondateur, est arrivé tardivement en disant, comme moi, qu'il craignait les amalgames et la récupération politique... surtout que lui, on voit sur sa tronche qu'il est Maghrébin, donc Musulman. A signaler que tous les élus de ma ville étaient présents avec leur écharpe tricolore, que je m'en suis éloignée parce que 3 d'entre eux sont au FN... et qu'un journaliste a pris la parole en appuyant sur le fait que tous les journalistes sont des cibles et de futures victimes désignées... Là, j'ai trouvé qu'il exagérait un peu...
Et tous les civils, les militaires qui ont été pris pour cibles dans les divers attentats précédents ?
Mais ils ont assassiné mes 20 ans, ces salopards !
Sinon oui, pour le reste, d'accord... sauf que c'était dans ma ville de province, que je me suis fait une crise de foie à pleurer avec une amie lointaine sur Cabu, Wolinski et les autres, qu'il y avait beaucoup de monde, plus que l'été dernier lorsque nous protestions contre les massacres de Gazaouis... Ensuite, l'une des assoces dont je fais partie, nous avions une réunion où Mohamed, membre fondateur, est arrivé tardivement en disant, comme moi, qu'il craignait les amalgames et la récupération politique... surtout que lui, on voit sur sa tronche qu'il est Maghrébin, donc Musulman. A signaler que tous les élus de ma ville étaient présents avec leur écharpe tricolore, que je m'en suis éloignée parce que 3 d'entre eux sont au FN... et qu'un journaliste a pris la parole en appuyant sur le fait que tous les journalistes sont des cibles et de futures victimes désignées... Là, j'ai trouvé qu'il exagérait un peu...
Et tous les civils, les militaires qui ont été pris pour cibles dans les divers attentats précédents ?
Mais ils ont assassiné mes 20 ans, ces salopards !
Les pleurnicheries de Val, je m'en serais bien passée...
Extrait d'un discours de Charb en 2012 : J'ai moins peur des extrémistes religieux que des laïques qui se taisent...
http://instagram.com/p/xjqSVyKvCu/?modal=true
Ah c'est malin. Voilà qu'on en mesure soudain le prix, de notre petite décadence tranquille, à l'heure exacte où vous voulez nous l'arracher. Notre démocratie à hoquets qui ne débouche jamais sur rien, notre dérision mécanique, sans fin, notre liberté sexuelle vide, nos futilités, nos inutilités, voilà soudain qu'on les serre contre soi, pas touche à nos trésors, et tu sais quoi ? Je suis Charlie !
+1000 Daniel...
+1000 Daniel...
Quand ce sera humainement possible, j'espère de belles grandes longues très longues pages d'Alain Korkos, sur chacun d'entre eux, individuellement. Sur la gravure sur bois et le style d'Honoré. Sur Tignous et son utilisation des mouches. Sur l'évolution et les thèmes de Charb, entre dessin de presse et maurice-et-patapon. Sur Cabu, et sur Cabu, et une autre sur Cabu, en oubliant à chaque fois qu'il en avait déjà fait une...
J'attends ça avec impatience, parce que Korkos il fait ça bien.
J'attends ça avec impatience, parce que Korkos il fait ça bien.
Merci pour ce témoignage. Je voudrai ajouter que ce drame affreux peut être le moment de tendre la main à tous nos amis et compatriotes musulmants qui se moquent des caricatures, qui détestent les fous de dieu, et qui n'ont que le projet de vivre ensemble. Que de décénies perdues pour la france et le magreb pour faire vivre et rendre visible un lien entre l'europe et l'afrique, un pont démocratique nourri de l'école républicaine et des libertées , en gros l'exact opposé du projet d'al quaida, de dick cheney du FN et des monarchies pétrolières...
Mes voeux de 2015 vont pour qu'une chaleureuse fraternité se développe l'endroit où le fous rêvent de créer une guerre.
Daniel vous pouvez peut être poser la lumière de votre site sur les personnes qui l'incarne. Par exemple, même d'une manière très oblique par rapport au drame qui nous occupe,et j'aime que ce soit de cette façon, je suis vraiment heureux que Pierre Rabhi a été mentionné ici, il réprésente un exemple de cette fraternité que j'appele de mes voeux.
Merci
Mes voeux de 2015 vont pour qu'une chaleureuse fraternité se développe l'endroit où le fous rêvent de créer une guerre.
Daniel vous pouvez peut être poser la lumière de votre site sur les personnes qui l'incarne. Par exemple, même d'une manière très oblique par rapport au drame qui nous occupe,et j'aime que ce soit de cette façon, je suis vraiment heureux que Pierre Rabhi a été mentionné ici, il réprésente un exemple de cette fraternité que j'appele de mes voeux.
Merci
Au moins cette unanimité a le mérite de rassembler autour de valeurs positives et humanistes.
Je crois qu'Arrêt sur images fête ses 20 ans ce mois-ci. Et sa mission me semble désormais hyper claire, vu le contexte de guerre, et pour mieux organiser la résistance face à ces ennemis : faire en sorte que ces valeurs perdurent, et ne plus accorder de concession, ou de parole, à tous ceux qui, par leurs écrits, leurs soutiens, leurs actions parfois contestables, instaurent un climat bizarroïde.
Je crois qu'Arrêt sur images fête ses 20 ans ce mois-ci. Et sa mission me semble désormais hyper claire, vu le contexte de guerre, et pour mieux organiser la résistance face à ces ennemis : faire en sorte que ces valeurs perdurent, et ne plus accorder de concession, ou de parole, à tous ceux qui, par leurs écrits, leurs soutiens, leurs actions parfois contestables, instaurent un climat bizarroïde.
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J'ai pleuré avec P Val, j'ai pleuré avec Peloux et je pleure avec vous Daniel, Merci de si bien l'exprimer pour nous tous.
Un copain écrivain, à qui Wolinski avait fait une couverture, s'est exprimé sur mon blogue (il n'en a pas, ça le barbe) :
https://alabergerie.wordpress.com/2015/01/08/georges/
https://alabergerie.wordpress.com/2015/01/08/georges/
Étrange ce matin de ne retrouver l'humour Charlie que sur des sites comme celui-ci.... Perso, je ne comprends plus rien, je dois être victime de dissonance cognitive. En tombant sur ce dessin me sont revenus à l'esprit les mois écoulés et les polémiques pas si anciennes finalement sur les limites de la liberté d'expression des humoristes....ça a relativisé (un peu) le concert des pleureuses en flot ininterrompu qui se déverse dans mes oreilles depuis 24H. On est tous Charlie...ou pas.
Bonjour
Je suis très mal à l'aise.
Je me retrouve dans une ambiance semblable à celle d'entre les 2 tours de la présidentielle de 2002 où une manifestation spontanée et innombrable s'était dressée contre la présence du FHaine dans cette élection. Un bel élan et…… 13 ans après le FHaine a pignon sur rue.
Je trouve qu'en souhaitant des rassemblements par principe hétéroclites on donne trop d'importance à des actes de gangsters mafieux (comme l'a dit D. Siffert hier soir) relevant du droit commun. Et c'est ce qu'ils recherchent. On trouve des gangsters dans toutes les religions.
Mon combat contre la barbarie et l'illégalité restera incessant et journalier et non de circonstance.
Je suis très mal à l'aise.
Je me retrouve dans une ambiance semblable à celle d'entre les 2 tours de la présidentielle de 2002 où une manifestation spontanée et innombrable s'était dressée contre la présence du FHaine dans cette élection. Un bel élan et…… 13 ans après le FHaine a pignon sur rue.
Je trouve qu'en souhaitant des rassemblements par principe hétéroclites on donne trop d'importance à des actes de gangsters mafieux (comme l'a dit D. Siffert hier soir) relevant du droit commun. Et c'est ce qu'ils recherchent. On trouve des gangsters dans toutes les religions.
Mon combat contre la barbarie et l'illégalité restera incessant et journalier et non de circonstance.
Je suis née dans les années 70. Vos années bénies... Et dans la soirée hommage d'hier diffusée par Médiapart, on voyait très bien la différence (abyssale il me semble) entre votre génération et les trentenaires ou quadra pour lesquels Cabu signifiait "Récré A2".Nous, cette (soit-disant) belle époque, nous ne l'avons pas connue. Mon premier souvenir politique était: "touche pas à mon pote!" Ca veut dire que "ce pote" était bel et bien menacé. C'est ça ma jeunesse! L'antiracisme! Raz le front etc. Vous voyez, on est loin d'avoir les mêmes souvenirs. Vos mythiques années 70, les années Giscard, elles sont ennterrées depuis lontemps. Ensuite, il y a eu mai 81 et la victoire de la "gauche"...
Hier,
Après un commentaire sur Houellebec, j'ai préféré le silence.
J'ai lu tous les posts sur @SI, j'ai écouté l'émission spéciale sur Médiapart, j'ai écouté l'inteview d'Edwy Plenel à C à Vous du 6 janvier2015...
J'ai dormi dans ma campagne profonde.
Ce matin, dans ma collection (vieux abonné à Charlie) j'ai relu après son interdiction le numéro 1 du lundi 23 Novembre 1970.
Couverture: " Il n'y a pas de censure enFrance" avec un dessin dans lequel un aveugle dit: " Liberté de la presse? vaut mieux entendre ça que d'être sourd!
"https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=zZT-4bleAkU
J'ai arrêté mon abonnement en Nov 1978...ce n'était plus ça.
J'étais abonné avant à l'Hedo Hara-Kiri.
Aujourd'hui je me dis:
Comment être étonné, au sens philosophique du terme, avec Socrate, que la bête immonde qu'avec cynisme nous avons aider à créer pour des raisons bien mercantiles n'est plus maîtrisable, nous échappe, nous a échappé et que, pour des calculs tout autant ignobles, nous coninuons à alimenter?
Je ne suis sûr de rien et avant de débattre avec d'autres je me débats avec moi-même sans auto-flagellation.
Après un commentaire sur Houellebec, j'ai préféré le silence.
J'ai lu tous les posts sur @SI, j'ai écouté l'émission spéciale sur Médiapart, j'ai écouté l'inteview d'Edwy Plenel à C à Vous du 6 janvier2015...
J'ai dormi dans ma campagne profonde.
Ce matin, dans ma collection (vieux abonné à Charlie) j'ai relu après son interdiction le numéro 1 du lundi 23 Novembre 1970.
Couverture: " Il n'y a pas de censure enFrance" avec un dessin dans lequel un aveugle dit: " Liberté de la presse? vaut mieux entendre ça que d'être sourd!
"https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=zZT-4bleAkU
J'ai arrêté mon abonnement en Nov 1978...ce n'était plus ça.
J'étais abonné avant à l'Hedo Hara-Kiri.
Aujourd'hui je me dis:
Comment être étonné, au sens philosophique du terme, avec Socrate, que la bête immonde qu'avec cynisme nous avons aider à créer pour des raisons bien mercantiles n'est plus maîtrisable, nous échappe, nous a échappé et que, pour des calculs tout autant ignobles, nous coninuons à alimenter?
Je ne suis sûr de rien et avant de débattre avec d'autres je me débats avec moi-même sans auto-flagellation.
Bernard Langlois (fondateur de "Politis") a twitté :
«Je ne sais plus qui disait en parlant de Giscard: "il ne sait pas que l'Histoire est tragique." On peut le dire d'une majorité de Français.»
Le drame que nous venons de vivre ( qui nous donne le sentiment d'avoir d'avoir perdu des proches) rappellera peut-être à ceux qui l'ont oublié que des milliers de personnes dans le monde vivent quotidiennement ou presque la même tragédie (en Syrie, en Irak et ailleurs), souvent à cause du cynisme des privilégiés que nous sommes.
Nous n'avons pas connu la guerre sur leur territoire depuis (trop ?) longtemps et nous nous foutons éperdument de ce qui se passe ailleurs. Les commentaires qu'on a pu lire hier sur les forums d'@si frisaient parfois l'indécence.
«Je ne sais plus qui disait en parlant de Giscard: "il ne sait pas que l'Histoire est tragique." On peut le dire d'une majorité de Français.»
Le drame que nous venons de vivre ( qui nous donne le sentiment d'avoir d'avoir perdu des proches) rappellera peut-être à ceux qui l'ont oublié que des milliers de personnes dans le monde vivent quotidiennement ou presque la même tragédie (en Syrie, en Irak et ailleurs), souvent à cause du cynisme des privilégiés que nous sommes.
Nous n'avons pas connu la guerre sur leur territoire depuis (trop ?) longtemps et nous nous foutons éperdument de ce qui se passe ailleurs. Les commentaires qu'on a pu lire hier sur les forums d'@si frisaient parfois l'indécence.
À lire sur Acrimed également:
http://www.acrimed.org/article4541.html
Et dans le monde, ailleurs:
http://www.dailymotion.com/video/x2e8g6c_hommage-mondial-pour-charlie-hebdo_news
http://www.acrimed.org/article4541.html
Et dans le monde, ailleurs:
http://www.dailymotion.com/video/x2e8g6c_hommage-mondial-pour-charlie-hebdo_news
Et Marine qui réclame le retour de la peine de mort.
Charognarde.
Charognarde.
Même pas. Politicienne opportuniste sans états d'âme. Sinon, probablement l'avidité pour cette récupération possible qui vient combler une bonne partie de ses voeux.
Personnellement, j'en voie d'autres pour qui ce drame pourrait bien être une aubaine...
et je les entends.
et je les entends.
Dans la solidarité lacrymale également cher Daniel.
J'étais à la République hier et n'ai pas pu suivre votre émission en direct. Est-elle visible quelque part, en différé ?
J'étais à la République hier et n'ai pas pu suivre votre émission en direct. Est-elle visible quelque part, en différé ?
Merci cher Daniel, moi aussi j'ai pleuré.
Désolé mais je me refuse à l’unanimité avec les gens qui nous gouvernent, l’impression d’un retour à la chanson de Souchon, Foule sentimentale...
Valls, se retranche derrière l’absence de risque zéro, n’empêche, un journal censé être protégé ne l’a pas été, pourquoi ?
Valls, se retranche derrière l’absence de risque zéro, n’empêche, un journal censé être protégé ne l’a pas été, pourquoi ?
Cher Daniel S.
"Voilà qu'on se surprend soudain à pleurer avec Val, quand il pleure ses copains de Charlie."
Exactement... !!!
Merci pour ce texte...
Larmes partagées.
"Voilà qu'on se surprend soudain à pleurer avec Val, quand il pleure ses copains de Charlie."
Exactement... !!!
Merci pour ce texte...
Larmes partagées.