Ceci est-il un acteur ?
Quelque chose de notable s’est produit cette année, entre la sortie de La Planète des singes les origines et celle des Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne. La presse internationale a décidé de traiter ces deux films en évoquant... les comédiens qui en incarnaient les rôles principaux. Ce pourrait être le B.A.BA de la chronique de films mais, dans le cas d’œuvres tournées en performance capture, cette évocation est exceptionnelle. Pourquoi une partie de la critique et du public restent-ils réfractaires à cette méthode de fabrication ? Pourquoi souhaite-t-on "voir le visage des acteurs" avant d'appréhender leur performance ?
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Derniers commentaires
Votre rubrique, marquante pour un cinéphile amateur et très (trop) épisodique tel que moi, m'incite à vous dire ce que je pense depuis très longtemps; votre rubrique manque d'émissions avec des vrais gens.
Votre première que j'avais adorée, manque d'une suite régulière.
Un sujet tel que celui-ci mériterait au moins une émission trimestrielle avec extrait et tout et tout le toutim'
Là, c'est frustrant...
Lionel.
Intéressant intellectuellement, mais où est la chaleur dans tout ça, la présence des corps ? C'est comme si on les mettait sous film, sous préso, estompés, asexués aussi pour les rendre plus neutres et plus compatibles au standard international (performances d'acteur, histoire vraie, émotions, musique, morale et guimauve)...
Adieu cinéma, en route vers le spectacle total, totalement sous contrôle, plus d'erreur, zéro défaut, on a comblé tous les interstices...
Article très intéressant, et très dense, comme d'habitude, merci ASI
C'est clair que les textes de Rafik sont emprunts d'un ton bien particulier, je pense construit dans la culture du geek qui a sempiternellement été ostracisé par les médias grand publics. Rafik fut, comme tant d'autres, biberonné à ces affirmations : "Spielberg est un amuseur sans plus" ; "La SF c'est pour les ados retardés" ; "L'animation c'est pour les enfants" ; "Le cinéma hollywoodien fait du bon divertissement mais qualitativement par rapport au Cinéma c'est ce que le pâté est au foie gras" ; "l'horreur est un sous-genre à la limite de la pornographie".
Grandir dans ce contexte ça forme un style d'écriture et ça change ses perspectives. Il y a une génération Mad Movies qui rongeait son frein que ce qu'elle aime soit systématiquement méprisé et discrédité dans les médias mainstream et qui prend son pied au renversement de valeur que nous vivons. Maintenant que Peter Jackson est adulé, Spielberg encensé, qu'on reconnaît au cinéma hollywoodien de parfois produire du "cinéma de qualité" avec du sens, et ce y compris chez Télérama, dans les cahiers du Cinéma ou sur TF1, un second combat débute. Tenter de faire comprendre les "bonnes" raisons pour lesquelles ces réalisateurs/genres cinématographiques sont maintenant acceptés. Parce que dans la grande presse "Avatar" n'était pas admirable car une révolution de mise en scène mais "le film le plus cher de tous les temps". Spielberg est devenu fréquentable parce que "La liste de Schnidler" et "Munich" (pas parce que c'est un des meilleurs metteurs en scène du monde, non parce qu'il a fait des films sérieux). En passant je n'épouse pas forcément les thèses sur "Avatar" bouse ou chef d’œuvre révolutionnaire, ou Spielberg faiseur ou génie, j'explicite juste selon moi les enjeux qui meuvent Rafik.
Alors y'en a qui trouvent que ce ton militant "les bons et les méchants" ça fait trop, mais je pense que contrairement à certains ici qui pensent que le "cinéma de Rafik" a gagné et qu'il est inutile d'en remettre une couche, lui pense que ce cinéma est en train de triompher dans les médias mainstream mais pour les mauvaises raisons. Et il tente de montrer ce que sont les bonnes selon lui, du haut de son antériorité dans l'étude du thème, c'est vrai. Mais avoir été le premier à comprendre et étudier des choses, ça peut permettre sans qu'on pousse les hauts cris à donner des avis un peu plus autorisés non ? Enfin moi je le pense.
Pour finir, y'a aussi beaucoup une question de ton chez ses contradicteurs. Djac dit pas que des fausses choses mais c'est dit sur un ton agressif, revanchard, qui fait qu'on se demande ce que Rafik lui a fait dans une autre vie. Je me souviens du légendaire topic sur la musique de films. C'est vrai que l'analyse de Rafik était légère sur l'influence wagnérienne et faisait un peu feu de tous bois pour coller à la thèse austro-hongroise (en oubliant des compositeurs américains essentiels). Moi j'aurais été à la place de Djac avec ses connaissances, j'aurais dit dans le forum que je pensais que le texte de Rafik passait sous silence des points essentiels à mon sens comme Wagner, l'influence des compositeurs US (comment il s'appelle déjà le grand avec sa méthode ? Newman je crois ?) et que je trouvais donc son argumentation incomplète. Ouverture à la discussion féconde possible. Mais non, Djac arrive avec le bazooka de son fiel et noie toute possibilité d'échanges. C'est bien triste.
C'est pas la même chose de dire à quelqu'un (je grossis le trait) "Vous faites chier à nous parler de vos sales films commerciaux dont on parle déjà partout, espèce de geek" ou "Pourquoi vous concentrez-vous sur ces types de film et ne pourriez-vous pas aborder d'autres genres d'autres pays ?"
Attention : c'est costaud.
http://gizmo-inc.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=236%3Adossier-tintin&catid=37%3Adossiers&Itemid=62
IT, malgré une vision me semble-t-il assez étroite de l'"objet" cinéma, a raison de noter que : "Le genre dans lequel se complait Rafik Djoumi sur @si est contre-productif sur tous les plans. Idéologiquement, il ne convainc pas (d'autres que les préconvaincus), et factuellement il informe peu parce que ses composantes objectives sont trop mêlées de ses efforts idéologiques, ce qui a tendance à les faire partir avec l'eau du bain."
Sinon, continuer à discuter cinéma dans un cadre quasi-strictement hollywoodien, à un moment où Hollywood connaît une crise de créativité sans précédent (et, les salles américaines une chute de la fréquentation tout aussi crisesque) me semble à côté de la plaque, encore plus aujourd'hui qu'au moment des précédentes chroniques, performance (de Tintin qui) capture (Milou) ou pas.
Heureux également de revoir les coqs de basse cours, repartir à la bataille des citations, sortant les phrases de leurs contextes et modifiants leurs sens pour mieux soutenir leur propres discours. ( ils se reconnaîtront ;) .
Pour ma part, après lecture de la dite chroniques, ainsi que des liens donnés, voilà ce que j'en ai retiré :
- la performance capture n'est pas une technique a proprement parlé, mais plutôt une méthode de travail, dans ce cas le nom de Cinéma Virtuel lui convient mieux.
- Cette méthode remet au coeur du processus le jeu du comédien, le débarrassant ( lui et son metteur en scène) de tous les aléas techniques d'un véritable tournage. Il peut alors livrer l’entièreté de son jeu sans entraves, guidé par son metteur en scène, et son imagination. ( soit le métier d'acteur). Il donne alors ( en jouant les scène pas séquences, voir plus, sans entraves) son jeu vrai, on s'approche alors de la perfection du cinéma vérité.
- Pour vous le blocage s'effectue au niveau dans la disparition de la représentation de l'acteur photochimique, et donc dans la sacralisation de ce trucage au profit d'un autre trucage ( qui se révéle en tant que trucage).
- Et surtout cette nouvelle technologie, méthode , permet à son metteur en scène d'être totalement libre avec son outil créatif, et après vision du Tintin de Spielberg, je garde en mémoire cet hallucinant plan séquence de course poursuite, qui est quelque chose , je crois bien, de totalement nouveau au cinéma, quelque chose de jamais vu, et possible, je pense bien, que seulement avec cette technique.
Cette technique ouvre donc de nouveau horizon de narration , une autre façon de raconter des histoires, une liberté créative jamais atteinte auparavant.
- Enfin, cette technique vieille de seulement de 7 ans est en constante évolution, il n' y a qu'à voir les améliorations entre le Pôle Express et Tintin. Et il est de mon avis que les petites caméras situés devant les acteurs disparaîtront bientôt, laissant ainsi vraiment toute latéralité au metteur en scène et ses acteurs ( je fais là référence à la scène du baiser dans Avatar, qui est en réalité en grande partie animé, les acteurs étant gênés par les caméras ?
De plus, elle est malléable, s'adaptant aux désiratas de chaque réalisateur ( les aménagements effectués pour Spielberg, sur son Tintin).
C'est pourquoi au vu des ces très claires explications j'ai du mal à comprendre encore l'incompréhension de certains face à cette nouvelle méthode. A moins bien évidemment que ce ne soit à cause du sujet de votre chronique, cette peur de voir disparaître nos nouveaux idoles photochimiques, nos stars, associé à leur représentation dans la Pub, qui nous les érigent comme modèles. Dans ce cas , peut on vraiment penser que le cinéma/monde de demain est prêt à voir disparaître cette représentation photochimique ?
Ce qui est amusant, c'est que la rotoscopie est depuis toujours accusée de n'être pas de la vraie animation (malgrè son aspect dessin).
C'est donc l'inverse de la mocap (ou performance capture), qui est accusée, elle, de n'être pas de la réalité (malgrè son aspect réaliste).
Je suis sûr que ce débat pourra durer encore longtemps, vu que ses techniques se trouvent toutes deux, entre l'animation et la réalité.
Aïe, cela commence mal, peu importe les noms des dits réalisateurs, je ne savais même pas qu'il existait une telle liste objective...
Ah bon, me susurre-t-on à l'oreille, ce sont avant tout et surtout les plus grands cinéastes selon Rafik...
Ben alors, il suffit de le préciser, qu'on n'ait pas un doute et surtout que nos poils ne se hérissent pas à lire cette liste-là.
""C’est donc bien la totalité des métiers du cinéma qui risque d’être bouleversée par cette nouvelle approche de la conception d’un film, un constat aussi exaltant qu’effrayant, dressé par Zemeckis"
Nuançons, la totalité des films qui peuvent se payer cette technique et qui en ont besoin, les autres pourront, j'espère, continuer à faire du cinéma également passionnant en noir et blanc, muet, en dessin animé, en caméra fixe, etc...
"Je ne crois pas que Zemeckis ambitionnait de faire ici un grand film mais plutôt un grand pas. Et le grand budget de ce film familial pour fêtes de Noël lui en offrait les moyens." [...]"ce film-prototype "
C'est bien gentil de sa part, seulement, nous ne sommes pas ses cobayes, il y a le pub pour avoir du fric et tester des techniques. Donc, oui, en dépit de la partie expérimentation qui ne passionne que les geeks, nous autres, nous avons parfaitement le droit de trouver ce film merdique et de ne pas nous enthousiasmer pour la promesse lointaine qu'il fait naître.
Un jour prochain, j'aimerai et ajouterai probablement un film réalisé ainsi à mon panthéon, comme j'aime déjà des films réalisés sans son (et Dalila :P), sans couleur, sans mouvement de caméra, sans acteur, etc...
Bref, ce qui fait que je l'aimerai ne tiendra pas tant à la technique qu'à ce que j'y trouverai. C'est valable pour le cinéma, la musique, la bande dessinée, la littérature, etc...
"un groupe de cinéastes, et pas des moindres"
Tiens, Rafik recommence avec sa subjectivité noyée en objectivité...
Il était pourtant simple de dire, selon moi, peu importe que vous soyez des millions à l'échelle de la planète, cela reste votre jugement.
"le succès pourtant démesuré d’Avatar n’a que très sensiblement diminué cette défiance. On continue à croiser régulièrement des avis qui estiment que ces œuvres auraient pu et du être faites autrement."
Ben wouai, cela aurait été un autre film, évidemment (on ne peut changer la donne et rester le même), mais personne ne peut présager de sa réussite artistique ou commerciale, sauf à avoir des a priori invérifiable, puisque nous tous sommes ici et uniquement ici et n'avons pas une autre réalité qui pourrait nous servir de point de comparaison.
"ces cinéastes talentueux "
Et de trois dans la même chronique... Que je juge ou que beaucoup jugent, s.v.p.
Merci d'avance.
"Assez curieusement, tandis que la publicité s’autorisait très fréquemment à ressusciter les cadavres (Marilyn pour Chanel, Steve McQueen pour la Ford Puma, Elvis pour Pizza Hut etc.) c’est vers le cinéma que les soupçons de clonage se portaient en masse. "
Ben wouai, aussi étonnant cela puisse vous paraître Rafik, beaucoup d'entre nous n'attendent rien de la publicité, elle peut donc s'autoriser toutes les expérimentations, le mauvais ou bon goût qu'elle peut ou veut, elle reste de la publicité, ce qui nous envahit, nous investit et c'est pourquoi, beaucoup d'entre nous n'ont aucunement les mêmes attentes envers un film pour lequel ils s'investissent.
Il faut vraiment supprimer le fond et n'en rester qu'à la technique pour que publicité et cinéma soient mis sur le même plan. Peu importe qu'on retrouve les mêmes réalisateurs, acteurs et techniques ici et là. La finalité, cela compte également en matière de cinéma, sinon parlons de la façon dont est filmé un match de foot, un grand prix de formule 1, un reportage dans la rubrique cinéma de ce site, puisqu'on en est là.
"on ne peut PAS remplacer les comédiens et cela ne servirait à RIEN."
Bien sûr que si, on le pourra, dès lors qu'une base de donnée virtuelle des mouvements du corps et du visage sera élaborée à partir d'une multitude de captation d'être humain, pas nécessairement acteurs, et à partir de là, fini les cachés mirobolants, les caprices de star, les tournages fastidieux, le vieillissement, la non ubiquité des acteurs.... Une grosse bécane et hop. La preuve, on l'a déjà fait avec les dinosaures, qu'on n'emploie plus depuis 65 millions d'années au cinéma, vous ferai-je remarquer. :P
Certes, ce n'est pas pour demain matin pour les humains, mais c'est en marche à partir de ces ingrédients dont ceux-là même qui les fabriquent tentent de nous faire croire que les acteurs sont au cœur de leur projet...
Pour ma part, je m'en fous totalement, j'aime le dessin animé et l'animation en général qu'il y ait un acteur derrière ou non. Métal Hurlant, au début des années 80, se servait déjà de mouvement captés sur des acteurs pour l'élaboration des dessins, je crois me souvenir, et je ne me préoccupais pas de savoir si l'actrice qui jouait dans le dernier chapitre était désirable ou pas, nue avec des grandes bottes ou pas, adolescent, j'ai noté avec surprise que la transposition imagée suffisait à m'émouvoir. :P
Je suis certain que cela se reproduira avec la perfcap, un jour ou l'autre.
"ce malentendu est une des raisons probables du blocage."
Non, je ne pense pas qu'il y ait le moindre blocage, c'est un a priori que vous avez Rafik.
Le rejet tient probablement (en tout cas, pour moi, c'est certain) surtout à la qualité artistique de l’œuvre, ne vous en déplaise.
Akira, le dessin animé, a-t-il été réalisé en perfcap ? Évidemment pas, mais si cela avait été le cas, il aurait pu être aussi bon.
Le jour où un film réalisé ainsi bluffera au delà de la niche technophile, le pari sera gagné. D'aucuns disent que c'est Avatar... j'attends les prochains pour ma part, sans impatience, mais sans a priori, je m'en moque, là n'est pas une question pertinente dans mon rapport au cinéma. Peu m'importe la technique, c'est ce que cela raconte qui prime et contrairement à ce que vous martelez depuis vos premières chroniques, fond et forme peuvent se dissocier à l'infini, il n'y a pas de rapport nécessaire entre les deux.
"Ces conventions, selon lesquelles un acteur était celui qui portait le masque, pouvaient sembler établies. La performance capture révèle au contraire, à travers les résistances qu'elle génère, la puissance de l'illusion."
Tout cela à partir de truc glaner à des avants premières de journaliste, et pourquoi pas en écoutant l'avis de ma grande tante...
C'est un peu léger pour soutenir votre thèse.
Personnellement, cela m'indiffère que cela soit soit Ang Lee qui fasse les mouvements de son Hulk, c'est le personnage de Hulk qui peut m'interpeller ou non. L'acteur réel n'est qu'une image (enfin, des images), comme vous dites. Et je ne dois pas être le seul à considérer la chose ainsi, puisque nombre de spectateurs ont dans leur imaginaire autre chose que des acteurs, des faons, des lions, des chiens, des robots, et une multitude d'être plus ou moins anthropomorphiques. Ce qui démontre amplement que le blocage avec la perfcap n'est qu'une illusion, une méprise qui passera très vite, dès qu'une réalisation tiendra la distance. Là est le véritable blocage pour nombre de spectateurs, j'imagine, contrairement à vous, qui préférez voir un blocage technophobe, là où il s'agit de remettre en cause uniquement la finalité.
yG
Je ne vois pas trop la pertinence de cet article du coup. On ne pourra jamais enlever le fait de pur bon sens qui est que si on reconnaît Kate Winslet après Titanic c'est parce qu'on a vu son visage pendant deux heures et demi à l'écran et que si on ne reconnaît pas Zoé Saldana après Avatar c'est parce qu'on ne l'a pas vu. Et de fait le visage de Kate Winslet nous "parlera" toujours plus qu'un visage reconstitué dont on a pu modifier l'expression de l'émotion d'ailleurs.
Sinon dans ces cas là on peut aussi parler des doublures et des cascadeurs dans les films traditionnels. Quand une doublure ou un cascadeur remplace un acteur on lui demande que son visage ne soit pas reconnu. Or à ce moment là ce n'est pas l'acteur qui incarne le personnage donc ce n'est pas lui qui fait le job. On peut aussi militer pour que les acteurs n'ait plus le droit de se faire doubler sinon c'est dégueulasse pour les doublures et les cascadeurs qui ne sont jamais starifiés, jamais reconnus, jamais interviewés, qui n'ont jamais d'oscars etc etc etc.
Pour moi c'est stérile tout comme l'argument sur James Dean. Peu importe qu'il soit mort ou non, c'est SON VISAGE qu'on voit. On sait que c'est lui. Point.
PS : Mes yeux n'ont pas vu Andy Serkis dans Tintin et si on m'avait pas dit que c'était lui le capitaine Haddock je l'aurais jamais su. ça n'enlève rien à la qualité de son travail.
http://www.youtube.com/watch?v=Wexpfb9O0lg
En préambule, forcée de dire que je n'ai pas lu la chronique. C'est pas de ma faute.
Mais j'aime bien lire le forum.
La question de l'intérêt du vrai acteur, il semble qu'elle a été réglée un jour.
Le markéting n'est pas dans le choix de prendre un comédien bancable, pas plus que dans un autre film en tout cas, mais dans le choix de la critique de nous vendre le pittoresque de la fabrication. Et ce n'est pas nouveau. Le making off de ces dessins animés est souvent exposé: le clip de M "la bonne étoile" je crois me souvenir et le clip de Fersen "deux pieds" http://www.dailymotion.com/video/x5b8r_thomas-fersen-deux-pieds_music par exemple.
Pas très nouveau.
On voit l'intérêt d'utiliser un comédien, un vrai: le réalisme des proportions avec un minimum de trait dans le dessin, le réalisme du mouvement en gommant les saccades. Une simplification stylisante tout en gardant un maximum de reconnaissance de la réalité et de la physionomie corporelle, ou même de celle du visage. On est plus ou moins physionomiste, on va être plus ou moins sensible à la présence du vrai comédien derrière le personnage du dessin animé.
Sinon le jour où ils donneront un oscar du meilleur acteur à Tintin dans le film de Spielberg, on en recausera.
C'est du même ordre qu'Astérix au musée Grévin...
J'ai rien compris, hein? Alors c'est le forum qu'est pas raccord avec la chronique!
http://www.noob.us/humor/south-park-lucas-and-spielberg-rape-indiana-jones/
La dernière émission de Rafik frôlait le bitume et cet article confirme cet inquiétant rasage de pâquerettes.
@suri. aborde la question cinéma sous l'angle réducteur et consensuel de Rafik, qui affectionne le cinéma de la pensée unique, hollywoodien, vide de sens et déà surmédiatisé.
Vivement des chroniques ciné à la hauteur des chroniques littéraires de Judith.
Ok Zemekis a ptéte un côté précurseur techniquement... Bon Ouah super le scoop trop passionnant.
Sans être un ennemi invétéré de l'imagerie ricaine (ennemi peut-être, invétéré non), franchement on a les dents du fond qui baigne déjà suffisamment pour que Rafik ne se donne pas la peine d'en rajouter...
Et l'imagerie sophistiquée se trouve aussi en dehors d'Hollywood : Imamura, Fellini... 8 1/2 peut être vu 100 fois avec surprise avec un oeil du technicien.
Pas de chance, Rafik reviendra probablement bientôt pour nous vanter les mérites d'un énième film à la con comme “Drive".
Une des principales conquêtes de la modernité au cinéma a été justement l'immobilité de l'acteur : plus besoin pour lui de gesticuler, il lui suffit d'être là, de respirer, de regarder. L'expérience de Mosjoukine (Koulechov), utilisant le même plan d'un visage neutre dans différents montages, l'illustre à sa manière.
Précisons : le cinéma ne requiert pas une image fixe du visage de l'acteur (une image arrêtée au montage, que le spectateur identifierait immédiatement comme telle), mais bel et bien son visage en mouvement imperceptible, vivant, présent (selon l'illusion de la permanence rétinienne 24 images par seconde, certes).
Deleuze dit assez bien que le visage de l'acteur est à la fois "surface réfléchissante" et dotée de "micro-mouvements intensifs", à l'instar d'une horloge avec ses aiguilles, dont certaines bougent sans qu'on les voie, dont d'autres tressautent de façon minimale. Or il semble que justement, dans la technique de perf capture, si le visage de l'acteur est mis en jeu en tant qu'organe ou appendice, ses propriétés de "réflexion" (réflexion interne, et de la lumière - cinéma, art de la lumière?) et de "micro-mouvements" (si infimes qu'il peut ne s'agir que de respiration, d'immobilité filmée) disparaissent derrière une création numérique qui se doit d'entrer en action, une "pelure", une décalcomanie... Un masque à sa manière, d'accord.
Or pour reprendre cet argument du masque (chez Rafik), il se trouve justement que les acteurs de théâtre qui emploient la technique traditionnelle du masque de Commedia doivent absolument être "surdosés" en énergie interne et externe : rouler des yeux, tirer la langue, etc. pour faire vivre leur personnage à travers, et par le truchement du masque. Le masque ne suffit pas.
En cela, peut-être que la perf capture nous fait plutôt revenir à des temps plus anciens du cinéma, plus expressionnistes.
Ces critères de jeu, de visage ne s'appliquent pas à l'animation traditionnelle (s'il faut en parler), puisqu'elle ne met pas en jeu le corps du comédien, se moque du photoréalisme et cherche une autre stylisation.
Autrefois, les acteurs jouaient (la comédie). Ils interprétaient (des rôles).
Aujourd'hui, ils font des perrformances.
Demain, sans doute, ils performeront.
Mais c'est à croire que vous n'avez pas lu le titre de cette chronique :
"Ceci est-il un acteur ?"
La question n'est pas de savoir si un film en motion capture ("emotion capture ?") est bien ou pas bien, mais plutôt de comprendre pourquoi on oublie l'acteur derrière le film. La chronique soulève plus d'un point intéressant, par exemple sur les raisons de l'utilisation de cette techno par Zemeckis, et les questions comme "qu'est-ce qu'un acteur ?" et surtout "pourquoi les media refusent d'admettre que le motion capture, ça reste du cinéma" méritent d'être probablement posées.
Et je pense que M. Djoumi l'a très bien fait. Il a pas non plus écrit un roman dessus (c'est pas le but), mais il présente des arguments intéressants à mon goût. Maintenant, on doit pouvoir certainement discuter sans lui cracher dessus pour ne pas avoir été exhaustif ou parce qu'il ne représente pas *VOTRE* vision du cinéma en motion capture.
(PS : perso, j'ai pas apprécié plus que ça Avatar, et je ne suis pas un dingue du procédé.)
Curieuse remarque pour un artice qui aborde justement le cinéma sous l'angle : historique, esthétique, sociologique....
C'est une sorte d'ersatz d'acteur, mais certainement pas 100% de l'acteur, ça non.
J'ai un peu le même problème avec le doublage, que quelqu'un à évoqué plus haut, d'ailleurs. Pour moi un acteur sans sa voix est un acteur "tronqué", avec la généralisation de la VO j'ai de moins en moins de tolérance aux doublages.
La magie d'un acteur, c'est une alchimie extrêmement complexe entre ses expressions, sa voix, ses mouvements (pour ne pas dire "body language" vu qu'il y a pas mal de franglais déjà dans ce post).
Un maquillage extrême peut aussi bien distraire. Je pense qu'en cherchant un peu plus on pourrait trouver des commentaires de gens gênés par un masque où un "vieillissement" excessif d'un acteur.
En fait effectivement il aurait surtout fallu parler de l'uncanny valley, qui est à mon avis l'autre grande raison pour laquelle les gens rejettent la motion capture.
Je ne crois pas qu'on se plaignait autrefois des Disney entièrement animés à la main. C'est ce statut "hybride", ni animé, ni humain, qui est à la fois assez flippant pour beaucoup de gens, et pas très convaincant.
Il y a aussi une autre critique que j'ai lue en anglais (désolée) et qui critique Tintin en le comparant à Indiana Jones.
L'argument de l'auteur est que le côté "plastique" et surtout entièrement contrôlé de la motion capture enlève une grande partie de la dimension humaine, et surtout, rend impossible les "accidents" et improvisations qui ont parfois créé certaines des scènes cultes d'Indiana Jones (elle parle notamment de la scène où un ennemi menaçant gesticule avec son sabre en s'approchant d'Indy, qui se contente de sortir son pistolet et de le descendre tranquillement).
The Flick Philosopher - Raiders of a Past Flick
Après, j'ai bien aimé Tintin. Et pour moi Gollum reste un personnage inoubliable, qui n'aurait pas pu être mis à l'écran autrement de toute manière... Ca ne me serait pas paru du tout anormal que Serkis puisse avoir un Oscar.
Mais bon la réflexion menée ici, qui semble suggérer que les spectateurs ayant un problème avec la motion capture s'appuieraient sur des raisons incohérentes (par ex en ne se rendant pas compte que "les acteurs" ne sont jamais devant eux...), me paraît un peu tirée par les cheveux, et j'ai l'impression qu'elle passe à côté des raisons les plus évidentes.
Mais sans doute sont-ce des techniques qui peuvent révolutionner certains genres cinématographiques. Pourquoi l'utiliser pourquoi y avoir recours pour un film avec des humains ?
Au-delà, complètement d'accord sur le fait qu'on ne voit jamais vraiment l'acteur ; et la première illusion est la caméra ; l'angle de vue, l'éclairage font l'acteur, choisissent des mouvements, des plans.
Le théâtre joue sur d'autres formes d'illusion. Pas du tout aimé d'ailleurs cette phrase lapidaire du début d'ailleurs : "quel plaisir à jouer comme de vulgaires acteurs de théâtre ?" Elle vient d'où cette idée ?
Il y a sans doute aussi un problème d'identification : sans doute la motion capture permet de s'identifier plus facilement à un dinosaure. Mais on s'identifiera toujours mieux à un être de chair, et le cinéma, en tout cas le cinéma grand public, ne fonctionne pas sur la distanciation, pas du tout.
Je reviens donc sur mon idée de départ : pour des films fantastiques, d'horreur, les effets numériques peuvent sans doute apporter quelque chose.
Pour les autres, je reste sceptique sur l'utilité de ces techniques.
Rafik est de retour !
Mais je pense que j'ai un parti-pris sur la chose. Quand j'ai vu Beowulf (Rappelons que c'est Tolkien, l'auteur du Seigneur des Anneaux, qui a fait l'étude philologique de cette légende nordique et a donné une réelle notoriété à ce mythe), j'ai pensé qu'un nouveau média était en train de naître, et qu'il s'agissait là des prémices de quelque chose de tout-à-fait nouveau. Quelque chose qu'on sentait déjà dans les films de Schwarzy à l'état latent, par exemple dans ceux qui adaptent Philip Kindred Dick.
Honnêtement, c'était raté, aussi obscur que la lecture littérale de l'Illiade, et visuellement pas vraiment réussi, mais totalement novateur.
Ni animation ni réellement film, cet Objet Cinématographique Non Identifié illustrait un poème épique fondateur, et en ce sens, cette nouvelle sorte de cinéma avait trouvé son sujet. Toute la technique s'effaçait devant l'histoire, les personnages, et relatait une épopée dans sa forme nue.
Depuis trente ans, le cinéma de type hollywoodien a recherché les moyens de représenter cinématographiquement ce qui avait explosé dans la deuxième moitié du vingtième siècle, la littérature de fantasy, de fantastique et de science-fiction de space-opera. Le numérique a fait évoluer le genre de façon parfaite : on y croit, et cette dimension uniquement imaginaire du cinéma a formé le goût de dizaines de millions de spectateurs. Et ce qui attirait, c'était la star, telle que Schwarzenegger. Petit à petit, c'est le metteur en scène, et la qualité des effets numériques, qui ont compté, même si le produit d'appel restait souvent l'acteur star.
Peter Jackson a initié la trilogie du Seigneur des anneaux, avec un gigantesque développement du numérique, et avec d'excellents acteurs, qui ne seront pas des stars. Orlando Bloom va se faire voler la starisation même dans Pirate des Caraîbes où il joue William Turner, et où il ne ressemble pas à Legolas. De même que Vigo Mortensen, en roi Aragorn, et Frodon, Elijah Wood, n'ont pas vraiment tiré les bénéfices de rentrée dans le star-system.
Le personnage et l'apparence qu'a créé Orlando Bloom va rester pour toujours une représentation de Legolas Greenleaves, même s'il est bien plus grave et sérieux que le personnage du livre. Et l'acteur va aller vers d'autres aventures cinématographiques, en ayant prouvé qu'il pouvait s'effacer devant la technique et devant le personnage qu'il incarne.
Vous avez bien insisté dans de précédentes chroniques sur le fait qu'Avatar avait les dimensions d'un mythe. Dans cette sorte de mythe, certes le héros est primordial, mais en tant qu'on peut s'identifier à lui. C'est le cheminement qui compte. Quand Frodon va vers la dissolution de l'anneau dans le grand feu, la part « petite » dans chacun de nous fait ce chemin avec lui, peu importe qu'il soit un être de chair ou pas, qui a joué dans cette histoire.
Et je ne me souviens même pas du nom du héros d'Avatar, et encore moins de l'acteur. Que ce soit dans sa dimension humaine ou na'vis.
Le cinéma numérique de nouvelle génération, va d'après moi forcément se détacher du cinéma classique, parce qu'il fonctionne sur d'autres références. Et il emploiera forcément un genre d'acteurs qui n'auront pas la notoriété ni la qualité d'idoles des comédiens des autres films. C'est comme jouer au théâtre ou jouer dans un film ou un téléfilm, c'est différent, mais ça n'enlève rien à la qualité d'acteur. On peut toujours juger qu'une sorte d'acteur est meilleure, mais c'est autre chose.
Et dans ce nouveau cinéma, s'effacer devant le personnage sera primordial.
Dans Tintin, Spielberg se fait plaisir. Il joue à grande échelle avec les plus beaux mouvements cinématographiques des Aventuriers de l'Arche Perdue (qui a pris un grand coup de vieux, c'est passé sur la TNT il y a quelques semaines, au secours !!!!) et de Pirates des Caraïbes, en les renouvelant grâce à la 3D.
Et l'acteur est Tintin. S'effacer devant le personnage a été un peu trop oublié, mais ce cinéma qui tient le haut du pavé actuellement, parce qu'il ne peut être financé que par Hollywood, parce que cela reste du grand spectacle, et que ça demande des finances énormes, va être obligé d'oublier son paradigme de star-system et aller vers autre chose. Et donc deux courants de cinéma vont voir le jour, d'un côté le « classique », avec le star-system, et de l'autre le numérique pur, qui va inventer d'autres sortes d'histoires, mais ses auteurs géniaux sont encore en train de réfléchir et attendent encore chez les scénaristes des mythes aussi fondateurs de l'avenir que peut avoir été le Seigneur des Anneaux.
Avec d'autres acteurs, meilleurs sans doute, mais appréciés d'une façon différente. En tant qu'acteurs de numérique.
Nous sommes dans la mutation, numérique, et cinématographique du film d'imagination et d'action à grand spectacle.
Même le nom de ce nouvel art est encore à trouver, parce que tout le cinéma sera numérique. Et peut-être aussi en 3D. Et on ne pourra plus non plus appeler ça du cinéma.... qui restera à part entière sous sa forme actuelle (mais déjà vieillotte).
Alors je ne suis pas pythie, et je ne sais rien de l'avenir, mais je pense que c'est en train de se dessiner comme cela, et tant mieux parce que j'adore déjà cet art à venir. Et j'attends qu'il me présente des histoires tellement plus denses et intéressantes que de la BD des années 50 et 60, même si Spielberg a eu malgré tout une bonne idée.
Tintin est jubilatoire, mais sans prétention aucune.
J'aimerais qu'il ait plus de prétention. Y compris sur le plan des rôles pour les acteurs. Parce que le personnage de Gollum était parfait dans le Seigneur des Anneaux. Son dégoût de soi et son avidité, son oubli de soi au regard de son addiction, et son reste d'humanité déchue, c'est le rôle le plus impressionnant que j'aie vu ces dernières années.
La perf-cap est un outil fascinant notamment (mais pas seulement) ds sa façon de créer un lien technologiquement schyzophrène entre le live et l'animation mais ça reste un outil ( d'ailleurs le prochain film de Zemeckis est je crois un film live avec Denzel Washington, aurait-il fait le tour de la perf-cap en tant cinéaste?), on a un peu l'impression que pour Djoumi ou Julien Dupuy cette technologie est la seule voie à suivre pour le futur du cinéma parce que cela permet une liberté totale au cinéaste (mais la contrainte technique et humaine peut aussi être un moteur créatif sur un tournage non?)
Concernant les acteurs comme Andy Serkis je pense que ce qui bloque peut-être les gens c'est le fait qu'un ou plusieurs animateurs aient un rôle à jouer ds la restitution de l'interprétation de l'acteur aprés qu'il ait joué une scêne, l'animateur fusionne le personnage et l'expressivité du comedien alors que pour Lon Chaney ou John Hurt une fois maquillé la prise en charge physique du personnage et donc son interprétation n'appartenait quà eux même si le maquillage réduisait leur expréssivité.
... et pourtant cette chronique est l'une de celles de son auteur qui m'a le moins convaincu. J'y ai pourtant trouvé tout un tas d'éclairages intéressants et d'idées enthousiasmantes, mais généralement bientôt suivies d'un "ah oui mais non, quand même" de ma part, face à certains points, hélas souvent cruciaux, de l'argumentation. En particulier en ce qui concerne le statut de l'acteur (alors qu'il s'agit au fond du sujet même de la chronique) qui me semble un peu vite expédié, et dans les considérations assez schématiques sur le métier et son Histoire, et dans celles concernant sa réception par le public. D'une part, il y a quand même eu pas mal d'évolutions, de débats, de transformations qui ont eu lieu entre l'acteur grec antique derrière son masque et la star hollywoodienne actuelle (et M. Djoumi connaît sans doute ça mieux que moi) ! D'autre part, je peux aller voir un film se déroulant au fin fond de la Beauce ou de la Bretagne, ou de la Pologne, ou de la Corée, dont les acteurs sont (ou au minimum me sont) complètement inconnus : je ne vais pas voir des "stars s'incarnant dans un personnage". Et quand bien même je vais (aussi) voir des blockbusters avec des têtes d'affiche prestigieuses, je ne passe pas nécessairement mon temps à comparer l'image de l'acteur dans le film avec l'image de l'acteur à la une de Vanity Fair ou encore l'image prise par un paparazzi ou récupérée d'un téléphone portable....
Le fait est que si je tiens les récentes Aventures de Tintin - pour s'en tenir à ce seul exemple - parmi les plus grandes réussites dans le "genre" de l'adaptation de BD au cinéma, c'est en partie grâce au choix de la performance capture... mais pas pour les raisons vantées dans la chronique. Comme IT un peu plus haut dans ce forum je ne pense pas que cette technologie puisse rendre pleinement compte de toute la complexité et la richesse des signes émis par, disons, un humain capté plus directement (oui, l'image, oui, le maquillage, oui, l'éclairage, mais tout ça reste quand même assez loin du saut représenté par le "masque" numérique) ; non, on n'obtient pas "100% du jeu de l'acteur" comme le dit James Cameron. Mais dans le cas de Tintin ce choix est judicieux parce qu'il permet de trouver un assez juste milieu - et la forme, ici, renvoie au fond, je veux dire côté scénario - entre la copie du trait ultra-stylisé d'Hergé, qui n'aurait pas eu d'intérêt, et le plein "réalisme", qui n'aurait pas eu de sens dans un tel univers. Pour le dire autrement je trouve qu'ici le défaut devient force. De là à y voir une révolution totale du cinéma comme celle que prophétisait l'article cité de Julien Dupuy en 2004, il me semble qu'on en est loin.
C'est celle sur la séance de capture de Tintin.
( http://en.wikipedia.org/wiki/Uncanny_valley )
- passer sous silence les animateurs qui, en coulisses, corrigent, nettoient, ajustent et modifient les données de motion capture ou performance capture, et qui ont une part toute aussi importante que les acteurs dans la création du rendu final ;
- passer sous silence le débat récent autour de la possibilité de donner un oscar à Andy Serkis (Gollum, quoi), ce à quoi on peut répondre que les équipes d'animation (cf point précédent) devraient également pouvoir participer si Andy est en lice ;
- Parler de sortie sabordée pour Milo sur Mars, sans évoquer, encore une fois, l'uncanny valley, et surtout le scénario indigent avec des vrais morceaux de misogynie dedans ("ma maman, mais si, vous savez, c'est celle qui passe l'aspirateur", et autre clichés atroces).
Je vais passer pour le grincheux de base, mais il n'en reste pas moins que les points 1 et 2 sont totalement impardonnables.
Je n'ai pas encore lu son article (ni le forum, d'ailleurs), mais je tenais absolument à saluer son retour. Tu m'as manqué, Rafik.
Gohar.
(Oui, ça a beaucoup moins de technologie que les bulldozers hollywoodiens. Oui, ça a beaucoup moins de marketing que les bulddozer hollywoodiens. Oui, ça rapportera beaucoup moins que les tractopelles américaines. Oui, il y a infiniment plus de poésie dedans.
Enfin, bref, vive la modernité, le Progrès c'est le Bien, ceux qui critiquent la modernité sont des réactionnaires-passéistes-immobilistes, il faut s'adapter à son temps - où entends-je ça à longueur de journée, déjà ?)
Vous nous avez manqué, monsieur Djoumi !
Merci beaucoup Rafik Djoumi, vous faites pour moi au cinéma ce qu'un prof d'anglais m'a fait tardivement: regarder des choses autrement.
Un art difficile, si j'en juge par quelques contributions du forum. Pardonnez moi si je me trompe, mais il me semble que vous soulignez assez que
a) la performance capture ne transforme pas automatiquement un film en chef d'oeuvre,
b) mais offre un outil si puissant qu'il révolutionne la façon de faire du cinéma, pas simplement pour modifier le physique d'un acteur
c) cette révolution réside aussi dans le fait qu'elle permet au réalisateur de finaliser ses choix de mise en scène, de séquences a posteriori, en post-production, beaucoup plus librement qu'auparavant.
d) ce changement de méthode permet du coup à la fois aux acteurs et à la post production de travailler mieux, avec beaucoup plus de possibilités
Le passage qui m'a le plus interpellé est notre propension collective à créditer le travail d'un acteur pour une performance où l'on reconnaît son visage même sous de lourds oripeaux, et l'espèce de déni (mêlé d'effroi quelquefois) qui nous conduit à ne plus créditer l'acteur lorsque sa performance est capturée numériquement. Cela me semble vrai et en même temps dérangeant, cette perspective que collectivement nous nous attachons plus à l'épiderme des comédiens qu'à leur talent. Un peu comme si nous vouions une sorte de fétichisme à leur physique, quitte à passer l'appréciation de leur travail au second plan. Dans les productions de Bollywood, on faisait déjà ça avec les acteurs et leur voix: pour les chants, on les doublait systématiquement. Aurons-nous bientôt des films avec performance capture de (au hasard) Denis Podalydès dans la peau non plus d'un monstre imaginaire mais par exemple d'un président ? Dis autrement, pensez-vous que l'histoire de S1mone pourrait se réaliser ?
Pour répondre à certains des messages précédents : je ne sais pas si je suis un thuriféraire de Rafik, mais toutes ses chroniques m'ont fasciné, me permettant de réfléchir à certains aspects du cinéma qui ne m'étaient pas venus à l'esprit (place du mythe dans la narration vs. approche française de vouloir voir des messages partout, évolution des bonus de DVD vers la présentation d'images de plus en plus lisses du processus de production pourtant chaotique d'un film, etc.).
Oui, Rafik a des partis pris, non, il ne donne pas de vision complète des problématiques abordées, non, un autre n'écrirait pas la même chose, mais oui j'ai quand même le sentiment d'y gagner et d'apprendre en le lisant. Je comprends donc les attaques contre Judith ou lui, qui sont pertinentes : @SI n'est pas un site de décryptage "objectif", parce qu'il est biaisé (de gauche, parfois anti-libéral, etc.). C'est un reproche légitime auquel on rétorquera : s'il vous semblerait plus pertinent qu'@SI prétende à une objectivité de second niveau (par une multiplication des subjectivités de premier niveau), faites donc pression sur Daniel pour que des chroniqueurs aux avis divergents soient embauchés ; si ça ne marche pas, tant pis, contentez-vous de lire ce qui vous intéresse, ou fondez votre propre site de décryptage (tenez, pour la peine, je vais me faire un peu de pub : http://www.desillusions.fr).
Pour revenir au sujet de l'article, je pense avoir moi aussi eu du mal à en cerner l'objectif, le cheminement et la logique argumentative. On aurait pu éviter certains débats si les idées fortes exprimées dans la chronique avaient été résumées, reprises ou davantage pointées à un moment ou l'autre. En l'état, je vois surtout des questions :
1. Dans quelle catégorie ranger les films utilisant la performance capture ?
2. Leurs acteurs méritent-ils le statut d'acteur dans le cadre de leur "performance" ?
3. Pourquoi le public se refuse-t-il à y voir des acteurs ?
Et certains ajoutent même :
4. La technologie de la performance capture est-elle intéressante/utile/pertinente ? (voire : est-elle le futur du cinéma ?)
Pour relancer le débat, je vais essayer de reprendre les points que j'ai compris de l'article et de vos discussions, et ajouter mes propres idées :
1. Problème typique de classification. En l'occurrence : film d'animation ou film d' "acteurs" ? Ou catégorie à part ? Pour être tout à fait honnête, je pense que dès qu'on essaye de mettre des systèmes complexes dans des boîtes, on y perd, et on passe peut-être à côté de l'intérêt de l'exercice (les "tags" et autres libellés n'ont pas été inventés pour rien : moins de classification, et plus de description !). Dans le cadre du cinéma, on peut très bien poser que l'intérêt d'un film tient à l' "expérience" (cinématographique) qu'il offre : le succès tient alors à la capacité de l'univers créé (par le réalisateur, les acteurs, le scénario, les décors, la bande-son, etc.) à nous emporter et nous offrir une aventure saisissante, cohérente, qui ne nous perd pas en route, et ce le temps du visionnage (voire plus).
Admettons qu'on ait alors le besoin de classifier : animation ou pas ? Ben ça dépend du critère retenu. Comment vous classez un Roger Rabbit ? Si l'on part du principe que c'est l'application/l'utilisation finale qui doit déterminer les critères à retenir, définissez d'abord ça, et vous aurez votre réponse. Si vous voulez pouvoir faire du marketing promotionnel avec de vrais acteurs, vendez-le comme un film avec de vrais acteurs, ou comme une catégorie hybride et nouvelle (pour susciter la curiosité). Si vous ne vous attachez qu'à l'aspect visuel, ou à la puissance de calcul des gros ordinateurs utilisés, dites que c'est de l'animation.
C'est un peu la faute à ces films aussi, parfois : que choisissent-ils ? Choix esthétiques forts ou réalisme ? On ne se pose pas la question pour les dessins animés, quand les choix esthétiques sont si prégnants qu'on ne doute pas d'avoir affaire à une œuvre d'animation.
2. S'il y a recours à des acteurs qui jouent, oui ce sont bien des acteurs. Maintenant, que des graphistes rajoutent (littéralement) une couche, ça fausse un peu les choses, certes. Les imperfections seront gommées et lissées. Mais ça ne changera rien au fait que l'acteur, lui, aura fait son travail.
3. Le public n'y voit pas forcément des acteurs parce que a) il n'y voit pas forcément des êtres humains (problème de la "vallée étrange" et du photoréalisme : je m'étonne que personne n'insiste sur le fait que le grain de peau reste si difficile à rendre qu'on n'y croit jamais !) et b) si acteurs connus ("people") il y a, ils ne sont pas forcément reconnaissables - qui a vu Daniel Craig ou Gad Elmaleh dans Tintin ?
Aussi, moins l'univers visuel sera réaliste, moins il sera facile de croire à la présence d'acteurs.
4. Technologie utile suivant ce qu'on a envie de faire. Pour avoir une grande liberté dans la réalisation, décider a posteriori des angles et mouvements de caméra, c'est top. Pour créer des monstres, super. Mais pour des histoires humaines où tout passe par les personnages, auxquels on demande d'exprimer toute une palette d'émotions profondes, les acteurs sont peut-être encore à privilégier.
Cependant une dernière question me turlupine : je trouve que Rafik a trop vite éludé la question du pas que pourrait prendre la technologie sur les acteurs par la formule "on ne peut PAS remplacer les comédiens et cela ne servirait à RIEN". Pourquoi ne pourrait-on pas les remplacer ? Qu'est-ce qui empêche les informaticiens de se doter d'une méga-bibliothèque des expressions humaines (grâce à Paul Ekman, ils ont déjà le Facial Action Coding System), d'appliquer des algorithmes de calcul statistique pour voir lesquels sont utilisés à quel moment par quels acteurs (jugés excellents dans leur prestation) et de produire des jeux d'acteurs "réalistes" sur cette base ? La question ne se réduit-elle pas plutôt, justement, à la deuxième partie de la phrase : à quoi est-ce que cela servirait ?
Qu'en dites-vous ?
Cela vaut en tout cas pour le « Tintin et Spielberg » que je viens de voir :
Une 3D qui n’est sensible que dans quelques séquences où les plans successifs sont aussi distincts que des figurines en carton plat dans un diorama. Dont le principal résultat est de jeter un voile sombre sur tout ce qui est à voir. Un peu comme les vitres ultra-fumée de cet autocar d’Eurolines qui m’a permis de traverser une partie de l’Europe dans un pénombre permanente. Enlevez vos lunettes et aussitôt les couleurs se mettent à péter – et hélas, remettez-les pour ne pas vous croire atteint de myopie à 1/10°. Et hop, un progrès qui n’en est pas un !
Quand au film lui-même : psychologisation très ricaine d’un Haddock victime du passé familial, des Dupondt fades, Tintin pareil. Et une agitation frénétique, une surcharge de décor et de bruit à l’opposé de l’épure permanente de la ligne claire hergéenne. Spileberg tient en permanence à nous montrer ce qu’il sait faire, cette puérilité est lassante. Dans « Les aventuriers de l’Arche Perdue » il avait trouvé la bonne mesure et obtenu la vraie tintinisation du récit : pas là.
Une seule vraie idée de génie : la Licorne qui comment sur le sable et finit sur l’eau.
Espérons que ce blockbuster va donner envie aux jeunes de découvrir les BD, ce sera au moins un résultat.
Comme Pôle Express, s’il vous donne envie de connaître Chris Van Allsburgh, un tout grand du livre illustré pour enfant à l’égal d’un Ungerer, d’un Ponti ou d’un John Howe. Essayez, par exemple, Les mystères de Harris Brodick et dites-moi si vous avez besoin que ça bouge pour bouger dans le monde des rêves éveillés… « L'émotion et le charisme » dont parle l’auteur de cet article peuvent s’exprimer aussi bien par des personnages de chair que par des personnages d’encre, mais il n’est pas indispensable que les deuxièmes s’appuient sur des acteurs du premier genre pour exsuder l’émotion : voir dans Tintin au Tibet le yéti (même de dos !) page 62. Ou les animaux dans « Le géant qui posait des questions » (Marc Wasterlain) . Ou tout Miyazaki, que je mets au dessus de ça en matière de force onirique.
Bon, il faudrait peut-être que je voie un autre film que ce gros truc sans âme véritable pour avoir une opinion moins négative de la « performance capture »…
Pas celui qui tourne dans les films, mais l'acteur qui est hors des films. Le "people" que représente l'acteur peut disparaitre si justement, on ne le reconnait plus. Et peut-être que ce ne sera pas un mal en fait.
A part ça, je pense qu'on pourrait aussi parler de la voix. En France, les gens sont très habitués aux doublages. Ils jugent les acteurs et leurs performances indépendamment de la voix, régulièrement remplacée par celle d'un autre et assez fréquemment par celle d'un pingouin au talent largement moindre que celui de l'acteur original (choisi et dirigé par un réalisateur présent pour le pousser à sortir son meilleur, en lui faisant refaire sa prise jusqu'à satisfaction). En gros, ça veut dire que le public est entraîné à juger l'acteur à son visage et à sa gestuelle plus qu'à ses intonations. Cela peut contribuer à donner au doublage d'animations un statut de performance moins valorisé que dans un pays où l'authenticité de la voix est une question plus centrale (on peut évoquer les particulièrement affligeants doublages de dessins animés, et la question des jeux vidéos dont les versions françaises ne donnent pas accès aux voix enregistrées de Ron Perlman, Malcolm McDowell, Liam Neeson, etc). Et, indirectement, contribuer à dissocier d'autant plus un acteur de son clone virtuel.
A mon sens, il y a réserves des légitimes sur la capture visuelle, et un mépris illégitime de la capture sonore en France. Les deux se renforcent sans doute vis-à-vis de ces nouvelles technologies. Cela dit bien sûr sans évacuer la pléthore d'autres éléments qui s'agglutinent pour former les opinions sur ces trucs-là (relation à l'idéologie de l'innovation, réactions à la sur-publicité plus ou moins liées à la sur-consommation, sympathies ou antipathies esthétisantes et idéologiques par rapport au virtuel et au réel, etc... tous méritant discussions).