Claude Lanzmann au dessus des mortels, d@ns le texte
A l'occasion de la mort de Claude Lanzmann, le 5 juillet 2018, nous republions cette émission.
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Salut à tous,
J'ai laissé passer beaucoup de messages sans réponse... Je réponds ici en vrac à quelques remarques saillantes.
D'aucuns déplorent que nous ayons manqué de respect à notre invité, que je n'aie pas assez su l'écouter. Je crois en e(...)
Derniers commentaires
Comme quoi les morts n'ont pas beaucoup d'esprit, comme disait Deleuze! Au moins ne sera-t-il pas mort d'humilité.
Dans ce forum fourni, je signale aux asinautes le post de Judith du 28/04/2009 qui prolonge le re-visionnage de l'émission, c'est à environ 1/4 de la page. Les votes semblent impuissants à faire remonter des posts de 2009, alors je me permets de le faire par voie de copie :
Judith - 28 avril 2009 à 14:30:05
J'ai laissé passer beaucoup de messages sans réponse... Je réponds ici en vrac à quelques remarques saillantes.
D'aucuns déplorent que nous ayons manqué de respect à notre invité, que je n'aie pas assez su l'écouter. Je crois en effet que j'ai des progrès à faire en matière d'écoute : je découvre la position d'interviewer, radicalement nouvelle dans ma vie, et il est certain que je peux améliorer cette dimension de l'exercice. Mais je crois utile de rappeler les prémisses qui sont les miennes dans cette émission. Contrairement à ce qui a été dit un jour dans un forum, par Anthropia je crois, et qui a été repris par DS dans une gazette @si, je ne tiens pas l'auteur invité pour un "trésor vivant qu'on écoute assoiffé de savoir". Je n'ai pas d'inclination liturgique, et me méfie de la sacralisation des personnes. Ce qui fait centre pour moi, c'est le texte, pas l'écrivain. Et je dis bien centre, et non sacralité : le texte est un centre devant lequel je n'entends pas me tenir immobile, muette d'admiration et de déférence : c'est au contraire le socle du débat, de l'échange, qui doit pouvoir soutenir un vigoureux jeu de jambes.
Alors oui, quand je me livre moi-même à ce jeu de jambes, je comprends qu'on soit gêné par la dimension narcissique, ou professorale, de la prestation ; de l'intérieur, je ne le vis évidemment pas comme ça. S'il y a une partie démonstrative, c'est dans le sens d'une invitation lancée à l'écrivain - voyez comme je danse sur la musique de votre texte, et vous, comment dansez-vous, comment entrez-vous dans ce pas de deux ? Notre danse commune ne doit pas mettre en valeur nos qualités de danseurs, mais la puissance du texte à soutenir et à générer cette danse. Et s'il y a une dimension professorale, ou plutôt pédagogique, dans cette danse textuelle, c'est dans le sens où ce pas de deux vaut métaphore pour toute opération de lecture : voyez comme on danse, sur la textualité, voyez comme le livre est une formidable invitation à se mouvoir, à se mobiliser, à dialoguer, fût-ce de soi à soi.
S'agissant de cet épisode avec Lanzmann, il est vrai que la danse a entraîné quelques déséquilibres : ils tiennent beaucoup, je crois, à la personnalité de l'auteur, peu enclin à développer des réponses argumentées - je dansais la capoheira, il faisait le danseur de tango (minimal). Il était probablement un peu déstabilisé par l'approche volontiers polémique de nos questions, mais, à en juger par son attitude très flatteuse après l'enregistrement, je ne crois pas que cette déstabilisation lui ait foncièrement déplu (litote).
Encore ceci : nous l'avons bien sûr copieusement remercié pour sa participation, mais nous avons eu la maladresse de le faire après le générique de fin ; vous vous êtes de ce fait retrouvés exclus de ce moment protocolaire, mais indispensable, et c'est une erreur que je veillerai à ne pas reproduire.
Ceci enfin : erreur aussi que ma dernière question (sur la "capitalisation" du vécu dans la textualité) : obsédée par Sartre et Beauvoir, qui occupent beaucoup de place dans les mémoires, j'ai embarqué Lanzmann dans une critique qui ne pouvait pas le concerner. Il m'a nettement remise à ma place, j'ai aussitôt reconnu mon erreur - le mieux aurait été de l'éviter tout simplement.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Il y a peu d'arrogant qui écrirait ce qu'il a écrit dans son livre Le Lièvre de Patagonie :
Ainsi, je ne voulais pas aller en Pologne. J'y débarquai plein d'arrogance, sûr que je consentais à ce voyage pour vérifier que je pouvais m'en passer ... Treblinka fut la mise à feu, j'explosai cet après-midi-là avec une violence insoupçonnée et dévastatrice.... Treblinka devint vrai, le passage du mythe au réel s'opéra en un fulgurant éclair, la rencontre d'un nom et d'un lieu fit de mon savoir table rase...”
Mes hommages à Claude Lanzmann sans qui ce qui fut vécu serait resté une image d'Epinal
Il y a peu d'arrogants qui ne traitent pas ceux qui dérangent leurs idées d'arrogants
Dézingage haineux.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Comment peut on oser se poser la question du "vieillissement " d'un tel film.....
Pour défendre la faiblesse de cette émission il faut dire que Frédéric Ferney a tout fait pour la saborder....comme il l'a été souvent souligné plus haut
Il est,néanmoins, un homme d'une densité exceptionnelle, et peut-etre n'est-ce pas par hasard que les formes cinematographiques et l'écrit sont pour lui plus évidentes que la forme verbale. Il ne semble pas trop avoir l'envie de s'exprimer au delà;ne serait-il pas,au fond,un" taiseux"?
Je pense que, par son analyse fine du texte,Judith lui rend hommage. Et, Lanzmann, à l'oeil si malicieux,ne m'a pas semblé souffrir...
Il y a un goût d'inachevé...Ce qui est la vie même.
Argh ! Au secours ! Sylvain 35 a entièrement raison : Ferney ne laisse pas répondre Lanzmann à LA question ! Pourquoi, bon dieu, pourquoi affirme-t-il que s'il trouvait des films qui montrent les exécutions dans les chambres à gaz, il les détruirait ? Judith a parfaitement raison de souligner la contradiction avec l'étalage morbide de la mise à mort des otages égorgés et décapités par des islamistes. Lanzmann veut répondre, il va répondre, il insiste pour répondre, se fait couper une fois, deux fois par Ferney et puis laisse tomber puisqu'il peut pas en placer une. C'est d'autant plus rageant que tout le monde a déjà oublié la question que Ferney a jugé si urgente qu'il a empêché Lanzmann de répondre à celle de Judith, qui est pourtant la question qui aurait dû éclipser toutes les autres. On voit bien d'ailleurs dans son insistance à vouloir répondre que Lanzmann lui-même en perçoit aussi l'enjeu. Et j'ai eu l'impression (pas vous ?) qu'il souhaitait relativiser la portée de ses déclarations : il semble vouloir dire que c'est la faute de Spielberg, que c'est la putasserie de la Liste de Schindler qui l'a conduit à cette déclaration provocatrice. Il a l'air presque sur le point de la renier : "je ne sais pas si je les aurais détruites..." (je cite de mémoire) Mais à cause de Ferney, je ne peux pas en être sûr. Oh horrible ! Oh trois fois horrible !
A côté de ce désastre, le pseudo-moment de grâce sur le narcissisme de Lanzmann est en effet complètement anecdotique.
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Pas facile de se libérer pour re-voir Shoah de Claude Lanzmann.
Je profite des vacances pour visualiser ce documentaire d’une durée de neuf heures trente qu'on ne présente plus et que je n'ai pas revu dans son intégralité depuis 15 ans.
Je m’installe : la projection devra commencer à 9h le matin car je sais - pauses incluses -, que j’y passerai la journée.
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Contrairement à ce qu'écrivait Simone de Beauvoir lors de la sortie De Shoah en 1985, (« Pour la première fois, nous vivons l’affreuse expérience dans notre tête, notre cœur, notre chair, et cette expérience devient la nôtre» - sans doute a-t-elle livré à la postérité ce commentaire à titre de prestation compensatoire : pour avoir été une planquée à Radio-Vichy, pendant l‘occupation. Allez savoir !) l'expérience de ce documentaire qui explore des faits irréfutables, ne sera jamais vraiment la nôtre ; malaise, le cœur à genoux mais la chair indemne : on ne peut que demeurer spectateur.
Shoah nous montre les rescapés, les témoins, quelques bourreaux, et avec minutie : des faits - transport des déportés, convois, trains, camions, voies ferrées, routes, camps menant à la mort, topographie des lieux du crime, organisation, identification, écoutes des victimes, visages, voix…
Si ce documentaire est un outil qui nous permet de comprendre comment ce crime d‘exception a été perpétré, à défaut d’un "comment ce crime a-t-il été possible et pourquoi ?" - pour cela, il faudra retrouver Arendt et Lévi, et les avoir lus, vingt ans plus tôt -, au fur et à mesure de son déroulement, là, sous mes yeux, un autre malaise me saisit : le réalisateur semble profiter de l’opportunité qu’il s’est offert pour tenter subrepticement de faire le procès de tout un peuple : le peuple polonais (celui du Nazisme n’étant pas nécessaire puisque Nuremberg s’en est déjà chargé).
Absence de compassion et de solidarité, voire même… réjouissance à l‘idée de voir les juifs de Pologne disparaître corps et biens ; au fil des minutes et des heures, ce documentaire semble s’orienter vers une tentative de mise en accusation du peuple polonais dans son ensemble : peuple pourtant occupé, vaincu et martyr, tout à la fois.
Plus souvent interpellés et garder à distance de la caméra et du micro de Lanzmann que réellement interviewés, tout en cherchant à créer un climat de confiance et d’impunité propice à toutes les confessions de la part de polonais très très moyens, vivant en milieu rural, Lanzmann n'a qu’un souci, à la motivation sournoise, subtilement mâtinée de mépris, plus proche du règlement de comptes que de la recherche d‘une quelconque vérité concernant la nature humaine : confier à ces quelques polonais triés sur le volet, le soin de débiter des préjugés anti-sémites bien établis et ronflants, un rien pantouflards, insistant sans relâche, les relançant, s’acharnant lorsqu‘il n‘obtient pas d‘eux ce qu‘il croit devoir attendre et surtout, entendre...
(Pour la traduction de ces séquences, j'ai fait appel à un ami polonais ; en effet, je ne souhaitais pas me contenter de la traduction qui nous est proposée)
Certes, on m’objectera - ou bien alors on ne m’objectera rien, ce qui est tout à fait possible -, que Shoah n’est ni un travail de journaliste, ni un travail d’historien, ni d'intellectuel…
Soit !
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Quelques années plus tard, avec "Tsahal", documentaire imbécile à la gloire de l‘armée du même nom (quand on sait que c'est l'occupation et la colonisation par l’armée de Tsahal de la Cisjordanie qui condamne le peuple israélien depuis 67 à ne jamais connaître la sécurité ni la paix…), notre documentariste consacrera cinq heures à cette armée israélienne - armée culte à défaut de documentaire culte...
On aura même droit à pas mal d'âneries, du style : "Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d’enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes [palestiniennes]"…
Non contradictoire, véritable outrage à la vérité factuelle, le plus souvent, ce film de propagande est d’un ennui ferme pour quiconque sait voir un tout petit peu plus loin que le bout de son nez… comme - mais ce n’est qu’un exemple -, être capable d'établir des relations de causalités tout en cessant de prendre les effets pour les causes ; et puis aussi, faire preuve de clairvoyance en étant à même, un tant soit peu, de les prévoir… toutes ces causes aux effets dévastateurs (et dans ce domaine, les précédents ne manquent pas : il suffit de se pencher sur l’histoire coloniale européenne).
Intellectuellement faible mais... documentariste doué, habile et déterminé, sachant se donner les moyens de dire ce qu’il a à dire, avec Lanzmann, une vision manichéenne du monde semble dominer, doublée d‘une vision à la fois presbyte et myope...
Aveugle Lanzmann ?
Directeur de la revue Les Temps Modernes qui prend aujourd’hui comme un sacré coup de vieux (ou d'ancien), l’engagement anti-colonialiste de Lanzmann (il fera partie des signataires du Manifeste des 121, qui dénonce la répression en Algérie de 1957), et la fréquentation de Sartre et de Simone de Beauvoir ne lui auront donc été d’aucune utilité et d'aucun secours…
Ou bien alors, cette dernière fréquentation serait responsable de sa cécité, et c'est bien possible, après tout : relents de manichéisme stalinien dans la pensée de tout ce beau petit monde ?!
***
Mais... pourquoi hésiter à le dire !
N'est pas Hannah Arendt qui veut !
Non. Vraiment !
Je pense à son étude sur le totalitarisme et l’aptitude de certains régimes à détruire la volonté des individus ainsi que son étude sur le mal, ou plutôt, son étude sur les ressorts du mal et de sa banalité dont aucun peuple, aucune culture et aucun Etat ne peut prétendre être à l‘abri, sûr de son bon droit... sans oublier le fait que les cours d’assises et les cours internationales regorgent d’individus qui avaient tous de "bonnes raisons" de penser et d'agir comme ils l'ont fait.
Et là encore, aucun doute n'est possible : n’est pas non plus Primo Lévi qui veut !
Son ouvrage "Si c'est un homme" explique, à la manière d'un sociologue, la déshumanisation, l’absence de solidarité et de compassion dans les camps, les stratégies et les tactiques machiavéliques - seules conditions pour assurer sa survie -, la culpabilité des survivants…
Avec ces auteurs, c’est un pas de plus vers une nouvelle compréhension de cette nature humaine labyrinthique (et toujours innovante !) qu‘est la nôtre, qui nous est proposée : nature en trompe l'oeil, dissimulatrice, accapareuse et rétentrice, cruelle au besoin et toujours prompte à l’oubli, ne serait-ce que pour pouvoir encore se regarder dans la glace le matin à l’heure du rasage, de l'épilation et du maquillage.
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Lanzmann aura été confronté à trois peuples martyrs.
Les voici, dans l'ordre chronologique (liste non exhaustive, bien évidemment et puis… vous pensez bien !)
- Le Peuple juif (dont il fait partie).
- Le Peuple polonais : objet de son étude par la force des choses ; rappelons que résidait en Pologne la plus importante communauté juive d’Europe ; il aura donc bien fallu que la Pologne les ait accueillis à un moment ou à un autre tous ces juifs (au 15è siècle, ce fut fait) et que les autres pays d‘Europe ne se soient pas trop pressés d‘en faire autant - quand ils ne les auraient pas tout simplement priés d’aller voir ailleurs si cela se faisait que d’être juif ; sans oublier les nombreux enfants des familles menacées d'extermination qui auront été confiés à des familles polonaises catholiques, lesquelles se seront acquittées de leur responsabilité avec honneur.
Et pour finir…
- Le Peuple palestinien, à travers les actions de résistance de ce peuple contre l‘Etat colonisateur qu‘est Israël et l‘engagement un tant soit peu légitime, sinon compréhensible, de Lanzmann auprès de cet Etat.
Or, de ces trois peuples martyrs, Claude Lanzmann n'en aura reconnu qu'un seul : son peuple ! Les polonais et les palestiniens n'étant à ses yeux que les bourreaux du peuple juif.
Arroseur arrosé, l’accusation portée contre les peuples polonais et palestinien pouvant lui être très facilement retournée, la Shoah aura fait de Claude Lanzmann un tartuffe de l’élévation de la conscience humaine, lui-même s’étant trouvé tout juste dans la moyenne (sinon, en dessous) quand il s‘est agi d’être capable de faire preuve de compassion, de solidarité et de compréhension envers les peuples polonais et palestinien.
Si l’expérience de la "solution finale" d’un Primo Lévi et de quelques autres aura permis à ces êtres de se hisser jusqu'à l'Universel, éclairant telle un phare notre conscience, réveillant telle une semonce cette même conscience propre aux humains - ce dont l’Humanité a tellement besoin ; elle qui ne cesse d’osciller entre sainteté et démons pour finalement trouver un équilibre dans un entre-deux toujours précaire, certes, mais... qui permet, tout de même, à bon nombre d’entre nous de nous coucher avec la quasi certitude de pouvoir nous réveiller sains et saufs et à peu près... indemnes... pour ce qu‘il en est de notre existence au quotidien -,
En revanche, le travail du documentariste Lanzmann n'aura pas échappé à cette règle, décidément récurrente, comme tant d'autres et peut-être plus que tout autre, qui fait de l'être humain un être à la compassion intermittente et sélective...
Car, confrontés à son travail, ce dont il nous est demandé d’être les témoins c'est de la chape de plomb d’une conscience humaine universaliste absente et du triomphe de l'égoïsme et d'une haine à peine contenue, dans une vision communautariste à la raison débilitante...
Contre le poids plume d'une conscience humaine capable de réconciliation et d’accalmie dans une élévation qui laisse loin derrière elle une bêtise revancharde, fruit d'un ressentiment stérile, castrateur de toute pensée et de son développement, la privant de maturation et de justesse.
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Souvent présenté en France comme un intellectuel jouissant d'une autorité qui se voudrait morale, comment ne pas voir en Claude Lanzmann un documentariste partial, vindicatif, manichéen et partisan du plus petit commun dénominateur qui soit : celui de "La communauté" (toute communauté : communauté de naissance, d'adoption, communautés intellectuelle, ethnique, sociale) comme seul espace digne de considération, seul espace d'épanouissement, de développement - et de jouissance, au sens lacanien.
Car, une fois encore, on ne le soulignera jamais assez : les faits concernant la Shoah sont bien plus forts, bien plus grands, bien plus têtus et bien plus féconds que tout le travail de Lanzmann ; il suffit de se reporter à tout ce dont la Shoah a accouché dans le domaine de la p(P)ensée : Arendt, Primo lévi, Adorno, Antelme, Hans Jonas, Lévinas, Blanchot, Derrida, Imre Kertész...
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P.S : au sujet de la relation Lanzmann - Simone de Beauvoir...
Tragique ironie !
L’acharnement aveugle d’un Lanzmann dont la démarche - comme nous avons pu le voir -, semble le plus souvent plus proche du règlement de comptes que de la recherche d‘une quelconque vérité concernant la nature humaine, cacherait-il une culpabilité inconsciente eu égard à son attachement à une Simone de Beauvoir (sans oublier Sartre) qui pendant l’Occupation, et alors qu'elle est employée à Radio Vichy, incarnera à la perfection cette classe privilégiée et éduquée restée supérieurement indifférente face aux lois anti-juives et face à une rafle du Vel d’Hiv qui enverra à la déportation et à une mort certaine : 13 152 juifs ?
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Mon blog à l'adresse suivante : [sergeuleski.blogs.nouvelobs.com]
Je ne sais pas écrire avec suffisamment de talent pour décrire mon plaisir. Je citerai la spontanéité de personnes en dialogue qui se lâchent et la résonance des harmoniques du triple duo Sartre, Beauvoir, Lanzmann derrière le triple duo Claude Lanzmann, Judith Bernard, Frédéric Ferney.
Bravo, merci... et encore !
j'ai trouvé cette émission plus tôt plaisante a regardé et très intérrésente .
elle pourrait duré plusieurs heures qu' on s'ennuirait pas
Tout à fait honnêtement, j'ai vraiment ri. Pas forcément comme je l'imaginais. Judith Bernard, tout en savourant ses propres mots, semblant fascinée par sa propre image, qui titille le vieux magnifique sur son narcissisme ! Ah ! j'ai a-do-ré ! Humbles, nos deux compères qui se disputent, les gros yeux de la dame, la confusion de celui qui se retrouve seul avec sa question sur les relations de la papesse du féminisme avec celui qu'il qualifie de "macho". Moi, je la trouvais intéressante, sa question. Alors, je sais, monsieur Ferney n'est pas autorisé à dire que la liberté, ça peut faire mal. J'ai bien compris qu'il y avait un peu de conformisme dissimulé derrière les grimaces. J'aurais aimé avoir la réponse de Lanzmann à cette question-là aussi, même si je partage la curiosité des autres internautes quant à l'interrogation sur les images sacrées (qu'il faudrait détruire) et les autres (que nous devrions regarder). Je pense qu'il n'aurait pas répondu. Que répondre ? Je propose que Claude Lanzmann réponde dans le forum. Daniel, pouvez-vous faire quelque chose pour nous ?
Je vais regarder les autres émissions "Dans le texte" et donner raison à Nicolas, véritable sujet (vous l'aurez compris) de mon post. Car je me suis interrogée sur les raisons de sa chronique de ce matin. Vous pourrez me découper en morceaux, je ne donnerais pas tort à Nicolas Demorand. Je vais regarder les autres, donc, Vinaver par exemple, en espérant que nos humbles journalistes se soucieront à l'avenir davantage de leur invité que de se ravir la parole et d'obtenir la complicité du puissant.
La surprise de Judith n'en paraît que plus surprenante.
Avec cet éloge matinal sur Inter, vous allez avoir un pic de connexion dans les jours à venir, il serait vraiment dommage que tout ce monde arrive puis reparte aussi vite, la queue entre les jambes, car on ne s'abonne pas pour une année comme ça, sur la seule recommandation d'une chronique radio, fut-elle de Demorand.
Il vous faut donc absolument prévoir quelque chose très rapidement ! Soit mettre en accès libre pour les quelques jours à venir une ou deux anciennes émissions de D@ns le texte, soit mettre en accès libre une version courte de la nouvelle émission, celle qui va être publiée aujourd'hui. Afin de montrer aux curieux attirés là par les projecteurs de France Inter ce que c'est, que cette émission.
Bonne continuation et à bientôt !
Quand est-ce que vous l'invitez?
En tout cas l'éloge est mérité !
Merci si quelqu'un peut me répondre.
J'ai laissé passer beaucoup de messages sans réponse... Je réponds ici en vrac à quelques remarques saillantes.
D'aucuns déplorent que nous ayons manqué de respect à notre invité, que je n'aie pas assez su l'écouter. Je crois en effet que j'ai des progrès à faire en matière d'écoute : je découvre la position d'interviewer, radicalement nouvelle dans ma vie, et il est certain que je peux améliorer cette dimension de l'exercice. Mais je crois utile de rappeler les prémisses qui sont les miennes dans cette émission. Contrairement à ce qui a été dit un jour dans un forum, par Anthropia je crois, et qui a été repris par DS dans une gazette @si, je ne tiens pas l'auteur invité pour un "trésor vivant qu'on écoute assoiffé de savoir". Je n'ai pas d'inclination liturgique, et me méfie de la sacralisation des personnes. Ce qui fait centre pour moi, c'est le texte, pas l'écrivain. Et je dis bien centre, et non sacralité : le texte est un centre devant lequel je n'entends pas me tenir immobile, muette d'admiration et de déférence : c'est au contraire le socle du débat, de l'échange, qui doit pouvoir soutenir un vigoureux jeu de jambes.
Alors oui, quand je me livre moi-même à ce jeu de jambes, je comprends qu'on soit gêné par la dimension narcissique, ou professorale, de la prestation ; de l'intérieur, je ne le vis évidemment pas comme ça. S'il y a une partie démonstrative, c'est dans le sens d'une invitation lancée à l'écrivain - voyez comme je danse sur la musique de votre texte, et vous, comment dansez-vous, comment entrez-vous dans ce pas de deux ? Notre danse commune ne doit pas mettre en valeur nos qualités de danseurs, mais la puissance du texte à soutenir et à générer cette danse. Et s'il y a une dimension professorale, ou plutôt pédagogique, dans cette danse textuelle, c'est dans le sens où ce pas de deux vaut métaphore pour toute opération de lecture : voyez comme on danse, sur la textualité, voyez comme le livre est une formidable invitation à se mouvoir, à se mobiliser, à dialoguer, fût-ce de soi à soi.
S'agissant de cet épisode avec Lanzmann, il est vrai que la danse a entraîné quelques déséquilibres : ils tiennent beaucoup, je crois, à la personnalité de l'auteur, peu enclin à développer des réponses argumentées - je dansais la capoheira, il faisait le danseur de tango (minimal). Il était probablement un peu déstabilisé par l'approche volontiers polémique de nos questions, mais, à en juger par son attitude très flatteuse après l'enregistrement, je ne crois pas que cette déstabilisation lui ait foncièrement déplu (litote).
Encore ceci : nous l'avons bien sûr copieusement remercié pour sa participation, mais nous avons eu la maladresse de le faire après le générique de fin ; vous vous êtes de ce fait retrouvés exclus de ce moment protocolaire, mais indispensable, et c'est une erreur que je veillerai à ne pas reproduire.
Ceci enfin : erreur aussi que ma dernière question (sur la "capitalisation" du vécu dans la textualité) : obsédée par Sartre et Beauvoir, qui occupent beaucoup de place dans les mémoires, j'ai embarqué Lanzmann dans une critique qui ne pouvait pas le concerner. Il m'a nettement remise à ma place, j'ai aussitôt reconnu mon erreur - le mieux aurait été de l'éviter tout simplement.
A propos de LA question, je regrette aussi que Frédéric Ferney se soit imposé ainsi pour interrompre Claude Lanzman qui semblait pourtant attaché à y répondre. Judith n'a pas osé relancer. C'est à partir de ce moment-là que le déséquilibre entre les animateurs et l'invité s'est installé.
J’ai dit dans une interview au Monde sur le film de Spielberg La liste de Schindler que si, par impossible, j’avais trouvé un petit film muet de quelques minutes montrant comment 3000 personnes, hommes, femmes enfants, mouraient ensemble asphyxiés dans une des grandes chambres à gaz de Birkenau, se livrant, pour respirer
encore, l’épouvantable bataille que Filip Müller, dans Shoah précisément appelle le «combat de la mort», non seulement je ne l’aurais pas inclus dans mon film mais je l’aurais détruit. (…) On comprend ou on ne comprend pas, c’est tout. Semprun ne comprend pas. Il m’accuse de vouloir détruire les preuves parce qu’il s’inscrit dans un univers de la preuve. Je n’ai pas réalisé Shoah, comme il semble le croire, pour répondre aux révisionnistes ou négationnistes: on ne discute pas avec ces gens-là, je n’ai jamais envisagé de le faire. Un chœur immense de voix dans mon film -juives, polonaises, allemandes - atteste de ce qui a été perpétré. C’est bien plus fort et plus irréfutable que des images d’archive que j’appelle des images sans imagination.
La représentation des chambres à gaz à l’écran, comparaison avec les films Dressed to kill (1946), Nuit et Brouillard (1955), Shoah (1985), La Liste de Schindler (1993), La vie est belle (1998).
Sans parler du pathétique acharnement sur Simone de Beauvoir dans les dernières minutes de cette masquarade. Peut-être était-ce vrai, peut-être était-ce faux, mais la manière de le dire était nulle.
C'est bien dommage, car analyse il y eut parfois, intéressante même, mais certains passages insoutenables me font douter une fois de plus de la pérennité d'un site qui va se vider de la matière première qui lui est indispensable : les invités de qualité. Ces derniers, quoique l'on pense d'eux, ne méritent pas insulte et acharnement.
Le Naulleauisme se propage sur ce site. Il fut un temps où cette approche était respectable quant elle n'aggressait pas mais dénonçait sans complaisance. Aujourd'hui, on sombre dans le vulgaire.
On est en droit, comme en parlait DS dans son édito, de s’interroger non seulement sur l’opportunité de 3 chroniqueurs mais aussi de l’alchimie bizarre entre les 3 chroniqueurs en question. Un trio (duo) qui s’avère dans le temps pour le moins improvisé, instable et peu convaincant. Enfin, « Dans le texte » ne signifie pas « explication de texte ».
Si Claude Lanzmann disparaît demain matin, Frédéric Ferney sera historiquement responsable de ne pas l'avoir laissé répondre à la question vitale posée par Judith Bernard, et dont personne au monde, à part Claude Lanzmann, ne connaît la réponse.
Je reprends dans l'ordre chronologique :
1°) Judith Bernard demande à Claude Lanzmann pourquoi les images de décapitations doivent être montrées, et pourquoi des images de chambres à gaz doivent être détruites. (La formule célèbre de CL : "Si je trouvais des images je les détruirais".) C'est une question vitale, la plus importante peut-être de notre époque, celle qui conditionne toute réflexion sur l'image ("arrêt sur images", avez-vous dit ?) et toute tentative d'écriture ("dans le texte", dites-vous ?)
2°) Lanzmann commence par répondre à l'aspect le moins intéressant (contestant le mot "obscène", franchement on s'en fiche), et nous attendons, le coeur battant, qu'il donne LA réponse, celle qui serait la clef de son opposition à Didi-Huberman, et au-delà, la clef de voûte de toute discussion philosophique aujourd'hui (car selon la réponse qu'on donne, détruire ou pas détruire, cela entraîne un changement complet de système.)
3°) L'auteur du plus grand film de tous les temps (y compris futurs) s'apprête enfin à répondre, semblant même dire que c'est assez simple, qu'il n'y a pas de contradiction et qu'il va nous expliquer tout ça (le coeur bat alors d'autant plus que personne, j'insiste là-dessus, n'est capable de seulement imaginer ce qu'il va bien pouvoir répondre de très simple et d'évident à ce qui semble, au contraire, représenter une insurmontable contradiction.)
4°) A ce moment précis, Frédéric Ferney dit "stop". Frédéric Ferney a un truc à dire. Frédéric Ferney a une question, lui. Frédéric Ferney dit à Claude Lanzmann, par deux fois, "attendez que je pose MA question". (C'est moi qui majuscule.) Frédéric Ferney jure même que cela a un rapport, et là, il dit un truc tellement fade, avec une histoire de film avec Dita Parlo dont il s'agit soudain de retrouver tout le casting, que lui-même, se sent gêné je crois et finit par noyer la question, en tout cas il ne pose aucune question.
Et c'est fini ! Et Lanzmann décroche à ce moment, et laisse l'émission sombrer.
La panique s'empare des deux animateurs, qui s'interrompent entre eux, se contredisent, répondent à la place de l'invité.
La provocation du "casse-couille" n'est qu'un minuscule épisode par rapport au drame qui vient de se jouer.
Chronométrez le temps de parole de Claude Lanzmann sur toute l'émission. Si vous obtenez dix minutes, ce sera déjà beaucoup.
Que faire pour rattraper le coup ? J'aurais bien une idée, un possible sauveur : Dan Israël. Car enfin, il est temps de rendre hommage au professionnalisme et au talent de ce garçon. Eh bien, j'imaginerais parfaitement Dan Israël rappeler Claude Lanzmann, aller le voir avec une petite caméra, lui poser la question : "pourquoi faut-il montrer les images d'un côté, et les détruire de l'autre, pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ? parce que personne ne comprend, mais vous, Monsieur Lanzmann, qui le savez, allez sûrement nous l'expliquer".
Seul Dan Israël me semble posséder les qualités techniques (intelligence, réactivité, rigueur) et la souplesse de caractère (affronter Lanzmann qui doit l'avoir un peu mauvaise après ce naufrage), pour sauver cette question de Judith Bernard, qui n'est pas seulement une question de Judith Bernard, mais LA question.
J'espère que d'autres asinautes relaieront ma suggestion.
Autre possibilité : vous réinvitez Claude Lanzmann, cette fois à "Arrêt sur images", puisqu'il s'agit d'image, et cette fois par pitié vous le laissez parler, même si ça vous paraît lent, parce que les mots qu'il prononce sont chargés de tellement de sens qu'ils méritent d'être entourés d'un peu de silence, de respect, et même de politesse.
Troisième suggestion : vous envoyez Naulleau (je finis sur une blague, mais franchement j'ai plutôt envie de pleurer.)
Sylvain
Une franchise, une sincérité, une couleur, des silences et des flots de propos toujours plus intelligents...
Pardon, mais là franchement, le duo que vous formez avec Frédéric me comble.
Oui je crois que le fait que vous vous en teniez, qu'au texte, et rien que le texte, rend l'émission passionnante,
brillante, et surtout donne envie de lire, de lire et de lire... De se trouver à notre tour DANS LE TEXTE.
PS : Eric Naulleau ne m'a pas manqué.
J'ai bien aimé Judith sur ce coup là, en critique éclairée (un peu moins l'autre, toujours très miéleux).
Lanzman était venu faire la promo de son bouquin, sûr qu'on allait lui cirer les pompes. Il a été content du voyage !
Par pitié, Judith Bernard ne répondez pas à la place des invités et comme le proposait un internaute, offrez-vous des fauteuils confortables.
Chère intelligence incarnée (alias Judith pour ceux qui n'auraient pas suivi), pourriez-vous penser un peu aux amis fauchés d'@SI dans l'organisation de vos émissions?
La dernière fois, dans votre émission avec Chloé Delaume, vous aviez parlé entre autres de l'esthétique générale de l'auteur. Peut-être n'était-ce pas votre intention mais vous aviez réussi à dégager l'"art poétique" de ce dernier. Or comme nous n'avons pas tous les moyens d'acheter des livres à 20euros tous les 15 jours, cela permet aux Oliver Twist et autres Cosette aimablement accueillis par @SI de suivre activement vos discussions, ce qui je crois est votre but, à l'aide des oeuvres que l'on peut dores et déjà trouver à la bibliothèque ou d'occasion.
Cela suppose que l'on puisse extraire systématiquement un art poétique chez tous les auteurs, chose qui n'a rien d'évident j'en conviens, mais si à l'avenir vous pouviez y réfléchir pour ceux chez qui celui-ci est latent et ne demande qu'à être exprimé, je vous en saurais gré.
En tout cas, voilà une émission littéraire qui décoiffe. Bravo et surtout, continuez !
Un siège absent??pas de soucis.
De nombreuses questions..de belles questions...
Pourquoi avoir dicté un texte??? se souvenir des mémoires intimes de Simenon...
L'oral et l'écrit??? on ne sait qui est qui est qui...
Mais Lanzmann reste dans le silence des morts (des mots) (une chape..) d'un génocide...
tout s'explique.
Bousculé l'invité??il se peut...
on ne vit pas impunément.
Allez les internautes...au boulot...."Je promets.Je rachète..." Simenon
Une doléance...de vrais fauteuils en cuir pour vos invités...qu'ils se détendent..
J'ai aimé les silences, les lièvres embusqués...les lèvres sous le lièvre.
.
Sur le chapitre "narcissisme", il y a, je crois, une grande confusion. Nietzsche disait que "notre culture ne rend pas les hommes fiers". Non pas vaniteux, fiers. Et en effet, si Lanzmann peut, à juste titre, être fier de son oeuvre, et au delà de ce qu'il est, il me semble que de ces vains bavardages il ne restera pas grand chose d'ici... une ou deux semaine ? "Narcissisme", vraiment, quelle sottise !
Remarque aussi idiote sur la citation de Jankélévitch qui exprime l'humaine espérance des mortels en la culture. Et l'autre de dégoiser sur l'Egypte... Pitoyable !
Pour finir, on ne remercie même pas l'invité en public, devant les spectateurs, mais on parle de son quant à soi. Navrant narcissisme du lapin !
Merci :)
Merci pour votre travail et j'espère que nous aurons droit bientôt au "OFF" de l'émission ; que se passe-t-il après entre vous, les chroniqueurs, et/ou vous et l'auteur ?
Il va falloir attendre 15 jours pour ... partager avec vous votre amour de la lecture.
Bravo
Vous me donnez envie de lire!
Ce serait possible de faire l etude de textes en version poche qu on puisse se les acheter? ;-)
J' ai du mal aussi avec le reproche de "capitaliser " sa vie en écrivant .... n'est ce pas non plus la qualité de tout intellectuel .... que d'écrire sur ce qu'il vit certains en font même des romans .... et puis peut on reprocher à un homme de vivre des moments au dessus des " mortels " et de s'en servir pour alimenter ses écrits ....
Quand S de Beauvoir et Sartre sont en Chine dans les années 60 doivent ils s interdire de mettre leurs pensées par écrit ? sous peine de se faire traiter de capitaliste ?
Est ce que tout intellectuel ne capitalise pas sa vie et ses aventures a tout moment ... ou doit il renoncer a l'écriture ??
c est génial, Judith se lache et cela me plait.
Elle fait cela avec beaucoup de charme et une certaine coquetterie. Et moi, je suis séduite et notre ami Claude à l"air de passer dans l ensemble, un bon moment , finalement !
ah, quel talent vous avez, Judith !
J ai passé un moment vraiment agréable.
Cette émission est touchante, interessante et vraiment vivante.
Mais que vous a dit Lanzmann à la fin de cette rencontre ?
A t il apprecié ce moment passé avec vous deux ?
Tous les 3, vous êtes en totale harmonie et finalement sur le même tempo.
Quelque chose de magique se dégage de ces confidences, en le bousculant legerement, vous le rendez humain touchant et proche.
Mais le fond de l air est frais ......................
Je retourne vite voir la suite
Je ne connais pas du tout Lanzman (haa, ces fameux jeunes asinautes.. mais je sais ce qu'est un choryphée : ) ) et je pense en accord avec ce que certains d'entre vous ont dit, que les journalistes se sont laissés entraînés dans une ambiance de procès: attaque - défense - déstabilisation - abandon. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose, quoique j'aurais également aimé entendre davantage Lanzman.
Et j'ai le sentiment que plusieurs "dossiers" ont été ouverts : le début sur le dispositif d'écriture de la mémoire, la petite discussion sur l'incarnation, le rapport à la mort (quel dommage qu'il ne commente pas Jankelevitch, on dirait qu'il a choisi cette citation seulement parce que c'était "joli"), la scène de l'exécution, etc etc, et puis ce passage sur le narcissisme.
Je suis assez abasourdie parce que je pense exactement dans les mêmes termes que Lanzman pour faire une distinction entre l'orgueil-humilité et la vanité-modestie. Je complète termes à termes. Mais je suis complètement d'accord avec lui. Le narcisssisme de l'auteur est un vieux débat, le problème des interventions de F.Ferney et J.Bernard était qu'ils s'attaquaient au narcissisme de l'homme sans le mettre en relation avec le fait de s'être fait auteur, et auteur de témoignage et de mémoire sur la shoah, ce qui n'est pas indifférent. D'autant qu'il dit ne pas avoir voulu écrire ce livre. Creuser un peu la question juive - parlant de sartre - aurait effectivement été pertinent.
en tout cas je suis aussi très impatiente de voir la prochaine émission, et j'espère qu'elle sera aussi différente que les autres.
Merci.
Quelle impatience pousse ces deux interviewers à ne pas le laisser réagir?
La peur d'un blanc à "l'antenne"?
Bon, quand il le peut (réagir), il est souvent sommaire et légitime parfois les critiques qui lui sont faites.
Mais Frédéric Ferney se noie et nous noie dans la relation De Beauvoir-Sartre
et Claude Lanzmann a du mal a nous sortir de ce bain ridicule. Il remet d'ailleurs très justement
Judith Bernard en place sur la "capitalisation" et sur les "secrets" qu'il livrerait.
Au total, ne le connaissant que par "Shoah", j'en ai assez appris sur lui pour justifier l'émission.
Eric Naulleau ne m'a pas manqué.
Lanzmann laisse entendre qu'il n'aurait peut-être pas, contrairement à ce qu'il a écrit, détruit une vidéo de l'intérieur d'une chambre à gaz en fonction, s'il en avait découvert une. Outre que ce hiatus, entre son discours écrit et oral, laisse penser que son écrit (est-ce dû à la forme, la diction plus que l'écriture ?) n'est pas si fiable que cela, qu'il y entre du jeu, de la posture et pas toujours des convictions, ce décalage pose un problème.
Car, si Lanzmann envisage de pouvoir détruire un tel hypothétique document, cela ne peut-être qu'indépendamment de sa valeur pour autrui.
S'il existait, il serait presque inutile de le diffuser ou du moins de le regarder, simplement savoir qu'il est là suffirait à lui donner un poids considérable. Certes, les négationnistes pourraient toujours continuer à affirmer que c'est faux, truquer, etc., comme certains le font à propos de l'alunissage des divers modules Apollo, mais, il n'en resterait pas moins que leur travail de dénégation en serait rendu bien plus difficile, et par conséquent, qu'ils seraient bien moins nombreux (soit encore trop nombreux néanmoins). Rien que cette simple possibilité conférait à ce document une valeur inestimable, surtout au fur et à mesure que les survivants s'éteignent, et que le temps fait son office.
Autrement dit, en laissant supposer qu'il pourrait effacer ce genre de document, Lanzmann souligne avant tout qu'il, lui, comme la plupart d'entre nous, n'en aurait pas besoin. Mais ce faisant, il néglige ceux plus fragiles, plus éloignés dans le temps qui eux auraient pu en avoir l'usage. C'est ça qui pose problème, cet autocentrage qui laisse imaginer le pire, comme si ces quelques minutes de vidéo authentiquement abominables pouvaient mettre en danger l'œuvre de sa vie, les neuf heures de Shoah, et non les compléter.
Là est le problème dans cette première affirmation d'une destruction de ce document, puisqu'on peut y lire la peur d'une blessure toute... narcissique.
yG
"Comme de toute façon, j'ai toujours pensé que j'avais le temps [...] Un jour, je m'y mettrai, je commencerai, mais je reculais devant l'effort" dit Lanzmann entre la troisième et la cinquième minute.
Ce passage m'est revenu lorsque Lanzmann a tenté d'invalider la thèse de Judith sur la capitalisation, à savoir, le fait de percevoir la vie comme devant alimenter l'écriture, le témoignage toujours en ligne de mire.
Car, de fait, en se projetant écrivain de ses mémoires, il était déjà dans cette capitalisation.
Le temps qu'il a mis avant de passer à l'acte ne contredit donc nullement la lecture bernardienne, il a seulement laisser longtemps dormir son capital avant de nous en faire profiter et d'en jouir pleinement.
Quoi, comment je défends encore la parole de Judith... alors qu'elle-même a battu en retraite devant l'argumentaire de l'auteur en plateau...
Ben oui, que voulez-vous.
:P yG
C'est cela qui me plait dans l'émission, l'honnêteté du lecteur convoque l'honnêteté de l'interviewé. Merci.
http://anthropia.blogg.org
"Pour ma part j'ai trouvé la première partie plus intéressante que la première"...
C'est marrant, moi aussi,pareil identiquement...
1) Que de questions restées sans réponse, non pas par insuffisance de l’invité, mais parce qu’on ne lui laisse pas le temps de répondre : deux interviewers surexcités sur leur siège, avec fiches, et super analyses hyperchiadées, et en avant, au triple galop de questions échevelées, du coq-à-l’âne, et qui tombent malheureusement très souvent à plat ; c’est extrêmement frustrant pour le spectateur qui attend avec impatience la réponse à la super question, réponse qu’il n’aura pas parce qu’on est déjà passé à l’autre super question.
2) Des interviewers qui se chamailleraient presque : on a souvent l’impression que l’un est suprêmement agacé par les questions de l’autre : plans de coupe –désopilants - sur les mimiques consternées voire exaspérées de Judith Bernard, mais qu’est-ce qu’il va encore chercher ce Frédéric Ferney ?, et dérapage incontrôlé lors du chapitre Sartre-Beauvoir-Lanzmann, question de Ferney sur la fascination de Lanzmann pour l’intelligence pure –celle de Sartre, question qui restera à jamais sans réponse, dommage, car Judith a, à ce moment précis, une meilleure idée de question, le voyage du trio en Europe de l’Est, je crois, dont elle cherchera en vain à retrouver le passage, c’est pas grave, on est déjà passé à autre chose, mais à quoi au fait ? … Ah oui, à une prise de bec sur la supposée servilité d’épouse de Beauvoir vis-à-vis de Sartre, elle souffrait d’être cocue, mais non, elle aussi avait cette liberté (comme si l’un empêchait l’autre …) Bref ! Désagréable impression d’amateurisme. Cela détourne de ce pourquoi on est devant son écran : écouter la parole d’un auteur, et non être parasité par toute sorte de chose ( comme cette incompatibilité latente entre les animateurs, ou les projections qu’ils font l’un et l’autre sur les relations Sartre Beauvoir) qui n’ont rien à voir avec l’œuvre et avec l’auteur invité.
Ça exclut le spectateur qui assiste, contre son gré, à quelque chose qui ne le concerne pas, qui ne l’intéresse pas.
Trop de bruit parasite pour rien : Lanzmann en gros matou à qui on ne la fait pas, certes sous le charme de l’intervieweuse, qui du coup se sent autorisée à gonfler les plumes et à frapper de ses jolis petits poings la puissante poitrine du grand auteur, qui reste comme amusé par tant de … d’enfantillages, certes brillants, certes virtuoses, mais enfantillages tout de même. Ayant compris très vite qu’on ne lui laisserait pas finir la moindre phrase, il s’est contenté d’attendre que ça passe avec un sourire amusé.
D'où mon énorme déception.
Plus sérieusement, si les interviewers ont certes bien lu le texte, comme au scalpel, ils ne savent pas écouter celui qui est censé leur répondre. C’est pénible pour le spectateur qui au fond ne trouve pas son compte. Et je ne dis rien de la façon dont l’émission a été vendue, montant en épingle les mots des interviewers, le « casse-couille » "osé" de Ferney et le « narcissisme » "iconoclaste" de Bernard.
Car cette émission n’est ni impertinente, ni pertinente, mais tout simplement agaçante, et décevante, quand comme moi on se régalait à l’avance d’entendre quelqu’un comme Claude Lanzmann parler sur la longueur, en dehors des formats classiques télévisuels. Du coup c’est l’émission elle-même qui est « casse-couille » et « narcissique » (Judith Bernard beaucoup trop en avant, beaucoup trop présente, en temps de parole et en subjectivisme, « moi je » chiant à la longue).
Faire parler un écrivain c’est tout un art : il faut que les questions ouvrent un espace de dialogue et non, comme ce fut le cas dans cette émission, qu’elles le ferment. Je pense à quelques interviewers de radio certes, Francesca Isidori ou la très controversée Laure Adler : quand elles questionnent un écrivain, c’est toujours passionnant (les réponses). Mais il est vrai, c’est de la radio, et c’est des pros. La parole de l’écrivain serait-elle soluble à l’image ?
C'était très bien; impertinent comme il faut l'être.
Ah ! Que c'est important de secouer les "monuments", de les rendre vivants, à bas la naphtaline !
Au delà de ses dénégations, au delà de ses indignations, je crois que Claude Lanzmann a apprécié son "interrogatoire". Car à partir du moment où l'émission bascule, il va constamment arborer ce petit rictus amusé si typique du jeu de séduction.
Quel écart entre le début de l'émission plein d'une politesse formelle, distante et pour tout dire un peu protocolaire, et la fin du dialogue qui illustre une forme supérieure de civilité, celle qui permet de séduire en étant insolent et d'être bousculé en ayant le sentiment d'avoir été bien lu.
Les distances sont abolies, Lanzmann est piqué au vif; il y a eu rencontre.
Art de la conversation, art de la critique.
Bravo.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
et je l’ai regardée d’un trait, sans doute appâté par la chronique de DS.
Lanzmann a été désemparé en effet par la question de son narcissisme,
mais je pense également aussi par la petite joute entre JB et FF concernant Beauvoir.
Il ne doit pas être habitué à ce genre d’émission où l’on ne pratique pas le « politiquement correct » et où l’on ne sert pas la soupe à l’auteur en promo.
Par contre, comme le dit justement Nathalie plus haut, on attend toujours sa réponse au sujet de la différence de traitement de la représentation de l’horreur de la mort.
Je suppose que vous lui avez offert un abonnement et qu’il pourra peut-être répondre à cette question sur le forum, ou tout du moins, dicter sa réponse à sa « secrétaire ».
Puisque qq'un parlait une autre fois de l'alternance des invités, moi ça me va bien que soient souvent invités des auteurs agés, en quelque sorte au bout de leur oeuvre (même si des auteurs qui expliquent leur oeuvre en construction comme Chloé Delaume c'est aussi intéressant). Mais dans ces cas, c'est vrai que le ton juste doit être difficile à trouver, entre respect et questionnement poussé, et comme l'a dit qq'un plus haut, on ne doit pas forcément s'attendre à un ping-pong verbal. D'ailleurs, le passage de l'émission sur la vieillesse, p-ê plus original que sur l'immortalité de l'oeuvre, était réussi.
"...mais les réponses me paraissent sans aucun intérêt, (..)il évite, fuit et ne répond pas (...) Est-ce tout simplement parce qu'il ne s'attendait pas à trouver face à lui de vrais intervieweurs, mais pensait dérouler le plan-plan promotionnel habituel?"
Il me semble que c'est un peu ça, pour l'avoir entendu ailleurs.
Mais je suis d'acc aussi avec d'autres postant-e-s sur le fait que Lanzmann a pu manquer de temps d'élaboration de réponses face à certaines questions. Peut-on toujours être réactif dans le ping pong verbal et cependant proposer des réponses nuancées?
Que Lanzmann cherche l'approbation, certes, et qui, à 80 ans, n'a pas envie de 'partir' avec une vison positive et un sens flatteur à donner à sa vie écoulée?
En ce qui concerne Beauvoir, pour l'avoir déjà entendu parler de sa relation avec elle, il ne m'a pas paru particulièrement moins macho que d'autres.
Et sinon, je suis alléchée aussi par le prochain invité...(Hurlu, nous sommes fiché-e-s...) :-)
Quant à se sentir lièvre ou lapin atteint de myxomatose, n'est-ce pas l'impression que nous avons à chaque lecture d'un parcours exceptionnel ?
Les contradictions d'un homme ne peuvent pas être levées par lui-même. Pour Lanzmann, il faudrait un biographe extèrieur.
En conclusion : une émission vivante, dans le sens où vous (les deux animateurs) ne vous êtes pas embarrassés de mondanités face à votre invité mais en même temps sans doute un manque d'écoute (?), d'empathie pour lui qui vous aurait peut-être ouvert d'autres portes.
En tout cas, j'ai regardé avec énormément d'intérêt en dépit de ces manques.
Dans cette émission on se permet donc de très souvent couper la parole à Lanzmann, de faire fi de son âge avancé en ne lui laissant pas un temps décent pour construire sa réponse... et on est tellement pressé de mettre en avant ses théories audacieuses (et pas forcément étayées) qu'on se chamaille pour prendre la parole !
A mon avis la moins bonne émission depuis le début, le rythme, la distribution de la parole (c'est Judith qui est censée mener, non !?), et accessoirement... le respect de l'invité !
On verra (?) la répartie et la vivacité d'esprit que vous aurez, Judith et Frédéric, à 80 piges...
La qualité des interventions des forums nous est imputable. Apostropher Eric Naulleau comme s'il était "impensable, inadmissible" qu'il ne soit pas présent relève d'un désir de toute puissance apeurant. Vouloir tout contrôler, tout savoir, tout voir, (tout juger?) sous prétexte d'être abonné m'est assimilable à une "attitude pornographie", qui se veut puissance absolue sur l'autre. Non, la vie de notre chroniqueur ne nous est pas transparente, et c'est tant mieux! Un peu "d'érotisme" dans le très compréhensible sentiment de frustration que chacun éprouve au vu de son absence, collègues virtuels! Apprenons humblement à "dévoiler" notre déception "tout en la dissimulant" et en trouvant la juste distance relationnelle entre abonné et intervenant!
Quant à l'émission, tout a été dit précédemment. Il m'a néanmoins semblé voir chez Lanzmann un grand enfant concernant son dualisme / binarisme très surprenant ("aimez moi!" "Vous m'aimez pas?"). Quelque part, ça me rassure! J'aurai droit moi aussi à ces vulnérabilités affectives (régressives?) dans mes jours de vieillesse!
Son "C'est pas drôle, ça ?" en réponse à une lecture de Judith m'a franchement fait dresser les cheveux sur la tête.
Extra bonus dernière minute:
Un 7 d'Or d'honneur est décerné à François Rose pour nous avoir fait partager sa passion pour les pinces à linge blanches, je ne critique pas, je possède moi-même une très jolie collection exposée sur un fil à linge dans le jardin, au vu et au su de tous, j'assume. ;o)
Juste deux trois réflexions, "à chaud" (il est tard, je me suis (encore !!) laissée prendre à regarder l'émission d'une traite alors que je comptais juste en avoir un avant-gout d'un petit quart d'heure avant d'aller dormir...
- Naulleau immédiatement "descendu" pour son absence par les asinautes , et sans vouloir le défendre particulièrement, je trouve cela un peu rude parce que personne pour le moment ne connait la raison et il en a peut-être une bonne, donc laissons lui le bénéfice du doute avant de se précipiter dans la critique ;
- Toujours en matière de rudesse, j'ai trouvé Judith Bernard et Frédéric Ferney également plutôt durs avec Claude Lanzmann, ce qui ne m'avait pas du tout apparu avec les autres auteurs lors des trois premières émissions. Parfois, j'ai eu l'impression d'une volonté de le déstabiliser à tout prix et j'ai été un peu dérangée par ce que j'ai ressenti comme un "acharnement" (lui-même a parlé 'd'interrogatoire").
- Frédéric Ferney ne m'a pas bien convaincue sur son histoire de machisme/féminisme concernant Simone de Beauvoir qui aurait été féministe dans ses écrits mais pas dans sa vie et j'ai dû avoir l'air au moins aussi atterré par ses propos que Judith Bernard durant ce passage.
- Enfin, j'ai trouvé également peu convaincant le fait que Claude Lanzmann ferait du "capitalisme textuel", ce dont il s'est d'ailleurs très bien défendu.
A part ça, merci encore pour la qualité de cette émission à laquelle je suis (vite) devenue fidèle ...
Le dérapage de la présentatrice sur la cannibalisation immédiate du réel dans l'écriture est croquignolet. Emportée par un jeu de mots un peu scolaire ("capitalisme sexuel"), elle lui reproche quelque chose qu'elle reconnaît infondé trois secondes après (il a mis énormément de temps à écrire ce livre, on ne peut pas l'accuser de faire flèche de tout bois pour coucher sur le papier ce qu'il vient de vivre...).
Notre intrépide Judith repart pourtant tout de suite dans une impasse en lui reprochant de parler de la vie privée de certaines personnes, ce qu'elle a ressenti comme une violence (difficile pourtant de faire autrement dans des mémoires...). Lanzmann réplique qu'il ne parle que des morts, elle finit par capituler : "c'est vrai que c'est une protection".
C'est honnête mais ce n'est pas glorieux! Je suis sûr que nos deux chroniqueurs aiment les livres, les lisent, aiment leur boulot mais je crois qu'ils ne préparent pas très bien leurs questions: ils sont capables d'hypothèses brillantes, mais oublient de les étayer suffisamment...
Le passage sur le narcissisme est incontestablement plus réussi (et ce n'est pas moi qui reprocherai à Schneidermann, en bon rédac'chef, de mettre en avant dans sa chronique les bons moments de l'émission plutôt que la fin un peu piteuse).
De manière plus générale (et histoire d'écrire quelque chose d'un peu constructif), quelques conseils à prendre ou à laisser : un peu de scansion (on a envie de vous interroger sur trois aspects), et l'annonce d'une répartition des rôles entre les intervenants (sans toutefois figer les postures) permettraient peut-être de structurer un minimum le temps d'antenne, et remédier au côté "conversation au fil de l'eau" de l'émission, qui ne permet pas de tenir la durée...
Je suis en train de regarder, j'ai pas fini, mais chapeau! Vous avez quand même fort à faire avec un invité qui n'est vraiment pas facile. Au début, il répond presque par monosyllabes, façon Eric Tabarly... Il évite, il fuit, il ne répond pas vraiment. Et puis, vers quarante minutes, commence l'attaque (cf. chronique Schneidermann). Et là, Lanzmann est bloqué: son numéro de grand mandarin attendant des éloges s'enraye, il baffouille il bégaye, il est désemparé, Narcisse ne trouve plus son miroir... Et il est néanmoins fasciné, parce que les arguments que vous lui lancez sont pertinents et qu'il ne peut les contrer. J'en suis là, je reviendrai pour la suite.
Toutefois je perçois un défaut de cette émission, lié non aux intervieweurs mais à l'interviewé: est-ce lié ou non au système d'écriture du texte (par dictée et non manuellement par l'auteur même), mais j'ai eu l'impression que Lanzmann était assez distant vis-à-vis du livre qu'il a pourtant écrit. Evasif, fuyant et lapidaire. Rarement convaincant. À l'inverse, je tiens son film Shoah pour un chef-d'oeuvre, et j'ai eu l'impression qu'il était autrement plus prolixe lorsqu'il l'évoquait: serait-ce qu'avant d'être écrivain, Lanzmann est surtout et avant tout un auteur de cinéma, qui a affronté l'écriture cinématographique bien plus frontalement qu'il n'a abordé l'écriture?... Question ouverte
J'ai dans l'ensemble trouvé que l'invité se faisait un peu manger, les interventions de judith certes brillantes, sont souvent très longues, tout en étant parfois presque agressives je trouve. Les chroniqueurs s'écoutent de plus en plus parler à mon sens, sur la fin c'est Lanzmann qui pose les questions! Pourquoi lui couper systématiquement la parole?
C'est marrant mais du temps d'ASI version france 5, beaucoup reprochaient à DS de trop couper la parole aux invités, moi ça ne m'a jamais vraiment dérangé, au contraire je trouve que le débat était toujours bien cadré et qu'on évitait parfaitement digressions et hors-sujets, pas forcément utile quand les problématiques sont journalistiques.
Hors là, lorsque l'on reçoit un écrivain c'est bien différent, selon moi on ne devrait même pas lui couper la parole une seule fois, on cherche la digression! On invite un écrivain parce qu'on veut l'entendre, moi en tout cas c'est pour ça que je regarde votre émission. Je n'attends pas ses réponses à VOS questions, vous chroniqueurs, dans l'absolu vos questions doivent lui permettre de briller, dans ce cas présent les questions n'ont fait qu'inhiber l'invité, sans que vous vous en rendiez compte (c'est là que le bât blesse à mon avis, car pour Régis Debray tout avait bien fonctionné et ce qui en ressortait était passionnant). Il s'est simplement senti jugé j'ai l'impression.
L'émission m'a tout de même donné envie de voir Shoah que je n'ai pas vu. Cordialement.
J'adore vos émissions !
A part celle avec Regis Debray, j'ai regardé toutes les autres avec grand plaisir.
Je vous souhaite bonne continuation.
Merci pour ces moments très intéressants.
I ll be back
Il est amusant de constater que Lanzmann ayant été accusé à maintes reprises ailleurs d'avoir été cruel/sadique avec le coiffeur dans Shoah, afin de lui "tirer les larmes du sceau", se trouve soumis à son tour à la question (d'ailleurs il parle d'interrogatoire à un moment, je crois). Un juste ou injuste (comme il l'a dit lui-même également) retour des choses ?
yG
Bravo, petit lapin Judith (et nous, que sommes-nous en vous regardant? des [s]lapinots[/s] lapereaux? Je suis bien une citadine, je ne sais plus comment on appelle les bébés lapins, quelle honte!)
Déjà dans les précédentes émissions les limites de temps m'avaient frustrée par rapport aux échanges et propos dont les développements étaient, par la force des choses, suspendus, parfois amputés... Puis je me suis avouée que, mêmes limitées et imparfaites par définition, ces émissions étaient très nourrissantes qualitativement , et la conséquence incontournable pour moi en est que j'attends la suivante en "salivant" d'avance.
Poser un lapin... alors qu'on parle d'un lièvre, c'est manquer de tact. (Bon, ça, c'est fait :) )
Une vie si dense en 68 minutes, évidemment, difficile de ne pas être frustré. Surtout lorsque l'ambiance, comme le dénote déjà les premiers posts, est quelque peu brouillé par celui qui ne vient pas et qu'on attend, comme chez Beckett.
Cela étant dit, le passage du quiproquo, Frédéric n'arrivant pas à formuler sa question de façon directe. Il aurait dû (c'est facile, lorsqu'on refait le film comme moi, abonné) demander franco à Claude s'il s'estimait macho ? Et (si oui) qu'elle problème cela pouvait avoir avec Simone ? Bon passons.
J'aurai aimé que la question de la distinction entre l'homme et l'œuvre soit approfondi ou plutôt plus explicite. Je sens chez Lanzmann que son œuvre est pour lui indissociable de sa personne, et par conséquent, puisque l'œuvre est inattaquable, éternelle (potentiellement), il doit en être ainsi de l'homme... C'est ainsi que je perçois certaines de ses réactions aux interprétations de Judith notamment.
Certes, c'est le souhait de tout créateur, de survivre dans et par son œuvre, mais j'ai l'impression que ce souhait n'est pas tant posthume chez lui que consubstantiel à son parcours... bien que Shoah ait été réalisé alors qu'il avait déjà un certain age. C'est un peu comme si son œuvre maitresse éclairait de façon éblouissante son histoire personnelle, mais à rebours.
Qu'est-ce que cela fait que de savoir que son histoire est ainsi mise en lumière à partir de cette focale tardive ?
yG
Lanzmann a vraiment joué le jeu.
Super !!!!!
La dernière fois, pas d'explication, on se dit qu'il est peut-être souffrant, très occupé, ou que sais-je... et cette fois-ci, un malentendu de rendez-vous.
Y a un souci avec Eric Naulleau ?
pas content le
gamma