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"Cocomelon" : itinéraire d'une panique médiatique

Comment interdire la chaîne YouTube "Cocomelon", dédiée aux très jeunes enfants ? Cette question, posée dans "C à vous" à la ministre de l'Éducation nationale par Mohamed Bouhafsi, a fait soupirer David-Julien Rahmil, auteur d'un livre sur l'internet des enfants et dont le propos a été diffusé quelques minutes avant. Plongée dans les reprises médiatiques de son ouvrage, qui se sont à ses yeux (trop) vite focalisées sur "Cocomelon".

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cette ministre est une calamité...


"si elle a demandé son autorisation de diffuser, elle l'a eue par l'Arcom, après je crois qu'il y a plutôt un travail à faire auprès notamment des parents." Personne en plateau ne rappelle que l'Arcom n'a pas délivré(...)

"Il met en avant le fait qu'il est "scientifiquement" moins dangereux de regarder la télévision qu'une tablette.  "


Comment ça m'étonne pas. Depuis, au moins, les jeux-vidéos, tout ce qui peut détourner le regard de la télévision est considéré co(...)

Ah bon les très jeunes enfants ont accès à youtube tout seul ?

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Alors je me trompe peut-être mais j’ai un drôle de sentiment en lisant l’article. J’ai l’impression qu’il existe un certain nombre de sujets de société qui sont des épouvantails pour la gauche progressiste, et qu’elle les attribue donc à la droite sous l’étiquette « panique morale », en se bouchant le nez. 

Le sujet des chaines de télé Youtube pour bébé est un sujet grave. Laisser son enfant devant ces programmes avant l’âge de trois ans (et même après) est grave. J’ai pu constater sur mon propre fils à quel point ces programmes sont addictifs et abrutissants, notamment sur la chaine « Les Titounis », des dessins animés musicaux faits à la chaine et enregistrés à l’arrache par des gens qui ne sont pas musiciens. A ce titre je renvoie à l’excellente vidéo (pour les adultes cette fois) de la chaine Piano Jazz Concept du pianiste Etienne Guéreau, sur le déclin des musiques de dessin animé, ça vaut son pesant de cacahuètes*. 

Et cela se confirme avec Cocomelon quand je regarde la vidéo Wheels on the Bus : ça chante à l’unisson, il n’y a aucun effort au point de vue musical, même pour des enfants, ne serait-ce que d’essayer de chanter à la tierce. L’univers est dessiné à l’ordinateur, aseptisé, tout est lisse est parfait à l’image (comme dans Pat Patrouille, mais la vision managériale en moins), les couleurs sont unies, primaires. Le décor est un champ désertique à l’image de nos paysages de monocultures dépourvus de haies. Mais bien sûr on va nous dire que pour les bébés il faut des choses simples et douces, et justifier un contenu qui est clairement neuneu.

Bref, je ne vois pas en quoi dénoncer cela est une panique morale. Mais j’ai l’impression que dès qu’il s’agit de parler de faire des enfants, de reproduction sexuée, de sexe biologique, de parentalité, d’éducation, de protéger l’enfance vis-à-vis de cette société commerciale agressive dans laquelle ils naissent, aussitôt une lumière rouge s’allume et ces thèmes sont renvoyés à la droite réactionnaire.

J’ai bien compris l’angle média de l’article, mais vous traitez le fond du sujet avec une distance étonnante, et un statut quo assez discutable, comme s’il fallait laisser sa chance à un programme télé qui a pour but assumé de tenir les bébés captifs en leur faisant bouffer de la publicité pour un monde industriel. Car c’est bien ça le problème le plus grave, ces vidéos Youtube visionnées sur la télé du salon par bébé, comme tout le contenu de l’appli Youtube, sont entrecoupées de publicités répétitives et encore plus captivantes pour des bagnoles, des voyages en avion, des objets électroniques, etc... C’est indéfendable

*Où il est évoqué un âge d’or des dessins animés, alors que les producteurs faisaient appel à des musiciens pour composer la bande son, ces musiciens étant issus du monde du jazz. Ou comment notre oreille de quarantenaires a été éduquée en partie par des vrais compositions, riches et harmonieuses.


C'est pour nous redonner foi en l'humanité que vous terminez l'article en mentionnant que quelqu'un à France Inter a fait correctement son boulot ? C'est vrai que ça vaut le coup d'être mis en lumière au milieu de tous les passe-plats futurs ''laisse d'or'' à la Salamé, Demorrand and co...

Je vais répèter ce que j'ai vu lors d'une émission télé (Arte ou Elise Lucet, je ne me rappelle plus). Les fondateurs d'internet et leurs employés disaient qu'ils ne laissaient voir la télé à leurs enfants qu'à partir de 4 ans et non 3, qu'ils ne leur permettaient d'avoir un smartphone qu'à partir de 14. De plus,ils les mettaient dans des écoles où internet est banni et qui n'utilisent que le stulo et le papier . Ce sont des professsionnels qui le disent, je pense qu'ils sont bien placés pous savoir de quoi ils parlent. Je ne donne pas mon avis, je n'nen ai pas. Ce que je remarque c'est que ce problème touche plus les milieus défavorisés, il y aurait comme une impression de vouloir abêtir les futurs travailleurs, ce qui les rendra moins vindicatifs et plus maléables...

Ah bon les très jeunes enfants ont accès à youtube tout seul ?

cette ministre est une calamité...


"si elle a demandé son autorisation de diffuser, elle l'a eue par l'Arcom, après je crois qu'il y a plutôt un travail à faire auprès notamment des parents." Personne en plateau ne rappelle que l'Arcom n'a pas délivré d'autorisation de diffusion pour Cocomelon, une chaîne YouTube 


Elle ne sait même pas de quoi on lui parle... comme d'habitude



Contrairement à votre message de pure panique morale en commentaire de l'émission Netscape sur le même sujet. Rien à voir, j'imagine ? 😂😂

euh... la ministre est complètement à côté de ses pompes, c'est un fait


confondre youtube et télévision (où l'arcom donne des autorisations, contrairement à youtube), c'est quand même fort


si vous voulez une bonne dose de panique morale, lisez Desmurget accessoirement chercheur en neurosciences (TV lobotomie, la fabrique du crétin digital) , Sabine Duflo, psy (quand les écrans deviennent neurotoxiques), et tant d'autres...

Pour l'éducation nationale: à la recherche du temps perdu, un rapport qui synthétise les études scientifiques sur le sujet, et qui préconise juste de bannir les écrans à l'âge de la maternelle. 

Tous ont une même conclusion: les impacts des écrans sont délétères. Et les vidéos dont il est question ici (ou dans Netscape) y participent activement. 


Mais vous avez aussi le droit de ne pas vouloir l'entendre. Suffit de le dire, pas la peine d'être désagréable. 


Vous avez le droit de vouloir manger du caca, et de trouver ça bon. Mais ça n'en reste pas moins du caca, et vous ne pourrez pas empêcher les gens de vous dire "c'est du caca". Répéter que c'est de la mousse au chocolat n'y changera rien, mais vous avez parfaitement le droit d'aimer ça. 

Pareil pour le caca de youtube. Répétez tant que vous voulez que c'est délicieux, ça reste du caca. 

Vous confondez encore écrans et contenu de ce qui est diffusé sur les écrans. Que vous considériez tout ou partie de ce contenu comme du caca, c'est votre avis et votre droit le plus strict. 


Ce que les études tendent à montrer, comme ce que dit cet article, c'est que le contenu n'est pas forcément le problème, que le problème se situe plus sur le temps excessif de présence devant l'écran, les problèmes de luminosité de ceux ci (la fameuse lumière bleue) et l'absence d'interaction humaine en parallèle/en conjonction du visionnage (même s'il peut par ailleurs y avoir du contenu néfaste, évidemment, cf Elisa Gate et compagnie). 


Il y a une très bonne émission du vendredi d'@si sur le sujet, qui doit avoir un an environ : celle-ci 


Merci pour les conseils de lecture, je m'y pencherai dès que j'ai le temps, sans doute vers noël.

P.S. Loin de moi l'idée de défendre la ministre de l'exploitation des travailleurs locaux par les expatriés français par ailleurs. 😅

les études pointent autant les usages que les contenus, et c'est bien le problème


le rapport publié cette année "à la recherche du temps perdu" le souligne (et la littérature sur ce point n'est pas nouvelle, le rapport ne fait que la synthétiser): les usages sont problématiques tout autant que les contenus visionnés.


pour les usages, c'est désormais acquis pour tout le monde ou presque: conduites addictives, lumière bleue, troubles du sommeil, de la concentration, mémorisation....etc


ce qui est moins évident mais que les études relèvent pourtant, c'est la nocivité des contenus. C'est plus insidieux, moins impressionnant car ça agit sur le temps long:


- appauvrissement du langage (et ce n'est pas une lubbie de vieille réac mais un fait documenté): contenus au langage limité et très pauvre, nombre de mots rencontrés faible, structures langagières simples -voire simplistes- (un enfant exposé quotidiennement aux écrans, à partir d'1h par jour perd des compétences langagières: la norme est d'environ 1000 mots maîtrisés pour un enfant entrant en maternelle, c'est 400 mots pour un enfant exposé aux écrans quotidiennement)

- banalisation des violences (là aussi c'est largement documenté): valorisation des comportements violents et/ou à risque, banalisation des violences physiques, contenus inadaptés à l'âge (niveau de compréhension et gestion émotionnelle des enfants), exposition à des contenus sans accompagnement ni explications qui conduit à une reproduction de gestes et attitudes sans en comprendre la violence, à l'absence d'empathie, "habituation" à la violence du fait de l'exposition répétée à ces contenus (notre cerveau finit par s'habituer et trouver ça "normal")

- mise en scène de soi, exposition de l'intimité: là encore, les inquiétude des professionnels prenant en charge les enfants sont nombreuses. Image de soi dégradée, mise en "concurrence" des individus, modèles irréalistes (et non explicités), injonctions à (être viril, féminine, fort...etc), conduites autodestructrices, mauvaise construction de l'image de soi...

- contenus sexistes/stéréotypés: valorisation des attitudes "viriles" pour les garçons, filles hyperstéréotypées, banalisation du sexisme ordinaire, vision dégradée des relations entre les sexes et/ou des femmes... etc (ceci principalement sur les réseaux sociaux, mais nombre de vidéos youtube visionnées par les plus jeunes sont également problématiques)

- imaginaire limité et pauvre, propositions simplistes, pas ou peu de complexité, redondance des scénarios et univers proposés, schémas narratifs simples et répétitifs = construction d'un imaginaire assez pauvre, que l'on retrouve dans les jeux de cour (pas de diversité dans les propositions de jeux, attitudes stéréotypées et similaires) ou dans les difficultés des enfants à imaginer des choses différentes


Quand on parle de l'impact des écrans, c'est bien dans leur ensemble. Respecter les préconisations d'usage, en limitant par exemple le visionnage de vidéos la durée recommandée (20 minutes quotidiennes max avant 6 ans selon Tisseron), mais regarder des comptines dont le langage est extrêmement pauvre, la mélodie simpliste et répétitive, les schémas et personnages stéréotypés, ça n'apporte rien. D'après ce qu'on en sait ça nuit même à l'acquisition des compétences élémentaires.  

"Il met en avant le fait qu'il est "scientifiquement" moins dangereux de regarder la télévision qu'une tablette.  "


Comment ça m'étonne pas. Depuis, au moins, les jeux-vidéos, tout ce qui peut détourner le regard de la télévision est considéré comme suspect pour elle.

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