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"Connu de la police", mais encore ?

"Connu de la police". La formule est banale, dès qu'il s'agit d'un fait divers. Étonnamment, elle vise à donner du contexte à un acte, l'hypothèse d'une récidive, mais la plupart du temps, elle ne dit rien, faute de précision. Et elle sonne à charge, validant le fantasme de l'impunité et du laxisme.

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Bon, on va voir si j'ai bien compris les nuances:

"Gérald D., connu de la Justice pour avoir tenté de monnayer une relation sexuelle contre l'obtention d'un appartement HLM, a récidivé en essayant d'acheter le vote d'un député LR à l'Assemblée contre (...)

Il y a un très fort relent de discrimination  sociale dans cette expression. Quand Sarkozy est mis en examen pour la 46453656ème fois, aucun média ne dit qu'il est "connu des services de police" !

Alain Juppé (et ses pairs) est "Connu de la police" ... mais lui n'est jamais affublé de ce titre honorifique, alors qu'il le mérite tout autant.

Etrange non ?


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super chronique

Cet article salutaire nous permet de prendre du recul sur la novlangue des services police/justice qui construisent la peur de l'autre dans nos consciences.


N'importe quel citoyen peut se retrouver convoqué par la police parce qu'un voisin l'accuse de tous ses maux. Combien de conjoints se retrouvent chacun devant un officier de police judiciaire en raison de plaintes mutuelles classées sans suites ? Combien d'anonymes dénoncés par de bons citoyens bien intentionnés amenés à s'expliquer sur des faits purement fictifs sont contraintes de s'humilier à laisser leurs empreintes digitales et génétiques. Quant on sait que la police n'a pas le droit de refuser de prendre une plainte (si, si, je vous assure, même si ça doit étonner plus d'un ou une plaignante ayant été refoulée du bureau de plaintes pour des motifs illégaux, cela ressort des tous premiers mots de l'article 15-3 du code de procédure pénale), on comprend mieux l'abondance des personnes figurant dans le FNAED et le FNAEG (fichiers des empreintes digitales et génétiques).


Toutes ces personnes deviennent soudainement connues des services de police.


Mais attention, ce biais de langage ne doit pas nous détourner d'un autre biais qui foule du pied la présomption d'innocence en toute impunité, le fameux "auteur présumé"


Depuis bien des années, que le mis en cause soit qualifié de casseur, voleur, violeur, assassin, fraudeur, dès lors que le qualificatif est suivi du sésame "présumé" suffit aux journalistes (même aux meilleurs) de s'affranchir de la présomption d'innocence.


Cet abus de langage est exaspérant. Rappelons que le mécanisme de présomption est celui par lequel on présuppose un état de fait tant que le contraire n'a pas été prouvé. Par conséquent, le présumé fraudeur aux allocs est présenté comme un fraudeur aux allocs tant qu'on n'aura pas prouvé son innocence. Je vous laisse décliner l'exemple à l'infini avec toutes les qualifications pénales qui vous plairont. C'est un subtile sophisme qui conduit à créer un biais contre l'individu en établissant une présomption de culpabilité et non d'innocence.


Un citoyen qui n'a pas été condamné est un innocent. Lorsqu'il est mis en cause ou accusé de faits contraventionnels, délictuels ou criminels, il peut être qualifié de mis en cause ou accusé, en aucun cas d'auteur présumé.


Si des anglophones veulent comparer le traitement médiatique sur le sujet avec celle de nos voisins étazuniens, un programme amuso-informatif d'heure tardive décrypte avec une délicieuse acuité le traitement médiatique police/jusitce outre atlantique : https://youtu.be/kCOnGjvYKI0?si=88RjvbabHGwEIrS5


Il ne faut pas que nous abondonnions la bataille des mots sur des principes aussi fondamentaux.

Article intéressant, comme l'usage en général du prénom ou de la nationalité pour orienter la perception du lecteur.

Le même travail d'analyse serait à faire sur l'expression "Premier flic de France" que vous utilisez vous même dans cet article. 

Merci pour cette précieuse analyse qui prend le temps. Plus de contenus de ce genre sur @si serait le bienvenu (nostalgique du regard de Laélia Véron) : décorticage des termes, des phraséologies, des images, ce qui passe dans les discours sans même qu'on en ait tout à fait conscience.


Une chose que je relève, c'est quand BFMTV parle de Nahel comme d'un "homme de 17 ans". Thomas, la malheureuse victime de Crépol, n'en avait que 16, certes, mais aurait-on parler de lui comme d'un homme même s'il en avait eu 17 ?

 

Non à 17 ans on n'est pas un homme, comme on n'est pas une femme mais à la limite un jeune homme / une jeune femme voire une jeune fille. Certain-es pourront peut-être discuter ce point de vue, mais quoi qu'il en soit toujours marquée par ce que l'usage de ces termes dit du positionnement de celui qui les emploie et de l'image qu'il peut ainsi renvoyer de la personne dont il est question.



Les Houthis , bien connus des canons cesar, vont empécher le pere noel de venir ...On est mal , que fait la police ?

Connu de la police est une phrase aussi banal que c'était un voisin/garçon si gentils, on comprends pas ce qu'il s'est passé.

Qui vise à apporter une dose de sympathie et de dire que le crime était une erreur ponctuelle.


D'ailleurs les deux idées se retrouve souvent dans les memes articles.

https://www.youtube.com/watch?v=utMMofPJx6I

Ce jeune livreur qui conduisait sans permis et essayait d'échapper aux contrôles routiers était peut-être en infraction, mais c'est lui la victime. 


belle tentative de Nahel-washing. la formulation laisse croire qu'il était tranquillement en train de faire son job de livreur quand la police l'a lâchement agressé. et il était, éventuellement, peut-être, en infraction. rouler comme un taré en pleine ville en mettant en danger l'intégrité des piétons et vélos n'est pas une infraction, je le rappelle, ça doit être autorisé pour tous les Nahel du pays et les flics n'ont absolument pas leur mot à dire.


cette binarité est lassante à force. la gauche défend Nahel, la droite attaque Nahel. d'un coté on lui excuse tout, de l'autre on lui pardonne rien.

Il y a un très fort relent de discrimination  sociale dans cette expression. Quand Sarkozy est mis en examen pour la 46453656ème fois, aucun média ne dit qu'il est "connu des services de police" !

Bon, on va voir si j'ai bien compris les nuances:

"Gérald D., connu de la Justice pour avoir tenté de monnayer une relation sexuelle contre l'obtention d'un appartement HLM, a récidivé en essayant d'acheter le vote d'un député LR à l'Assemblée contre une caserne de gendarmerie."

Un dossier à charge....mhh.... seriez-vous "connu de la police" Mme Bordes ?
J'ai bien peur que oui, après une telle missive !

Tous les flics, les magistrats, les préfets, le ministre de l'intérieur sont également bien connus de la police. Pas rassurant alors. Est-ce pour autant un Etat voyou ?

Alain Juppé (et ses pairs) est "Connu de la police" ... mais lui n'est jamais affublé de ce titre honorifique, alors qu'il le mérite tout autant.

Etrange non ?


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