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Crise grecque : comment les journalistes courent le marathon
Ras-le-bol de la crise grecque. On frise l’indigestion. Aujourd’hui encore, alors que le premier ministre Alexis Tsipras se dit prêt à accepter les demandes des créanciers tout en maintenant le référendum attendu dimanche prochain et que se tient une conférence téléphonique de l'Eurogroupe qui, avait-on dit lundi, ne serait pas réuni cette semaine, on se sent largué. Epuisé. Mais comment font tous ceux, journalistes au premier plan, qui suivent le marathon ? A quoi tournent-ils ?
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Derniers commentaires
Dans l’article du Monde intitulé « Yanis Varoufakis, bête noire de Bruxelles, contraint à la démission » on trouve, entre autres, cette perle rare : « Mais être ministre des finances, c’est faire de la politique. Et manifestement, M. Varoufakis refusait de jouer le jeu. »
Mais qu’a-t-il donc fait d’autre, sinon de la politique ?
Sans doute, pour les grands démocrates de l’europe de la finance, faire de la politique c’est fermer les yeux sur la fascisation de la Hongrie, oublier de rappeler à l’ordre les gouvernement Espagnol qui promulgue une loi franquiste.
Faire de la politique c’est oublier les scrutins populaires quand ils ne vont pas dans le sens voulu par le capital.
Faire de la politique c’est écraser toute initiative sociale au nom de la concurrence libre et non faussée.
En démissionnant, Yanis Varoufakis fait de la politique. L’ombre de son mépris planera sur cette assemblée de zombies aux ordres des banquiers.
Zombies, vous avez dit zombies ?
Mais qu’a-t-il donc fait d’autre, sinon de la politique ?
Sans doute, pour les grands démocrates de l’europe de la finance, faire de la politique c’est fermer les yeux sur la fascisation de la Hongrie, oublier de rappeler à l’ordre les gouvernement Espagnol qui promulgue une loi franquiste.
Faire de la politique c’est oublier les scrutins populaires quand ils ne vont pas dans le sens voulu par le capital.
Faire de la politique c’est écraser toute initiative sociale au nom de la concurrence libre et non faussée.
En démissionnant, Yanis Varoufakis fait de la politique. L’ombre de son mépris planera sur cette assemblée de zombies aux ordres des banquiers.
Zombies, vous avez dit zombies ?
Après une semaine d'intimidation, violente, insupportable, de tout ce qu'il faut bien appeler le "système", les grecs ont résisté et sauvé leur honneur. Putain, ça fait plaisir. Si j'étais pas encore à moitié bourré de la nuit dernière, j'irais fêter ça à coups de shots souverains.
Tentative très politique de BFN : Le non est une victoire de Marine Le Pen et de Dupont-Aignan. C'est quoi le journalisme ? Faut-il être intelligent et cultivé pour le comprendre ? Culture et intelligence seraient-elles préférables à la connerie ?
" Le texte soumis à référendum, eh bien, était trop technique, eh bien , tsipras a profité, eh bien, de cette maladresse, eh bien, de la commission." Quand dénonce raton, eh bien, la connerie journalistique ? La mission secrète ( plus ou moins) du journalisme serait-elle, eh bien, l'abêtissement, eh bien, du populo ? Eh bien ?
Attention le tweet de quatremer de Libé est énorme:
"Des jeunes passent en voiture en hurlant de joie drapeaux grecs à l'appuie. Une Porsche Cayenne la voiture quand même #Grexit"
Voir https://twitter.com/quatremer/status/617761433326125058
"Des jeunes passent en voiture en hurlant de joie drapeaux grecs à l'appuie. Une Porsche Cayenne la voiture quand même #Grexit"
Voir https://twitter.com/quatremer/status/617761433326125058
Le non en tête dans les sondages de sortie des urnes !!
Chez les fachos de BFN-RMC, un extraordinaire "élément de langage" fait en ce moment fureur : le coût du referendum ! Comment un pays en faillite a-t-il l'absurde outrecuidance de s'offrir le luxe ruineux de la démocratie ! Je n'ai jamais à ce point ressenti la dimension vertigineuse de la bêtise journalistique.
"L’épuisement se ressent à tous les étages. "
Super description de l'ambiance. Le travail, seul, à deux, en groupe, jusqu'au burn out. Comment tenir ?
Mais une question me brûle les lèvres : est-ce que ça baise ?
Super description de l'ambiance. Le travail, seul, à deux, en groupe, jusqu'au burn out. Comment tenir ?
Mais une question me brûle les lèvres : est-ce que ça baise ?
Piquet sur la dette grecque : https://www.dailymotion.com/video/x2wb9u3_thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers_news
(Face à Arnaud Leparmentier qui, décidément, enfile des perles)
(Face à Arnaud Leparmentier qui, décidément, enfile des perles)
Puissante et incontrôlée Troïka (Doc ARTE) :
https://www.youtube.com/watch?v=jUz_j8z0Fb0#t=16
https://www.youtube.com/watch?v=jUz_j8z0Fb0#t=16
Imaginez les économies, que feront les contribuables européens, une fous la Grèce dehors !!!
Champagne !
Champagne !
Allez, assez joué !
Ouste, dehors ...
Tu veux pas rembourser ? Alors dégage !
Ouste, dehors ...
Tu veux pas rembourser ? Alors dégage !
Pas encore tout lu... Faut du temps Anne-So !
Et puis ils nous les broutent copieusement les Hellènes !
S'ils ont inventé la démocratie... Ils se sont empressés de l'oublier (les colonels, "Z", etc.)
Ils nous ont déjà piqué 320 milliards ! Vous imaginez la montagne de biffons de 500 € ? L''Everest paraîtrait minable à côté !
Maintenant leur problème c'est que, comme ils on tout croqué à belles dents, ils ne peuvent pas rembourser (c'était prévisible)
Donc ils ont une énorme envie de nous proposer d'aller nous faire sodomiser, pratique qui est une spécialité régionale, un peu comme le tarama.
Et en même temps ils se disent : "Peut-être qu'ils sont assez cons pour nous prêter l'argent qu'ils nous demandent de rembourser"
Bingo ! C'est vrai et pour une raison d'une déconcertante simplicité : s'ils ne paient pas, les cautions (l'Allemagne et la France mais pas seulement) vont devoir payer à leur place. Et elles en sont bien incapables, surtout la France qui emprunte actuellement 550.000.000 € tous les matins, samedi et dimanche compris. Il faudrait emprunter combien pour rembourser la dette Grecque en plus ?
Donc c'est la faillite générale au bout... Et surtout les politiciens au chômage (c'est ça qui les inquiète). Et probablement des têtes sur des piques. Ce qui leur fait un peu peur à tous ces gens si dévoués au bien public... et surtout aux dérivations de l'argent public en direction de leurs poches.
C'est d'ailleurs vrai, pour être tout à fait honnête, qu'avoir la tête sur les épaules est plus agréable que de l'imaginer, regardée par sa veuve, se balançant au bout d'une pique (ou accrochée dans un grillage pour coller à l'actualité)...
La Grèce est en train de nous montrer ce qui arrive aux imbéciles qui dépensent beaucoup plus que leurs revenus.
C'est une leçon d'économie élémentaire, qui ne vaut pas 320 milliards, (n'exagérons rien), mais qu'il est bon de vérifier une fois de temps en temps !
Il est hélas beaucoup trop tard pour que la France en tire profit, elle a franchi le point de non retour depuis longtemps !
P.S. : Je n'ignore naturellement pas que les bonnes âmes, avides de montrer leur bon coeur en faisant la charité avec l'argent des autres, n'adhéreront pas à mes propos. Seulement financer les Ouzo de gens qui ne nous invitent même pas à trinquer avec eux ça va un moment mais il ne faut pas charrier, préoccupons-nous enfin de leur santé : l'alcool doit être consommé avec modération !
PG
Et puis ils nous les broutent copieusement les Hellènes !
S'ils ont inventé la démocratie... Ils se sont empressés de l'oublier (les colonels, "Z", etc.)
Ils nous ont déjà piqué 320 milliards ! Vous imaginez la montagne de biffons de 500 € ? L''Everest paraîtrait minable à côté !
Maintenant leur problème c'est que, comme ils on tout croqué à belles dents, ils ne peuvent pas rembourser (c'était prévisible)
Donc ils ont une énorme envie de nous proposer d'aller nous faire sodomiser, pratique qui est une spécialité régionale, un peu comme le tarama.
Et en même temps ils se disent : "Peut-être qu'ils sont assez cons pour nous prêter l'argent qu'ils nous demandent de rembourser"
Bingo ! C'est vrai et pour une raison d'une déconcertante simplicité : s'ils ne paient pas, les cautions (l'Allemagne et la France mais pas seulement) vont devoir payer à leur place. Et elles en sont bien incapables, surtout la France qui emprunte actuellement 550.000.000 € tous les matins, samedi et dimanche compris. Il faudrait emprunter combien pour rembourser la dette Grecque en plus ?
Donc c'est la faillite générale au bout... Et surtout les politiciens au chômage (c'est ça qui les inquiète). Et probablement des têtes sur des piques. Ce qui leur fait un peu peur à tous ces gens si dévoués au bien public... et surtout aux dérivations de l'argent public en direction de leurs poches.
C'est d'ailleurs vrai, pour être tout à fait honnête, qu'avoir la tête sur les épaules est plus agréable que de l'imaginer, regardée par sa veuve, se balançant au bout d'une pique (ou accrochée dans un grillage pour coller à l'actualité)...
La Grèce est en train de nous montrer ce qui arrive aux imbéciles qui dépensent beaucoup plus que leurs revenus.
C'est une leçon d'économie élémentaire, qui ne vaut pas 320 milliards, (n'exagérons rien), mais qu'il est bon de vérifier une fois de temps en temps !
Il est hélas beaucoup trop tard pour que la France en tire profit, elle a franchi le point de non retour depuis longtemps !
P.S. : Je n'ignore naturellement pas que les bonnes âmes, avides de montrer leur bon coeur en faisant la charité avec l'argent des autres, n'adhéreront pas à mes propos. Seulement financer les Ouzo de gens qui ne nous invitent même pas à trinquer avec eux ça va un moment mais il ne faut pas charrier, préoccupons-nous enfin de leur santé : l'alcool doit être consommé avec modération !
PG
D'autres endettements en vue, pour permettre au BTP de continuer ses petites affaires; nombreux chefs d'entreprises accompagant Hollande au Bénin, Angola, Cameroun ; ils vont en bouffer des grands travaux inutiles comme en ont bouffé les Grecs. D'aorès Le Point et d'autres journaux, "Hollande se rendra enfin dans la "Bluezone", une structure créée par le groupe français Bolloré dans un quartier populaire regroupant à la fois un incubateur pour jeunes entrepreneurs, une salle de spectacle, des espaces dédiés au sport et aux loisirs et un espace de santé.". Remarquez que l'espace de santé arrive bon dernier dans la liste. Et plus tard, pour justifier des mesures d'austérité, on dira aux plus pauvres qu'ils ont vécu au-dessus de leurs moyens.
Les habitants du Bénin, d'Angola, du Cameroun n'ont peut-être pas attendu Monsieur Hollande et ses chefs d'entreprise pour organiser des spectacles, des loisirs et font sans doute du sport sans avoir besoin de salles coûteuses; pour ma part un vélo un peu rouillé suffit à mon bonheur, tout ce que je demende, c'est qu'il me reste des petites routes tranquilles pour m'y promener, sans chercher à battre des records de vitesse.
Les habitants du Bénin, d'Angola, du Cameroun n'ont peut-être pas attendu Monsieur Hollande et ses chefs d'entreprise pour organiser des spectacles, des loisirs et font sans doute du sport sans avoir besoin de salles coûteuses; pour ma part un vélo un peu rouillé suffit à mon bonheur, tout ce que je demende, c'est qu'il me reste des petites routes tranquilles pour m'y promener, sans chercher à battre des records de vitesse.
Rectification à mon message : Pourquoi le peuple grec ne mérite-il pas autant de d'épanchement compassionnel que les migrants en Méditerranée ? Attend-on qu'il prenne la mer lui aussi ?
Petite réaction de notre bien aimée Cigale:
"Dire que ces grecs sont arrivés dans les négociations comme de pauvres cueilleurs d'olives cul-terreux sans cravate (essentiel, le sans cravate) à peine alphabétisés et bloquant sur les virgules, non, je trouve d'un paternalisme insupportable.
" Ils ont découvert un monde qui essaie en permanence de les piéger." ... non mais : !!!!!!!!!!!!!!!!!! peu importe de qui c'est, par combien de couches de pisse-copie ça a été transmis. les grecs, pauvres chouchous innocents face à de si méchants pas grecs, propres sur eux, avec cravate et esprit machiavélique, qui lancent des virgules comme ça, hop, comme autant de peaux de banane sous leurs plantes de pied encore toutes calleuses de leur marche vers la civilisation, et eux se retrouvent piégés par des virgules et des arguties. non, mais, ils savent de qui ils causent ? les sophistes, aristote, platon, non ? ça fait pas tilt ? ça serait pas tellement méprisant, j'en rirais.
Ce minuscule pays, à 2% du PIB européen, dont le gouvernement a reçu un mandat clair il y a juste 6 mois (sortez-nous de cet enfer), est en train de foutre un boxon pas possible dans l''UE grâce à quelques mecs qui ont eu "théorie des jeux" en matière coefficient maximum au bac, comme rarement on a vu à ce niveau de fonction.
et le rapport d'audit n'est toujours pas sorti..."
"Dire que ces grecs sont arrivés dans les négociations comme de pauvres cueilleurs d'olives cul-terreux sans cravate (essentiel, le sans cravate) à peine alphabétisés et bloquant sur les virgules, non, je trouve d'un paternalisme insupportable.
" Ils ont découvert un monde qui essaie en permanence de les piéger." ... non mais : !!!!!!!!!!!!!!!!!! peu importe de qui c'est, par combien de couches de pisse-copie ça a été transmis. les grecs, pauvres chouchous innocents face à de si méchants pas grecs, propres sur eux, avec cravate et esprit machiavélique, qui lancent des virgules comme ça, hop, comme autant de peaux de banane sous leurs plantes de pied encore toutes calleuses de leur marche vers la civilisation, et eux se retrouvent piégés par des virgules et des arguties. non, mais, ils savent de qui ils causent ? les sophistes, aristote, platon, non ? ça fait pas tilt ? ça serait pas tellement méprisant, j'en rirais.
Ce minuscule pays, à 2% du PIB européen, dont le gouvernement a reçu un mandat clair il y a juste 6 mois (sortez-nous de cet enfer), est en train de foutre un boxon pas possible dans l''UE grâce à quelques mecs qui ont eu "théorie des jeux" en matière coefficient maximum au bac, comme rarement on a vu à ce niveau de fonction.
et le rapport d'audit n'est toujours pas sorti..."
Peut-être pas à sa place mais bon...
Léa Salamé remise à sa place par Costa Gavras ce matin sur FI, un vrai moment de bonheur... Mais où va-t-on si nos chiens de garde se mettent à inviter des irresponsables qui parlent de démocratie, de respect des électeurs ? Coup de fatigue ou conséquence de la canicule ?
Pourtant, les journalistes de FI ne devraient pas être touchés par le burn-out. On se croirait en 2005 lors du referendum. Une pincée de "non" contre des louches de "oui".
Jean-Claude Carrière suivait avec un discours sur les croyances face aux preuves scientifiques. Difficile de ne pas faire un parallèle avec la sacro-sainte croyance néo-libérale et les preuves d'un modèle qui ne marche pas. Ce matin, c'était presque agréable d'écouter FI même si la disparition programmée des guignols de l'info semblait aussi importante que la ruine du peuple grec. (je n'ai pas la télé, donc, il est vrai que je me fiche un peu des guignols)
Puisque je tiens le crachoir, je le garde...
Le peuple grec que les gourous de l'orthodoxie libérale veulent plonger (encore plus) dans une misère noire ne mérite-t-il pas autant de compassion que les migrants en Méditerranée ?
Léa Salamé remise à sa place par Costa Gavras ce matin sur FI, un vrai moment de bonheur... Mais où va-t-on si nos chiens de garde se mettent à inviter des irresponsables qui parlent de démocratie, de respect des électeurs ? Coup de fatigue ou conséquence de la canicule ?
Pourtant, les journalistes de FI ne devraient pas être touchés par le burn-out. On se croirait en 2005 lors du referendum. Une pincée de "non" contre des louches de "oui".
Jean-Claude Carrière suivait avec un discours sur les croyances face aux preuves scientifiques. Difficile de ne pas faire un parallèle avec la sacro-sainte croyance néo-libérale et les preuves d'un modèle qui ne marche pas. Ce matin, c'était presque agréable d'écouter FI même si la disparition programmée des guignols de l'info semblait aussi importante que la ruine du peuple grec. (je n'ai pas la télé, donc, il est vrai que je me fiche un peu des guignols)
Puisque je tiens le crachoir, je le garde...
Le peuple grec que les gourous de l'orthodoxie libérale veulent plonger (encore plus) dans une misère noire ne mérite-t-il pas autant de compassion que les migrants en Méditerranée ?
«Il ne faut pas se suicider parce qu’on a peur de la mort», a ainsi lancé Juncker : «Il faut voter oui, indépendamment de la question posée» pour «dire oui à l’Europe».
Cette référence à la mort et au suicide, alors qu'il existe une autre expression bien plus anodine "Se jeter à l'eau pour éviter la pluie" est en effet assez extraordinaire, portant dramatisation, menace et... aveu. Mais je trouve la fin de la phrase encore plus extraordinaire: voter oui à un référendum sans tenir compte de la question... je rêve!
Cette référence à la mort et au suicide, alors qu'il existe une autre expression bien plus anodine "Se jeter à l'eau pour éviter la pluie" est en effet assez extraordinaire, portant dramatisation, menace et... aveu. Mais je trouve la fin de la phrase encore plus extraordinaire: voter oui à un référendum sans tenir compte de la question... je rêve!
"Les membres du gouvernement Syriza n’étaient pas préparés à ce type de négociations : "les arguties pour un point de TVA ou une virgule ici ou là, ce n’est pas dans leur culture. Ils ont découvert un monde qui essaie en permanence de les piéger."
Ceci rappelle très exactement ce que N.Klein écrivait dans La stratégie du choc sur l'ANC nouvellement arrivée au pouvoir au début des années 90 en Afrique du Sud, et comment ils se sont fait rouler sur le volet économique de la réorganisation du pays.
Ceci rappelle très exactement ce que N.Klein écrivait dans La stratégie du choc sur l'ANC nouvellement arrivée au pouvoir au début des années 90 en Afrique du Sud, et comment ils se sont fait rouler sur le volet économique de la réorganisation du pays.
Pour ceux qui se souviennent des négociations de l'OMC, la « stratégie du bout de la nuit » est aussi une méthode de négociation. Face à des négociateurs expérimentés et, parfois, cocaïnés, un homme politique plus candide et moins préparé, à 4 heures du matin, lâche plus facilement. Et je pense que les négociateurs du FMI ont encore le souvenir et l'expérience des cycles de négociation de l'OMC.
On vit un moment historique, y a des signes qui ne trompent pas : Hollande a publiquement contredit Merkel http://www.lemonde.fr/crise-de-l-euro/article/2015/07/01/grece-francois-hollande-repond-a-angela-merkel_4666200_1656955.html. Tout arrive.
Etrange que ce sentiment de lassitude vienne à ces journalistes, à un moment où enfin, il semble se passer quelque chose d'important. Quand ces journalistes vont voir un film ou une piece qui met un peu de temps à commencer, ils s'endorment au moment où il se passe enfin quelque chose ? S'ils font le gué, ils s'endorment au moment où on commence a voir quelque chose bouger a l'horizon ? Etc...
Etonnant quand même qu'il faille tant de travail de tant de journalistes pour en arriver à la bouillie indigeste que servent depuis des mois la plupart des journaux français (Le Monde et Libération en particulier).
Je rêve! Faudrait s'intéresser au sort des journalistes?
C'est vrai que le retraité qui fouille les poubelles à Athènes n'a qu'à mieux fouiller.
Ridicule.
C'est vrai que le retraité qui fouille les poubelles à Athènes n'a qu'à mieux fouiller.
Ridicule.
Merci Anne-Sophie, papier extraordinaire, c'est pour ce genre d'analyse exceptionnelle que j'aime lire @si.
Pour le coup j'ai presque l'impression que mon abonnement n'est pas assez cher. J'aimerais parfois aider autrement que financièrement, mais j'avoue encore ignorer comment.
Continuez, mille fois merci.
Pour le coup j'ai presque l'impression que mon abonnement n'est pas assez cher. J'aimerais parfois aider autrement que financièrement, mais j'avoue encore ignorer comment.
Continuez, mille fois merci.
Super papier, merci.
Juncker, il cause des trucs on sait pas trop où qu'il veut en venir, souvent. Notamment hier: «Des événements importants, ceux auxquels vous n'êtes pas préparés, sont en train de se passer à Athènes. Je ne voudrais pas manquer l'occasion de prendre de l'influence sur les événements qui se passent à Athènes (...) et qui probablement vont produire des résultats qui ne correspondent pas aux articles que vous avez écrits aujourd'hui» (mardi 30 juin).
Comme dit Eva Joly dans une tribune de Libé: «Depuis samedi dernier s’est ainsi engagée une bataille décisive. Elle a pour objet la “vérité” sur les négociations entre le gouvernement d’Aléxis Tsípras et ses créanciers (Eurogroupe, BCE, FMI, Commission européenne). Leur opacité autorise tous les storytelling».
CQFD
Juncker, il cause des trucs on sait pas trop où qu'il veut en venir, souvent. Notamment hier: «Des événements importants, ceux auxquels vous n'êtes pas préparés, sont en train de se passer à Athènes. Je ne voudrais pas manquer l'occasion de prendre de l'influence sur les événements qui se passent à Athènes (...) et qui probablement vont produire des résultats qui ne correspondent pas aux articles que vous avez écrits aujourd'hui» (mardi 30 juin).
Comme dit Eva Joly dans une tribune de Libé: «Depuis samedi dernier s’est ainsi engagée une bataille décisive. Elle a pour objet la “vérité” sur les négociations entre le gouvernement d’Aléxis Tsípras et ses créanciers (Eurogroupe, BCE, FMI, Commission européenne). Leur opacité autorise tous les storytelling».
CQFD
Merci pour l'article, mais dommage que @si soit un peu en vacances.
Sans esperer faire le tour de la question y'a de la matiere pour faire une analyse mediatique, entre les clichés vehiculés qui sont en fait des reprises sans recule des positions dominantes (eurogroupe), depeche qui sont que la transcription des communiqués des memes...
On apercoit quand meme un inflechissement du bruit mediatique, par ci par la, on entend parfois que l'eurogroupe nous balade (les grecs en premier) et que syriza n'est peut etre pas aussi "voyou" que cela...
Sans esperer faire le tour de la question y'a de la matiere pour faire une analyse mediatique, entre les clichés vehiculés qui sont en fait des reprises sans recule des positions dominantes (eurogroupe), depeche qui sont que la transcription des communiqués des memes...
On apercoit quand meme un inflechissement du bruit mediatique, par ci par la, on entend parfois que l'eurogroupe nous balade (les grecs en premier) et que syriza n'est peut etre pas aussi "voyou" que cela...
Le dernier paragraphe de l'article me fait irrésistiblement penser à cette photo. Et je dois avouer que je suis complètement sensible à la charge poétique de cet étirement de la nuit, qui est encore développé dans l'article des Echos. Quel cinéaste nous fera la Dolce Vita ou le Lost in Translation des petites heures des négociations sur la Grèce ?
Juste pour revenir sur le début de l'article : j'ai vu cette référence à un courrier de Tsipras annonçant des concessions sur les négociations, et je me suis dit "hein ? c'est quoi ?", et en lisant le live de Libération, tiens ben c'est confirmé par le gouvernement grec, c'est quoi cette histoire ? Et on se rend compte en regardant le fil qui suit que les gouvernants européens, qui étaient contre le référendum et qui disaient que le non au référendum équivalait à une décision de sortie de l'euro, ont alors fait des bonds en disant "ah non les grecs ! On ne reprend pas les négociations avant que votre référendum se soit passé !" : voilà-ti pas que le principe du référendum est accepté, qu'on négocie après (même si le non passe ?) et que le défaut au FMI est oublié !
Bon sang ! Si c'était fait exprès, c'est du génie !
Juste pour revenir sur le début de l'article : j'ai vu cette référence à un courrier de Tsipras annonçant des concessions sur les négociations, et je me suis dit "hein ? c'est quoi ?", et en lisant le live de Libération, tiens ben c'est confirmé par le gouvernement grec, c'est quoi cette histoire ? Et on se rend compte en regardant le fil qui suit que les gouvernants européens, qui étaient contre le référendum et qui disaient que le non au référendum équivalait à une décision de sortie de l'euro, ont alors fait des bonds en disant "ah non les grecs ! On ne reprend pas les négociations avant que votre référendum se soit passé !" : voilà-ti pas que le principe du référendum est accepté, qu'on négocie après (même si le non passe ?) et que le défaut au FMI est oublié !
Bon sang ! Si c'était fait exprès, c'est du génie !
« Un bon Européen, est celui qui respecte les traités et les lois nationales et s'assure ainsi que la stabilité de l'Eurozone ne soit pas endommagée »
Merkel a-t-elle à l’esprit une définition claire de ce qu’est être un « bon Européen » ? Les tractations, les compromis temporaires, la gestion lucrative des crises financières auxquels les peuples doivent se soumettre en silence, n’excluent-ils pas de fait ces derniers de toute appartenance à la catégorie des « bons Européens » ? Les bons Européens seraient les seuls technocrates, non élus, qui violent la souveraineté nationale des autres tout en cherchant à préserver celle de leur propre nation. Car il va sans dire que l’idée d’une entité supranationale à l’origine de l’Union n’est pas parvenue à effacer les nationalismes, et c’est là une des maladies dont l’Europe actuelle souffre.
On pense immédiatement à Nietzsche à qui l’on doit cette expression, que Husserl reprendra dans sa Conférence de Vienne : « Car, même si je suis censé être un mauvais Allemand, je suis en tout cas un très bon Européen » écrivait-il à sa mère le 1er août 1886. Nietzsche appelait de ses vœux l’avènement d’une nouvelle Europe qui étoufferait les nationalismes et renverserait les nations (cf. le § 475 de Humain, trop humain : « L’homme européen et la destruction des nations »). Cette nouvelle Europe propagerait un amour des peuples en même temps qu’un détachement libérateur à l’égard de son propre peuple et de la fascination pour le propre. Les bons Européens se caractériseront comme une race d’artistes, des affirmateurs qui ont rejeté le désir de s’enraciner dans les traditions de leur nation. En cela, ils ressembleront aux Anciens Grecs qui ont selon Nietzsche, réussi non pas à créer un ethnos particulier, mais à s’approprier les cultures de tous les autres peuples – avec tout ce qu’ils doivent à l’Orient. Ils ont ramassé les javelots que les autres avaient jetés pour les lancer encore plus loin, dans des directions insoupçonnées.
L’universalisme européen comme manifestation spirituelle – qui veut faire de l’Europe autre chose qu’une péninsule du continent asiatique selon le mot de Paul Valéry – a cependant deux faces dont on distinguerait assez mal les différences. Dans cette perspective, le rapport à l’étranger constitue la pierre de touche de toute définition sérieuse de l’Européen tel qu’il s’est manifesté et imposé à la planète. L’exclusion de l’Asiatique, le mépris et la cruauté à l’égard de l’Africain et des peuples d’Amérique Latine ont pris les formes les plus terribles au cours de l’histoire. L’européanocentrisme qui se drape derrière le discours universaliste et qui célèbre la flamme de l’esprit éclairant le monde a conduit Husserl à priver « les Esquimaux ou les Indiens des ménageries foraines et les Tziganes qui vagabondent perpétuellement en Europe » (La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris, Gallimard, 1976, p. 352) de toute humanité, lui le Juif que les Nazis ont privé d’accès à la bibliothèque de l’Université de Fribourg-en-Brisgau et finalement radié du corps professoral. La figure spirituelle de l’Europe achèverait selon lui la réalisation de l’humanité accomplie : cette humanité ferait du coup défaut aux autres peuplades de la terre à l’exception des Nord-Américains et des habitants des dominions anglais.
Husserl lui-même comme Nietzsche en appelait aux Grecs chez lesquels l’étonnement et l’admiration devant l’étant, à l’origine de l’esprit théorétique, qui avance par amour de la vérité, était devenu une habitude, et il déplorait la méversion contemporaine de la rationalité née en Grèce et qui est désormais mise au service d’un pur objectivisme qui a conduit les sujets à se considérer eux-mêmes comme des objets. Ce rationalisme positiviste contre lequel il nous appelle à lutter a fini par produire une lassitude, signe du désespoir et d’un manque de foi envers l’esprit : « Le plus grand danger de l’Europe est la lassitude. Combattons en tant que “bons européens” contre ce danger des dangers, avec cette vaillance qui ne s’effraye pas non plus l’infinité du combat… ». (La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, p. 392).
Que ce soit pour Nietzsche ou pour Husserl, le "bon européen" a été incarné par les Grecs et la mission du philosophe face à une humanité malade est de réactiver cette tradition recouverte par l’égalitarisme chrétien pour le premier et par le rationalisme positiviste pour le second.
Il est courant de penser la Grèce ancienne comme un commencement pour la rationalité européenne. Mais il faut l’avouer, ce mythe de la naissance de l'Occident en Grèce ancienne repose sur une appropriation aussi violente que le vol de la fresque du Parthénon et des antiquités enfermées dans les musées européens. La croyance indéracinable dans un hellénisme originaire de l'Europe fait partie du grand pillage archéologique qui se poursuit encore aujourd’hui. Du même coup, la Grèce moderne ne serait qu’un avatar oriental, corrompu par la domination ottomane, qui ne parviendra jamais à la hauteur de l'héritage que l'Europe civilisée aurait su préserver.
Mais décréter qu'un événement originaire ait eu lieu une fois suppose un télos, une finalité sans laquelle le commencement ne saurait lui-même se poser comme commencement. L’initial n’est pas le simple déclenchement d’un mouvement : c’est par définition ce qui tend de soi-même vers autre chose. La structure de la traditionnalité qui se construit par couches et sédiments successifs devient l’obstacle qu’il s’agit de déconstruire pour réactiver l’origine oubliée et enfouie. Mais une tradition n’a de force et de vivacité qu’en fonction de la manière selon laquelle une époque se projette dans l’avenir. Or, le phénomène de lassitude et le nihilisme occidental ont rendu l’avenir indésirable. Ce qu’on désire avant tout c’est la stabilité et la préservation de l’équilibre. Même les catastrophes, les attentats et les désastres deviennent fonctionnels pour perpétuer le statu quo.
Quand Merkel parle d’un « bon européen » elle veut donc parler d’un européen qui accomplit ses fonctions de base de façon optimale. De même qu’on parle d’une bonne machine ou d’une bonne paire de chaussures. Bon n’a ici aucun sens moral. Le « bon européen » est pour elle celui qui incarne au mieux le paradigme qu’elle a en tête, la meilleure exemplification d’un idéal fumeux.
Il faut pourtant reconnaître que ce qu’on appelle l’Europe est devenu la figure monumentale qu’a laissé le projet de colonisation du monde au cours du XIXième siècle et dont nous héritons aujourd’hui encore sous la forme d’un retournement de cette puissance contre elle même avec l’asservissement des citoyens des nations européennes accusés de tous les maux. Ce projet tend dès le départ à étendre les frontières de l’Europe, et à européaniser la planète afin d’en accaparer toutes les ressources, afin de traiter le reste du monde comme une ressource exploitable. Dès lors, seul le projet de provoquer l’ensemble de la terre sur le mode du dévoilement technique permet de comprendre les grandes catastrophes, par lesquelles l’homme a été mis en défaut dans son essence même. L’aliénation dont Marx dénonçait les effets dans le système capitaliste doit servir de base pour la description de la condition humaine actuelle, à l’époque néolibérale.
L’ère du libéralisme nouveau dans l'Europe se caractérise par une délocalisation des moyens de production dans des contrées lointaines et par le remplacement des industries par des sociétés de service qui ne produisent rien. Bien sûr, il reste des industries de pointe qui continuent de fonctionner ici et là, mais l’essentiel est que toute velléité de contestation, de révolte et de révolution prolétarienne est désormais endiguée. Le salarié a remplacé l’ouvrier. L’employé de bureau est soumis à un mode d’emploi qui détermine jusque la place des crayons et des gommes. Bernard Stiegler montre que la prolétarisation n’affecte plus en Occident l’ouvrier en tant qu’il produit un objet qu’il est incapable de consommer mais le consommateur en tant qu’il consomme des objets qu’il ne peut plus produire. Les pays du Tiers-Monde produisent les objets consommés sur le sol des pays riches. Dans les produits de grandes enseignes, il arrive qu’un esclave lointain arrive à glisser un appel à l’aide, témoignant des conditions extrêmes de travail. Au Bangladesh c’est tout un immeuble qui s’effondre sur des ouvriers enfermés. Des enfants travaillant plus de quinze heures par jour et payés une misère sont derrière les produits d’usage courant tel que les ordinateurs ou les téléphones portables intelligents. Les exemples d’abus sont nombreux et leur liste peut s’allonger indéfiniment. Là n’est pas le propos. Que peuvent-il nous apprendre sinon à manifester l’attitude hypocrite de la belle-âme qui se révolte contre des abus du système tout en l’appelant de ses vœux ? Il en est aujourd’hui comme il en a toujours été : certains doivent déchoir de leur humanité afin que d’autres puissent accomplir la leur. On dira que l’esclavage dans l’Ancienne Grèce permettait au moins à quelques privilégiés de jouir des bénéfices de la scholé, c’est-à-dire du loisir de la pensée et des décisions citoyennes. Le salarié des sols européens n’en est pas moins lui-même esclave. Une des formes les plus prégnantes de l’asservissement de l’Européen est l’endettement.
Or, tout le système financier du néolibéralisme se fonde sur un processus toujours croissant de surendettement généralisé. À travers une dynamique de destruction et d’autodestruction, les institutions bancaires qui perpétuent ce système sont continuellement sauvées de la faillite, tandis que les États se prostituent aux différents lobbies qui en ont le contrôle exclusif, et que les individus et familles sont mis dans un état survie : la bonne vie n’est désormais qu’un lointain souvenir accessible pour eux qu’au prix d’une illusion. Cette illusion consiste à croire qu’on garde encore une main sur son existence, sur la direction de ses projets et sur la libre responsabilité de ses choix.
Le plus inquiétant, le plus désespérant, est que ce processus survit à tout déséquilibre, aux attaques extérieures comme aux ébranlements internes. Rien n’est susceptible de le secouer. Mais il n’y a là aucune intervention divine ou hasard mathématique : la volonté qui préside au marché se nourrit et s’intensifie de ses crises. Celles-ci ne frappent que l’existence des peuples et profitent aux machinations monétaires. L’assujettissement des citoyens se fait au profit d’une machine qui contrôle, détermine et crée les désirs et les besoins. L’état recherché est bien entendu celui du gain toujours croissant, une stagnation signifiant à ce niveau une perte. Le moyen d'y parvenir est la dépendance perpétuelle à quelque chose. Loin de signifier la destruction du système, les crises économiques participent ainsi au contraire au renflouement de ses fondations. Cela est clairement visible quand la résignation et la tristesse prennent peu à peu la place de l’enthousiasme et de l’adhésion des classes populaires au projet révolutionnaire.
La prolétarisation du travailleur et du consommateur n’épargne donc plus rien ni personne. Elle institue un déracinement de l'humanité comme Heidegger l'a bien montré, non pas au sens d’une indifférence à l’égard du national, mais en un sens plus essentiel. L’absence de racines caractérise l’homme d’aujourd’hui en ce qu’il est arraché à sa propre essence : l’aliénation qui le rend étranger à lui-même, à ce qu’il est, qui le sépare de ce qu’il peut, qui obstrue la voie vers le soi, et qui l’empêche en même temps de rentrer en relation avec les autres. Loin de le livrer à une divagation informe, une série de dislocations déterminent l’être de l’aliéné en structurant ses représentations et ses actions. Ces considérations doivent nous livrer une conception plus profonde de l’histoire qui voit en elle non plus le modèle temporel conduisant d’une chute initiale vers un salut inéluctable, non plus une progression vers la catastrophe finale – car ces deux mouvements partagent en commun l’idée que tout est définitivement réglé d’avance dès l’origine – mais plutôt un scandement dans lequel des périodes d’appropriation et de désappropriation, de cèlement et de décèlement, se répètent indéfiniment. C’est le retour du même comme advenue du différent qui donne, non pas la loi, mais le motif secret de ce mouvement temporel dont il n’est plus permis de parler en termes d’histoire et d’historicité comme progression vers la catastrophe ou vers le progrès.
L’aliénation qui a déjà eu lieu n’est pas la destruction de l’essence de l’homme. Elle en a besoin plus que tout, et le fait qu’elle la refoule et qu’elle la mette à distance, suggère que cette humanité n’est pas irrémédiablement perdue ni acquise une fois pour toutes.
En séparant l’homme de ses capacités, le capitalisme annule la capacité de développer des capacités. Le rêve de Marx, d’une société dans laquelle je peux chasser le matin, pêcher l’après-midi et m’occuper d’élevage le soir, signifie que l’existence de l’homme n’est pas assignée au développement d’un talent particulier. L’existence humaine comme un tout doit ouvrir l’espace d’une multiplicité d’activités et d’ouvrages.
En séparant l’homme de la pensée, le capitalisme s’assure du coup d’une domination sur le langage dont l’appauvrissement le réduit à un instrument de communication et entretient l’illusion d’une traductibilité universelle qui supprimerait les nuances et les différences nationales.
Cela n’empêche pas l’aliénation d’avoir un sens positif. Il y a une bonne et une mauvaise aliénation. Dans la théorie hégélienne, à l’origine de la théorie marxiste, l’esclave s’aliène en donnant forme aux choses. La conscience intérieure est extravertie et configure le monde externe. L’homme réalise son humanité en créant un monde qui lui ressemble. L’aliénation devient néfaste quand elle se fait en pure perte. Elle n’a plus les effets vertueux du travail qui rend libre, parce l’organisation du travail et de la vie sociale est telle que le travailleur est défait de ses capacités d’agir et de penser. La nécessité de s’adapter aux machines et la division du travail en sont les motifs principaux. Le monde qui se construit ne ressemble plus à rien, il est à l’image de rien: un espace fonctionnel dans lequel seul compte la circulation du flux des marchandises, où les sujets et les objets sombrent ensemble dans l’insignifiance et l’abîme du vide, généré et géré par la frénésie d’un pur organisationnisme technique qui va son train sans but.
Les appels à l’humanité ne sauraient contrecarrer la puissance d’un tel projet dont les ramifications s’étendent au point de rendre méconnaissable la terre devenue astre planétaire et l’homme devenu individu atomisé. L’aliénation dont l’Europe est responsable se pare de tous les atours des traités dont la seule fonction est de prévenir les retombées sur place de sa puissance gigantesque de destructions : l’Europe s’est construite pendant le XXième sur les ruines de la guerre pour prévenir le retour du nazisme. Celui-ci a été une des formes, sans doute la plus extrême jusque là, du retournement du projet européen contre lui-même. Il s’agissait pour les Allemands de coloniser les colonisateurs et d’épurer l’Européen de la contamination asiatique que le Juif représentait alors. Ce processus conduit avec les armes de l’intelligence techniciste n’avait rien d’irrationnel au sens d’un déferlement d’une sombre sauvagerie ou du déchaînement de la barbarie.
Il résulte que ce qu’on appelle l’histoire comme nécessité de l’Occident constitue une des mystifications les plus puissantes, pendant longtemps mise au service de la domination. Ce fantasme de l’Esprit enflammé qui éclaire le monde possède une date de naissance récente et sa fin tant annoncée est déjà advenue. L’histoire n’est plus une motivation sérieuse non pas parce que l’Occident aurait enfin fait valoir son idéologie fondatrice, mais parce que l’ampleur mondiale de la contestation vis-à-vis de sa suprématie matérielle et de sa puissance militaire ne cesse de croître. Qui peut être sérieusement convaincu par sa mission libératrice, par cette instrumentalisation de l’universalité lorsque l’Autre est nié et méprisé, humilié et utilisé ? Il ne s’agit pas d’une négation qui s’oppose ou qui lutte contre un ennemi reconnu dans sa dignité : les guerres menées aujourd’hui au nom de la lutte contre le terrorisme – dont on veut nous faire croire qu’il s’agit d’une guerre civilisationnelle – se fondent sur la non reconnaissance d’un statut sérieux du belligérant adverse.
Or, si l’Europe est déjà finie, si elle n'est plus aujourd'hui qu'un cadavre vivant en pleine activité de décomposition, c’est bien parce que la dénégation de l’Autre rend impossible toute constitution d’un Soi. Ce qui advient alors n'est pas de l'ordre de l'événement et la tâche de le penser n'en sera rendue que plus difficile.
Merkel a-t-elle à l’esprit une définition claire de ce qu’est être un « bon Européen » ? Les tractations, les compromis temporaires, la gestion lucrative des crises financières auxquels les peuples doivent se soumettre en silence, n’excluent-ils pas de fait ces derniers de toute appartenance à la catégorie des « bons Européens » ? Les bons Européens seraient les seuls technocrates, non élus, qui violent la souveraineté nationale des autres tout en cherchant à préserver celle de leur propre nation. Car il va sans dire que l’idée d’une entité supranationale à l’origine de l’Union n’est pas parvenue à effacer les nationalismes, et c’est là une des maladies dont l’Europe actuelle souffre.
On pense immédiatement à Nietzsche à qui l’on doit cette expression, que Husserl reprendra dans sa Conférence de Vienne : « Car, même si je suis censé être un mauvais Allemand, je suis en tout cas un très bon Européen » écrivait-il à sa mère le 1er août 1886. Nietzsche appelait de ses vœux l’avènement d’une nouvelle Europe qui étoufferait les nationalismes et renverserait les nations (cf. le § 475 de Humain, trop humain : « L’homme européen et la destruction des nations »). Cette nouvelle Europe propagerait un amour des peuples en même temps qu’un détachement libérateur à l’égard de son propre peuple et de la fascination pour le propre. Les bons Européens se caractériseront comme une race d’artistes, des affirmateurs qui ont rejeté le désir de s’enraciner dans les traditions de leur nation. En cela, ils ressembleront aux Anciens Grecs qui ont selon Nietzsche, réussi non pas à créer un ethnos particulier, mais à s’approprier les cultures de tous les autres peuples – avec tout ce qu’ils doivent à l’Orient. Ils ont ramassé les javelots que les autres avaient jetés pour les lancer encore plus loin, dans des directions insoupçonnées.
L’universalisme européen comme manifestation spirituelle – qui veut faire de l’Europe autre chose qu’une péninsule du continent asiatique selon le mot de Paul Valéry – a cependant deux faces dont on distinguerait assez mal les différences. Dans cette perspective, le rapport à l’étranger constitue la pierre de touche de toute définition sérieuse de l’Européen tel qu’il s’est manifesté et imposé à la planète. L’exclusion de l’Asiatique, le mépris et la cruauté à l’égard de l’Africain et des peuples d’Amérique Latine ont pris les formes les plus terribles au cours de l’histoire. L’européanocentrisme qui se drape derrière le discours universaliste et qui célèbre la flamme de l’esprit éclairant le monde a conduit Husserl à priver « les Esquimaux ou les Indiens des ménageries foraines et les Tziganes qui vagabondent perpétuellement en Europe » (La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris, Gallimard, 1976, p. 352) de toute humanité, lui le Juif que les Nazis ont privé d’accès à la bibliothèque de l’Université de Fribourg-en-Brisgau et finalement radié du corps professoral. La figure spirituelle de l’Europe achèverait selon lui la réalisation de l’humanité accomplie : cette humanité ferait du coup défaut aux autres peuplades de la terre à l’exception des Nord-Américains et des habitants des dominions anglais.
Husserl lui-même comme Nietzsche en appelait aux Grecs chez lesquels l’étonnement et l’admiration devant l’étant, à l’origine de l’esprit théorétique, qui avance par amour de la vérité, était devenu une habitude, et il déplorait la méversion contemporaine de la rationalité née en Grèce et qui est désormais mise au service d’un pur objectivisme qui a conduit les sujets à se considérer eux-mêmes comme des objets. Ce rationalisme positiviste contre lequel il nous appelle à lutter a fini par produire une lassitude, signe du désespoir et d’un manque de foi envers l’esprit : « Le plus grand danger de l’Europe est la lassitude. Combattons en tant que “bons européens” contre ce danger des dangers, avec cette vaillance qui ne s’effraye pas non plus l’infinité du combat… ». (La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, p. 392).
Que ce soit pour Nietzsche ou pour Husserl, le "bon européen" a été incarné par les Grecs et la mission du philosophe face à une humanité malade est de réactiver cette tradition recouverte par l’égalitarisme chrétien pour le premier et par le rationalisme positiviste pour le second.
Il est courant de penser la Grèce ancienne comme un commencement pour la rationalité européenne. Mais il faut l’avouer, ce mythe de la naissance de l'Occident en Grèce ancienne repose sur une appropriation aussi violente que le vol de la fresque du Parthénon et des antiquités enfermées dans les musées européens. La croyance indéracinable dans un hellénisme originaire de l'Europe fait partie du grand pillage archéologique qui se poursuit encore aujourd’hui. Du même coup, la Grèce moderne ne serait qu’un avatar oriental, corrompu par la domination ottomane, qui ne parviendra jamais à la hauteur de l'héritage que l'Europe civilisée aurait su préserver.
Mais décréter qu'un événement originaire ait eu lieu une fois suppose un télos, une finalité sans laquelle le commencement ne saurait lui-même se poser comme commencement. L’initial n’est pas le simple déclenchement d’un mouvement : c’est par définition ce qui tend de soi-même vers autre chose. La structure de la traditionnalité qui se construit par couches et sédiments successifs devient l’obstacle qu’il s’agit de déconstruire pour réactiver l’origine oubliée et enfouie. Mais une tradition n’a de force et de vivacité qu’en fonction de la manière selon laquelle une époque se projette dans l’avenir. Or, le phénomène de lassitude et le nihilisme occidental ont rendu l’avenir indésirable. Ce qu’on désire avant tout c’est la stabilité et la préservation de l’équilibre. Même les catastrophes, les attentats et les désastres deviennent fonctionnels pour perpétuer le statu quo.
Quand Merkel parle d’un « bon européen » elle veut donc parler d’un européen qui accomplit ses fonctions de base de façon optimale. De même qu’on parle d’une bonne machine ou d’une bonne paire de chaussures. Bon n’a ici aucun sens moral. Le « bon européen » est pour elle celui qui incarne au mieux le paradigme qu’elle a en tête, la meilleure exemplification d’un idéal fumeux.
Il faut pourtant reconnaître que ce qu’on appelle l’Europe est devenu la figure monumentale qu’a laissé le projet de colonisation du monde au cours du XIXième siècle et dont nous héritons aujourd’hui encore sous la forme d’un retournement de cette puissance contre elle même avec l’asservissement des citoyens des nations européennes accusés de tous les maux. Ce projet tend dès le départ à étendre les frontières de l’Europe, et à européaniser la planète afin d’en accaparer toutes les ressources, afin de traiter le reste du monde comme une ressource exploitable. Dès lors, seul le projet de provoquer l’ensemble de la terre sur le mode du dévoilement technique permet de comprendre les grandes catastrophes, par lesquelles l’homme a été mis en défaut dans son essence même. L’aliénation dont Marx dénonçait les effets dans le système capitaliste doit servir de base pour la description de la condition humaine actuelle, à l’époque néolibérale.
L’ère du libéralisme nouveau dans l'Europe se caractérise par une délocalisation des moyens de production dans des contrées lointaines et par le remplacement des industries par des sociétés de service qui ne produisent rien. Bien sûr, il reste des industries de pointe qui continuent de fonctionner ici et là, mais l’essentiel est que toute velléité de contestation, de révolte et de révolution prolétarienne est désormais endiguée. Le salarié a remplacé l’ouvrier. L’employé de bureau est soumis à un mode d’emploi qui détermine jusque la place des crayons et des gommes. Bernard Stiegler montre que la prolétarisation n’affecte plus en Occident l’ouvrier en tant qu’il produit un objet qu’il est incapable de consommer mais le consommateur en tant qu’il consomme des objets qu’il ne peut plus produire. Les pays du Tiers-Monde produisent les objets consommés sur le sol des pays riches. Dans les produits de grandes enseignes, il arrive qu’un esclave lointain arrive à glisser un appel à l’aide, témoignant des conditions extrêmes de travail. Au Bangladesh c’est tout un immeuble qui s’effondre sur des ouvriers enfermés. Des enfants travaillant plus de quinze heures par jour et payés une misère sont derrière les produits d’usage courant tel que les ordinateurs ou les téléphones portables intelligents. Les exemples d’abus sont nombreux et leur liste peut s’allonger indéfiniment. Là n’est pas le propos. Que peuvent-il nous apprendre sinon à manifester l’attitude hypocrite de la belle-âme qui se révolte contre des abus du système tout en l’appelant de ses vœux ? Il en est aujourd’hui comme il en a toujours été : certains doivent déchoir de leur humanité afin que d’autres puissent accomplir la leur. On dira que l’esclavage dans l’Ancienne Grèce permettait au moins à quelques privilégiés de jouir des bénéfices de la scholé, c’est-à-dire du loisir de la pensée et des décisions citoyennes. Le salarié des sols européens n’en est pas moins lui-même esclave. Une des formes les plus prégnantes de l’asservissement de l’Européen est l’endettement.
Or, tout le système financier du néolibéralisme se fonde sur un processus toujours croissant de surendettement généralisé. À travers une dynamique de destruction et d’autodestruction, les institutions bancaires qui perpétuent ce système sont continuellement sauvées de la faillite, tandis que les États se prostituent aux différents lobbies qui en ont le contrôle exclusif, et que les individus et familles sont mis dans un état survie : la bonne vie n’est désormais qu’un lointain souvenir accessible pour eux qu’au prix d’une illusion. Cette illusion consiste à croire qu’on garde encore une main sur son existence, sur la direction de ses projets et sur la libre responsabilité de ses choix.
Le plus inquiétant, le plus désespérant, est que ce processus survit à tout déséquilibre, aux attaques extérieures comme aux ébranlements internes. Rien n’est susceptible de le secouer. Mais il n’y a là aucune intervention divine ou hasard mathématique : la volonté qui préside au marché se nourrit et s’intensifie de ses crises. Celles-ci ne frappent que l’existence des peuples et profitent aux machinations monétaires. L’assujettissement des citoyens se fait au profit d’une machine qui contrôle, détermine et crée les désirs et les besoins. L’état recherché est bien entendu celui du gain toujours croissant, une stagnation signifiant à ce niveau une perte. Le moyen d'y parvenir est la dépendance perpétuelle à quelque chose. Loin de signifier la destruction du système, les crises économiques participent ainsi au contraire au renflouement de ses fondations. Cela est clairement visible quand la résignation et la tristesse prennent peu à peu la place de l’enthousiasme et de l’adhésion des classes populaires au projet révolutionnaire.
La prolétarisation du travailleur et du consommateur n’épargne donc plus rien ni personne. Elle institue un déracinement de l'humanité comme Heidegger l'a bien montré, non pas au sens d’une indifférence à l’égard du national, mais en un sens plus essentiel. L’absence de racines caractérise l’homme d’aujourd’hui en ce qu’il est arraché à sa propre essence : l’aliénation qui le rend étranger à lui-même, à ce qu’il est, qui le sépare de ce qu’il peut, qui obstrue la voie vers le soi, et qui l’empêche en même temps de rentrer en relation avec les autres. Loin de le livrer à une divagation informe, une série de dislocations déterminent l’être de l’aliéné en structurant ses représentations et ses actions. Ces considérations doivent nous livrer une conception plus profonde de l’histoire qui voit en elle non plus le modèle temporel conduisant d’une chute initiale vers un salut inéluctable, non plus une progression vers la catastrophe finale – car ces deux mouvements partagent en commun l’idée que tout est définitivement réglé d’avance dès l’origine – mais plutôt un scandement dans lequel des périodes d’appropriation et de désappropriation, de cèlement et de décèlement, se répètent indéfiniment. C’est le retour du même comme advenue du différent qui donne, non pas la loi, mais le motif secret de ce mouvement temporel dont il n’est plus permis de parler en termes d’histoire et d’historicité comme progression vers la catastrophe ou vers le progrès.
L’aliénation qui a déjà eu lieu n’est pas la destruction de l’essence de l’homme. Elle en a besoin plus que tout, et le fait qu’elle la refoule et qu’elle la mette à distance, suggère que cette humanité n’est pas irrémédiablement perdue ni acquise une fois pour toutes.
En séparant l’homme de ses capacités, le capitalisme annule la capacité de développer des capacités. Le rêve de Marx, d’une société dans laquelle je peux chasser le matin, pêcher l’après-midi et m’occuper d’élevage le soir, signifie que l’existence de l’homme n’est pas assignée au développement d’un talent particulier. L’existence humaine comme un tout doit ouvrir l’espace d’une multiplicité d’activités et d’ouvrages.
En séparant l’homme de la pensée, le capitalisme s’assure du coup d’une domination sur le langage dont l’appauvrissement le réduit à un instrument de communication et entretient l’illusion d’une traductibilité universelle qui supprimerait les nuances et les différences nationales.
Cela n’empêche pas l’aliénation d’avoir un sens positif. Il y a une bonne et une mauvaise aliénation. Dans la théorie hégélienne, à l’origine de la théorie marxiste, l’esclave s’aliène en donnant forme aux choses. La conscience intérieure est extravertie et configure le monde externe. L’homme réalise son humanité en créant un monde qui lui ressemble. L’aliénation devient néfaste quand elle se fait en pure perte. Elle n’a plus les effets vertueux du travail qui rend libre, parce l’organisation du travail et de la vie sociale est telle que le travailleur est défait de ses capacités d’agir et de penser. La nécessité de s’adapter aux machines et la division du travail en sont les motifs principaux. Le monde qui se construit ne ressemble plus à rien, il est à l’image de rien: un espace fonctionnel dans lequel seul compte la circulation du flux des marchandises, où les sujets et les objets sombrent ensemble dans l’insignifiance et l’abîme du vide, généré et géré par la frénésie d’un pur organisationnisme technique qui va son train sans but.
Les appels à l’humanité ne sauraient contrecarrer la puissance d’un tel projet dont les ramifications s’étendent au point de rendre méconnaissable la terre devenue astre planétaire et l’homme devenu individu atomisé. L’aliénation dont l’Europe est responsable se pare de tous les atours des traités dont la seule fonction est de prévenir les retombées sur place de sa puissance gigantesque de destructions : l’Europe s’est construite pendant le XXième sur les ruines de la guerre pour prévenir le retour du nazisme. Celui-ci a été une des formes, sans doute la plus extrême jusque là, du retournement du projet européen contre lui-même. Il s’agissait pour les Allemands de coloniser les colonisateurs et d’épurer l’Européen de la contamination asiatique que le Juif représentait alors. Ce processus conduit avec les armes de l’intelligence techniciste n’avait rien d’irrationnel au sens d’un déferlement d’une sombre sauvagerie ou du déchaînement de la barbarie.
Il résulte que ce qu’on appelle l’histoire comme nécessité de l’Occident constitue une des mystifications les plus puissantes, pendant longtemps mise au service de la domination. Ce fantasme de l’Esprit enflammé qui éclaire le monde possède une date de naissance récente et sa fin tant annoncée est déjà advenue. L’histoire n’est plus une motivation sérieuse non pas parce que l’Occident aurait enfin fait valoir son idéologie fondatrice, mais parce que l’ampleur mondiale de la contestation vis-à-vis de sa suprématie matérielle et de sa puissance militaire ne cesse de croître. Qui peut être sérieusement convaincu par sa mission libératrice, par cette instrumentalisation de l’universalité lorsque l’Autre est nié et méprisé, humilié et utilisé ? Il ne s’agit pas d’une négation qui s’oppose ou qui lutte contre un ennemi reconnu dans sa dignité : les guerres menées aujourd’hui au nom de la lutte contre le terrorisme – dont on veut nous faire croire qu’il s’agit d’une guerre civilisationnelle – se fondent sur la non reconnaissance d’un statut sérieux du belligérant adverse.
Or, si l’Europe est déjà finie, si elle n'est plus aujourd'hui qu'un cadavre vivant en pleine activité de décomposition, c’est bien parce que la dénégation de l’Autre rend impossible toute constitution d’un Soi. Ce qui advient alors n'est pas de l'ordre de l'événement et la tâche de le penser n'en sera rendue que plus difficile.
Fichtre, je n'aurais pas cru que les journalistes pouvais s'user la santé pour balancer leurs papiers, enfin ceux qui proposent un travail de fond.