Culture du viol : oui, il faut avaler la pilule rouge de "Matrix"
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Laissons la parole à une psychanalyste (ça va durer encore longtemps cette arnaque ?), Elisabeth Roudinesco :
"Maintenant on mélange tout, le cas de Roman Polanski n'a rien à voir. Les faits remontent à plus de quarante ans, ce n'était pas un véritable viol et la victime ne veut plus en attendre parler."
"DSK à propos duquel j'ai fait une entrée dans mon Dictionnaire (Célébrité) a voulu organiser sa vie libertine. C'est un homme intelligent promis à un grand destin politique, mais qui a été incapable de dominer ses pulsions sexuelles. Mais ce n'est pas un agresseur sexuel."
Bon : pas un vrai viol, pas agresseur sexuel. Des êtres qui vivent pleinement leur "désir".
Pour ceux qui ont le courage, le charlatanisme s'étale ici : https://www.lesechos.fr/week-end/perso/developpement-personnel/030952741191-elisabeth-roudinesco-apres-laffaire-weinstein-attention-a-ne-pas-tout-confondre-2134928.php#
Pas eu le courage de lire jusqu'au bout.
Un arrêt sur les paroles de certaines chansons de rappeurs, sur les radios et les chaînes qui les diffusent depuis des décennies, sur les propriétaires de ces chaînes et radios, autrement dit les commanditaires de l'ensauvagement, voilà qui pourrait faire le sujet d'une émission.
https://www.lecourrier.ch/154367/balance_ton_film
[quote=Sandy]Désolé mais je rejette en bloc tous vos raisonnements, car ils sont biaisés par une prise de position ( pour la personne qui ne prend pas l'initiative ) qui n'a aucun sens.
Il n'y a pas besoin que le rejet soit insultant pour qu'il soit une violence. Par exemple si une personne vraiment amoureuse se fait rejeter, cela peut lui faire tellement de mal que cela peut mener à une réaction violente de sa part ( suicide / violence sur les autres ).
Vous partez du principe que tout ce qui est violent est illégitime, alors que parfois la violence est inévitable. Et les formes que vous prendrez ne peuvent que tenter d'atténuer la douleur, pas la supprimer.
Bref je ne peux pas vous suivre. Si vous voulez parler de relations, le minimum c'est que vous preniez en compte les deux points de vue. Merci.
Je pense que le problème c'est qu'on parle de choses différentes.
On pense "dragueurs" (genre pick up artists / queutards bien cyniques), tu pense "amoureux", on pense "harceleurs de rue" (genre ceux qui finissent par un "pour qui tu te prend salope ?" après qu'on leur ait refusé un 06), tu pense "jeunes populaires qui n'ont que la rue pour aborder la fille de leurs rêves" ou "personnes recherchant juste une interaction sociale qui se font méchamment rabrouer, illustrant la froideur de nos sociétés (violons...)".
Enfin tu es toujours dans l'exception qui confirme la règle et permet de trouver une manière de justifier des attitudes généralement condamnables.
Après je veux bien convenir que certain(e)s féministes aillent un peu loin dans leur condamnation en bloc des comportements amoureux masculins sans un iota de tentative de compréhension, ou leur assimilation de tout et n’importe quoi (genre tentatives d'interaction polies et non répétées) à du harcèlement. Mais c'est bien parce que la norme va bien plus loin que ça qu'elles arrivent à en avoir marre. Enfin ça peut être injuste, mais celui qui cherche juste à faire connaissance (ou à demander l'heure) et se prend un vent violent paye pour tous ceux qui poursuivent, sifflent, insistent lourdement, et finissent par insulter ou agresser. Et pour ce qui est de la virulence parfois un peu misandre du discours féministe il est aussi certainement influencé par le fait que pas mal de militantes aient vécu de vraiment sales trucs les poussant à cet engagement.
Si on parle de "ne pas ignorer les deux points de vue" (et d'être compréhensifs avec les hommes ne respectant pas les règles que certain(e)s féministes souhaitent fixer, donc), faut aussi justement prendre en considération tout ça, ou c'est encore n'en considérer qu'un.
Et pour en revenir au cas le plus général, celui où des hommes pensent qu'il est bon de harceler ou de se comporter comme des agresseurs sexuels dominateurs "parce que c'est efficace" (comme les sites de séduction, etc... le disent, et ça doit être en partie vrai sinon ils n'auraient pas tant de succès) faut aussi réaliser que ceux qui cèdent à cette facilité, même si ça marche ne rendent service ni aux femmes ni au reste des hommes.
Parce que bon si une femme en est à attendre d'être harcelée ou dominée pour reconnaître la valeur d'un partenaire amoureux ou sexuel c'est tout de même qu'elle a un gros problème à la base (et en est un encore plus énorme pour le reste des femmes qui n'attendent pas ces attitudes). Si malgré toutes les injonctions de ses copines féministes à "leur faire comprendre qu'un non c'est non" elle en est encore à émettre des "non" qui veulent dire "peut-être" ou à fantasmer sur des séducteurs se comportant comme Harrison Ford dans un film, ce n'est qu'une bimbo de cro-magnon qui ne mérite nullement l'intérêt d'un homme ayant un minimum de conscience politique et d'amour propre, n'étant que le pendant féminin du macho sexiste (et probablement tout autant sous l'influence de contenus culturels aux messages douteux, celle ci ne se limitant pas aux hommes).
Enfin un peu d'amour propre que diable (si certes une personne trop amoureuse a souvent des difficultés à en avoir), rien n'oblige à rentrer dans ce genre de jeux, le désir en viendrait il parfois de la femme.
Quant à se dire "non c'est non" plutôt que "non c'est peut-être" ça relève du respect d'une interlocutrice en tant qu'adulte responsable égal de toi même (plutôt que la dévaluer comme un pick up artist ou surévaluer comme un amoureux transi). Si le "non" voulait en fait dire "peut-être", si le but était juste de faire batailler un mec / jouer avec ses sentiments, c'est à elle de réaliser que c'était con de l'émettre et de corriger le tir comme une grande fille, pas à l'homme de l'ignorer. Et plus on saura y réagir comme ça moins les femmes seront dans des attitudes désagréablement ambigües, ou des rejets humiliants quand elles veulent juste émettre un simple non.
Tout est dit et très bien résumé.
Merci aussi d'avoir diffusé dans votre chronique, les deux dessins qui expliquent merveilleusement bien, et par d'autres types d'images que les extraits de films, à quel point le sexisme et le racisme ordinaires occupent l'espace public dans lequel nous évoluons chaque jour.
Merci, André Gunthert, pour l'ensemble de vos chroniques et vos points de vue éclairants sur notre société !
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On peut économiser la lecture de ces longs argumentaires. Le constat du sexisme affiché de la majorité des films hollywoodiens s'impose à quiconque à des yeux pour voir. Ajoutons que la critique féministe ne propose pas de brûler la culture populaire, qui n'est qu'un symptôme. Le sexisme d'Hollywood est le miroir de celui de la société, et le but du féminisme est de changer la société, pas de conduire une réforme du cinéma.
1949, 30 ans avant Star Wars, "Le deuxième sexe" de Beauvoir parlant notamment de Montherlant, D.H. Lawrence, Claudel, Breton et Stendhal, la mise en image ne changeant pas grand chose aux questions.
Mais pour aller dans un sens critique, quelques réflexions que me suggèrent la scène avec Han Solo.
Ce n'est pas juste un homme forçant une femme, c'est un voyou forçant une princesse, dans un rapport de classe et de nature/culture où la classe inférieure est renvoyée à la nature, à l'instinct avec une vision parfois négative (sauvage) et parfois positive (être nature).
Niveau négatif, j'ai pu voir des réactions sur les réseaux au sujet du harcèlement de rue où des gars disaient que le problème n'était pas les hommes mais les racailles, ces sauvages.
D'autres cas de scènes du même type avec héros voyou :
- dans L'équipée sauvage, plus violent mais avec de la subtilité psychologique dans ce dialogue :
Le voyou : Tu penses que tu es trop bien pour moi ?
Elle : C'est fou. Tu as peur de moi.
- un degré de plus dans la violence, "Les valseuses" avec cette scène du train où ils passent de l'agression à un cadeau, ambiance étrange où il s'agirait de les voir en libérateurs, agressant pour qu'elle se libère (sexuellement).
- en cru, fantasme typique du porno : le plombier/cambrioleur etc. et la femme au foyer, et un tas de gars qui par-delà leur simple jouissance se voient déjà en héros ayant su révéler un "oui" derrière un "non", ayant identifié un désir n'osant se dire.
Je vois là-dessous la vision romantique (au sens du courant littéraire) du guerrier-héros nature brisant les barrières (sociales), transgressant pour libérer, satisfaire le vrai désir de la bourgeoise/princesse prisonnière d'un "non" qui veut dire "oui". Il y a le mode libertaire, libération sexuelle, et le mode conte de fée, enfin la rencontre peut se faire, la nature l'emporte sur la culture, l'amour par-delà ou en-deça les conventions, et hop ! à cheval Simone, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ou moururent tragiquement si c'est Roméo et Juliette.
Ce schéma serait d'autant plus résistant qu'il a sa version fleur bleue comme dans "Sur la route de Madison" ou même "50 nuances de Grey" étrangement présenté comme destiné à un public féminin. Ca correspondrait à une idée des femmes vues comme toujours emprisonnées par le social, le mariage, les conventions, en attente d'un libérateur, poursuite de la conception de la femme passive et de l'homme actif, l'artiste et sa muse etc.
Avec l'accès des femmes à l'autonomie, ce personnage de l'amant initiateur/libérateur n'a plus lieu d'être mais on peut se demander où on en est vraiment dans la reconnaissance de cette autonomie, de la capacité des femmes à dire "oui" quand elles le veulent. Le jugement social me semble loin d'être égalitaire dans l'affirmation des sexualités, ça se voit dans les comportements et les fictions les traduisant.
Une princesse Leia pleinement reconnue dans son autonomie aurait pu dire : "Ecoute mon coco, bas les pattes, si je veux m'envoyer en l'air avec toi, je te le dirais." Mais bon, difficile de faire passer une irruption crue de la sexualité dans un film pour (grands) enfants, et on va continuer à faire comme si c'était du flirt de gamins, la princesse et le pirate, pas du rapport entre adultes sachant ce qu'est le sexe.
P.S. et pour aller dans le radical au niveau du sens des violences sexuelles, cf "J'irais cracher sur vos tombes", le sexe et le viol comme vengeance dans le contexte du racisme lyncheur de noirs. Va-t-on se sentir du côté du "héros" vengeur ?
P.P.S. : dans Wonder Woman, je me trompe où elle gagne parce qu'elle découvre l'amour d'un homme ? Je parierais que pour eux les amazones sont de chastes vierges attendant le mâle, qu'on n'aille pas penser que leur île s'appelle Lesbos...
P.P.P.S. : En mode humoristique : Lancelot, brute libératrice au style si particulier.
https://www.youtube.com/playlist?list=PLV47YqT2UbKy8X6qSLPM9i_Up_8b6WawY
Si l'on prend toutes les scènes de séduction jusqu'aux années 80, et qu'on observe le nombre de fois où un "non" féminin vaut pour un "oui" caché, on va sans aucun doute mettre à jour un systématisme dérangeant. La scène d'Han Solo peut alors légitimement valoir comme exemple, symptôme, avatar, des normes culturelles de l'époque. Et il est vrai que ce genre de scènes, par leur systématisme, parce qu'une série de films l'ont imposé comme norme (de ce qu'est être viril, de ce qu'est le consentement), a pu causer du tort aux femmes dans la réalité.
Par contre, prendre cette scène seule, pour elle-même, et dire qu'elle raconte une agression sexuelle, c'est une démarche toute autre, et pour le coup complètement foireuse : c'est réduire et assimiler le film à la grille de lecture qu'on a choisi pour le lire, en faisant fi de tout ce qui met cet acte (le baiser forcé) en perspective*. Le baiser d'Han Solo s'insère dans le cadre de plusieurs heures de narration, dans le parcours complexe de deux personnages, il est mis en scène (donc regardé, donc jugé) d'une manière qu'il faudrait étudier, qui implique une distance entre l'acte et le spectateur (ce qu'on montre n'est pas ce qu'on dit, un film n'est pas un foutu rapport de police !). Enfin, c'est condamner Leia a n'exister que comme échantillon représentatif de son sexe ou de son genre, et non comme un personnage qui a bien le droit de ressentir ce qu'elle veut !
Ce tourbillon des affects, c'est tout ce qui fait la valeur de l'art : c'est ambigu, c'est nuancé, ça farfouille nos sentiments d'une façon qu'il n'est pas facile à traduire en mots, ce n'est pas réductible à un propos. Refuser de se laisser envahir par cette ambiguïté, au prétexte que cela dérange notre morale, c'est nier tout ce qui fait le prix d'un film. Une œuvre d'art "morale", une œuvre d'art qui pense et qui dit ce qu'il faut, qui ne dérange aucune ligne en nous, c'est peut-être très bien, mais ce n'est plus de l'art : c'est un tract.
Il n'y a donc pas de vertige à avoir devant cette scène, elle est au contraire toute indiquée au regard qu'on pose à présent sur elle : le gêne (légitime) qu'on peut avoir en la voyant, c'est exactement le gêne qu'a le personnage de Leia, qui voit devant elle un gros beauf fier, représentatif de tout ce qu'elle méprise, et qui rage de se sentir séduite par lui, ou sensible à la manière dont il impose son désir.
De la même façon, on peut réellement aimer cette scène, son panache, son imagerie romantique d'un autre âge, la violence qui l'habite, tout en ayant une aversion réelle pour ce qu'elle représente en tant que norme dans la société. Et laisser s'épandre en soi le goût bizarre de cette contradiction. On ne choisit pas ce qu'on aime, et on n'aime pas forcément ce qui est propre.
* Cela rappelle un peu la façon dont on a pu prétendre, ces derniers temps, que le baiser de "La belle au bois dormant" raconte une agression sexuelle, en débarassant hypocritement l'acte de tout son contexte symbolique (celui-là même - ronces, malédiction de l'adolescence, sommeil de cent ans, dragons - qui pousse le lecteur du conte à recevoir ce baiser d'abord ainsi, justement : comme un symbole). On fait alors mine de désigner une vérité cachée au grand jour dans le récit, alors qu'on a juste évacuer ce récit qui le met en perspective, pour re-créer à l'acte un cadre littéral et vraisemblable qui n'a jamais été le sien.
Je m'interroge sur la présentation, le recours à la pilule rouge de Matrix, car entre Leïa de l'Empire contre-attaque et Trinity de Matrix... hum... http://www.lecinemaestpolitique.fr/10-films-pour-comprendre-le-syndrome-trinity/
Au moins Leïa, elle, ne s'efface pas derrière Han Solo (ce qui sera le cas de Padmé qui de reine/générale devient complètement nunuche dans la prélogie "ah, c'était le bon temps quand on s'aimait au bord du lac sur Naboo", pitoyable !).
Concernant le "contexte" de l'Empire, on nous expliquait bien - dans la version originale, s'entend - qu'Han Solo est 1) un assassin de sang froid 2) un trafiquant d'armes 3) une petite frappe. Il serait donc tout à fait étonnant qu'il se comporte autrement que comme il le fait dans la scène évoquée. Le gentleman cambrioleur, ça n'existe que dans les chansons (sauf les voleurs des bijoux de Kim Kardashian qui mériteraient d'être canonisés).
Ce qui est vraiment dérangeant, c'est l'habituel conte de fées du sale type qui, grâce à l'amour de la fâme, découvre les voies de la rédemption (cf. Raskolnikov et Sonia/Sofia, qui en plus est une prostituée donc on ne peut pas rêver mieux !).
Sinon, on peut aussi dire que Leïa, cette petite dévergondée, embrasse Luke sans son consentement !
Pour la culture "populaire" du viol, je penserais spontanément plutôt à James Bond qu'à Star Wars.
Parce que là, c'est carrément du repompage intégral.
Et que toute la mouvance alt-right, complotiste etc... emploie à longueur de temps red pill / red pilled pour parler des gens n'écoutant plus les "fake news mainstream" et se convertissant à des thèses comme le "grand remplacement".
Sérieusement laissons la pilule rouge de ce film à relents complotistes surcoté, à ceux qui aiment penser qu'il y a une Vérité Cachée on ne peut plus éloignée du réel, et que seuls les convertis à leurs théories délirantes apprendraient à voir.
Constater que certaines représentations mettent en valeur des comportements qui seraient considérés douteux / répréhensibles dans la vie réelle n'a strictement rien à voir avec avaler ce genre de pilule, c'est juste un constat évident que tout le monde a déjà fait devant un contenu culturel ou un autre (si ce n'est à propos de représentations de la séduction à propos de celle de comportements violents, de vols, de conduite dangereuse pour des tiers lors de poursuites en voiture, etc..).
Je m'étais fait également la remarque que l'expression des témoignages de harcèlement est très très majoritairement verbale, alors que nous sommes habitués sur les Twitter, Insta, etc, à quasiment que des images ou des videos avec au mieux une phrase de commentaires.
Je suis assez confiante dans le changement à venir des mentalités, ma fille de 13 ans est bien plus lucide que moi à son âge.
- L'extrait provient du seul Star wars écrit par une femme.
- Ce n'est pas la première rencontre entre Han Solo et Leïa ( figurez-vous qu'il y a un film de 2 heures qui précède celui-ci, si si ) et il est établit avant cette scène qu'il y a un jeu de séduction entre eux ( jeu de séduction bien entamé par Leïa par ailleurs).
- La catharsis, l'évolution d'un personnage au fil d'un film, etc, ça vous parle ?
- Est ce que l'art doit être une représentation morale de la réalité ? ( indice : non).
Quitte à baser votre argumentaire boiteux sur quelque chose, faites le au moins avec des exemples qui ne le torpillent pas de l'intérieur.
On passera sur la fin de la vidéo, où j'entends d'ici les chaussettes de Mr. Gunthert qui craquent alors qu'il se compare à un prophète nous révélant "La vérité" sur ce monde.
L'histoire d'amour entre Solo et Leïa ne m'a jamais fait révé. D'ailleurs, dans l'Episode VIII, le couple est séparé et ma foi, ça m'a semblé totalement logique tant leur histoire d'amour était horriblement traitée dans la premiere trilogie. Cette romance fait partie des petits détails boiteux de cette premiere trilogie (qui n'en demeure pas moins un chef d'oeuvre dans son ensemble).
Bref, en tant que femme, nombreux sont les films qui m'ont déçus, dérangés ou voire littéralement traumatisés étant plus jeune en raison de ce genre de scènes stupides qui n'apportent rien à l'histoire. Si ce type de relation vous fait rêver, si vous concidérez le pairing Leïa/Solo comme un sommet du glamour, c'est soit que vous avez un gros problème, soit que vous n'entendez rien - mais alors rien du tout -- à la séduction. Car non, on n'oblige pas une femme à vous embrasser, même si on est un bad boy très très canon. C'est la base des interactions sociales Homme/Femme. On a beau s'appeler Han Solo, la princesse dit non, alors c'est non ! C'est une norme sociale qui me paraît pourtant très simple et qui était, me semble-t-il, également en vigueur dans les années 70/80.
Pour finir, je citerai l'exemple d'une agression sexuelle factice parmi tant d'autres, dans un très bon navet des années 90 : Robin des Bois le prince des Voleurs.
Alan Rickman y viole carrément Mary Elizabeth Mastrantonio sous les yeux d'un prêtre. La scène arrive comme un cheveux sur la soupe, à la fin du film, et personne n'a trouvé à redire à cela. Quand on regarde ça à 13 piges, on a juste envie de vomir. Et pas besoin d'avoir été bercée toute son enfance dans le féminisme militant pour ressentir cette aversion, croyez-moi !
Mais ça doit faire aussi partie de l'évolution du personnage du Sheriff de Nottingham -- le plus grand lover jamais créé, après Han Solo, bien sûr --, de sa catharsis, de la résurgence de son complexe d'infériorité vis à vis de Robin des Bois, blah, blah.
Je félicite M. Gunthert pour ses chroniques filmées de très bonne facture, toujours faciles d'accès, concises et pertinentes.
Et pas besoin d'avoir été bercée toute son enfance dans le féminisme militant pour ressentir cette aversion, croyez-moi !
Je vous crois. Je crois même que c'est le but de la scène.
Car si on suit votre raisonnement, aucune oeuvre d'art ne devrait offenser qui que ce soit et ne représenter que des comportements moraux et jugés acceptable par la société.
Que des films qui ne déçoivent, dérangent ou traumatisent personne ! Je vous le dis, on va se faire chier.
Bisous.
Citation:
Car si on suit votre raisonnement, aucune oeuvre d'art ne devrait offenser qui que ce soit et ne représenter que des comportements moraux et jugés acceptable par la société.
Que des films qui ne déçoivent, dérangent ou traumatisent personne ! Je vous le dis, on va se faire chier.
C'est pas du tout l'idée. C'est pas le cas du shériff, mais quand un héros présente un comportement problématique sans remise en cause, là tu commences à véhiculer quelque chose. Alors non ça n'invalide pas des films où les héros sont ce qu'on pourrait appeler des "méchants". Et ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de confiance portée au spectateur sur sa capacité à faire la part des choses.
Et ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de confiance portée au spectateur sur sa capacité à faire la part des choses.
Oui.
Comme Robin des Bois Prince des Voleurs était un film criant de réalisme, destiné à un public très très mature (PG13) sachant faire "la part des choses", il devait forcément abordé le sort de "la femme anglaise" au moyen age, c'était forcé.
Je suis bien aise d'apprendre aujourd'hui que ce "traumatisme" de l'enfance, imposé par ce réalisateur de géni, était en réalité un témoignage de l'histoire. Merci homme d'avoir ouvert mes yeux de femme.
Comme si le cinéma américain n'était pas truffé de scènes de viol plus inutiles les unes que les autres... Ce n'est d'ailleurs pas l'argument principal de tous ces types qui écrivent des tribunes dans les grands journaux pour dire : "C'est pas de ma faute, c'est de la faute du cinéma et la télé" ? Il faudrait savoir, à un moment ! C'est de votre faute, ou ce n'est pas de votre faute ?
Comme si les séries, non plus, n'avaient pas cette culture du viol chevillée au corps...
Prenons l'exemple une fameuse série, tirée d'un roman non moins connu : Game of Thrones.
Comme le disais la dame dans l'émission ASI d'il y a deux semaine, il y a en moyenne dans cette série 1 scène de viol par épisode.
Et comme il est curieux de constater que dans le livre -- qui dépeint pourtant un univers très violent, très dur, très masculiniste -- l'auteur fait le choix de ne pas trop usé du viol comme ressort dramatique. Daenerys ne se fait jamais violer par son mari, par exemple.
Donc on peut se demander pourquoi quand on met 3 paires de testicules dans une pièce pour pondre une scénario, on a pratiquement 1 chance sur 2 qu'ils utilisent le viol des femmes comme ressort dramatique à leur histoire ? C'est un tropisme pour le moins étrange.... Je ne me l'explique pas.
Qu'il puisse y avoir des scènes de viols inutiles c'en est aussi une autre. Mais là encore je pense que le viol n'est pas plus pré-pondérant dans les scènes inutiles, que les scènes de meurtres, d'amours, de dialogues surexplicatifs, etc.
Pour Game of Thrones vous devriez regarder la saison actuelle. L'évolution du personnage parle pour elle.
Maintenant il serait bien de ne pas tomber dans la mysandrie. Il ne me viendrait pas à l'idée d'écrire : "3 paires de seins". C'est réduire un genre à ses seuls attributs sexuels.
La facilité je pense. Quand vous voulez créer un traumatisme à bon compte pour un héro ou une héroïne, ou montrer comment un méchant est vraiment très méchant, il y a quelques grosses ficelles qui sont presque systématiquement utilisées. Le meurtre de sang froid des enfants, de la compagne ou du compagnon. La mort d'un ou des parents si la personne à traumatiser est jeune. Et, beaucoup plus souvent pour les personnages féminins mais pas seulement, le viol. En plus l'avantage c'est que ça permet d'expliquer aussi le comportement de l'entourage de la victime, les parents, les enfants, les compagnons auront une motivation immédiatement compréhensible pour faire avancer l'histoire.
C'est justement parce que le viol est un traumatisme universellement reconnu, et par les deux sexes, que c'est aussi souvent utilisé. Pour ensuite justifier le comportement d'un personnage, que ce soit la dépression, la vengeance, le pétage de plomb, c'est du tout bon. Ainsi je pense que vous prenez le raisonnement à l'envers. Si le viol était banalisé il ne pourrait pas être utilisé ainsi.
En tous cas, moi je me l'explique comme ça.
Un peu comme prendre un extrait d'un film, le sortir de son contexte, et d'analyser ce qui se passe à l'écran ( mais surtout pas ce qu'il se provoque chez le spectacteur via sa dramaturgie), cela révèle de la malhonnêté intellectuelle.
(Et laissez tomber l'argument de l'extrait hors contexte, qui est burlesque: quand on présente une séquence d'un film de Star Wars au public américain, pour la commenter de façon détaillée, soyez sûr que nul n'en ignore le contexte…)
S'agissait il "d'envoyer paitre la leçon de consentement", ou de montrer que Han Solo avait su déceler l'attirance de Leia en interprétant correctement les signes qu'elle lui avait envoyé précédemment, éventuellement représentés dans les heures de films précédentes, et n'était donc pas dupe de sa résistance ne relevant que d'un jeu amoureux ou d'une volonté de ne pas paraitre trop facile ? Sauf à analyser chaque regard, chaque micro-geste de Leia impossible de dire si la "séduction" date du baiser ou de bien avant. On croirait à voir cette part du sujet totalement écarté que Han Solo s'est jeté sur la serveuse à tentacules du bar de Tatooine au premier regard, pas sur une femme qui avait eu des dizaines d'interactions précédentes avec lui (dont se sauver mutuellement la vie, de mémoire).
Le plus étonnant face à cet art du nouveau du commentage d'extraits c'est que les pratiquants semblent complètement oublier qu'il s'agit d'extraits. Et que les films ne sont pas là pour défendre une vision quasi juridique de ce qui est correct ou pas, mais être des reflets de la réalité nettement moins manichéenne des rapports humains. D'une réalité où il peut arriver que des gens aient des gestes qui seraient répréhensibles s'ils ne savaient pas parfaitement qu'ils sont attendus. Où il y a de la communication verbale, mais aussi non verbale, du sérieux et du jeu (évidemment un truc insupportable à admettre pour certaines féministes, mais bon, je pense que les plus objectives reconnaitront que les femmes comme les hommes ont été conditionnées à un certain nombre d'attitudes, comme dans le cas des femmes "de bonne éducation" ce fameux "je ne dois pas me montrer trop facile" entrainant parfois des attitudes ambigües - si à une époque plus récente et suite à toutes les campagnes sur la valeur du non et du oui elles tendent certainement à l'être bien moins qu'il y a 40 ans).
Dans l'absolu ça n'enlève rien au coté dangereux de la représentation de ce genre de situations (en imaginant que le public, quant à lui incapable d'interpréter à coup sùr un comportement, n'étant pas un super héros de fantasy spatiale, embrasser de force les femmes, et même parfois sans avoir échappé à l'étoile noire en leur compagnie), mais ça évite de partir dans des considérations délirantes quant aux intentions de celles ci (et d'aller juger des artistes plutôt que de simplement mettre en lumière le coté problématique de certaines scènes appliquées à la vie réelle).
Vous lui empruntez également la confusion d'une critique esthétique du cinéma avec son instrumentalisation féministe à des fins de réforme sociale.
L'un comme l'autre, vous faites mine de croire que la critique féministe condamne le scénariste ou le réalisateur pour manquement à la morale ou au politiquement correct. Mais dans le contexte qui nous intéresse, il n'est évidement pas question de critique cinématographique, ni de remettre en cause des œuvres du passé: il s'agit de mettre en évidence le caractère normatif de la culture du viol, comme un constat sociologique.
Et je réagis aux discours parlant de "propagande" (qui impliquerait que les scénaristes aient voulu faire passer sciemment un message en faveur de la "culture du viol" avec cette scène*), ou emploient des formules comme "envoyer paitre la notion de consentement" (ce qui impliquerait que cette notion ait fait partie des concepts dominants de l'époque et aurait bien été celle que cette scène chercherait à remettre en cause avec cette transgression). Que je sache les campagnes "no means no" il n'y en avait pas des masses avant la fin des années 90, ni d'articles de blog sur le consentement féminin (on me dit même qu'il n'y avait pas de blogs), et il n'y avait certainement pas le même tabou excluant ce mot, ou une certaine résistance, de tout jeu amoureux (après oui, réexaminé avec les yeux d'aujourd'hui on peut dire que c'est l'illustration que nos primitifs parents baignaient dans la culture du viol - au passage les films érotiques des années 70 en sont une bien meilleure illustration qu'aucune œuvre populaire).
Enfin si je peux éventuellement voir un certain message dans le choix de cette romance entre Leia et Han Solo, en essayant d'éviter les anachronismes, ce serait plutôt une vague survivance de celui de la révolution sexuelle (d’œuvres comme Hair etc...), invitant les filles straight à échapper à leur bonne éducation petite bourgeoise, et à ne pas hésiter à céder à l'aventurier filou aux cheveux mi-longs, un quasi freak, Leia elle même s'en montrant finalement heureuse (si, princesse, elle va évidemment plus loin que la petite bourgeoise dans sa démonstration initiale de bonne éducation, et la résistance qui en découle).
* culture dont le concept apparu vers 1975, avait à peine dù quitter le milieu des sociologues et des militantes féministes radicales à l'époque
Je résume :
1) Suite à l'affaire très médiatisée autour de Weinstein, de nombreuses femmes de pays occidentaux témoignent (ou on l'occasion de témoigner en masse) de situations de harcélements sexuels généralisés et de viols.
2) L'affaire outre-passe le cadre Weinstein-ien et les médias de masses commençent à parler d'un problème de société.
3) La culture du viol, un concept pas nouveau, est alors (re)placé sous les projecteurs. Dans le langage courant propre aux féministes (donc personnes militants pour le féminisme) et dans ce contexte d'analyse de film populaire, "viol" vaudrait aussi pour "agression sexuelle". Disons que la terminologie "culture du viol" est, dans le cadre de cette chronique, me semble-t-il volontairement alarmiste pour justement saisir l'opinion sur ce sujet. Je vais continuer de l'employer avec des guillements car je comprends que cela puisse heurter : le viol et l'agression sexuelle ne sont pas punis de la même manière (articles 222-23 et 222-22 du code pénal) même si, évidemment, il y a un lien indéniable entre les deux.
4) L'objet de la chronique d'André Gunther est de voir dans les films ce qui peut relever de cette notion de "culture du viol" : ça tombe bien, il y a pas mal d'analyses de féministes ou affiliés, notamment sur Youtube, preuve que, oui, cette culture a été transmise aussi (et bien entendu) par des films.
5) Cette vidéo est évoquée : "Predatory Romance in Harrison Ford Movies" où un youtubeur propose de regarder la stratégie de drague d'Harrison Ford dans certains extraits de ces films phares des années 80.
6) résultat 1 : la technique de drague Harrison-Fordienne est au mieux lourdingue, au pire, contreviendrait aujourd'hui à l'article 222-22 du code pénal français (il y aurait des jury prudence sur les baisers forcés - en tout cas vaut mieux ne pas s'amuser à faire cela aujourd'hui) , datant de 1994, et du code pénale des US d'où est issu le film (selon les états c'est du "sexual assault" ou du "criminal harrasment"). La princess Leia pourrait donc se plaindre de ce baiser forcé et gagner au procés, d'autant plus que la scène a été entièrement filmée par Lucas et vue par 6po.
6 bis), apparté : Comme vous dites, le film, était, en contexte, révélateur d'un début d'émancipation des femmes (comme si la scène où elle se retrouve esclave sexuelle de Jabb the hut était une jauge / repoussoire (alors qu'en fait il s'agit d'un fantasme - mais bon, je m'égare). Après tout elle va bien au charbon et elle "fini" avec un simple roturier, on pourrait se dire : "pas mal pour une bourgeoise". )
8) résultat 2 : c'est subjectif, mais on peut être frappé en tant que spectateur de ne pas s'être rendu compte avant,ou à l'époque, de ce baiser forcé. Et peut être est-ce en raison de cette "culture du viol", que nous n'avions pas vu le problème mis en évidence dans cet extrait, tout aveuglés que nous étions. (ou dans d'autres : cf le personnage d'Harrison Ford embrasser de force l'actrice (jouant pourtant une humanoïde) dans Blade Runner, qui, forcément se met à aimer ça et devient, de fait, sa compagne (un fantasme décidement purement masculin - certainement pas féminin en tout cas ou alors avec une bonne dose de syndrome de Stockolm).
9) Pourquoi ce type de scène "de drague" peut-il choquer ou gêner certaines personnes maintenant ? Personnellement, ma "pilule rouge", ce fut ce livre de Nancy Huston "Reflets dans un oeil d'homme" qui a changé ma vision sur ce type de sujets.
10) Pourquoi cela peut-il NE PAS choquer/gêner certaines personnes maintenant ? Parce qu'ils n'ont peut être pas encore trouvé leur pilule rouge, ou parce qu'ils arrivent à re-situer la scène dans le temps et le contexte (une compétence qui s'acquiert), au point de ne pas du tout être géné par le problème et suffisament fort pour ne pas l'imiter aujourd'hui. Autre raison, et c'est le point de vue d'une femme que j'ai entendu : "il est tellement beau, elle va quand même pas faire la fine bouche!" (oui, c'est un avis complétement subjectif d'une femme se mettant "à la place" de la princesse Leia - le hic c'est qu'elle n'est donc pas à se place et que Leia, dans cette scène, a bien exprimé de pas vouloir être embrassée de force)
11) Toujours est-il que star wars et bien d'autres films déployant ce genre de comportement sont toujours chéris, adulés, et constituent des références assez intouchables qui seront encore montré aux enfants pour quelques générations à venir. Dès lors, oui, qu'on le veuille ou non, le "baiser forcé" Harrison Fordien, continue d'être transmis comme une technique de drague qui PEUT paraitre acceptable et crée dans les imaginaires de nombreuses personnes des situations de dragues et des envies érotiques pas du tout illégales, au même titre que les films ouvertement racistes n'ont pas disparus du jours au lendemain suite à tel changement de législation dans tel pays avant-gardiste.
11) Il n'est pas question dans cette chronique, me semble-t-il, d'appeler à la censure de star wars ou autres mais plutôt de trouver et de prendre sa pilule rouge en sachant qu'une fois qu'on décide de la prendre, cela change notre rapport à un certains nombre de scènes de films (entre autres) qui deviennent alors, d'autant plus anachroniques qu'ils ne l'étaient déjà.
* voir l'extrait de l'Auberge Espagnole sur l'autre forum (de mon point de vue un film mille fois plus condamnable puisqu'il fait ouvertement de la préconisation) ; je pense que si Klapisch charge une lesbienne de donner les conseils c'est bien qu'il est conscient que d'un homme ça ne passerait pas
Pour en revenir aux films d'action, je pense que ça vient de la rencontre de certaines exigences dramaturgiques / relatives aux personnages (le héros doit surmonter des difficultés, sa partenaire ne doit pas apparaitre comme une femme trop facile, il doit y avoir un minimum de tension et de suspense dans toute scène, le héros étant un aventurier qui passe son temps à se bagarrer il doit montrer des signes de cette identité virile) avec le temps limité pour les représenter (on ne va pas montrer un Harisson Ford badinant pendant 3 heures et flirtant progressivement avec sa partenaire pour la séduire dans un film d'action). Ce qui conduit, par paresse créative plus que par volonté consciente de mettre en valeur un comportement d'agresseur, je pense, les scénaristes à multiplier les scènes de ce genre.
Après je suis toujours surpris par (et opposé à) cette allégorie de la pilule rouge. La pilule rouge c'est un truc qui fait voir un monde radicalement différent (qui relèverait d'un délire schizophrène si on ne le considérait pas réel) où s'exercerait la domination secrète d'un groupe (les machines) plongeant le monde dans l'illusion. Je comprends que ce soit la métaphore qu'un certain nombre de tarés, soucoupistes, masculinistes radicaux, racistes complotistes croyant à un plan de sociétés secrètes ou des juifs pour imposer le "grand remplacement" etc... emploient (chercher qui emploie l'expression red pilled dans le monde anglophone).
C'est carrément dévaloriser l'analyse féministe de ramener à ce type de délire radical ses constats sur la patriarchie (faut vraiment ignorer l'histoire pour la nier), la domination de l'imaginaire masculin qui en survit (un truc qui n'a rien de caché, ou alors vraiment au grand jour, m'enfin suffit de regarder des pubs), et insulter l'intelligence de gens de faire comme si ils pouvaient ne pas voir que les contenus culturels mettent parfois en valeur des comportements qui ne mériteraient pas de l'être (ce qui soit dit en passant est on ne peut plus loin de se limiter à ceux d'agression sexuelle),
Enfin je sais pas pour d'autres, si je n'aurais pas forcement pensé à voir ainsi la scène de Star Wars, moi ça doit faire 30 ans -et dater de mon premier visionnage- que j'ai noté que la scène de "séduction" de Blade Runner était franchement malaisante, comme j'ai aussi noté que les héros de cinéma à la James Bond tuent tout plein de simple employés de grands méchants, potentiellement juste là pour gagner leur croute (comme très bien caricaturé dans un Austin Powers), ou que Taxi est une ode à la conduite automobile dangereuse. Quant à pourquoi ça ne (me) "choque" pas plus que ça, ben parce que c'est du cinéma (ou du contenu culturel ou distractif en général ; c'est pas parce que je pratique à l'occasion des génocides dans divers jeux vidéo de stratégie que je ne sais pas que ramenés au monde réel il s'agirait de génocides, ni que j'apprécie les génocides dans le monde réel).
C'est je pense là où le bat blesse avec la dénonciation de contenus culturels "promouvant" la culture du viol (plutôt que de simplement pousser au constat de leur existence). Elle conduit souvent les critiques engagé(e)s à une espèce de négation de la capacité de distanciation des gens, qui apparait plutôt ridicule à la plupart des amateurs des contenus concernés (généralement des films/séries tout plein d'autres comportements que chacun sait on ne peut moins recommandés / illégaux dans le monde réel).
Pour moi autant ils me semblent d'excellentes occasions de faire prendre conscience aux gens du coté problématique de certaines attitudes (ou de la domination d'un imaginaire masculin), de lancer des débats sur ces comportements appliqués au monde réel, autant aller plus loin me semble contre-productif plus qu'autre chose (comme je l'expliquais ici).
Il y a je pense un grand problème de manque de clarté de l'objectif dans la critique féministe (ou engagée en général), comme je l'ai déjà noté sur ce forum plus bas, et dans le précédent (qui me semble d'autant plus net que chaque fois que je lance ce débat, personne ne répond) ou de la coexistence de discours quasiment contraires, allant de "on ne veut que faire prendre conscience / lancer un débat" (avec tout plein de déclinaisons à propos de sur quoi doit porter ce débat, un comportement problématique ramené au monde réel ou qu'il soit représenté ou ce que ça traduit qu'il soit représenté) à "ce contenu est condamnable il a une mauvaise influence et ne devrait plus être montré", en passant par "on veut faire évoluer les représentations dans le futur". Problème qui se double souvent d'un problème de ton (la surévaluation des problématiques relatives au féminisme, ou autre engagement défendu genre antiracisme, venant de personnes engagées, par rapport à tout le reste) générant systématiquement des conflits avec les fans.
Toutes choses qui aboutissent naturellement à des réflexes défensifs des amateurs d'une œuvre ou d'un genre d’œuvres (et à la typique accusation de vouloir bruler des livres au final). Ce qui est assez désolant, la critique engagée permettant d'amener un public habituellement peu enclin aux discussions politiques, à des débats et prises de consciences, ayant au final une influence sur ce qui compte réellement, les comportements dans le monde réel.
1) Ce n'est pas le concept de culture du viol qui me gène, mais la manière dont le vocabulaire utilisé me semble faire de la promouvoir quelque chose d'intentionnel de la part des producteurs de contenus culturels
Il ne me semble pas que André Gunthert reproche quelque chose d'intentionnel (d'intentionnellement violent vous voulez dire ?). Le youtubeur qui a fait la vidéo sur Star Wars ne reproche pas non plus quelque chose d'intentionnel. Ils disent tous les deux qu'il s'agit du contrat social classique : le réalisateurs de ces films, contenant ces scènes ont cru représenter là quelque chose de réaliste, à la portée des spectateurs dans la salle (draguer / faire la cours / séduire, étant tout de même plus réalisable que conduire un vaisseau spatial)
2) Pour en revenir aux films d'action, je pense que ça vient de la rencontre de certaines exigences dramaturgiques / relatives aux personnages
Et comme vous dites, c'est assez feignant. Je préfére largement le jeu de séduction dans The Birds ou dans North by northwest de Hitchcock. Le gars s'est un peu creusé la tête, bien plus en tout cas que Lucas, qui a pourtant fait son film après mai 68 !
3) Après je suis toujours surpris par (et opposé à) cette allégorie de la pilule rouge. La pilule rouge c'est un truc qui fait voir un monde radicalement différent (qui relèverait d'un délire schizophrène si on ne le considérait pas réel) où s'exercerait la domination secrète d'un groupe (les machines) plongeant le monde dans l'illusion
C'est un peu l'impression qu'on a quand on revoit un de ces films après un certain temps, pourtant. Le temps, si on l'a passé a évoluer avec ses moeurs, je veux dire. Pour avoir l'effet "pilule rouge" (bon j'utilise la même métaphore qu'André, mais je n'aime pas trop Matrix à la base. J'avoue que sa métaphore est tout de même bien pratique mais on pourrait dire que ca équivaut simplement à un changement de point de vue.
Désolé pas le temps de répondre plus loin, ... au boulot ...
Quel est l'objectif de l'analyse/critique féministe (ou autre analyse/critique engagée - ça m'amuse au passage de voir comment les adeptes de la critique féministe font comme si ils étaient seuls à pratiquer une analyse politisée des contenus culturels, comme si l'analyse/critique antiraciste -ou même masculiniste lol-, n'était pas exactement dans la même dynamique) ? Croit elle réellement en des thèses qui feraient de l'humain un être conditionné par les contenus culturels, dont il conviendrait donc de prendre le contrôle, ou voit elle plutôt les contenus culturels comme une illustration de tendances sociales qu'elle cherche à changer, aidant à en faire prendre conscience ? A quel public s'adresse t'elle ? Dans quel cadre ? De quelle manière ? A t'elle la prétention d'être la grille d'analyse absolue et ultime pour juger d'une œuvre ou juste un élément parmi d'autres des choses à dire dessus ? A t'elle réalisé les risques inhérents à son exercice et quel est son plan pour gérer les réactions des fans d'une œuvre ou d'un genre d’œuvre, de sorte que son action ne s'avère pas contre-productive pour la cause qu'elle prétend défendre ?
Parce que bon pour l'instant ce que je vois c'est :
- une absence de clarté au niveau de l'objectif final
- des discours allant du très prudent à des délires de gens ayant probablement avalé bien trop de pilules multicolores sur le conditionnement par les contenus culturels
- une tendance soit à prêcher des convaincus sur d'obscurs espaces militants (enfin quand on voit que même sur un site très pro-féministe comme @si une analyse féministe d'un contenu culturel rencontre énormément de résistances c'est compréhensible) ; soit à être à la limite du troll vis à vis des communautés de fans des différents genres d'art populaire concernés, en allant les assommer de ses certitudes sur leurs espaces de discussions, sans montrer de réelle intention de les convertir, voire en affichant un certain mépris de la culture populaire et de son public (source de la sinistre réputation des "SJW" dans le monde anglophone et en particulier ses espaces de geekitude)
- une tendance à penser qu'une simple adhésion à ses constats (relevant généralement d'évidences du niveau d'un élève de collège) devrait entrainer une sorte d'illumination (cette fameuse pilule rouge) changeant radicalement la vision du monde des gens (est ce une secte ?) ; là où en fait la plupart des gens moins politisés les font sans problème mais ajoutent "oui mais c'est juste des films/séries/jeux vidéo/comics/whatever donc on s'en fout"
- une tendance à vouloir ne juger des produits culturels que sur le seul critère des problématiques relatives à la cause concernée, entrainant sa disqualification comme guide de consommation / critique d'art dans le public plus large
- et comme résultat de tout ça une tendance à cliver (diviser le monde entre mangeurs de pilules bleues et rouges ?) et augmenter l'hostilité à la cause défendue
La vraie réflexion a avoir n'est pas "l'analyse féministe/engagée permet elle de faire prendre conscience certaines vérités" mais, sachant que toute vérité n'est pas nécessairement bonne à dire (ou en tout cas pas de n'importe quelle manière), comment faire en sorte que ces constats aboutissent à quelque chose de positif (et idéalement au niveau de ce qui compte réellement, les comportements dans la réalité des personnes risquant d'en avoir de mauvais, pas leurs représentations ou la vision du monde des déjà sensibles à l'idéologie concernée).
Issue de l'histoire pré-féministe, la position masculiniste est donc toujours la plus facile, c'est celle de la tradition et des habitudes, quand les notions féministes bousculent des certitudes séculaires et obligent à une remise en question souvent douloureuse. Comme l'acculturation à la rationalité du réchauffement climatique, le passage de la position traditionnelle à celle qu'impliquent les nouvelles informations et les nouvelles théories est un exercice long et difficile, dont il n'est pas du tout surprenant qu'il occasionne de multiples résistances. Et quand j'observe que ni un grand quotidien ni une chaîne publique, ni une radio ne proposent de chronique féministe régulière (ce qui m'a forcé personnellement à m'informer à partir des blogs militants), je dis et je répète qu'il existe une lourde responsabilité des institutions dans la situation actuelle.
C'est là que le débat sur le harcèlement est passionnant, car il agit évidemment aussi comme une pédagogie – une pédagogie par défaut, mais qui provoque une accélération de la circulation d'informations par l'urgence et la passion de la participation à la discussion. Quand les institutions ne font pas leur travail, c'est le débat public qui prend le relais. Ce n'est pas forcément la manière la plus simple ni la plus apaisée de faire avancer les choses, mais c'est une étape nécessaire en cas de situation bloquée.
Un concept militant a beau avoir 50 ans, ce n'est pas cela qui en fait la valeur.
Que vous adhériez à ce concept parce que vous êtes allé vous informer sur des blogs militants et que cela vous a fait l'effet d'une révélation (la pilule rouge), non plus.
Un adepte de la notion de "grand remplacement" pourrait nous expliquer de la même façon que c'est une notion vieille de plus de 50 ans.
Et que toute remise en question de cette notion lui fait un peu le même effet, pour quelqu'un de correctement informé (aussi sur des blogs militants), qu'une déclaration climatosceptique.
Et il pourrait lui aussi nous proposer des petites capsules rouges pour nous ouvrir les yeux...
https://www.urbandictionary.com/define.php?term=red%20pilled
Red pilled est pour moi une expression fabuleusement révélatrice pour reconnaitre des fanatiques, car elle illustre quels groupes ont une vision schizophrénique du monde, se voient comme des sortes d'élus dépositaires de la Vérité Révélée (et horrible en plus) qu'un grand complot totalement obscur chercherait à cacher (là où les vraies conspirations du monde réel ne se cachent qu'au grand jour, évasion fiscale, régression sociale, etc).
Elle permet aussi de noter qu'ils préconisent d'adhérer à des thèses rendant malheureux et inadapté socialement à vivre dans le monde réel. Celui qui fait le bon choix dans Matrix, permettant de mener une vie heureuse, c'est celui qui prend la pilule bleue pour moi, pas celui qui rejoint la secte d'illuminés dont Morpheus est le gourou (et qui par la suite se met au service d'un chosen one / homme providentiel, Néo, éternel fantasme des gens aspirant au fascisme), toutes choses ne conduisant au final qu'à la destruction du monde (abréger l'existence heureuse de tout ceux qui vivaient dans la matrice par un reset ; et encore pire vu que tout se répète ensuite).
Le seul personnage sain d'esprit dans ce film ayant toujours été le traitre pour moi, je me méfie donc des amateurs de pilule rouge. ;)
Ça s'agite beaucoup dans cette tête bien pleine
Mais préférer une vie confortable de traîtrise et de mensonge à une rude vie de lutte et de fraternité c'est une choix qui ne se discute pas. On dirait Galabru dans Uranus!
J'arrive tard dans cette discussion mais voir des gens intelligents se tortiller autant pour ne pas admettre que non c'est non, quelles que soient les arrières pensées de la dame, c'est tordu et savoureux.
On dirait des sophismes zemmouroïdes hihiSi jolie nécromancie de sujet sans autre but que de venir en insulter des participants que j'en fais une aussi, car ça fait tout de même plaisir d'avoir été lu jusque tant d'années plus tard (si ça en ferait un peu plus d'être compris).
Sinon je me reconnaitrais plus dans celui de Noiret, cher Fabrice Lucchini.
Si vous avez compris que je comparais le féminisme avec le racisme, alors je crois qu'aucune pilule ne pourra rien pour vous. :-)
Le grand remplacement n'a aucune validation, c'est un délire pur et simple, le genre de délire typique qu'une population dominante en perte (relative) de domination : ici des nostalgiques de l'Algérie Française qui ne supportent pas de devoir traiter en égal ceux qui n'étaient que de vulgaires indigènes.
Ca n'a aucun sens de comparer le grand remplacement à la culture du viol ie de comparer un accès de paranoïa avec un concept sociologique cohérent. Vraiment, aucun rapport, la choucroute n'a plus de genou, pas même l'once d'un début de quoique ce soit qui se ressemblerait vu de loin dans le noir.
La comparaison qui aurait du sens serait de comparer le prétendu grand remplacement avec la prétendue féminisation de la société. D'ailleurs, Zemmour défend les deux thèses, comme quoi, il y a bien une continuité entre ces deux idées.
Si un concept féministe radical comme celui de "culture du viol", agité depuis 50 ans, avaient reçu une quelconque validation scientifique, cela se saurait.
Et au lieu de blablater, vous seriez en train de m’inonder de références sérieuses devant lesquelles je ne pourrais que m'incliner.
Si un concept féministe radical comme celui de "culture du viol", agité depuis 50 ans, avaient reçu une quelconque validation scientifique, cela se saurait.
Justement, cela se sait.
Voir ci-dessus : si vous avez compris que je comparais "le grand remplacement" avec "la culture du viol",
Bien sûr que si, vous comparez.
Pour mémoire, comparer X et Y ne signifie pas "déclarer que X=Y" ni même que "X environ égal à Y" ; cela signifie juxtaposer pour étudier les points communs et les différences.
Vous dites que les "arguments [d'André Gunthert] pourraient parfaitement être utilisés par un adepte du grand remplacement ", c'est une comparaison, à tout le moins, c'est une juxtaposition que VOUS avez choisi de faire.
De toute façon comparaison ou pas (belle manoeuvre de diversion : niez l'existence d'une comparaison pour empêcher les gens de critiquer la pertinence de la comparaison ; à ce niveau, ça devient de l'art), vous prétendez que ceux des arguments qui établissent un fait parfaitement établi comme "culture du viol" pourraient s'appliquer au "grand remplacement". Ce n'est pas vrai.
Ca n'est possible qu'à la condition de pervertir les arguments : par exemple, quand on vous dit que le concept est présent dans la littérature scientifique depuis 50 ans, vous choisissez de ne retenir que l'idée des 50 ans (ce qui est donc une perversion de l'argument par amputation sémantique : vous avez ... cof cof ... innocemment erk erk... oublié l'aspect présence dans la littérature scientifique) et vous prétendez constater que cet argument s'applique au grand remplacement.
Je persiste et signe : les arguments qui justifient l'existence de la culture du viol ne peuvent pas être appliqué au grand remplacement pas plus qu'au Père Noël : le Père Noël n'existant pas, vous ne pourriez pas utiliser les arguments qui prouvent la culture du viol pour démontrer que le Père Noël existe ; le grand remplacement n'existant pas, vous ne pourriez pas utiliser les arguments qui prouvent la culture du viol pour démontrer que le grand remplacement existe.
Mais la "culture du viol" non plus, cher ami, si ce n'est en tant que concept.
Un concept élaboré dans les mouvements féministes radicaux des années 70.
Ne confondez pas les concepts et la réalité.
Il est assez facile de forger un concept, il suffit d'une bonne étiquette et de choisir des attributs. Les idéologies fourmillent de concepts.
Celui de "culture du viol" en est un parmi tant d'autres.
Mais que ces concepts aient une quelconque valeur scientifique, c'est une autre paire de manche.
Et ce n'est certainement pas en le décrétant, en "persistant et en signant", comme vous le faites, qu'ils vont en acquérir une.
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Et l'existence de viols ne prouve en rien la validité de ce concept.
Ce concept confond allégrement l'opposition de volontés et les tentatives de faire changer la volonté ( le refus ) de l'autre avec de la domination.
Alors que la domination consiste à imposer sa volonté par la force. Et pourtant vous y incluez des comportements, comme les tentatives de séduction, l'insistance, qui n'ont respectivement rien avoir ou pas forcément avoir avec le coup de force.
Vous théorisez que pour certains "non" voudrait dire "oui" ce qui est complètement caricatural. Pour la plupart des gens ( dans tous les domaines) c'est simplement que le "non" ne les satisfait pas et qu'ils espèrent pouvoir faire changer l'autre personne d'avis.
Et quand bien même une personne aurait un comportement de gros lourd, vous inventez un systématisme avec le viol qui n'a évidemment aucun sens.
Ceux qui veulent imposer le "non" définitif veulent apporter une solution culturelle qui est juste inhumaine, parce que c'est totalement contre nature. Ce n'est pas ça qui empêchera les viols. Le fait que vous n'abordiez pas l'aspect social est une erreur tragique dans toutes ces affaires.
Qu'il existe un aspect culturel dans la place sociale de la femme est une évidence vu le nombre de déterminismes sociaux, que cela agisse sur les femmes en les poussant à garder le silence et à ne rien dire de ce qu'elles subissent, ça aussi c'est évident.
Donc oui il y a des causes culturelles au nombre de viols, et surtout au nombre de viols impunis, c'est très probable.
Mais sur la "culture du viol" vous vous égarez à mon avis.
Vous aurez beau essayer d'inculquer aux gens que "non" il faut toujours le prendre comme un "non" définitif, cela ne fonctionnera jamais.
C'est humain, et non pas masculin.
Si un militant me suivait dès que je sors de chez moi en me faisant "Hé, hé, vote Copé. Hé hé vote Copé", et ce malgré le fait que je l'ai envoyé chier d'innombrables fois, que je lui ai montré ma carte d'adhérent au NPA... Et bien cet homme serait en train d'exercer une forme de violence.
Le simple fait de maintenir une interaction avec quelqu'un qui ne souhaite pas en avoir est une violence. C'est même pour cela que, quand vous abordez quelqu'un dans la rue, vous commencez par "Excusez-moi" : parce que parler à quelqu'un qui ne vous a rien demandé est susceptible d'être dérangeant, vous vous excusez de le faire quand même et vous cessez l'interaction si à "Excusez-moi" on vous répond "Je n'ai pas le temps" ou toute autre réponse vous congédiant. Enfin, sauf un gros rustre qui ne sait rien faire d'autre que s'imposer et ne conçoit même pas qu'il puisse exister d'autres types d'interaction sociale.
Par ailleurs, dans le cas de la scène LeIa/Solo, Solo n'a même pas choisi d'argumenter pour que Leia change d'avis, il a juste décidé que le fait qu'elle dise "non" était complètement hors-sujet, que ce n'était pas un problème.
Et oui aborder quelqu'un peut être dérangeant.
Mais à ce jeu la violence elle peut être dans les deux sens.
Dire je n'ai pas le temps c'est rejeter l'autre d'une façon qui peut être ressentit comme expéditive, mensongère et irrespectueuse.
On peut répondre, alors quand aurez-vous le temps ? Et vous comprenez bien que la personne ne veut juste pas vous parler que ce n'est pas une question de temps et on peut se poser des questions sur la civilité.
Car si avoir une interaction avec les autres devient une violence, si on ne prend qu'un seul point de vue en compte, alors c'est toute la nature sociale, relationnelle, de l'être humain qui est déniée.
Dans vos exemples vous prenez cause pour le point de vue d'une personne, mais en quoi le point de vue de l'autre est-il moins légitime ?
Une personne vous plait, au premier abord elle vous rejette. Pourquoi ce rejet ? Combien de murs a-t-elle érigée pour en arriver à faire le choix de ce rejet ? Qu'est-ce qui vous permet de décider qu'il est forcément illégitime de tenter d'abattre ces murs pour arriver à faire en sorte que finalement votre attirance devienne réciproque ?
Cela vaut dans d'autres situations. Si on reprend la situation du militant politique, les murs sont souvent idéologiques. Une simple discussion peut faire disparaître beaucoup de ces palissades qui ont conduit au rejet initialement, insister au moins une fois c'est peut être la seule manière d'établir une simple relation de citoyen à citoyen.
Je ne suis pas d'accord pour faire un amalgame entre ces formes d'insistances qui me semblent tout à fait légitimes avec celles qui sont réellement inacceptables, comme le harcèlement ou toutes les formes de réelles violences physiques ou morales.
Apprendre à accepter le non c'est une vertu importante selon moi. Mais ne pas parfois accepter le non cela fait partie des relations humaines et de leur complexité. On ne peut pas ériger de règle, et encore moins amalgamer avec le viol toute forme de persévérance, et d'insistance pour établir une relation.
Dire je n'ai pas le temps c'est rejeter l'autre d'une façon qui peut être ressentit comme expéditive, mensongère et irrespectueuse.
Ce n'est pas une violence pour autant. Le fait que vous viviez mal une interaction avec autrui ne vous donne pas le droit de qualifier l'autre de violent (ou l'interaction de violence) et surtout ça ne légitime pas une réaction violente.
Une personne vous plait, au premier abord elle vous rejette. Pourquoi ce rejet ?
La personne me "rejète" (l'emploi de ce mot est éloquent, j'aurais dit "elle décline ma proposision" ; de la même façon que je ne rejète pas mon vendeur de kebab si je refuse le supplément boisson qu'il me propose) car, ce jour là, tel est son bon plaisir, un point c'est tout.
Il n'y a pas de raisons à avoir.
Qu'est-ce qui vous permet de décider qu'il est forcément illégitime de tenter d'abattre ces murs pour arriver à faire en sorte que finalement votre attirance devienne réciproque ?
La même chose qui me dit qu'il est illégitime de taper sur mon voisin pour qu'il me donne son fric : le fait que c'est une violence.
Une violence comparable à la violence qu'exerce un escroc qui harcèle les petites vieilles pour leur vendre de la camelote : ne pas accepter de passer son chemin et continuer d'insister, c'est une violence.
Citation:
Dire je n'ai pas le temps c'est rejeter l'autre d'une façon qui peut être ressentit comme expéditive, mensongère et irrespectueuse.
Ce n'est pas une violence pour autant.
Précision : je suppose que la sollicitation est formulée raisonnablement poliment ; c'est sûr que si à une avance, une femme répond "Dégage minable, je sors pas avec les tocards", on parle d'autre chose mais :
1) je soupçonne que ce soit peu répandu
2) c'est de toute façon hors-sujet : quand bien même certaines mettraient des "rateaux" de façon impolie, ça ne justifie en rien le fait de pratiquer l'insistance lourdingue.
Les déconvenues de certains dragueurs, c'est juste hors-sujet. La juxtaposition entre un égo fragile qui se froisse et du harcèlement me paraît quelque peu indécente.
Il n'y a pas besoin que le rejet soit insultant pour qu'il soit une violence. Par exemple si une personne vraiment amoureuse se fait rejeter, cela peut lui faire tellement de mal que cela peut mener à une réaction violente de sa part ( suicide / violence sur les autres ).
Vous partez du principe que tout ce qui est violent est illégitime, alors que parfois la violence est inévitable. Et les formes que vous prendrez ne peuvent que tenter d'atténuer la douleur, pas la supprimer.
Bref je ne peux pas vous suivre. Si vous voulez parler de relations, le minimum c'est que vous preniez en compte les deux points de vue. Merci.
Par exemple si une personne vraiment amoureuse se fait rejeter, cela peut lui faire tellement de mal que cela peut mener à une réaction violente de sa part ( suicide / violence sur les autres ).
Le fait que la personne qui a reçu un refus à ses avances puisse souffrir, c'est évident. Ca ne fait pas du refus une violence.
Cette souffrance, c'est son problème (éventuellement celui de ses amis ou de son psy mais le reste des gens ne sont pas obligés) : si le mec ne sait pas gérer ses frustrations, ça ne le rend pas légitime à devenir violent ; de même que les déceptions dans ma vie ne m'autorisent pas à cramer la bagnole de mon voisin pour me détendre.
Ce n'est pas parce que ça fait souffrir que c'est une violence. Si un passant me marche involontairement sur le pied, ça fait mal, c'est pas une violence pour autant ; si ma soeur refuse de me rendre visite le week-end prochain, elle ne me fait pas violence en refusant, même si j'ai fort besoin de compagnie.
Refuser des avances amoureuses n'est pas, en tant que tel, une forme de violence. Très éventuellement, si la façon de le dire/faire est cruelle, ça peut en devenir une. Le mot "devenir" signifie qu'à la base, ça n'en est pas.
Vous partez du principe que tout ce qui est violent est illégitime, alors que parfois la violence est inévitable.
La violence dans les relations amoureuses ? Inévitable ?
... Brrrrrrrr........
Bref je ne peux pas vous suivre. Si vous voulez parler de relations, le minimum c'est que vous preniez en compte les deux points de vue.
En l'occurence, on parle des gens, des mecs le plus souvent, qui transforment ce qui devrait être une relation bilatérale en agression.
On sort donc du cadre des "relations".
Par ailleurs, "prendre en compte" les deux points de vue, ça ne veut pas forcément dire "tenir leurs revendications respectives comme également légitime". Pensons à un procès pénal où il y a un accusé de crime et sa victime déclarée : quand bien même la culpabilité ne serait pas en question, le juge doit "prendre en compte" tous les points de vue, ça ne veut certainement pas dire qu'il a interdiction de trancher à la fin, ni qu'il a interdiction de déclarer que la justice ne se trouve certainement pas à l'isobarycentre des revendications mais dans la validation totale de la position d'une des parties en présence.
Prendre en compte une position, ça peut vouloir dire l'examiner puis constater qu'elle n'a aucun mérite.
Il se trouve que je "prends en compte" le point de vue du mec : le mec, en l'occurence, il veut juste pouvoir draguer à tour de bras qui il veut, quand il veut, sans avoir à porter la responsabilité des souffrances qu'il inflige. Certes, ce n'est pas la "prise en compte" que vous feriez à ma place mais c'est une prise en compte.
Pour le dire autrement, c'est précisément parce que j'ai regardé les deux cotés de la balance que je peux voir à quel point elle est déséquilibrée : d'un coté des viols et des agressions ; de l'autre, des gens qui ne tolèrent pas que leurs avances amoureuses ou sexuelles puissent recevoir un "non".