De la difficulté d'enquêter sur le harcèlement sexuel dans les medias
Le 16 octobre dernier, au lendemain de la naissance du hashtag #BalanceTonPorc, nous avons publié sur Twitter plusieurs appels à témoignages destinés aux femmes qui voudraient en dire plus sur le harcèlement et les agressions sexuelles dans le monde des medias. Cela nous a permis de publier une première enquête, sur une agression sexuelle dans une école de journalisme. Cela nous a aussi permis de mesurer la difficulté d'enquêter sur le sujet.
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C'est la difficulté justement des cas limites, évoqués dans le témoignage de Marie contre Paul. Paul reste en permanence à la limite du harcèlement. Reste que Marie en souffre. Que Marie a même exprimé à la direction de Paul que le comportement de Paul la faisait souffrir. Peut-être que la direction n'a pas suffisamment averti Paul de ce qui justifiait son licenciement, de ce qui faisait que Paul faisait souffrir Marie. Peut-être que Paul n'est pas un monstre, peut-être qu'il ne réalise pas que Marie souffre à cause de lui. Néanmoins, dans ce cas, il devient urgent que Paul soit informé que son comportement fait souffrir Marie. Dès lors, on peut supposer que Paul, s'il est honnête envers lui-même, cessera ce comportement.
Comme cela ne parle peut-être pas à tous, je vais vous donner un exemple.
Supposons que vous ayez un collègue, Pierre (un homme, pour changer), qui souffre d'une phobie des araignées. Que vous même collectionnez les araignées.
Que vous en parlez à vos collègues. Qu'à chaque fois Pierre se sent très mal à l'aise. Peut-être ne vous rendez-vous pas compte de la souffrance de Pierre. Peut-être pensez vous qu'il ne s'agit que d'un maniérisme, d'un jeu, et donc vous ignorez les signaux de détresse de Pierre. Mais je suppose que si Pierre vous dit un jour (ou si vous apprenez) que Pierre souffre d'une phobie des araignées, vous allez tout faire pour éviter le sujet en sa présence.
Un autre exemple serait celui de ce collègue lourdingue (appelons la Mina) qui balance plus de blague de cul sur des sujets douteux (y compris inceste) qu'il/elle ne balance de pets. Peut-être même avez vous été ce collègue. C'est le genre de blague qui me font rire deux minutes, mais ensuite je mets mes oreilles en mode off.
Sauf que dans l'équipe, il y a Jules, Jules dont la sœur a été violée par son beau-père entre ses 5ans et ses 15ans. Histoire douloureuse que personne ne sait, sauf peut-être Sabrina, la meilleure amie de Jules. Quand il entend ce genre de blagues, Jules ne peut pas mettre ses oreilles en mode off. Jules souffre.
Un jour, Sabrina va voir Mina et lui demande d'arrêter de faire ses blagues en présence de Jules. Parce que ça rappelle un passé très douloureux à Jules et que chacune de ses blagues lui fait mal.
Si Mina a ne serait-ce qu'une once d'humanité, elle cessera ses blagues en présence de Jules. Parce que l'objectif de Mina, c'est de faire rire, pas de faire souffrir.
Beaucoup de comportements peuvent être vécu comme du harcèlement. Mais le harceleur n'agit pas nécessairement avec comme objectif d'harceler, de faire souffrir. Cependant, même dans ce cas là, on doit informer le harceleur que son comportement fait souffrir et qu'il faut qu'il cesse. Car c'est le ressenti, la souffrance de la victime qui compte, pas l'intention du harceleur.
Pour ce qui est des cas que vous avez décrit, je les trouve tous inacceptables, au sens où, si j'étais moi le harceleur et qu'on m'informait que mon comportement fait souffrir la victime (ou si je m'en rendais compte moi-même), je cesserai immédiatement. Ca m'est déjà arrivé. En tant que victime comme en tant que harceleur.
Un pote, teigneux et sachant se battre avait trouvé la solution dans ses cas là : provoquer verbalement la victime (sans témoin) et attendre qu'il passe à l'acte pour "riposter en toute légitime défense". Mais je ne sais pas si ça peut facilement être mis en oeuvre. Moi j'ai jamais testé.
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peut être que ces trois histoires ne relèvent pas du même sujet:
tel que relaté je vois plus dans le premier un problème pathologique, dans le deuxième une incompréhension mutuelle et le troisième on est dans le sujet justement.
Le sexisme, quand on a commencé à le voir, ça crève les yeux, on voit à quel point il est partout. Dans la rue, à la télé, la radio, dans tous les médias (@si, AK et son obsession de la nudité surtout féminine, DS et son paternalisme bienveillant).
Après cette libération de la parole, les journalistes n'auront plus qu'à écouter et regarder, ils n'auront pas besoin d'enquêter beaucoup plus loin que dans leur propre média, et de prêter attention à ce qui se passe autour d'eux.
c'est du second degré ?