Elus condamnés pour agressions sexuelles : pourquoi la presse s'en fiche
Comment évoquer des faits de harcèlement sexuel par des politiques, lorsqu'aucune plainte n'est déposée ? C'est l'objection opposée par de nombreux journalistes, aux reproches d'omerta, qui se multiplient depuis l'arrestation de DSK (voir le débat à ce propos dans notre émission de cette semaine). Mais même de longues procédures judiciaires ne suffisent pas à percer le mur d'indifférence des médias, comme le montre l'affaire Jacques Mahéas, sénateur socialiste de Seine Saint-Denis et maire de Neuilly sur Marne, condamné définitivement pour agression sexuelle en 2010 par la Cour de cassation, et dont le cas n'a pas donné matière à une seule ligne dans la presse nationale.
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Derniers commentaires
Merci pour tous et toutes !
Le cas de Balkany me semble particulièrement grave.
- Il aurait voulait être César, il ne fut que Pompée !
Et aussi :
« En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui », et « Ça ne fait pas un Français en moins, mais une place à prendre »
Ce qui montre que l'histoire est un éternel recommencement...
Mais dans l'ordre de cette découverte niaise (ou hypocrite) des mécanismes de domination (qui sont une forme de violence - bien que se dissimulant parfois derrière des consentements des dominé(e)s), va-t-on un jour faire semblant, à l'occasion d'un scandale public, de découvrir les "5%" versés aux élus dans les cadres des marchés publics ? Même schéma - tout le monde sait, c'est quasi-public, ... mais ça n'est jamais dans la presse; ça n'a rien de démocratique ni de légal, mais tant que personne ne le dénonce, ça n'existe pas. Quelle drôle de démocratie.
Une plainte très privée contre le député Balkany. Vendredi, sa nouvelle compagne l'a accusé, devant la police judiciaire, de « viol et menace avec armes ».
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/20/affaire-dsk-l-inquietant-pouvoir-des-communicants_1524821_3232.html
Quand en France (a part Arrêt sur image ; mediapart , le canard enchaîné) les journaux seront indépendants vous verrez que ces dsujets sortirons.
L'ensemble de la presse française semble vouloir prendre sa part dans cette remise en question générale.
Que savait-t-on ? Qu'est-ce que le métier de journaliste ? Où s'arrête le vie privée et la vie publique ? Les journalistes sont-il soumis à des pressions financières doublées de connivences politiques qui les empêcheraient d'exercer honorablement leur travail ?
Dans un long portrait titré : "Patrick et Isabelle Balkany", daté du 01 avril 2008, ça ne s'invente pas, à propos des démêlés judiciaire de M. Balkany, voilà ce que j'ai pu lire sous la plume de Raphaëlle Bacqué :
"On compte aussi un scandale ridicule lorsqu'une maîtresse porta plainte, en 1997, après que Patrick Balkany l'eut obligée à lui administrer une fellation sous la menace d'un 357 Magnum.".../...Ce jour là "Le Monde" m'était tombé des mains !
Raphaëlle Bacqué, relate ces faits extrêmement graves, et qualifie "le scandale" de "ridicule", sans jamais vraiment informer le lecteur sur le dépôt effectif de la plainte.
Rétrospectivement, à la lumière de l’affaire DSK, je vous invite donc à m’éclairer sur l’article de Mme Bacqué et sur les fais reprochés à M. Balkany :
La plainte a t-elle été déposée ? Puis retirée ?
Pourquoi n’a-t-elle pas fait preuve d’une couverture médiatique importante ? Le jugement a t-il eu lieu ?
Pourquoi laissé le lecteur dans l'expectative, sans savoir si oui ou non M. Balkany a -t-il été jugé ?
Enfin pourquoi Raphaëlle Bacqué juge ce scandale "ridicule" ? Parce que la plainte était sans fondement ou minore t-elle les faits ?
Merci à vous.
Certains comprendrons, d'autres non; mais le chaos est au bout du couloir...
En lisant l'article et en rapport avec le débat sur la limite entre oppression et harcèlement, je me suis souvenu d'un son que j'avais écouté chez vos confrères d'arteradio.com. Comme d'habitude sur un ton frais et décalé, il ne traitait pas du tout du sujet mais la drague s'invite sur la fin de l'enregistrement que la jeune journaliste (qui visiblement ne laisse pas le vieux député indifférent) laisse à dessein courrir.
Il ne s'agit bien évidemment pas d'une agression, et c'est un député à la retraite (décédé depuis) qui parle, mais ça laisse songeur sur la tournure que peuvent prendre les entretiens, et sur l'opinion de certains politiques sur les femmes. N'étant moi même pas journaliste, je n'ai pas le souvenir d'avoir ressenti d'aussi près le sous entendu.
C'est surement futile, mais j'avais très envie de porter cette pièce au dossier (en plus c'est un piqûre de rappel sur la retraite des députés)
http://www.arteradio.com/son/615878/La_retraite_du_depute
Et "même" des femmes les avancent volontiers...
Non mais, en France les femmes dans leur immense majorité - jusqu'à ce que ça les concerne pour de bon, elles ou leurs sœurs, filles, nièces, là elles commencent à bouger, mais au cas par cas, hein... - les Françaises ne veulent pas être/se dire "féministes", vraiment féministes.
D'où leur acceptation du système.
On ne dit rien - ou si peu - on ferme les yeux, c'est pas grave, c'est des broutilles, il n'y a pas de ciment entre femmes, si on râle on se fait traiter de mégère (en premier lieu par les femmes...), ça le fait pas si on veut être bien vue des collègues masculins (?!), etc., etc. DU VECU.
Parce que vous comprenez, en France, le Féminisme c'est un gros mot !!!
Mais ça pourrait changer !
Faute de chercher les informations inédites (on licencie les documentalistes !), on ne parle que de ce que parle la concurrence.
Cela permettrait de renouveler les élus très vite,ce qui fera sortir les minorités telles que les femmes, de déprofessionnaliser la politique, et d'éviter des positions de pouvoir que décrit Laure dans cet article.
Evidemment, aucun parti ne le proposera, ce serait se saborder.
Mais ce sera une idée quand les Tunisiens et les Espagnols nous auront sortis de là.
Je rigole bien sûr. Mais seulement pour la dernière phrase.
http://www.nytimes.com/2011/05/18/opinion/18clarke.html?_r=2.
Si j'entends encore les mots "dragueur", séducteur", "amateur de femmes", je crois que je pousserai un grand cri de désespoir.
Ces "vieux dégueulasses" n'aiment pas les femmes. Ils chassent un certain trou tapissé d'une muqueuse et qu'il se trouve qu'elles sont seules à posséder. Point barre.
Je ne parle pas du traitement de l'image, mais de ce qu'il révèle de la gravité des faits, les 70 ans de prison, contre les malheureux 7 ans chez nous, une agression sexuelle, un viol, vraiment vu comme un crime, ce qu'il est, mais que chez nous on traite en gaudriole.
Oui l'Amérique nous a fait ressentir qu'on était taré, blessure d'amour-propre, choc culturel. Comment ? Ils en sauraient davantage que nous en matière de moeurs, de droits de la femme africaine, de justice de classe ? Nous serions archaïques ?
C'est curieux, je ressens en ce moment que nos schémas mentaux en prennent un coup, quand même la presse s'interroge sur sa pratique, c'est que la société bouge.
http://anthropia.blogg.org
Je ne suis pas d'accord avec ce point de vue, au point de le trouver même assez répugnant. Mais très habituel, très dans la ligne des réflexes populistes et abstraits du type "7000 ans ? c'est trop peu, ceux-là proposent 70'000 ans plus huit peines capitales !". Sept ans d'enfermement a un sens, c'est déjà énorme dans une vie, et c'est une période significative. Elle sert à quelque chose. 70 ans est déjà absurde, c'est un enfermement à vie qui vide de son sens le dispositif juridique et carcéral : nous sommes dans le registre imbécile de la punition (avec le vague fantasme de dissuasion absolue qui va avec) et plus dans le principe de resocialisation. Bref, nous sommes, indirectement, dans la logique inassumée du "c'est mal, alors il faudrait les tuer".
Le problème, et le symptôme de la gaudrialisation du viol (et des autres aggressions sexuelles - physiques ou symboliques), n'est pas dans le degré de la peine, mais dans le degré de son application. C'est-à-dire dans ce que pointe cet article, l'invisibilité légitimante de ces crimes, et leur étouffement dans le fait divers individuel et local, alors qu'il s'agit de problèmes sociaux, collectifs. Et, au-delà, par cette invisibilité qui en fait par défaut un non-problème, la fréquente absence de protestations ou de plaintes. Une peine absurde à l'américaine ne changera rien à cela, mais la visibilité des peines, la visibilité de la punissabilité de telles attitudes, peut changer beaucoup. Et c'est là-dessus qu'il faut évoluer - et que, effectivement, le DSK peut aider.
Prendre pour autant le système américain comme modèle, avec ses peines délirantes, ses propres notions dangereusement hystériques de "comportement impropre", et son amour de l'emprisonnement comme réponse sociétale (1% de la population derrière les barreaux), c'est se complaire dans une logique aux travers symétriques. On peut arguer, de cas en cas, du plus grave ou du plus légitime des deux délires (l'impunissabilité à la française, contre le culte de la prison et du procès pour harcèlement à l'américaine), et on peut, en réponse à un évènement donné, décider que le trop est moins grave que le pas assez. Mais faire de ce trop un horizon idéal et un modèle de justice auquel s'aligner, est d'autant plus néfaste que ces logiques punitives ou puritaines ne restent pas strictement cloisonnées à un seul tabou.
Notre tendance à tout traiter à la rigolade, l'impossibilité de dire ce qui déconne, quand on est dans un milieu ordinaire de Français ordinaires, c'est ça que je dénonce.
Je ne prétends pas que l'Amérique n'est pas hypocrite, avec son sexe sur tous les écrans et la main sur le coeur pour dénoncer le moindre outrage, mais ce que je dis c'est que les Français ont été sidérés par la honte, tout à coup le "perp walk" apparaît comme on l'a vu des centaines de fois dans les séries, les bons cops, et c'est un des nôtres, DSK, qui est le "méchant".
Oui, nous avons été sidérés par la honte, par le décalage entre notre sexisme archaïque et leur apparente sévérité, que celle-ci soit feinte (l'argent de la contre-enquête fera tout pour éviter la condamnation) ou pas, ils disent que c'est un crime et qu'un viol chez eux est sévèrement puni.
D'accord avec vous, la société carcérale qui préfère l'enfermement au RSA n'est pas enviable. Mais cela n'était pas le sujet de ma réaction.
http://anthropia.blogg.org
C'est la volonté affichée de notre bien aimé [s]nabot[/s] président, non?
Avoir une justice à l'américaine, toujours plus punitive.
Cependant, même si 70 ans paraissent démesurés, le fait est qu'on ne peut pas nier le tsunami de misogynie sous lequel on a été noyé jusqu'ici. L'assimilation des violences sexuelles à de gentils marivaudages est insupportable. Je crois qu'il s'agit plus de la satisfaction de constater que ce n'est pas le cas aux USA que de populisme.
Ce qui en est un indice, en revanche, est la faible application de ces lois-là, et la faible visibilité de ses applications. C'est cela qui conforte une culture de la tolérance de l'oppression sexuelle, et une résignation des victimes de harcélement ou de viol.
Bref, je pense qu'il s'agit de deux questions différentes qu'il ne faut pas mélanger. En d'autres termes, "7 ans" et "70 ans" peuvent être les deux manières équivalentes de dire "c'est très très grave", dans deux grammaires aux échelles (et finalités) juridiques très différentes. Ce qui n'est pas équivalent, c'est qu'on met en branle la procédure pénale plus souvent dans un pays que dans l'autre. C'est-à-dire que le coût (social, administratif, symbolique) de la procédure pour l'obtention du "très très grave" français est plus élevé que celui de la pocédure pour l'obtention du "très très grave" nord-américan.
Un juriste pourrait nous aider à vérifier cela, en droit comparé, par la mise en vis-à-vis de punitions pour des crimes non sexuels. Les durées des peines ne correspondent pas forcément à des points de vues différents sur la gravité du crime lui-même.
D'ailleurs je ne conteste pas sa pertinence.
Je suis même particulièrement d'accord avec vous, notamment là dessus :
[quote=IT]Ce qui en est un indice, en revanche, est la faible application de ces lois-là, et la faible visibilité de ses applications. C'est cela qui conforte une culture de la tolérance de l'oppression sexuelle, et une résignation des victimes de harcélement ou de viol.
Je vous avoue que je suis bien aise de ne pas avoir à me prononcer sur la "juste" durée d'emprisonnement qui correspondrai au "préjudice" subi pour un viol. La loi française "donne" 15 ans d'après ce que je sais. Après si l'on arrive à des peines moins lourdes c'est à cause des réductions de peine?
Arrêtez-moi si je me trompe car je ne suis pas très au fait des mœurs judiciaires.
Pour être tout à fait honnête avec vous, je trouve effectivement le système américain beaucoup trop sévère/inhumain.
Je ne me prononce pas sur la loi française quand je parle de misogynie, je parle des réactions en général sur cette affaire ci. Réactions qui sont tout à fait différentes aux USA.
Où il ne vient à l'idée de personne de minimiser/excuser les faits, qui, si ils sont avérés, sont très graves. Je suis d'accord avec vous sur le fait que la loi française n'est pas misogyne, 15 ans de prison me parait déjà pas mal, par contre, pour ce qui est de la "culture" française, je ne dirai pas la même chose.
Ce qui me met très en colère c'est cette espèce de tolérance/indulgence d'une partie de l'opinion envers ce qui me parait à moi tout à fait intolérable. Comprenez-vous, les troussages de domestique et autre commentaires sur l'amour des femmes m'insupporte. Après la révolte, vient le dégout, puis la lassitude et faut-il le dire, une certaine résignation.
Bref, tout ça pour dire que je vous donne raison, je n'étais pas contre votre argumentaire de départ d'ailleurs. Ce qui m'a fait réagir c'est votre réaction envers Anthropia; je vous ai trouvé un peu trop brutal à mon gout, puisqu'elle traduisait ce que moi aussi je ressentais, à savoir que la façon dont les accusations de viol étaient accueillies en France et aux USA montraient une différence radicale de perception sur la question. En effet, je trouve effectivement que des propos comme ceux de JFK font honte à la France...
Mais ça n'engage que moi.
Pour le reste, je ne suis moi-même pas très au courant des différents barèmes, et ne n'aime pas beaucoup le caractère exagérément affirmatif de mes derniers posts. Je contre une affirmation osée par des interprétations opposées, parachutées avec à peu près autant d'aplomb. Il faudrait l'apport de juristes ou d'anthropologues juridiques qui se sont penchés sur ces aspects-là, afin de vérifier si effectivement tout le système judiciaire américain est dans ce décalage, et si ces logiques-là en sont bien la cause. Cela ne m'est "que" très envisagable. En réalité, il est possible que cette différence de peine soit une résultante des deux facteurs (sensibilité légitime à la justice de genre, et passion illégitime de la vengeance légale). Le point n'en resterait pas moins qu'arguer arbitrairement que ces 7 ans sont trop peu, et qu'ils sont par eux-mêmes illustratifs de la complicité passive du système juridique vis-à-vis des prédateurs sexuels du quotidien, me parait assez irréfléchi et injuste.
Estimer une "durée juste" n'est pas simple. Il faut contextualiser le crime dans une échelle générale -de toutes les transgressions pénales-, et échelonner celle-là par rapport à ce qu'on veut faire du système judiciaire (une poubelle à contrevenants, ou un rite de réhabilitation). Aussi je ne m'y essaye pas tellement moi-même. Je réagis surtout aux formes de l'argumentaire de ceux qui ont une opinion là-dessus, argumentaire qui se résume trop souvent à "bien sûr qu'il faut beaucoup plus, je sais pas combien c'est ou ce que ça représente vraiment mais il faut braucoup plus (on parle de quel crime au fait, cette fois ?)".
Quant au fait que le viol (par violences physiques ou symboliques) et le harcèlement sont beaucoup trop banalisés et excusés dans notre société, et que DSK et son héroïsation en étaient une effroyable illustration indépendamment même de cette dernière affaire newyorkaise, j'ai dans l'idée que nous sommes à peu près tous ici déjà d'accord là-dessus...
Quant au fait que le viol (par violences physiques ou symboliques) et le harcèlement sont beaucoup trop banalisés et excusés dans notre société, et que DSK et son héroïsation en étaient une effroyable illustration indépendamment même de cette dernière affaire newyorkaise, j'ai dans l'idée que nous sommes à peu près tous ici déjà d'accord là-dessus...
Je n'avais jamais lu avant l'affaire, nulle part, que DSK était un violeur (ça reste à prouver) ni un harceleur (ça reste à prouver aussi). Son "héroïsation" pré-Sofitel n'est donc l'effroyable illustration de rien du tout, a moins que DS et les autres n'aient eu des preuves de son éventuelle dangerosité et aient préféré se taire au lieu de contacter la police, auquel cas ils sont donc coupables de non-dénonciation de crime.
Je l'ai déjà dit, mais je le répète: sur cette affaire, @si est nul, et dégueulassement partisan. Les vite-dits sont ignobles, à sens unique. On parle des taches de sperme, sans préciser que suite à ces "révélations", la police a démenti avoir transmis la moindre information à la presse, sans parler des experts qui appellent à la prudence au sujet de ces analyses; pas plus qu'on ne reproduit le mail envoyé par DSK au FMI.
Perso, je le pense coupable, depuis le début. Parce que je sais quelque chose ?
Non. C'est juste une intuition.
Parce que je n'ai aucun mal à croire à l'hypothèse d'un hétéro dominant et socialement puissant violant une femme de ménage. Et parce que j'ai en revanche du mal à croire à une "manipulation", n'étant pas très porté sur les théories du complot.
Voyez, sur le sujet, je n'ai rien à dire. Juste un sentiment. Le rôle des journalistes, et singulièrement d'un site de critique des médias comme @si, est-il d'orienter scandaleusement une semaine d'articles et de vite-dits sur la base d'un sentiment, d'une intuition?
Oui, ou alors une cabale journalistique a pendant des années synchronisé en sous-main des faux témoignages, exprimés pour plus de crédibilité entre les lignes et dans le 'off' médiatique, pour en faire une croyance partagée discrètement, un élément de notoriété non-publique. Bin moi aussi, j'ai du mal à croire à l'hypothèse d'un complot trotskomaçonnique de cette finesse. Alors que la difficulté (sociale et psychologique) à réagir aux harcèlements sexuels est, elle, un phénomène avéré.
Et si son comportement posait vraiment problème avant, les cris d'orfraie à posteriori chez certains commentateurs/journalistes je les trouve minables. Si tu savais, coco, t'avais qu'à le dire et pas attendre qu'il se retrouve en taule pour oser l'ouvrir. Cette lâcheté d'hier, qu'on voudrait faire oublier en jouant les héros vertueux aujourd'hui, me DEGOUTE. Il est tellement plus facile de taper sur un homme à terre que de se risquer à le faire quand il est tout puissant...
On va l'épeler comme ça : ce sont des comportements indignes, ils n'ont pas lieu d'être, et le fait qu'ils aient lieu de façon routinière est symptomatique des retards féministes de notre société. Dans l'idéal, ce qui devrait freiner ce genre d'attitudes est la pression sociale : elle est absente là où ces attitudes sont institutionalisées (par les collaborateurs et par les médias), elle ne peut se développer sous une norme qui légitimise ces comportements et délégitimise les protestations ou les tentatives de faire cesser ces comportements. L'outil juridique, lorsqu'il est mis en place, sert à donner un point de référence extérieur à l'environnement où ces comportements ont lieu, sur lequel les victimes peuvent s'appuyer pour se défendre, et avec lequel elles peuvent faire levier pour changer cette normalité. Dans la pratique, ces normes juridiques -qui devraient idéalement être inutiles- ne sont pas souvent mises à contribution, parce que la pression sociale normative est à peu près aussi forte vis-à-vis des protestations informelles (oah t'as pas d'humour, quoi, c'est un drame parce qu'il a touché ta jambe?) que des protestations formelles (oah tu veux faire un procès pour ça?), et que le coût social est élevé dans les deux cas (elle? c'est celle qui). Et cataloguer ces protestations ou ces outils juridiques comme "puritanisme à l'américaine" contribue largement à maintenir ces systèmes de dominations, et à faire passer ces comportements comme un mal nécessaire, anecdotique, qu'il est naturel aux femmes de devoir endurer au quotidien.
Ces comportements justifient la hargne en soi, socialiste ou libéral, FMI ou non, réglements ou non, application des règlements ou non. Il s'agit d'un problème culturel et idéologique. Si l'on pose cela, si on l'assume comme un problème social, anecdotiquement exemplifié par un DSK et sa cour, effectivement, ce problème est largement plus étendu que ce personnage. Ce système de domination se perpétue entre autres par les médias, et cette explosion médiatique actuelle est bénéfique précisément parce qu'elle permet -tardivement- de dévoiler ces complicités passives et de les remettre en question, avec tous les dégoûts rétrospectifs (et, plus intéressant, les auto-dégoûts) que cela soulève. Se plaindre qu'aujourd'hui ce problème soit mis en lumière est tout aussi hypocrite que le mettre en lumière pour s'en dédouaner. Une fois encore, la question est moins l'homme à terre que tout ce qui lui est lié, et dont il n'est -je le redis- que symptomatique. Mais ce symptôme visible est une opportunité très importante de révéler toute cette complicité passive, et cette impunité (juridique peut-être mais avant tout sociale) du comportement phallocratique en France. Le fait que le héros de la gauche ait été couvert à ce point par les héros de la gauche, dans la plus grande indifférence médiatique, montre le travail que les féministes ont encore à accomplir (au niveau des représentations, de la définition des comportements à tolérer vis-à-vis de soi, des limites à donner à la résignation). Travail qu'ils accompliront peut-être maintenant, à travers cette brèche-là, et qu'il m'apparait insensé de leur reprocher.
C'est le principal reproche qu'on peut faire.
Dans la vraie vie de par chez moi, en France, tout près d'ici, les très très lourdingues de ce style subissent une légère, mais souvent ferme, mise à l'écart sociale. Comment s'est-il retrouvé porté et mis sur le devant de la scène? Pas besoin de scandale de la presse, ni de poursuites judiciaires, pour lui expliquer entre quatre zyeux (j'écris la liaison, parce qu'elle n'existe pas mais se dit, c'est un cas assez rare, unique?, mais ça existe!), que ça va pas être possible.
Soit il a été très habile.
Soit le milieu politico-socialisto instances dirigeantes est complice et admiratif.
Au vu des réactions après cette affaire et des révélations des choses connues par certains, on est fixé. Entre le premier "soit" et le deuxième "soit", nous savons à quoi nous en tenir.
En ce moment même, je viens d'arrêter mon transistor, Monsieur l'honorable Eric Woerth, pour son livre expliquant chez S. Bern qu'il est innocent de TOUT ce qui lui a été reproché, conflits d'intérêts, réduction d'impôt en faveur de dame Loréal, et s'attribue le mérite d'avoir fait rentrer 1 milliard d'Euros des paridis fiscaux, trop mignon vraiment. Et DSK au chômage forcé pendant des mois dans sa résidence new-yorkaise, que croyez-vous qu'il va faire. L'oisiveté, c'est difficile à supporter.
Ce genre d'homme n'est jamais à terre, je ne dis pas qu'il ne ressent rien, surtout de la colère je pense, il s'en relèvera très vite avec le concours de tous ces vrais et faux-amis.
IT et Poisson + 1
J'attends d'un site comme @si un peu de hauteur, pas qu'il se vautre chaque jour dans la fange des approximations, des jugements hâtifs, du hurlage avec les loups, de la compilation crapoteuse des infos de BFM tv... Ah ce vite-dit sur le Sperme de DSK... Quelle merveille! Que vous, IT et les autres sembliez ne rien trouver à redire à ce "traitement" de l'info, qui fait ressembler le site à un tabloïd anglais, me... SIDERE!
Pour le reste, je souscris depuis toujours à toutes les revendications féministes, et pense comme Beyonce que les filles doivent s'unir pourRun the world
Quant au côté revanche de classe ou revanche partisanne, qui voudrait qu'on se réjouisse des malheurs de quelqu'un parce qu'il est riche et puissant et d'un autre bord politique, non, sans moi...
Il fallait bien que le problème soit posé et je pense que les jours qui viennent nous réservent d'autres surprise avec Georges Tronc et ses "gestes déplacés".
On verra si l'affaire sort dans toute son ignominie, cela me permettra de juger si oui ou non omerta il y a (sur ce type de violences faites aux femmes) et si elle se perpétue.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/georges-tron-soupconne-de-harcelement-sexuel-25-05-2011-1465845.php
Quant à la qualité des fora, hum, et oui c'est lamentable à part quelques commentaires. Je suis loin d'avoir lu tous les contenus et tous les commentaires.
Merci pour le lien. Pfffff, le lien rien compris !!!!
- Notre rôle est justement d'y lui faire penser.
- Soient faisant l'objet de poursuites
- redécouvrir des affaires a postériori
Vous travaillez trop, Laure, j'espère que le patron ne vous harcèle pas ;-)
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. «
J. de la Fontaine
http://www.marianne2.fr/Affaire-DSK-selon-que-vous-serez-puissant-ou-miserable_a206354.html