Et si on disséquait le PIB ? Une visite à l'INSEE
PIB : ces trois lettres, acronyme du Produit Intérieur Brut, ont envahi notre paysage médiatique. On peut même s’étonner de ne pas voir – encore – de miss PIB à la télé nous expliquer les tendances à la hausse ou à la baisse. Mais que cache cet indice-totem, qui sert à mesurer le taux de croissance, autre totem ? Comment est-il fabriqué ? A quoi sert-il ? L’éconaute a tenté une dissection dans les bureaux de l'Insee.
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Derniers commentaires
Merci à l'Asinaute qui nous a rappelé cet article. Anne Sophie, on t'aime et on te regrette. (Message perso à lui faire passer)
c'est bien de rentrer dans la profondeur des choses. Il y aurait aussi un travail d'explications du même type sur l'indice des prix par exemple, qui sert de base aux négociations salariales.
Quelques remarques sur le papier.
1. Le PIB français est indiqué être à 2.000 milliards d'euros. Selon l'INSEE, il était à 2.113 milliards d'euros. La banque de France l'indique, pour la même année, à 2.059 milliards d'euros. Si on prend le chiffre de l'INSEE, puisque l'institut fait l'objet de votre visite, il est préférable d'utiliser des ordres de grandeur proches de la réalité, à savoir 2.100 milliards.
2. Dans la partie sur le marché noir, il est indiqué l'hypothèse suivante : [quote=Anne-Sophie Jacques]"Mettons que le fisc redresse 10% des entreprises en France sur une année. Et, qu'en moyenne, une entreprise est redressée pour avoir dissimulé 33% du chiffre d’affaires officiellement déclaré".
Dans la réalité, le fisc a réalisé, en 2011, (oh la la, le Figaro, je sais c'est pas bien), 47.000 contrôles fiscaux d'entreprises, on est bien loin des 10% de l'hypothèse. Par ailleurs, les redressements fiscaux ne sont nécessairement liés à une dissimulation de chiffre d'affaires. Loin s'en faut. J'ai bien compris que les chiffres proposés dans l'article sont des éléments d'explications et pas de réalité. Tout de même c'est un peu gênant d'inviter à penser, un, que les contrôles fiscaux sont fréquents dans notre pays, ce qui n'est pas particulièrement le cas, en moyenne, deux, que les entreprises contrôlées fraudent en dissimulant une grande partie de leur activité. (A ce sujet, je pense qu'il y a un papier à faire sur les volontés étatiques et bancaires d'aller vers une suppression de la monnaie fiduciaire pour aller vers le scriptural, notamment pour éviter une partie du petit marché)
3. La question de la moralité du PIB est très intéressante. Même si les chiffres, les statistiques peuvent sembler neutres, elles ne le sont pas car réalisées, compilées sous le contrôle des hommes. L'illustration nous en vient de la récente publication du PIB par parité de pouvoir d'achat où l'on apprenait que la Chine avait dépassé les Etats-Unis. Cependant, pour la plupart des articles que j'ai pu lire sur la question, le titre indiquait une chose équivalente à "PIB (ou Richesse), la Chine devance les Etats-Unis". Ce qui, compte tenu du peu de véracité des statistiques en Chine, et de l'écart qui sépare, en terme nominaux, la Chine et les USA laisse pantois. (Ce qui interroge sur les compétences et/ou les partis pris idéologiques des relais d'information sur ces questions. Avant de dénoncer, il est préférable d'enquêter, observer, rencontrer, connaître. Comme cela a été fait par exemple avec cet article).
Sur ce point, il est intéressant de noter que l'Union Européenne, présentée comme la garante de notre puissance de demain, est systématiquement absente en tant que telle. Sont présentés les pays membres, mais jamais (ou rarement) l'Union en tant que telle. Etonnant non ?
MC
Disséquer le PIB est instructif mais le problème à propos du PIB c'est d'en être arrivé à diriger la France (Paris) et l'Europe (Bruxelles, Berlin, etc) en fonction de chiffres donc en fonction des règles comptables qui les determinent !
Il y a des raccourcis qui « interpellent quelque part » comme on dit. Le parallèle entre la « barre style Allemagne de l’Est » et le PIB en est un. Enfin presque. Parce qu’en matière d’indicateurs statistiques, ce sont quand même les anglo saxons qui nous ont fourni le plus d’analyses fiables.
Tout d’abord Mark Twain : « Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les foutus mensonges et les statistiques »
Ensuite Disraeli, mais les sources sont moins sûres « Les statistiques, c’est l’art de mentir avec exactitude (ou précision) »
Enfin, Keynes et je ne retrouve plus où, : « je préfère avoir vaguement raison que me tromper avec exactitude »
Et malgré tout, on nous ressort jusqu’à plus soif ces chiffres qui devraient dirent ceci ou le contraire, cela ou l’opposé.
Pourtant, à commencer par les responsables de la production de ces chiffres, tous savent qu’il n’ont de fiabilité que relative, ou à long terme, ou pas de fiabilité du tout.
Pourtant, ces mêmes responsables vous diraient que porter un jugement sur plus 0,2% ou moins 0,2% sur la variation du PIB, c’est se promener dans l’épaisseur du trait, comme ils disent.
Pourtant, de brillants commentateurs, dont le crâne est aussi dépourvu de cheveux que leurs analyses le sont d’honnêteté, ne se privent pas de s’appuyer sur les statistiques pour nous délivrer leurs « faut qu’on » et leurs « n’y a qu’à ».
Pourtant, il semble que cela continue à faire « le buzz » quand le journal de 20 heures n’a rien de plus croustillant à se mettre sous la dent.
En attendant que Vanuel Mals reparte en guerre contre les adeptes du Noyeux Joël…
Il a été concu à une époque de pénurie et dans un monde où les ressources semblaient illimitées. L'hypothèse sousjacente étant que l'augmentation de biens et de services produits accroît le bien-être. La sophistication croissante de son calcul ne remet absolument pas en cause cette vision réductrice.
Certes, quand un grand nombre de personnes n'ont pas de lave-linge ou de téléphone, en produire semble une bonne chose, mais quand tous les ménages sont équipés, le gain marginal en terme de bien-être est largement annulé par les effets induits négatifs.
La question de la pertinence du PIB, aujourd'hui, n'est pas tant celle illustrée par le vaccin de l'hépatite C. Car, après-tout, quand une épidémie frappe, soigner les victimes accroît leur bien-être.
Non, le problème réside dans toutes les destructions qu'entraîne la production ; que n'épuise pas, et de loin, la question des consommations intermédiaires : pollutions diverses et variées, épuisement des ressources, pathologies induites par le système socio-techique qui fabrique ce PIB. Ce dernier s'accoît quand la diversité biologique se réduit, quand certaines ressources se raréfient. Il intégre la production des fast-food et des multiples composés chimiques, mais ne prend pas en compte l'augmentation de l'obésité, ni le stress des salariés, ni l'acroissement des cancers, des troubles musculo-squelettiques et autres maladies d'alzheimer ... baptisées pudiquement maladies de civilisation.
Ces défauts ne seraient pas très graves, si le PIB n'avait acquis cette place dans le tableau de bord des décideurs (publics et privés), qui confine au fétichisme. Car étant un outil d'aide à la décision de plus en plus inadapté aux problèmes du monde actuel, les politiques économiques qu'il induit peuvent s'avérer inappropriées, voire désastreuses.
Ainsi, par exemple, produire des plats-cuisinés, des armes, des voitures et des prisons, c'est excellent pour le PIB, mais ça donne l'Amérique d'aujourd'hui, avec un fort taux de mortalité infantile et une espérance de vie médiocre ; un pays aussi qui se place sur le podium pour le taux d'incarcération et les exécutions capitales...
Et si l'Angleterre a pu jadis opérer son décolage industriel en enfumant sa population, la Chine et l'Inde ne peuvent malheureusement pas (ou heureusement) se payer le luxe d'une telle irresponsabilité.
En rendant tout payant, le capitalisme a réussi a forcer tout le monde a travailler pour lui. C'est du travail forcé. Nous sommes très nombreux a être des travailleurs forcés, il n'y a pas que les putes. D'ailleurs je ne parierais pas qu'elles le soient toutes, forcées. A mon avis beaucoup le font en fonction d'un calcul réfléchi entre les avantages et les inconvénients de le faire ou pas, comme nous tous en somme.
Autre canard boiteux auquel il faut tordre el cou : ce n'est pas la croissance qui fait l'emploi (comme le rabachent les économistes néolibéraux et leurs chiens de garde), mais l'emploi qui fait la croissance. La "population active occupée" française (autre donnée INSEE) reste bloquée à 25,8 millions de personnes depuis 10 ans ! Elle ne peut créer de richesse qu'à due proportion des gains de productivité, aujourd'hui environ 1 % par an au maximum (baisse tendancielle de la productivité, compte tenu de la déformation du mix d'activités vers les services au détriment de l'industrie).
Avec plus de 5 millions de chômeurs (plus les non inscrits, par découragement, et les radiés : tout le monde connaît un chômeur dans sa famille et dans ses relations), avec des millions de contrats de travail précaires (90 % des embauches en CDD), avec des salaires bloqués (point d'indice des fonctionnaires, très nombreux en France, bloqué depuis des années), il n'est pas étonnant que la consommation stagne (devant des prix qui, eux, augmentent, contrairement aux indices fallacieux de l'INSEE). Or, la consommation des ménages, c'est 70 % du PIB !
Il faut créer des emplois publics (notamment grands travaux liés à la transition énergétique, santé, assistance), relancer la demande en augmentant les salaires et les prestations sociales, et répartir les richesses avec un impôt hyper-progressif (sans évasion ni niches).
Amoral ? D'une je ne suis pas sûr qu'il soit possible d'être "amoral". Car ça équivaut à dire "ce n'est pas bien d'émettre un jugement de moral, donc ce qui est bien c'est de ne pas en émettre". Et en disant que "ce qui est bien" est de ne pas en émettre, vous en avez émis un. On a beau dire que le bien c'est bien, que le bien c'est mal, le mal c'est bien, on n'échappe jamais à la morale ("Nul n'est méchant volontairement" Platon).
Ensuite, c'est quoi la morale ? C'est juste : qu'est qui est bien, qu'est-ce qui est mal.
Le PIB étant le l'indicateur de référence officiel du capitaliste, donc de nos nations qui lui sont intégralement aliénées, et qu'il est prononcé 18 fois par phrase à chaque fois qu'un homme (truc) politique (bien mal élu) ouvre la bouche, on en conclut par tant de dévotion, de concentration et d'efforts, que tout ce qui le renforce est bien. Sinon à quoi bon s'échiner ?.
Cet article oublie aussi de rappeler une autre chose : qu'une croissance du PIB de 0% signifie que l'on continue de produire la même richesse. Ce n'est pas catastrophique à 1ère vue. Alors pourquoi ne pas se contenter de ce que l'on a déjà me direz-vous ? Car le PIB sert surtout à s'assurer que le capital continue de croître d'année en année. C'est un indice qui date de la belle époque post-keynésienne où l'on pensait (dans le meilleur des cas) encore que marché et Etat assureraient toujours la redistribution égalitaire de ces richesses monétaires sur toute la population.
Vous êtes sure que c'est des tomates ?
Enfin, c'est ce qu'on m'a dit, mais je parle mal le chat
PS : mauvais contexte, désolé...
Comment peuvent-ils savoir combien de kilos de tomates j'ai ramassées dans mon jardin, vu que je le sais pas moi-même? Pour les fraises, je sais: plus de 20 kilos*. Mais qui le leur a dit?
*J'en avais marre des fraises, salades de fraises, tartes aux fraises, cadeau aux voisins, confiture de fraises, fraises pourries sur pieds... Au diable les fraises!