Exploration spatiale : "Maintenant, la NASA fait des annonces d'annonces"
C’est une aventure fabuleuse, où les découvertes sont permanentes, un réservoir inépuisable de belles images et de grandes questions, et pourtant l’exploration spatiale n’occupe qu’une toute petite place – paradoxalement pas toujours judicieuse – dans l’information généraliste. Pourquoi cette indifférence ? L’univers entier est-il trop vaste pour le journal télévisé ? Réponses avec nos quatre invités : Florence Porcel, vulgarisatrice scientifique notamment sur Youtube, Séverine Klein, responsable de la communication numérique au Cnes, le centre national d’études spatiales, Philippe Henarejos, rédacteur en chef de la revue Ciel et Espace et Axel Villard-Faure, journaliste de La tête au carré, l’émission scientifique de France Inter.
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Derniers commentaires
Et, au cas où, canal + diffuse la série sans les rires enregistrés.
à l'infinie contre la puissance Russe ? Ne nous voilons pas la face, les US aiment à se montrer comme les premiers et les meilleurs.
On parle de science là , pas de la nouvelle robe d'unetelle, ne mélangeons pas tout.
Je vous invite à lui confier cette vidéo à son retour afin qu'il s'en occupe. Je parle essentiellement des grosses différences de niveau entre les intervenants entre eux et par rapport aux vidéos qui obligent à constamment modifier le volume si on ne veut pas que ça soit parfois très fort.
Néanmoins, je suis un peu surpris que personne n'ait relevé deux inexactitudes qui me semblent de taille. Bon, ça n'a que peu d'importance scientifique, ça concerne The Big Bang Theory (à 57'45"). Je ne parle pas de l'introduction d'Anne-So qui ne mentionne que "deux physiciens" alors qu'il y a, quand même, et depuis le début, Rajesh Koothrappali qui est, justement par rapport au thème de l'émission, astrophysicien (c’est d’ailleurs celui qu’on voit dans l’extrait avec Sheldon). (Et il y a aussi Howard, mais bon, ce n'est qu'un ingénieur.)
Ce qui m'a légèrement choqué en premier lieu, c'est la remarque de Daniel: «Ça serait imaginable en France? Alors là, on n'est plus du tout dans les obstacles économiques parce ça coûte rien à produire». Sans rigoler. On peut envisager de minimiser les coûts, certainement, la France est en pointe sur l'austérité comme on sait. Mais rien que les créateurs de la série, Chuck Lorre et Bill Prady n'en sont pas à leur coup d'essai (Dharma & Greg, Two and a Half Men pour Chuck, j'en passe). J'ai un peu de mal à imaginer (n'ayant pas vraiment fait l'effort de trouver des chiffres) qu'ils ne soient pas des "obstacles économiques". Sans compter la distribution, payée à l’origine plusieurs dizaines de milliers de dollars par épisode chaque, dont les trois principaux acteurs ont négocié en 2014 des contrats d'un million de dollars par épisode (le précédent de Friends revient en mémoire). Ce genre de truc coûte bonbon à produire, surtout sur la durée et quand ça marche.
Mais surtout, surtout, ce qui m’a franchement stupéfié c’est le «rire enregistré». C’est extraordinairement mal connaître la fabrication de ces séries qui sont enregistrées en public, sur une scène, avec de vrais rires de vraies gens. Un peu comme au théâtre, tiens. Démonstration sous-titrée en français mais image pourrie (meilleure qualité v.o. – NB: les liens renvoient environ au deux tiers du reportage). Nombre de séries américaines sont faites comme ça et je n'en connais pas d'équivalent en France (enfin, le doublage est probablement réalisé avec des «rires enregistrés», mais ledit doublage est déjà tellement une catastrophe que ça n'a pas beaucoup d'importance).
Si vous passez à Burbank, en Californie, vous pouvez (difficilement, c’est gratuit) trouver des billets pour assister au tournage d’un épisode, ils sont actuellement en plein dedans.
Mais bon, moi j'ai bien aimé cette émission. :-)
En effet, on semble y accepter de manière bon enfant que des dessins animés de robot mignon c'est top cool.
Moi aussi, comme Philippe Henarejos, je dois être vieux jeu, mais enfin, on perd complètement de vue les enjeux réellement scientifiques.
Car, que montrent les dessins animés : des robots qui se posent sur une comète. À la question "pourquoi aller sur Mars", la discussion se focalise sur le fait que (version Florence Porcel) ce serait un rêve magnifique, ou bien que l'homme est plus ou moins efficace que les robots.
Mais tout ceci n'est au fond qu'une présentation d'enjeux technologiques, d'innovations techniques. Où sont les enjeux de science ? Qu'est-ce qu'on fait, au fond, avec des cailloux de Mars - c'est là la vraie question ? Qu'est-ce qu'on fait avec des cailloux et comment on fait pour en déduire des choses ? Et quelles choses ?
Tout le problème est donc qu'en cherchant à faire rêver avec de l'innovation, on perd totalement de vue la science (on se pose sur une comète ou sur Mars pour étudier l'évolution du système solaire et en comprendre la formation).
Mais quand bien même l'innovation technique serait en effet assumé comme sujet central : rien n'est réellement jamais expliqué. Tout est exposé tel quel, ex nihilo.
Quels sont les problèmes auxquels il a fallu faire face, quelles sont les solutions qui ont évoquées, comment a-t-on repoussé celles qu'on a considéré comme mauvaises... Le cheminement qui fait parvenir à la solution est le plus souvent oublié, expurgé, pour n'en montrer que le résultat, imposé comme évident : "voilà ce qu'on va faire - et ho là là qu'est-ce que cela fait rêver". Mais exit la démarche, les essais et erreurs, la manière de parvenir au résultat.
Or je pense que c'est peut-être le meilleur moyen de rendre passionnant les sciences : montrer les erreurs, les errements, les arguments, les tentatives d'explications, pourquoi celles-ci échouent, et pourquoi finalement celle-ci est la bonne. Tout d'un coup, au lieu d'un résultat artificiel balancé directement ("je vais vous raconter la formation de l'univers/les atomes/le cerveau/...") qu'on doit avaler comme étant vrai, on assiste alors à une véritable aventure humaine - intellectuelle, mais humaine. Si en plus on pimente par la description de la vie des scientifiques qui participent à cette aventure, c'est d'autant plus vivant.
Mais l'émission se borne plus ou moins à avaliser cette comm' qui nous prend pour des gamins de 5 ans "parce que ça nous fait rêver". Non seulement avec de telle comm', on passe à côté des véritables enjeux scientifiques, mais en plus on tend à cautionner que la science doit être à tout prix "catchy" et "sexy" et "good looking". Le piège, c'est que ça permet à beaucoup de pseudo-scientifiques de se faire passer pour scientifiques, et que ce qu'on gagne à être sexy se perd le plus souvent en vraie profondeur critique et méthodique. À vouloir rendre la science "catchy" et "sexy", on en vient à inviter des Sebastien Bohler, par exemple...
Et puis il y aurait de l'"info" à côté de la comm", dixit Axel Villard-Faure - mais on connaît déjà tout le problème de l'info en politique, en science j'ai peur que cela ne donne pas grand-chose de mieux. L'info c'est bien, mais ce n'est pas cela non plus qui va expliciter les enjeux profonds des découvertes, y compris celles datant de plus d'un siècle.
Car on fait des jolis dessins animés de robot sympa, mais en attendant combien de français savent de quoi parle la relativité générale et à quel point cela façonne l'Univers de manière complètement ahurissante ? Combien savent ce qu'implique la mécanique quantique ? Ou savent que le boson de Higgs déconnecte la matière de la masse - c'est-à-dire rend une de nos sensations les plus triviales complètement ahurissante, elle aussi ?
À vouloir rendre la science aussi "cool" qu'un jeu vidéo, je crains qu'on ne fasse qu'éloigner les gens de la démarche scientifique réelle, et donc ne faire que rendre les scientifiques encore plus isolés.
En attendant, le seul et l'unique : Etiienne Klein, comment donner le goût des sciences ?
En ce moment
http://www.discoveryscience.fr/les-cles-de-lunivers-4/
J'attends avec impatience une émission pourrie que je puisse me lâcher
L'arrêt de l'émission "C'est pas sorcier" du fait d'une baisse des audiences a peut être aussi contribué à la frilosité des patrons de chaîne obsédés par les audiences.
Pour ma part, je "consomme" de la science principalement en écoutant des podcasts et, là aussi, les productions en langue anglaise (la langue de la science!) occupent une grande place. Une explication est que les productions anglo-saxonnes ont un potentiel d'audience de plus de 600 millions d'anglophones natifs vivant dans les pays les plus riches alors que le marché francophone est beaucoup plus restreint.
ca manquait d'un chercheur lambda pour comprendre la com' dans un institut de recherche. D'ailleurs si vous avez besoin d'un... Bon faudra allez jusqu'à v dans le carnet d'adresse, merde j'ai aucune chance.
La vie a existé pendant 82% du temps qui nous sépare de la formation de la Terre (3,7 sur 4.5 milliards d'années).
Donc, sur la base de ces deux éléments, le bon sens veut que la vie soit certainement aussi ailleurs que sur Terre. Autrement dit, imaginer que la vie se soit développée uniquement sur Terre relève de la fiction.
Si l'on considère l'homme comme un "fruit" de la Terre, de la même façon qu'une pomme est le fruit du pommier, et que la Terre est unique dans ses composantes physiques, alors l'homme est sans doute unique dans l'univers.
Une super émission :)
https://jpcourbatze.wordpress.com/
De plus, la réalité augmentée de tant de Pokémon ne laisse plus le temps de penser à notre vaste univers !
4 invités, 2 présentateurs, et tout le monde s'écoute et dit des choses apaisées : si c'est pas la preuve que la science peut faire des miracles :)
Merci. Entre ça et l'émission passionnante de la semaine dernière, on est gâtés.
Encore!
J'aurais aimé que l'on nous parle de la concurrence entre Américains, Russes, Chinois et Européens.
La course à quoi, vers quoi ?
Espace des sciences
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Juste déçu par la sensation que Daniel abrège la discussion ( même pas de "on a tout dit sur le sujet?" ), j'en aurais bien pris un peu plus; ça sert à ça internet pas de limite de temps !
_Pour le premier point il suffit de regarder toutes les unes de journaux sur (au choix): les dernière découvertes du cerveau: les secret de l'âme enfin dévoilé! ou bien le bosons de higgs présenté de partout comme la particule de dieu ou enfin toutes les conneries new-age/sectaire lié a la mécanique quantique.
_ Quand a la promesse d'un monde meilleur elle est parfaitement illustré par tout les livres de SF qui ne peuvent s’empêcher d'utiliser ultra moderne/quantique/laser... pour décrire des moteurs ou tout autre objet (je l'ai même vu pour décrire un perceuse!) sans prendre la peine d'expliquer en quoi une machine a café a telle besoin d'être "a neutron".
_ Pour les prophètes un seul mot suffira: Bogdanov.
Pour les objets magiques la vidéo du CNES l'illustre bien en transformant une boite remplit de spectromètre de masse, gyroscopes, télescopes et cameras CCD en un petit bonhomme qui boit du vin autour d'une comète.
Le problème de cette mystification de la science c'est que d'une part elle contribue d'autant plus a éloigner les non scientifiques en faisant croire que la science est une sorte d'autre dimension auquel seuls les initiés on accès. Cela contribue aussi au manque de culture technique puisque les objets de la science sont comme "magique" et que une fois cassé a part leur jeté de l'argent dessus (ie: appeler un technicien) il n'y a rien a faire.
Mais plus grave encore cette mystification affecte les scientifiques et ingénieurs eux même. Durant mes études j'ai constaté que certains de mes collegues n'était intéressé que par les cours au contenu flashy du genre théorie QUANTIQUE des champs, théorie des CORDES, astroPARTICULES... En négligeant et en ce désintéressant complétement de la mécanique des fluides ou des expériences. Et cette attitude se retrouve chez certains chercheurs qui ne s'intéressent exclusivement que aux sujets qui sonnent bien tout en négligeant complétement les sujets ou approfondissement techniques (Bon sur ce dernier point les agences de notations sont aussi en cause).
Une petite lueur d'espoir dans ce sombre tableau? Encore un fois l'informatique, et notamment l'apprentissage du code qui permet de voir au delà de l'interface toute jolie des différents programmes pour regarder les bien moins attrayantes mais au combien plus intéressantes lignes de code. Au sujet des vidéos sur youtube, il est vrai que certains youtubers font un excellent boulot d'explication sans tomber dans les titres racoleur (dirty biology, e-penser). Mais leur succès est modeste par rapport a d'autres youtubers qui se contentent d'énumérer des faits amusants sans la moindre tentatives d'explications derrière (du genre poissons fécond ou doc seven). Et même pour e penser j'ai remarqué que la video qui a le plus de vues est: '7 histoires incroyables mais vraies'. Note: je ne critique pas l'utilisation de ce titre, je me contente de remarquer que ce que l'on recherche dans ces videos ce n'est pas des explications et une meilleurs compréhension du monde mais des faits brut que l'on pourra ressortir a l'occasion.
PS: excusez moi pour l'absence d'accent, j'ai un clavier qwerty :). L'orthographe est probablement déplorable mais pour ça je n'ai aucune excuses.
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_ Dans Interstellar, les données recueillis sont "quantiques" sans que l'on comprennent ce que cela implique (d'ailleurs elles sont transmisent en morse).
_ Chez Robert Ludlum "Le pacte cassandre", la perceuse est forcement "ultra moderne", ca fait bien mais pour percer du placo une perceuse le bosch ca suffit :)
_ quasiment tout les jeux futuristes ont des canons plasma.
_HP Lovecraft: "Il avait précise que la géométrie du lieu de rêve qu il avait aperçu était anormale NON EUCLIDIENNE et qu elle évoquait de façon abominable les sphères et les dimension distinctes des nôtres". Non euclidien n'aide en rien la description ici.
etc etc
Et on peux aussi ajouter dans le lot toute les représentations absurdes qui contribue tout autant a la mystification de la science du genre dans spider le fusion nucléaire qui est représenter comme un petit soleil que l'on peux tenir dans une main a l'aide d un gros robot.
Après je n'ai rien contre la SF en soi, tout les auteurs ne tombent pas dans la facilite des adjectifs pseudo scientifique et je suis sur que les autres genre littéraire si adonne a l'occasion.
Pour Interstellar, je ne suis pas sûr qu'on puisse vraiment parler de Christopher Nolan comme d'un auteur de science-fiction et n'ayant vu le film ni en vo ni en français, reste à savoir si le "quantique" est de son fait ou de celui des doubleurs.
Pour Ludlum, ayant écrit "Le pacte de Cassandre" post mortem on ne peut pas lui reprocher grand-chose. Et de toutes manières, pour des homme de son âge qui ont connu les vielles chignoles Peugeot, il n'est pas anormal de trouver les perceuses actuelles, même les plus simples,"ultra modernes".
Pour ce qui est de "L'Appel de Cthulhu" je ne suis pas sûr qu'on puisse le classer dans la catégorie science-fiction et c'est du Lovecraft, compte tenu de l'auteur et de son époque, sa géométrie non-euclidienne me semble parfaitement compréhensible.
Les jeux vidéo ? Pas vraiment de rapport avec les auteurs de science-fiction.
Etc, etc...? C'est possible mais ça manque de sources !
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Avec l'âge, je suis devenu plus sensible à l'écriture et plus exigeant sur la qualité littéraire, mais à l'époque où je les lisais pour la première fois, cela ne me gênait pas, cela me faisait tout de même bien rêver.
Beaucoup de scientifiques le sont devenus parce qu'ils ont lu de la SF.
Je pense même que certaines découvertes ont été faites, certaines technologies mises au point (dans le domaine de la robotique par exemple), parce que des scientifiques ou des ingénieurs ont lu de la SF pendant leur jeunesse... en dépit de la qualité littéraire parfois médiocre de certains auteurs.
Par contre je ne suis pas d'accord avec vous pour dire que beaucoup de scientifiques le sont devenus parce qu'ils ont lu de la SF. Ou plutôt, beaucoup de personnes se sont engagés dans des études de science grâce a la SF mais beaucoup ont été vite dégoutés durant leur étude de voir la science telle qu'elle est. Comme je l'ai évoqué dans mon premier post, beaucoup de mes amis ont été très déçus durant leur étude (que ce soit master ou thèse) parce qu ils s'imaginaient changer le monde et voir des choses impressionnantes alors que en fait ils ont juste réparés des détecteurs et essayés de lisser des courbes bruitées. Et que 90% du travaille d'un scientifique consiste en ça. Et (a mon avis) cette mauvaise idée du processus scientifique pourrait être compenser par la présence de véritable émission de vulgarisation (type c'est pas sorcier ou e penser) et aussi par des initiative du genre "la main a la pâte" qui apprend aux enfants a mener leur propre expériences.
PS: j'ai regardé interstellar en anglais et ils utilisent bien quantum data
C'est fort possible en effet, je vous crois bien volontiers.
Et même pour ceux qui parviennent à tenir le coup et à devenir des scientifiques professionnels, j'ai cru comprendre qu'ils croulaient assez vite sous des tâches administratives ou d'enseignement obligatoires pour lesquels a priori ils n'avaient pas forcément vocation...
La SF peut constituer une étincelle initiale, mais il faudrait sans doute bien autre chose pour continuer à entretenir la flamme.
Je conseille vraiment la lecture des auteurs du mouvement dit "Hard SF": Stephen Baxter, Ben Bova, David Brin, Greg Benson, entre autres, qui manipulent de vrais concepts scientifiques dans leurs textes.
Et bien sûr en premier, Kim Stanley Robinson, la trilogie martienne notamment, dont l'adaptation en série semble être enlisée dans les sables rougeâtres. Le livre et le film "seul sur mars" ne sont qu'un ersatz bien pâle de ce monument de l'histoire des 200 prochaines années qui est écrite là de manière magistrale.
Quel malheur, les derniers romans de KSR, absolument géniaux, ne sont même plus traduits en français.
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Et quand je dis "l'enseignement", c'est que ça concerne aussi des professeurs (notamment des écoles) qui ont une formation très aléatoire sur ces sujets. Pour l'anecdote : j'ai eu la surprise de voir une institutrice hésitante avec l'idée qu'une plume tombe aussi vite qu'un marteau, avoir juste l'idée vague que c'était ce qu'il fallait dire, en oubliant qu'il fallait dire "dans le vide", sans savoir comment le montrer ni bien sûr en maîtriser les mathématiques derrière, il fallait le dire sans le comprendre. Les principes même du rapport entre maths-discours commun-expérience ne semblaient pas faire partie de sa formation (littéraire à la base), et le monde journalistico-médiatique doit avoir ce même genre de perception des sciences, des choses à dire sans les comprendre, à dire parce que les messieurs-dames en blouse blanche disent que c'est la vérité-réalité.
Forcément, les médias ne feront pas de différence entre science-fiction, science spectacle, simple discours d'autorité et réalité scientifique puisque pour eux c'est pareil, le discours scientifique n'est pas vraiment perçu comme récit à comprendre, ce sont des histoires à raconter comme d'autres, plus ou moins étonnantes, dont on peut dire en s'en amusant "j'y comprends rien mais allez-y" comme quand Ruquier reçoit les Bogdanov.
En fait, vu que la formation journalistique doit être assez orientée "politique" en France, il faudrait peut-être leur dire que recevoir un scientifique devrait plus se faire comme on reçoit un politique qu'un artiste : si on ne comprend pas ce qu'il dit, il faut insister, poser les questions, demander quelles sont les preuves, comment on sait qu'il ne nous raconte pas une fiction, lui faire accoucher d'un discours dont on comprenne à peu près les tenants et aboutissants.
Il ne m'étonnerait d'ailleurs pas que ça donne un intérêt à ces rencontres, sur un autre registre que le divertissement, dans l'attention que suscite l'enquête, même si il serait délicat de fixer le niveau d'explication adéquat au public (avec Schneidermann, ça pourrait être douloureux à suivre pour qui a un minimum de culture scientifique tellement le sien semble bas et a l'air pour lui la norme du "compréhensible". Faudrait au moins le niveau des présentateurs de "C'est pas sorcier", pour du 10-12 ans.
Ça fait partie des exemples favoris d'Etienne Klein, autour de la chute des corps : la première chose à faire est de bien dire que, oui, bien entendu, l'expérience de tous les jours confirme qu'une boule de pétanque tombe plus vite qu'une balle de ping-pong ou qu'une plume !!!
Le truc c'est que les lois scientifiques vont pour la plupart contre le sens commun, et c'est là la base de réflexion : comment Galillée est amené à proférer quelque chose qui va contre la simple observation ? Pourquoi son énoncé est quand même vrai ? Qu'est-ce qui est différent entre le principe énoncé par Galilée et l'observation du sens commun ? Comment diable a-t-il fait pour découvrir ce principe (sans avoir la possibilité de faire l'expérience sous vide)?
L'état d'esprit scientifique, c'est justement de se poser ce genre de questions, pas d'accumuler un savoir pour le plaisir d'accumuler et encore moins d'accepter un état de fait ("la chute des corps c'est que blabla - point final, contrôle la semaine prochaine").
Et puis il faudrait réussir à dépoussiérer les légendes inventées autour des découvertes scientifiques, qui viennent polluer toute compréhension : non, Galilée n'a pas jeté des objets du sommet de la tour de Pise pour concevoir la chute des corps - auquel cas l'observation l'aurait mécaniquement conduit à conclure que la boule de pétanque tombe plus vite que la plume, car c'est bien ce qui se passe sur Terre !
Je crois que le problème est plus profond, que ça vient de l'enseignement lui-même : les sciences sont apprises à l'école comme vérités révélées, discours d'autorité, il s'agit d'abord de croire le professeur, d'absorber ce qu'il dit
Dans le collège et les lycées que j'ai fréquenté, c'était tout l'inverse. Avant d'étudier les cellules, notre professeur de biologie nous avait demandé d'amener un oignon, de le dépiauter, de préparer une plaquette, et de dessiner ce que nous observions au microscope (années 80 dans un collège de ZUP). Ce n'est qu'ensuite qu'il a mis un vocabulaire (cellule, mitochondrie, etc.) sur nos observations.
Il en a toujours été de même avec les mathématiques, où chaque théorème a été démontré avant même d'être énoncé. C'est également en mathématiques que nous avons appris vers 10-12 ans la différence entre un théorème et un axiome: le premier se démontre, le second non. Pareil en physique où avant d'écrire la loi d'ohm dans nos cahiers de collégiens, nous avions préalablement construit plusieurs circuits électriques avec une pile, quelques fils, une ampoule et quelques résistances.
Idem au lycée où l'on s'est amusé avec des éprouvettes pour l'oxydo-réduction; où l'on a lancé un mobile sur un plan incliné pour étudier sa trajectoire et la conservation de l'énergie, etc., etc., etc. De la sixième à la terminale, j'ai changé 3 fois de ville (Indre, Haute-Savoie, Indre-et-Loire), mais à chaque fois l'apprentissage d'une nouvelle notion ou d'un nouveau concept suivait le même déroulé: observations, expériences, résolutions de problèmes pour nous faire "deviner" le nouveau concept, puis cours magistral.
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