Commentaires
Goodyear : derrière la saga médiatique, le bras de fer oublié sur les 4X8
Une situation exceptionnelle : ainsi se conclut le rapport d’enquête parlementaire sur le projet de fermeture de Goodyear. Exceptionnelle en effet dans son déroulé : séquestration de cadres pendant trente heures, insultes proférées par un patron américain candidat à la reprise, coups de menton d’Arnaud Montebourg, embrouillamini sur le rôle de la CGT, plan de licenciement accepté puis refusé puis accepté… autant de faits et d’images qui nous parviennent sans qu’on sache vraiment les démêler. Mais derrière cette cacophonie se cache une décision prise il y a vingt ans : celle d’une nouvelle organisation du temps de travail. Une décision qui a brisé les corps après avoir chauffé les esprits.
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
[quote=Julot]Je ne voudrais pas me faire l'avocat du diable
Qualifier de "diable" un patron qui impose des horaires en 4x8... seriez-vous pas un peu crypto-gauchiste?
Qualifier de "diable" un patron qui impose des horaires en 4x8... seriez-vous pas un peu crypto-gauchiste?
Je ne voudrais pas me faire l'avocat du diable, mais, pour être objectif, il faudrait aussi signaler que le "travail posté" peut présenter quelques avantages, en tous cas dans les pays où le droit du travail et les conventions collectives permettent une certaine compensation de la pénibilité de ce type de travail et de ses conséquences sur la santé. En tous cas, ce devrait être une règle générale.
Car si les conventions collectives sont "intéressantes", le fait de travailler en continu peut apporter de belles compensations financières, notamment par la majoration du paiement des heures de nuit, des heures travaillées le dimanche (en principe jour de repos légal) et des heures supplémentaires (qui ne manquent pas de subvenir puisque le cycle de travail ne peut pas tenir compte, par exemple, de la réduction des semaines qui comportent des jours fériés ou chômés). S'il est précisé qu les heures supplémentaires seront toujours payées au taux le plus favorable pour l'employé, les feuilles de paye peuvent devenir sympathiques lorsque les semaines sont réduites car il est rare que dans cette semaine un salarié ne travaille pas au moins une nuit.
En France, par exemple, à l'époque où j'étais en activité, la durée légale du travail posté était de 35 heures bien avant que la loi des 35 heures ne soit votée (durée qui est passée à 32 heures à ce moment-là dans l'entreprise où je travaillais).
Si l'on admet que le travail posté est particulièrement pénible, la logique voudrait que cette pénibilité soit compensée d'une manière ou d'une autre. Ce n'est évidemment pas la tendance actuelle et ces compensations sont de plus en plus rognées. Et, bien entendu, les entreprises délocalisent vers les pays où les travailleurs n'ont pas une tradition de l'opposition et de la défense des leurs intérêts et ou les organisations syndicales sont peu puissantes.
Car si les conventions collectives sont "intéressantes", le fait de travailler en continu peut apporter de belles compensations financières, notamment par la majoration du paiement des heures de nuit, des heures travaillées le dimanche (en principe jour de repos légal) et des heures supplémentaires (qui ne manquent pas de subvenir puisque le cycle de travail ne peut pas tenir compte, par exemple, de la réduction des semaines qui comportent des jours fériés ou chômés). S'il est précisé qu les heures supplémentaires seront toujours payées au taux le plus favorable pour l'employé, les feuilles de paye peuvent devenir sympathiques lorsque les semaines sont réduites car il est rare que dans cette semaine un salarié ne travaille pas au moins une nuit.
En France, par exemple, à l'époque où j'étais en activité, la durée légale du travail posté était de 35 heures bien avant que la loi des 35 heures ne soit votée (durée qui est passée à 32 heures à ce moment-là dans l'entreprise où je travaillais).
Si l'on admet que le travail posté est particulièrement pénible, la logique voudrait que cette pénibilité soit compensée d'une manière ou d'une autre. Ce n'est évidemment pas la tendance actuelle et ces compensations sont de plus en plus rognées. Et, bien entendu, les entreprises délocalisent vers les pays où les travailleurs n'ont pas une tradition de l'opposition et de la défense des leurs intérêts et ou les organisations syndicales sont peu puissantes.
C'est 48h sur 8 jours. Soit 42 heures hebdo. Ce qui reste beaucoup, d'autant que la pénibilité particulière du travail posté en 4x8 devrait être compensée par une diminution de l'horaire légal. Et que ça fait, quand même, 48 heures de suite. Le lien donné par Anne Sophie vers la fin de l'article donne une idée de la complexité des calculs pour tomber sur une moyenne hebdo.
Ce qui explique que le 5x8 la même chose mais avec 4 jours de repos entre deux séries de 48 heures fatigue moins, c'est tout bêtement qu'on tombe alors sur une moyenne de plus ou moins 35 heures. Quand on écoute l'émission "Les pieds sur Terre", et qu'on s'aperçoit qu'ils fabriquent MOINS de pneus qu'avant, on se dit que c'est vraiment pour les "tuer" que cette solution a été choisie.
Sans compter la perversité du patron qui leur reproche de ne travailler QUE trois heures par jour, alors que c'est imposé par la boîte et que les ouvriers le vivent très mal. Rester enfermé dans un lieu non choisi et ne rien avoir à faire, c'est très exactement la même chose que la prison. D'où la pertinence de l'idée que ce sont les ouvriers qui sont séquestrés, à longueur d'année.
Ce qui explique que le 5x8 la même chose mais avec 4 jours de repos entre deux séries de 48 heures fatigue moins, c'est tout bêtement qu'on tombe alors sur une moyenne de plus ou moins 35 heures. Quand on écoute l'émission "Les pieds sur Terre", et qu'on s'aperçoit qu'ils fabriquent MOINS de pneus qu'avant, on se dit que c'est vraiment pour les "tuer" que cette solution a été choisie.
Sans compter la perversité du patron qui leur reproche de ne travailler QUE trois heures par jour, alors que c'est imposé par la boîte et que les ouvriers le vivent très mal. Rester enfermé dans un lieu non choisi et ne rien avoir à faire, c'est très exactement la même chose que la prison. D'où la pertinence de l'idée que ce sont les ouvriers qui sont séquestrés, à longueur d'année.
Excellent article.
J'aimerais avoir quelques précisions complémentaires sur le 4x8.
Tel qu'indiqué (idem dans wikipedia) le rythme hebdomadaire est de 6x8= 48 heures, ce qui fait quand même beaucoup. Y a-t-il des semaines de récupération ? Combien, quand ?
Merci
J'aimerais avoir quelques précisions complémentaires sur le 4x8.
Tel qu'indiqué (idem dans wikipedia) le rythme hebdomadaire est de 6x8= 48 heures, ce qui fait quand même beaucoup. Y a-t-il des semaines de récupération ? Combien, quand ?
Merci
On aurait aimé que sur les chaines publiques, les images des cadres séquestrés, qui sont passées en boucle plusieurs jours de suite soient systèmatiquement accompagnées de cette information. Le 4x8 c'est une peine légale à vie, la séquestration c'est une peine illégale de quelques jours. Il n'est pas trop tard pour faire un point, mr Poujadas.
Encore un billet d'excellente facture, merci Anne-Sophie.
Un article qui replace la situation dans ce qu'elle est: de l'exploitation pure et dure, dans sa plus grande violence.
Déjà les 3x8 c'est une abomination. J'ai connu en call center les changements d'horaires: une semaine 9->17h et la suivante 14->22h, et c'est absoluement destructeur. Alors faire des changements tous les deux jours... Le grizli.. faudrait le chasser.
Patrons exploiteurs. C'est ça la réalité.
Déjà les 3x8 c'est une abomination. J'ai connu en call center les changements d'horaires: une semaine 9->17h et la suivante 14->22h, et c'est absoluement destructeur. Alors faire des changements tous les deux jours... Le grizli.. faudrait le chasser.
Patrons exploiteurs. C'est ça la réalité.
Ça suffat comme ci, Anne-Sophie !!! Toujours à pencher du côté des pue la sueur. La vérité que vous nous dissimulez c'est que Maurice Taylor, le gentil nounours, il fait les 8x8. Et il se plaint pas, lui.
Pas le temps de lire maintenant, j'ai juste parcouru en diagonale, mais très envie de vous dire de suite que c'est magnifique d'avoir fait ce retour en arrière.
Anne-Sophie, votre chronique devrait être votée d'utilité publique, et vous devriez l'envoyer (gratos, en service de presse ou sur twitter) à tous les éditocrates qui se sont empressés, depuis lundi, de nous faire croire que la C.G.T. avait décidé de toute faire capoter, comme d'habe, que les patrons ont toujours raison, qu'ils savent de quoi ils parlent, qu'ils prennent toujours les bonne décisions comme licencier sans que ça leur coûte un kopek ou un minimum de monnaie de singe, qu'en France, la C.G.T. fait tout capoter, y compris à la S.N.C.M. , que les syndicats sont mortifères etc.
La souffrance au travail, ça, dans les rédactions parisiennes, on ne connaît pas... si, les "soutiers", les "occasionnels", ceux qui sont payés des nèfles mais si contents de travailler pour des gens si célèbres qui gagnent tant leur vie...
J'ai rencontré il y a longtemps un élu de la C.G.T. du papier (devenu la fédération de la presse et du papier depuis, à moins que ça n'aie rechangé), il avait fait les 3x8 dans son usine de papier... C'était déjà très "mortifère" à l'époque, alors 4x8, je n'ose imaginer ce que ça peut être et où ça peut mener...
Certes, il arrive à la C.G.T. d'avoir des combats basés sur la croissance alors qu'on devrait penser "décroissance", mais je trouve que le patronnat se croit toujours au XIXe siècle... et nous fait et refait sans arrêt du Zola... Il serait temps de repenser complètement le monde du "travail" (cf. le débat de la fin de semaine dernière sur @si)
La souffrance au travail, ça, dans les rédactions parisiennes, on ne connaît pas... si, les "soutiers", les "occasionnels", ceux qui sont payés des nèfles mais si contents de travailler pour des gens si célèbres qui gagnent tant leur vie...
J'ai rencontré il y a longtemps un élu de la C.G.T. du papier (devenu la fédération de la presse et du papier depuis, à moins que ça n'aie rechangé), il avait fait les 3x8 dans son usine de papier... C'était déjà très "mortifère" à l'époque, alors 4x8, je n'ose imaginer ce que ça peut être et où ça peut mener...
Certes, il arrive à la C.G.T. d'avoir des combats basés sur la croissance alors qu'on devrait penser "décroissance", mais je trouve que le patronnat se croit toujours au XIXe siècle... et nous fait et refait sans arrêt du Zola... Il serait temps de repenser complètement le monde du "travail" (cf. le débat de la fin de semaine dernière sur @si)
Bonjour.
J'imprime et je lis ce soir.
Pour info, dans l'émission de france culture "Les pieds sur terre", Sonia Kronfund proposait la rediffusion d'une émission de l'an passé :
Les frères ouvriers
08.01.2014 - 13:30 (R - 1ère diffusion le 28/02/2013)
A Amiens Nord, dans la zone industrielle, deux usines de pneumatiques se font face : d'un côté, Goodyear menacée de fermeture, de l'autre, Dunlop, pour l'instant épargnée... Rencontre avec Antonio ouvrier chez Goodyear, et Paolo qui travaille en face, chez Dunlop.
Reportage : Charlotte Bienaimé
Réalisation : Emmanuel Geoffroy
http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-les-freres-ouvriers-r-2014-01-08
PS : La venue de Pierre Rosanvallon dans la 2nde partie de La grande table (sur France Cul., tourjou') hier a été l'occasion d'un échange avec la même Sonia Kronfund.
Est-il prévu d'inviter Pierre Rosanvallon dans l'une des émission d'ASI à l'occasion de son "Raconter la vie".
J'imprime et je lis ce soir.
Pour info, dans l'émission de france culture "Les pieds sur terre", Sonia Kronfund proposait la rediffusion d'une émission de l'an passé :
Les frères ouvriers
08.01.2014 - 13:30 (R - 1ère diffusion le 28/02/2013)
A Amiens Nord, dans la zone industrielle, deux usines de pneumatiques se font face : d'un côté, Goodyear menacée de fermeture, de l'autre, Dunlop, pour l'instant épargnée... Rencontre avec Antonio ouvrier chez Goodyear, et Paolo qui travaille en face, chez Dunlop.
Reportage : Charlotte Bienaimé
Réalisation : Emmanuel Geoffroy
http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-les-freres-ouvriers-r-2014-01-08
PS : La venue de Pierre Rosanvallon dans la 2nde partie de La grande table (sur France Cul., tourjou') hier a été l'occasion d'un échange avec la même Sonia Kronfund.
Est-il prévu d'inviter Pierre Rosanvallon dans l'une des émission d'ASI à l'occasion de son "Raconter la vie".
Article salutaire.
Merci
Merci
