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Homos : avancées et reculs des lois françaises, par Mathilde Larrère
Comment la France peut-elle être à la fois le premier, et le dernier pays à avoir dépénalisé l'homosexualité ? Mathilde Larrère raconte une histoire toute en avancée et en reculs, qui commence par la Révolution française, et se termine par...Cyril Hanouna.
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Derniers commentaires
J'aime beaucoup les chroniques de Mathilde Larrère.
Tiens, taquinons de l'ecclésiastique, monde de frères et de soeurs, extrait de ce petit article, Quand les chrétiens mariaient les homos... :
"l’Eglise du Moyen Age a, semble-t-il, célébré des mariages homos. On le sait grâce à l’historien américain John Richard Boswell*, qui a découvert que les chrétiens grecs des Xe et XIe siècles bénissaient des "unions du même sexe" tout à fait officielles.
La dénomination fait bondir l’Eglise orthodoxe d'aujourd'hui, qui jure qu’il ne s’agissait que de chastes "fraternisations". (...) Boswell affirme qu’il existait de semblables "ordres d’unir deux hommes" chez les chrétiens slaves de l’an mil, qui auraient perduré en Europe jusqu'à l’époque moderne.
La France du haut Moyen Age n’est pas en reste : selon le médiéviste Allan A. Tulchin, elle a aussi développé de singulières unions masculines, les "contrats d’affrèrement", par lesquels les "affrèrés" (frères) promettaient, devant témoins, de vivre ensemble pour partager "un pain, un vin, et une bourse".
* "Les unions du même sexe dans l’Europe antique et médiévale", Fayard, 1996.
"
Tant qu'on y est, un autre de ce billet reprenant un article de J. Verdon spécialiste de l'histoire des mentalités au Moyen-âge :
"Vers 1051, saint Pierre Damien compose Le Livre de Gomorrhe où il décrit de façon détaillée les différentes variétés de rapports homosexuels. Il accuse certains prêtres d'être homosexuels et de se confesser entre eux pour éviter d'être repérés et bénéficier ainsi de pénitences plus légères. Le pape Léon IX refuse toutefois d'accéder à sa demande, à savoir les exclure de l'Église. L'homosexualité n'empêche d'ailleurs pas les promotions. Yves de Chartres signale au légat du pape, puis au pape lui-même, que l'archevêque de Tours, Raoul, a persuadé Philippe Ier, roi de France, de nommer un certain Jean évêque d'Orléans. Or, il s'agit d'un amant de l'archevêque. (...)
En Angleterre, le concile de Londres en 1102 insiste pour que dorénavant la « sodomie » soit considérée comme un péché à confesser. L'archevêque de Canterbury, saint Anselme, demande de ne pas publier cette décision, parce que ce péché a jusqu'alors un caractère si public que peu de gens en sont embarrassés ; beaucoup, ajoute-t-il, l'ont d'ailleurs commis parce qu'ils n'ont pas conscience de sa gravité. Lors de la réforme grégorienne qui impose le célibat aux prêtres, les contemporains notent que les prêtres homosexuels sont plus ardents que les hétérosexuels à le faire respecter. (...) Il semble bien, à en croire Yannick Carré, que l'amour masculin médiéval constitue une forme originale d'amour véritable que le monde actuel ne connaît plus. Les rites d'amitié, tels que se donner des baisers, partager le même lit, permettent à cet amour de s'exprimer librement lorsqu'il est charnel."
Aimez-vous les uns les autres, le sceau des Templiers, deux chevaliers montant le même cheval et un détour vers le milieu militaire : "De sorte que, si par quelque enchantement un état ou une armée pouvait n'être composée que d'amants et d'aimés, il n'y aurait point de peuple qui portât plus haut l'horreur du vice et l'émulation de la vertu. Des hommes ainsi unis, quoique en petit nombre, pourraient presque vaincre le monde entier. Car il n'y a personne par qui un amant n'aimât mieux être vu abandonnant son rang ou jetant ses armes que par ce qu'il aime, et qui n'aimât mieux mourir mille fois que subir cette honte, à plus forte raison que d'abandonner ce qu'il aime et de le laisser dans le péril." (Le Banquet, Platon).
Ca aurait existé à l'époque, le Bataillon sacré de Thèbes constitué d'érastes et d'éromènes.
L'occasion de rappeler la doctrine Don't ask, don't tell qui était en vigueur dans l'armée américaine, une loi continuant "d'interdire à toute personne qui « démontre une propension ou a l'intention de s'engager dans des actes homosexuels » de servir dans l'armée américaine, parce que cela « créerait un risque inacceptable contre les hauts standards moraux, l'ordre, la discipline et la cohésion qui forment l'essence des capacités militaires »"
D'après cet article, l'engagement était aussi bloquée au R.U. jusqu'en 2000, idem pour les grades d'officier en Allemagne, en Russie pas d'interdit mais un militant disant que c'était risqué de s'engager. En France, apparemment il n'y a pas eu de réglementation particulière.
"l’Eglise du Moyen Age a, semble-t-il, célébré des mariages homos. On le sait grâce à l’historien américain John Richard Boswell*, qui a découvert que les chrétiens grecs des Xe et XIe siècles bénissaient des "unions du même sexe" tout à fait officielles.
La dénomination fait bondir l’Eglise orthodoxe d'aujourd'hui, qui jure qu’il ne s’agissait que de chastes "fraternisations". (...) Boswell affirme qu’il existait de semblables "ordres d’unir deux hommes" chez les chrétiens slaves de l’an mil, qui auraient perduré en Europe jusqu'à l’époque moderne.
La France du haut Moyen Age n’est pas en reste : selon le médiéviste Allan A. Tulchin, elle a aussi développé de singulières unions masculines, les "contrats d’affrèrement", par lesquels les "affrèrés" (frères) promettaient, devant témoins, de vivre ensemble pour partager "un pain, un vin, et une bourse".
* "Les unions du même sexe dans l’Europe antique et médiévale", Fayard, 1996.
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Tant qu'on y est, un autre de ce billet reprenant un article de J. Verdon spécialiste de l'histoire des mentalités au Moyen-âge :
"Vers 1051, saint Pierre Damien compose Le Livre de Gomorrhe où il décrit de façon détaillée les différentes variétés de rapports homosexuels. Il accuse certains prêtres d'être homosexuels et de se confesser entre eux pour éviter d'être repérés et bénéficier ainsi de pénitences plus légères. Le pape Léon IX refuse toutefois d'accéder à sa demande, à savoir les exclure de l'Église. L'homosexualité n'empêche d'ailleurs pas les promotions. Yves de Chartres signale au légat du pape, puis au pape lui-même, que l'archevêque de Tours, Raoul, a persuadé Philippe Ier, roi de France, de nommer un certain Jean évêque d'Orléans. Or, il s'agit d'un amant de l'archevêque. (...)
En Angleterre, le concile de Londres en 1102 insiste pour que dorénavant la « sodomie » soit considérée comme un péché à confesser. L'archevêque de Canterbury, saint Anselme, demande de ne pas publier cette décision, parce que ce péché a jusqu'alors un caractère si public que peu de gens en sont embarrassés ; beaucoup, ajoute-t-il, l'ont d'ailleurs commis parce qu'ils n'ont pas conscience de sa gravité. Lors de la réforme grégorienne qui impose le célibat aux prêtres, les contemporains notent que les prêtres homosexuels sont plus ardents que les hétérosexuels à le faire respecter. (...) Il semble bien, à en croire Yannick Carré, que l'amour masculin médiéval constitue une forme originale d'amour véritable que le monde actuel ne connaît plus. Les rites d'amitié, tels que se donner des baisers, partager le même lit, permettent à cet amour de s'exprimer librement lorsqu'il est charnel."
Aimez-vous les uns les autres, le sceau des Templiers, deux chevaliers montant le même cheval et un détour vers le milieu militaire : "De sorte que, si par quelque enchantement un état ou une armée pouvait n'être composée que d'amants et d'aimés, il n'y aurait point de peuple qui portât plus haut l'horreur du vice et l'émulation de la vertu. Des hommes ainsi unis, quoique en petit nombre, pourraient presque vaincre le monde entier. Car il n'y a personne par qui un amant n'aimât mieux être vu abandonnant son rang ou jetant ses armes que par ce qu'il aime, et qui n'aimât mieux mourir mille fois que subir cette honte, à plus forte raison que d'abandonner ce qu'il aime et de le laisser dans le péril." (Le Banquet, Platon).
Ca aurait existé à l'époque, le Bataillon sacré de Thèbes constitué d'érastes et d'éromènes.
L'occasion de rappeler la doctrine Don't ask, don't tell qui était en vigueur dans l'armée américaine, une loi continuant "d'interdire à toute personne qui « démontre une propension ou a l'intention de s'engager dans des actes homosexuels » de servir dans l'armée américaine, parce que cela « créerait un risque inacceptable contre les hauts standards moraux, l'ordre, la discipline et la cohésion qui forment l'essence des capacités militaires »"
D'après cet article, l'engagement était aussi bloquée au R.U. jusqu'en 2000, idem pour les grades d'officier en Allemagne, en Russie pas d'interdit mais un militant disant que c'était risqué de s'engager. En France, apparemment il n'y a pas eu de réglementation particulière.
Où sont les films, les chansons
Pour les chansons, vous avez l'émission de France Info, "Ces chansons qui font l'actu"
Pour les chansons, vous avez l'émission de France Info, "Ces chansons qui font l'actu"
L'histoire que retrace ici Mathilde Larrere est une histoire avec deux limites, la France et la sexualité. Or, l'histoire c'est aussi d'expliquer, de comprendre la vie des gens d'aujourd'hui. Où sont les films, les chansons ? Quelle influence de l'Amérique ? Où est la vie des gens en dehors de l'Histoire juridique ? Où est le bonheur ?
Je suis conscient que l'on ne peut pas tout raconter en 16 minutes, que les sources sont très difficiles à trouver sur ce sujet négligé jusqu'à il y a peu mais ce choix n'est pas le mien. En 2013, j'ai fait un exposé sur l'histoire du mariage pour tous et j'ai beaucoup parlé d'égalité, en me servant du discours de Christiane Taubira comme trame de fond (par fainéantise, j'avoue).
Ceci dit, merci pour cet éclairage précis. J'espère faire un jour l'histoire du coming out pour comprendre le changement de mentalité qui s'opère aujourd'hui. Peut-être est-ce encore un peu trop tôt.
Je suis conscient que l'on ne peut pas tout raconter en 16 minutes, que les sources sont très difficiles à trouver sur ce sujet négligé jusqu'à il y a peu mais ce choix n'est pas le mien. En 2013, j'ai fait un exposé sur l'histoire du mariage pour tous et j'ai beaucoup parlé d'égalité, en me servant du discours de Christiane Taubira comme trame de fond (par fainéantise, j'avoue).
Ceci dit, merci pour cet éclairage précis. J'espère faire un jour l'histoire du coming out pour comprendre le changement de mentalité qui s'opère aujourd'hui. Peut-être est-ce encore un peu trop tôt.
Tiens l'âge de consentement, autre sujet d'histoire. Ou les droits des malades psy...
petit "tilt":
"considéré comme une maladie mentale donc susceptible de lobotomie".
Certes, il faut attendre le DSM3-R (1987) (manuel de psychiatrie américain de référence) pour que l'homosexualité sorte de la psychiatrie (n'y sont alors mentionné que les cas où la personne ne supporte pas ses attraits sexuels: ex: un homme ne supportant pas l'idée d'être attiré par des hommes, et dans ce cas le "traitement" consiste à lui faire accepter ses pulsions).
En revanche, la lobotomie, inventée en 1935 fut fortement critiquée dès 1944. Dès 1977, le congrès américain l'interdisait définitivement et si elle est encore autorisée en France (!), ce n'est que dans de très rares cas. En pratique, elle consiste à détruire les lobes frontaux du cerveau ou leur communication avec le reste du corps. Sachant que c'est dans ces lobes frontaux que se forme la personnalité de la personne, il ne s'agit plus ou moins que de détruire la personnalité d'une personne. Homosexuel ou malade mental, la procédure est criminelle.
"considéré comme une maladie mentale donc susceptible de lobotomie".
Certes, il faut attendre le DSM3-R (1987) (manuel de psychiatrie américain de référence) pour que l'homosexualité sorte de la psychiatrie (n'y sont alors mentionné que les cas où la personne ne supporte pas ses attraits sexuels: ex: un homme ne supportant pas l'idée d'être attiré par des hommes, et dans ce cas le "traitement" consiste à lui faire accepter ses pulsions).
En revanche, la lobotomie, inventée en 1935 fut fortement critiquée dès 1944. Dès 1977, le congrès américain l'interdisait définitivement et si elle est encore autorisée en France (!), ce n'est que dans de très rares cas. En pratique, elle consiste à détruire les lobes frontaux du cerveau ou leur communication avec le reste du corps. Sachant que c'est dans ces lobes frontaux que se forme la personnalité de la personne, il ne s'agit plus ou moins que de détruire la personnalité d'une personne. Homosexuel ou malade mental, la procédure est criminelle.
Tout d'abord, je remercie Mathilde Larrère pour ses interventions claires et très bien documentées, en particulier celle-ci sur l'histoire juridique de l'homosexualité. On entend en effet très souvent des jugements sur une France qui aurait été "à la traîne" sur le sujet et qui ne sont pas justifiés. Je me permettrai seulement une remarque sur ce que vous dites à propos de l'abrogation des lois pétainistes, sur lesquelles la France aurait tardé, alors que d'autres pays européens progressaient, en particulier en abrogeant des lois anti-sodomie. En ce qui concerne le Royaume-Uni, ils ont certes fini par abroger ces lois, mais à minima, en énonçant des limites à ces libertés (par exemple, la nécessité de pratiquer à deux seulement) et ont maintenu l'âge de la majorité sexuelle pour les gays à 21 ans au lieu de 15 pour les hétérosexuels. En 1994, j'ai suivi un vaste débat sur ce thème à la chambre des communes, où certains réclamaient l'égalité en matière de majorité sexuelle; ils ont perdu. L'affaire s'est terminée seulement en 2003, devant la Cour de justice européenne, qui a reconnu une discrimination à l'égard des homosexuels; depuis, la majorité sexuelle est la même pour tous. Il en est à peu près de même en Amérique du Nord. Un de mes amis indiens a été expulsé du Canada, après avoir été interpellé en 1977 dans une boîte gay de Montréal. Il a fallu 23 ans de bataille juridique pour obtenir le droit de retourner dans ce pays. Et la situation était similaire aux Etats-Unis, où tout étranger était supposé déclarer son homosexualité, ce qui entraînait automatiquement un refus d'entrer sur le territoire. Alors, il a certes fallu attendre Mitterrand et 1982 pour obtenir une égalité "complète" entre homos et hétéros, mais dans l'ensemble, la France s'est plutôt mieux comportée dans ce domaine que d'autres grandes démocraties.
Assurance fascisante et exaspérante de ce nouveau personnage d'Arrêt sur Images. La bienpensance en étendard. Une raideur dont on sent bien qu'il ne faudrait que la provoquer un petit peu pour qu'elle envoie au bûcher sans le moindre remord. On lui fait autant confiance sur l'exactitude de ses recherches et son absence de parti-pris flagrant qu'au premier journaliste du Monde venu.
A quand l'intelligence dans "Arrêt sur images"?
A quand l'intelligence dans "Arrêt sur images"?
"en avancées et en reculs"
Drôle d'expression pour un tel sujet.
Qu'en dirait mon psychanalyste ?
Drôle d'expression pour un tel sujet.
Qu'en dirait mon psychanalyste ?