"J'ai perdu très vite le goût de l'adrénaline"
Retenus en otage pendant plus de 500 jours en Afghanistan, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier sont devenus les symboles d'un journalisme qui tente d'échapper à l'emprise de l'armée, pour enquêter sur les réalités du terrain. Mais cette image reflète-t-elle la réalité de leur travail ? Questions à Hervé Ghesquière, journaliste à France 3, ex-otage en Afghanistan, invité exceptionnel de cette deuxième émission de notre série d'été, "La guerre en f@ce".
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Derniers commentaires
Cette émission n'est certainement pas la meilleure d'@si. Cela n'enlève rien
au travail de Daniel S et de son équipe, dont je suis fan par ailleurs, bien au contraire. Tenter de décrypter une situation avec quelqu'un qui n'arrive pas à se détacher des faits, de ce qu'il a vu, est une gageure.
On ne peut pas faire bonne pioche à chaque fois.
Chapeau à l'équipe qui a préparé l'émission. Le choix de la séquence d'ouverture sur l'origine de sa vocation montre comme ils avaient bien cerné l'invité.
PAS les forces de l'OTAN, PAS les forces françaises. D'ailleurs nous les montre-t-on dans nos JT impartiaux rapportés par nos "reporters" d’hôtel intrépides gentiment "intégrés" par les unités de l'armée et les ONG? Non, elles n'y sont pas, il n'y a pas de bombardements ciblés ou pas de l'OTAN. Il n'y a pas de soldats français, il n'y a pas de services secrets qui achètent ou éliminent les gens, il n'y a aucune volonté de terroriser la population qui n'a pas compris qu'"on" venait leur apporter la LIBERTÉ ou BONHEUR de la consommation, l’ÉGALITÉ de la concurrence libre et non faussée, la FRATERNITÉ entre leurs tribus archaïques et les maîtres occidentaux, tout cela contre un petit peu de pétrole et l'installation de quelques super bases militaires pour l'invasion prochaine de l'Iran.
Tu manies bien la LQR, Laure Bruyère. Une proposition d'embeddedment?
Petite question : pourquoi utiliser le mot "embedded" et pas "embarqué" ou "intégré" ?
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Juste pour éclairer sur Hervé Ghesquière. Le film Under Fire, qui est bien meilleur que ce qu'il prétend, ne parle pas seulement du reportage de guerre.
Il raconte une histoire vraie : l'assassinat par un militaire d'un journaliste américain en pleine rue photographié par son collègue et ami au Nicaragua à l'époque du dictateur Somoza et de la rébellion sandiniste.
Cette photo va provoquer une prise de conscience au niveau américain. Les US vont priver Somoza de leur soutien. Et ça va être le premier régime dictatorial d'Amérique latine continentale qui va tomber (1979).
Une image qui aura changé le monde : de ce fait, on voit bien, par la genèse de sa vocation, dans quelle conception du journalisme il se trouve.
Ça me rappel, comme si j'en avais besoin, pourquoi je paie un abonnement !
Donc merci !
Quelques remarques en vrac :
- joli coup pour @si que ce long entretien (cf ce que dit Julot Iglézias plus haut)
- la configuration en entretien individuel est vraiment intéressante, à reprendre avec de telles "personnalités"
- c'est vraiment passionnant de percevoir ainsi un peu mieux le métier de journaliste. Ici, Guesquière affirme toujours un positionnement qui refuse les a-priori, il cherche l'info et ensuite il interprète (et non l'inverse). Ce serait vraiment intéressant et bien dans la ligne d'@si de prévoir d'autres émissions de décryptage du travail de journaliste (avec des "vrais"...).
Comme quoi, on peut faire un peu de lumière sur des sujets difficiles.
C'est toujours intéressant d'avoir un invité qui met en valeur la réflexion, même si ce n'est pas le seul à faire depuis le temps.
Une bonne occupation de regarder @si, ça remet en route les neurones.
JMarc
D'abord un mot sur le dispositif du « face à face » d'autant plus égalitaire qu'il confronte deux professionnels du journalisme possédant donc les mêmes codes. Chacun sachant pertinemment les "pièges" (sans mesquineries, c'est le jeu) que l'autre va lui tendre : l'un, DS, pour faire dire ce que l'autre ne veut (peut) pas dire ; l'autre, HG, pour justement ne pas le dire en détournant la conversation.
Manifestement, qu'elle était l'intention de DS ? La dernière partie de l'émission le montre : « Le système de télévision dans lequel vous travaillez aujourd'hui, c'est ce système là. C'est le système qui fait qu'un journal commence par les gens qui sont dans les embouteillages ou qui se trempent les pieds dans les fontaines et qui disent : "il fait chaud". Et c'est avec ça qu'il faut faire. » (1/09/40) C'est-à-dire : « C'est avec ça que vous faites, vous, HG, en vous compromettant avec le système de l'embeddedment et la soumission à votre rédacteur en chef ».
HG, outre régler ses comptes avec Sarko et les chefs militaires qui ont voulu lui faire porter le chapeau de l'irresponsabilité – avec la trouvaille du (non)contrôle de la route qui aurait irrité le nain (mais que contrôle donc ce nabot? Même pas ses chiens), - voulait faire passer le message de l'importance de « cette "fameuse" route » dite « l'axe Vermont » qui contourne Kaboul pour alimenter les armées des « croisés » de l'an 2000 (17:30).
Tout l'interview s'est articulé autour de ces deux intentions, ce qui, comme d'habitude avec l'entêtement de DS, a tronqué le développement de la seule analyse importante - mais avec de bonnes choses qu'@si sait bien faire au milieu : les permanences de cette représentation des guerres menées par l'armée française telles qu'elles sont montrées par la télé française, par exemple à 60 ans de distance entre l'Afghanistan et l'Algérie (même si DS est simpliste sur la « langue de bois » des militaires et des transfuges) (27:30) ; la place de l'info dans le JT (1:09:40) -.
Certes, on ne peut reprocher à DS d'être mû par la raison d'être d'@si (SA raison d'être à lui DS, me semble-t-il) de décrypter ce que "donnent à voir" les médias et non pas les analyses géopolitiques de fond. Mais l'enjeu stratégique de cette « fameuse route » n'est quand même pas étalé dans les merdias au point de ne pas profiter de l'occasion pour la surligner (indignons-nous que diable, autant que pour l'effacement merdiatique de l'histoire de sieur Ziad Takieddine ).
Il est dommage que pour comprendre l'importance de cet enjeu – rien moins que : « Pour les Américains et les Français, c'est essentiel. Ils veulent faire ça un peu partout en Afghanistan. En gros, c'est partager l'Afghanistan en deux. L’Afghanistan utile à l'armée afghane et aux forces de l'OTAN. L’Afghanistan perdu du fond des vallées et des montagnes pour les Talibans. » (41:00) en attisant les excités locaux: « Il y a vraiment un enjeu de pouvoir, parce que les Pachtoung, qu'est-ce qu'ils veulent ? Ils veulent une grande Afghanistan. Ils veulent l'Afghanistan plus la partie Ouest du Pakistan, qui est en fait absolument pachtoune, que l'on appelle les « zones tribales ». Il y a une dimension historique et une dimension politique. » (6:10) -, il faille se tourner vers le Réseau Voltaire ou Michel Collon qui énumère les mensonges préalables aux agressions impérialistes (dont le "fameux" gazoduc!).
Eh oh ! La partition de l'Afrique pour les intérêts des oligarchies mondiales – avec ce que ça entraîne de guerres et de misères à perpétuité pour les peuples -, c'est pas rien quand même ! En notre nom, en plus !
De plus, analyse rapportée par un journaliste qui voudrait "bien" faire son travail en gagnant un minimum sa croûte (le naïf). C'est pas Bigard, c'est Ghesquière ! Qui nous dit : « Très vite je me suis rendu compte que l'essentiel ce n'est pas l'adrénaline, ce n'est pas le goût du danger, mais c'est l'explication, le décryptage, parce que derrière la guerre, il y a toujours des éléments politiques, économiques, ethniques. On nous parle de guerres de religions. Les guerres de religions n'existent pas. » (5:20), et que : « Entre ce qu'on a comme informations à distance et ce qu'on a comme informations sur le terrain il y a beaucoup de distorsions. » (14:15) - du genre : « L'hypothèse grossière d'@si vue de loin [des gens de "l'arrière". ndlr] : on sait que c'est une guerre qui se passe pas bien. On sait par ailleurs que c'est une guerre qui a plus de chances de mal se finir pour les puissances occidentales que de bien se finir. Donc, tout bêtement, le pouvoir n'a pas envie qu'on échappe au contrôle de l'armée et qu'on aille montrer par exemple dans les villages un état d'esprit extrêmement négatif des populations à l'égard des armées de l'OTAN, voilà. Le pouvoir n'a pas envie qu'on montre ça. Mais comme vous m'en parlez, j'ai pas l'impression que votre but c'était ça. J'ai pas l'impression que vous vouliez aller sonder les reins et les cœurs des Afghans pour leur demander ce qu'ils pensaient de cette guerre et de la manière dont ils la percevaient. » (DS : 56:40) "Bêtement" ; DS a de ses mots !
Alors que "notre" nain engrosseur (de la France avec ses mensonges) veut faire croire aux français que « nos » soldats meurent pour nous protéger de sauvages sanguinaires. Faire pleurer dans les chaumières avec des mercenaires qui se vendent aux armées privées quand ils ne les gèrent pas, faut le faire. Comme « notre » police avec les sociétés de sécurité privées. Tout ceci dansle silence des pantoufles .
Justement, le rapport des journalistes avec les militaires, voilà qui concerne @si et DS. Et nous invite à des réflexions croustillantes qui nous renvoient toujours à notre "fameuse" schizophrénie.
Notamment avec la notion d'embeddedment.
« Embedded, mot à mot, ça veut dire dans le même lit. On est avec un bataillon américain, et on le suit de A à Z pendant 8 jours, 15 jours, 3 semaines. Ce qui ait qu'il y a des contacts, des vrais liens, on peut dire peut-être pas d'amitié, mais des liens de confiance qui se créent entre les gens, les journalistes et les soldats sur le terrain. (Ce que veut éviter le commandement français). » (HG,19:43)
Sauf que lorsqu'on est du coté « rebelles », ça ne s 'appelle plus comme ça même si ça y ressemble : « Lors de ma captivité j'ai appris énormément de choses parce que les Talibans m'ont parlé ! Beaucoup de mensonges, beaucoup de propagande (…) mais dans tout ce qui se dit il y a aussi des éléments vrais, humains. Vous ne pouvez pas vivre des mois et des mois sous le même toit, dans la même chambre, dormir dans la même piaule (…) impunément. À un moment, il y a de vrais relations humaines qui se créent. Même si chacun était dans son rôle. » (HG, 37:50). là, on dit : « Je ne souffre pas du syndrome de Stockholm » (HG, 36:00). Sinon, on risque fort d'être traité de « renégat » (DS, 32:15).
Entre « dormir dans le lit » et « partager la chambre », qu'est-ce qui est le plus compromettant ?
Même si la similitude des positions est frappante pour les « malgré nous » embedded ou pas : « Ces talibans, je les ai vue de l'intérieur, j'ai vécu avec eux. J'ai discuté des centaines d'heures en particulier avec notre dernier geôlier. (…) Lui me dit : "je sais, oui, vous, vous êtes prisonniers, j'en suis conscient. Mais moi je suis prisonnier de ma propre vallée. Je peux plus sortir." » (HG, 34:00)
Mais le journaliste, lui, pris entre son embeddedment et son travail - « Les jours où on était "off", où on était libres, sans l'armée française... » (HG, 45:00) -, prend en compte que : « C'est vrai que l'armée a ses intérêts à défendre, elle fait de la communication. » (HG, 21:39). Comme s'il allait de soi que l'armée ("notre" armée, "nos" braves piou-piou !) ait ses "propres" intérêts, distinct de ceux de la Nation, du Peuple, des nôtres quoi ! Ah, le secret militaire ? La raison d’État ? Vous m'en direz tant.
Ça doit être pour ça que dans le reportage « au plus près des soldats » (France 3 – 19/20 – 15 Avril 2010), nos valeureux embedded analysent la situation au-delà de l'apparence: « Derrière la caméra, la voix de Stéphane. Hervé décode la situation : "Apparemment, il y a une petite escarmouche. Nous allons voir si cette escarmouche dure ou pas. (...) Pour l'instant on reste en position, on voit ce qui va se passer." Pour le magasine Pièces à convictions, nos deux confrères, embarqués avec l'armée française, racontent le harcèlement quotidien de la guérilla afghane. » et n'hésitent pas à poser les questions qui dérangent : « Alors, dites-moi, ce mentoring, comment ça s'engage... ? » (HG, 14:30)
Peut-être que ce qu'il ne faut pas développer, "donner à voir", c'est ce que nous montre HG en filigranne : que l'armée française n'est qu'une des divisions de l'armée des USA : « Nous, c'était le coté militaire français et un peu américain. La personne en civil est du département d’État du ministère des Affaires Étrangères américain. Les différents contingents travaillent en liaison et parfois même ensemble. » (19:00). Ce serait trop dur pour le nain bravache.
Mais, pas de confusion, nous, « nous faisons du journalisme, pas de la communication. » (21:42)
Sauf que là, DS est dans son rayon, il boit son petit lait et ne rate pas le confrère : « Ça veut dire quoi concrètement, quand on tourne, quand on pose une question, quand on monte, "je ne fais pas de communication"? (…) À quel moment de votre travail vous vous dites : "voilà, là y a le danger de faire de la communication, je voudrais éviter ça et voilà ce que je vais faire ou pas faire." »
HG en bafouille : « La frontière est toujours très ténue, toujours très limite [sic!]. Faire de la communication, c'est faire de la vie quotidienne avec les militaires, et il faut en faire. (…) On voit le travail des militaires. C'est de la communication mais aussi du journalisme parce qu'on montre ce qui se passe vraiment. »
Et voilà, « l'arrière » a encore gagné. Le revenant du « front », ex otage peu glorieux - « Je me trompe souvent, la preuve c'est que j'ai été otage... » (HG, 1:08:11) – s'effondre sous le regard vainqueur du torero : « Ils savent que je suis chiant, que je suis un râleur, que je peux aussi me mettre en colère, ils savent aussi que je peux partir. Voilà. ». Voilà...
Acculé par le sourire carnassier du picador sentant l'agonie de la bête, il jette ses derniers traits, essayant de renverser l'échange : « Moi, à ma toute petite échelle, j'aimerais tellement que ça change. Il faudrait qu'on prenne conscience des choses importantes, déjà ». Entre le plaisir de l'adrénaline et les enjeux de la route stratégique, par exemple ?
« Il faut avoir le culot de changer les mentalités, le culot d'oser, quoi ! (…) Si on osait prendre un risque énorme, c'est prétentieux de dire faire plus intelligent, si on faisait différemment ? Si on prend pas de risque, on se trompe qu'une seule fois, ça c'est clair.»
« Oui, vraiment, je rêve... »
Vous reprendrez bien un p'tit Pernaut, pour la route ?
Chapeau pour le beau travail d'@si.
J'aime bien le début, Hervé Ghesquière dit de façon à peine voilée qu'il est devenu journaliste pour être un James Bond de la vérité, ce qui est plein de fraîcheur :-). Immédiatement après il est très sérieux et prend bien plus le ton et les idées d'un (excellent) chercheur. Ce qu'il dit sur les guerres religieuses & ethniques qui n'existent pas en tant que telles est tout à fait vrai, on le voit en Afghanistan et on l'a vu au Rwanda ou à bien d'autres endroits. Cependant, dans nos médias usuels, c'est plus simple de le présenter ainsi. Dès la 7e minute on sent qu'il voudrait bien dire : en Afghanistan, le problème n'est pas tant l'OTAN et les Talibans que les dégâts énormes laissés par les colonialismes.
Je trouve l'intervention de DS qui insiste longuement sur la "langue de bois" vers les minutes 25-30 un peu simpliste voire bête : parler de "langue de bois" quand Bigeard dit qu'il sait pourquoi il est là, que c'est en tant que croisé, c'est rater au contraire toute la dimension d'embrigadement, voire de secte que peut représenter l'armée, notamment à cette époque et pour certains. Bigeard croyait sans doute avec ferveur qu'il était un croisé et que l'Algérie et les autres colonies (j'ai des infos de première main sur lui & Mada...) devenant indépendantes signifiaient la fin d'un monde, le sien, un monde colonial, hiérarchiquement établi, raciste.
De même sur l'Afghan (peut-être moins sur l'Algérien d'alors), ce n'est ni langue de bois ni opportunisme du "transfuge" (pas "renégat" !) mais opportunité de celui qui n'a que ses bras et son pays, et qui veut la paix. Cela existe depuis longtemps, voire toujours chez les armées, des locaux qui s'enrôlent. Le terme de "malgré-eux" convient assez bien. Les interviews devraient demander plutôt les déterminants sociologiques de chacun (métier, famille en vie ou non, migration ou village d'origine de la famille, etc.) que l'idéologie. Taliban n'est pas nécessairement idéologique, ni OTAN. Ghesquière pointe cela avec justesse : pas rebelle ni collabo, mais en guerre et en galère.
Le "Taliban dépressif" est une expression assez surréaliste mais qui semble tout à fait valable, ça féconde l'esprit !
Dans ce qu'il dit ensuite, je crois comprendre que Ghesquière va écrire un livre, ou au moins témoigner de ce qu'il a vécu, ce qui semble assez logique... et réjouissant : voilà quelqu'un qui pourrait "surfer" sur sa notoriété d'otage, mais qui ne racontera pas ses petites et grandes misères, qui ne fera pas du sensationnalisme Bétancourt, mais qui est tout à fait capable d'écrire un superbe ouvrage de 600 pages très documenté et poussé sur l'Afghanistan en général, et un plus petit plus grand public qui condense l'étude. Je sens qu'il peut faire beaucoup de bien à notre débat public (à peu près inexistant) sur notre présence militaire là-bas, sur notre armée en général, et sur les conflits de manière encore plus vaste.
En tout cas si tous les journalistes pouvaient être comme lui, et pas comme Pujadas, Bugier (un connard en remplace un autre), PPDA, Ferrari, et tant d'autres plus connus et qui pèsent plus sur nos concitoyens ; alors on aurait peut-être une belle République, quelles qu'en soient les institutions et quels qu'en soient les hommes politiques (qui devraient bien finir par suivre un peu).
Son rédacteur en chef semble lui aussi s'être très bien comporté, le côté humain est beau et c'est aussi un exemple que d'autres chefs de rédaction, écrite comme audiovisuelle, feraient bien de suivre.
Quand il voit coup sur coup les réactions de Guéant et de je-ne-sais-plus-quel-officier et qu'il garde son calme et répond de façon très pondérée et stratégique, politique, c'est tout de même signe d'une immense maîtrise de soi. Oui, depuis son retour il avait déjà dû voir ces réactions ainsi que bien d'autres, mais il faut une bonne dose de recul pour réagir ainsi. De manière générale ses réactions donnent l'impression de quelqu'un extrêmement serein et détaché, analytique, sans pour autant être froid ni inconscient. On sent quand même qu'il a, comme un bon militaire, comme des hommes sages aussi, accepté l'idée qu'il pouvait mourir, d'un coup, sans même qu'il y ait de raison, mais qu'il faut par contre que sa mission, sa tentative de faire passer des messages de vérité, ne s'achève pas avec lui ni surtout avant lui. De nouveau un sacré exemple pour bien des journalistes et surtout éditocrates parisiens pour qui toutes les compromissions sont bonnes pour un petit peu de confort matériel en plus !
Daniel est un peu incohérent quand, sûrement pour éviter de passer les plats ou de laisser Ghesquière parler seul, il lui dit en gros "on pensait que vous enquêtiez à charge contre l'armée française pour qu'elle réagisse ainsi mais en fait non pas trop". Ghesquière a bien expliqué plus tôt que cette route est essentielle dans cette région, qu'elle est censée être contrôlée par l'OTAN, et que donc leur enlèvement, malgré toutes les précautions prises de surcroît, est une preuve en soi de l'échec de l'armée française dans ce lieu.
Quand Ghesquière signale l'énorme bourde du généralissime parlant de coût aussi "peu" de temps après la prise d'otages, bourde sans doute contrôlée par en haut, cela me semble très important et j'espère que les autres médias en ont / vont en parler aussi. Ce n'est pas pro.
Le passage sur les moyens de la chaîne est intéressant, notamment sur le fait que les formats se raccourcissent et les sujets fouillés se raréfient, mais perd en intensité par rapport au reste, évidemment. J'aurais bien aimé en savoir plus sur les relations avec les autres journalistes et notamment les journalistes étrangers, ainsi que sur le souci de la langue, notamment de savoir s'ils avaient des rudiments de patchoune, de persan, s'ils en avaient acquis sur place... comment pouvaient-ils communiquer avec leurs geôliers quand le traducteur et eux étaient séparés ?
Il aurait pu aussi être intéressant de parler, après la partie (très intéressante - on voit comme des choses sont totalement occultés alors que quelques-uns le savent et veulent en parler - cela viendra bientôt sur la Libye) sur Abu Ghraïb, de Wikileaks avec cette vidéo prise de l'hélicoptère d'assaut, et les soldats au sol dont une partie sont ensuite devenus des pacifistes et objecteurs de conscience aux États-Unis, et ont voulu aider l'information ouverte à circuler. Voilà qui peut rebattre les cartes pour les journalistes d'investigation.
Si vous nous lisez, immense bravo à vous, pour tout le travail et l'état d'esprit que vous présentez dans cette émission, M. Ghesquière.
Bravo
Ceci n'est pas un post constructif mais de satisfaction
La preuve que, contrairement au discours officiel de l'Elysée, ce n'est pas parce que nous sommes en Afghanistan que nous empêchons les bombes en Europe, c'est l'actualité norvégienne qui nous l'apporte.
Le fait que juste ce sujet passe aux infos, 13h ou 13h20 qu'importe, montre que la rédaction lui accorde une importance.
Seulement pour que ce sujet passe enfin à l'ouverture, il a fallu l'apport des photos faites par les soldats américains eux-même.
Là, en complément des témoignages irakiens précédents, les journalistes sont couverts par la bêtise de certains membres de l'armée américaine...
: o ) ; o ) , o ) o )
La précision peut-être pas mais Daniel met un peu de pression sur Ghesquière...
La crédibilité et la pertinence, si, il me semble...
Passionnant quoiqu'il en soit.
merci aux deux journalistes
J'ai apprécié le fait de voir un homme passionné par son métier, convaincu de l'importance d'une certaine forme de journalisme, qui cherche à donner du sens à son travail et qui rêve...
Enthousiasmant tout ça.
pour faire ce métier il faut avoir la tête sur les épaules et je crois que ces 2 journalistes ont eu la tête sur les épaules et la passion de leur métier; j'ai quand même toujours la même interrogation sur les liens entre journalisme et espionnage dans certaines conditions;
en ce moment il manque des journalistes de guerre en Lybie: pourquoi ?
en tous les cas Hervé a raison de vouloir continuer ce métier tel qu'il le fait
Aussi, je me pose une question :
- Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière ont-ils déjà donné des dizaines d'interviews à tous les média (télé,radio, presse écrite) ? Dans ce cas, @rrêt sur images arrive après la bataille;
Ou bien :
- Hervé Ghesquière a-t-il pratiquement réservé l'exclusivité de ses déclarations à @rrêt sur images? Dans ce cas, Daniel Schneidermann réalise un sacré scoop. Manifestement, ce n'est pas le cas puisque les @sinautes semblent trouver tout à fait banale la présence d'Hervé Ghesquière sur le plateau et que je n'entends personne féliciter chaleureusement Daniel pour ce "coup" et remercier Hervé Ghesquière de l'honneur qu'il nous fait.
Quelqu'un peu-il m'éclairer et m'aider à évaluer où se situe la vérité?
- on aurait pu le visionner, ce fameux reportage du mois d'août
- et ajouter une question plus personnelle sur son retour à la " liberté" : décalage de 18 mois, humeur, "otage blues", etc
avec l'éventualité qu'il ne veuille pas répondre du tout.
Peut-être lira-t-il le forum? Pas trop tard pour répondre.
Mais hormis cette petite critique, c'est en effet une excellent émission, instructive et intelligente.
Merci beaucoup ! :-)
Concernant l'éventualité d'un possible syndrome de Stockholm, j'en ai trouvé l'amorce du risque d'un début envers notre président à propos duquel notre "revenu" (on pense naturellement à ceux qui sont toujours retenus de par le monde) affiche une étonnante mansuétude...
Quelle bonne interview !
C'est vrai qu'on en a besoin d'éclaircissements sur ces guerres... si lointaines et si proches en même temps.
Bravo.
Évidemment on en apprend pas mal, mais vivement le film et ou les émissions.
Il ne dit pas tout ce qu'il a vu, pensé, vécu, mais la situation qu'il décrit, le rôle des uns et des autres, celui des militaires, des politiques des combattants et des habitants, la route (centre névralgique de toute cette histoire ) nous en apprend beaucoup,
Comme sur une photographie il livre la lecture de l'arrière plan, et le premier plan devient moins flou...l'éclairage est certes tamisé, mais peut- il en être autrement...?
Je me dis, qu'un jour dans 50/ 70 ans ces films, toutes ces photos se regarderont comme celui sur la guerre d’Algérie, fort judicieusement choisit pour illustrer le propos et tenté comprendre les guerres ...merci à ces témoins courageux, reporters, photographes et à DS pour avoir choisit de nous informer sur ce thème " la grande muette", c'est très intéressant.
ces temps-ci ils nous informent que c'est l'été. J'avais pas remarqué, merci de l'info.
que les gens qui trempent leurs pieds soient en une je m'en passerais bien, à ces moments -là j'ai envie de faire autre chose, d'éteindre d'essayer une autre chaine (mais à c't'heure pas de choix en info)
autrement dit je suis en accord total avec Ghesquière quand il parle de qualité. OUi moi j'en ai soif
j'en ai assez qu'on me parle que de la France… et même pas des trucs importants en France. D'économie d'une autre voix que pensée unique par ex.
grande voyageuse depuis toujours tout m'interesse. Je pense que les Français verraient leur vie autrement s'ils connaissaient autre chose sur le globe.
Cependant je ne peux que remarquer que sur mon blog les billets ont du succès ou pas selon les sujets.
la polémique j'en fais très rarement parce que ça m'ennuie profondément. Quand par hasard j'écris un billet par ex. sur DSK tout le monde se précipite.
je fais un billet sur l'économie c'est le calme plat, et pourtant les français doivent commencer à savoir que leur vie quotidienne en dépend.
ce ne sont que des petits exemple.
autrement dit nos généralistes ont besoin de faire de l'audience pour vivre. Y a t-il une autre solution ? sinon l'éducation ?
et sur la 3 ils virent ce soir ou jamais. Déprime.
quant à envoyé spécial, les deux filles qui présentent cette émission m'irritent tant que j'ai du mal à regarder l'émission. Elles ont un côté pimbêche… à moins que ce soit mon côté misogyne ?
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Je serais curieux de lire les réactions des uns et des autres sur le forum, pour tout dire.
Et ceci pour deux raisons :
1) Plus personne ne sait aujourd’hui ce qu’est la guerre. Son charme capiteux, ses montées d’adrénaline, sa folie exquise, ses cruautés captivantes… Tant mieux, mais cela rend incompréhensible une grande partie de cette aventure. Et de beaucoup d’autres, voire de l’histoire de l’humanité !
2) Peu de gens savent la volupté des très beaux appareils reflex… Ces engins sont d’une incroyable sensualité, tout comme les belles armes, mais avec une finalité plus douce et humaine… Leur poids, leur chaleur, la perfection fonctionnelle de leur fabrication en font des extensions du corps, des complices merveilleux ! Comment comprendre la tentation du reportage si on ignore cela ?
Ah ! Les “malgré-eux” ! Bravo Hervé, vous êtes un homme subtil, délicat, capable de comprendre les humains qui vous approchent, et parfois vous font du mal, parce qu’eux-mêmes sont dans la merde… C’est le sommet de l’élégance, le point culminant de l’humanité…
Comment dire maintenant combien l’évident corporatisme des journalistes en particulier et des fonctionnaires en général me semble inacceptable ?
Après un (léger) retard à l’allumage les chaînes publiques nous ont brouté jours et nuit avec le nombre de jours de captivité des deux journalistes… Finalement après quelques mois quelqu’un leur a sans doute fait remarquer qu’il y avait d’autres otages français. Et pour finir ils ont trouvé des photos moins minables. Mais ils ont mis le temps, nos fonctionnaires !
Des otages sans nom, et surtout totalement oubliés depuis la libération des deux héros de France 3… Qui a entendu parler d’otages après la récupération d’Hervé et Stéphane ? Libérés aussi les autres ? Je ne suis pas certain !
Formidable fin d’émission… Comment changer le monde minable qu’on nous impose ?
En se réveillant, sans aucun doute !
L'interview est très prenante. Ce qui m'a frappé, c'est la passion qui ressort de chacune des phrases de Hervé Ghesquière et la force d'esprit avec laquelle il a dû faire face, non pas seulement durant sa période de captivité, mais durant toute sa carrière face à tous ces conflits. En voilà un qui honore le métier de Reporter avec classe mais surtout avec humilité.
Un grand bravo à l'équipe d'@si pour cet entretien, ainsi que pour toute la série d'été.
Emission très intéressante sinon.
J' aurai aimé un retour sur l' interview des deux journalistes par Carole Gaessler, la donzelle a voulu faire le tour des grands événements survenus durant leurs détentions, la réforme des retraites, le blocage des raffineries ou la perquisition des salariés ne sont pas cités, par contre elle revient deux fois sur le football avec les victoires de Marseille et de Lille comme quoi désormais en France quand y' a une grève ...
Je souscris pleinement au risque qu'il appelle de ses voeux en fin d'émission au sujet du journal télévisé. Evidemment, je n'ai plus de télé chez moi et je lis le Monde et le Monde Diplo.
Des hommes comme lui et des sites comme celui-ci nous font garder le goût de la connaissance sans laquelle la flamme s'éteint.
Merci
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Oui, cigale zoze, ça fait un peu "cuisine interne"... et je pense que j'aime cet entretien parce que j'ai de vieux souvenirs de cuisine interne...
Mais en effet, ça peut faire "les journalistes parlent aux journalistes"... ;o)
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On en sait beaucoup plus sur l'Afghanistan et les Afghans, ce qu'il se passe en réalité là-bas, après avoir vu une émission comme celle-là qu'après avoir vu 1000 heures de reportages "embedded". Dans la dernière décennie du XXe siècle, se sont passés beaucoup de conflits, tous extrêmement télévisés : Mogadiscio (jusqu'à ce que les Américains s'en prennent plein les dents), le Rwanda (où les journalistes français étaient très "embedded" avec l'armée française de l'Opération Turquoise), les Balkans, l'Irak etc...
Je ne me souviens pas avoir vu ou entendu une émission où on prenait un peu de recul sur ces conflits... j'étais pourtant en prise directe avec l'information puisque je travaillais au desk étranger de la 2. Nous avions tous la tête dans le guidon, et le nez sur les images que nous fournissaient soit nos envoyés spéciaux, soit les agences étrangères... du haut en bas de la chaîne de fabrication de l'info ! Il fallait traiter l'immédiateté et le sensationnel ! Je crois que les rédactions audiovisuelles ont loupé plein d'occasions de faire un bon boulot... Je me suis aperçue, pour être partie quelquefois en mission avec des équipes, que les envoyés spéciaux ne restaient jamais assez, ou pire, restaient, mais embedded avec l'armée française, ce qui faisaient d'eux des témoins avec oeillères, incapables du moindre "recul".
Ca n'a pas dû s'arranger depuis et Ghesquière le dit d'ailleurs... même si l'émission sur laquelle travaillait H. Ghesquière avait visiblement l'envie de sortir de ce champ de l'urgence.
Je vais paraître cynique, mais le témoignage de Ghesquière est mille fois plus parlant que n'importe lequel, parce qu'il a -hélas pour lui- eu largement le temps d'échanger avec les Afghans pendant sa longue détention... Et c'est vrai qu'un correspondant, qui vit sur place, sera beaucoup plus "éclairant" qu'un "grand reporter" envoyé en catastrophe de la rédaction parisienne, lequel n'aura qu'une connaissance très superficielle de l'information qu'il va "couvrir".(De mon temps, on leur préparait de la doc sur le sujet, qu'ils embarquaient et lisaient pendant leur vol à destination.
C'est bien pire lorsqu'on fait commenter des images envoyées par des agences étrangères (Reuters, Associated Press etc.) par un journaliste parisien qui a traité, 5h plus tôt, un sujet complètement différent pour l'édition de 13H ! (J'ai vu un journaliste devoir faire un commentaire sur la Namibie -libérée- en ne sachant même pas où ça se trouvait).
Merci Hervé Ghesquière d'avoir tenu le coup, et d'avoir le cran de dire vraiment ce qu'il pense sur la façon de faire des reportages "de guerre". Merci pour cette émission passionnante.
Un moment dans cet entretien on nous explique que les commentaires des militaires sont complétement différents si la caméra est allumée ou pas et s'amplifie avec le grade.
C'est un peu la mème chose dans cet entretien avec Hervé Ghesquière, on doit plutòt déchiffrer ses hésitations, ses non dits, son temps de rêflexion avant de répondre quand on touche des thémes délicats.
Etant employé par la télévision publique, cela ne doit pas être facile de critiquer la manière de faire de son employeur pour réaliser les journaux télévisés. Cela peut se comprendre.
Comme souvent on frôle les sujets intéressants, comme la façon de monter les journaux télévisés, la place de l'international dans ces mêmes journaux, le pourquoi et le comment de ce conflit afgan etc... Mais cela peut titiller notre curiosité et nous inciter à chercher des réponses ailleurs.
Car on sait très bien que si on veut être informé, il est inutile de regarder les journaux télévisés.
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Et puis, en plus de mettre en valeur l'interviewé, ça met aussi en valeur l'interviewer. Et dans ce cas-là, on voit qu'il est bon.
De façon plus générale, dès qu'on dépasse 2 invités, ça le fait moins. Je trouve.
Cette émission, à priori va me passionner... Ce soir, là je n'ai vraiment pas le temps hélas...
Par ailleurs, utilisateur de Dailymotion, je dois vous dire qu'il est possible de choisir les images qui illustrent les vidéos !
Ce qui évite les photos avec les yeux fermés, par exemple...