La vérité, on vous ment sur la qualité du 3e film ?
25 millions d'euros de budget, au moins 7 millions d'entrées attendues, dans plus de 1000 salles. Aux Etats-Unis, on appelle ça un blockbuster. En France, c'est La vérité si je mens ! 3, un film qui doit sortir mercredi prochain. Drôle ? Difficile à dire, car le distributeur, Mars Film, a limité les projections de presse en n'invitant que les journalistes susceptibles de dire du bien du film. C'est ce qu'ont expliqué deux journalistes de France Info et France Inter ce vendredi 27 janvier. Un procédé de filtrage qui n'est pas sans rappeler la potion magique des producteurs d'Astérix aux Jeux Olympiques, il y a tout juste quatre ans.
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Derniers commentaires
Si les journalistes voulaient voir le film, ils leur suffisaient d'acheter leur place.
Mais peut être préfèrent-ils voir les films "en initiés" dans une jolie salle réservée pour eux,
où ils pourront comparer leurs avis et se mettre d'accord sur un consensus.
Souvenirs magnifiques d'une émission de radio dont j'ai oublié le nom, où des dialogues homériques et flamboyants avaient lieu entre Jean Louis Bory et Georges Charensol, avec plein d'autres journalistes dont les avis divergeaient, se répondaient, se complétaient. Et si @si essayait de ressusciter le genre avec une quatrième émission, qu'on pourrait appeler "dans les salles" ou "face à l'écran" ou comme il vous plaira?
PS: Bory/Charensol: justement, on en parle là!
Quand on appelle communication ce qui n'est que propagande :
Des journalistes critiques choisies pour voir "La vérité" aux ouvriers choisis "petits" ou au public trié dans des villages vidés de leurs citoyens lors de la visite de sa Nanosité Suprême... Des bidonnages méprisant le peuple d'une émission de bouffons du roi qui se targue d'être un petit journal aux interdictions de distribuer des tracts dans plusieurs communes UMP... Des pseudos consultations avec des cadres supérieurs caporalisés dans l'Education Nationale à la réquisition de 6 chaînes télés pour soumettre le bon peuple au discours de son Maître...
De mois en mois, d'année en année une même logique, une même odeur, de plus en plus suffocante... Celle de la pourriture nauséabonde de l'ordre fascisant...
Un quinquénat qui aura terriblement mis à mal la capacité de révolte...
La démocratie se meurt, mais nous sommes tous les grenouilles dans cette marmite dont la température arrive à ébullition... Est-il déjà trop tard pour sauter et tout faire sauter ?.. N'avons déjà pas trop accepté ?
De plus mettre des encadrés pour dire qu'ils ont pas été invités, et qu'ils n'y sont alors pas allés, et que donc, ils n'ont pas fait leur travail pour lequel ils sont rémunéré via l'achat de leurs papiers est proprement stupéfiant et tout à fait révélateur.
Il est pas étonnant que de plus en plus de gens se disent la même chose, et qu'ils ne veulent pas payer pour ce qu'ils savent être de la bouillie informe. J'en suis bien évidement.
quant à moi ce sont des films qui je ne vais jamais voir les ficelles sont trop grosses.
Tûtafé (et je plussoie à tout le dernier paragraphe de l'article). Mais bien sûr il faut comprendre qu'on parle ici des "critiques" qui croient intéressant de dire leur sentiment personnel sur un film (bon, pas bon, moyen, bof, etc.), en croyant qu'il s'agit là d'une chose précieuse que ces débiles de lecteurs ou auditeurs attendent avec impatience pour savoir s'il faut aller voir le film ou pas.
Ce n'est pas le cas des vrais critiques, les critiques d'analyse, c'est-à-dire de ceux qui s'attachent à mettre en perspective l'œuvre cinématographique, soit par rapport à des œuvres précédentes, ou par rapport à des éléments sociétaux qui y font écho, ou encore tout simplement en décryptant les choix de réalisation qui ne sont pas forcément évidents, mais fort intéressants à connaitre. Bref, la vrai critique c'est de faire du Rafik Djoumi, ou pour d'autres arts que le cinéma du Magic Korkos.
Les "critiques" d'opinion sont eux-mêmes, par définition, des propagandistes. Il est donc normal qu'ils soient manipulés comme tels par les distributeurs. Avec pour conséquence de ternir fortement la qualité de "critique", la vraie, celle de ceux qui font de la critique d'analyse (ce qui devrait être un pléonasme).
Toute similitude dans cette opposition opinion / analyse avec la gabegie du journalisme actuel est loin d'être fortuite.
Pour ma part,ayant vu les gugusses en promo à canal,j'ai fait mon choix.Je n'ai pas de temps à perdre.
Mais pour ce type de blockbuster, une mauvaise critique dans les Inrocks, télérama et sur Radio France ne fera qu'édifier un "public" qui, dans son immense majorité, ne se serait de toute façon pas déplacé pour le voir... la meilleure preuve ? Chaque année, télérama demande à sa rédaction ET à ses lecteurs de classer leurs 15 films préférés de l'année, puis confrontent leurs résultats. Cette année, ça donne ceci :
http://www.telerama.fr/cinema/les-meilleurs-de-films-2011-le-vote-des-lecteurs-et-de-la-redaction-de-telerama,76645.php
Pour la rédaction, "Intouchables" n'est pas classé. Pour les lecteurs, il arrive en... 12e position, ce qui n'est pas si mal, mais on voit bien que là, télérama n'a pas prescrit ce film, et que globalement, le lectorat s'y est fort peu rendu... L'impact sur la fréquentation. Sans doute infinitésimal, et il eût été tout aussi infinitésimal, je pense, si le film avait fait 2 millions d'entrées seulement.
Et puis, au delà de tout ça, on constate depuis longtemps que les films qui doivent trouver leur public le trouvent de toute façon pour peu qu'une adhésion publique s'opère... ce "bouche à oreille" est indécryptable, inexplicable souvent, bonne critique ou non dans Télérama et les Inrocks. Et on pourra toujours gloser des heures sur "Intouchables", rien d'objectif, de démontrable ou de quatifiable n'expliquera jamais que ce film atteigne 20 millions d'entrées (il n'y est pas encore mais comme il va rebondir sur les Césars, une nouvelle petite vague ne manquera pas de l'y amener).
A l'inverse, combien de blockbuster au plan média impressionnant se sont méchamment cabanés ? Et BHL qu'on a vu partout, PARTOUT il y a 3 ans (fameuse affaire Botul) alors qu'il sortait 2 livres... je crois que l'un des deux ne s'est vendu qu'à 3 ou 4000 exemplaires... alors ? Ces producteurs de "La Vérité 3", assurés de toute façon d'un score qui remboursera 3 fois le film en l'occurrence (car une telle "marque", même si le film est médiocre, trouvera malgré tout son public. Cette daube "d'Astérix 3" a fait un score énorme, même si la production attendait 3 ou 4 millions de plus.... que la médiocrité du film leur a ôté), ces producteurs donc sont totalement paranos et le sort peu enviable qu'ils font subir aux mouches sera surement contreproductif : les articles ciné sortant dans les jours qui précèdent une sortie, prendre le risque que les journalistes évincés voient le film en séance normale et sortent un papier d'autant plus vachard 3 jours après la sortie, c'est absolument stupide... et c'est peut-être ce qui se passera. En cherchant à éviter une volée de bois vert qu'ils n'auraient même peut-être pas reçue, il s'assurent de la recevoir tout de même et mettent tout en oeuvre pour se faire une contrepublicité... qu'ils redoutaient. Vive les communiquants et les pubards. En politique comme en cinoche, ce sont vraiment des aigles !
C'est la même chose au théâtre : j'ai vu des pièces "à star" ayant bénéficié de plans médias digne de blockbuster remballer les gaules après 6 semaines d'exploitation, avec un déficit colossal... j'ai aussi, pour ma part, joué 1500 fois (5 années pleines et 2 tournées énormes sold out partout !) une pièce sans star aucune (trrrrès loin de là), sans promo du tout hormis des affiches dans le métro, et qui a affiché complet pendant 3 saisons complètes à Paris, avec un Molière à la clé... pourquoi ? On sait pas... ça a commencé doucement, puis le bouche à oreille a enclenché un mécanisme inexorable qui en a fait sans doute le spectacle parisien le plus rentable des 15 dernières années... et pourtant, au départ, on en a eues des critiques mitigées de ces quelques médias-là... le rigolo c'est que plus tard, ils ont tout de même dû traiter un peu du phénomène (comme c'était tout de même un spectacle de grande qualité) et là, nous fûmes tout à coup parés de vertus nouvelles qui avaient singulièrement échappé à ces journalistes au soir de la générale de presse. Vanitas vanitatum...
Cela dit, ils sont parfaitement dans leur droit de limiter les projections presses. Ceci me paraît plus être un privilège qu'un droit pour les journalistes puisque la production n'a rien à gagner à inviter des journalistes qui auraient descendu (sans doute à juste titre) le film.
L'article est instructif mais il me semble que c'est la conclusion qui touchait au coeur du problème. Un article qui la développerait serait sans doute particulièrement intéressant.
Bref, c'est pas que je veux voir de la conspiration partout, mais c'est le genre de détail qu'@si précise d'habitude.
"Critique, c'est une vaste fumisterie, s'emporte Carrière. On est avant tout des journalistes, l'idée c'est de faire des articles, mais certains journalistes cin? ont ten?ance à l'oublier. Là, aujourd'hui, ils payent l'addition. Aujourd'hui, le journaliste est censé faire son boulot, écrire des articles, faire des reportages. Or, certains confrères ne font plus le leur. Il n'y a que La vérité si je mens 3 qui sort le 1er février ? C'est eux qui focalisent là-dessus".
C'est vrai, ça, il y a d'autres films. Il en est un qui est sorti il y a peu et qui s'appelle "Les Nouveaux chiens de garde". Tous les journalistes qui voulaient le voir en avant-première pouvaient le voir. Même que lors des avant-premières à Paris j'ai reconnu parmi les people une certaine Maja Nescovic et un certain Frédéric Lordon (bon, c'est vrai que ce dernier joue dans le film).
Au contraire de "La vérité si je mens", les critiques vraiment critiques étaient les bienvenus. Non seulement bienvenus, mais leur présence était vivement souhaitée. Et pour cause, la meilleure publicité du film, c'est l'ineffable Laurent Joffrin (aussi sévèrement burné que son successeur à Libé) qui l'a faite.
En revanche, comme le souligne l'article, je ne comprends pas pourquoi, dans ce cas, les journalistes ne vont pas voir les films par leurs propres moyens? Quid de l'information des lecteurs? Je sais bien qu'une place coute cher, mais ceux qui se font le plus pigeonner dans l'histoire, c'est nous...