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Le 13 novembre, le souvenir et le ressentiment

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Il y a un monument de ce type à Dien Bien Phu, avec les noms des soldats vietnamiens. Quand nous y étions, il y avait tout près une foire commerciale, qui servait de fond sonore à notre lecture émue, et la jeune vietnamienne qui m'accompagnait était outrée et bouleversée de ce voisinage sacrilège.
Il y avait aussi, ailleurs, un autre monument, héroïque, drapeaux et bras tendus, mais dont la base était rongée de corrosion. Parce que, semble-t-il, certains corrompus avaient rabioté sur la composition du bronze.
Avec la nouvelle de Vu Bao, "Le héros qui pissait dans son froc", cela fait une jolie trilogie.
On peut rajouter "Le chagrin de la guerre" de Bao Ninh.
Et si on remplaçait un jour férié "religieux" par le 13 novembre... laïque ?
Point n'est besoin d'entreprendre pour persévérer, ni d'espérer pour réussir quand on est mal réveillé.
Et le mur pourrait être inauguré en présence des représentants de l'Arabie saoudite, de la Turquie et du Qatar. Une bien belle cérémonie.
Je ne sais plus qui a dit "laissez les morts enterrer leurs morts". Sans doute un proverbe chinois.

Ceci pour dire que c'est bien gentil de faire des listes des décédés, mais il serait également judicieux de bien orthographier celui des vivants.

En effet, Nathalie Dessay s'écrit Natalie ( sans H ), une coquetterie d'artiste sans doute mais c'est son choix.

( référence au Vite-dit sur Barbara aux Invalides ).

PS: je laisse aux mozartiens du forum le soin de référencer ses interprétations de la messe en Ut, parmi d'autres choses.
Il y a un bel hommage rendu aux victimes, un hommage à la Apollinaire celui de l'AFP.

Devant les murs porteurs de noms, il est vrai que mon premier et égocentrique réflexe est de rechercher mon patronyme bien qu'une fois trouvé, qu'en faire après. Il se peut que ce soit un aïeux mais les prénoms ne suffisent pas, il faudrait aussi savoir d'où ils venaient.

Dans les petits villages ou hameaux de France, ce qui m'arrête toujours, c'est de voir le même nom de famille accolé à deux ou trois prénoms différents. Je pense à ces parents qui un jour virent arriver au loin la bicyclette du facteur, et lui marchant d'un pas lourd à côté pour retarder le moment. Et revenir une autre fois, et encore souvent.

De même à Ploubazlanec, le "Mur des Disparus", des "péris en mer". Je relis chaque fois tous les noms de ces "Pêcheurs d'Islande", frères de ceux dont Pierre Loti nous a fait vivre le terrible sort.

Le long de la piste cyclable de Cronenbourg, il y a une nécropole nationale avec des tombes en croix, en étoile et en croissant. Des petits jeunes, pour la plupart venus d'ailleurs, auquel je pense chaque fois un instant en passant. D'autres se sont arrêtés plus longtemps qui ont profané des tombes juives et musulmanes en 2004. Profaner des tombes!!!! Daesh n'a pas le monopole de l'horreur, lui qui profane les monuments légués par ceux qui nous ont précédés.

Alain Korkos qui nous a entretenu des urinoirs veut en éliminer pour y installer un monument avec les noms des victimes inscrits. Oui peut-être. Bien que lorsque je suis piéton à Paris, je peste souvent contre la raréfaction des "lieux d'aisance". La vie continue aussi. Il doit être possible de concilier l'existence des deux.

Dans certaines villes d'Allemagne, il a parfois des pavés de bronze sur les trottoirs portant le nom des habitants Juifs disparus lors de la Shoah devant les maisons ou les immeubles qu'ils habitaient. J'ai beau faire et refaire le même chemin souvent, je lis ces noms et suis un peu mal à l'aise de voir les autres piétons aller sans "ressentiment".
Putain, je suis mal !
Je viens d'écouter Hey Hey My My (rock and roll can never die) de Neil Young, et d'un seul coup je me suis senti pousser des oreilles de cochon... mes pieds se sont transformés en sabots... Et horreur ! Voilà que ma queue tire-bouchonne !
Groooiiin ! Groooiiiin ! Grouik ! Grouik !
Je me demande si le bataclan servira à nouveau de salle de spectacle.
Autant je peux évoquer mes souvenirs d'un concert au bataclan, autant je rejette l'idée d'y retourner un jour. Un survivant interviewé à la radio a dit qu'il voudrait que ça ferme définitivement (pas tel quel mais c'est l'idée). Il y a des fantômes qu'on peut apprivoiser dans un théâtre, mais pas ceux-là.
The show must go on, sous-entendu on fait tout pour que le public ne s'aperçoive de rien, ou oublie tout le plus vite possible. Aucun souhait de cet ordre dans ce cas.
Et symboliquement un peu de place perdue dans Paris nous soulagera un peu de la pression immobilière, et garder le bâtiment nous soulagerait de la non-perennité des lieux chargés d'histoire provoqué par le tourbillon d'hyperactivité des élus de la mairie de Paris (à l'égale de tous les maires, juste pressés de mettre des gabions partout (des cailloux anonymes derrière un grillage prison, c'est nous?).
Pour dire qu'au lieu d'occuper le trottoir d'en face, ce mur des nom devrait être dans le bataclan, un jour. #portes ouvertes, bien sûr. Avec un code?

Emporté par le style d'écriture, de pensée, de Jankélévitch, Alain Korkos a oublié de mettre le lien d'une chronique précédente:
http://www.arretsurimages.net/chroniques/2014-03-08/Breivik-blessure-de-la-memoire-id6598
Et pendant ce temps-là, de sympathiques artistes piratent les panneaux Decaux de la capitale : http://tempsreel.nouvelobs.com/galeries-photos/planete/cop21/20151129.OBS0346/de-fausses-publicites-dans-paris-pour-epingler-les-sponsors-de-la-cop-21.html
Une stèle de ce genre existe en Isère ;" le 5-7" - plus de 140 morts, en 1970
Ce n'est pas vrai qu'un mort
Soit comme un vague empire
Plein d'ordres et de bruit,

Qu'il nous envie
Quand nous mangeons.

Ce n'est pas vrai qu'un mort

Soit du sang ou du lait la nuit plus haut que nous.

Ce n'est pas lui qui rit dans l'arbre et dans le vent
Si l'on pleure au village.

Ce n'est pas lui non plus
Qui fait tomber les bols quand on tourne le dos
Ou la suie sur le feu.

Ce n'est jamais un mort
Qui nous prend à partie dans les yeux des chevreaux.

Il ne faut pas mentir,
Rien n'est si mort qu'un mort.

Mais c'est vrai que des morts
Font sur terre un silence
Plus fort que le sommeil.

Edouard Glissant
J'ose pas imaginer le temps que ça a dû lui prendre et l'attention que ça a dû lui demander, à l'homme, pour répertorier et nommer tous ces animaux, sans faire de doublons.
Sans compter les problèmes qu'il a dû rencontrer avec certaines espèces. L'âne qui, par esprit de contradiction, refuse qu'on l'appelle "âne"... La linotte qui pointe son bec pour la énième fois, parce qu'elle a déjà oublié qu'elle s'est présentée la veille... Le tigre qui déboule toutes griffes dehors, pour soigner sa réputation de mangeurs d'hommes... La chouette qui le tire du pieu à 4 heures du mat', parce que le jour, elle ronfle... L'ornithorynque, contrarié, qui revient à la charge, parce que déjà que c'est pas simple d'être à la fois mammifère, ovipare et avoir un bec de canard... c'était pas utile d'en rajouter avec ce nom à la con...
Man gave names...
@ alain-b et @ cécile clozel :

Je découvre, avec vos liens, une histoire qui m'était inconnue et une cérémonie inconnue aussi.
Les forums sont résolument une des grandes richesses de ce site !
et puis la litanie des morts de la rue, qui souvent n'ont même pas de nom.
Liste de noms qu'il m'arrive régulièrement de consulter https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/6e/M%C3%A9morial_de_l'incendie_du_5-7.JPG/800px-M%C3%A9morial_de_l'incendie_du_5-7.JPG
Remember https://www.youtube.com/watch?v=9ww-jDpk26c
Terrible sentiment à votre lecture que les morts n'ont pas tous la même valeur. Vous faites référence à la shoah, qui nous vient bien sûr tous en tête, j'aurais aimé que vous parliez aussi des palestiniens morts sous les bombes israéliennes (des associations ont fait ce travail de mémoire, l'auriez vous oublié ?), et quelques mots encore pour tous les morts sous les bombes françaises.

Je sais que c'est un sujet brûlant qui part toujours en vrille dans les forums, mais je ne vois aucune raison de m'abstenir de dire ce que j'ai … ressenti. (le ressenti ment ?)
La question de la commémoration, des monuments, du pardon et de l'oubli. Question sur laquelle j'ai déjà "débattu" avec Korkos et d'autres sur les forums d'@si.
Je ne vais pas relancer le débat, ce serait stérile.
Juste envie de reprendre la citation qui clôt la chronique ( fort inspirée) du jour.

Oui, le temps émousse toutes choses.
Oui, le temps travaille à l'usure du chagrin comme il travaille à l'érosion des montagnes.
Oui, le temps favorise le pardon et l'oubli.
Oui, le temps console.
Oui le temps liquide et cicatrice.

... c'est pour ça que moi, j'aimerais ériger un monument qui rende hommage au temps. " J'aime " le temps pour tout cela.

Je précise : je ne prétends pas avoir raison, et je n'empêche personne de faire des monuments et de s'y rendre en cérémonie.
Une idée de stèle mémoriale partagée, à lire et écouter ici :
http://www.franceinter.fr/depeche-bientot-une-statue-pour-les-victimes-du-13-novembre

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