Le "Chercheur engagé" n'est pas un "pitre multimédia"
Un discours économique combattant la théorie libérale peut-il, et doit-il, trouver sa place dans les médias dominants ? C'est le thème du débat qui se construit entre l'économiste "critique" Frédéric Lordon et le journaliste de Libération Nicolas Cori. Après notre émission d'été où Maja Neskovic avait convié Lordon, Cori a répondu à l'économiste, sur son blog et sur notre site. Il l'invitait à abandonner ses préventions contre les grands médias et à entrer de plain-pied dans la sphère médiatique, en répondant aux invitations qui lui sont lancées depuis le début de la crise financière.
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Je ne vous cacherais pas que j'ai déjà quelques sujet en tête ,
-je pense au peu de cas qu'il est fait des initiatives autour du développement d'équipement pour moteur afin de leurs adjoindre un système dit "Pantone" , non, pas le référentiel colorimétrique ^^
-je pense à l'analyse parfois très critique de certain scientifiques au sujet du laser de bordeaux aussi bien qu'au sujet du futur tore à fusion
-je pense à l'étude longtemps avortée autour de l'exploitation des technologie attrayant à la magnétohydrodynamique
-je pense au traitement réservé à l'analyse de la présence des forces francaise dans certain pays qui, coïncidence, se rapproche d'interet d'exploitation commerciale et/ou industriel à outrance et en dépit de tout cadre de sauvegarde des population et de leurs environnement
-je pense à l'analyse de la coércition grandissante autour du PAF
-je pense que j'en oublie encore des tonnes de vertes ou de plus ou moins blêttes.^^
.... tant de sujet savament passer sous silence et dont une analyse clarifié révèlent bien des choses en amont
Il a raison, ce n'est pas parce qu'il a réussi à me faire comprendre, à moi , les rouages pernicieux et mortifères de la "FINANCE" que je dois attendre, mon cul sur le canapé, qu'il aille prêché la bonne paroles à tous et toutes, par tous les chemins audiovisuels...Après tout, si c'est le boulot des journalistes, c'est aussi à chacun de nous de parler à nos potes, nos collègues, nos conjoints, nos maitresses et nos amants pour leur faire découvrir les idées du môsieur, s'en emparer, les discuter...ok, c'est une goutte d'eau dans la mer, mais qui n'essaye rien n'a rien.
Allez zou, pour la peine, j'm'en va lire son dernier bouquin et me faire des petites fiches de traduction en langage vulgaire...
Juste au passage, il est bon aussi d'aller voir ici chez Daniel MERMET avec LORDON justement.
http://www.la-bas.org/recherche.php3?recherche=lordon
A plus et bonne découvertes.
JD
l'Equipe
gueulante.fr & battresarkozy.fr
Si on s'en tient au titre, comme moi (parce que Lordon pour moi, c''est Matrix. Et Matrix je l'ai jamais vu, impossible, même dans des conditions optimales, genre le dvd est en lecture dans ma téloche, je regarde plutôt la libellule sur ressort qui a des pattes rayées à cinquante centimètres au dessus de l'écran, mes doigts de pieds ou mes chaussettes , bien aussi, dans l'axe du téléviseur sur le pouf en plus, ou je rêvasse).
Je reprends, car la parenthèse va vous faire manquer de souffle, si on s'en tient au titre, un chercheur qui passe dans les médias est un pitre aux yeux de ses congénères. Axel? Ouh? ouh?
Mais ça on ne peut pas le jurer. Ça dépend.
Et puis l'important, c'est pas pitreries ou éclaircissements réussis, voyons.
Lordon se place au centre de la question: il se gourre. Je suis persuadée que c'est plutôt moi, :-) le centre de la question (bah quoi..).
Est-ce que c'est important que quelqu'un vienne me mettre ou remettre les idées en place, à moi, téléspectatrice basique et ignare en économie? Si les énoncés de Sylvestre et autres talentueux élocuteurs de choc, même pas chercheurs, sont là pour endormir les victimes de l'économie, les rendre consentantes et que personne ne daigne apporter la contradiction, il y a quand même péril en la demeure. Si de toute façon, ils blablatent uniquement pour rassurer et pour que le boursicoteur ne s'enflamme pas, tel des pronostiqueurs de tiercé toujours un peu en décalage pour ne pas influer bêtement sur la cote et donc le rendement, les gains des joueurs, quelle importance?
Sachant que je suis inapte à faire la part des choses, les chercheurs en économie n'ont qu'à juger de l'importance de la connaissance de leurs idées ou pas par le commun des mortels (pour leur tiercé ou pour leur résignation bénéfique), et donc de la nécessité de se faire entendre, avec des méthodes de média, ou pas. Inutile de compliquer en nous prenant à partie et en incriminant les méthodes de média, pas parfaites mais jamais anodines.
Constats et cetera, aux armes et cetera...
Les raisonnements rhétoriques sur la sociologie de la critique des médias poussent instinctivement à une certaine verticalité à l'égard de Lordon. Les constats admirables de rigueur linguistiques et de corrélation semblent être les prémices d'une nouvelle alternative au système, d'un espoir. Cependant, tout au long de la discussion entre Lordon, DS et Cori, se dégagea une interrogation principale : quelles alternatives ou éléments (sérieux) alternatifs proposeraient Lordon face au "seuil" ou "mode de présence" médiatique qu'il ne voudrait pas franchir?
Dans le fond, à cette attente, à cette espoir, la réponse ne fut que désillusions bien amères, comme d'habitude. En effet, l'Humble économiste s'engouffre déjà dans une fausse modestie exaspérante de stupeur "je ne suis qu'économiste pas sociologue."Dans le fait, L. est bien sociologue dans sa critique des médias mais n'est qu'un pouilleux d'économiste misérable dans notre demande d'alternative à., de solution.
Les faits, toujours les faits, rien que les faits
(je vais finir par en tomber amoureux)
proposition, citation : "...ce sont des doxosophes [5] de gauche (je veux dire vraiment de gauche), c'est-à-dire des gens qui n'appartenant pas eux-mêmes au monde des producteurs intellectuels directs en seraient cependant suffisamment proches pour connaître les travaux qui s'y élaborent, les adapter et les faire connaître, éventuellement avec les réductions et les approximations assumées que suppose le passage par les médias, mais non sans efficacité. " Il faut la relire cette citation tant elle est admirable, cette fois, d'humour. Il faut procéder à un arrêt sur le texte : En somme,
1) doxosophe vraiment de gauche,
2)pas dedans la prod intello mais "suffisamment" proche;(à quels degrés, unité de mesure à proposer?);
3)puis y fo les traduire à/pour la populace à travers la TV, et ce "éventuellement car elle accouche d'approximations monstrueuses.
4)mais non sans efficacité.
La marge est décidément très mince, leur nombre s'amoindrit au fur et à mesure de la construction du paragraphe, c'est le moins qu'on le puisse dire! Apprécions l'emploi des deux adverbes soulignés qui relativisent beaucoup trop l'idée et ainsi en provoquent l'extraction de sa substance. Lordon n'est donc, sur ce point, vraiment pas un prophète mais se comporte plutôt comme une voyante de quartier.
Bon courage aux doxosophes vraiment de gauche, vraiment.
PS "Je veux qu'on arrête de me prendre pour un bébé" AF, dit le bien-aimé.
Il est 17h 25 à ma montre. Je décrète à mon tour une pause dans les débats et autres ébats !
PS : pour celles et ceux qui ne connaitraient pas la version originale d'Arthur Smith, la voici. Pour Tommy taper 1, pour Arthur taper 2 !
Conférence (pédagogique) de Lordon sur les mécanismes de la finance et les propositions faites pour contrer ces mécanismes (chapitre 1 et chapitre 2 et enfin réponses au public)
Conférence sur le bien-fondé de la valeur économique - "ce sont les investissements du désir qui sont instituteurs de la valeur(...) il n'y a pas de valeur objective, il n'y a que des processus de valorisation" (c'est ici - l'introduction est un peu poussive, ça commence vraiment vers la 2e minute, puis ça s'accélère)
Le tout désespérément irrésumable au JT de France 2 - pire, ce sont déjà des résumés en eux-même...
S'il voulait vraiment, avec son charisme médiatique, il pourrait subjuguer les médias ( via l'adhésion d'une partie de la population ) en quelques phrases pendant différentes "tranches de salami" au cours de J.T.s ou de faux débats.
Ensuite, lorsque de grands directeurs de rédaction viendraient le supplier à genoux, il pourrait exiger un format lui convenant.
Mais il ne veut pas.
Il faudrait qu'il explique le (probable) traumatisme lui faisant déclarer son appréhension de se transformer sans s'en rendre compte en suppôt du grand Kapital...
Moi, j'ose être vulgaire :
http://www.youtube.com/watch?v=1U71XZaxR_U
1/ on ne voit pas les nouveaus messages publiés entre 2 passages sur le forum. Du coup, ecrire une réponse sur un message qui a déjà plus de 6 autres à la suite ne sert a rien, personne ne le voit.
2/ Le système du répondre est telement mal fait qu'1 fois sur 2, mon message se retrouve a pétaouchenoque, tres tres loin d'ou j'espèrais qu'il soit publié. Il semblerait que quelqu'un ai écrit un script pour améliorer ca. Pourquoi ASI n'intègre pas le script ?????
Par comparaison, le forum de Mediapart est bien plus agréable.
P.S: Que pense Lordon de ce que Cori a dit du fait que la politique de droite était aussi responsable dde la crise économique?
pardon
"aux observateurs les plus lisblement incompréhensibles, sont renvoyées à l’inexistence pure et simple."
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Celle-ci ne fait pas exception à la règle,
J'avais songé un instant à prendre 15 jours de vacances pour lire, puis répondre...
Je vais abréger : tant de mot pour signifier si peu, c'est assez nul !
Et j'ai vraiment mieux à faire, désolé que ces stupéfiants économistes ne prennent à aucun moment la peine d'expliquer les raisons profondes de cette crise et se gardent bien de prophétiser comment elle va se terminer tout en se vantant d'avoir prévu qu'elle allait arriver (entre-nous soit dit ils n'étaient pas les seuls à la voir venir !)
Des chercheurs on en trouve, des trouveurs on en cherche ! (Charles de Gaulle, au CNRS)
***
Les bons chercheurs ne passent pas à la TV, fut-ce à Arrêt sur Images.
C'est bien le problème de l'argumentation de Lordon, qui ne se compromettrait pas en faisant
une émission ASI - format et tout ça, mais faire une comm' de 10mn dans un congrès et écrire un bouquin, ça n'est pas non plus la même chose - mais qui le ferait en passant à la radio.
Par essence, un bon chercheur est un inconnu - ou alors reconnu tardivement hors de son milieu, 20 ou 30 ans après ses travaux importants.
Les exceptions donnent des quiproquo burlesques, comme lorsque les bouquins de Foucault
s'arrachaient. Pourquoi un article de sociologie ou d'économie serait-il plus lisible qu'un
de biologie moléculaire ou de physique des particules ? Ce sont des savoirs spécialisés qui sont écrits
pour des audiences précises.
Contrairement à ce que Lordon affirme, il est avant tout un vulgarisateur, auprès de "convaincus" situés à la gauche de l'échiquier politique,
élites scolaires qui trouve en ses idées de quoi légitimer leur révolte face à la dévaluation de leurs capitaux scolaires et sociaux
- moi aussi, je peux faire mon petit Bourdieu automatique. Et un vulgarisateur se juge à l'aune des déplacements qu'il produit, des audiences qu'il
informe, des idées qu'il traduit et trahit. Comme je n'ai aucun instrument de mesure, je ne jugerai pas de son efficace dans ce rôle.
Mais il ne représente en rien ce qu'est un chercheur, et si vous voulez lire des chercheurs,
vous devrez aller en bibliothèque, bénéficier d'abonnements à des revues spécialisées,
et vous verrez les questions qu'il posent, les concepts qu'ils modèlent, les dispositifs qu'ils bâtissent,
en prenant toujours le risque d'explorer ce qu'ils ne connaissent pas encore,
alors que Lordon ne fait que répéter une vulgate produite et reproduite par le CSE depuis vingt ans
- ce qui ne signifie pas pour autant qu'elle est fausse ou manque d'à-propos.
De Gaulle parlait un excellent français.
[quote=Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Des chercheurs qui trouvent, on en cherche.]
est la citation exacte.
On lui reproche aussi de ne pas s'exprimer sur le fond, comme s'il ne pouvait le faire parce qu'en vérité, les compétences lui feraient défaut.
Absurde : il est venu en temps que témoin intéressé au traitement de la crise financière, pas en tant qu'économiste venu faire un cours sur les causes structurelles de la crise ou les remèdes pour en sortir. Je rappelle d'ailleurs à tous ceux qui espéraient en savoir davantage sur le sujet que ses ouvrages sont disponibles dans toutes les bonnes librairies, sans parler des écrits ou interventions trouvables, gratuitenent, en ligne sur le net. Voilà un chercheur qui diffuse sa pensée (même partiellement) gratuitement, ce qui est plutôt rare, dans ce pays.
Si d'un autre côté, il jargonnait davantage et maniait, dans les médias où il accepte de s'exprimer, des idées et des concepts abstraits, avec la patience, la longueur de temps que cela implique, la technicité du vocabulaire, nécessairement inaccessible au plus grand nombre (parce que pour exprimer des idées très pointues il faut souvent avoir recours à des mots qui n'appartiennent pas au langage courant, voire qui n'appartiennent qu'au langage de la matière étudiée) on le lui reprocherait tout autant : "ah ces intellos qui se prennent pour chais pas qui et qu'on comprend pas quand ils parlent hein, ils nous font vraiment passer pour des manchots", avec tout le discours criminalisant les sciences et le savoir en général, qui s'en suit.
Surtout, ayez l'air le plus con possible, ça vexe moins.
Bref, je ne vois pas où vont ces critiques : si vous le trouvez élitiste, c'est que vous avez un problème (jalousie peut-être ? hein ?) parce que vous avez face à vous un homme qui aime manifestement son travail, le partager, et le transmettre, et ce de la manière la plus intelligible possible ; si vous le trouvez vulgaire, prenez la peine de le lire attentivement, et après on en rediscute. Sinon, nous ne ferions là que la même chose que Debray, qui parle du Net sans jamais s'en servir, ou que Finkielkraut, qui taille ligne jaune sans l'avoir regardée. Quel fut le sort réservé à ces deux personnages ? Pour le second le lynchage. Alors à nos bourses et rendez vous après quelques heures de lecture effrenée.
L’addiction médiatique est en effet irrémédiable pour tout individu qui s’imaginerait à lui seul garder son intégrité dans la fréquentation régulière de la chaîne d’intermédiaires qui impose son format, ses habitudes, ses petits riens qui finissent par transformer imperceptiblement son homme. L’analyse structuraliste parait sur ce point implacable.
Peut-être n’y a t-il effectivement pour M.Lordon que l’écrit où les rares émissions comme celles d’@si pour pouvoir discuter et faire réfléchir des personnes qui y sont déjà disposées pour une bonne part. Pour les autres, il n’y aurait donc que les « doxosophes » ?
L’image médiatique est malheureusement, par-delà l’apparente diversité des médias, aliénée dans le sacro-saint spectacle, que Debord avait fait remarquer, inspiré de Feuerbach. L’illusion prendrait fin lorsque « la foule atomisée soumise aux manipulations », instruite par la critique du spectacle, se libérera. Mais que peut-on bien faire si la foule elle-même est heureuse dans sa propre aliénation ?
ça, c'est du costaud...
Après avoir renoncé (sagement) à courir au dictionnaire tous les trois mots, quand on suit le fil de l'argumentaire, c'est plutôt passionnant.
et, en plus, une fort pertinente analyse du jeu des médias vu par le prisme économie politique.
Il y a bien plusieurs niveaux à ce jeu : celui de Nicolas Cori, intelligent et instruit,bien à sa place de médiateur. Mais aussi coincé par ses bailleurs - le système - et réduit à quelques coups parfois efficaces (le scoop...).
Et il y a le niveau du chercheur, celui qui pense, qui innove et produit les idées de - peut-être - demain. Et qui ne peut, faute de temps, être son propre diffuseur.
et les médias, alors ? Eh bien, quand ça ne ronronne pas, quand ça dérange : à la trappe ! y a du fait-divers à la une, pour le temps de cerveau disponible...
Préambule, je n'ai pas encore regardé l'émission avec Lordon, je n'ai lu que le post de Cori et celui-ci en réponse de Lordon, que je ne connaissais pas et dont j'imagine que les positions économiques ne m'indisposeront pas. Ce n'est donc pas par désaccord idéologique, mais par rapport aux arguments qu'il avance pour ne pas participer dans les grands médias que je réagis encore ici.
« La question de la participation cependant mérite mieux que l'antinomie de la trahison et de la désertion, pourvu qu'on y entre avec quelques critères et un peu d'analyse - dont, par parenthèses, il faudrait aller chercher l'essentiel ailleurs qu'ici, auprès de véritables spécialistes de la sociologie critique des médias. » (en gras par moi)
C’est y pas beau comme argument d’autorité, ça ?
Attendez les gars, vous n’allez pas réfléchir avec des outils pour pécore, alors que vous avez le spécialiste, voilà comment cela sonne à mes oreilles ce passage.
« Sauf à leur prêter une épaisse bêtise, il devrait être possible de les créditer d'avoir conscience de tout ce à quoi ils renoncent en faisant le choix de la participation rare, et notamment d'abandonner le terrain à tous les "experts" formellement et idéologiquement ajustés. »
Mais oui, quoi, on ne peut décemment critiquer un expert, il sait pourquoi lui, il n’y va pas. C’est un crime de lèse-majesté que de pouvoir imaginer le contraire, et qui êtes-vous, vous, journalistes, forumeurs pour pouvoir ainsi imaginer qu’il puisse avoir une si épaisse bêtise, hein. Voilà comment je réceptionne ce passage, soit, pas mieux qu'avant.
« il est difficile de ne pas avoir a minima conscience de se trouver collaborer objectivement aux stratégies de la duplicité des médias dominants - en clair fournir des alibis de pluralisme à une machine dont tous les fonctionnements œuvrent en fait à la reconduction du même. Bilan: un supplément de (fausse) légitimité démocratique pour des organes qui se seront employés à minoriser les idées généreusement "accueillies" et à en faire des propos de passage sans conséquence. »
Que les médias eux réduisent la diversité et l’altérité à des grains de poussière, c’est un fait, mais que cette poussière ne puisse tomber dans l’œil d’un téléspectateur, c’est une pétition de principe que rien ne permet d’étayer. C’est là, ce que je vous reproche Monsieur Lordon.
« la question en fait est celle de l'utilité nette - nette des coûts. »
Il faudrait encore que vous puissiez mesurer l’impact, ce que vous ne pouvez faire, car, vous n’avez pas plus que moi tous les éléments. Sur un million de téléspectateur d’un JT, si une centaine de personnes captent la différence, ce qui est pour eux une idée novatrice, c’est bien faible dans l’absolu, mais relativement à la diffusion des mêmes idées par des revues spécialisées qui par définition s’adressent à des convertis, la question se pose légitimement du gain net et pas nécessairement avec le même a priori que vous concernant la réponse.
« Pour un outsider "critique" l'un de ces critères tient à la question de savoir ce que les conditions de prise de parole font à sa parole. »
Sa parole en tant que la sienne ou en tant que le savoir qu’elle véhicule ?
« celle-ci court tous les risques, de la normalisation à la décrépitude. »
Tiens, amusant de voir que la parole minoritaire craint la normalisation tout en déplorant son statut de minoritaire. Ah, vous expliquez après qu’il s’agit de la normalisation au dogme du dominant, prenant pour pétition de principe que l’inverse n’est pas envisageable. Pourquoi pas, mais qui reste a priori.
« Le peu d'originalité et de liberté dont on disposait avant d'y entrer »
A quoi serve l'originalité et la liberté si ce n'est pour les risquer en entrant dans la partie, justement.
« s'interdire de mettre en cause les logiques de l'univers lui-même; il ferait beau voir qu'invité des médias on se mette à critiquer les médias... »
Comme pour un chercheur de remettre en cause les logiques gouvernant sa discipline...
« Les incitations de l'intérêt individuel se joignent aux pressions sociales d'un groupe qui, comme tout groupe, socialise les nouveaux entrants selon ses normes propres, avec d'ailleurs l'active complicité de l'impétrant puisque, et ce pourrait être une proposition d'une théorie sommaire de la socialisation, on n'entre jamais dans un groupe avec le propos délibéré de s'y faire détester, sachant que pour s'y faire aimer il suffit de se conformer à ses mœurs. Nul besoin de calcul stratégique pour ce faire, les ajustements affectifs de la quête d'intégration et de reconnaissance se font d'eux-mêmes; aussi, sans même s'en rendre compte, les nouveaux entrants s'adaptent-ils à toute une série d'injonctions infinitésimales, d'ailleurs jamais énoncées comme telles par personne, et rectifient-ils insensiblement leur comportement pour se conformer complètement aux normes locales de la bienséance, des choses à dire et à ne pas dire, du ton sur lequel on les dit, des mises en question possibles et de celles qui ne le sont pas, du degré admissible d'intercritique au sein du groupe, etc. »
Comme dans tout département de recherche pour poursuivre sur mon analogie. Rien donc de spécifique aux médias, ce que vous ne rappelez pas à ce stade. Mais plus surprenant, il n’y a rien là que vous ne faites déjà vous-même au quotidien dans votre activité de recherche, alors pourquoi cela serait-il un obstacle pour participer aux médias et pas à votre science ?
« Le pire tient sans doute au fait que ces micro-ajustements sont insensibles au sujet lui-même qui, à chaque instant peut certifier "être resté le même" et n'avoir ni varié ni concédé. C'est que les variations et les concessions demandent à être observées sur le moyen et le long terme - mais alors, mazette, quels écarts! »
Encore le même risque, inhérent à tout domaine, y compris la recherche, c’est pourquoi je repose la même question, pourquoi est-ce un obstacle pour participer aux médias et pas à la recherche ? Puisque vous n’en faites pas mention, je suppose que cela n’en est pas un...
« souligner la force des situations, incomparablement plus puissantes que les individus et qui ne laissent à ces derniers pour seule liberté que l'alternative de ne pas y mettre le doigt ou bien de finir entièrement happés. »
Faut-il comprendre que par rapport à votre propre lieu de pouvoir, vous-même avez été happé ? Vous avez l'air de le vivre bien, je me trompe ?
« immanquablement l'outsider critique qui, entrant avec le ferme projet de faire entendre "un autre son de cloche" finira par faire ding-ding comme tous les autres autour de lui. »
Tiens, je croyais naïvement que vous faisiez résonner un autre son de cloche, y compris au sein de votre sphère de compétence.
« Là où l'expert modal peut se contenter de parler par demi-phrases et de convoquer tout ce fonds d'"évidences" par la mobilisation d'un simple mot, l'outsider hétérodoxe doit entreprendre de construire de zéro des arguments qui ont contre eux tout un sens commun médiatique et ceci sans la moindre chance ou presque de pouvoir aller au bout et de ne pas être interrompu »
C’est valable dans tout domaine, une fois encore, faire entendre une parole atypique présuppose de partir de loin, d’exposer tout ce qui n’est pas encore implicite. Cela ne vous empêche pas de faire de la recherche, que je sache, pourtant les mêmes mécanismes sont à l’œuvre, toute proportion gardée, et les effets n’en sont pas moins grands et importants, alors... vous connaissez la question maintenant.
« Il n'y a sans doute pas plus grand risque pour un intellectuel que l'habitude de la facilité intellectuelle - où le pousse irrésistiblement l'exercice médiatique. Car d'"entorse" en "licence", d'"écart" en "tolérance", toujours ponctuels ça va sans dire, c'est tout un habitus, celui de l'exigence analytique, du raisonnement bien articulé, qui progressivement et silencieusement part en lambeaux. La fréquence des sollicitations, ne laissant plus le temps de travailler, condamne alors au recyclage des mêmes questions et des mêmes réponses, vite glanées... dans la presse, seul fournisseur d'informations dans la temporalité... qui lui soit adéquate, là où le travail intellectuel vise d'abord au renouvellement de sa pensée et aussi (surtout) à la formulation d'autres questions que celles que les médias s'obstinent à mettre à leur agenda, en général toutes plus mal bâties les unes que les autres. »
Bah, ici le seul risque est d’y aller pour dire quelque chose qu’on n’a pas à dire, justement, mais ce risque est facilement contournable, un simple refus. Les scientifiques sont aussi sollicités par leur direction, leur chef du département, pour publier à tort et à travers et ceux qui jouent à ce jeu perdent également. C’est pourquoi je ne vois pas de risque particulier, savoir résister à cette pression fait parti de l’arsenal d’un chercheur, n’est-ce pas ? Alors pourquoi ne saurait-il pas y résister dès lors qu’elle provient d’une autre sphère ?
« Mais la question en fait est tout autre: elle est de savoir où on est le plus utile et à quoi faire. Un chercheur est-il plus utile à prendre le temps de ses recherches, à cultiver autant que possible les exigences qui lui sont propres, ou bien à faire le pitre multimédia avec la quasi-certitude de s'y abîmer irréversiblement - il suffit de voir l'état intellectuel pitoyable de bon nombre de ceux qui s'y sont risqués. »
La preuve par l’exemple* n’en est pas une, heureusement. De plus, vous répondez déjà par la négative dans votre alternative, l’alternative étant obligatoirement s’y abîmer, pas sérieux comme argument Monsieur Lordon.
« la division du travail. Il n'est pas au pouvoir d'un seul individu d'intégrer en lui seul tous les maillons de la chaîne de production d'idées, depuis l'élaboration la plus théorique-scientifique jusqu'à l'action politique de propagande en passant par tous les intermédiaires médiatiques. »
C’est encore une pétition de principe, heureusement, elle a été invalidé par d’autres depuis des lustres, de Sartre à Foucault (*il faut plus que la répétition pour valider un principe, mais un seul cas suffit à l’invalider).
« pour ce qui me concerne, mon pouvoir, à supposer que j'en ai le moindre, est très très petit et qu'au surplus il risque de s'autodétruire dans l'abus de son emploi médiatique. »
Il faut savoir, il faut choisir, votre pouvoir, soit il est très grand et vous risquez beaucoup à le dégrader, soit, il est très petit, dans ce cas, que n’avez-vous à perdre à la sacrifier ?
« La vérité c'est que la destruction du capitalisme financier est une entreprise collective et que chacun y prend sa part à sa place! Par un argument ricardien que les économistes connaissent bien, chacun devrait être là où son avantage comparatif est le plus grand: les chercheurs à la production d'idées, d'autres à leur adaptation et à leur diffusion. Me prêtant des capacités que je n'ai pas »
Que vous ne voulez pas endosser, nuance. Pour le reste, c’est de l’argument d’autorité à base de référence économique. Mais, ce n’est pas parce que la division du travail a prouvé son efficacité que vous ne pouvez, vous-même diviser votre temps, d’ailleurs vous le faites déjà, au sein de vos activités professionnels, si vous avez des étudiants, alors, c’est quoi que cet argument ?
« les journalistes ne sont pas les moindres. N'est-ce pas à eux qu'il appartiendrait en principe de faire connaître au public les travaux, les analyses, les positions et les propositions élaborés par les chercheurs, et précisément de ceux qu'on entend le moins ? Faire connaître: voilà une tâche en apparence toute simple, il suffit simplement de dire: "Sur ce sujet, X pense ceci, Y a écrit cela, Z a une analyse un peu inhabituelle et deux propositions en stock, et je porte tout ça à votre connaissance.", […] ses travaux ne peuvent-ils pas tout autant être restitués au style indirect et par d'autres qui ne s'estiment pas sujets aux mêmes contraintes ? »
Mais on peut aller plus loin dans la dépersonnalisation, on peut même ne pas citer les travaux, ah oui, mais là, non, il ne faut pas pousser, hein ? On veut bien récupérer les lauriers, mais pas aller les chercher, c’est ça ? Quoi, c'est une supposition infamante, et pourtant, c'est vous qui en établissez les conditions...
« Que chacun fasse donc ce qu'il croit lui incomber là où il est, selon ce qu'il est le plus apte à faire et là où les conditions sont les meilleures pour qu'il le fasse, tel serait finalement le sens de ma réponse à Nicolas Cori. »
Oui, chacun à sa place et les moutons seront bien gardés... d’avoir affaire au gardien du troupeau.
Monsieur Lordon, je ne connais pas vos positions économiques, mais je présuppose qu'elles ne me dérangeront pas, loin de là, ce qui n'est pas le cas des arguties que vous avez développé pour ne pas vous exposer davantage. Un simple, "je ne m'en sens pas capable", "je suis timide", sans légitimation particulière aurait largement suffit, le reste, me semble par contre des plus fallacieux.
Cordialement, yG
Je ne comprend pas la raison pour laquelle le texte a été coupé. De toute façon, c'est long et dense.
Et puis la petite remarque sur les forums, Lordon pouvait la laisser. De toute façon tout le monde en est convaincu... à propos des autres et jamais de sois-même.
A part ça je trouve hautement suspect que comme d'autres @sinautes l'ont remarqué sur l'autre fil, tout ça corresponde assez parfaitement à l'état d'esprit de plusieurs d'entre nous. J'veux dire. J'ai pas le moindre point de désaccord avec tout ça alors même que normalement, Lordon, c'est plus trop ma came.
Je me demande si le texte n'est pas un peu attrape-tout.
Jamais content. :-)
"...(même si ce texte aurait du être résumé en quelques lignes)"
lémedia (et légens, en tant que foule) résonne en noir et blanc, alors que la recherche n'existe qu'en nuance de gris (voir en couleur). Lordon affirme son droit à la nuance, à dire en plusieurs pages ce dont seulement quelques lignes seront retenu...
Le même problème se retrouve ailleurs, par exemple j'ai l'impression sur le climat: parce qu'il existe des chercheurs qui ne sont pas vraiment d'accord et/ou qui ne sont pas surs (ce qui est très précisément leur boulot, donc), certain vont conclure que le giec n'est qu'un hoax manipulé (vu sur un blog ecolo...). Ce qui pose la question du transfert à la société en générale des résultats de la recherche d'une manière que les crédits impôt recherche ne résoudront jamais, mais c'est une autre histoire...
Merci de l'avoir note Djac !
EDIT donc : ah ben c'est deja moins drole comme ca
Si tout le monde commence a s'autocensurer, ou va-t-on ??
" la publication de textes sur Internet, les interventions dans les niches de l’espace médiatique, petits journaux mais qui ne comptent pas le nombre de signes, petites radios mais qui ne comptent pas les minutes, jusqu’aux débats dans des arrière-salles de café, des librairies ou des salles de projection, rencontres qualitativement les plus gratifiantes et quantitativement les plus misérables, toutes choses qui passent sous les écrans radars"
Puisque vous avez coupé (qui suit immédiatement) :
"– sans empêcher pour autant cette engeance qui fréquente les forums et ne sait rien ni des choses faites ni des gens qui les font de livrer en trois lignes leurs avis superbes et définitifs."
Une petite pierre dans le jardin des forums, à signaler tout de même, au vue de certaines réactions... ;o)