Le "procès interactif" d'Arte interdit par le tribunal de Paris
La fiction peut-elle tout se permettre ? Question posée à la troisième chambre des référés du tribunal de grande instance de Paris. Face à face : les avocats du docteur Jean-Louis Muller (acquitté en 2013 du meurtre de son épouse après 14 ans de procédure) qui attaquaient Arte et Maha Productions pour leur téléfilm et leur site internet "Intime conviction" qui selon eux met à mal la vie privée de leur client et tend à remettre en cause son acquittement. Faux rétorquent les avocats des deux sociétés. Pour eux, "Intime Conviction" est une oeuvre de fiction basée sur de nombreux faits divers. @si a assisté à une audience tendue. (Màj) : le site a été interdit par le tribunal le 27 février.
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Derniers commentaires
Je viens de découvrir l'interdiction de la suite de la diffusion par le site asi , et je suis sidérée. Je suis ce procès interactif et trouve la démarche très intéressante. Je ne me souvenais plus du dr Muller et même s'il ya des points de ressemblance , les spectateurs sont quand même suffisament intelligents pour comprendre qu'il s'agit d'une fiction. Le dispositif est en plus bien expliqué sur le site d'Arte.On est dans de la fiction, les acteurs improvisent , les "volontaires" issus du milieu judiciaire et de la presse ont participé dans un but pédagogique, les "jurès" qui sont clairement des volontaires dans cette aventure , l'ont fait aussi pour leur propre "culture" et aussi pour participer à ce dispositif permettant de "voir de l'intérieur" un procès ( accès au pièces d'instruction, difficulté à juger quand l'enquête n'a pas été bien menée, regard des medias,...).
C'est assez ironique car j'ai regardé aujourd'hui le réquisitoire de l'avocat général dans le procès fictif d'arte, qui est lourdement à charge. Si l'interdiction reste la décision après appel et en fin de procédure, il n'y aura donc pas de diffusion de la plaidoirie de la défense !!
Je trouve cette décision regrettable même si je peux comprendre que le dr Muller qui a été jugé innocent et voit des ressemblances avec son cas réagisse épidermiquement .
En même temps , les éléments de cette histoire ne sont malheureusement pas si originaux et il y a eu d'autres cas avec des histoires proches.
La difficulté rencontrée par Arte a déjà été rencontrée en littéreature , au cinéma , dans des oeuvres qui trouvent leur inspiration à partir de cas réels .
Je n'ai certainement pas tous les éléments mais je reste vraiment scotchée par cette décision. J'aimerais bien avoir l'avis de Maître Eolas ,dont j'avais découvert le blog grâce à asi, et pourquoi pas une émission sur le sujet puisqu'il s'agit de média?.
Je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de réaction "épidermique" dans le cas de Muller. Le type a quand même réchappé à une très lourde peine à cause d'une erreur d'une greffière lors de son procès en appel (je ne me souviens plus des détails). Il s'est donc vu 2 fois condamné, dont la deuxième aurait dû être définitive, et après avoir fait pas mal de détention provisoire. Même si je n'avais rien contre l'émission a priori, peut-être une affaire aussi ambigüe n'était pas un choix idéal pour ce genre de docu-fiction...
Ce cas pose des questions de fond sur ce qui est possible ou pas en fiction, sur les obligations pour un media qui s'inspire de faits réels , et sur le droit à l'oubli pour les personnes jugées (notion évoquée par le réalisateur dans son entretien à Télérama ).
Je reste cependant convaincue que ce type de dispositif est pertinent et déçue que le dispositif n'aille pas jusqu'à son terme. Peut-être c'est vrai auraient -ils du choisir un cas moins ambigu ou moins récent ( j'ai appris qu'au moment du tournage du téléfilm , le proces Muller n'était pas fini), ou changer la profession, et d'autres aspects mais en même temps leur souhait était bien de présenter une affaire "difficile" à juger.
Surtout qu'il aurait été facile de changer plus d'éléments afin de minimiser les ressemblances, sans affecter l'attrait pour le téléspectateur.
Par ailleurs, à lire le récit de David Medioni, il semble que l'avocate de la défense n'ait pas été très bonne. Quand elle dit des choses telles que "Dans cet entretien [...], il ne manifeste aucune empathie pour sa femme" ou "Monsieur Muller a livré dans cet entretien des choses sur sa vie privée. On ne sait pas si c’est un accident ou un suicide", 1) elle refait le procès, ce qui est précisément la faute reprochée à ses clients ; 2) en s'appuyant elle-même sur des déclarations de Muller, elle confirme que Muller et Villers sont une seule et même personne à ses yeux !
En d'autres termes, je ne pense pas qui quiconque infère quoi que ce soit sur l'affaire Muller à partir de "l'affaire Viller". Si ? Qui ?
ASI publie ici la preuve d'une infraction, ou j'ignore un fait spécifique?