Le voile islamique, telle une arme secrète
On l'a vu la semaine dernière, la représentation du Juif dans la presse passe le plus souvent par la monstration d'un ou plusieurs Juifs pieux, ultra-religieux. Comme si tous les Juifs croyaient en Dieu, comme s'ils portaient tous un long manteau noir, une barbe et des papillotes. Comme s'ils étaient tous des hommes ! Car dans cette histoire, la Juive est oubliée, niée. Elle n'existe pas. La représentation du Musulman dans la presse est tout aussi simpliste : il est à tous les coups salafiste avec calotte blanche, barbe, tunique et sandales :
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Derniers commentaires
Ce serait tres intéressant de mettre cette notion en perspective avec avec notre rapport actuel au visuel, le voile et les carricatures.
Je ne suis malheureusement pas compétente pour cela mais quelqu'un ici aura peut être des idees?
J'attends avec impatience un test de compression d'images fondé sur la nuance entre Une-pièce, deux pièces, bikini, monokini, string et riendutoutkini.
Ce doit être le début du gâtisme.
- ce sont les caricaturistes qui ont provoqué les terroristes
- C'est le voile qui évite que les hommes soient tentés par les atours de la femme
- C'est le violeur qui accuse le femme violée d'avoir été trop aguicheuse.
L'éternel recommencement de la pomme de discorde.
et la palme de l'hommage pour la mort du roi Abdallah, comme d'hab je dirais, à Christine Lagarde : "...in a very discret way he was a strong advocate of women..." ?!!!
(....du même acabit que le jour où elle nous a conseillé de prendre notre vélo parce que le pétrole du même Abdallah devenait trop chère pour remplir notre simca 1000 !!!...)
Abdallah, défenseur des femmes !!...
l'Arabie saoudite, pays où les femmes n'ont pas d'autre choix que de se voiler !....
et où le roi n'est Charlie que sur les pavés parisiens pour parader devant les télévisions, parce que chez lui fait pas trop bon s'exprimer : Je suis Raif !!
Quid de la chaussette dans un village ensablé, comme symbole de l'islam difforme ?
"Aussitôt qu'on avance dans le sud,le costume de la femme arabe devient des plus primitifs.Elle porte presque toujours une espèce de sac de laine blanche, ouvert de haut en bas des deux côtés, quelquefois noué à la ceinture, et quelquefois même flottant librement, de sorte que, de profi, on voit la femme nue de la tête aux pieds, tandis que son visage est voilé de façon qu'on distingueà peine ses yeux eux-mêmes."
"...je continuai, seul, mon chemin(...). Tout à coup,derrière une roche, je surpris une jeune Arabe dont le visage était nu. A ma vue, elle fut effarée, se leva d'un bond et, perdant tout sang-froid, elle saisit à deux mains le lambeau de laine qui tombait de sa gorge à ses chevilles, pour s'en couvrir la figure. Elle le releva tout entier d'un mouvement convulsif, et s'enveloppa la tête dedans; et elle demeurait dressée devant moi, sans un voile de la tête aux pieds, absolument immobile, et satisfaite sans doute de la façon dont elle avait sauvegardé sa pudeur et sa dignité de femme."
J'ai souvenance, pourtant, qu'on nous faisait baisser la tête à certains moments. Pendant les vêpres, au moment du salut au saint sacrement. Souvenir aigu, car l'aumônier, parkingsonien, mettait des plombes à tracer un signe de croix avec l'hostensoir qui pesait un âne mort (j'imagine, car vous vous doutez bien que je ne l'ai jamais touché). Du coup, on relevait subrepticement la tête pour essayer de voir où il en était, et ça servait à rien car vu sa lenteur, l'objet était quasi immobile.
Et à la messe aussi, on baisse la tête, au moment, je crois de la "consécration". Le catholicisme garde quand même quelques traces de ce refus du regard. Jamais compris d'ailleurs pourquoi il fut un moment où les hommes devaient marquer leur respect dans une église en ôtant leur chapeau, et les femmes en se couvrant la tête. Est-ce à cause de cette tradition que les enseignants n'ont pas eu besoin du renfort d'une loi pour faire ôter leur casquette ou leur capuches aux garçons, alors qu'ils n'ont pas pu, seuls, venir à bout du foulard des filles?
et peut-être "les Cherifas" de Benjamin-Constant récemment exposé à Toulouse.
dans l'église que j'ai fréquentée* dans ma jeunesse, le prêtre, dos tourné à la nef, présentait bien le corps du Christ lors de "l'élévation" mais les fidèles, prévenus par la clochette de l'enfant de chœur, baissaient la tête et ne le voyaient donc pas. Je croyais bêtement que le ciel me tomberait sur la tête si j'osais la lever. Je le fis un dimanche.
* j'ai aussi beaucoup fréquenté ses alentours.
On le voit même dans les horribles vidéos de propagande de l'Etat islamique qui sont construites à la manière de "trailers" de "blockbusters" hollywoodiens.
D'abord, à l'appui de l'Ishtar voilée de Mésopotomie : je ne suis pas arrivé ce soir à retrouver la référence exacte, mais je suis sûr de me souvenir d'un passage de l'Iliade où Hélène "aux beaux cheveux" se voile pour sortir du palais, car les Troyennes ne sortent de chez elles que voilées, et la reine grecque encourerait leur mépris si elle en usait autrement. Je rappelle que la Troie "historique", probablement une cité de l'empire hittite, était située dans ce qui est actuellement la Turquie. Il est aujourd'hui couramment admis que le texte homérique mêle des éléments empruntés à différentes époques entre les évènements inspirateurs (XIIe siècle avant notre ère) et la fixation du texte à l'écrit (VIe siècle avant notre ère). Autant dire que la coutume, dans la région, prédate très largement l'islam.
Je corrigerais un peu Alain Korkos quand il dit que "L'attrait de l'Occident pour le monde musulman date du tout début du XVIIIe siècle" et doit tout à Galland. Voyez notamment la façon dont Molière, déjà, se moque de la mode des "turqueries" dans Le Bourgeois gentilhomme. Ceci étant, le succès de la traduction des Mille et une nuits est effectivement grand et il a aussi des retombées dans le champ littéraire. Toute une vogue de contes merveilleux pseudo-orientaux en naît, et dans une France où "philosophique" et "libertin" sont alors largement synonymes, la part érotique de certains des récits de Schéhérazade n'est pas ignorée. Parmi bien d'autres sombrés aujourd'hui dans l'oubli, Le Sopha de Crébillon et Les Bijoux indiscrets de Diderot (dans lequel les sexes des sultanes se voient doués de parole, et énoncent tout haut ce que veulent les femmes...) en sont les deux exemples les plus célèbres, bien moins "sages" que les aventures du Zadig de Voltaire ou des Persans de Montesquieu.
Question subsidiaire : un film comme l'adaptation par Pasolini des Mille et une nuit, qui clôt son érotique "trilogie de la vie", serait-il encore possible aujourd'hui ? Il me semble permis d'en douter.
Enfin, à mettre à côté des toiles de Gérôme, Ingres et les autres : de Chateaubriand à Flaubert en passant par Lamartine ou Gautier, un certain nombre de nos grands auteurs du XIXe siècle ont fait le déplacement vers l'Orient et en ont ramené des textes. Les pages qu'ils écrivent sur la question du voile peuvent être... étonnantes. Sans doute faudrait-il faire la part entre évolution réelle des sociétés orientales et fantasme de l'occidental ; mais dans les deux cas, le contraste avec notre époque peut être saisissant. Je vous laisse méditer, à titre d'exemple, sur tout ce qui peut abasourdir un lecteur d'aujourd'hui dans ces passages du Voyage en Orient de Nerval (chapitre "Le masque et le voile", pp.145-147 de l'édition Gallimard "Folio classique") :
Le Caire est la ville du Levant où les femmes sont encore le plus hermétiquement voilées. À Constantinople, à Smyrne, une gaze blanche ou noire laisse quelquefois deviner les traits des belles musulmanes, et les édits les plus rigoureux parviennent rarement à leur faire épaissir ce frêle tissu. Ce sont des nonnes grâcieuses qui, se consacrant à un seul époux, ne sont pas fâchées toutefois de donner des regrets au monde. Mais l'Égypte, grave et pieuse, [...] décourage aisément l'Européen frivole. [...]
Pourquoi passer si vite ? [...] D'ailleurs, n'est-il pas encourageant de voir qu'en des pays où les femmes passant pour être prisonnières, les bazars, les rues et les jardins nous les présentent par milliers, marchant seules à l'aventure, ou deux ensemble, ou accompagnées d'un enfant ? Réellement, les Européennes n'ont pas autant de liberté [...]
Reste le voile... qui, peut-êtrre, n'établit pas une barrière aussi farouche qu'on croit. [...] L'imagination trouve son compte à cet incognito des visages féminins, qui ne s'étend pas à tous leurs charmes. De belles mains ornées de bagues talismaniques et de bracelets d'argents, quelquefois des bras de marbre pâle s'échappant tout entiers de leurs larges manches relevées au-dessus de l'épaule, des pieds nus chargés chargés d'anneaux que la babouche abandonne à chaque pas, [...] voilà ce qu'il est permis d'admirer, de deviner, de surprendre, sans que la foule s'en inquiète ou que la femme elle-même semble le remarquer. [...] Alors on sent le besoin d'interroger les yeux de l'Égyptienne voilée, et c'est là le plus dangereux. Le masque est composé d'une pièce de crin noir étroite et longue qui descend de la tête aux pieds, et qui est percé de deux trous comme la cagoule d'un pénitent ; [...] et c'est derrière ce rempart que des yeux ardents vous attendent, armés de toutes les séductions qu'ils peuvent emprunter à l'art. Le sourcil, l'orbite de l'oeil, la paupière même, en dedans des cils, sont avivés par la teinture, et il est impossible de mieux faire valoir le peu de sa personne qu'une femme a le droit de faire voir ici.
Je n'avais pas compris tout d'abord ce qu'a d'attrayant ce mystère dont s'enveloppe la plus intéressante moitié du peuple d'Orient ; mais quelques jours ont suffi pour m'apprendre qu'une femme qui se sent remarquée trouve généralement le moyen de se laisser voir, si elle est belle.
À Camille de Sainte-Croix.
Vous cachez vos cheveux, la toison impudique,
Vous cachez vos sourcils, ces moustaches des yeux,
Et vous cachez vos yeux, ces globes soucieux,
Miroirs plein d’ombre où reste une image sadique ;
L’oreille ourlée ainsi qu’un gouffre, la mimique
Des lèvres, leur blessure écarlate, les creux
De la joue, et la langue au bout rose et joyeux,
Vous les cachez, et vous cachez le nez unique !
Votre voile vous garde ainsi qu’une maison
Et la maison vous garde ainsi qu’une prison ;
Je vous comprends : l’Amour aime une immense scène.
Frère, n’est-ce pas là la femme que tu veux :
Complètement pudique, absolument obscène,
Des racines des pieds aux pointes des cheveux ?
Germain Nouveau
Une peinturlure bien éloignée de la vérité, dans laquelle on représente les femmes non pas voilées, mais au contraire dénudées. Des femmes que les peintres et les voyageurs n'ont jamais eu l'occasion de contempler car assurément, jamais aucun d'entre eux n'est entré dans un hammam réservé aux femmes
Pour l'anecdote :
Il ne fait peu de doute qu'aucun homme n'entrait dans un hammam réservé aux femmes. Mais, il était possible de contempler sans y entrer.
Je lis actuellement : "Place à Monsieur Larrey, chirurgien de la garde impériale". J'en suis à la campagne d'Egypte. Et pas plus tard qu'hier, je suis tombé sur ce passage (page 134) :
Ayant appris que le Caire compte trente-cinq centenaire, il n'a aucun doute sur les effets conjugués des bains, d'un régime saint et du climat salutaire pour contribuer à la longévité et se hâte d'en faire part à ses amis qu'il retrouve au café italien, à l'angle des quartiers copte et grec. Il leur raconte qu'il a pu visiter le bain des femmes, interdit aux hommes sous peine de mort, car "connaissant intimement une des principales matrones du Caire, femme médecin et propriétaire d'un des grands bains, j'obtiens d'elle la facilité d'y pénétrer, et de voir, à travers une très petite ouverture de communication de sa chambre dans la grande salle de bains, tout ce que les femmes y faisaient." Il faut y voir - en tout bien tout honneur - l'oeil de l'anatomiste car il promet de ne rapporter que ce qui mérite d'être publié dans sa prochaine livraison à La Décade égyptienne sur "L'origine et la constitution physique des Egyptiens".Selon lui, ces bains "embellissent les formes extérieures et favorisent la fécondité".