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Les petits Mickeys de la propagande de guerre
C'est une bobine dont on avait entendu parler, une petit film mythique que personne ou presque n'avait vu : Mickey Mouse in Vietnam. Ce court-métrage anti-guerre signé Milton Glaser et Lee Savage vient de réapparaître, et caracole sur le ouèbe depuis quelques jours.
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Derniers commentaires
Le temps des noyaux
Soyez prévenus vieillards
soyez prévenus chefs de famille
le temps où vous donniez vos fils à la patrie
comme on donne du pain aux pigeons
ce temps-là ne reviendra plus
prenez-en votre parti
c’est fini
le temps des cerises ne reviendra plus
et le temps des noyaux non plus
inutile de gémir
allez plutôt dormir
vous tombez de sommeil
votre suaire est fraîchement repassé
le marchand de sable va passer
préparez vos mentonnières
fermez vos paupières
le marchand de gadoue va vous emporter
c’est fini les trois mousquetaires
voici le temps des égoutiers
Lorsque avec un bon sourire dans le métropolitain
poliment vous nous demandiez
deux points ouvrez les guillemets
descendez-vous à la prochaine
jeune homme
c’est de la guerre dont vous parliez
mais vous ne nous ferez plus le coup du père Français
non mon capitaine
non monsieur un tel
non papa
non maman
nous ne descendrons pas à la prochaine
ou nous vous descendrons avant
on vous foutra par la portière
c’est plus pratique que le cimetière
c’est plus gai
plus vite fait
c’est moins cher
Quand vous tiriez à la courte paille
c’était toujours le mousse qu’on bouffait
mais le temps des joyeux naufrages est passé
lorsque les amiraux tomberont à la mer
ne comptez pas sur nous pour leur jeter la bouée
à moins qu’elle ne soit en pierre
ou en fer à repasser
il faut en prendre votre parti
le temps des vieux vieillards est fini
Lorsque vous reveniez de la revue
avec vos enfants sur vos épaules
vous étiez saouls sans avoir rien bu
et votre moelle épinière
faisait la folle et la fière
devant la caserne de la Pépinière
vous travailliez de la crinière
quand passaient les beaux cuirassiers
et la musique militaire
vous chatouillait de la tête aux pieds
vous chatouillait
et les enfants que vous portiez sur vos épaules
vous les avez laissés glisser dans la boue tricolore
dans la glaise des morts
et vos épaules se sont voûtées
il faut bien que jeunesse se passe
vous l’avez laissée trépasser
Hommes honorables et très estimés
dans votre quartier
vous vous rencontrez
vous vous congratulez
vous vous coagulez
hélas hélas cher Monsieur Babylas
j’avais trois fils et je les ai donnés
à la patrie
hélas hélas cher Monsieur de mes deux
moi je n’en ai donné que deux
on fait ce qu’on peut
ce que c’est que de nous…
avez-vous toujours mal aux genoux
et la larme à l’œil
la fausse morve de deuil
le crêpe au chapeau
les pieds bien au chaud
les couronnes mortuaires
et l’ail dans le gigot
vous souvenez-vous de l’avant-guerre
les cuillères à absinthe les omnibus à chevaux
les épingles à cheveux
les retraites aux flambeaux
ah que c’était beau
c’était le bon temps
Bouclez-la vieillards
cessez de remuer votre langue morte
entre vos dents de faux ivoire
le temps des omnibus à cheveux
le temps des épingles à chevaux
ce temps-là ne reviendra plus
à droite par quatre
rassemblez vos vieux os
le panier à salade
le corbillard des riches est avancé
fils de saint Louis montez au ciel
la séance est terminée
tout ce joli monde se retrouvera là-haut
près du bon dieu des flics
dans la cour du grand dépôt
En arrière grand-père
en arrière père et mère
en arrière grands-pères
en arrière vieux militaires
en arrière les vieux aumôniers
en arrière les vieilles aumônières
la séance est terminée
maintenant pour les enfants
le spectacle va commencer.
1936 Jacques PRÉVERT Recueil : "Paroles"
Soyez prévenus vieillards
soyez prévenus chefs de famille
le temps où vous donniez vos fils à la patrie
comme on donne du pain aux pigeons
ce temps-là ne reviendra plus
prenez-en votre parti
c’est fini
le temps des cerises ne reviendra plus
et le temps des noyaux non plus
inutile de gémir
allez plutôt dormir
vous tombez de sommeil
votre suaire est fraîchement repassé
le marchand de sable va passer
préparez vos mentonnières
fermez vos paupières
le marchand de gadoue va vous emporter
c’est fini les trois mousquetaires
voici le temps des égoutiers
Lorsque avec un bon sourire dans le métropolitain
poliment vous nous demandiez
deux points ouvrez les guillemets
descendez-vous à la prochaine
jeune homme
c’est de la guerre dont vous parliez
mais vous ne nous ferez plus le coup du père Français
non mon capitaine
non monsieur un tel
non papa
non maman
nous ne descendrons pas à la prochaine
ou nous vous descendrons avant
on vous foutra par la portière
c’est plus pratique que le cimetière
c’est plus gai
plus vite fait
c’est moins cher
Quand vous tiriez à la courte paille
c’était toujours le mousse qu’on bouffait
mais le temps des joyeux naufrages est passé
lorsque les amiraux tomberont à la mer
ne comptez pas sur nous pour leur jeter la bouée
à moins qu’elle ne soit en pierre
ou en fer à repasser
il faut en prendre votre parti
le temps des vieux vieillards est fini
Lorsque vous reveniez de la revue
avec vos enfants sur vos épaules
vous étiez saouls sans avoir rien bu
et votre moelle épinière
faisait la folle et la fière
devant la caserne de la Pépinière
vous travailliez de la crinière
quand passaient les beaux cuirassiers
et la musique militaire
vous chatouillait de la tête aux pieds
vous chatouillait
et les enfants que vous portiez sur vos épaules
vous les avez laissés glisser dans la boue tricolore
dans la glaise des morts
et vos épaules se sont voûtées
il faut bien que jeunesse se passe
vous l’avez laissée trépasser
Hommes honorables et très estimés
dans votre quartier
vous vous rencontrez
vous vous congratulez
vous vous coagulez
hélas hélas cher Monsieur Babylas
j’avais trois fils et je les ai donnés
à la patrie
hélas hélas cher Monsieur de mes deux
moi je n’en ai donné que deux
on fait ce qu’on peut
ce que c’est que de nous…
avez-vous toujours mal aux genoux
et la larme à l’œil
la fausse morve de deuil
le crêpe au chapeau
les pieds bien au chaud
les couronnes mortuaires
et l’ail dans le gigot
vous souvenez-vous de l’avant-guerre
les cuillères à absinthe les omnibus à chevaux
les épingles à cheveux
les retraites aux flambeaux
ah que c’était beau
c’était le bon temps
Bouclez-la vieillards
cessez de remuer votre langue morte
entre vos dents de faux ivoire
le temps des omnibus à cheveux
le temps des épingles à chevaux
ce temps-là ne reviendra plus
à droite par quatre
rassemblez vos vieux os
le panier à salade
le corbillard des riches est avancé
fils de saint Louis montez au ciel
la séance est terminée
tout ce joli monde se retrouvera là-haut
près du bon dieu des flics
dans la cour du grand dépôt
En arrière grand-père
en arrière père et mère
en arrière grands-pères
en arrière vieux militaires
en arrière les vieux aumôniers
en arrière les vieilles aumônières
la séance est terminée
maintenant pour les enfants
le spectacle va commencer.
1936 Jacques PRÉVERT Recueil : "Paroles"
Une chronique au format @si (sans durée limitée), mais tellement instructive.
"Mickey mouse in Viet Nam"..., peut-être que c'est contre la guerre. Mais ça ressemble à "voyage au bout de l'enfer", (en plus synthétique). C'est-à-dire que ça peut tout aussi bien être anti-guerre que vaguement "anti-vietnamiens" (non je n'entrerai pas dans le détail de "vietnamien", et pour de la précision historique c'est ailleurs qu'ici), ou que pro-état-zunien, god bless mickey & America, la main sur le cœur. On sait pas.
Belle Kronique.
Le Blitz Wolf est vraiment un chef-d'oeuvre dans son genre.
Le Blitz Wolf est vraiment un chef-d'oeuvre dans son genre.
Merci Alain, une chronique qui œuvre pour la salubrité et la santé publique.
Au moins.
Au moins.
Passionnant.
Blitz Wolf par Tex Avery, 1942: il y a un plan stupéfiant à 6'15", où l'on assiste à l'anéantissement total de Tokyo ( et même du Japon ? ) jusqu'à disparaître de la surface de la mer, cela par une seule bombe, trois ans avant les bombardements d'Hiroshima et Nagazaki, alors que le projet Manahattan démarrait à peine ! Cela fait réfléchir à la chronologie des événements et sur l'imaginaire occidental autour de la bombe ... qu'on pourrait mettre en regard avec celui des dessin animés japonais post-Hiroshima qui sont truffés de cataclysmes qui tombent du ciel.
Der Fuehrer's Face par Jack Kinney, 1943 ( studios Disney ): Même si ce n'était de toute évidence dans l'intention des auteurs, ce film semble particulièrement ambivalent. En effet, la séquence principale n'est qu'une paraphrase d'un fameux film de Chaplin, non pas Le Dictateur mais Les Temps Modernes (1936) où l'on voit un ouvrier aliéné et entraîné jusqu'à l'absurde dans le monde du taylorisme industriel. Du coup, on assiste à une simple mise en miroir de l'Allemagne hitlérienne et des Etats-Unis ...L'ambiguïté devient totale à la fin du film lorsqu'à son réveil, Donald prend pour un salut nazi ce qui n'est que l'ombre portée de la statue de la Liberté! Tout un symbole, qui pourrait être interprété de diverses manières.
Blitz Wolf par Tex Avery, 1942: il y a un plan stupéfiant à 6'15", où l'on assiste à l'anéantissement total de Tokyo ( et même du Japon ? ) jusqu'à disparaître de la surface de la mer, cela par une seule bombe, trois ans avant les bombardements d'Hiroshima et Nagazaki, alors que le projet Manahattan démarrait à peine ! Cela fait réfléchir à la chronologie des événements et sur l'imaginaire occidental autour de la bombe ... qu'on pourrait mettre en regard avec celui des dessin animés japonais post-Hiroshima qui sont truffés de cataclysmes qui tombent du ciel.
Der Fuehrer's Face par Jack Kinney, 1943 ( studios Disney ): Même si ce n'était de toute évidence dans l'intention des auteurs, ce film semble particulièrement ambivalent. En effet, la séquence principale n'est qu'une paraphrase d'un fameux film de Chaplin, non pas Le Dictateur mais Les Temps Modernes (1936) où l'on voit un ouvrier aliéné et entraîné jusqu'à l'absurde dans le monde du taylorisme industriel. Du coup, on assiste à une simple mise en miroir de l'Allemagne hitlérienne et des Etats-Unis ...L'ambiguïté devient totale à la fin du film lorsqu'à son réveil, Donald prend pour un salut nazi ce qui n'est que l'ombre portée de la statue de la Liberté! Tout un symbole, qui pourrait être interprété de diverses manières.
Finalement, le "Holy War" de Frank Miller n'est pas un batman-contre-ben-laden, je suis un peu déçu. Le héros est, paraît-il, une sorte de harrycallahanoïde inventé pour l'occasion.
Mais à part ça, les méchants-du-téléjournal abondent toujours dans les comics yankees, qui restent toujours un intéressant reflet des préoccupations locales.
Mais à part ça, les méchants-du-téléjournal abondent toujours dans les comics yankees, qui restent toujours un intéressant reflet des préoccupations locales.
On va pas se laisser abattre comme Mickey.
Allez, une 'tite chanson pour se remonter le moral.
Allez, une 'tite chanson pour se remonter le moral.
Excellente chronique!!!
Merci pour cette kro autant musicale (avec deux de mes idoles) que cartoonesque.
J'ai pensé à l'album des Dickies sorti en 83, qui imaginaient les Allemands bombardant Disneyland https://www.youtube.com/watch?v=rzSsc6SAFHA
J'ai pensé à l'album des Dickies sorti en 83, qui imaginaient les Allemands bombardant Disneyland https://www.youtube.com/watch?v=rzSsc6SAFHA