"L'intersectionnalité, c'est pas idiot"
Reste-t-il de la place pour la nuance dans les médias, de plus en plus polarisés et "facteurs d'hystérisation" ? Islamo-gauchisme, réunions en non-mixité, militants postcoloniaux : le sociologue Michel Wieviorka et la journaliste Élodie Safaris débattent avec Daniel Schneidermann des sujets qui ont fait l'actu ces derniers mois, avec ou sans nuance.
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Commentaires préférés des abonnés
L'extrait de Mediapart et l'usage qui en est fait sur votre plateau me trouble beaucoup. Rokhaya Diallo est intéressante mais vous lui laissez vite passer ses contradictions et ses fausses équivalences.
Voici l'échange :
« RD :Je ne sai(...)
Bonjour,
A propos de l'extrait du débat entre Rokhaya Diallo et Stéphanie Roza. Il me semble que les réactions des invités souffrent d'une compréhension parcellaire -puisque s'appuyant sur un très court extrait choisi- des (...)
c'est bien les reactionnaires qui hysterisent cette discussion et l'utilisent comme épouvantail; tandis que les soi disant "universalistes" ne parlent jamais ni des luttes sociales ni de luttes des classes.
Par contre c'est les "indigénistes" comme Ta(...)
Derniers commentaires
Il me semble voir dans les commentaires des incompréhensions que j’ai pu avoir aussi. Je résume ce que je peux comprendre :
Le prisme d’Édouard Louis me semble le plus facile à appliquer : Il y a les persécutés et les protégés. Souvent, des minorités sont persécutées ; par exemple en France, la minorité des personnes issue des anciennes colonies française et en particulier d’Afrique du nord et subsaharienne.
Mais il y a des minorités protégées. Par exemple dans le monde, la toute toute petite minorité de Milliardaires en Dollars est très très protégée. À l’inverse, toujours au niveau mondial, il y a une majorité persécutée : les femmes.
J’aborde maintenant la notion de race. L’universalisme est un objectif vers lequel les universalistes (les vrais) cherchent à tendre. L’égalité réelle de chacun devant la loi et son application nécessite d’identifier ce qui l’empêche et de le nommer pour lutter contre cela. La notion de race doit donc être nommée, même si elle n’existe pas objectivement. Ainsi, une personne caucasienne, qui a pris le nom de Mohamed après s’être convertie va être racisée. C’est la société qui le racise et le persécute. On comprend bien pourquoi tant de personnes d’origine juive (en Europe, des Européens convertis au judaïsme donc) ont adopté un nom plus « chrétien » après la seconde guerre mondiale. De même, les indigènes de la république ne se nomment comme cela que pour nommer cet état de personnes issues des anciennes colonies françaises que la société ramène à ses origines d’indigène (sous citoyen de l’empire français pendant la colonisation)… des persécutés.
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Bonjour,
émission un peu molle, désolé de ce commentaire. Un contre-sens non corrigé : dans le débat entre Diallo et Roza, je ne pense pas que cette dernière soit "l'universitaire". Elle est philosophe, non spécialiste de la question traitée, et elle se prévaut tout autant du militantisme que Diallo. Mais bon.
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je ne sais trop que retenir de l'émission, que j'ai regardée avec intérêt hier soir...
si ce n'est que ces débats d'intersectionnalité, de racisés, de post-coloniaux (avec le tiret au milieu, je ne sais pas si cela renvoie quelque chose ou non) me passent un peu par-dessus la tête...
j'entends leur pertinence, mais souvent, je me dis que ça nous détourne du vrai problème : à savoir que nous sommes tous des dominés du système néo-libéral et que nous ne gagnons rien à nous fractionner ainsi...
j'ai vu récemment Mangrove de l'anthologie Small Axe : un très grand film sur l'histoire anglaise des "neuf de Mangrove" (je ne détaille pas ici l'affaire).. ça m'a beaucoup touché, voire plus, et je me disais que le film contenait en lui quelque chose qui nous fait terriblement défaut aujourd'hui : l'idée de communauté...
qu'on soit un avocat blanc, un restaurateur noir qui ne veut pas se mêler de politique mais s'y trouve poussé par la force des choses, une activiste Black Panther : on peut faire front ensemble...
aujourd'hui, malheureusement, ça me paraît bien illusoire..
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Pourquoi seule la jeune femme porte t'elle un masque ?
Bonjour et merci pour l'émission, agréable et apaisée.
J'arrive probablement après la bataille et d'autres l'auront certainement dit ici, mais il me semble que la dernière séquence de l'émission, sur "la nuance, luxe des dominants ?" confond deux choses : la nuance et la modération. On peut être très radical politiquement et aussi très nuancé. On peut être un bourrin modéré, obsédé idéologique de la modération.
Je suis pour la propriété collective des moyens de production, cela fait probablement de moi quelqu'un de radical, mais je peux l'expliquer de manière nuancée, et en débattre sans agonir mes adversaires d'injures et d'arguments d'autorité.
En réponse à la fin de l'émission, peut-être que l'on peut dire que le débat s'hysterise sur les plateaux de CNews et consort, car les intervenants sont des militants qui ne disent pas leur nom. Au service de quelle organisation, je ne sais pas. Plus de l'extrême droite, c'est mon ressenti. Peut être au service d'intérêts personnels, ceux des intervenants réguliers sur les plateaux. C'est vendeur de faire du buzz et du clash. Et donc de ne pas être dans la nuance. Si cela est exact, c'est assez effrayant, car cela repose sur du vide...
Et sinon, l'autre, la tik-tokette, elle ne vous fait pas peur ? Et surtout le fait qu'elle ait tous ces "followers" ? Quelle dérive, que les "idées" passent par des guignol-ettes de ce type ! (enfin, j'enfonce des portes ouvertes...). Ce qui est marquant, en tous cas pour moi, c'est (une fois de plus) la prise de conscience de "communautés" parallèles, avec des points de vue aussi contrastés et antagonistes.
Jamais vu de commentaires avec autant de mots, alors je vais faire simple.
Pour Diallo, ça m'aurait saoûlé pareil qu'on me dise que ce que je fais est pas efficace de cette façon.
Pour Pulvar, elle est vraiment à l'ouest, et elle ferait des fois mieux de s'interdire de parler elle-même.
Une émission intéressante en tout cas.
Bravo pour cette émission!
Pourquoi dit on " le racisme ET l'antisémitisme? L'anti sémitisme fait partie du racisme.
Sur la dernière partie je trouve que DS inverse complètement le problème (au lieu de la problématique ce qui était le but) avec son "Finalement, est-ce que la nuance n’est pas un luxe de riches, matériellement et symboliquement ? Un luxe de dominants ?" (...) "Est ce que dans une guerre, un combat de classe les dominés peuvent se permettre le luxe de la nuance ?"
Déjà, comme pointé comme son invitée, cette question tend à uniquement confondre nuance et modération, quand un meilleur synonyme de nuance serait précision (ou recherche de compréhension pour la favoriser). Penser ou s'exprimer avec nuance c'est avant tout montrer une compréhension assez grande d'une problématique, y compris ce qui pourrait être opposé à son propre point de vue, pour le formuler de manière précise, et qui tienne le plus possible compte des objections légitimes à celui ci, diminuant les chances qu'il soit rejeté.
La question de la nuance peut être vue comme une question de moyens : intellectuels à comprendre les points de vue autres que le sien, les différents aspects d'un débat, et enfin à formuler correctement sa propre pensée de manière qui offre le moins d'angle pour la réfuter, en tenant compte des oppositions qu'elle va susciter (les intégrant, trouvant des compromis parfois, trouvant de meilleurs arguments contre, d'autres), auquel il convient d'ajouter une autre ressource : la volonté nécessaire à faire tous ces efforts intellectuels, à maîtriser sa manière de réfléchir ou parler pour en faire preuve.
Mais elle ne relève pas d'un luxe, plutôt d'une nécessité pour toute personne cherchant à convaincre. Si un propos manque de nuance il pourra facilement être caricaturé ou homme-de-paillisé sans que celui qui le porte ait beaucoup d'occasion de s'en défendre, son manque de précision, d'identification des contre-arguments et menace, le faisant facilement sombrer dans tout gouffre argumentatif.
Les gens à tendance classiste (ou raciste ou sexiste selon la domination dans laquelle on parle) tendent à penser que les dominés manquent de ces moyens intellectuels nécessaires (ce qui est hélas le cas parfois, mais il arrive que les dominants aussi, d'autant qu'ils sont souvent bien plus paresseux niveau volonté, sachant que des échecs à convaincre menacent bien moins leur existence de dominants). Typiquement le bas peuple sera représenté comme une espèce de horde barbare, incapable de toute pensée complexe et hystérique (n'oublions pas les femmes ;), et c'est la première image à laquelle ceux qui s'opposent à lui (aka chiens de gardes médiatiques, etc...) essayeront de ramener ceux qui parlent en son nom, s'ils offrent le moindre indice de manquer de nuance.
La bonne question me semblerait alors "Est ce que dans le monde actuel (qui ne se caractérise pas par un combat de classe autre que larvé, mais plutôt une large dépolitisation accompagnée d'une large domination médiatique de droite déterminant de plus en plus les représentations mentales de tout le monde) ceux qui prétendent parler au nom des dominés doivent se permettre le luxe de l'absence de nuance (sachant qu'on ne les ratera pas au tournant, et avec eux le groupe au nom duquel ils s'expriment) ?"
Formulée ainsi elle semble complètement inclure sa réponse, mais en fait pas tout à fait.
Évidemment comme dit plus haut, tout manque de nuance, tout ce qui pourra prêter le flanc à des accusations de simplisme dangereux, haineux, etc... sera exploité, à la fois contre le porte parole, et pour renforcer l'image négative du groupe au nom duquel il parle. Et c'est une responsabilité assez terrible pour ceux qui ont un tel statut de contribuer à des oppressions qu'ils subissent personnellement un peu moins que les lambdas, en se montrant d'une contre-productivité qui rejaillit sur les groupes qu'ils prétendent défendre.
Mais si on se situe dans le vrai cadre (tel que décrit plus haut) plutôt que dans les fantasmes d'un peuple politiquement conscientisé qui semblent parsemer la pensée Daniellienne, celui d'un public à la fois largement dépolitisé et dans un vague rejet global du "système" (et y compris des personnes prétendant parler en son nom auquel il laisserait la parole) on peut trouver quelque vertu aussi à la non-nuance, au moins occasionnelle.
Déjà dans un contexte où la principale bataille n'est pas la lutte des classes (enfin c'est plus vraiment un combat là, c'est à sens unique depuis 30+ ans, on est plus dans l'acharnement sur adversaire assomé) mais une lutte pour l'attention de quidams largement anesthésiés quant à celle ci, sortir un peu de la forme ronronnante à laquelle tend à conduire trop de nuance, dramatiser même un peu abusivement pour indigner, n'est pas forcement la pire tactique pour éveiller ces dormeurs (si cette tactique du seau d'eau froide me semble par contre bien moins productive pour certaines idéologies axées sur la dénonciation de la domination théorique de groupes très larges, que les seaux d'eaux glacés ne réveillent que pour se conscientiser comme personnes ayant quelque chose à perdre s'ils ne s'y opposent pas).
Ensuite, précisément car le manque de nuance est quelque chose de guetté et systématiquement exploité par la chiennerie de garde, un tel "dérapage" est une garantie de publicité (ce qui m'évoque le cas Alice Coffin, sans son choix de certaines formules à l'emporte-pièce, permettant judicieusement à la presse de "tronquer" son propos en les citant, pas grand monde n'aurait jamais parlé de son livre, probablement pas même celles qui s'indignent naïvement qu'elle ait eu droit à ce sort). Ou encore la stratégie médiatique gagnante de pas mal de politiques, qui s'avère généralement plutôt payante, devenir le meilleur client de médias adverses en quête de moments de radicalité "trop radicale" et autres sorties tonitruantes à exploiter (ce qui me semble avoir aussi bien réussi à Mélenchon et AOC qu'à Trump ou Sarkozy, dans leurs registres respectifs si opposés soient ils).
Et enfin car le peuple n'est pas le dernier à voir jusqu'à sa propre représentation du peuple influencée par l'image que lui en renvoient les "élites" (si on peut appeler ainsi les médias bolloïsés). Le manque de nuance populaire, la radicalité dangereuse des foules, le simplisme des gens simples, il tend à s'y identifier assez largement, et plus encore à ceux qui en sont accusés.
Pour ce que j'appelle plus haut la classe représentante, il peut donc y avoir un mérite, pour combler le fossé entre eux et les représentés, à se conformer à cette image que ces derniers peuvent avoir d'eux mêmes, viendrait elle surtout du classisme (ou autre isme) de ceux qui leur renvoient cette image. Et un autre à être attaqués comme représentants "manquant de nuance" du peuple indécrottablement populaire, et de se voir attribuer les clichés à son sujet, suscitant la solidarité de ceux qui les subissent quotidiennement.
Finalement comme je disais la nuance est une nécessité pour convaincre mais l'autre question qui se pose est "convaincre qui", traiter sans nuances ceux qu'on ne souhaite pas inclure dans le groupe à convaincre, cliver, désigner et traiter comme des ennemis ceux qui ne sont pas conciliables, peut être quelque part une expression de nuance au sens d'avoir un point de vue précis et tenant compte des oppositions, pour mieux convaincre le groupe auquel on s'adresse.
Pour toutes ces raisons, s'exprimer sans nuance peut être vu comme tactiquement défendable dans certains cas. Mais précisément déterminer quels sont ces certains cas nécessite de la nuance. Une personne qui ne sait pas ce qu'elle défend exactement, ne saisit pas les problématiques sur lesquelles elle s'exprime, ignore les autres points de vue et arguments qui lui seront opposées, à quel public elle s'adresse et qui elle cherche à convaincre, n'a aucune chance de correctement choisir quand ne pas se montrer nuancé.
En résumé même si s'exprimer sans nuance peut parfois être payant, penser sans nuance par contre ne se justifie jamais (ou en tout cas pas dans ce cadre de gens espérant faire avancer des causes ; et je pense plutôt encore moins dans celui d'universitaires dont le boulot est précisément de penser la complexité, et de convaincre leurs pairs de la justice de leurs analyses - ce qui rend la recherche de nuance particulièrement absurde à reprocher à l'un d'entre eux).
Bôahf, le problème de Rokaya Dialo c'est le Dialo-gue !!!
La nuance, de la modération ?
Dans un débat "civilisé", pourquoi pas et encore.
M'enfin, dans le réel, au quotidien -en rue, dans le métro, au boulot- comment doit-on rester nuancé/modéré devant les injustices, la violence et aussi les petits chefs en uniforme ou pas ?
Un passionné scie la branche sur laquelle il est assis ; je suis un passionné.
On ne se refait pas ...
Il y a 250 nuances de gris pour l'oeil humain.
Avec le "Zone System" de Ansel Adams, le photographe, ils n'en restent que 10 (compressées)
Du Noir le plus dense au Blanc transparent
Merci pour l'émission (d'autant que j'avais suggéré d'inviter Wieviorka, que je trouve définitivement plus intéressant que les ultra-radicaux des divers camps idéologiques s'affrontant sur ces questions).
Deux choses que je trouve très pertinentes dans son discours (mais sur lesquelles il aurait mérité d'être plus relancé), sont comment il replace les choses dans le contexte de la crise de la représentation politique, et ce qu'il dit de la volonté d'éliminer les "esprits intermédiaires" (ceux ouverts au débat avec toutes les tendances) en les assimilant aux extrêmes (si je verrais cette tendance tout autant dans la cancel culture se réclamant de "la gauche" que dans les anathèmes du centre droit dominant, mais c'est peut être qu'on ne parle pas des mêmes sphères).
Ça me semble assez clair que le climat délétère actuel vient avant tout de la perte de foi dans la gauche et la droite classiques, dans leur capacité à influer assez sur l'économico-social (ou désir de le faire) pour changer les choses pour le plus grand nombre (ou même rester fidèles aux modèles qu'elle prétendent préserver). La mondialisation ayant fait apparaitre absurdes ce genre de prétentions à l'échelle nationale cela conduit à une crise du militantisme sur ces questions (hors oppositions ponctuelles à des mesures précises) et un déplacement de la première source d'engagement politique vers les revendications sociétalo-identitaires (le sociétal demeurant un domaine où la politique peut sembler conserver quelque pouvoir - et encore la mondialisation culturelle le menace également), ce tandis qu'il recule aussi globalement, avec de plus en plus de gens dans un désintérêt total et revendiqué de celle ci.
Tenter de re-passionner ce public dépolitisé est ce qui conduit naturellement à la surenchère pour essayer de lui faire peur, dramatiser des trucs jusqu'à obtenir son attention, et ça se fait sur les sujets identitaires qui sont devenus le cœur du débat politique (typiquement en brandissant la terrible menace des identitaires d'en face -la perspective "d'une révolution culturelle" ou "d'un backlash nous ramenant des décennies en arrière"- ou même de ceux qui en refusant l'ultra-dramatisation des questions de société qu'ils soulèvent feraient leur jeu) sachant que sur les autres, les gens seraient ils inquiets ils ne croiraient pas pour autant que les politiques puissent y faire quelque chose (enfin en tout cas pas tous ceux qui donnent dans le "il n'y a pas d'alternative" vis à vis de tout ce qui découle de la mondialisation).
C'est à ce dernier niveau (caricaturé en "acceptation réaliste" ou "opposition stérile/démagogique" à la mondialisation) que la classe dominante cherche à situer la nouvelle frontière entre le "centre" (très droit) et des "extrêmes" (de plus en plus larges), mais après avoir un peu tenté de mettre explicitement en avant cette division du monde (la campagne opposant les partisans de "l'ouverture" et de la "fermeture" du temps de la dernière présidentielle) elle semble avoir réalisé que ce discours risquait surtout de se retourner contre elle (avec la reformulation de ce débat en opposition de gagnants et de perdants de la mondialisation qui menaçait de faire réapparaitre une conscience de classe).
En conséquence le centre a décidé de changer son cheval de bataille, et plutôt que celle de la "fermeture" agiter la peur de "l'extrémisme" y compris en se plaçant lui-même sur une base de... fermeture aux "idées venues d'Amérique" ou à celles venues de minorités issues de l'immigration, manière de se réapproprier un peu du sentiment anti-mondialisation (sa forme culturelle).
(si notre centre très droit a tendance à s'en prendre moins à l'extrême-droite, on notera d'ailleurs qu'il a aussi adopté la fermeture quand il le fait, agitant la peur de la mythique "alt-right" ou de l'influence Russe, pour la présenter également comme un dangereux parti de l'étranger)
Pour en revenir à l'agitation du problème "islamo-gauchisto-wokiste-whatever" par le "centre", une difficulté pour celà demeure que la France accuse un certain "retard" par rapport aux délires des wokes américains ou de la gauche ultra-communautariste anglaise, c'est pas nos trois militants et quatre intellectuels qui s'y sont convertis qui peuvent vraiment terrifier grand monde. D'où la nécessité de taper bien plus large que ceux qui pourraient légitimement en être accusés, essayer d'y assimiler toute personne ayant un vague intérêt intellectuel ou militant pour les mêmes thématiques.
C'est ainsi qu'on est entré dans ce qu'on pourrait appeler la phase 3 du Plantuisme, après avoir exploité les excès des deux cotés pour assimiler l' "extrême" gauche à l'extrême-droite et les renvoyer dos à dos (en assimilant au passage la gauche radicale mais non révolutionnaire à l'extrême-gauche, ce qui est déjà un contresens), puis avoir décidé d'inverser la problématique opposant partisans et adversaires de la mondialisation en faisant une opposition entre une culture républicaine française et des extrêmes influencés par l'étranger. On est maintenant dans une entreprise de repousser vers ces extrêmes infréquentables le plus d'intellectuels/universitaires possibles (des cibles faciles vu que pas grand monde ne les lit :) pour grossir leur problème.
A commencer évidemment par ceux qui oseraient considérer que des voix un peu radicales (et fussent elles suspectes de développer des points de vus culturellement non français) pourraient avoir des choses intéressantes à dire, ou mériteraient au moins de voir leurs points de vue débattus, pour renforcer le "il n'y a pas d'alternatives" que le centre droit (pour les gens "raisonnables" se méfiant, d'aventurismes politiques pouvant mal tourner).
Le risque de tout ça, au delà des questions de politique politicienne où il s'agit de favoriser la réélection de Macron ou le règne éternel d'autres pensant pareil, c'est une espèce de stérilisation des idées.
Autant il peut être légitime de se méfier dans une certaine mesure des aventurismes politiques, ceux qui consisteraient à absolument donner raison à telle ou telle idéologie radicale et vouloir soumettre la réalité/les vivants à la manière par nature imparfaite dont elle l'intellectualise, autant l'aventurisme intellectuel, penser hors de la boîte, adopter de nouveaux angles de vue, conduiraient ils parfois à développer des idéologies radicales, est lui absolument nécessaire au progrès de la compréhension du monde. Et n'a pas à être limité autrement que par le débat rationnel, qui se chargera de pointer les imperfections d'une représentation du monde, ou dangers des préconisations à laquelle elle conduit.
Une idéologie serait elle profondément mauvaise et intolérante, la seule chose qui justifierait de l'exclure des débats comme trop extrême serait qu'elle en refuse le principe même (rejette la rationnalité, soit dans une approche purement rapport de force vis à vis de ses contradicteurs), comme le dit Karl Popper dans la vraie version du paradoxe de la tolérance (à ne pas confondre avec son horrible résumé en meme pour antifas avec batte).
(Il peut y avoir un léger shenanigan à ce niveau pour certaines dérives extrêmes d'approches postmodernes où quelques penseurs rejettent la rationnalité elle même comme "blanche", expression des dominants, etc... mais de une ils sont ultra-marginaux même au sein des tendances que la droite qualifierait de "wokes", et de deux, même en admettant que celà rende le débat impossible avec ceux ci, il conviendrait d'autant plus de tenter d'en avoir avec eux, pour mettre en lumière la manière dont ils refusent de se soumettre à ses règles, et mieux les contrôler par l'opinion publique (le plan B du paradoxe de la tolérance, à ne pas oublier avant le C, qui serait de vouloir interdire des idées, uniquement quand plus rien n'arriverait à en limiter l'influence - ce dont on est très loin ici).)
Quant à la tendance qui s'obsède de "d'où les gens parlent" plutôt que du fond de ce qu'ils disent, elle peut être fatigante, surtout quand ce "d'où" se résume de critères essentialistes manquant de finesse et servant un brin à s'accorder des arguments d'autorité innés (coucou Rhokaya), mais tant qu'elle ne fait qu'interroger ainsi les biais potentiels des gens, elle n'est pas à confondre avec une opposition au débat rationnel, elle peut au contraire se justifier dans une certaine mesure par une demande de d'avantage d'objectivité qui y participerait.
Enfin c'est déjà long, et à part cette allusion tardive à un de ses épisodes, je me suis déjà pas mal écarté de l'émission, mais c'est un peu comme ça que je verrais l'articulation entre la crise du politique et le pourrissement du débat qui caractérise celui intellectuel dernièrement. Indépendamment des raisons légitimes à mon avis de critiquer le wokisme, ou celles qu'il pourrait y avoir de s'inquiéter de complaisances envers l'islamisme si elles existaient non anecdotiquement, c'est le résultat d'une stratégie du "centre" pour exploiter ce qui marche le mieux politiquement (l'appel à l'identité française, avec son coté émotionnel qui peut encore motiver même les plus dépolitisés). Ce en se repositionnant dans une forme d'opposition à la mondialisation culturelle, pour atténuer son aspect de parti de la mondialisation tout court, et avec pour victimes collatérales les intellectuels/universitaires pouvant être accusés d'être un peu trop ouverts aux tendances "étrangères" (même si ils sont en fait surtout attachés aux penseurs français qui les inspirent).
A propos de la controverse Rokhaya Diallo Stéphanie Roza je propose une astuce personnelle. Lorsque vous tombez sur quelqu'un qui joue du violon sur le thème de je suis universaliste, on est tous égaux, je ne vois pas les couleurs, etc ... posez lui cette simple question :
Puisque vous pensez que tous les hommes sont égaux, en tirez vous la conclusion que les palestiniens expulsés de leur maison entre 1948 et aujourd'hui ont le droit absolu et inconditionnel de retourner y vivre dès maintenant ?
99 fois sur 100 vous les verrez se perdre dans de pitoyables arguties et finir par vous insulter. Le plus drôle évidement étant lorqu'ils vous citent la Bible. Contentez vous de les regarder se ridiculiser en prenant un air narquois.
La dernière séquence de l'émission est très intéressante et je salue l'initiative de M. Schneidermann. Ses remarques m'ont remis en mémoire la lettre de Luther King du 16 avril 1963 écrit depuis la prison de Birmingham. La réponse de M. Wieviorka, dont j'apprécie par ailleurs la mesure et l'intelligence, qui semblait être que face au spectre de la violence et du chaos, un champ social asymétrique mais apaisée pouvait être préférable fait écho à ce que le Révérend King critiquait chez une part des libéraux américains blancs. Je pense que tout dépend du degré et de la forme de radicalité et de disruption de l'ordre en question e, mais je vais laisser les mots de M.L.K à votre considération (la trad. est de moi) :
" D'abord, je doit confesser qu'au fil des dernières années j'ai été gravement déçu par les modéré blancs. J'ai presque atteint la regrettable conclusion que le plus grand obstacle de l'homme noir dans sa marche vers la liberté n'est pas [...] le membre du Klan, mais le modéré blanc qui à plus de dévotion pour l'ordre que pour la justice ; qui préfère une paix négative, qui est l'absence de tension, à la paix positive qui est la présence de justice ...] "
Je n'ai pas d'opinion arrêté sur la question mais comme le dit M. Wieviorka ce n'est pas idiot comme critique. La piste de Mme Safaris, qui fait la distinction entre l'honnêteté intellectuelle et le en même temps qui consiste simplement à toujours chercher un milieu entre des positions qui ne sont pas nécessairement également respectables, si on y ajoute l'importance qu'accorde M. Wieviorka à la recherche de la vérité me fait dire qu'être réellement nuancé exige parfois une forme de radicalité.
Autrement dit, ce n'est pas tant qu'à mes yeux la nuance est un luxe que seuls peuvent avoir les dominants mais que parfois depuis leur position dominante ils perçoivent des teintes de gris lorsqu'en réalité il est véritablement question de choisir entre un mal et un bien. Inversement, depuis la position du dominé, l'expérience de la domination peut rendre aveugle à la complexité de certains aspects du champ social.
Bref, je pense que la nuance est une valeur à préserver mais qu'elle peut également servir d'éteignoir commode comme le suggérait l'animatrice radio cité dans l'émission.
Superbe émission et superbe retournement final (pardonnez mon manque de nuance)
La nuance me semble la ruse ultime des partisans du statu quo. La nuance, la mesure, le modération, le pas un mot plus haut que l’autre sont les meilleures armes dont disposent les dominants pour maintenir leur système d’oppression sans avoir l’air d’y toucher.
Elle marche en entreprise comme en politique : il faut faire en sorte que les mots soient tellement policés, les raisonnements tellement circonstanciés, qu’aucune conclusion, aucune décision, aucune action radicales, susceptibles de changer la réalité (qu’il s’agisse de racisme, de sexisme, d’oppression sociale ou politique) ne puissent s’en suivre.
La nuance ne me semble qu’une hygiène bourgeoise de la parole.
Bravo c'était passionnant!
Michel Wieviorka ? C'est bien le même qui était à la tête de la FMSH (Fondation Maison des Sciences de l'Homme) depuis 2009, et qui en a démissionné en 2020, après un rapport de la Cour des Comptes ayant épinglé sa gestion calamiteuse ?
N'y a-t-il que CNEWS comme chaîne info? Je ne connais pas l'audience de cette bouse médiatique mais personnellement ça ne m'intéresse pas. Est-ce une solution de la mettre à l'honneur? On voit ce qu'il en a été pour le RN qui s'est "dédiabolisé".
Comment sauver les soldats de la bêtise?
("facteurs d'hystérisation" ? Islamo-gauchisme, réunions en non-mixité, militants postcoloniaux
Eh bien DS y parvient,il joue jouer une ineptie :(.." les facteurs d'hystérisations.. " )
Rien de moins. C'est nouveau et inédit comme concept, en vente dans toutes facultés, les officines des féministes agitées, ou des gauchistes impénitents et stériles (les autres à l'extrême droite on n'en parle même pas, ceux là sont totalement et définitivement dangereux.
Jusqu'où n'irait-on pas se tordre le cou pour nier un fait : les islamo gôchistes existent et les autres idem. point barre.
(PS: si vous étiez tenté de répondre à mon commentaire, pas d'h'ainervement, je ne lis jamais les réactions., vous risqueriez de perdre votre temps)
J’ai je sentiment avec ce genre d’émission de me tenir au courant des derniers petits potins médiatiques le traitement des sujets est presque trop anecdotique. .
Quoiqu'aurait dit Audrey Pulvar, il y aura eu scandale repris en boucle par tous les fachos derrière, comme la présidente de l'unef, métisse, qui interdirait la présence de blancs dans son syndicat d'étudiant, ce n'est pas ce qu'elle fait concrètement, seulement, où un dixième était sur les problèmes pour manger, et 9/10 sur ces réunions, on ne verra que les 5 secondes "anti blanches", hors contexte, qui seront reprises à gogo.
Je dis que les scénarios sont écris d'avance, on cherche la petite phrase qui pourra être reprise en boucle pour justifier toute une idéologie ensuite, via les réseaux et pour remplir du contenu sur les plateaux ensuite, pour s'offusquer entre soi.
C'est un peu comme du micro trottoir, où l'on cherche juste de la matière pour illustrer ce qu'on veut défendre, via montage et mauvaise foi ensuite, pour pouvoir désigner les ennemis sans nuance aucune.
Du coup au final, il n'y a ni réellement d'interview, ni réellement de débat, plutôt une hystérisation émotionnelle où seules les idéologies de droite et d'extrême droite montrent qu'il ne peut être autrement, du moins dans la réalité exprimée...
Y a un truc un peu lunaire à voir le sociologue, après la séquence Cnews, balayer d'un revers de main ("c'est du café du commerce")... pour dans les 5 minutes qui suivent dire grosso-modo la même chose (anti universalisme et guerre des races).
Pour le reste, l'émission part de prémisses intéressantes, mais en ne faisant qu'une émission avec des gens du même avis, évidemment qu'elle va pas être compliquée à trouver, la nuance, qui apparaît ici souvent comme un moyen de noyer le poisson (le coup du tweet, ou encore la séquence R. Diallo qui est assez problématique pour mériter un positionnement et une réflexion plus claire qu'un vague "c'est plus compliqué" - À ce propos, puisqu'il est encore cité ici, je me rends compte combien ce "d'où tu parles" de Bourdieu a vraiment empoisonné la réflexion à gauche depuis des décennies, et a vicié son rapport aux faits et à la vérité, mais bon c'est autre chose).
Je retiens surtout la seule idée opérationnelle proposée dans l'émission, c'est-à-dire celui de séparer la recherche (et la recherche de vérité), qu'on soit d'accord ou pas avec ces recherches, des prises de positions diverses égrenées ici.
je suis gêné aux entournures car je trouve que ASI se fait trop l'écho d une presse nauséabonde. C News/Boloréc est quasi de la propagande nationalise et parfois ça frise l'odeur de la peste brune. Hanouna Praud Moix Zemmour Barbier Elkabache ( mort vivant qui m'a fait peur ce soir) la société du spectacle recrute dans les bas fonds de la provocation ou du recyclage de nos vieilles casseroles médiatiques et... ça sent le compost .... Mais que vont faire des gens comme Joffrin , Jean Paul Hamon dans cette galère, que croient ils donc? ... les cartes se brouillent la confusion gagne nos esprits. Sans doute faut il être vigilant mais quelles conséquence peut il y avoir à donner un écho, une grille d'analyse en s appuyant sur des non informations.
Et pour finir : "je préfère une monde nuancé qui profite aux dominants, qu'un monde de sang et de chaos".
C'est en fait tout à fait logique lorsque l'on est soit même dominant. Ne pas reconsidérer tout cela par une vision un minimum basée sur l'appartenance à des classes et le fait que ces fameux dominants prescripteur d'un consensus dont les classes populaires sont exclues de délibérations illustre bien pourquoi cette personnes tout à fait légitime dans ses actions de recherche, ne peut appréhender les affects de ceux qui sont bien plus rarement présents sur les médias, censurés sur youtube lorsqu'ils ne sont pas dans la pensée dominante ...
J'ai vraiment l'impression d'un aveuglement vis à vis de la condition du citoyen lambda. Je trouve que finalement Cyril Hanouna, fait le taf de faire venir des experts, mais aussi des gens à la rue comme Benjamin Castaldi, qui ne semble pas comprendre grand chose mais à toujours un avis ! C'est important car la limites à ne pas entendre la colère du fait que ce consensus des pouvoirs qu'il appelle nuance des dominant, n'est plus jugé légitime par une part grandissante de la population qui cesse d'aller voter.
Chacun d'entre nous vote, alors qu'il ne comprends pas tout à tous les enjeux, pour des gens qui ne comprennent pas grand chose des problèmes ... Si la nuance est de laisser les dominant créer une société qui n'a plus rien de représentative, je pense que cette position est clairement celle qui amène sûrement à une démocrature à la Russe.
Je ne peux donc que regretter de tels conclusions.
Si on rajoute l'incroyable, je préfère la nuance qui profite aux dominants mais je serais du coté des dominés. Franchement c'est tellement incroyable que j'en reste scotché ...
Le niveau de condescendance paternaliste est juste hallucinant.
Honnêtement, je pense qu'il faut bien rappeler que derrière la nuance se cache bien souvent la compromission, et que c'est bien celle-là qu'il faut éviter avant même de vouloir éviter toute forme de conflictualité.
Cette dérive intellectuelle est très inquiétante, que ça soit du point de vue du journaliste ou de celui du chercheur.
On arrive à la recherche de la vérité, avec des vérités différentes en fonction des domaines ...
C'est un peu difficile à accepter et un peu flou. Je trouve que parler de domaine de validité d'assertion serait un peu moins confus. L'exemple de la gravité selon Newton vs la relativité générale me semble assez éclairante. C'est donc vrai dans les sciences dites fondamentales, donc ça sera difficilement faux dans les SHS ...
N'aurait-il pas été plus pertinent de débattre des sujets qui n'ont pas fait l'actualité malgré l'évidence manifeste qu'ils persistent à ne jamais l'être ?
Ne serait-ce que dénoncer très clairement l'escroquerie intellectuelle " des sujets qui ont fait l'actu ces derniers mois ", qu'il s'agisse de son traitement ou du sujet lui-même, et dont l'effet est de saturer l'attention de l'opinion, la maintenir privée de ce qui la préoccupe dans son quotidien, notamment des conséquences très douloureuses et dramatiques de de l'impéritie politique, qui se répète dans la perspective de 2022..
A une heure d’émission "moins on connaît un sujet, plus on s'exprime avec véhémence ...". Les médecins n'ont pas mandat à décider des actions politiques. Il est évident que les privations de libertés doivent résulter d'un consensus qui n'est pas le seul consensus médical, dont je rappel, qu'il n'existe ni sur les vaccins, ni sur le confinement. Il y a des études scientifiques de part et d'autres avec des analyses plus que pertinentes. Donc faire croire que l'on laisse la décision politique à des médecins ou des scientifiques alors que ce n'est pas le cas est d'un naïveté confondante. Yann Moix a très bien pu se constituer un avis tout aussi éclairé que ce médecin et sur des actions de privation de liberté, il a bien le droit de donner son avis de citoyen.
Si la nuance est de ne considérer les avis que de ceux qui pensent comme vous ou sont revêtu d'un habit de connaissance, qu'il nous est impossible de vérifier, alors je pense que vos nuances sont encore une fois assez étranges.
Il conviendrait d'éviter d'amalgamer manque de nuance et conflictualité. La conflictualité est nécessaire, sa violence est à maîtriser, mais l'agacement est en occurrence ici légitime des deux cotés. On est vraiment dans une analyse pauvre et qui amalgame tout ...
Dommage.
Comme c'est mignon la nuance avec un "débat" en 3 personnes qui sont d'accord... La manière dont Safaris arrive à justifier les absences du Twitt de Autain est délicieuse. Merci @si vous êtes très drôles en ce moment... Nuancés quoi :-D Ne changez rien.
SI un jour je chope le cancer, je prendrai uniquement quelqu'un qui a eu le cancer pour me soigner.
Apres tout, un cancerologue qui en a fait l'experience lui meme est un meilleurs medecin que celui qui ne l'a pas personnellement vecu, non ?
Nuance certaine à 42 minutes : "La vie politique c'est je simplifie : le centre droit occupé par le chef de l'état et ses proches et les extrêmes"
Je pense que c'est le niveau 0 de la nuance, qualifier les gens qui ont des pensées différentes comme les insoumis d'extrêmes pour classifier en deux bloques me semble être tellement absurde que cela ne vaut pas mieux que CNEWS. L'ensemble des nuances d'europe-écologie les verts, des insoumis, des communistes et des mouvements plus radicaux relégués à la simple notion d'extrême sur le même plan que le RN, n'a rien de nuancé. C'est une caricature assez insultante, inverse même de la notion de nuance.
Si c'est ce que lui perçoit de la vision des médias, alors autant le préciser, si c'est sa propre classification, alors c'est pour le moins inquiétant.
A vouloir vulgariser on finit vite par être vulgaire ...
Bonjour,
A propos de l'extrait du débat entre Rokhaya Diallo et Stéphanie Roza. Il me semble que les réactions des invités souffrent d'une compréhension parcellaire -puisque s'appuyant sur un très court extrait choisi- des propos échangés.
Lorsque Stéphanie Roza dit "Moi, je pense que ce n'est pas en remettant sur le tapis ces vieux clichés qu'on est le plus efficace", elle réagissait à un Tweet de Rokhaya Diallo. Celui-ci commentait ainsi les louanges de Pascal Praud (CNEWS) à l'égard de Rachel Khan : "Tant qu’on les caresse dans le sens du poil et qu’on chante les louanges de la France, ils nous adorent". Ce tweet était illustré par l'image du tristement célèbre "Y"a bon bon Banania" de la marque chocolatée.
Pour comprendre le "ils" utilisé ici par R. Diallo, il est bon de rappeler que l'image du "bon nègre Banania" hilare est crée en 1915 en référence aux tirailleurs sénégalais. Elle dépeint l'image d'un homme à l'apparence puérile et insouciante (une brave bête corvéable, en somme), fantasme idéalisé de la puissance coloniale raciste de l'époque vis-à-vis de sa chair à canon racisée.
Le "ils", c'est donc P. Praud (ses chroniqueurs et employeurs affidés) pour qui le noir n'est acceptable, et donc digne de louanges, que s'il se tient sage.
Ce que dit donc S. Roza à R. Diallo c'est : ce n'est pas en utilisant des clichés éculés ("y'a bon banania") que vous serez efficace dans votre combat contre le racisme. Ce à quoi répond R.Diallo : quelle légitimité avez-vous pour me dire comment lutter contre le racisme, et surtout, le fait même de croire que ces clichés sont éculés témoigne de votre manque d'expérience de leur persistance !
Le tweet de R.Diallo a été majoritairement commenté comme une critique à l'égard de Rachel Khan alors qu'il s'agit avant tout, il me semble, d'une critique orientée de P. Praud (de ses affidés de CNEWS ou d'ailleurs) qui aspirent toujours au même fantasme colonialiste du noir rassurant et inoffensif parce que "révolté" sagement et poliment.
Ce qu'ils abhorrent, c'est le "nègre fondamental". Celui qui, conscient de sa condition, s'acharne, par tous les moyens nécessaires, à se libérer des dominations politiques, institutionnelles et sociales qui le corsètent.
Il me semble qu'un autre aspect n'a pas été évoqué sur la question de la nuance, c'est surtout la qualité de l'argumentation. Dans ces plateaux, c'est le nombre d'argument ad hominem, de reductio ad hitlerum, et autres sophismes empoisonnant le débat.
Le Cortecs (Collectif de recherche transdisciplinaire esprit critique & sciences) à Grenoble avait tenté des formes de débats les "disputatio" où tout argument fallacieux ou biais rhétorique était sifflé par un.e arbitre.
C'est à retrouver ici : https://www.youtube.com/watch?v=yseB7Uew0wo
La conclusion de Élodie Safaris est parfaite, c'est bien le rôle de l'arbitre qui n'est pas accompli.
"espèce de négresse, espèce de sale noire, nous les algériens, pendant 800 ans on vous a vendu comme du bétail" Le racisme le plus ouvert, décomplexé, violent. Inacceptable !
Je ne suis qu'au début de l'émission, mais, par rapport à ce qui est dit et "le bénéfice du doute", le tweet de Clémentine Autain, comprenant le "nous les algériens" ne ferait que 146 caractères (du reste, j'aurais mis un s à vendus mais soit)... Donc, la longueur du tweet n'est pas la raison...
Pas une seule fois le mot ''classe'' ni le mot ''social'' dans le résumé. Nouvelle preuve, s'il le fallait que l'intersectionnalité est surtout un atout majeur dans le jeu des élites économiques et les médias dominants pour attiser les haines identitaires sur les ''inégalités'' qu'elle dénonce. D'ailleurs, l'intersectionnalité, c'est un concept qui se recycle très bien dans le capitalisme :
https://www.youtube.com/watch?v=X55JPbAMc9g
Bravo à "arrêt sur images", vous êtes mûrs pour la médaille du bon petit soldat ultra-libéral...
L'extrait de Mediapart et l'usage qui en est fait sur votre plateau me trouble beaucoup. Rokhaya Diallo est intéressante mais vous lui laissez vite passer ses contradictions et ses fausses équivalences.
Voici l'échange :
« RD :Je ne sais pas dans quelle mesure vous êtes qualifiée pour m’expliquer de quelle manière on est efficace quand on lutte contre le racisme. Je ne suis pas certaine de ça en fait.
SR : Excusez moi mais si
MP : Pourquoi ? Parce que SR est blanche ?
RD : Non. Parce que je pense que je travaille sur le racisme depuis 12 ans en fait, et je suis effectivement, j’ai 43 ans, et ça fait 43 ans que je vis dans la peau d’une personne racisée. Donc j’ai non seulement une expertise sur la question mais j’ai aussi une expérience intime de la question qui me donne effectivement une forme de légitimité.
SR : Vous savez moi je suis militante depuis, ça fa faire 25 ans, alors si vous me dites que parce que je suis blanche on n’est pas sur le même terrain pour discuter de racisme, en fait on va s’arrêter.
RD : C’est pas ce que j’ai dit en fait. Ce que j’ai dit c’est que je ne suis pas sûr que vous soyez qualifiée pour m’expliquer de quelle manière je devrais lutter contre le racisme. »
Fin de l'échange
RD met en avant son expérience intime pour justifier que SR ne serait pas légitime, puis RD rajoute qu’elle ne délégitime pas SR à cause de sa couleur de peau, pour enfin répéter qu’elle ne pense pas que SR soit qualifiée. Sachant que le seul argument différenciant apporté par RD est le fait que RD a été racisée, on joue vraiment sur les mots quand on dit que RD ne reproche pas à SR d’être Blanche. RD reproche à SR de ne pas être racisée comme elle-même l’a été, et comment est-ce qu’elle peut faire cette déduction : parce que SR est Blanche en France.
Vous voyez mieux comment ça coince ?
A mon avis ça coince au moins à 2 niveaux : d’une part, il s’agit effectivement d’un argument au moins communautariste mais que je qualifierais de raciste puisque la légitimité à s’exprimer s’appuie sur des aspects sociaux et racisants. On pourrait ainsi dire que seul les homo peuvent s’exprimer sur l’homosexualité, et faire varier ça à l’infini. Donc RD dit ça, et vous trouvez ça normal.
D’autre part, l’autre sous-entendu est que le fait que RD soit légitime empêche que SR le soit. On ne débat plus de la qualité des arguments mais de ceux qui les énoncent. Je peux comprendre qu’on pousse comme ça quand on est face à des fachos ou des gens qui n’ont pas une parole qui tienne mais ce n’est pas le cas ici.
S’il vous plaît, restez critiques, même avec ce qui est dans l’air du temps, et arrêtez d’être complaisants avec RD et tous les autres qui portent ce genre de discours. Eux aussi sont faillibes.
Pour info, plus tard dans le débat SR pointe un autre problème de RD qui se situe dans la difficulté à soutenir des critiques, ce qui complète bien ce moment.
Ecoutez le Dr Cornell West où Briana Joy Gray parler de ces problèmes là aux EU. Ça me semble plus mûr.
"C’est pas ce que j’ai dit en fait. Ce que j’ai dit c’est que je ne suis pas sûr que vous soyez qualifiée pour m’expliquer de quelle manière je devrais lutter contre le racisme."
Ça me semble plutôt clair, non ?
D'un côté Diallo ne critique pas la façon de militer de Roza par contre l'inverse n'est pas vrai.
Est-ce que Roza a une quelconque légitimité à dire comment il faut militer ?
Il ne me semble pas ...
Et en tant que non concerné, c'est toujours facile de dire comment lutter mais est-ce réellement pertinent ?
Pas si clair... Les deux sont des militantes antiracistes qui débattent de la meilleure stratégie à utiliser pour faire progresser leur cause. Il me semble que c'est un débat utile, et courant, au sein des groupes militants, non? S. Roza dit que "selon elle", la stratégie de R. Diallo n'est pas la bonne, et qu'elle en préfère une autre. On peut être d'accord ou pas, mais à mon avis RD utilise ensuite un argument d'autorité en disant (plutôt que de lui répondre sur le fond) que sa critique revient à lui donner un conseil, voire à lui imposer quelque chose, ce que SR n'aurait aucune légitimité à faire en tant que non-racisée. Si toute discussion ou critique de la stratégie de RD par SR est prise comme une manière surplombante d'imposer une manière de militer, en gros comme du whitesplaining, alors le débat s'arrête immédiatement, non pas du fait de la qualité intrinsèque de l'argument de RD (ou de SR), mais du fait de la légitimité supposée supérieure (ou inférieure, selon les publics) de celle qui le défend. Et ça c'est quand même un problème. Le whitesplaining existe, bien sûr, mais ici je crois que ce n'en était pas (j'ai l'impression de faire de l'arbitrage vidéo de débat...) .
Vous les mettez dos à dos de manière un peu réductrice.
Je ne suis pas très au fait de l'activité militante de Stéphanie Roza sur le sujet, ce qui est cependant clair c'est qu'on en trouve pas la moindre trace dans l'ensemble de son travail de chercheuse ( https://ircl.www.univ-montp3.fr/sites/default/files/cv_maj_janvier_2018.pdf ). Elle semble plus être quelqu'un de gauche, qui est contre le racisme, mais comme beaucoup, elle en dors sûrement bien la nuit. Ce n'est pas un reproche, mais ça doit à minima un peu compter dans la «légitimité de militante».
Mais aussi et de toutes façons, être un militant pour une cause qui ne nous concerne pas est déjà étrange en soi, mais en plus s'arroger le droit de dire comment le combat doit être mené me parait assez lunaire et paternaliste. Je suis contre le racisme, je peux soutenir des personnes et des combats qui me semblent pertinents, en tenir compte avec mon bulletin de vote, ou participer à l'occasion à une marche ou une manif' sur le sujet. Je ne me considère pas «militant» pour autant, et encore moins légitime pour aller dire aux concernés comment se battre. Par contre se considérer à la fois comme militant et pouvant se passer de l'avis des concernés, c'est pour le moins particulier.
Pas si clair... Les deux sont des militantes antiracistes qui débattent de la meilleure stratégie à utiliser pour faire progresser leur cause.
https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phanie_Roza
Sur la fiche wikidepedia de Stéphanie Roza il n'est fait aucunement mention d'un engagement antiraciste.
Quelqu'un sait il quels sont ces engagements antiracistes?
Mon propos est justement de reprendre la totalité de l'échange pour montrer que lorsqu'elle dit "C’est pas ce que j’ai dit en fait. Ce que j’ai dit c’est que je ne suis pas sûr que vous soyez qualifiée pour m’expliquer de quelle manière je devrais lutter contre le racisme." elle est déjà en train de revenir sur le propos qu'elle a tenu 1 minute avant "Donc j’ai non seulement une expertise sur la question mais j’ai aussi une expérience intime de la question qui me donne effectivement une forme de légitimité." où elle souligne bien que la différence entre elle et Roza est la question d'avoir été opprimée du fait de sa peau.
D'un côté Diallo ne critique pas la façon de militer de Roza par contre l'inverse n'est pas vrai.
Si elle la critique en lui disant qu'elle n'est pas d'accord sur la vision qu'à Roza d'utiliser certains stéréotypes racistes. RD a le droit de critiquer SR, et l'inverse aussi. Je trouve étrange qu'on ne voit pas que RD critique elle aussi.
Est-ce que Roza a une quelconque légitimité à dire comment il faut militer ?
Il ne me semble pas ...
Elle semble avoir étudié la question pendant pas mal d'années, et si elle a vraiment été dans le militantisme pendant 25 ans, on peut penser qu'elle a pu se constituer une pensée sur pas mal de sujets dans ce style. Ca devrait suffire. Mais de toute façon si, comme RD, vous estimez la légitimité de la prise de parole en fonction de la position raciale, nous sommes en désaccord. La légitimité ne devrait pas être estimée uniquement à priori mais aussi sur le contenu du propos.
Et en tant que non concerné, c'est toujours facile de dire comment lutter mais est-ce réellement pertinent ?
Personnellement, je ne meurs pas de faim et mon pays n'est pas en guerre civile, mais je suis quand même assez concerné par ces problèmes, et d'autre (la cause animale par exemple). Si on se sent concerné par un problème, on ne devrait pas avoir à le justifier par une position sociale, raciale, etc. De plus, ça laisse de côté le fait qu'on est tous concerné par les effets du racisme autour de nous.
Dans la lutte contre la domination, il y a une différence entre les individus qui se sentent subjectivement concernés par un problème de domination d'une part, et les individus qui sont objectivement en position de dominés au sein du système de domination d'autre part. Dans le premier cas, la lutte contre la domination n'a d'autre fondement que les valeurs des individus se sentant concernés; dans le second cas, la lutte contre la domination est soutenue par l'intérêt bien compris des individus en position de dominés. Or, d'un point de vue matérialiste, les individus intéressés sont autrement plus fiables et persévérants dans la lutte que les individus moraux; en effet, ces derniers sont soupçonnés d'être disposés à abandonner leurs valeurs ou à transiger avec celles-ci, si jamais elles en venaient à contrarier leurs intérêts.
Indépendamment des "qualités" de l'une et de l'autre (et du pedigree de S. Roza), il manque une mise en contexte de l'extrait : qu'est-ce que Roza a dit avant qui fait que RD se sente "guidée" dans sa manière de militer, c'est bien cela le point et non que l'une est blanche et l'autre pas. Il manque dans l'extrait ce qui donne l'impression que Roza serait peut-être paternaliste, comme le dit quelqu'un ici, sur les manières de faire. Bref : qu'a-t-elle dit avant ? (et non quelle est sa légitimité pour parler ?)
Oui, Marx n'était pas ouvrier
Oui, et Marx a dit: "l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes". Autre manière de dire que les ouvriers dominés sont les mieux placés pour lutter contre la domination capitaliste, et qu'ils n'ont pas de leçons à recevoir des réformateurs bourgeois.
Dans la suite, on peut aussi penser au célèbre slogan féministe: «Ne nous libérez pas, on s'en charge».
Vous êtes très manifestement le genre de type qui fait la leçon à une femme sur la façon dont elle devrait lutter contre le patriarcat, se fait très légitimement rembarrer, puis vient couiner sur le thème de "ouh les méchantes féminazies".
Je suis le genre de type qui apprécie participer à des discussions sur comment lutter contre le patriarcat, qui essaie de comprendre le point de vue des intervenant.es et qui, parfois, questionne ce qui est dit pour voir si je ne pourrais pas apporter quelque chose à l'élaboration générale. Parfois ça donne des choses intéressantes et parfois non. Quand je me fais rembarrer parce que mon argument n'était pas suffisamment bon, je prends acte et j'essaie de mieux comprendre comment améliorer la lutte. Quand je me fais rembarrer non pas sur ce que j'ai dit mais sur ma couleur de peau ou mon genre, là, j'apprécie moins, mais j'essaie quand même de comprendre comment je peux aider la cause du mieux, de ma place.
Après, les projections comme celle dont vous me gratifier sont effectivement assez violentes, et je trouve toujours délégitimant quand on fait à l'autre ce qu'on n'apprécie pas qu'on nous fasse.
Discutable ...
"RD met en avant son expérience intime pour justifier que SR ne serait pas légitime, puis RD rajoute qu’elle ne délégitime pas SR à cause de sa couleur de peau, pour enfin répéter qu’elle ne pense pas que SR soit qualifiée. Sachant que le seul argument différenciant apporté par RD est le fait que RD a été racisée, on joue vraiment sur les mots quand on dit que RD ne reproche pas à SR d’être Blanche. RD reproche à SR de ne pas être racisée comme elle-même l’a été, et comment est-ce qu’elle peut faire cette déduction : parce que SR est Blanche en France.
Vous voyez mieux comment ça coince ?"
Non, pour moi, elle ne dit que, je ne vous considère pas légitime pour me dire comment militer. C'est en fait vrai pour tout les militants, les gens qui ne pensent pas comme eux ne sont pas légitimes pour leur dire quoi faire et quoi penser. Elle a juste réaffirmé sa liberté de conscience et d'action de manière autoritaire, certes, mais elle n'a rien dit d'autre.
"D’autre part, l’autre sous-entendu est que le fait que RD soit légitime empêche que SR le soit."
Légitime sur quoi ? Lui dire quoi penser et comment militer, non elle ne l'est pas, car elle n'a pas le même vécu, et il est clair que le fait de subir dans sa chaire des attaques racistes qui sont par essence source de délégitimisation, doit naturellement conduire à recadrer les autres quelles que soient leurs altérités sur ce qui l'on est soit même légitime de sire ou faire.
Donc, en effet, sur ce sujet, elle n'est pas légitime. Je ne suis pas légitime à vous dire quoi faire, quoi penser et en quoi croire !
Légitime sur quoi ?
Légitime d'avoir une opinion. Après, ça se débat. On explique pourquoi on pense ça. On essaie de voir les avantages et les limites d'une actions ou d'un pensée. On débat et on détermine la légitimité des gens sur la qualité de leur propos. On peut se sentir investi d'un sujet même quand on n'a pas vécu, d'un point de vue extérieur, le sujet en question. Avoir un intérêt sur un sujet ne veut pas dire qu'on vient remplacer d'autres personnes. RD a une expérience personnelle et professionnelle qui est intéressante, mais quand elle refuse le débat en utilisant des arguments d'autorité et racisants, je n'y vois pas une bonne façon de créer du lien. C'est mon sentiment, et peut être que je ne me trompe. Les 2 sont possibles.
RD n'a pas refusé le débat mais l'amorce d'une leçon d'antiracisme. C'est une chose de débattre ou de tirer profit de l'expertise d'un chercheur, c'est tout autre chose pour ce dernier ou cette dernière de prétendre vous instruire sur le bienfondé de votre démarche militante.
La discussions aurait peut être pris une tournure différente si son interlocutrice avait exprimé des interrogations sur les retombées de sa stratégie d'action plutôt que d'affirmer immédiatement qu'elle la pensait contreproductive.
RD n'a pas refusé le débat mais l'amorce d'une leçon d'antiracisme.
Là, on reste pas d'accord.
La discussions aurait peut être pris une tournure différente si son interlocutrice avait exprimé des interrogations sur les retombées de sa stratégie d'action plutôt que d'affirmer immédiatement qu'elle la pensait contreproductive.
Probablement.
Oui, c'est bien ça, selon moi. Et que ça (dans l'extrait).
puisque la légitimité à s’exprimer s’appuie sur des aspects sociaux et racisants. On pourrait ainsi dire que seul les homo peuvent s’exprimer sur l’homosexualité, et faire varier ça à l’infini. Donc RD dit ça, et vous trouvez ça normal.
Je comprends ce qui anime votre critique, cette façon de délégitimer un propos en fonction de l'expérience de vie de celui qui l'émet .
Mais c'est plus nuancé que " seul une personne concernée peuvent s'exprimer" L'argument est plutôt de dire qu'on est moins légitime de dire à quelqu'un comment il doit mener un combat contre une injustice lorsque l'on est pas confronté à cette injustice.
C'est une réaction à la longue histoire des injonctions paternalistes adressées aux minorités dans leur lutte et Stéphanie Roza ne semble pas tenir compte des milliers d'exemples de lutte au cours desquelles l'ami qui vous veut du bien vous fait du tort car de sa position dominante et des biais qui l'amène à vouloir orienter la lutte dans un sens qui n'est pas celui qu'aimerai prendre les "dominés"
Ce procédé est connu sous le nom de mansplaining whitesplaining et j'imagine hétéro cis plaining ou valid splaining ;-)
Le problème de cet argument c'est qu'il peut être effectivement utilisé abusivement. et surtout faire que le genre ou la race du locuteur devienne plus important que son propos.
Dommage que Stéphanie Roza ne fasse pas un pas dans la direction des "racisés" en leur expliquant qu'effectiment il y a des choses qu'elle ne pourra pas faire l'expérience c'est une lacune pour sa réflexion.
J'ai vu comment ma mère était traitée différemment de moi par exemple.
Cette empathie je ne la vois pas assez chez les adversaires autoproclamé de Diallo.
Pardon pour les fautes et les coquilles. On ne peut toujours pas corriger nos publications?
J'ai l'impression de comprendre vos arguments, et je ne crois pas que nos positions soient si éloignées. Je n'arrive pas à bien articuler là où ça coince. Par contre, ce qu'il me semble voir c'est à quel point, même avec vos exemples, on peut vite tomber sur du clivage et des projections sur les intensions des autres parties.
RD utilise 2 méthodes pour délégitimer dans cet extrait : la Noire qui dit autre chose que RD n'est pas légitime parce que ce discours serait uniquement un acte de soumission à l'agresseur, et la Blanche qui critique l'usage de stéréotypes n'est pas légitime parce qu'elle n'a pas la même expérience de vie que RD. Vous ne voyez pas un problème à soulever dans ce genre de discussions ? Après, j'apprécie beaucoup de choses que peut dire RD, mais je trouve qu'elle a cette tendance à cliver et projeter dés qu'elle est remise en cause, ce qui, à mon avis, n'aide pas la cause. Et je constate que c'est une tendance lourde dans les mouvements "antiracistes" "décolonialistes", etc.
RD utilise 2 méthodes pour délégitimer dans cet extrait : la Noire qui dit autre chose que RD n'est pas légitime parce que ce discours serait uniquement un acte de soumission à l'agresseur, et la Blanche qui critique l'usage de stéréotypes n'est pas légitime parce qu'elle n'a pas la même expérience de vie que RD. Vous ne voyez pas un problème à soulever dans ce genre de discussions ?
Je n'ai pas regardé l'émission d'arrêt sur image donc je vais avoir du mal a me prononcer mais j'ai regardé une partie du débat médiapart et ça n'est pas ce que j'ai perçu.
Mettre le doigt sur le fait que les médias raffole des noirs ou des arabes qui ont un discours raccord avec les positions dominante.
J'ai regardé les échanges entre Khan et Diallo sur le plateau de Pujadas à aucun moment elle ne la disqualifiait comme bounty/nègresse de maison alors que moi derrière mon écran j'étais moins indulgent.
Mon avis perso, c'est que Rachel Khan n'est pas une personne fiable, Son parcours ne m'inspire aucune confiance, juriste puis conseillère culture de Jean Paul Huchon elle elle a fricoté avec les combats "décoloniaux", quand elle est devenue actrice on l'a vu aux côté de Aissa Maïga, Amandine Gay et Assa Traore.
Son revirement ne me semble pas être le fruit d'une réflexion mais plutôt d'un opportunisme bien senti son profil et son discours représente pour toute personne noire ayant un bagage intellectuel même léger un ticket gagnant pour l'accès au médias et aux maison d'édition.
Je la considère comme un personnage fabriqué" et recruté pas la galaxie du printemps républicain
Evidemment je sais que c'est un procès d'intention je ne suis pas dans sa tête et elle est peut être sincère. C'est mon intime conviction. L'avenir me dira si je me suis trompé.
Ou alors une prophetie autorealicatrice ?
A force d'exclure Rachel Khan, elle va peut etre accepte, a defaut, la main tendu par la galaxie du printemps républicain
ET a ce moment vous fanfaronnerez a base de je l'avais bien dit.
Tout cela est bien triste
Son texte comprennait déjà tous les poncifs du printemps républicains et elle a commencé à se prendre ces critiques frontale après sa publication... Donc il y a un petit promblème de chronologie dans votre prophétie autoréalisatrice ;)
De quelle texte on parle ?
Son livre.
Son principal tord c'est de s'opposer a la vision de l'antiracisme de Diallo. Le livre lui a donne de la visibilite et donc des critiques brutales.
A ma connaissance Rachel Khan ne fait pas parti du printemps republicain et ne s'en revendique pas.
Je la vois plus proche de Roza dans la forme et dans le fond de sa demarche que du printemps republicain.
Mais peut etre que Roza utilise elle aussi les poncifs du printemps republicain ?
Dans ce cas, est il possible de critiquer le discours de Diallo sans etre du printemps republicain ? et proposer une autre vision de l'antiracisme ?
" Son principal tord c'est de s'opposer a la vision de l'antiracisme de Diallo. "
C'est surtous le "comment", c'est à dire avec des falscifications de faits et de termes ainsi que des procès d'intentions.
" Je la vois plus proche de Roza dans la forme et dans le fond de sa demarche que du printemps republicain. "
Non, il y a des différences fondamentales. Roza s'oppose bel et bien à la vision de l'antiracisme de Diallo, mais elle ne caricature pas celle de l'adversaire, elle ne réécrit pas les définitions des termes.
"C'est une réaction à la longue histoire des injonctions paternalistes adressées aux minorités dans leur lutte et Stéphanie Roza ne semble pas tenir compte des milliers d'exemples de lutte au cours desquelles l'ami qui vous veut du bien vous fait du tort car de sa position dominante et des biais qui l'amène à vouloir orienter la lutte dans un sens qui n'est pas celui qu'aimerai prendre les "dominés""
Pour décaler le discours et faire diminuer la tension, je peux parler de mon exemple perso, comme ça personne ne se sent traité "de réac". Bien que je partage toutes les analyses féministes, j'ai des réflexes de "résistance passive", que j'arrive maintenant à voir mais ça ne m'empêche pas d'avoir du mal à être au niveau de mes prétentions. Par exemple, je n'avais aucune conscience du phénomène de "charge mentale" laissée à la femme de la maison en majorité, avant qu'on me l'explique. Depuis je le vois tout le temps, parfois je fais un effort mais quand je suis fatigué ou que j'ai la flemme, je me contente de faire moins et je sais que ma femme prend immédiatement le relais... C'est triste à dire, mais il faut sacrément faire confiance aux hommes pour penser que dès qu'ils ont compris un phénomène de domination ils vont bosser contre de toutes leurs forces ! La bonne volonté a des limites et quand le phénomène en question est trop pratique, il faut être un bisounours pour s'imaginer que les dominants sont tellement sains qu'ils vont se charger tous seuls de résoudre le problème...
Bref, ça n'est pas parce qu'on sait que la cigarette est nocive pour la santé qu'on est capable de s'arrêter immédiatement et sans fatigue.
Le débat je l'ai vu en entier et je l'ai trouvé un peu lunaire... Votre réaction, et celles de S. Roza, me font comprendre qu'on va mettre pas mal de temps avant d'avancer sur la question -_-' Moi R. Diallo et bien d'autres je les trouve admirable de patience...
Remettons donc en contexte. D'une part, rappelons que S. Roza a fait "une leçon" à "la petite R. Diallo" sur ce que c'est qu'être de gauche, l'universalisme, etc... On sait jamais, au cas où elle le découvrirait sur ce plateau ! Ca démontre déjà à quel point S. Roza a lu et suivi les militants antiracistes que représente R. Diallo, et ce serait un peu pathétique si ça ne faisait pas un peu peur. D'autre part, et c'est là qu'on touche un point sensible et intéressant, elle finit par lui dire "là par exemple, je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne manière de militer", ce qui est un des arguments les plus utilisés, souvent de manière passablement malhonnête, pour "calmer les ardeurs" des militants antiracistes ou féministes (ou autres). Il est en particulier dégainé plus vite que son ombre sans pratiquement JAMAIS d'argumentaire étayé autre que des banalités de café du commerce ou l'impression que ça a surtout offensé un ou une non-concerné(e). Quand on s'y intéresse un peu, il semblerait que ce soit AU CONTRAIRE quand on est provocateur et rentre-dedans qu'on se fait entendre et qu'on progresse. Les luttes féministes ont là-dessus beaucoup à dire me semble-t-il !!! Alors ASI, peut-être un bon sujet d'émission, sur l'efficacité des luttes, ce qui marche, ne marche pas ? Militantisme gentil et bien peigné contre militantisme plus musclé (qui a aussi ses limites à n'en pas douter, mes lesquelles exactement ?) ? Moi j'ai des doutes que gens comme S. Roza ou le gentil monsieur de cette émission soit des références sur ce qui fonctionne bien politiquement parlant. Sans vouloir faire d'argument d'autorité (mais pour instiller un doute sain), je citerai Martin Luther King écrivant à un de ses amis lorsqu'il était un prison pour lui expliquer qu'une personne honnête et mesurée "prête à discuter" sur le thème du racisme, était finalement pire qu'un membre du KKK (!!) car elle avait bien plus d'armes pour étouffer le débat et l'embourber... En tous les cas, si on doit parler d'efficacité, perso je peux comprendre le raccourci qui consiste à dire "ça fait 100 fois qu'une personne non concernée m'explique ce que je dois faire de manière inintéressante ou malhonnête, je n'ai pas de temps à perdre donc je zappe". C'est sûrement dommage mais l'efficacité a un prix après tout.
Mais plus intéressant encore, c'est l'argumentaire de S. Roza, chercheuse au CNRS je le rappelle (un métier que je connais bien, même si plus du côté des sciences de la nature et exactes) qui m'interpelle. Mme Roza nous dit "ben si, je peux très bien critiquer votre façon de militer si je le fais grâce à la Raison, c'est ça l'universalisme", qui est d'une naïveté confondante pour une chercheuse... Littéralement PERSONNE n'est "complètement rationnel". La communauté scientifique est censée le savoir et se base ainsi sur le "consensus scientifique", et non sur le raisonnement supposé rationnel et en béton armé d'une seule personne, si intelligente soit-elle. De plus, pour pouvoir disserter sur l'efficacité des luttes, il faut déjà être capable de récolter une information suffisante en entrée : le raisonnement rationnel ne produit rien de meilleur qualité que ce qu'il prend en entrée. A informations d'entrée partielles ou biaisées, conclusions partiellement fausses ou biaisées. Il faut déjà commencer par écouter sincèrement les concerné(e)s. Cette tendance à se penser hors des structures de domination et complètement rationnel, c'est une posture de journaliste du Monde à la rigueur, a priori ça ne devrait pas être celle d'une personne qui étudie sérieusement ces questions...
L'impression diffuse que j'ai, c'est celle de personnes qui n'ont pas accepté (ou refusent peut-être consciemment) les concepts de construction sociale et la manière dont nous baign(eri)ons dedans. Ca les emm... qu'on leur fasse comprendre à demi-mot qu'ils ne sont pas "clean", parce que finalement personne ne l'est. Pour moi, ces gens font le contraire de ce qu'ils disent, comme les hommes super féministes qui ne partagent pas tant que ça les tâches ménagères, ils ne sont pas "rationnels" mais instrumentalisent la position du savant universaliste procédant de raison pure, alors qu'on sent un peu la gêne, face à des militants féministes ou anti-racistes dont j'ai l'impression qu'ils ont bien plus soif d'universalisme que leurs contradicteurs...
Merci pour votre message, mais je ne vois pas à quel moment vous discutez l'élément précis que j'ai mis en avant.